Les personnages
Molière s’est inspiré de la nouvelle de Boccace Le jaloux
corrigé pour écrire ce qui apparaît comme une esquisse de
George Dandin : La jalousie du barbouillé.
Une courte pièce dans la tradition des comédies italiennes,
proche de la commedia dell’arte, où l’on retrouve des figures
populaire de la farce (le docteur pédant, le mari stupide,
colérique et naïf, l’épouse rusée et infidèle et sa suivante).
On y retrouve le renversement de situation central de George
dandin, mais le ton général de la pièce reste léger.
Les comiques de situation, de geste et de mot sont mis en avant
pour provoquer le rire.
Avec George Dandin, Molière propose à nouveau une satire de
la riche société paysanne, mais il l’étend aussi au monde de la
noblesse provinciale.
On y retrouve des archétypes de la comédie (les beaux parents
pédants, le valet maladroit, la servante insolente, les jeunes
premiers rusés, et le mari trompé), mais les caractères sont plus
troubles et plus complexes.
La solitude et la fragilité du mari sont d’avantages mises en
avant, les mensonges plus décomplexés et dépourvus du
moindre scrupule.
Ici, on ne prend jamais l’autre en considération, on est centré
sur sa problématique et on se donne tous les moyens possibles
pour s’en extirper ou pour exister :
Angélique se donne à Clitandre sans être conduite par un réel
sentiment amoureux, pour échapper à son mari plus âgé qui
veut la réduire au rôle traditionnel et transparent de l’épouse.
Elle cherche à vibrer, à s’échapper de l’ennui de cette
campagne mortifère et à retrouver la liberté dont on l’a privée
en la mariant de force.
George Dandin s’est uni à cette jeune femme pour accéder à un
statut social supérieur, dans l’espoir de s’inscrire d’avantage
dans le monde, mais par ce mariage, il perd son nom (donc son
identité), et en cherchant à confondre son épouse, il cherche à
se retrouver, à se redonner une place et une dignité.