Bilan économique 2013 : une hausse du prix /kg de porc perçu

5
Économie
© CERfrance
Tech Porc Septembre - Octobre 2014 - n° 19
Tech PORC : Vous disposez des résul-
tats économiques de 2 500 éleveurs de
porcs bretons, parmi lesquels la moitié
est spécialisée en production porcine.
Pouvez-vous nous dire comment a
évolué leur situation en 2013 ?
Véronique Kerlidou : Le cours du porc
2013 s’est avéré très proche de celui de
2012. Mais globalement la tendance
est à la hausse depuis trois ans. Et heu-
reusement car en parallèle les éleveurs
subissent une hausse régulière et conti-
nue du prix de l’aliment. Celui-ci a litté-
ralement explosé en 2013. La moyenne
mobile (sur cinq ans) du cours du porc
se situe ainsi à 1,33 € aujourd’hui contre
1,13 avant les crises matières premières.
Néanmoins, cette tendance haussière
du prix du porc est loin d’être susante
pour pallier l’augmentation des coûts. En
2013, le solde entre le prix payé et le coût
de revient est négatif de 0,024 cts/kg de
carcasse. Il n’a donc pas permis compen-
ser les deux très mauvaises années de
2007 et 2008. C’est d’autant plus préoc-
cupant que les éleveurs nont pu béné-
cier d’aucune bonne année depuis 2006.
(Figure 1)
Lanalyse de la base de données 2013 de CERfrance Bretagne rappelle les dicultés éco-
nomiques des éleveurs de porcs depuis 2007. Lobligation de mises en groupes des truies
gestantes a généré une nette hausse des investissements.
Bilan économique 2013 : une hausse
du prix /kg de porc perçu insuffisante
Véronique Kerlidou est ingénieur d’études au service études et références du CERfrance Finistère. A partir de l’analyse de leur base
de données régionale, elle nous livre son analyse de l’évolution de la situation économique des éleveurs de porcs bretons.
-0,024
-0,150
-0,100
-0,050
0,000
0,050
0,100
0,150
0,200
0,250
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Évolution du solde annuel prix payé moins coût de revient
344
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)
2200
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dettes totales (€ / truie)
Après deux très mauvaises années en 2007 et 2008, le solde moyen entre le prix payé et le coût
de revient évolue peu. Il est en moyenne nul et ne permet pas de reconstituer les trésoreries.
Figure 1 : Évolution du solde annuel prix payé moins coût de revient
6Économie
Tech Porc Septembre - Octobre 2014 - n° 19
Reprise des investissements
et restructuration
TP : La ambée du prix de l’aliment
est-elle la seule responsable de cette
situation ?
VK : Elle pèse eectivement très lourd.
Le coût alimentaire représente depuis
2011 65 % du coût de revient contre 54 %
avant 2007. Néanmoins, cest l’ensemble
des postes de charges qui a augmenté
depuis deux ans. Pour la part non ali-
mentaire du coût de revient, cette hausse
représente 0,053 €/kg. Cela correspond
par exemple à une augmentation des
dépenses de santé de 0,002 € depuis
deux ans. L’analyse plus détaillée de ce
poste de charges permet de préciser
qu’il s’agit essentiellement des dépenses
préventives. L’augmentation du coût de
revient sexplique aussi par les charges
de structure. Après avoir diminué pen-
dant trois ans, elles ont augmenté de
0,035 €/kg de carcasse depuis 2010.
Cette augmentation est directement liée
à la reprise des investissements observée
depuis 2011 dans le cadre de la mise en
groupes des truies gestantes (Figure 2).
Le montant d’investissement atteint
ainsi 344 € par truie en 2013. Il s’agit du
niveau le plus important observé depuis
2000. D’ailleurs, le seul poste de charge
de structure qui n‘a pas augmenté est le
travail à façon. C’est un autre reet des
restructurations eectuées dans cer-
tains élevages à l’occasion de la mise en
groupes des truies gestantes : rapatrie-
ment de places d’engraissement, diminu-
tion du nombre de truies…
TP : Quel est l’impact de ces investis-
sements sur la santé nancière des
exploitations porcines ?
VK : Les éleveurs se sont ré-endettés. On
arrive à 2 200 € d’endettement global par
truie, ce qui représente un euro par kg de
carcasse. En parallèle, la trésorerie
ne s’est pas reconstituée. Hormis
en 2010 et 2011, elle diminue
depuis 2006. Sur cette période,
elle est passée de -470 € à -740 €
par truie. (Figure 3)
Derrière cette situation nancière
moyenne il y a de grandes diérences.
Si 10 % des éleveurs se situent au-delà
de 100 % d’endettement, 35 % se posi-
tionnent à moins de 60 %. Par ailleurs,
l’écart moyen (sur cinq ans) entre le prix
payé et le coût de revient est de -0.30 €/
kg de carcasse pour un quart des éleveurs
et de +0,30 € pour le quart supérieur.
