quand on se rend compte à quel point elle a fait de sa
pauvreté un objet d'estime, une sorte de complice sympa-
thique dans le labeur de sa croissance spirituelle ! Non
seulement elle constate l'omniprésence de sa misère, non
seulement elle se voit incapable d'endurer seule la moin-
dre souffrance, non seulement elle se sait totalement im-
puissante à faire bonne figure face à ses multiples limites
humaines, mais elle en vient à s'en réjouir ! Elle est bien
trop lucide et aimante pour que ce soit démission ou aban-
don dépité. Non, elle a simplement compris - et elle en tire
la seule conclusion pratique qui s'impose - que cette misè-
re brute est l'unique matière première dont Dieu a besoin
pour faire les saints ! Alors, en effet, si Dieu est vraiment
Dieu - là est la foi enfantine et authentique de Thérèse -, sa
misère lui suffit, quoi qu'essaie de lui susurrer son amour
propre spontané qui se voit alors de plus en plus muselé
au fil de cet exercice. C'est ainsi qu'elle ira jusqu'à avouer à
la toute dernière extrémité : ''Il me semble que maintenant
je suis vraiment humble'' ! C'est ici que se mesure le poids
de la grâce dans sa vie car il n'est pas donné à tous d'oser
parler ainsi en vérité. De la sorte, Thérèse apparaît dans la
pleine lumière de son achèvement qui la fait tant ressem-
bler à la Vierge du ''Magnificat'' avouant que le Dieu de
Miséricorde ''s'est penché sur l'humilité de sa servante'' !
Vénérer des reliques, c'est aussi reconnaître le succès d'une
vie. D'une vie devenue transparente à la lumière de Dieu
et qui devient ainsi exemplaire à plus d'un titre. Peut-être
d'ailleurs premièrement pour susciter ou réveiller en nous
l'Espérance. La vénération d'une sainte à travers ses reli-
ques nous crie d'abord haut et fort que la sainteté est réel-
lement à notre portée et qu'elle est aussi un projet pour
nous, à vrai dire le seul projet que Dieu ait pour nous. Ce
matin, la présence au milieu de nous des reliques de la Pe-
tite Thérèse nous murmure au creux du cœur : oui, ce que
j'ai vécu, toi aussi tu peux le vivre car c'est fait pour toi et,
pour cela, il n'y a pas besoin d'être un héros, un ''accro'' de
la vie spirituelle ! Fais comme moi, mets-toi en route, mais
si tu t'y mets, décide-toi vraiment : vas-y à fond ! Et sur-
tout, cesse de discuter pour te trouver plein de bonnes rai-
sons de ne pas commencer : ´je suis trop moche, je manque
de force, j'ai tellement péché, je me décourage si vite, etc.´
Est-ce que par hasard tu penses encore que Dieu ne sait
pas déjà tout cela bien mieux que toi ?! Alors, cette fois-ci,
tu n'as plus le moyen de te défiler... rien d'autre à faire que
de te jeter à l'eau !
Tu as peur, dit Dieu, et tu hésites encore, ou tu n'y crois
plus vraiment tellement tu es désabusé. J'ai ce qu'il te faut :
une amie, une véritable amie... une sœur, une sainte toute
petite faite pour les petits et les ratés ! Une sainte entre les
mains de qui J'ai remis des trésors de grâces que J'ai voulu
ne confier qu'à elle. En cette vie elle a tellement mis sa con-
fiance en Moi qu'à mon tour J'ai pleine confiance en elle.
Sa spécialité, ses cas de prédilection, tu les connais ? Ceux
pour qui tout a raté jusqu'à présent. Tu sais, ceux qui sont
partis de bonne foi le cœur plein de belles intentions mais
qui se sont vite cassés le nez et qui, ensuite, sont retombés
un nombre incalculable de fois jusqu'à en avoir la nausée...
en bref, ceux qui pensent que ce n'est plus fait pour eux.
Peut-être te reconnais-tu dans ce portrait cru et pitoyable...
eh bien, Je ne te dis qu'un mot : ''Va à Thérèse !'' car elle te
dit : ''Viens, je te conduirai à Jésus... ne cherche pas à sa-
voir comment car ce n'est pas ton problème mais le mien
puisque je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre !''