Journal Identification = MET Article Identification = 0404 Date: June 11, 2013 Time: 2:3 pm
(polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante,
rhumatisme psoriasique) [1]. Ces produits sont remarqua-
blement efficaces sur le plan symptomatique, ils peuvent
induire des rémissions de la maladie, ils permettent de
ralentir voire de stopper l’évolution des dégâts structuraux
et au final améliorent considérablement la qualité de vie
de ces patients. Leur tolérance est bonne avec un rapport
bénéfice/risque considéré comme favorable, même si le
risque infectieux reste la préoccupation première des cli-
niciens prescripteurs [4]. Leur coût est cependant élevé (de
l’ordre de 10 000 à 12 000 D/ an par patient), avec cepen-
dant une amélioration globale de l’état de santé du patient
et donc un moindre recours au système de santé (en termes
de consommation en soins, de consultations, d’actes para-
médicaux, de recours à la chirurgie, etc.). Cependant, des
données médico-économiques portant sur les biothérapies
dans les rhumatismes inflammatoires font défaut et il est
difficile au final de connaître l’impact de cette classe thé-
rapeutique sur la prise en charge globale des rhumatismes
inflammatoires et leurs conséquences économiques.
Avant d’aborder la question des biosimilaires, il
convient de rappeler ce que sont les agents biologiques
et leur mode de production.
Définition d’une biothérapie
Un agent biologique ou biothérapie est une molécule
complexe qui contient un ou plusieurs principes actifs
constitués ou dérivés d’une source biologique [5]. Cer-
tains de ces agents sont présents dans l’organisme comme
l’insuline, l’érythropoïétine, ou l’hormone de croissance et
sont utilisés à des fins thérapeutiques depuis longtemps.
D’autres sont des molécules qui ont été développées spé-
cifiquement pour contrôler une cible précise. C’est le cas
des anticorps monoclonaux ou des protéines de fusion qui
ciblent une cytokine (exemple du TNF␣et des agents anti
TNF␣) ou un antigène de surface membranaire (exemple
de la molécule CD 20 exprimée par le lymphocyte B
et le rituximab). Tous ces agents ont donc la particula-
rité d’être produits par un organisme vivant. Le Public
Health Service Act (www.fda.gov) définit un agent biolo-
gique comme «un virus, un sérum à visée thérapeutique,
une toxine, une antitoxine, un vaccin, du sang ou l’un
de ses composants ou dérivés, une protéine allergène,
une protéine (exception des polypeptides de synthèse
chimique) ou un produit analogue applicable dans la pré-
vention, le traitement ou la guérison d’une pathologie
humaine ». Il s’agit de molécules complexes du fait de leur
structure, taille et conformation [5, 6]. A titre d’exemple,
une immunoglobuline IgG comporte 660 acides aminés
et fait un poids moléculaire de 150 000 Da, un inter-
féron est composé de 165 acides aminés et son poids
est de 19 625 Da alors qu’un médicament de synthèse
chimique comme l’aspirine correspond à un poids de
180 Da. Le fait que ces agents biologiques soient des
protéines plus ou moins complexes et qu’elles dérivent
d’un organisme vivant a pour conséquence inévitable une
variabilité de la molécule produite, ce qui aura des consé-
quences sur l’activité biologique ou sur sa tolérance [5].
La formule chimique de la protéine synthétisée contribue
à la complexité de la molécule et la variabilité de la pro-
téine produite peut résulter de différentes réactions lors de
sa synthèse (tableau 1). Cette variabilité de la protéine est
induite par la nature même de la molécule (hétérogénéité
des protéines) mais aussi par son système de production.
Cette variabilité impose donc des normes de qualité et
de pureté lors de la synthèse de l‘agent biologique avec
des méthodes d’analyse physico-chimiques et biologiques
du produit. Le processus de production des agents biolo-
giques est donc complexe et répond à des exigences en
termes de qualité et de contrôle tout au long de la chaîne
de production et également lors de sa conservation [7].
Plus d’une centaine de produits biologiques sont
actuellement disponibles représentant 10 % du marché
mondial des médicaments, soit un coût annuel de 71 mil-
liards de $ US [8]. Ce marché progresse d’environ 17 %
par an avec le développement de nouvelles molécules. En
2012, les prescriptions des 3 anti-TNF␣les plus prescrits
(infliximab, etanercept et adalimumab) représentait un
coût de 20 billions de $ US. Ces quelques notions médico-
économiques soulèvent indiscutablement des réflexions
pour limiter les dépenses engendrées par la prescription
des agents biologiques. Les biosimilaires sont développés
en partie pour répondre à cette attente.
Tableau 1. Ensemble des réactions
rendant compte de l’hétérogénéité des protéines.
•Séquence d’acides aminés •Carbamylation
•Motifs N et C terminaux •Carboxylation
•Ponts disulfures •Méthylation
•Repliements •O ou N- Glycosylation
•Agrégats •Phosporylation
•Multimères •PEGylation
•Dénaturation •Sulfonation
•Oxydation •␥carboxyglutamylation
Les biosimilaires :
définition et problèmes soulevés
Un biosimilaire se définit comme étant un médicament
biologique développé pour être similaire à un produit
biologique existant que l’on dénomme agent biologique
référent [2, 3, 5]. Un biosimilaire ne correspond pas à un
générique. Il s‘agit d’une même substance biologique mais
qui comporte des différences du fait de la complexité de
mt, vol. 19, n◦2, avril-mai-juin 2013 147
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