VON GRAFFENRIED PRIVATBANK C O U P D ‘ O E I L S U R L E S M A RC H É S FINANCIERS 2011 Catastrophe naturelle au Japon Les marchés des actions ont débuté l’année 2011 de manière positive. Des indicateurs conjoncturels tournés vers le haut, des taux d’intérêts très bas ainsi que des estimations de cours modérées ont encouragé les investisseurs à acheter des actions. Le 11 mars 2011, un tremblement de terre de forte magnitude a secoué la partie nord-est du Japon. Le tsunami qui a suivi a fait des milliers de victimes et occasionné d’importants dégâts à la centrale atomique de Fukushima qui s’est rapidement retrouvée hors de contrôle. Bien qu’une grande quantité de radioactivité se soit répandue dans l’air et dans l’eau, la situation a pu être lentement maîtrisée ce qui a empêché une catastrophe de plus grande envergure. L’arrêt de la production des pièces détachées dans le secteur automobile et dans le secteur technologique au Japon a influencé négativement l’économie mondiale avec quelques mois de retard. Dans certains pays nord-africains, le printemps arabe a entraîné la chute de plusieurs chefs d’états qui gouvernaient d’une main de fer depuis plusieurs décennies. Les dictateurs ont dû céder leur place en Tunisie, en Egypte et en Libye. Ces événements dramatiques ont repoussé la crise européenne de la dette au second plan. Cette situation s’est toutefois modifiée lorsque le Portugal a fait appel au fond européen de solidarité au début du mois d’avril. Le soutien financier octroyé par les pays de l’Union européenne a réussi à calmer le jeu à court terme, mais il n’a été considéré que comme une méthode s’attaquant aux symptômes du mal. L’exemple de la Grèce démontre bien que la solution aux graves problèmes structurels des pays en crise exige beaucoup plus de temps que prévu. Les mesures d’économie appliquées dans ce pays l’ont mené à une profonde réces- met du mois d’octobre par la possibilité d’effet levier. Les politiciens européens ont réagi en organisant de nombreux sommets, après chaque détérioration de la situation. Il faut souligner que le système politique compliqué de l’UE ne permet pas de réagir rapidement à la crise. Jusqu’à présent, les mots crédibilité et efficacité sont restés du domaine de la théorie. Malgré des taux directeurs très bas, les investisseurs n’ont plus été d’accord d’octroyer des crédits à des conditions avantageuses aux pays de la zone Euro déjà touchés. Malgré les mesures prises, la crise a contaminé les pays comme l’Italie, l’Espagne et la France, ce qui, par rapport à l’Allemagne, a entraîné une hausse des rendements. Le gouvernement Berlusconi a longuement minimisé la gravité de la situation et ne disposait d’aucun concept crédible d’assainissement des finances de l’Etat. A mi-novembre, Silvio Berlusconi a dû se résoudre à présenter sa démission. Son successeur, Mario Monti, a constitué un nouveau gouvernement composé de spécialistes, indépendamment des partis politiques. sion et ont encore augmenté le déficit de l’Etat. Les mesures d’économie mises en place avec l’aide de la troïka (représentants de l’UE, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international) ont échoué. Cette situation a entraîné un retard du versement de la tranche de crédit supplémentaire de huit milliards d’Euros octroyé après l’obtention de concessions supplémentaires de la part du gouvernement hellénique. Les politiciens ont mis tout en œuvre pour éviter une faillite du pays, faillite qui aurait eu des conséquences imprévisibles pour la zone Euro et pour l’ensemble du système financier mondial. Le premier ministre grec Papandreou a dû céder son poste au plus fort de la crise à l’ancien vice-président de la BCE Loukas Papademos. Crise permanente de la dette souveraine dans la zone Euro et aux USA Pour empêcher une propagation des risques sur les