Maladie à virus Ebola

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MINISTERE DE LA SANTE
Maladie à virus Ebola : informations à
destination des professionnels de santé
11 avril 2014
En situation d’épidémie dans une zone géographique identifiée (jusqu’à ce jour toutes les
épidémies ont eu lieu en Afrique), le risque de survenue, en France, d’un cas importé maladie
à virus Ebola devenant symptomatique dans les 3 semaines qui suivent le retour est jugé faible
mais ne peut être totalement exclu.
L’existence d’une épidémie dans une zone géographique identifiée ne doit pas faire oublier
que d’autres pathologies infectieuses fébriles peuvent se déclarer au retour avec une
probabilité supérieure à celle de la maladie à virus Ebola.
Clinique
La durée d’incubation de la maladie à virus Ebola varie entre 2 et 21 jours, avec une moyenne
de 8 jours.
Dans la forme habituelle, la maladie débute brutalement par un syndrome pseudo-grippal
(fièvre, myalgies, arthralgies, céphalées) et une profonde asthénie psychomotrice. En 3-4
jours, apparaissent d’autres signes cliniques cutanéo-muqueux (conjonctivite, exanthème
maculeux ou maculo-papuleux, dysphagie) et digestifs (diarrhée, vomissements).
L’évolution initiale peut être continue avec une altération progressive de l’état
général(asthénie croissante, fièvre persistante, perte de poids) ou biphasique avec un intervalle
libre de quelques jours au cours duquel l’état général s’améliore et la fièvre disparaît.
La phase terminale est marquée par des signes neurologiques d’encéphalite (de l’obnubilation
au coma, agitation, épilepsie) et des signes hémorragiques (principalement saignements aux
points de ponction, gingivorragies, hématémèse, mélaena, selles sanglantes ; plus rarement
épistaxis, hémoptysie, hémorragie génitale ou hématome).
On peut observer plus inconstamment hoquet, paresthésies, acouphènes, trismus,
hépatomégalie, splénomégalie, pancréatite, uvéite, parotidite, orchite, et douleur thoracique.
Dans les formes hémorragiques, le décès survient dans 80 % des cas en moyenne 8 jours après
l’apparition de la fièvre. Sinon la guérison est sans séquelle mais la convalescence est longue
avec une asthénie prolongée pendant plusieurs semaines et des arthralgies fluctuantes et
migratrices
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Le virus Ebola se transmet d’homme à homme par :
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contact direct avec le sang ou les fluides biologiques tels les larmes, la salive, le lait
maternel, le sperme, la sueur, les selles et les vomissements des personnes infectées.
par exposition directe à des objets (comme des aiguilles souillées) qui ont été
contaminés par les sécrétions de patients.
Le groupe des personnels de santé prenant en charge les malades et de laboratoire est donc un
groupe particulièrement à risque.
La transmission peut aussi se produire par contact avec des animaux morts ou vivants comme
par exemple les singes, les chimpanzés, les antilopes et les chauves-souris des zones
forestières affectées. Le virus peut aussi se transmettre au contact du corps d’une personne
infectée lors de la cérémonie funéraire.
La transmission par voie aérienne n’a jamais été documentée lors d’une épidémie chez
l’homme, mais ce risque ne peut être exclu lors des manœuvres de soins de patients générant
des aérosols.
Diagnostic biologique
La confirmation du diagnostic repose sur des analyses biologiques réalisées par le Centre
national de référence (CNR) :
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ELISA IgM et IgG
PCR
Isolement viral
Les prélèvements visant à la confirmation du diagnostic doivent être adressés au CNR,
avec son accord, dans des conditions de transport sécurisées de niveau P4.
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CNR des fièvres hémorragiques virales
Prise en charge de la maladie à virus Ebola en France
Concernant la France, le scénario envisageable, à ce stade, est celui d’un cas importé avec un
risque nosocomial majeur en établissement de santé. L’évitement de ce risque implique 4
conditions suivantes :
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1. Une détection précoce : déclaration directe de tout cas suspect auprès du Centre 15.
(message d’information aux passagers en provenance directe de la zone à risque).
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2. Des précautions maximales doivent être mises en œuvre par les professionnels de
santé lors de la prise en charge du cas (précautions de type « air » et « contact » avec
des mesures barrières renforcées).
3. Les services d’accueil d’urgence mettent en place une affiche d’information auprès
de l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) afin que toute personne répondant à la
définition du cas suspect se déclare dès son arrivée (arrivée inopinée et non régulée
par le Centre 15).
