La dépression en Ontario : quels sont les facteurs prédictifs d`une

Le 2 mars 2010
La dépression en Ontario : quels sont les facteurs
prédictifs d’une première réadmission pour soins en
santé mentale?
Sommaire
La présente analyse en bref a pour objectif de déterminer les divers facteurs
influant sur la réadmission d’une personne traitée pour dépression à la suite d’une
première hospitalisation. Pour ce faire, diverses caractéristiques, liées à la situation
sociodémographique, au traitement, au milieu clinique et au milieu postcongé, ont
été examinées afin de déterminer leur incidence sur la réadmission à différents
moments après la première hospitalisation.
Les données utilisées pour l’analyse proviennent principalement du Système d’information
ontarien sur la santé mentale (SIOSM), un système à déclaration obligatoire de toutes
les admissions dans les établissements disposant de lits réservés aux soins de santé
mentale en Ontario. Pour plus de 3 500 patients ayant obtenu leur premier congé entre
le 1er avril 2006 et le 31 mars 2008, les données ultérieures ont été examinées afin de
déterminer si la personne a été réadmise dans un hôpital de l’Ontario pour des soins en
santé mentale et d’évaluer le délai qui s’est écoulé entre le congé et la réadmission (les
données du SIOSM et de la Base de données sur les congés des patients [BDCP] ont
été utilisées pour déterminer s’il y a eu réadmission). Environ 19 % des personnes
sélectionnées dans le cadre de l’analyse ont été réadmises en raison d’une maladie
mentale au cours de l’année suivant leur congé.
L’incidence de chacune des caractéristiques sur la réadmission variait en fonction
du délai qui s’était écoulé entre la première et la deuxième hospitalisation. Ainsi, les
patients étaient plus susceptibles d’être réadmis dans les 30 jours suivant leur congé
s’ils étaient sans emploi, si le premier séjour avait eu lieu dans un hôpital général plutôt
que dans un hôpital psychiatrique ou encore s’ils étaient plus déprimés ou présentaient
un risque accru pour eux-mêmes ou pour autrui juste avant leur premier congé.
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À moyen terme, soit de 31 à 90 jours après la première hospitalisation pour dépression,
les patients qui avaient occupé un lit réservé aux soins en santé mentale dans un hôpital
général étaient près de trois fois plus susceptibles d’être réadmis que ceux qui avaient
fréquenté un hôpital psychiatrique. De plus, les personnes qui souffraient d’un trouble
de l’anxiété comorbide étaient une fois et demie plus susceptibles d’être réadmises que
celles qui n’en souffraient pas. Pendant cette période, les patients ayant déclaré que
leurs besoins relatifs à la prise en charge de leur maladie n’étaient pas satisfaits ont
également été plus nombreux à être réadmis.
À long terme, soit de 91 à 365 jours après la première hospitalisation pour dépression,
les probabilités de réadmission étaient plus élevées si la personne n’était pas retournée
sur le marché du travail après le premier congé ou si le premier séjour avait duré plus de
30 jours. Comme pour les réadmissions à moyen terme, les patients ayant déclaré que
leurs besoins relatifs à la prise en charge de leur maladie n’étaient pas satisfaits étaient
également plus susceptibles d’être réadmis pendant cette période.
Les résultats de cette analyse et de la revue des travaux de recherche cités en
référence peuvent contribuer à orienter la planification des traitements et les décisions
de gestion à l’échelle du système touchant les personnes ayant reçu un diagnostic de
dépression. La détermination des facteurs de risque associés à la réadmission après
une première hospitalisation pour dépression peut ultimement influer sur la gravité de
la maladie et l’efficacité des divers traitements utilisés dans le continuum des services
de santé mentale.
Introduction
Une hospitalisation pour maladie mentale peut se révéler très dérangeante pour la
personne qui en souffre. À l’échelle du système, l’hospitalisation constitue la forme de
traitement pour maladie mentale la plus dispendieuse en raison des coûts directs qu’elle
entraîne1, 2. La dépression, maladie mentale la plus couramment diagnostiquée chez les
patients hospitalisés au Canada, peut être chronique et caractérisée par des épisodes
récurrents3. Les personnes hospitalisées pour dépression sont nombreuses à souffrir de
symptômes graves récurrents et à être réadmises4, 5, même après une rémission complète6.
Ainsi, selon les données de la BDCP de 2005-2006, environ 10 % des patients
hospitalisés en raison d’une dépression au Canada ont été réadmis dans les 30 jours
suivant leur congé, et quelque 30 % au cours de l’année suivante.
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La compréhension des facteurs de risque associés à la réadmission des personnes
ayant reçu un diagnostic de dépression peut amener à mieux cibler les plus vulnérables
et peut faciliter la gestion du système et la planification des traitements au fil de la
maladie. La majeure partie des travaux qui ont porté sur les facteurs de risque influant
sur la réadmission pour dépression montre que l’hospitalisation antérieure est un bon
prédicteur7, 8. Dans le cas de la dépression, comme dans celui d’autres maladies mentales,
les personnes qui ont été hospitalisées à de multiples reprises pour recevoir des soins
en santé mentale sont plus susceptibles d’être réadmises que celles qui ont effectué
moins de séjours en milieu hospitalier6, 7. Les hospitalisations antérieures, bien qu’elles
se soient avérées importantes de façon constante, sont moins utiles à la gestion des
phases initiales de la maladie. Dans les cas d’hospitalisations multiples, il a été montré
que la succession des épisodes se caractérise par une gravité8-12 accrue, par une plus
grande difficulté à fournir un traitement efficace9 et, parfois, par le passage à une
maladie plus grave, comme un trouble bipolaire13, 14. Cela signifie que la maladie peut
déjà être en train de s’aggraver après la première hospitalisation.
Étant donné ces résultats et ceux touchant les effets durables des interventions précoces15,
un des objectifs de la présente analyse était d’évaluer l’incidence des facteurs de risque
liés à la situation sociodémographique, au traitement, au milieu clinique et au milieu
postcongé sur la réadmission après une première hospitalisation pour soigner une
dépression. Cette approche tranche avec la plupart des études sur la dépression menées
précédemment, qui ciblaient les cas présentant un historique d’hospitalisations. Quant
aux études qui ont examiné le premier épisode ou la première hospitalisation, elles
portaient généralement sur la psychose16-19.
La première hospitalisation pour dépression ne concorde pas nécessairement avec le
début de la maladie, puisque celle-ci a pu demeurer non traitée ou être traitée par d’autres
moyens pendant un certain temps avant l’hospitalisation. Cette première hospitalisation
peut toutefois correspondre à une première intervention majeure par suite d’une
aggravation de la maladie. En ce sens, elle peut marquer l’entrée dans le système de
santé suivie, possiblement, d’une transition vers des soins en consultation externe ou
communautaires, et jouer ainsi un rôle important dans l’évolution de la maladie20.
Aperçu de l’analyse
Les facteurs de risque ayant une éventuelle incidence sur la réadmission ont été évalués
par l’analyse des données de personnes qui ont effectué un tout premier séjour pour
soigner une dépression, selon l’information consignée dans le SIOSM dans l’année
suivant leur congé.
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L’analyse a permis d’examiner, en termes de réadmission, la variation des facteurs
de risque potentiels en fonction de la durée des périodes de suivi. Comme la période
suivant immédiatement le congé est généralement celle qui est le plus souvent
caractérisée par une réadmission21, elle représente une étape essentielle du suivi du
traitement psychiatrique22. Cependant, la récidive de symptômes graves donnant lieu
à une réadmission continue de se produire à long terme12, 23, 24, et les conditions qui
entourent l’hospitalisation influent de façon différente sur les réadmissions selon la
durée de la période de suivi20, 22, 25, 26. Dans le but d’évaluer l’incidence de facteurs de
risque potentiels à différentes périodes de suivi, l’analyse a porté sur des modèles de
réadmission après 30 jours (réadmission hâtive), 31 à 90 jours (réadmission à moyen
terme) et 91 à 365 jours (réadmission tardive).
À propos du Système d’information ontarien sur la santé mentale
Le SIOSM a été créé par l’Institut canadien d’information sur la santé en 2005 dans
le cadre d’un partenariat avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée
de l’Ontario dans le but de normaliser la collecte et la déclaration de données sur les
services de santé mentale dispensés aux adultes hospitalisés en Ontario. En 2007
et 2008, 70 hôpitaux ontariens ont soumis des données au SIOSM pour un total de
4 981 lits réservés. De ces 70 hôpitaux, 15 étaient des hôpitaux psychiatriques
spécialisés, qui offrent principalement des services en santé mentale, et 55 étaient
des hôpitaux généraux disposant de lits réservés aux soins de santé mentale pour
adultes, qui offrent une vaste gamme de services en plus des services en santé mentale.