principaux pays de la zone Euro, eux aussi endettés et déficitaires, les politiciens de pointe de l’UE ont décidé, lors du sommet du 21 juillet 2011, de renflouer le Fonds européen de solidarité à 780 Mrds d’Euros. Cette mesure a été complétée durant le som- Aux Etats-Unis aussi, les finances de l’Etat ont à nouveau posé problème. La façon dont les partis ont réglé le nouveau plafonnement de la dette a sérieusement altéré la confiance que les Amé- 1.4 1 EUR/CHF échelle gauche USD/CHF échelle droite 0.95 1.3 0.9 1.2 0.85 1.1 0.8 1 0.75 0.9 0.7 Jan 11 Feb 11 Graphique 1 Mrz 11 Apr 11 Mai 11 Jun 11 Jul 11 Aug 11 Sep 11 Okt 11 Nov 11 Dez 11 Source: Bloomberg VON GRAFFENRIED PRIVATBANK ricains accordaient au monde politique. Une solution de compromis a été trouvée en dernière minute ce qui a supprimé la menace de cessation de paiement. Il faudra s’attendre encore à de longs et difficiles débats au vu de la situation d’impasse qui prévaut au Congrès. Le super-comité mis en place après décision prise n’a pas été capable de s’entendre sur un programme d’économie. Des coupes budgétaires dans le domaine militaire et le domaine social en en ont été les conséquences directes. L’agence de notation Standard & Poor’s a sanctionné le manque de dynamisme dans les décisions prises et a réduit pour la première fois la note des Etats-Unis, de AAA à AA+. Conséquences négatives sur le développement économique mondial Les finances des Etats des plus grandes régions économiques se trouvent donc devant une longue période de consolidation. Les recettes doivent augmenter – par exemple par l’entremise des impôts – et les dépenses doivent diminuer. Ces pays sont dans l’impossibilité de réagir de manière anticyclique et ne pourront pas contribuer à la croissance économique. Ce dernier facteur est toutefois d’une importance capitale pour permettre d’assainir les finances. La conjoncture américaine, après une période de baisse temporaire, a heureusement repris de la vitesse. L’annonce d’une amélioration graduelle sur le marché du travail a encouragé la consommation. Toutefois, les mesures d’économie continuelles mises en place pour réduire la dette limiteront la croissance économique. La situation conjoncturelle sera plus difficile dans la zone Euro. Selon les dernières prévisions de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la zone Euro se trouve actuellement en phase de légère contraction. tous les moyens à sa disposition. Elle a estimé que les coûts d’une future inflation engendrés par l’augmentation de la masse monétaire seraient moindres par rapport aux pertes que l’industrie d’exportation pourrait subir si la situation du franc fort devait perdurer. La BNS a donc renoncé à sa politique autonome d’intérêt pour le temps où cette mesure restera en vigueur. La stabilité des finances helvétiques a encore consolidé la demande sur le front des emprunts d’Etat, ce qui a influencé les rendements à échéance de ces obligations à dix ans de 0,66 % et de 0,16 % pour les obligations à cinq ans (graphique 2). Ces taux d’intérêt sont le reflet de la grande insécurité régnant dans la finance internationale et marquent la préférence des investisseurs pour les placements de qualité. L’aggravation de la crise de l’Euro a fait comprendre aux investisseurs que les pays émergents, si dynamiques jusqu’à présent, seraient affectés eux aussi par l’affaissement de la conjoncture dans la zone Euro et par le faible développement économique aux USA. A fin novembre, la Banque centrale de Chine a, pour la première depuis trois ans, assoupli sa politique monétaire pour faire face au ralentissement économique. Des banques centrales actives La crise de la dette et ses conséquences ont poussé les banques centrales à réagir. La Banque nationale suisse (BNS) s’est retrouvée au centre des intérêts en intervenant avec