Yerushalaim n°44
- page 1
Décembre 2000
LA CROIX
SIGNE DE CONTRADICTION
Jésus, portant sa croix, arriva
au lieu du crâne qui se nomme
en hébreu Golgotha"
(Jean 19:17)
Quiconque appartient à Jésus ne peut
choisir d'autre chemin en sa vie que celui
qu'a suivi Jésus.
L'amour ne peut qu'accompagner Jésus sur
le chemin de la croix.
Mère Basilea SCHLINK (Les lieux saints, aujourd'hui p.13)
Jésus cherche des âmes qui s'humilient
comme Lui et qui portent leur croix avec
amour. Seras-tu l'une d'elles ?
(Texte d'une plaque fixée au mur extérieur
de la Chapelle de la Condamnation sur la Via Dolorosa)
.
Reproduction du vitrail de "L'ange contemplant la croix"
Chapelle de la Communauté Evangélique des Sœurs de Marie
à Darmstadt.
(Allemagne Fédérale)
?
Mai 2006
numéro 44 (2006 - 2)
page 2 -
Yerushalaim n°44
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epentance envers le peuple juif
B.P. 49217 – 30104 ALES CEDEX ( France)
COEUR, un nouveau sigle
pour assumer un très ancien
contentieux qui sépare, depuis bientôt 20 siècles, juifs et chrétiens.
Ces 20 siècles furent tragiquement marqués par une continuelle
opposition entre ces deux religions s'excluant l'une l'autre, bien
qu'ayant un héritage commun fondamental. Dans ce conflit , les
tenants de l'Évangile ont trop souvent utilisé les armes bien peu
évangéliques de l'oppression et de la persécution, avec l'objectif
avoué d'assimiler les juifs en les convertissant. Le peuple juif ne
peut s'empêcher de voir dans la chrétienté actuelle l'héritière de ces
sinistres convertisseurs séculaires, d'autant plus que l'histoire
contemporaine porte l'ignominieuse trace de la shoah, tentative
d'extermination perpétrée en pays "chrétien".
Notre démarche première
vers ceux à qui Dieu a confié les
Écritures, et les Alliances, et les promesses (Rom.11:4) implique
donc avant tout un aveu de ces fautes séculaires et une réelle
repentance qui, seule, permettra un regard nouveau. ("Si tu te
souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton
offrande et va d'abord te réconcilier avec ton frère" Matthieu 5:23)
COEUR est une association interconfessionnelle
qui
s'est don cet objectif en organisant des voyages en Israël
notamment à l'occasion de Yom-Kippour et par son action en
métropole . Elle se veut ainsi complémentaire des différents
mouvements qui oeuvrent déjà en vue d'une réconciliation entre
juifs et chrétiens.
COEUR édite la revue YERUSHALAIM
, qui est digée
essentiellement par des chrétiens et des juifs avec le dessein de
"ré-enseigner les racines hébraïques de la foi chrétienne".
Numéro 37- 2004-3
Page 3 Le billet d’Onésime
Page 4 Inachèvement et Accomplissement
par Joël PUTOIS
Page 28 La Promesse
Un commentaire du Livre de Mgr LUSTIGER
par le pasteur Matthias HELMLINGER
Page 31 Une pensée du Judaïsmer
par le rabbin Philippe HADDAD
Cœur
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Com i t é Œc u mén i que d Un i té ch r é ti e nne
po u r la Rep enta nce env e rs le peu p le ju i f
B.P. 49217 – 30104 ALES CEDEX ( France)
COEUR, un nouveau sigle
pour assumer un très ancien
contentieux qui sépare, depuis bientôt 20 siècles, Juifs et Chrétiens.
Ces 20 siècles furent tragiquement marqués par une fréquente
opposition entre ces deux religions s'excluant l'une l'autre, bien qu'ayant
un héritage commun fondamental. Dans ce conflit, certains des tenants
de l'Évangile ont trop souvent utilisé les armes bien peu évangéliques
de l'oppression et de la persécution, avec l'objectif avoué d'assimiler les
juifs en les convertissant. Le peuple juif est ainsi fondé, en raison de
l’histoire, de craindre le retour de ces sinistres convertisseurs
séculaires, d'autant plus que l'histoire contemporaine porte
l'ignominieuse trace de la Shoah, tentative d'extermination perpétrée en
pays dit "chrétien".
