6Économie
Tech Porc Septembre - Octobre 2014 - n° 19
Reprise des investissements
et restructuration
TP : La ambée du prix de l’aliment
est-elle la seule responsable de cette
situation ?
VK : Elle pèse eectivement très lourd.
Le coût alimentaire représente depuis
2011 65 % du coût de revient contre 54 %
avant 2007. Néanmoins, c’est l’ensemble
des postes de charges qui a augmenté
depuis deux ans. Pour la part non ali-
mentaire du coût de revient, cette hausse
représente 0,053 €/kg. Cela correspond
par exemple à une augmentation des
dépenses de santé de 0,002 € depuis
deux ans. L’analyse plus détaillée de ce
poste de charges permet de préciser
qu’il s’agit essentiellement des dépenses
préventives. L’augmentation du coût de
revient s’explique aussi par les charges
de structure. Après avoir diminué pen-
dant trois ans, elles ont augmenté de
0,035 €/kg de carcasse depuis 2010.
Cette augmentation est directement liée
à la reprise des investissements observée
depuis 2011 dans le cadre de la mise en
groupes des truies gestantes (Figure 2).
Le montant d’investissement atteint
ainsi 344 € par truie en 2013. Il s’agit du
niveau le plus important observé depuis
2000. D’ailleurs, le seul poste de charge
de structure qui n‘a pas augmenté est le
travail à façon. C’est un autre reet des
restructurations eectuées dans cer-
tains élevages à l’occasion de la mise en
groupes des truies gestantes : rapatrie-
ment de places d’engraissement, diminu-
tion du nombre de truies…
TP : Quel est l’impact de ces investis-
sements sur la santé nancière des
exploitations porcines ?
VK : Les éleveurs se sont ré-endettés. On
arrive à 2 200 € d’endettement global par
truie, ce qui représente un euro par kg de
carcasse. En parallèle, la trésorerie
ne s’est pas reconstituée. Hormis
en 2010 et 2011, elle diminue
depuis 2006. Sur cette période,
elle est passée de -470 € à -740 €
par truie. (Figure 3)
Derrière cette situation nancière
moyenne il y a de grandes diérences.
Si 10 % des éleveurs se situent au-delà
de 100 % d’endettement, 35 % se posi-
tionnent à moins de 60 %. Par ailleurs,
l’écart moyen (sur cinq ans) entre le prix
payé et le coût de revient est de -0.30 €/
kg de carcasse pour un quart des éleveurs
et de +0,30 € pour le quart supérieur.
TP : Comment expliquer ces écarts ?
VK : 80 % des écarts sur le résultat global
de l’exploitation sont expliqués par le
niveau de marge brute de l’atelier porc.
L’écart s’explique donc en premier lieu
par les diérences de marges brutes.
Cela repose d’abord sur l’écart de per-
formances technique, an d’optimiser
notamment prix de vente et, surtout,
coût alimentaire. Cela correspond aussi
des charges de structure plus limitées.
Les éleveurs du quart supérieur ont
moins de frais nanciers. Ils sont aussi
plus autonomes pour l’engraissement
des porcs et pour la gestion du lisier.
Ils peuvent ainsi réduire les dépenses
liées au travail à façon et au traitement
du lisier. Ainsi, ils peuvent se permettre
de dépenser plus pour l’entretien des
bâtiments et pour la main-d’œuvre. Ils
optimisent l’ecacité et la productivité
dans leur élevage. Au nal,
leurs charges de structures
sont inférieures de 1,5 € par
100 kg de carcasse. Enn,
les éleveurs du quart supé-
rieur bénécient de 1,3 € de
bonus économique lié à leur
assise foncière. Cela correspond essen-
tiellement aux marges céréales.
“1 € de dettes
par kg
de carcasse.“
Si 10 % des éleveurs se situent au-delà de 100 % d’endettement, 35 %
se positionnent à moins de 60 %.
-0,024
-0,150
-0,100
-0,050
0,000
0,050
0,100
0,150
0,200
0,250
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Évolution du solde annuel prix payé moins coût de revient
344
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)
2200
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dettes totales (€ / truie)
La mise en groupes des truies gestantes s’est traduite par une nette reprise des investissements.
Figure 2 : Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)