TP : Comment expliquer ces écarts ?
VK : 80 % des écarts sur le résultat global
de l’exploitation sont expliqués par le
niveau de marge brute de l’atelier porc.
Lécart s’explique donc en premier lieu
par les diérences de marges brutes.
Cela repose d’abord sur l’écart de per-
formances technique, an d’optimiser
notamment prix de vente et, surtout,
coût alimentaire. Cela correspond aussi
des charges de structure plus limitées.
Les éleveurs du quart supérieur ont
moins de frais nanciers. Ils sont aussi
plus autonomes pour l’engraissement
des porcs et pour la gestion du lisier.
Ils peuvent ainsi réduire les dépenses
liées au travail à façon et au traitement
du lisier. Ainsi, ils peuvent se permettre
de dépenser plus pour l’entretien des
bâtiments et pour la main-d’œuvre. Ils
optimisent l’ecacité et la productivité
dans leur élevage. Au nal,
leurs charges de structures
sont inférieures de 1,5 € par
100 kg de carcasse. Enn,
les éleveurs du quart supé-
rieur bénécient de 1,3 € de
bonus économique lié à leur
assise foncière. Cela correspond essen-
tiellement aux marges céréales.
“1 € de dettes
par kg
de carcasse.
Si 10 % des éleveurs se situent au-delà de 100 % d’endettement, 35 %
se positionnent à moins de 60 %.
-0,024
-0,150
-0,100
-0,050
0,000
0,050
0,100
0,150
0,200
0,250
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Évolution du solde annuel prix payé moins coût de revient
344
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)
2200
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dettes totales (€ / truie)
La mise en groupes des truies gestantes s’est traduite par une nette reprise des investissements.
Figure 2 : Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)
7
Économie
Tech Porc Septembre - Octobre 2014 - n° 19
TP : Quelles sont les perspectives pour
les mois à venir ?
VK : Depuis deux ans, les éleveurs
dégagent à nouveau une toute petite
marge d’autonancement. Mais cela reste
très insusant. Il est maintenant indis-
pensable de retrouver très rapidement
une bonne année an de permettre aux
éleveurs de réaliser les investissements
nécessaires de modernisation des bâti-
ments. An également de favoriser la
transmission des exploitations. Nous dis-
posons de signes encourageants pour le
deuxième semestre 2014. Depuis n 2013,
le prix de l’aliment a baissé et on se posi-
tionne sur une conjoncture plus favorable.
Les cours du porc devraient être bons mais
dépendent notamment de l’évolution des
relations avec la Russie. Il reste maintenant
à vérier que ces espoirs se concrétisent et
surtout de manière durable.
Marie-Laurence GRANNEC
Chambres d’agriculture de Bretagne
marie-laurence.grannec@bretagne.
chambagri.fr
« En bref »
La situation économique est très
dégradée depuis 2006. Depuis cinq
ans, le solde entre prix perçu et coût
de revient est nul. Le niveau moyen
d’endettement par truie augmente
en tendance depuis 2006 : il est
passé de 1 600 € à 2 200 € en 2013.
Du fait des travaux de mises en
groupes des truies gestantes, cette
évolution est particulièrement nette
en 2012 et 2013.
Si un quart des éleveurs perd 0,30€
par kg de carcasse depuis cinq
ans, un quart d’entre eux en gagne
0,30€. Les résultats techniques
restent le principal facteur explicatif
des écarts observés. Au sein des
exploitations spécialisées, 80 % de
l’écart de résultat sexplique par le
niveau de marge brute.
-0,024
-0,150
-0,100
-0,050
0,000
0,050
0,100
0,150
0,200
0,250
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Évolution du solde annuel prix payé moins coût de revient
344
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Nette reprise des investissements depuis 2011 (€ / truie)
2200
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dettes totales (€ / truie)
Lendettement augmente en tendance depuis 2006. Il représente désormais 1 € par kg de carcasse.
Figure 3 : Dettes totales (€ / truie)
MARDI 16 SEPTEMBRE
L’imagerie par scanner RX au service de l’économie de la fi lière porcine
MERCREDI 17 SEPTEMBRE
Le point sur les travaux européens relatifs aux porcs mâles non castrés
JEUDI 18 SEPTEMBRE
Mieux gérer son élevage grâce aux nouveaux services s’appuyant
sur les gestions technico-économiques
VENDREDI 19 SEPTEMBRE
Lévolution des modèles d’élevage de porcs en Europe,
entre exigences économiques et acceptabilité sociale
Les matinales
de l’IFIP
20
14
Tous les matins de 9h15 à 10h30
à l'Espace Europe, Salle A
Entrée libre - Accueil café
IFIP - Institut du porc
Tél. : 01 58 39 39 50 - Email : [email protected].fr - www.ifip.asso.fr
Renseignements
Pour s’informer
et échanger
du 16 au 19
septembre
Au
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !