Maladie a virus Ebola - Conseil de l`Ordre des médecins de la Somme

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Maladie a virus Ebola : informations a
destination des professionnels de sante
Actualisé le 3 octobre 2014
En situation d’épidémie dans une zone géographique identifiée (jusqu’à ce jour toutes les épidémies
ont eu lieu en Afrique), le risque de survenue, en France, d’un cas importé maladie à virus Ebola
devenant symptomatique dans les 3 semaines qui suivent le retour est jugé faible mais ne peut être
totalement exclu.
L’existence d’une épidémie dans une zone géographique identifiée ne doit pas faire oublier que
d’autres pathologies infectieuses fébriles peuvent se déclarer au retour avec une probabilité
supérieure à celle de la maladie à virus Ebola.
Clinique
La durée d’incubation de la maladie à virus Ebola varie entre 2 et 21 jours.
Dans la forme habituelle, la maladie débute brutalement par un syndrome pseudo-grippal (fièvre,
myalgies, arthralgies, céphalées) et une profonde asthénie psychomotrice. En 3-4 jours, apparaissent
d’autres signes cliniques, cutanéo-muqueux (conjonctivite, exanthème maculeux ou maculo-papuleux,
dysphagie) et digestifs (diarrhée, vomissements).
L’évolution initiale peut être continue avec une altération progressive de l’état général(asthénie
croissante, fièvre persistante, perte de poids) ou biphasique avec un intervalle libre de quelques jours
au cours duquel l’état général s’améliore et la fièvre disparaît.
La phase terminale est marquée par des signes neurologiques d’encéphalite (de l’obnubilation au
coma, agitation, épilepsie) et des signes hémorragiques (principalement saignements aux points de
ponction, gingivorragies, hématémèse, mélaena, selles sanglantes ; plus rarement épistaxis,
hémoptysie, hémorragie génitale ou hématome).
On peut observer plus inconstamment hoquet, paresthésies, acouphènes, trismus, hépatomégalie,
splénomégalie, pancréatite, uvéite, parotidite, orchite, et douleur thoracique.
Dans les formes hémorragiques, le décès survient dans 80 % des cas en moyenne 8 jours après
l’apparition de la fièvre. Sinon la guérison est sans séquelle mais la convalescence est longue avec
une asthénie prolongée pendant plusieurs semaines et des arthralgies fluctuantes et migratrices
Le virus Ebola se transmet d’homme à homme par :
 contact direct avec le sang ou les fluides biologiques tels les larmes, la salive, le lait maternel,
le sperme, la sueur, les selles et les vomissements des personnes infectées.
 par exposition directe à des objets (comme des aiguilles souillées) qui ont été contaminés par
les sécrétions de patients.
Le groupe des personnels de santé prenant en charge les malades et le personnel de laboratoire est
donc un groupe particulièrement à risque.
La transmission peut aussi se produire par contact avec des animaux morts ou vivants comme par
exemple les singes, les chimpanzés, les antilopes et les chauves-souris des zones forestières
affectées. Le virus peut aussi se transmettre au contact du corps d’une personne infectée lors de la
cérémonie funéraire.
La transmission par voie aérienne n’a jamais été documentée lors d’une épidémie chez l’homme, mais
ce risque ne peut être exclu lors des manœuvres de soins de patients générant des aérosols.
Diagnostic biologique
La confirmation du diagnostic repose sur des analyses biologiques réalisées par le Centre national de
référence (CNR) :
 ELISA IgM et IgG
 PCR
 Isolement viral
Les prélèvements visant à la confirmation du diagnostic doivent être adressés au CNR, avec
son accord, dans des conditions de transport sécurisées de niveau P4.
 CNR des fièvres hémorragiques virales
Prise en charge de la maladie à virus Ebola en France
Concernant la France, le scénario envisageable, à ce stade, est celui d’un cas importé avec un risque
nosocomial majeur en établissement de santé. L’évitement de ce risque implique 4 conditions
suivantes :
 1. Une détection précoce : déclaration directe de tout cas suspect auprès du Centre 15.
(message d’information aux passagers en provenance directe de la zone à risque).
 2. Des précautions maximales doivent être mises en œuvre par les professionnels de santé
lors de la prise en charge du cas (précautions de type « air » et « contact » avec des
mesures barrières renforcées).
Recommandations à l’attention des professionnels de santé exerçant en ambulatoire pour l’abord d’un
patient cas suspect de maladie à virus Ebola (oct 2014)(voir PJ)
 3. Les services d’accueil d’urgence mettent en place une affiche d’information auprès de
l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) afin que toute personne répondant à la définition
du cas suspect se déclare dès son arrivée (arrivée inopinée et non régulée par le Centre
15).
 4. Aucun rapatriement sanitaire ne peut se faire directement entre la société de rapatriement
et un établissement de santé (circulaire n°DGS/DUS/CORRUSS/2012/188 du 9 mai 2012).
La prise en charge repose sur les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) :
 Avis du HCSP du 10 avril 2014 : Conduite à tenir autour des cas suspects de fièvre
hémorragique à virus Ebola ;
 Avis du HCSP du 10 septembre 2014 relatif à la conduite à tenir autour des cas suspects de
maladie Ebola : données complémentaires à l’avis du HCSP du 10 avril 2014.