Notre démarche première
vers ceux à qui Dieu a confié les
Écritures, et les Alliances, et les promesses (Rom.11:4) implique donc
un aveu de ces fautes séculaires et une réelle repentance qui, seule,
permettra un regard nouveau. ("Si tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse ton offrande et va d'abord te
réconcilier avec ton frère" Matthieu 5:23)
COEUR est une association interconfessionnelle
qui s'est
donné cet objectif en même temps que, en réparation, celui de ré-
enseigner les chrétiens sur les sources hébraïques de notre foi. Elle se
veut ainsi complémentaire des différents mouvements qui oeuvrent déjà
en vue d'une réconciliation entre juifs et chrétiens.
COEUR édite la revue YERUSHALAIM
, qui est rédigée par des
chrétiens et des juifs. Notre revue est destinée à servir d’outil de
diffusion de notre message dans les mains des membres de
l’association..
YERUSHALAIM
Le périodique de l’association COEUR
(Comité Oecuménique d'Unité Chrétienne pour la Repentance envers le peuple juif)
B.P. 49217 - 30104 ALES Cedex.
Adresse électronique: association.cœ[email protected] - Site internet : <chretiens-juifs.org>
Association loi 1901 - N° Siret: 410 252 555 00025 - Code APE: 913E
Fondateur :Henri CATTA (
en 1994 ) Secrétaire de rédaction: Elzbieta AMSLER-TWAROWSKA
Directeur de la Publication: Henri LEFEBVRE Imprimerie: A.M.Imprimerie - 75017 PARIS
NUMERO 44 (
2006-2 ) - Mai 2006
YERUSHALAIM est la revue de l'association COEUR. Elle est diffusée à tous ses membres: la cotisation s'élève
pour l'année 2006 à 25 Euros. Toute somme versée en sus est la bienvenue: elle sera consacrée à accroître la
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La cotisation court du 1
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Janvier au 31 Décembre de l'année en cours; Le paiement de la cotisation annuelle donnes droit aux numéros
parus dans l’année. L'étiquette ou la lettre d’envoi indique la situation de règlement de chacun.
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diffusion dans leur entourage.
Les articles publiés dans la revue et sur notre site internet n'engagent pas la responsabilité de l'association mais seulement celle de
leurs auteurs.
Numéro 44 (2006 –2) Mai 2006
Page 3 Le billet d'Onésime
Page 4 La croix, signe de contradiction
Henri Lefebvre
Page 12 Cet Autre
père Jean-Marie PLOUX
Page 17 Otez les pierres
Sœur Joéla de la
Communauté Evangélique
des Sœurs de Marie à Darmstadt
Page 24 Assemblée Générale 2006: compte-rendu.
Page 26 Assemblée Générale 2006: causerie de
Madame Madeleine Cohen
Page 30 Des livres
Page 31 Colloque « Eglise & Israël »
Yerushalaim n°44
- page 3
Le Billet d’Onésime
Le nouvel Archevêque de Paris, MgrVingt-Trois, est venu à l’inauguration du
Mémorial, où sont citées, par leurs noms, toutes les victimes des mesures antisémites, de
1940 à 1945, en France. L’Archevêque a prononcé une allocution dont je me permets de
détacher deux courts passages.
En affirmant la solidarité chrétienne envers les Juifs, et sa vigoureuse volonté d’y
être fidèle, l’Archevêque a prononcé quelque mots qui vont loin : « Sans nous complaire
dans une attitude de repentance… » Oui, c’est un flash qui va loin, ou plutôt qui va profond.
Si j’osais, je dirais que ça nous décoiffe. Car il est vrai qu’il arrive que la repentance
devienne une espèce de complaisance , où on se dorlote moralement, une recherche de soi-
même, alors que son seul et véritable objet, c’est l’approche de l’autre dans ses blessures.
