Ces intégristes se réclament du salafisme. A quoi
renvoie cette doctrine ?
Le salafisme est une doctrine qui voit l’avenir
de l’humanité dans le passé. Elle dit que nous devons
calquer notre vie sur celle des salaf (“les ancêtres
vertueux”). Contrairement à nous [soufis] qui prenons
rendez-vous avec l’avenir sur la base de ce que nos
ancêtres ont construit, les salafistes estiment que
le modèle achevé est derrière nous. Pour eux, tout ce
qui est symbole de la vie moderne et contemporaine
est contraire à l’islam pur. L’Occident est considéré
comme ennemi, modèle de Satan.
Le salafisme est critiquable au niveau conceptuel
et social. Vouloir reconstruire le passé est une
régression. Pour le musulman, le modèle achevé est
devant nous, car on doit apporter une valeur ajoutée
à ce que l’on a trouvé. C’est ainsi que l’on
contribue à l’Histoire.
Est-il alors possible que des mouvements de type
salafiste se déploient au Sénégal ?
Oui, c’est possible. Le Sénégal ne peut pas être
un îlot non influencé par ce qui se passe aux
alentours. Des associations islamistes sont déjà là
et se nourrissent de cette sève intégriste. Elles ont
des écoles et même, apprend-on, une faculté, dans
certains quartiers de la capitale et de la banlieue.
Et c’est là que se trouve le risque, car le projet
d’éducation d’un pays doit être souverain et l’Etat
doit prendre en charge le rêve d’avenir de la société
en préservant ses valeurs.
Ne peut-on déjà éprouver des craintes en voyant le
voile occuper de plus en plus l’espace public ?
Le choix vestimentaire, si c’est un choix
conscient, ne comporte aucun inconvénient. S’agissant
du voile, le Coran commande aux femmes de ne pas
exposer leurs charmes. Dans cette injonction, qui me
semble être une injonction de respect, ce qui
conviendrait le mieux, à mon avis, c’est que la