Les données soumises à l’ICIS dans le cadre du SIOSM sont recueillies par le
personnel des hôpitaux au moyen d’un instrument d’évaluation clinique normalisé,
l’Instrument d’évaluation des résidents en santé mentale (RAI-MH©), qui réunit des
applications de planification des soins, d’évaluation des résultats et d’amélioration de
la qualité, ainsi que des applications liées aux groupes clients. Les données recueillies
au moyen du RAI-MH visent à appuyer le processus de prise de décisions au bénéfice
des professionnels des soins de santé et des administrateurs hospitaliers, de même
que des planificateurs du système et des décideurs à l’échelle régionale et provinciale.
Pour obtenir un complément d’information sur le SIOSM, visitez le www.icis.ca/siosm
ou envoyez un courriel à [email protected].
© Gouvernement de l’Ontario, Association des hôpitaux de l’Ontario, interRAI
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L’analyse a porté exclusivement sur des personnes âgées de 18 à 64 ans au moment
de leur admission qui ont été hospitalisées une première fois en raison d’une dépression
et qui ont reçu leur congé entre le 1er avril 2006 et le 31 mars 2008. L’information
autodéclarée par les patients a été utilisée pour déterminer qu’il s’agissait bel et bien
d’une première hospitalisation. Cette information a été validée et très largement
corroborée par un examen des dossiers des patients hospitalisés au cours des cinq
dernières années. Pour être inclus dans l’analyse, les patients devaient également
posséder un numéro d’assurance-maladie valide et un code postal de résidence en
Ontario. Ils devaient en outre avoir été initialement hospitalisés pendant au moins
quatre jours, et toutes les données relatives aux facteurs de risque pouvant influer
sur la réadmission devaient avoir été consignées.
L’analyse a aussi porté sur la stabilité du diagnostic lorsqu’il s’agissait d’une première
réadmission en faisant état des modifications du diagnostic de maladie mentale entre la
première hospitalisation et la réadmission. Pour certains groupes cliniques, on associe
un diagnostic initial de dépression à un risque accru de développer un trouble bipolaire14
et d’autres conditions24, 27.
Quelles sont les caractéristiques des personnes
hospitalisées une première fois pour dépression?
L’analyse a porté sur 3 590 personnes qui répondaient aux critères décrits précédemment.
Le tableau 1 décrit les caractéristiques de ces personnes selon quatre groupes de
facteurs de risque de réadmission, soit la situation sociodémographique, le traitement,
le milieu clinique et le milieu postcongé. Les participants à l’étude, majoritairement des
femmes, étaient plus nombreux à être âgés de 30 à 50 ans plutôt que de 18 à 29 ans
ou de 51 à 64 ans. Ils étaient plus susceptibles de vivre en milieu urbain que rural,
d’être célibataires et de posséder au moins un diplôme d’études secondaires. Au moment
du congé, 40 % des patients étaient au chômage et 5,4 % étaient sans-abri.
La majorité des participants (80,7 %) prenaient des médicaments et semblaient observer
leur régime médicamenteux durant le mois précédant l’admission. Une petite proportion
ne l’observait pas (9,2 %) ou ne prenait pas de médicament (10,1 %) pendant cette
période. Un peu plus du quart des participants (25,7 %) ont dit fréquenter un organisme
communautaire en santé mentale dans le mois précédant leur admission (cela exclut les
médecins généralistes). La plupart ont été admis dans un hôpital général (85,7 %) plutôt
que dans un établissement psychiatrique (14,3 %) lors de la première hospitalisation
pour dépression. La durée du séjour initial a varié de 4 (soit le nombre de jours minimal
selon les critères d’admissibilité) à 260 jours. La plupart des personnes (63,9 %) ont
effectué un séjour de 4 à 15 jours, tandis que 23,6 % ont été hospitalisées de 16 à
30 jours, et 12,5 %, pendant plus de 30 jours.
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