Sujet BAC 2016 - Philosophie - ES - Izi-Bac

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Baccalauréat 2016
Série ES
Sujet n° 1
Savons nous toujours ce que nous désirons. ?
A première vue : sujet classique sur le désir mais un peu marginal par rapport aux sujets classiques
avec la notion de « savoir » qui implique l’idée d’une conscience et d’une connaissance de soi.
Thèmes connexes : le sujet, la conscience, l’inconscient, autrui. A ne pas oublier la question du
bonheur qui permet d’élargir le sujet vers une troisième partie
Introduction : Nous pensons tous savoir précisément ce que nous désirons. Etre heureux, avoir un
travail qui nous convient ou plus prosaïquement, telle voiture, tel appartement, tel sac à main, pour
des raisons que nous pouvons dire et identifier. Alors pourquoi se poser la question de savoir si nous
savons toujours ce que nous désirons. ? C’est que peut-être derrière le désir évident de l’objet se
cachent d’autres choses, moins évidentes, moins avouables aussI
Problématique : désirons-nous bien toujours l’objet de nos désirs ou désirons nous autre chose à
travers eux ?
Plan possible :
I Nous savons ce que nous désirons.
1) Définition du désir : manque de quelque chose. Etymologiquement, désir vient de « de sidus » qui
signifie « privé de l’étoile ». Le désir apparait donc ici comme un objet que je peux identifier, un objet
lointain certes, mais un objet présent vers lequel je vais tendre de toutes mes forces.
2) Je peux identifier l’objet de mon désir et me considèrerai comme heureux quand je l’obtiendrais.
Le désir m’apparait toujours clairement dans mon esprit. Je désire avoir mon bac par exemple et me
considèrerai heureux une fois que le l’aurait obtenu.
3) Le désir est force motrice, tension vers l’objet désiré. C’est bien parce que le désir est
parfaitement identifié qu’il peut jouer sur l’homme le rôle de force motrice. Je désire tel homme,
telle femme, telle situation sociale ou tel objet et ce désir va mobilier tout mon être par la force de sa
représentation. Ainsi que le dit Kant dans l’Idée d’une histoire uiverselle d’un point de vue
cosmopolitique : « que la nature soit remerciée (….) pour le désir insatiable de dominer et de
posséder ».
4) Je sais tellement ce que je désire que cela peut tourner à l’obsession. Or, l’objet du désir est
parfois tellement précis qu’il peut devenir obsessionnel. Le désir peut alors tourner à la passion.
L’objet du désir devient une telle nécessité qu’on ne peut plus imaginer une vie dans laquelle nous
serions privé de cela. Il s’agit bien là de savoir précisément ce que nous voulons pour que ce désir
puisse devenir obsessionnel.
Transition :
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II Nos désirs sont signes d’autre chose que d’eux-mêmes
1) Cependant le désir semble être également une construction. A l’inverse du besoin qui lui est
fondé en nature, le désir est avant tout fantasme et construction fantasmée. Je désire
toujours des choses non matérielles à travers les objets matériels que je désire ou que je
crois désirer. Par exemple, je désire un téléphone portable dont je n’ai, il faut l’avouer,
absolument pas besoin. Ce que je cherche à travers ce téléphone c’est autre chose.
2) La publicité : La publicité a bien compris ce phénomène. Elle sait utiliser les ressorts
psychologiques pour nous faire croire d’une part que nous savons précisément ce que nous
voulons, et d’autre par que nous ne serions être heureux sans cet objet parfaitement inutile.
Or, ce que nous vend la publicité , c’est du rêve et du fantasme. Je crois vouloir telle voiture,
en fait, je veux les qualités vantées par cette voiture : la puissance, la domination, la
séduction etc. Par exemple, dans la publicité pour le parfum Invictus, on nous montre tous
les désirs qu’Epicure appelleraient vains, à savoir, la gloire, l’immortalité, l’invincibilité, la
séduction etc.
