
poussée, avec épanchement chronique résistant aux infiltrations
de corticoïdes, sans signe clinique de dérangement mécanique
intra-articulaire (pas d’accrochages, pas de douleurs brèves et
brutales en « éclairs »).
Ablation de corps étrangers libres
Les corps étrangers libres sont souvent présents dans les
gonarthroses évoluées. Les corps étrangers antérieurs sont
responsables de blocages ou de sensation d’accrochage intra-
articulaire. Le but est de faire disparaître ces symptômes. La
douleur n’est que peu diminuée.
Ablation d’ostéophytes
La résection des ostéophytes peut se faire aux instruments
motorisés (fraise) ou à l’aide d’une curette. Certains auteurs
prônent la résection des ostéophytes en conflit avec le cartilage
articulaire ou des berges condyliennes. En fait, le geste le plus
efficace semble être la résection des ostéophytes de l’échancrure
intercondylienne ou de la surface préspinale pour corriger un
flessum.
Méniscectomie
Historiquement, la méniscectomie était faite à ciel ouvert et,
à l’époque, les résultats n’étaient pas à la hauteur des espéran-
ces. Il est intéressant de rappeler cette expérience et de la
comparer à celles obtenues sous arthroscopie. Jones et al.
[6]
ont
montré qu’il y avait une relation entre la méniscectomie totale
et la progression de l’arthrose sur une série de 49 patients à
4 ans de recul. Ainsi, les auteurs recommandent de laisser les
ménisques dégénératifs en place. Lotke et al.
[7]
ont revu une
série de 101 patients d’âge supérieur à 45 ans. Les patients avec
radiographies normales initialement ont 90 % de chance
d’obtenir un bon résultat. Les patients avec des anomalies
radiographiques dégénératives ont seulement 21 % de chance
d’avoir un résultat satisfaisant à terme. L’arrivée de l’arthrosco-
pie a permis de pratiquer une méniscectomie sans la morbidité
peropératoire que l’on connaissait. Jackson et Rouse
[8]
ont été
les premiers à rapporter les résultats de méniscectomie chez des
patients âgés de plus de 40 ans. Ils rapportaient 95 % de bons
résultats chez des patients indemnes de toutes atteintes cartila-
gineuses radiographiques et le résultat tombait à 80 % dès qu’il
existait des anomalies cartilagineuses sur les radiographies
préopératoires. McBride et al.
[9]
ont comparé le résultat des
méniscectomies partielles arthroscopiques sur une population
d’âge moyen de 56 ans entre un groupe présentant une lésion
méniscale a priori traumatique (anse de seau, languette, lésion
radiaire ou oblique) et un groupe dont les lésions étaient
dégénératives (clivage horizontal ou complexe). Ils ont trouvé
un taux de 96 % de satisfaits dans le premier groupe et un taux
de 65 % de satisfaits dans le second groupe. Dans celui-ci, il y a
eu progression des lésions cartilagineuses avec accentuation du
varus et pincement de l’interligne intéressé. Casscells et al.
[10]
ne trouvent pas de corrélation entre le stade radiologique et
l’atteinte méniscale sur cadavres. Cependant, l’auteur pense que
le ménisque, même lésé, peut permettre de répartir la charge et
il préconise de n’enlever qu’une partie du ménisque dans cette
étiologie. Noble et al.
[11]
montrent que l’ablation d’un ménis-
que avec un clivage horizontal réduit de 57,5 % l’absorption à
l’énergie. Rand
[12]
rapporte une série de 84 patients avec un
recul de 2 ans. Tous les patients avaient un stade III ou IV
d’Outerbridge. La présence d’ostéophytes et d’ostéosclérose était
associée à un mauvais résultat clinique. Neuf patients sur 15 ont
vu leur interligne articulaire se pincer après la méniscectomie.
Richard et Lonergan
[13]
trouvent, sur une petite série avec un
recul de 41 mois, que le taux d’amélioration était de 81 % sur
les grades I et II d’Outerbridge et qu’il tombe à 66 % en cas de
grade III ou IV. En 1990, Baumgartner
[14]
signale que la
méniscectomie sur gonarthrose a un meilleur pronostic en cas
de lésion traumatique.
