II Nos désirs sont signes d’autre chose que d’eux-mêmes
1) Cependant le désir semble être également une construction. A l’inverse du besoin qui lui est
fondé en nature, le désir est avant tout fantasme et construction fantasmée. Je désire
toujours des choses non matérielles à travers les objets matériels que je désire ou que je
crois désirer. Par exemple, je désire un téléphone portable dont je n’ai, il faut l’avouer,
absolument pas besoin. Ce que je cherche à travers ce téléphone c’est autre chose.
2) La publicité : La publicité a bien compris ce phénomène. Elle sait utiliser les ressorts
psychologiques pour nous faire croire d’une part que nous savons précisément ce que nous
voulons, et d’autre par que nous ne serions être heureux sans cet objet parfaitement inutile.
Or, ce que nous vend la publicité , c’est du rêve et du fantasme. Je crois vouloir telle voiture,
en fait, je veux les qualités vantées par cette voiture : la puissance, la domination, la
séduction etc. Par exemple, dans la publicité pour le parfum Invictus, on nous montre tous
les désirs qu’Epicure appelleraient vains, à savoir, la gloire, l’immortalité, l’invincibilité, la
séduction etc.
3) Les rêves
Un des meilleurs exemples peut être pour montrer que nous ignorons ce que nous désirons
vraiment, sont les rêves, « voie royale qui mène à l’inconscience » selon Freud. En effet, à
l’état de veille je ne peux pas désirer tout, certaines choses me sont interdites, par la société
par la moralité Or, dans le rêve, se révèle le plus profond de mon être puisque le rêve est la
réalisation d’un désir inconscient . Et souvent on peut s’étonner soit même, voire rougir des
désirs que nous découvrons à travers nos rêves
III Le désir comme accomplissement de soi
1) Dis moi ce que tu désires et je te dirai qui tu es. Les désirs sont universels, le fait de désirer
est une définition ontologique de l’homme, il ne peut pas ne pas désirer. En revanche, les
désirs ne sont pas communs à tous. Certains recherchent l’immortalité et la gloire alors que
d’autres s’en désintéressent. Ce que je désire parle bien plus de ma personne que de mon
désir en lui-même. Ce n’est pas une seule et même chose que de désirer être riche et célèbre
que de désirer augmenter ses connaissances.
2) Le désir de reconnaissance
Derrière tout désir finalement se cache quelque chose d’autre, que nous savons d’ailleurs
intuitivement. Nous recherchons la reconnaissance d’autrui. C’est ce que Hegel montre
notamment, avec la lutte pour la reconnaissance. Ce que cherche chaque conscience, c’est à
être reconnue comme conscience, c’est –à –dire, à être reconnu comme n’étant pas figée
dans la nature animale. Ce que je cherche par-dessus tout, c’est qu’autrui m’envie et
m’estime, m’admire et me jalouse
3) Le désir mimétique. Ainsi que nous l’a montré René Girard, le désir est avant tout mimétique.
Ce que je veux vraiment , ce n’est pas l’objet réel désiré. Je veux la même chose qu’autrui
désire, et je ne veux les choses non pas parce qu’elles auraient une valeur en soi mais du
simple fait qu’autrui les désire
4) La volonté de complétude.
Finalement le désir est signe vers soi-même et non vers un objet extérieur. Ce que chacun
d’entre nous vise par le désir, c’est celui de la complétude et du bonheur. C’est ce
qu’Aristophane explique dans le Banquet de Platon, par un mythe magnifique connu sous le
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