Après une syncope, le risque d’événement majeur est très élevé au-delà de 60 ans. La survenue d’une syncope, ou d’une lipothymie est un motif fréquent de consultation et d’hospitalisation. L’étiologie est souvent difficile à préciser, notamment chez le sujet âgé, et génère des coûts importants dont la rentabilité n’est pas démontrée. Le bénéfice d’une hospitalisation pour poser un diagnostic étiologique ou prévenir la survenue d’un événement grave reste également à confirmer. Les données disponibles dans la littérature s’intéressent au devenir à un an, et n’aident pas à la décision d’hospitalisation. Une étude de cohorte prospective monocentrique menée aux Etats-Unis sur une année afin de suivre le devenir à 15 jours des sujets ayant consulté pour syncope ou lipothymie dans un service d’urgence vient d’être publiée. Tout patient adulte ayant consulté en journée pour syncope ou lipothymie était recruté. L’existence d’une cause évidente ou d’un diagnostic autre que la syncope était un critère d’exclusion. Le patient inclus bénéficiait d’un examen clinique approfondi, d’un recueil de ses co-morbidités, notamment cardiovasculaires, et d’un électrocardiogramme. Le suivi effectif a été possible pour 436 patients, âgés de 18 à 96 ans, parmi lesquels 109 avaient plus de 80 ans. La survenue d’un événement médical majeur (parmi une liste préétablie par un comité médical pluridisciplinaire, désignant les affections justifiant une hospitalisation) dans les 14 jours suivant la consultation aux urgences (EMM1) a été consignée, ainsi que la survenue d’un événement médical majeur dans cet intervalle de temps en l’absence d’élément noté à la première consultation (EMM2). Le délai de 14 jours a également été fixé par le comité médical. L’analyse des données a été réalisée par tranche d’âge (18-39 ans, 40-59 ans, 60-79 ans, et 80 ans et plus). Un événement médical majeur (EMM1) a été observé chez 17% des 436 patients dont 4% chez qui rien n’avait été noté à J0 (EMM2). Ces pourcentages augmentaient significativement avec l’âge, l’existence d’une hypertension artérielle, ou d’une anomalie à l’électrocardiogramme. Ces deux derniers éléments doivent être interprétés avec précaution du fait du petit nombre total d’évènements. De plus, 76% des patients EMM1 et 83% des patients EMM2 avaient plus de 60 ans. Après une syncope, une hospitalisation était plus fréquente chez les sujets les plus âgés, mais, du fait des co-morbidités plus nombreuses, un diagnostic était plus difficile à établir. Les résultats observés ici plaident en faveur de cette attitude, même si l’examen initial est normal. Il faut noter qu’au cours de cette étude, tous les patients chez lesquels est survenu un EMM1 ou un EMM2 ont été hospitalisés. L’implication des médecins participant à ce travail n’est peut être pas étrangère à ce taux élevé d’hospitalisation. On peut regretter certaines limites de l’étude : son manque de puissance dû à la taille de l’échantillon, l’absence de distinction méthodologique entre syncope et lipothymie, le biais de sélection dû à une inclusion réalisée seulement entre 8h et 22h chaque jour pendant un an, et le nombre plus grand de perdus de vue chez les sujets les plus jeunes. A ces réserves près, on peut considérer que le lien entre l’âge avancé et la survenue d’un événement médical majeur après syncope est établi : un âge supérieur à 60 ans étant prédictif de la survenue d’un EMM dans les 14 jours suivant une consultation pour syncope ou lipothymie. Sophie van Pradelles , Hôpital Sainte Périne, Paris. Sun BC, Hoffman JR, Mangione CM, Mower WR. Older age predicts short term, serious events after syncope. J Amer Geriatr Soc. 2007;55:907-912. ©2007 Successful Aging SA Af 515-2007