Recollement d’espaces topologiques Colas Bardavid mercredi 26 mai 2005 Table des matières 1 Cas 1.1 1.2 1.3 1.4 général Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Construction du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rappels sur la topologie quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . Propriétés du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.1 Comparaison entre les Xα et le recollement . . . . . . . . 1.4.2 Ouverts du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.3 Caractérisation de la continuité des fonctions qui partent du recollement X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.4 Définition des fonctions qui partent du recollement X . . 4 4 6 6 7 7 7 2 Recollement dans un cas plus simple 2.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Construction du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Propriétés du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.1 Injections ouvertes des Xα dans Y . . . . . . . . . . . . . . 2.3.2 Ouverts du recollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.3 Caractérisation de la continuité des fonctions qui partent du recollement Y . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.4 Définition des fonctions qui partent du recollement Y . . 8 8 8 9 9 9 1 7 8 9 9 Résultats f / Y un homéomorphisme. Soit A ⊂ X. Alors, A Lemme 0.1 Soit X est un homéomorphisme Rappel 0.2 On est dans la situation suivante : X jection canonique de X sur l’espace quotient. Alors, π f |A / f (A) / Y := X/ ∼ est la pro- π est continue. O ouvert de Y ⇐⇒ π −1 (O) ouvert de X. F fermé de Y ⇐⇒ π −1 (F ) fermé de X. f : Y → Z continue ⇐⇒ f ◦ π : X → Z continue. Proposition 0.3 Xα ouverte dans X. fα / X est un homéomorphisme sur son image, qui est Proposition 0.4 O ⊂ X est un ouvert si, et seulement si, pour tout α ∈ A, fα−1 (O) est un ouvert de Xα . Proposition 0.5 Soit Y un espace topologique quelconque et soit g : X → Y une application. Alors, g est continue si, et seulement si, pour tout α, gα = g ◦ fα : Xα → Y est continue. Proposition 0.6 Soit Y un espace topologique quelconque. Se donner une fonction continue g : X → Y , c’est se donner une famille de fonctions continues gα : Xα → Y telles que : gα |Uβ (α) = gβ |Uα (β) ◦ϕα,β . 2 Questions en suspens et travail à faire Projet 0.7 Réfléchir au recollement dans un cadre plus général (aller voir Bourbaki ?). 3 1 1.1 Cas général Données Soit (Xα )α∈A une famille d’espaces topologiques et Oβ (α)⊂→ ◦ Xα pour tous α et β. On peut faire le recollement dans un cadre plus général à mon avis, mais ici, on se limite à des recollements sans bavures. On va recoller Xα et Xβ selon les ouverts Oβ (α) et Oα (β). Ainsi, on suppose que Oα (α) = Xα . On se donne pour tout (α, β) un isomorphisme (dans la catégorie Top) ϕα,β : Oβ (α) → Oα (β). On demande évidemment que ϕα,α = IdXα . On demande aussi des conditions de recollements. Partons d’un point x ∈ Oα (γ) ∩ Oβ (γ). Il va être identifié à ϕγ,α (x) ∈ Oγ (α). Mais il va être identifié aussi à y = ϕγ,β (x) ∈ Oγ (β). On veut que notre recollement soit bien organisé ! Donc, on veut que ce point y soit aussi identifié, via ϕβ,α , à ϕγ,α (x). Donc en particulier, ϕγ,α (x) ∈ Oβ (α). Ainsi, on va déjà imposer que ϕγ,α (Oα (γ) ∩ Oβ (γ)) ⊂ Oγ (α) ∩ Oβ (α). Ceci impose en fait qu’il y a égalité (prendre ϕα,γ ). En plus, comme on l’a dit, on veut que ϕγ,α et ϕβ,α ◦ ϕγ,β coı̈cident sur Oα (γ) ∩ Oβ (γ) (où elles sont bien définies d’après les conditions précédentes. Or, on a le f / Y un homéomorphisme. Soit A ⊂ X. Alors, A Lemme 1.1 Soit X est un homéomorphisme f |A / f (A) f |A / f (A) est bien une bijection. Ensuite, si O Démonstration : D’abord, A est un ouvert de X, f (O) est un ouvert de Y et on a f (O ∩ A) = f (O) ∩ f (A) (bijectivité de f ). Donc f|A est une application ouverte. On montre pareil qu’elle est continue. On déduit de tout ça : 4 O2(3) X3 f2,3 O1(3) O3(2) f1,3 X2 O2(1) f1,2 O1(2) X1 O3(1) Fig. 1 – Conditions de recollement (ici, elles ne sont pas satisfaites) Hypothèses 1.2 (Conditions de recollement) On impose que : ∀α, β, γ ∈ A, Oα (γ) ∩ Oβ (γ) ϕγ,α ∼ / Oγ (α) ∩ Oβ (α) soit un homéomorphisme et que le diagramme Oγ (α) ∩ Oβ (α) lY YYYYϕYβ,α O YYYYYY ϕγ,α Oγ (β) ∩ Oα (β) eee2 e e e e e eeee ϕγ,β Oα (γ) ∩ Oβ (γ) commute. Dans la pratique, il suffit de vérifier que ϕγ,α (Oα (γ) ∩ Oβ (γ)) ⊂ Oγ (α) ∩ Oβ (α) et que sur cette intersection, ϕγ,α et ϕβ,α ◦ ϕγ,β coı̈cident. 