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La première codification de ce mouvement remonte au IXe siècle
lorsque le théologien Ibn Hanbal fonde son école juridique conservatrice
qui donnera naissance à la doctrine hanbalite. Au XIVe siècle, un autre
théologien, Ibn Taymiyya, recourt au même appel à la tradition des ancêtres
alors que le Moyen-Orient doit faire face aux invasions mongoles. (1) En
effet, en plus de leur vertu religieuse, les Salafs (les prédécesseurs) sont aussi
pris en exemple pour leur suprématie militaire qui leur a permis de fonder
un vaste empire. « Théologiens et clercs établissent dès lors une relation de
causalité entre la foi des Salafs et leurs succès militaires et politiques. » (2)
le salafisMe aujourD’hui
Au XVIIIe siècle, l’imam hanbalite Ibn Abd El-Wahhab va rigidifier le
salafisme en prônant une lecture encore plus littérale du Coran et de la Sunna
mais aussi de la charia (le code de loi islamique). De la tenue vestimentaire
aux rapports intimes du couple, il édicte l’ensemble des comportements que
doit avoir un musulman et multiplie les « haram » (comportements illicites).
C’est la naissance du wahhabisme qui deviendra la doctrine officielle de
l’Arabie Saoudite en vertu d’un pacte que passa l’imam avec la tribu des Ibn
Saoud : à eux, le pouvoir temporel, à lui le pouvoir spirituel. (3)
Le wahhabisme est depuis devenu le principal courant d’expression
moderne du salafisme. Mais il n’est pas le seul. Cette mouvance est
divisée entre plusieurs tendances. On en distinguera trois principales :
premièrement, un salafisme prédicatif visant à l’islamisation de la société via
la purification de la religion des innovations, l’éducation des musulmans à
cet Islam des origines et l’organisation de la société selon les avis religieux,
les fatwas, des théologiens saoudiens. C’est le wahhabisme qui défend une
vision apolitique et non-violente de l’Islam. Deuxièmement, un salafisme
jihadiste prônant les actions violentes pour imposer sa vision de la religion.
Et enfin, un salafisme ayant pour objectif le rétablissement du Califat via
l’action politique et le renversement des régimes en place. (4)
Si elles sont concurrentes et mêmes rivales, ces trois tendances recèlent
cependant quelques points communs. En premier lieu, l’idée selon laquelle
l’Islam ne se réduit pas à une dimension religieuse mais est un système
régissant tous les domaines de la vie. Ensuite, la certitude que si les sociétés
musulmanes sont en déclin, c’est parce qu’elles ont trahi le message
coranique originel mais aussi parce que l’Occident et les Juifs ont agi de
manière concertée pour maintenir les musulmans en position de dominés.
Dans leur vision, un Islam pur est la seule manière de pouvoir renverser ce
pouvoir occulte.