3) Les rêves
Un des meilleurs exemples peut être pour montrer que nous ignorons ce que nous désirons
vraiment, sont les rêves, « voie royale qui mène à l’inconscience » selon Freud. En effet, à
l’état de veille je ne peux pas désirer tout, certaines choses me sont interdites, par la société
par la moralité Or, dans le rêve, se révèle le plus profond de mon être puisque le rêve est la
réalisation d’un désir inconscient . Et souvent on peut s’étonner soit même, voire rougir des
désirs que nous découvrons à travers nos rêves
III Le désir comme accomplissement de soi
1) Dis moi ce que tu désires et je te dirai qui tu es. Les désirs sont universels, le fait de désirer
est une définition ontologique de l’homme, il ne peut pas ne pas désirer. En revanche, les
désirs ne sont pas communs à tous. Certains recherchent l’immortalité et la gloire alors que
d’autres s’en désintéressent. Ce que je désire parle bien plus de ma personne que de mon
désir en lui-même. Ce n’est pas une seule et même chose que de désirer être riche et célèbre
que de désirer augmenter ses connaissances.
2) Le désir de reconnaissance
Derrière tout désir finalement se cache quelque chose d’autre, que nous savons d’ailleurs
intuitivement. Nous recherchons la reconnaissance d’autrui. C’est ce que Hegel montre
notamment, avec la lutte pour la reconnaissance. Ce que cherche chaque conscience, c’est à
être reconnue comme conscience, c’est –à –dire, à être reconnu comme n’étant pas figée
dans la nature animale. Ce que je cherche par-dessus tout, c’est qu’autrui m’envie et
m’estime, m’admire et me jalouse
3) Le désir mimétique. Ainsi que nous l’a montré René Girard, le désir est avant tout mimétique.
Ce que je veux vraiment , ce n’est pas l’objet réel désiré. Je veux la même chose qu’autrui
désire, et je ne veux les choses non pas parce qu’elles auraient une valeur en soi mais du
simple fait qu’autrui les désire
4) La volonté de complétude.
Finalement le désir est signe vers soi-même et non vers un objet extérieur. Ce que chacun
d’entre nous vise par le désir, c’est celui de la complétude et du bonheur. C’est ce
qu’Aristophane explique dans le Banquet de Platon, par un mythe magnifique connu sous le
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nom de mythe de l’androgyne. A l’origine nous étions doubles, heureux et fort, mais un
péché d’orgueil, d’hubris, fit que Zeus punit les hommes et les coupa en deux. Depuis, la
nature fondamentale de l’homme et de passer son temps, par le désir, à essayer de
compléter ce manque viscéral, manque de l’autre bien sur , mais aussi manque de l’éternité,
de la complétude totale et du bonheur.
Conclusion : contrairement aux apparences il n’est pas si évident de dire que nous désirons
toujours tout clairement. Le désir est signe vers autre chose que lui-même.
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Baccalaureat 2016
TES
PHILOSOPHIE
Sujet n° 3
Expliquez le texte suivant :
« […] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la
volonté de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il
faut remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son
consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. // Car
encore qu’il n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque
pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement
: et même il arrive souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne
savent pas l’ordre qu’il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à
cause qu’il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies,
desquelles ils n’ont pas assez de connaissance. »
René DESCARTES, Principes de la philosophie (1644)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que
l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est
question.
A première vue : texte court, et facile dans sa compréhension. La difficulté du texte réside donc dans
son apparente facilité
Introduction :
Problématique: pourquoi nous trompons-nous ? Quelle est l’origine de nos erreurs ? Se
tromper est-il inévitable ?
A cette question Descartes répond dans les Principes de la philosophie qu’il y a des raisons
objectives et évitables au fait que nous nous trompions.
Plan du texte
Première partie : l1 à 4 Descartes affirme que l’erreur dépend de notre volonté tout en
précisant que cela ne signifie absolument pas que nous voulons nous tromper.
Seconde partie de 4 à la fin Il prend le soin d’expliquer la différence. Il affirme que c’est,
paradoxalement, le désir de connaître la vérité qui entraîne l’erreur, car ce désir est si fort
qu’il nous fait nous précipiter et nous tromper par excès de rapidité justement.
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I
Qu’est-ce qu’une erreur ? L’erreur n’est pas imputable à notre nature imparfaite ou à
l’impossibilité d’accéder à la vérité. C’est un jugement faux qui ne parvient pas à tirer les
conclusion nécessaire de ce qui est posé au préalable. Le modèle ici pour Descartes est la
démonstration mathématique. Le problème n’est pas pour Descartes le fait de parvenir à la
vérité, mais plutôt de savoir comment éviter l’erreur. Finalement la question que se pose
Descartes est « pourquoi nous trompons nous », car Descartes « s’étonne » qu’il puisse y
avoir de l’erreur . C’est l’erreur ici qui est étonnante et non l’obtention de la vérité qui ne lui
pose pas de problème.