4. Aucun rapatriement sanitaire ne peut se faire directement entre la société de
rapatriement
et
un
établissement
de
santé
(circulaire n°DGS/DUS/CORRUSS/2012/188 du 9 mai 2012).
La prise en charge est organisée de la manière suivante : avis du HCSP :
A. Pour les personnes asymptomatiques de retour de la zone à risque :
La personne surveille quotidiennement sa température. Toute fièvre supérieure à 38,5°C doit
être considérée comme cas suspect et la personne doit se signaler au Centre 15.
Aucune mesure d’éviction n’est requise.
Dans le cas où une personne serait considérée comme ayant eu un risque de transmission
particulièrement élevé, cette surveillance doit être accompagnée d’une prise de contact avec le
médecin infectiologue de l’établissement de santé de référence de la zone de défense.
B. Pour les patients symptomatiques :
Tout cas suspect doit se signaler au Centre 15. Il doit être classé (exclu ou possible) le plus tôt
possible par un contact entre le Centre 15, l’InVS et l’ARS selon la définition de cas (qui est
susceptible d’évoluer, notamment dans les zones géographiques concernées).
Dans cette situation, la prise en charge d’un cas suspect, d’autant plus qu’il existe des signes
de gravité, doit prendre en compte un diagnostic de pathologies tropicales endémiques de la
zone à risque ou d’autres maladies cosmopolites (avis HCSP).
Les conditions de prise en charge ainsi que les précautions à prendre sont décrites dans l’avis
du HSCP.
Cette prise en charge doit s’effectuer :
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Pour les cas suspects : dans un établissement de santé doté d’un laboratoire de type L3
(ex P3) ;
Pour les cas possibles : dans l’établissement de santé de référence de la zone de
défense (service de maladie infectieuse et tropicale). Le transfert du cas doit
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s’effectuer par la régulation du SAMU-Centre 15 en mettant en œuvre les mesures
d’hygiène décrites dans l’avis de l’HCSP. Toute hospitalisation d’un cas suspect ou
possible doit conduire à la mobilisation de l’équipe opérationnelle d’hygiène de
l’établissement.
Situations non régulées :
Si un cas suspect se déclare en dehors du schéma de régulation, la conduite à tenir est la
suivante (dans l’attente d’une régulation avec le Centre 15) :
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concernant le cas suspect : lui mettre un masque chirurgical, l’isoler, ne faire aucun
acte (y compris glycémie capillaire, prélèvement de gorge, etc.), éviter tout contact
avec les liquides biologiques, frictionner les mains avec des solutions hydroalcooliques ;
concernant la personne qui s’en occupe : a minima gants, masque chirurgical,
frictionner les mains avec des solutions hydro-alcooliques ;
concernant l’entourage du cas suspect : relever les coordonnées des personnes ayant
eu un contact étroit avec le sang ou tout autre fluide biologique ;
obtenir le plus rapidement possible une régulation médicale via le Centre 15 : la
conduite à tenir sera alors précisée.
Réalisation des examens biologiques :
Le diagnostic de maladie à virus Ebola relève de l’expertise du Centre National de Référence
de très haut niveau de sécurité (P4). Tout autre examen biologique réalisé sur un cas suspect,
possible ou confirmé doit être réalisé dans un laboratoire L3. Les examens biologiques, les
actes invasifs doivent être limités au strict nécessaire. Les DASRI lié à un cas confirmé
doivent être inactivés avant leur élimination (avec de l’eau de Javel) ou autoclavés.
L’incinération de ces DASRI est obligatoire.
Il n’existe aucun traitement curatif spécifique validé.
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Veille et surveillance de la maladie à virus Ebola en France
C’est une maladie à déclaration obligatoire : tout cas suspect doit être signalé sans délai et par
tous moyens au Centre 15 et à l’ARS.
Mesures de prévention et d’hygiène - Prise en charge
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HCSP
Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF)
Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H)
Interim Infection Control Recommendations for Care of Patients with Suspected or
Confirmed Filovirus (Ebola, Marburg) Hemorrhagic Fever. BDP/EPR/WHO, Geneva
March 2008
Documents de référence
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« Rapid risk assessment » de l’ECDC
OMS
CDC
Définition de cas de l’InVS
Sites utiles
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Haut Conseil de la santé publique
Institut de Veille Sanitaire
Organisation Mondiale de la Santé
European Centre for Disease prevention and Control
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