Lorsqu’une arthroscopie est proposée pour une atteinte
méniscale sur un genou arthrosique, les conclusions fondées sur
la revue de la littérature peuvent s’établir ainsi :
• il faut savoir limiter le geste à l’ablation isolée d’une lan-
guette méniscale instable ;
• les patients ayant un antécédent traumatique et une sympto-
matologie de douleurs brèves et brutales peuvent espérer une
amélioration après l’arthroscopie ;
• la présence d’une atteinte cartilagineuse dégénérative impor-
tante est un facteur péjoratif pour le résultat final ;
• la présence d’une déviation axiale importante associée à une
longue histoire de douleurs ne doit pas conduire à une
arthroscopie.
Synovectomie
La synovectomie antérieure est rarement pratiquée à titre
isolé dans la gonarthrose. La synovectomie d’une synovite
inflammatoire n’est pas un geste anodin et peut être responsa-
ble d’une hémathrose postopératoire.
Chondrectomie ou « shaving »
La régularisation d’une chondropathie ouverte fibrillaire n’est
pas à recommander. L’excision d’un clapet cartilagineux post-
traumatique est certainement plus bénéfique que la chondrec-
tomie sur une chondropathie dégénérative.
Technique de stimulation ostéochondrale
Ces différentes techniques cherchent à produire une répara-
tion fibrocartilagineuse en exposant l’os sous-chondral tout en
produisant un caillot de fibrine. Les cellules mésenchymateuses
indifférenciées vont se multiplier et peuvent, en fonction de
facteurs locaux et de facteurs mécaniques, se différencier en
cartilage ou en os. Cependant, le cartilage « reconstitué » est très
loin du cartilage hyalin et il s’agit d’un fibrocartilage constitué
de collagène de type II très fragile. Ces techniques ont histori-
quement été décrites pour le traitement des pertes de substance
cartilagineuse post-traumatique et n’ont été utilisées que plus
tardivement pour le traitement des lésions cartilagineuses
dégénératives.
Perforations de l’os sous-chondral de Pridie
Pridie
[15]
a décrit sa technique de perforation de l’os sous-
chondral en 1956 à l’aide d’une broche de Kirschner.
Les études animales ont confirmé les travaux de Pridie :
Mitchell et Shepard
[16]
ont montré que la stimulation de l’os
sous-chondral aboutissait à une restauration d’une surface
importante à partir du point d’entrée des broches. Il s’agit d’un
tissu de régénération de type fibrocartilage avec une concentra-
tion en protéoglycan inférieure à celle du cartilage normal. La
profondeur de la perforation reste très discutée dans la littéra-
ture. En effet, Hjertquist et Lemberg
[17]
montrent que la
stimulation cartilagineuse n’est possible que si la perforation
reste superficielle avec une corticale intacte.
Cette technique est encore très souvent pratiquée et facile à
réaliser sous arthroscopie. Dans une étude faite par Tipett
[18]
,le
groupe de patients qui a bénéficié d’une ostéotomie tibiale
associée à des perforations de Pridie a un résultat meilleur que
le groupe ayant eu une ostéotomie seule.
Abrasion arthroplastique
Cette technique très agressive a été défendue depuis 1979 par
Johnson
[19]
. La fraise motorisée doit réaliser des sillons parallè-
les dans l’os sous-chondral au niveau de la perte de substance
cartilagineuse.
Johnson constatait dans une étude rétrospective non contrô-
lée sur 423 cas un taux de 16 % de réopérations après 5 ans. Les
patients étaient sans appui pendant 2 mois. Cet auteur notait
l’existence d’un fibrocartilage avec un petit pourcentage de
collagène de type II.
Singh
[20]
, dans une étude rétrospective non contrôlée sur
52 genoux avec un recul de3à27mois soulignait que seuls
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Chirurgie de la gonarthrose
2Appareil locomoteur
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