5 En particulier, sur Oα (α) ∩ Oβ (α) = Oβ (α), on veut que ϕα,α coı̈ncide avec ϕβ,α ◦ ϕα,β . C’est-à-dire que ϕα,β et ϕβ,α soient des isomorphismes réciproques. 1.2 Construction du recollement ` D’abord, on se place sur S l’espace topologique X = α∈A Xα , qu’on décrit ensemblistement comme α∈A {α} × Xα . Une partie U de cet ensemble est ouverte si, et seulement si, son intersection avec tous les Xα est ouverte (c’està-dire, {x ∈ Xα | (α, x) ∈ U }). On a des isomorphismes entre Xα et {α} × Xα et cet objet est la somme des Xα dans Top. Maintenant, on quotiente X par la bonne relation d’équivalence. On dit que (α, x) et (β, y) sont équivalents si, et seulement si, (x ∈ Uβ (α) et ϕα,β (x) = y) ou (α = β et x = y). Fait 1.3 C’est bien une relation d’équivalence. Démonstration : On ne traite que les cas non triviaux. Pour la réflexité, c’est ok. Pour la symétrie, c’est ok, cela vient de ϕα,β = (ϕβ,α )−1 . Pour la transitivité : si (α, x) ∼ (β, y) et (β, y) ∼ (γ, z), alors ϕα,β (x) = y donc y ∈ Oα (β) ; aussi, ϕβ,γ (y) = z donc y ∈ Oγ (β). Donc y ∈ Oα (β) ∩ Oγ (β). Or, ϕβ,γ (Oα (β) ∩ Oγ (β)) = Oβ (γ) ∩ Oα (γ). Et, ϕβ,γ (y) = ϕα,γ (ϕβ,α (y)) = z = ϕα,γ (x). Ceci montre la transitivité. Dès lors, on pose : Définition 1.4 Le recollement des Xα selon les ϕα,β est l’espace topologique ` X / ∼. α α 1.3 Rappels sur la topologie quotient Voir [Paulin, p. 11]. Rappel 1.5 On est dans la situation suivante : X jection canonique de X sur l’espace quotient. Alors, π / Y := X/ ∼ est la pro- π est continue. O ouvert de Y ⇐⇒ π −1 (O) ouvert de X. F fermé de Y ⇐⇒ π −1 (F ) fermé de X. f : Y → Z continue ⇐⇒ f ◦ π : X → Z continue. 6 1.4 1.4.1 Propriétés du recollement Comparaison entre les Xα et le recollement On`a une application naturelle iα (un isomorphisme sur son image) de Xα dans α Xα . En composant par π, on obtient une application naturelle de Xα vers le recollé, qu’on notera X : Xα Proposition 1.6 Xα ouverte dans X. fα fα /X . / X est un homéomorphisme sur son image, qui est Remarque : C’est le seul endroit où l’on utilise le fait que les ϕα,β sont des homéomorphismes et pas juste des applications. Démonstration : D’abord, fα est continue. −1 Montrons π (Im fα ) est un−1 ` que Im fα est un ouvert. Il suffit de vérifier que ouvert de α Xα . Donc, il suffit de vérifier que pour tout β, x ∈ Xβ | (β, x) ∈ π (Im fα ) est un ouvert de Xβ . Mais, x ∈ Xβ | (β, x) ∈ π −1 (Im fα ) = {x ∈ Xβ | π(β, x) ∈ Im fα }. Donc, cet ensemble est {x ∈ Xβ | ∃y ∈ Xα , π(β, x) = π(α, y)}. Donc, c’est {x ∈ Xβ | ∃y ∈ Xα , x ∼ y}. Cet ensemble est exactement Oα (β) qui est bien ouvert. Ensuite, soit U un ouvert de Xα . Est-ce que π ◦ iα (U ) ⊂ X est un ouvert de X ? Pour le vérifier, on fait pareil. Finalement, on trouve que c’est un ouvert car ϕα,β (U ∩ Oβ (α)) est un ouvert de Xβ . 1.4.2 Ouverts du recollement Voici une caractérisation des ouverts du recollement : Proposition 1.7 O ⊂ X est un ouvert si, et seulement si, pour tout α ∈ A, fα−1 (O) est un ouvert de Xα . Démonstration : Par définition de la topologie quotient, ` une partie O de X est ouverte si, et seulement si, π −1 (O) est ouverte dans α Xα . Par définition de la topologie somme, π −1 (O) est ouverte si, et seulement si, pour tout α, −1 (O)) = fα−1 (O) est ouverte dans Xα . i−1 α (π 1.4.3 Caractérisation de la continuité des fonctions qui partent du recollement X Voici une caractérisation des fonctions continues qui partent de X. Proposition 1.8 Soit Y un espace topologique quelconque et soit g : X → Y une application. Alors, g est continue si, et seulement si, pour tout α, gα = g ◦ fα : Xα → Y est continue. Démonstration : D’après`les propriétés de la topologie quotient, g est continue si, et seulement si, g ◦ π : Xα → Y est continue. Puis, d’après les propriétés de la topologie somme, g ◦ π est continue si, et seulement si, pour tout α ∈ A, g ◦ π ◦ iα = g ◦ fα : Xα → Y est continue. 