Descartes affirme que l’erreur dépend de notre volonté de l’éviter. Cela signifie que notre
raison n’est pas en cause lorsque l’on on se trompe. Il ne s’agit donc pas de se demander si la
raison est faillible. En fait, elle l’est d’une certaine manière. Il lui suffit de suivre « ces
longues chaines de raisons », comme il le dit ailleurs.
Puisque personne n’a « la volonté de se tromper », que nous nous trompons pourtant , comment
l’expliquer ? Descartes fait alors une distinction entre « vouloir être trompé » et « donner son
consentement. ». Que signifie cette distinction ? Personne ne veut se tromper. Il arrive pourtant à
chacun d’entre nous de donner notre accord par la pensée à des idées qui ne sont pas encore très claires
à notre esprit . Il est tout à fait possible de se tromper ou d’être induit en erreur sans devoir nier que
nous désirons la vérité. L’existence de l’erreur n’est pas incompatible avec l’affirmation selon laquelle
nous voulons la vérité.
Or, ce n’est pas du tout la même chose que pouvoir affirmer sans contrainte ou admettre sans y être
forcé, donc en toute liberté et de manière totalement délibérée, une proposition qui pourrait être fausse.
Vouloir la vérité d’un côté et affirmer ou « consentir » volontairement à quelque chose de l’autre sont
deux choses très différentes l’une de l’autre. La volonté n’y joue pas le même rôle. D’un côté, elle est
une aspiration volontaire, un désir qui nous porte vers le vrai ; de l’autre, elle est un acte par lequel
j’affirme qu’une chose est vraie, qu’elle le soit ou non. Ainsi est-il possible de soutenir simultanément
que l’erreur dépend de notre volonté et que nous ne voulons pas nous tromper. L’erreur n’est jamais
voulue, mais elle est possible pour peu que j’admette librement comme vraie une proposition fausse
II.
Dans cette deuxième partie, Descartes va avancer quelques causes de l’erreur. Ce que montre
Descartes, c’est que nous nous trompons pour plusieurs raisons. La première est que nous
allons trop vite, nous nous précipitons, nous ne faisons pas attention, nous ne voulons pas
prendre le temps de vérifier. Nous faisons des erreurs parce que nous nous précipitons et
allons trop vite en affirmant comme vraies des choses que nous ne connaissons pas encore
véritablement et qui ne sont donc que vraisemblables. Du coup, nous sommes responsables de
nos erreurs. Celles-ci ne sont pas imputables à un défaut de notre raison qui serait limitée ou
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inadaptée à la connaissance de la vérité. Aussi nous accordons notre jugement à des choses
qu’on ne connait pas de façon claire et assez « distinctement ».
La seconde raison que Descartes avance est celle de l’illusion. On a coutume en philosophie
d’opposer erreur et illusion. Or, ce qu’il y a de remarquable, c’est que pour lui, l’illusion est à
la racine de l’erreur puisque « c’est notre désir de connaitre » qui nous pousse à faute. Il
s’agit donc bien là d’une illusion puisque le propre de l’illusion est que le sujet produit luimême son illusion parce qu’il y trouve un intérêt. D’où le paradoxe soulevé ici par
Descartes : ce sont des motifs finalement fort nobles qui nous poussent à l’erreur, parce que
nous avons le soucis de la vérité.
C’est pour lutter contre cette illusion que Descartes insiste à la fin de son texte sur la question
de la méthode, du latin meta odos qui signifie suivre le chemin. Pour lutter contre l’illusion, il
faut un canevas, un cadenas qui nous maintienne dans le droit chemin, puisque notre nature
est d’en dévier.
Conclusion.
Descartes aborde dans ce texte de manière originale la question de la vérité et de l’erreur. A
l’opposé des sceptiques qui affirment qu’onne peut pas connaitre la vérité, Descartes lui
affirme, que , grâce à Dieu, la vérité nous est accessible, que la difficulté est de rester dans la
vérité une fois qu’on en a tiré le fil.. Ce n’est donc pas la raison en elle-même qu’il faut
corriger pour progresser dans la découverte de la vérité, mais notre désir de connaissance qui
doit être maîtrisé et encadré..