des mesures d’envergure sur le marché. Avant cette intervention, le franc suisse était devenu un havre de sécurité et s’était apprécié face à l’Euro et au dollar US, pour atteindre un niveau record historique de (graphique 1). En date du 7 septembre 2011, la BNS annonçait qu’elle fixait le taux de change inférieur de l’Euro à CHF 1.20, mesure appliquée jusqu’à présent. La BNS a laissé entendre qu’elle défendrait ce niveau avec Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine (FED) a maintenu ses taux directeurs à leur bas niveau. La politique monétaire de la zone Euro a par contre été animée et controversée. Dans un premier temps, la BCE a augmenté ses taux d’intérêt en pensant que la crise de la dette était derrière elle. Quelques mois plus tard, elle a dû prendre la mesure contraire au vu de la situation prévalant sur le front de la dette souveraine des états. De plus, la BCE a été 5 Obligations de la Conféderation (10 ans) Obligations de la Conféderation (5 ans) 4 3 2 1 0 Dez 99 Dez 00 Graphique 2 Dez 01 Dez 02 Dez 03 Dez 04 Dez 05 Dez 06 Dez 07 Dez 08 Dez 09 Dez 10 Dez 11 Source: Bloomberg VON GRAFFENRIED PRIVATBANK de plus en plus confrontée à la question de son indépendance. La politique l’a contrainte tout au long de la crise à entreprendre des actions de sauvetage, qui, en dernier ressort, ne peuvent pas s’accorder avec le maintien d’une stabilité financière. Les deux membres allemands de la BCE Axel Weber (membre de la direction) et Jürgen Stark (chef économiste) ont ainsi donné leur démission. Jean-Claude Trichet a été remplacé par l’Italien Mario Draghi à la tête de la BCE. Les marchés des actions ont été marqués par une grande nervosité. L’indice mondial des actions libellé en CHF a évolué dans une marge allant de + 10 % à – 30 % (graphique 5). Il a terminé l’année sur une baisse de 5 %. L’intervention de la BNS et les meilleures prévisions conjoncturelles concernant les USA ont contribué à cette embellie boursière depuis la mi-août. Perspectives L ’évolution de la conjoncture et la crise de la dette resteront d’actualité en 2012, l’insécurité continuera d’influencer les agissements des investisseurs. Pour rétablir la confiance, il serait nécessaire &DWpJRULH $FWLRQVVXLVVHV63, $FWLRQVVXLVVHV6PDOO0LG&DSV $FWLRQVHXURSpHQQHV(XUR6WR[[ $FWLRQV86$63 2EOLJDWLRQVVXLVVHV 2EOLJDWLRQVHXURSpHQQHV 2EOLJDWLRQV86$ &RXUVGXSpWUROH &RXUVGHO RU 86'ROODU (XUR Graphique 3 d’entreprendre des réformes de longue durée – dans la zone Euro avant tout – pour permettre de réduire successivement les déficits structurels importants. Il est permis de mettre en doute la volonté politique de prendre des mesures impopulaires rapidement. D’autre part, il faudra s’assurer également que les mesures d’économie ne paralysent pas la croissance économique et qu’elles ne mèneront pas à une profonde récession. Cela équivaut à un difficile exercice d’équilibre. Le rôle de la BCE est également difficile à assumer. En cas d’accroissement de la crise, elle se retrouverait dans le rôle du sauveteur de dernier ressort et devrait racheter de façon illimitée les emprunts des pays en difficulté. La monétarisation de ces emprunts pourrait entraîner la fin de l’indépendance de la BCE. Tant que les marchés le permettront, la Banque centrale ne rachètera des emprunts qu’à hauteur des montants permettant d’assurer la stabilité du système financier et pour maintenir la pression sur les pays endettés afin qu’ils instaurent des réformes crédibles de longue durée. Nous partons de l’idée que l’Euro restera en vigueur et que le niveau du taux de change inférieur par rapport au CHF ne sera pas relevé. La volonté politique et les intérêts européens ne parlent pas en &RXUVGX faveur d’un démantèlement. Il serait envisageable que certains pays européens, fortement endettés, demandent leur retrait temporaire. Cette