7 1.4.4 Définition des fonctions qui partent du recollement X Comment construire une fonction continue qui part de X ? Proposition 1.9 Soit Y un espace topologique quelconque. Se donner une fonction continue g : X → Y , c’est se donner une famille de fonctions continues gα : Xα → Y telles que : gα |Uβ (α) = gβ |Uα (β) ◦ϕα,β . Démonstration : D’abord, si g : X → Y est continue, alors on considère gα = g ◦ fα : Xα → Y . Soit x ∈ Uβ (α). Le point iα (x) = (α, x) est équivalent à (β, ϕα,β (x)) = iβ (ϕα,β (x)). Ils sont donc envoyés sur le même point par π : fα (x) = fβ (ϕα,β (x)). En composant par g, on obtient la condition souhaitée. Dans l’autre sens, supposons qu’on a la famille gα : Xα → Y telles que : gα |Uβ (α) = gβ |Uα (β) ◦ϕα,β . On cherche alors à construire la fonction g. On définit g comme la fonctions somme des gα : g((α, x)) = gα (x). Cette fonction est continue car quand on regarde la fonction qu’elle induit sur Xα , c’est gα et elle est continue. On vérifie ensuite que cette fonction passe au quotient (c’est fait pour). Si (α, x) ∼ (β, y), c’est-à-dire ϕα,β (x) = y, alors g((α, x)) = gα (x) = gα |Uβ (α) (x) = gβ |Uα (β) ◦ϕα,β (x) = gβ |Uα (β) (y) = gβ (y) = g((β, y)). Donc elle passe au quotient, on obtient g 0 : X → Y ; elle est continue car composée par π, c’est g, qui est continue. 2 Recollement dans un cas plus simple On décrit ici un cas plus simple où on n’a pas besoin de vérifier les conditions de recollement. 2.1 Données On part d’un espace topologique X sur lequel on va recoller d’autres espaces (Xα )α∈A . On se donne U un ouvert de X. Pour tout α ∈ A, on se donne un ouvert Uα ⊂→ ◦ Xα et un homéomorphisme ϕα : Uα → U . On va recoller les Xα sur X suivant les homéomorphisme ϕα . 2.2 Construction du recollement On note X = X0 , U0 = U et ϕ0 = IdU0 . ` Comme précédemment, on part de Y = X0 t α∈A Xα , qu’on quotiente par la relation (α, x) ∼ (β, y) si, et seulement si, (x ∈ Uα , y ∈ Uβ et ϕα (x) = ϕβ (y)) ou (α = β et x = y). 8 Fait 2.1 ∼ est bien une relation d’équivalence. Démonstration : La relation est bien réflexive. La relation est bien symétrique. La relation est bien transitive. Définition 2.2 Le recollement des Xα sur X le long des ϕα est X0 t On le note Y . 2.3 2.3.1 ` α∈A Xα / ∼. Propriétés du recollement Injections ouvertes des Xα dans Y . ` On a des applications canoniques iα : Xα → X0 t α∈A Xα , qui sont des homéomorphismes sur leur image, qui est ouverte. ` On a une application canonique, la projection, de X0 t α∈A Xα dans Y , qu’on note π. On note fα = π ◦ iα . Proposition 2.3 fα : Xα → Y est un homéomorphisme sur son image, qui est ouverte. 2.3.2 Ouverts du recollement Proposition 2.4 O ⊂ Y est un ouvert si, et seulement si, pour tout α ∈ A, fα−1 (O) est un ouvert de Xα . 2.3.3 Caractérisation de la continuité des fonctions qui partent du recollement Y Proposition 2.5 Soit Z un espace topologique quelconque et soit g : X → Z une application. Alors, g est continue si, et seulement si, pour tout α, gα = g ◦ fα : Xα → Y est continue. 2.3.4 Définition des fonctions qui partent du recollement Y Comment construire une fonction continue qui part de Y ? Proposition 2.6 Soit Z un espace topologique quelconque. Se donner une fonction continue g : X → Z, c’est se donner une famille de fonctions continues gα : Xα → Z telles que : −1 gα |Uα ◦ϕ−1 α = gβ |Uβ ◦ϕβ : U → Z. Références [Paulin] Frédréric Paulin, Précis de topologie générale, disponible sur Internet. 9