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Baccalauréat 2016
Philosophie
TES
Sujet n° 2
Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?
A première vue : sujet d’épistémologie sur la science historique à la fois sur son étude par les
historiens et son apprentissage par les hommes. Autre piège : passer son temps à lister les
« pourquoi », en répondant « parce que, parce que… »
Introduction :
L'une des preuves concrètes de l'importance de la connaissance de l'histoire réside sans doute
dans le fait qu'elle est enseignée à tous les niveaux du système éducatif. L'histoire est
également omniprésente dans le domaine culturel, comme en témoigne les nombreux livres ou
films qui traitent d'événement ou de personnage historique.
Toutefois, quelle est exactement l'utilité de la connaissance historique? Répond-elle
simplement à une curiosité à l'égard du passé ou bien possède-t-elle une dimension pratique
qui permet d'orienter les décisions et les actions humaines? Peut-elle proposer des prévisions
aussi précises et fiables que celles issues des sciences de la matière? La connaissance du passé
peut-elle jouer un quelconque rôle sur le présent, voire l'avenir des hommes? Ne correspondelle pas également à une quête identitaire qui permet aux individus et aux peuples de mieux se
connaître?
Problématique L’étude de l’histoire et son apprentissage est -elle une connaissance inutile
au nom du fait que le passé et passé, ou bien remplit-elle au contraire un rôle fondamental
comme mémoire de l'humanité qui permet à la fois de donner du sens à l'histoire individuelle
de chacun d'entre nous et d'orienter l'action collective des hommes et des sociétés?
Plan possible :
I la connaissance de 1 'histoire est une connaissance utile:
II- L’histoire est inutile et superflue
III- Même si l’histoire ne nous informe pas sur le futur, son étude est nécessaire
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I la connaissance de 1 'histoire est une connaissance utile:
1) La transmission nécessaire. C’est une des premières définitions de l’histoire. On la
trouve chez Thucydide Elle consiste à dire que le but de l’histoire et le travail de
l’historien consiste à conserver et expliquer le passé.
2) Définition de l’histoire. L’histoire de l’humanité qui commence avec l’apparition de
l’écriture, et l’histoire de telle ou telle époque, de tel ou tel lieu… Si l’histoire a pour
but de reconstituer un total humain, elle ne peut se faire que par bribes.
3) Il faut distinguer deux choses Le travail de l’historien et la transmission de son
travail. On ne dira pas les mêmes choses selon le point de vue considéré. Si l’on parle
du travail de l’histoire, si l’histoire est la science du passé, alors son travail est de
rendre présent ce passé qui n’est plus. Nous sommes les héritiers de tout ce temps, et il
ne saurait être possible de penser le présent sans penser le passé.
4) Intéressante pour la construction de l'identité. La connaissance de l'histoire permet de
connaître ses origines, ses racines. Un individu qui ne connaît pas l'histoire de sa
famille et de son pays souffre parfois d'une crise d'identité. La connaissance du passé
lui permet de s'approprier cette identité et donner du sens à son existence. L'amnésie
provoque une souffrance morale parce qu'elle ôte son identité à un individu en lui
ôtant la connaissance de son histoire. De même, on peut suivre Schopenhauer pour qui
« un peuple qui ne connaît pas sa propre histoire est borné au présent de la génération
actuelle ». Non seulement, il ne sait pas d'où il vient ni qui il est, mais il subit comme
un animal le règne de la nature s'en pouvoir agir sur lui. Au contraire, la connaissance
du passé « permet de formuler des inductions pour l'avenir ».
5) Utile pour la mémoire, la connaissance du passé permet d'entretenir un devoir de
mémoire qui permet de rendre aux hommages aux hommes et aux événements
importants d'un peuple. Cela permet notamment de souder les membres de la société
autour d'une mémoire collective. Ainsi les commémorations et les citoyens permettent
de renforcer le sentiment national. De manière plus globale encore, on peut considérer
que la connaissance de leur histoire commune relie les individus à leur espèce.
6) Utile pour la justice et la vérité. La connaissance du déroulement de certains
événements ne permet pas seulement de rendre hommage aux héros ou de rappeler les
événements importants dans l'histoire d'une communauté. Elle permet également de
faire justice et de dénoncer les crimes oubliés du passés et de faire la lumière sur les
circonstances qui les ont entourés.
