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dossier
SOiNS CADRES - n° 73 - février 2010
L’AUTEUR
Jean-Yves Bouchet,
directeur des soins, faisant
fonction, CHU Grenoble (38)
JYBouchet@chu-grenoble.fr
NOTES
1. Charte des patients
hospitalisés annexée
à la circulaire ministérielle
n° 95-22 du 6 mai 1995
relative aux droits des
patients hospitalisés.
2. Haute Autorité de santé
(HAS). Guide
Méthodologique.
Structuration d’un
programme d’éducation
thérapeutique du patient
dans le champ des maladies
chroniques. Juin 2007,
consultable sur
www.has-sante.fr.
3. Sandrin-Berthon B,
Carpentier PH, Quéré I,
Satger B. Partnering with
patients to reflect on the
conceptual design of a
therapeutic patient
education programme.
Sante Publique, 2007
Jul-Aug;19(4): 313-22.
4. 50 000 articles
référencés sur Med Line
dont 34 méta-analyses.
5. Ephora est un outil
au service des soignants
investis dans des projets
d’éducation du patient
en région Rhône-Alpes
(www.ephora.fr).
Place du kinésithérapeute dans une unité
transversale pour l’éducation des patients
sa situation de façon globale. Il reprend ses caracté-
ristiques de professionnel du mouvement et devient
personne ressource pour aider le patient à trouver
des solutions concernant des problèmes liés aux
incapacités physiques. Cette dichotomie n’est cepen-
dant pas évidente : l’analyse des contenus des dia-
gnostics éducatifs montre une dominante profes-
sionnelle spécifique au métier de l’éducateur. Le
pharmacien est le spécialiste concernant les médi-
caments, la diététicienne l’alimentation et le kinési-
thérapeute concernant les incapacités physiques.
Ce constat plaide en faveur de réunions de synthèse
ou de concertations régulières pour conserver une
cohérence dans les objectifs d’éducation.
[
Le kinésithérapeute participe à l’évaluation
multidisciplinaire.
L’évaluation du programme
d’éducation constitue probablement la plus grande
difficulté. Les patients sont généralement très satis-
faits. La quantification individuelle des acquis, les
impacts socio-économiques ou les améliorations de
la qualité de vie sont difficiles à évaluer tant ces
approches sont multi factorielles. De nombreux tra-
vaux ont montré le bénéfice de ces actions d’éduca-
tion thérapeutique4. Et la volonté politique expri-
mée ces dernières années ainsi que les problèmes de
démographie médicale incitent à développer ce type
de partenariat avec les patients.
L’UTEP, UNE UNITÉ RESSOURCE
L’unité transversale pour l’éducation du patient
[
(Utep)
n’est ni un centre d’éducation des patients
ni une équipe mobile d’éducation. Elle n’a pas
pour vocation à se substituer aux équipes soignan-
tes pour réaliser l’éducation des patients. Il est
particulièrement important que le soignant soit
expert dans sa spécialité pour faire de l’ETP. Il ne
s’agit pas de créer un nouveau métier d’éduca teur
multi-compétent dans toutes les pathologies.
L’Utep est une unité ressource multi-profession-
[
nelle et multi-disciplinaire.
Elle cherche à créer
une dynamique favorable au développement de
l’éducation thérapeutique. Le kinésithérapeute
apporte ses compétences et son expérience au
même titre que ses collègues issus d’autres pro-
fessions. Il ne cherche pas à développer la trans-
versalité au niveau de sa spécialité mais à lui
définir une place au sein de l’équipe soignante
en charge du patient. L’importance de cette place
varie en fonction des répercussions fonctionnel-
les de la maladie. Il est personne ressource, avec
ses collègues de rééducation, pour tout ce qui
touche à l’activité, à l’autonomie et à l’environ-
nement du patient. Il apporte ses compétences
d’éducateur à ses collègues kinésithérapeutes
soignants, experts en ce domaine.
Au centre hospitalier universitaire (CHU) de
[
Grenoble (38),
la création d’une Utep a été inscrite
au projet d’établissement. Ses premiers objectifs
ont consisté à :
recenser les démarches existantes dans le CHU s¬
en matière d’éducation (enquête Ephora5).
44 actions éducatives dans 30 pathologies différentes
ont été relevées, avec quatre professionnels interve-
nant en moyenne pour chacune. Près de 4 000 patients
sont concernés et 18 métiers soignants impliqués en
dehors des associations de patients ou travailleurs
sociaux. Des partenariats ont été développés avec les
réseaux et parfois le secteur privé. Ce qui ressort de
ce premier audit, sont le foisonnement d’activités,
le fort engagement humain mais aussi, la grande
disparité des moyens et l’ancienneté variable des
actions : peu d’équipes dédiées, “chacun dans son
coin”, problèmes de valorisation et de cotation des
actes, confusion entre l’éducation et l’information ;
animer des réunions d’échanges et de partage s¬
d’expériences sur les pratiques. Chacun a pu expo-
ser les actions éducatives entreprises, les moyens
utilisés et l’expérience acquise dans ces démarches.
Cet enrichissement mutuel est lié à la diversité des
pathologies concernées, des acteurs et des organi-
sations mises en place ;
organiser des rencontres annuelles de l’Utep, s¬
ouvertes à tous. Deux journées ont d’ores et déjà
eu lieu au CHU de Grenoble en 2008 et 2009.
La construction d’un site internet, la création d’un
diplôme universitaire de formation en éducation
thérapeutique et la mutualisation des outils sont les
perspectives de travail du groupe constituant
l’Utep. Des réunions bibliographiques se déroulent
régulièrement.
UNE FORMATION INDISPENSABLE
Trois niveaux de formation peuvent être en visagés :
des journées d’information sur l’éducation thérapeu-s¬
tique permettant aux professionnels de s’associer à des
actions d’éducation au côté d’acteurs formés ;
des formations, d’une durée supérieure à 5 jours, s¬
conférant la compétence pour animer des séquen-
ces d’un programme d’éducation ;
des formations validantes de type universitaire s¬
autorisant à être promoteur et organisateur de
programmes d’éducation.
La valorisation en MIGER des actions d’ETP est condi-
tionnée, entre autres, par la nécessité de recourir à un
personnel formé en ETP mais aussi par le respect des
quatre étapes définies par la HAS.
L’ETP est maintenant opposable dans de nombreuses
pathologies chroniques. Elle modifie les relations
entre les soignants et les patients. Elle leur permet de
mieux s’adapter aux contraintes liées à leur maladie. O
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