La repentance véritable, c’est une volonté de consoler celui dont la souffrance est
en rapport avec nos comportements. Dans la repentance, si elle est véridique, je comprends
qu’il s’agit beaucoup moins de moi que de celui qui souffre en sachant que je suis pour
quelque chose dans cette souffrance.
Il y a toujours une ambiguïté quand j’éprouve de la complaisance envers moi-même.
C’est pourquoi le repentance ne doit avoir aucun rapport avec mon confort moral ou spirituel.
Aucun rapport. La repentance et le confort, ça fait deux. Mais nous sommes champions
dans l’art de transformer nos examens de conscience en chouchoutage moral. C’est prendre
la tangente.
Non, je ne coupe pas les cheveux en quatre. Je suis obligé d’avouer que notre cœur
a l’art de recouvrir nos meilleurs élans d’un tenace vernis d’égoïsme.
L’Archevêque a eu une autre remarque, qui a fait tilt quand je l’ai entendue. Il
s’agissait toujours de notre repentance « afin que notre conscience en soit éclairée… »
Comme c’est vrai ! La repentance et la conscience sont au moins belles-sœurs. Si ma
repentance est trop attentive à moi-même, ma conscience est un peu déboussolée, elle
sombre dans le brouillard. Mais si je me livre à la vraie repentance, sans aucune auto-
complaisance, je retrouve le nord. La repentance devient la boussole de ma conscience. Je
pèse enfin mes actes et mes pensées. Comme si on changeait les ampoules pour mieux
apprécier ce qu’on a fait et ce qu’on a dit.
On appelle alors les choses par leur nom : la chapardise devient un vol, les histoires
soi-disant rigolotes sue les Juifs apparaissent dans leur vérité, c'est-à-dire des calomnies.
Le halo du passé chrétien, avec ses gloires, se colore de pratiques regrettables et
d’événements qu’on aimerait effacer de la mémoire, mais dont la conscience s’empare dans
une démarche repentante. Et celle-ci devient alors une explication que la conscience lucide
offre à notre cœur et à notre jugement sur chacun de nous, personnellement et
collectivement.
Oui certes, en Eglise aussi.
La repentance n’est nullement un truc pour être en règle avec notre conscience. Ce
serait alors une triste espèce de complaisance envers soi-même dans le coupable oubli. Tout
au contraire, c’est une démarche qui purifie notre conscience en lui faisant découvrir les
nécessaires et apaisantes réparations qui nous réconcilient avec ceux, que nous avons,
parfois intérieurement et trop souvent publiquement méconnus ou blessés.
page 4 -
Yerushalaim n°44
La Croix dans le contentieux judéo-chrétien
Posons bien la question : quand un chrétien évoque la Croix, il renferme dans cette expression
l’ensemble des réalités vécues, selon le Nouveau Testament par Jésus à la fin de son existence
terrestre : la « passion », la « résurrection », l’« ascension ». Ces trois événements sont si
intimement liés dans notre vision des choses, si solidement associés dans l’expression de notre foi,
que nous aurions beaucoup de difficultés à engager un dialogue séparé pour chacun.
On peut même ajouter à cette énumération, la Pentecôte, souvent négligée par les chrétiens eux-
mêmes comme élément fondateur de la foi chrétienne, et qui pourtant achève, accomplit, amène à la
complétude, l’œuvre de la Croix, puisqu’à la réception de l’Esprit Saint – Shekinah, l’homme est donc
réorienté définitivement dans l’Alliance avec le Père.
Autre préalable, donné lui pour expliciter le titre donné à cette méditation: nous y faisons
explicitement référence à la façon dont le vieillard Syméon qui prophétisait accueillit Jésus et ses
parents au Temple:
Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui–ci est pour la chute et le relèvement de
beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction ( Luc 2:34 )
« Autrement dit, l’unité passera par une re-découverte du sens de la Croix,
puisque la Croix du Christ contient le mystère de l’unité des Juifs avec les non-
Juifs, nous dit Paul - pensée qui est encore actuellement si difficilement
acceptable …
Si nos amis Juifs, comme M.Raphy MARCIANO, responsable du Centre
Communautaire Juif à Paris, membre engagé de l’AJCF, nous demandent
aujourd’hui avec une certaine insistance: « Que signifie pour vous, la croix du
Christ ? », cela veut dire que cette question est loin de leur être indifférente, et
qu'il nous faut donc de notre côté penser à leur apporter une réponse claire,
cohérente avec notre foi, et compréhensible pour eux. »
Telle était la question posée en fin de notre numéro 43, par Elzbieta
AMSLER, dans son article « Relire Nostra Aetate aujourd’hui ».