II- L’histoire est inutile et superflue
1) L’histoire est ressassement, rumination. On ne peut pas tirer les leçons de l’histoire. A
quoi cela sert-il de l’étudier ? Toujours vivre dans le passé constitue une forme de
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négation de la vie. C’est ce que nous apprend Nietzsche quand il critique l’histoire.
Les commémorations et les défilés militaires peuvent être perçus comme des
répétitions pathétiques et passéistes qui ne parviennent pas à faire leur deuil des
événements douloureux du passé. Selon lui, « il est absolument impossible de vivre
sans oublier» et 1 'homme qui ne parvient pas à se détacher du passé est comme un
animal qui passe sa vie « à ruminer toujours à nouveau ». Pour Nietzsche, « L'oubli est
une forme et la manifestation d'une santé robuste », tandis que la mémoire témoigne
d'un esprit de vengeance. L'historien est le gardien de l'esprit de vengeance.
2) Les hommes ne semblent pas toujours capables de mettre cette connaissance à profit
en pratique. Comment expliquer une telle impuissance à utiliser la connaissance du
passé pour éviter de commettre deux fois les mêmes erreurs? Le temps rend moins
vivace le souvenir d'un événement passé et il perd son pouvoir instructif. Par ailleurs,
les passions présentes sont plus vives que les souvenirs et atténuent la force de
conviction du passé.
3) Les circonstances ne sont jamais les mêmes.Chaque situation est si particulière qu'elle
ne peut servir de règle. L'histoire ne « ressert pas deux fois les mêmes plats », dit on et
propose des situations toujours inédites. Selon Hegel, « chaque époque se trouve dans
des conditions si particulières, constitue une situation si individuelle que dans cette
situation on doit et l'on ne peut décider que par elle. »
III- Même si l’histoire ne nous informe pas sur le futur, son étude est nécessaire
1) Le devoir de mémoire n’est pas un ressassement : Commémorer le passer n’est pas le
ressasser. Les cérémonies ne sont pas seulement des rituels passéistes, mais
constituent un devoir de mémoire. Elles constituent des traces vivantes régulièrement
entretenues pas les hommes pour qu'ils se souviennent des conséquences de leurs actes
passées. Cette volonté de conserver à l'esprit les malheurs - mais aussi les événements
heureux - du passé témoigne de l'utilité de la connaissance historique pour le présent et
l'avenir. Le fait que les hommes ne tiennent pas toujours compte des leçons du passé
ne constitue pas un argument suffisant pour affirmer que la connaissance historique est
inutile. On peut même considérer que les choses seraient sans doute pire si les
hommes se désintéressaient totalement de leur passé et n'essayaient pas d'en tirer des
leçons pour éclairer leur conduite actuelle et future.
2) Ce n’est pas parce que l’histoire n’est pas une science exacte qu’elle est dépourvue
d’intérêt. Bien que l'histoire ne soit pas une science exacte et ne puisse prédire l'avenir
avec précision, on peut, selon Eric Weil, apprendre quelque chose de l'histoire. Elle
peut tout de même nous instruire en nous donnant des exemples de suites
d'événements similaires ceux que nous vivons dans le présent. Weil ajoute, qu' « il
serait déraisonnable de demander une réponse complète », mais qu'on peut « chercher
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dans des situations comparables des facteurs détachés qui ont agi et qui peuvent donc
agir ».
3) L’histoire et son apprentissage doivent être un travail désintéressé. Que l’on puisse
trouver des intérêts à être un historien ou à apprendre l’histoire, on peut considérer que
l’intérêt d’une chose n’est pas nécessairement son utilité. L’histoire doit au contraire
être étudiée pour elle-même sans attendre l’utilité. L’étude de l’histoire, comme la
philosophie d’ailleurs est une fin en soi, elle n’attend pas d’être utile à quelqu’un ou à
quelque chose pour avoir de la valeur.
Conclusion: la connaissance de l'histoire n'est pas inutile. Elle remplit plusieurs fonctions:
dans le domaine moral, elle permet de rendre hommage aux victimes du passé et de faire la
lumière sur les circonstances de leur disparition; dans le domaine social et politique, elle
permet d'éclairer le peuple sur ses origines et les circonstances qui lui permettent de
comprendre l'actualité et d'orienter éventuellement son futur à la lumière de son passé. Si son
utilité est incontestable, elle n’a pas besoin non plus d’être utile pour avoir de la valeur.
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