Elle est organisée de la manière suivante :
A. Pour les personnes asymptomatiques de retour de la zone à risque :
La personne surveille quotidiennement sa température. Toute fièvre supérieure ou égale à 38°C doit
être considérée comme cas suspect et la personne doit se signaler au Centre 15.
Aucune mesure d’éviction n’est requise.
Dans le cas où une personne serait considérée comme ayant eu un risque de transmission
particulièrement élevé, cette surveillance doit être accompagnée d’une prise de contact avec le
médecin infectiologue de l’établissement de santé de référence de la zone de défense.
B. Pour les patients symptomatiques :
Tout cas suspect doit se signaler au Centre 15. Il doit être classé (exclu ou possible) le plus tôt
possible par un contact entre le Centre 15, l’InVS et l’ARS selon la définition de cas.
Dans cette situation, la prise en charge d’un cas suspect, d’autant plus qu’il existe des signes de
gravité, doit prendre en compte un diagnostic de pathologies tropicales endémiques de la zone à
risque ou d’autres maladies cosmopolites (avis HCSP).
Les conditions de prise en charge ainsi que les précautions à prendre sont décrites dans l’avis du
HSCP.
Pour les cas possibles cette prise en charge doit s’effectuer dans l’établissement de santé de
référence de la zone de défense (service de maladie infectieuse et tropicale) ou dans un autre
établissement de santé disposant de capacités opérationnelles de prise en charge Ebola. Le transfert
du cas doit s’effectuer par la régulation du SAMU-Centre 15 en mettant en œuvre les mesures
d’hygiène décrites dans l’avis de l’HCSP. Toute hospitalisation d’un cas suspect ou possible doit
conduire à la mobilisation de l’équipe opérationnelle d’hygiène de l’établissement.
Les Agences régionales de santé (ARS) ont mené des évaluations sur site pour identifier les
établissements de santé, dont lesétablissements de santé de référence (ESR) et autres établissement
de santé, qui disposent des capacités opérationnelles pour accueillir un malade atteint par le virus
Ebola.
Ces établissements disposent d’équipements spécifiques pour faire face à des situations sanitaires
exceptionnelles, en particulier :
 un service de maladies infectieuses doté de chambres d’isolement à pression négative ;
 un service de réanimation doté de chambres d’isolement ;
 un service de médecine nucléaire ;
 un laboratoire d’un niveau de confinement L3 ;
 une aire permettant de poser un hélicoptère.
Liste des établissements de santé de référence habilités (ESRH) pour la prise en charge des patients
cas possibles ou confirmés de maladie à virus Ebola (actualisée au 25 septembre 2014)(voir PJ)
Situations non régulées :
Si un cas suspect se déclare en dehors du schéma de régulation, la conduite à tenir est la suivante
(dans l’attente d’une régulation avec le Centre 15) :
 concernant le cas suspect : lui mettre un masque chirurgical, l’isoler, ne faire aucun acte (y
compris glycémie capillaire, prélèvement de gorge, etc.), éviter tout contact avec les
liquides biologiques, frictionner les mains avec des solutions hydro-alcooliques ;
 concernant la personne qui s’en occupe : a minima gants, masque chirurgical, frictionner les
mains avec des solutions hydro-alcooliques ;
 concernant l’entourage du cas suspect : relever les coordonnées des personnes ayant eu un
contact étroit avec le sang ou tout autre fluide biologique ;
 obtenir le plus rapidement possible une régulation médicale via le Centre 15 : la conduite à
tenir sera alors précisée.
Réalisation des examens biologiques :
Le diagnostic de maladie à virus Ebola relève de l’expertise du Centre National de Référence de très
haut niveau de sécurité (P4). Tout autre examen biologique réalisé sur un cas suspect, possible ou
confirmé doit être réalisé dans un laboratoire L3. Les examens biologiques, les actes invasifs doivent
être limités au strict nécessaire. Les DASRI lié à un cas confirmé doivent être inactivés avant leur
élimination (avec de l’eau de Javel) ou autoclavés. L’incinération de ces DASRI est obligatoire.
Veille et surveillance de la maladie à virus Ebola en France
C’est une maladie à déclaration obligatoire : tout cas suspect doit être signalé sans délai et par tous
moyens au Centre 15 et à l’ARS.
Mesures de prévention et d’hygiène - Prise en charge
 HCSP
 Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF)
 Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H)
 OMS : Infection prevention and control guidance for care of patients with suspected or
confirmed Filovirus haemorrhagic fever in health-care settings, with focus on Ebola
Documents de référence
 « Rapid risk assessment » de l’ECDC (03/09/2014)
 OMS
 CDC
 Définition de cas de l’InVS.
 Recommandations à l’attention des professionnels de santé exerçant en ambulatoire pour
l’abord d’un patient cas suspect de maladie à virus Ebola (oct 2014)(PDF - 307.3 ko)
Sites utiles
 Haut Conseil de la santé publique
 Institut de Veille Sanitaire
 Organisation Mondiale de la Santé
 European Centre for Disease prevention and Control
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