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Les pays du Maghreb
face au salafisme
2013/02
Siréas asbl
        Analyses & 
      Études
Monde et Droits de l’Homme
par Pascal De GenDt
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Avec le soutien
de la Fédération
Wallonie-Bruxelles
Cette  analyse  a  été  rédigée  en  mémoire  de  tous  ceux  qui,  dictés  par  leur  consience 
morale, ont lutté contre la corruption, la violence meurtrière et la complicité des architèctes 
de l’information qui refusent de dévoiler la réalité et les intrigues des gouvernements trop 
fidèles aux intérêts des grandes puissances.
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Siréas asbl
Nos analyses et études, publiées dans le cadre de l’Education permanente, 
sont rédigées à partir de recherches menées par le Comité de rédaction de 
SIREAS sous la direction de Mauro Sbolgi, éditeur responsable. Les ques-
tions traitées sont choisies en fonction des thèmes qui intéressent notre pu-
blic et développées avec professionnalisme tout en ayant le souci de rendre 
les textes accessibles à l’ensemble de notre public.
Ces publications s’articulent autour de cinq thèmes
MonDe et Droits De lhoMMe
Notre société à la chance de vivre une époque les principes des Droits de l’Homme
protègent ou devraient protéger les citoyens contre tout abus. Dans de nombreux pays ces
principes ne sont pas respectés.
ÉconoMie
La presse autant que les publications officielles de l’Union Européenne et de certains
organismes internationaux s’interrogent sur la manière d’arrêter les flux migratoires. Mais
ceux-ci sont provoqués principalement par les politiques économiques des pays riches qui
génèrent de la misère dans une grande partie du monde.
culture et cultures
La Belgique, dont 10% de la population est d’origine étrangère, est caractérisée, notamment,
par une importante diversité culturelle
MiGrations
La réglementation en matière d’immigration change en permanence et SIREAS est
confronté à un public désorienté, qui est souvent victime d’interprétations erronées des
lois par les administrations publiques, voire de pratiques arbitraires.
sociÉtÉ
Il n’est pas possible de vivre dans une société, de s’y intégrer, sans en comprendre ses
multiples aspects et ses nombreux défis.
Toutes  nos  publications  peuvent  être  consultées  et  téléchargées  sur  nos  sites 
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Deux ans après les « printemps » arabes tunisiens et libyens, et les
déferlements de joie qui les ont accompagnés, un voile noir est tombé
sur l’image d’avenir radieux qui se dessinait pour les pays du Maghreb.
Noir comme la couleur préférée des salafistes qui semblent avoir saisi
l’opportunité de transformer ces sociétés en autant de berceaux de jihadistes
haineux. C’est du moins l’image que nous renvoie l’actualité en provenance
d’Afrique du Nord. Destructions de patrimoine historique et culturel,
agressions, attentats et assassinats, comme celui de l’opposant tunisien
Chokri Belaïd, font régulièrement les choux gras de nos médias. Si bien que
dans un bon nombre d’esprits européens, la chute des dictateurs qu’étaient
Ben Ali et Kadhafi aura surtout profité aux extrémistes religieux. Cette
réalité existe, inutile de la nier. Mais différents éléments doivent nous inciter
à la nuancer.
Quest-ce Que le salafisMe ?
Le terme provient de « Salaf salih », à traduire par les « pieux
prédécesseurs ». Cette expression désigne les premiers compagnons du
Prophète Mahomet, leurs successeurs et les successeurs des successeurs, soit
trois générations d’hommes et de femmes qui incarnent l’âge d’or de l’Islam
(1). Le salafisme est un courant religieux prônant un retour à la pureté
religieuse de cette époque, le VIIe siècle (de l’ère chrétienne). Pour ce faire,
il convient d’ignorer toutes les interprétations et évolutions qu’a connu
l’Islam pour revenir à la religion d’origine telle que décrite dans le Coran
et la Sunna, la tradition prophétique que l’on retrouve dans les recueils de
« hadith » (les paroles et actions attribuées à Mahomet).
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La première codification de ce mouvement remonte au IXe siècle
lorsque le théologien Ibn Hanbal fonde son école juridique conservatrice
qui donnera naissance à la doctrine hanbalite. Au XIVe siècle, un autre
théologien, Ibn Taymiyya, recourt au même appel à la tradition des ancêtres
alors que le Moyen-Orient doit faire face aux invasions mongoles. (1) En
effet, en plus de leur vertu religieuse, les Salafs (les prédécesseurs) sont aussi
pris en exemple pour leur suprématie militaire qui leur a permis de fonder
un vaste empire. « Théologiens et clercs établissent dès lors une relation de 
causalité entre la foi des Salafs et leurs succès militaires et politiques. » (2)
le salafisMe aujourDhui
Au XVIIIe siècle, l’imam hanbalite Ibn Abd El-Wahhab va rigidifier le
salafisme en prônant une lecture encore plus littérale du Coran et de la Sunna
mais aussi de la charia (le code de loi islamique). De la tenue vestimentaire
aux rapports intimes du couple, il édicte l’ensemble des comportements que
doit avoir un musulman et multiplie les « haram » (comportements illicites).
