Résumé
Ce mémoire interroge le rapport développé dans Maîtres anciens de Thomas Bernhard
entre l’écriture littéraire, la pensée philosophique et le kitsch. Au-delà de la
supposition surprenante que la philosophie puisse être affaire de goût, de séduction et
de sentiments, l’analyse de la notion de kitsch philosophique permet d’envisager le
discours critique comme une arme à double tranchant qui promet autant
l’émancipation que l’autoaliénation du Kitschmensch pensant. C’est à travers la figure
de Reger, protagoniste de la comédie orchestrée par Bernhard, que s’incarne cette
perspective critique paradoxale qui témoigne de problèmes de légitimation et d’un
scepticisme croissant face aux promesses des grands récits émancipateurs.
À l’examen de cette mise en scène de la philosophie, apparaît une manière proprement
littéraire de « penser la pensée ». Ce mémoire veut rendre compte de ce en quoi la
pensée littéraire se distingue de l’essai philosophique mais aussi de tout autre
métadiscours. La littérature, car elle montre plus qu’elle n’affirme, conséquemment
permet de comprendre les points de contact et de tension entre la philosophie et le
kitsch, entre la culture et la barbarie, d’une manière toute particulière. C’est cette
particularité qui fait l’objet de cette étude et qui est considérée comme une forme de
résistance à la commodification, la vanité, la domestication, bref la kitschification de
la pensée critique.
Mots-clés : Kitsch, Thomas Bernhard, Maîtres anciens, philosophie, critique,
résistance, vanité, pensée littéraire