La maladie cœliaque (MC) est une entéropathie inflammatoire et auto-immune chronique, provoquée par un
antigène alimentaire, la gliadine. La gliadine est la fraction protéique du gluten que l’on retrouve dans le blé, le
seigle et l’orge.
La recherche d’anticorps spécifiques de la maladie cœliaque est une étape importante du diagnostic.
L’exploration sérologique a récemment été revue par un groupe d’experts de l’HAS avec comme conséquence,
des modifications du remboursement des actes de biologie.
Aujourd’hui, la recherche des anticorps d’isotype IgA anti-transglutaminase ou anti-endomysium est la seule
sérologie recommandée par l’HAS pour le diagnostic et le suivi de la maladie cœliaque.
Si les IgA anti-endomysium ont une meilleure spécificité que les IgA anti-transglutaminase, leur réalisation
requiert une expertise de lecture au microscope à fluorescence qui en limite l’utilisation dans les laboratoires.
- Le dépistage de la MC sera donc organisé par le seul dosage des IgA anti-transglutaminase.
- Il est important de dépister un éventuel déficit en IgA. Si le déficit en IgA est effectivement plus
fréquemment observé au cours de la MC que dans la population générale, l’association reste rare (≤5 % des
MC). En cas d’IgA sériques <0,2 g/L le dosage des IgG anti-gliadine désaminée ou anti-transglutaminase ou anti-
endomysium sera envisagé (dans l’ordre).
- Les dosages des IgG ou IgA anti-gliadine native ne sont pas suffisamment performants pour le diagnostic
biologique de la maladie cœliaque et il est recommandé de ne plus les utiliser.
- En revanche les tests dosant les IgG anti-gliadine désaminée (ou dé-amidée) présentent des performances
comparables (légèrement inférieures toutefois) aux tests recherchant les Ac anti-transglutaminase ou anti-
endomysium. On proposera de les doser uniquement en cas de déficit établi en IgA.
- La physiopathologie de la MC est complexe et encore incomplètement élucidée. Elle fait intervenir des agents
environnementaux (dont le gluten, mais pas uniquement) et des facteurs de prédisposition génétique. La prévalence de la
maladie est estimée à 0,5 – 1 % en Europe. Elle varie selon les contrées en fonction de la distribution des haplotypes HLA
mais aussi des habitudes alimentaires.
La gliadine est une structure protéique particulièrement résistante aux enzymes digestives lui permettant de traverser la
barrière épithéliale de l'intestin sans être dégradée. Au sein de la muqueuse cette gliadine pourrait exercer un pouvoir
cytotoxique qui génèrerait une situation d’agression cellulaire (à l’origine de la libération de transglutaminase) et
d’inflammation (conduisant au recrutement des cellules de l'immunité). D'autres facteurs environnementaux (infection
virale ?) et un contexte génétique (HLA-DQB1*02 (DQ2) et/ou HLA-DQB1*03:02 (DQ8)) sont également des facteurs
essentiels pour qu’apparaissent les manifestations cliniques associées à la MC.
- La transglutaminase tissulaire est un des auto-antigènes majeurs, cible de la réactivité auto-immune observée au cours de
la MC. Elle se localise préférentiellement au niveau de la muscularis mucosae (musculaire muqueuse) de l'intestin grêle, que
l’on appelle encore « endomysium ». C’est une enzyme ubiquitaire intracellulaire et on en distingue différentes isoformes,
dont la transglutaminase tissulaire de « type 2 » exprimée par les cellules de l’intestin, le foie, le rein, le poumon et les
capsules articulaires. L’expression extra intestinale de la transglutaminase pourrait rendre compte de certaines
manifestations extradigestives de la MC.
Au niveau de la peau, c’est la transglutaminase tissulaire de type 3 qui est exprimée. Elle peut être, elle-même, la cible
d’anticorps observés dans la dermatite herpétiforme. Cette pathologie se manifeste par une éruption vésiculeuse des
membres ou du tronc et peut s’associer à la MC. La dermatite herpétiforme est sensible au régime sans gluten (RSG).
- La transglutaminase possède une affinité particulière pour la gliadine dont elle peut désaminer certains résidus glutamine
en acide glutamique. Cette modification post-traductionnelle de la gliadine favorise l’ancrage de peptides de gliadine
désaminée au sein des molécules HLA DQ2/8, facilitant leur présentation aux lymphocytes T. Ceci stimule la réponse
immunitaire (production d’interleukine 15 et d’interféron alpha) avec génération de lymphocytes T cytotoxiques et de
lymphocytes B, producteurs d'Ac. L’activation anormale du système immunitaire au sein de la muqueuse conduit à la
formation des lésions intestinales, avec sur le plan histologique : infiltration de lymphocytes intraépithéliaux, atrophie
villositaire, et hyperplasie des cryptes (selon la classification de Marsh). Avec pour conséquences la malabsorption et les
manifestations cliniques.
La production d’IgA anti-transglutaminase semble strictement dépendante de l’exposition au gluten. Elle disparaît dans les
12 à 18 mois qui suivent l’exclusion stricte du gluten de l’alimentation. Elle réapparaît en cas de non-respect du régime
d’exclusion. La cinétique d’évolution est donc intéressante en suivi, pour apprécier la bonne observance du RSG.