C’est la naissance du wahhabisme qui deviendra la doctrine officielle de
l’Arabie Saoudite en vertu d’un pacte que passa l’imam avec la tribu des Ibn
Saoud : à eux, le pouvoir temporel, à lui le pouvoir spirituel. (3)
Le wahhabisme est depuis devenu le principal courant d’expression
moderne du salafisme. Mais il n’est pas le seul. Cette mouvance est
divisée entre plusieurs tendances. On en distinguera trois principales :
premièrement, un salafisme prédicatif visant à l’islamisation de la société via
la purification de la religion des innovations, l’éducation des musulmans à
cet Islam des origines et l’organisation de la société selon les avis religieux,
les fatwas, des théologiens saoudiens. C’est le wahhabisme qui défend une
vision apolitique et non-violente de l’Islam. Deuxièmement, un salafisme
jihadiste prônant les actions violentes pour imposer sa vision de la religion.
Et enfin, un salafisme ayant pour objectif le rétablissement du Califat via
l’action politique et le renversement des régimes en place. (4)
Si elles sont concurrentes et mêmes rivales, ces trois tendances recèlent
cependant quelques points communs. En premier lieu, l’idée selon laquelle
l’Islam ne se réduit pas à une dimension religieuse mais est un système
régissant tous les domaines de la vie. Ensuite, la certitude que si les sociétés
musulmanes sont en déclin, c’est parce qu’elles ont trahi le message
coranique originel mais aussi parce que l’Occident et les Juifs ont agi de
manière concertée pour maintenir les musulmans en position de dominés.
Dans leur vision, un Islam pur est la seule manière de pouvoir renverser ce
pouvoir occulte.
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Ces deux éléments expliquent l’opposition des salafistes à l’islamisme des
Frères musulmans : en s’inscrivant dans le jeu politique démocratique, les
partis issus de cette confrérie trahirait le patrimoine islamique et causerait la
division de l’oumma, la communauté des croyants. (2)
le salafisMe au MaGhreb
S’il semble présent au Maghreb dès le XVIIe siècle, le salafisme va surtout
s’y propager suite à la guerre en Afghanistan. Les « moudjahidines » qui
ont lutté contre l’invasion soviétique dix années durant sont soutenus
et financés par les États-Unis mais aussi par l’Arabie Saoudite. Des
combattants arabes, dont le Saoudien Oussama Ben Laden, furent donc
envoyés sur le front de ce qui était considéré comme un « jihad » et servirent
de vecteur de propagation du salafisme dans la région mais aussi dans les
régions d’origines des combattants, dont le Maghreb. De retour chez eux,
d’anciens jihadistes vont tenter d’importer l’idéologie dont ils se sont
imprégnés en Afghanistan. Leur prosélytisme sera soutenu financièrement
par les monarchies pétrolières du Golfe persique, l’Arabie Saoudite en
tête (3). Le même mécanisme sera observé lors des conflits qui ont déchiré
l’ex-Yougoslavie, la Tchétchénie ainsi que lors des deux guerres en Irak.
Confrontés à la répression des régimes en place dans les pays du Maghreb,
une partie de ces rigoristes s’exilera en Europe, au Soudan, en Arabie ou au
Qatar. Et réapparaîtront après le départ de Ben Ali, en Tunisie, ainsi que lors
du déclenchement de la révolte libyenne contre Kadhafi. Des événements
desquels ils se sont tenus éloignés dans un premier temps avant de tenter de
les récupérer.
La répression dont il fut l’objet et l’incarcération, ou l’exil, de ses leaders
spirituels n’a toutefois pas empêché le salafisme de contaminer quelques
esprits au Maghreb. Notamment via les chaînes de télévision satellitaires
saoudiennes ou des prêches radiophoniques. Aujourd’hui, les partisans
de ce courant ne se cachent plus et tentent de peser de tout leur poids sur
l’organisation des sociétés ainsi que sur la vie politique des pays d’Afrique
du Nord et même au-delà. L’actuel conflit au Nord-Mali, et l’intervention
française que tous les leaders salafistes ont condamné, leur offre d’ailleurs
actuellement une belle caisse de résonance.
en tunisie
En 1988, des islamistes radicaux en désaccord avec le Mouvement
Tendance Islamique (MTI) créent le Front Islamique Tunisien (FIT) dont
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