Les réflexions qui suivent sont nées de cette interrogation. Elles doivent
plutôt être prises comme une méditation que comme une étude
exhaustive sur le sujet qui mériterait évidemment un long travail
historique et sociologique.
LA CROIX, SIGNE DE CONTRADICTION
par Henri LEFEBVRE
?
Yerushalaim n°44
- page 5
La Croix dans le Nouveau Testament
et dans la piété chrétienne
Curieusement, les évangélistes mettent dans la bouche de Jésus, bien avant sa mort, la croix. Au
chapitre 16, v.24 de l’Evangile de Matthieu, on lit :
Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui–même,
qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra,
mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera.
Dans la piété chrétienne, ces passages résonnent fortement comme l’une des caractéristiques de
l’enseignement évangélique. Porter sa croix, Le suivre, chaque jour, constitue un thème essentiel de
la prédication : nous lisons cela comme une exhortation puissante à la consécration, à l’acceptation
des souffrances, jusqu’à donner sa vie éventuellement, dans la fidélité à Dieu. Le fait que Jésus ait
donné cet enseignement avant Sa mort, donc avant la Croix, à des disciples qui ne pouvaient
aucunement savoir de quelle mort Il mourrait, jette une lumière particulière sur Son engagement
personnel, exprimé en d’autres occasions sous d’autres termes, par exemple lorsqu’il annonce, sans
être compris par eux, Sa mort prochaine. On peut rapprocher de cela ses enseignements sur « Le bon
berger » qui donne sa vie pour ses brebis, (Jean 10 :11) et sa confidence selon laquelle il donne Sa vie
« de lui-même », sans que personne ne la lui ôte (v.18). Tous ces enseignements sont apparemment
restés incompris par ceux qui l’écoutaient ; ce n’est que par la suite qu’ils ont pris tout leur relief, et
fait donc de la Croix le centre de l’attention et de la piété chrétiennes.
Il est trop rarement fait remarquer que, du vivant de Jésus, le supplice de la croix était donc bien
connu. Ce supplice était celui qu’affectionnaient les romains pour mater la rébellion juive. Quelques
années avant que Jésus ne commence son ministère, ce n’est pas moins de huit cent croix qui avaient
été sinistrement dressées dans le ciel d’Israël ! Les souverains Hasmonéens avaient eux aussi utilisé
la Croix comme supplice. C’était 150 ans avant la domination romaine. Ce rappel historique met en
lumière le caractère dramatique de l’enseignement de Jésus, caractère bien oublié depuis lors, alors
qu’elles étaient évidemment très présentes et pleinement suggestives pour les auditeurs de Jésus,
comme pour les rédacteurs des Evangiles …
La croix n’est pas absente du livre des Actes, mais n’y figure que de façon presque anecdotique : elle
est citée pour situer historiquement la mort de Jésus, par exemple dans le discours de Pierre à la
Pentecôte : « Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage, … vous l’avez crucifié, …
Dieu l’a ressuscité » (Actes 2 :22-24). Mais là, elle n’est citée que pour mettre en valeur le grand
message de la résurrection.
Il n’en est déjà plus de même dans les écrits de Paul qui n’hésite pas à devenir ainsi le premier
chantre de la Croix, arc-boutant sur elle son enseignement sur le vieil homme et l’homme nouveau.
Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela
sans la sagesse du langage, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine. Car la
prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes
sauvés, elle est une puissance de Dieu.
(1Cor.1 : 17-18)
et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant
jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. (Philippiens 2:- 8)
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