mesure serait toutefois difficilement applicable car de nombreuses banques européennes détiennent un grand nombre d’emprunts de pays en difficulté. En devant se recapitaliser, le risque qu’elles reconstituent leurs capitaux propres en diminuant les sommes figurant à leurs bilans existe bel et bien. Une diminution des crédits destinés à l’économie réelle en serait la conséquence. Au vu de cette situation incertaine, nous renonçons à investir dans des actions ou des obligations bancaires. Aux Etats-Unis, les discussions sur l’évolution de la dette occuperont les investisseurs cette année aussi. La pression des marchés est ici bien moins élevée. Les Américains ont la possibilité de s’endetter à des conditions historiquement avantageuses, mais le risque de voir les problèmes s’accumuler sous le tapis des liquidités augmente. Les élections présidentielles qui auront lieu cet automne nous confortent dans le sentiment qu’aucune solution rapide ne verra le jour. Les augures nous prédisent une croissance économique plutôt faible pour l’ensemble de la planète. Une 3HUIRUPDQFH HQPRQQDLHORFDOH 3HUIRUPDQFH HQ&+) Source: Bloomberg VON GRAFFENRIED PRIVATBANK économie vacillante et des rentrées fiscales moindres ne contribuent pas à l’assainissement des déficits. Cette situation d’insécurité fera que les banques centrales laisseront évoluer leurs taux directeurs encore longtemps à un bas niveau. Au vu des taux d’intérêt pratiqués et de l’inflation qui ne manquera pas de se manifester à long terme, nous considérons les emprunts émis par des débiteurs de qualité peu attrayants. En raison du danger latent de contagion au sein de la zone Euro, nous renonçons aussi aux obligations émises par les états et donnons la préférence à des emprunts d’entreprises. La surveillance des risques liés à la solvabilité que nous pratiquons prend ici tout son sens. Cette mesure permet de réagir rapidement en cas de détérioration des conditionscadre. En raison de cette situation particulière et du niveau peu élevé des taux d’intérêt, nous considérons l’or comme un placement attractif. Nous recommandons de sous-pondérer la part en actions. Les marchés des actions se sont considérablement repris depuis le mois d’août, ils ne disposent que de peu de potentiel à court terme. Les entreprises ressentent également l’insécurité ambiante et retiennent leurs investissements. Il sera difficile pour elles de baisser leurs coûts car le potentiel de rationalisation est épuisé depuis la dernière phase de récession. Nous pensons que les bénéfices n’augmenteront *5IRQGVGX 1$9 3HUIRUPDQFHGHSXLV *5$NWLHQ6FKZHL] *5$NWLHQ6FKZHL]6PDOO0LG&DSV Graphique 4 Source: Bloomberg marche de vos affaires, en fonction naturellement de la stratégie de placement que vous avez choisie. Nous vous remercions sincèrement de la confiance que vous accordez à la Banque Privée Von Graffenried SA et sommes heureux de pouvoir vous rendre service tout au long de cette nouvelle année aussi. que dans une moindre mesure en 2012. Les actions défensives émises par de solides entreprises établie dans le monde entier et générant de bons dividendes ont notre préférence. Nous pensons qu’il sera judicieux d’utiliser les phases baissières pour augmenter le nombre de ces actions dans les portefeuilles. Nous continuerons de surveiller pour vous les événements qui ne manqueront pas de survenir sur les marchés financiers et effectuerons consciencieusement les changements nécessaires à la bonne Avec nos salutations les meilleures. 120 SPI MSCI World Index en CHF 110 100 90 80 70 60 Dez 10 Jan 11 Feb 11 Mrz 11 Apr 11 Mai 11 Jun 11 Graphique 5: indexé C O N TA C T Privatbank Von Graffenried AG – Votre Banque Privée à Berne Marktgass-Passage 3, CH-3000 Bern 7, Tel. +41 31 320 52 22, Fax +41 31 320 51 30 Jul 11 Aug 11 Sep 11 Okt 11 Nov 11 Dez 11 Source: Bloomberg