N°44 - Chrétiens et Juifs, des amis

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Décembre
Mai2000
2006
numéro 44 (2006 - 2)
LA CROIX
SIGNE DE CONTRADICTION
?
Jésus, portant sa croix, arriva
au lieu du crâne qui se nomme
en hébreu Golgotha"
(Jean 19:17)
Quiconque appartient à Jésus ne peut
choisir d'autre chemin en sa vie que celui
qu'a suivi Jésus.
L'amour ne peut qu'accompagner Jésus sur
le chemin de la croix.
Mère Basilea SCHLINK (Les lieux saints, aujourd'hui p.13)
Jésus cherche des âmes qui s'humilient
comme Lui et qui portent leur croix avec
amour. Seras-tu l'une d'elles ?
(Texte d'une plaque fixée au mur extérieur
de la Chapelle de la Condamnation sur la Via Dolorosa).
Reproduction du vitrail de "L'ange contemplant la croix"
Chapelle de la Communauté Evangélique des Sœurs de Marie
à Darmstadt. (Allemagne Fédérale)
Yerushalaim n°44 -
page 1
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Numéro 37- 2004-3
Page 3
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Numéro 44 (2006 –2) Mai 2006
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B.P. 49217 – 30104 ALES CEDEX ( France)
B.P. 49217 – 30104 ALES CEDEX ( France)
COEUR, un nouveau sigle pour assumer un très ancien
COEUR, qui
unsépare,
nouveau
sigle 20
pour
assumer
très ancien
contentieux
depuis bientôt
siècles,
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et Chrétiens.
contentieux qui sépare, depuis bientôt 20 siècles, juifs et chrétiens.
Ces 20 siècles furent tragiquement marqués par une fréquente
Ces 20 siècles furent tragiquement marqués par une continuelle
opposition entre ces deux religions s'excluant l'une l'autre, bien qu'ayant
opposition entre ces deux religions s'excluant l'une l'autre, bien
un héritage commun fondamental. Dans ce conflit, certains des tenants
qu'ayant un héritage commun fondamental. Dans ce conflit , les
de l'Évangile ont trop souvent utilisé les armes bien peu évangéliques
tenants de l'Évangile ont trop souvent utilisé les armes bien peu
de l'oppression et de la persécution, avec l'objectif avoué d'assimiler les
évangéliques de l'oppression et de la persécution, avec l'objectif
juifs en les convertissant. Le peuple juif est ainsi fondé, en raison de
avoué d'assimiler les juifs en les convertissant. Le peuple juif ne
l’histoire, de craindre le retour de ces sinistres convertisseurs
peut s'empêcher de voir dans la chrétienté actuelle l'héritière de ces
séculaires, d'autant plus que l'histoire contemporaine porte
sinistres convertisseurs séculaires, d'autant plus que l'histoire
l'ignominieuse trace de la Shoah, tentative d'extermination perpétrée en
contemporaine porte l'ignominieuse trace de la shoah, tentative
pays dit "chrétien".
d'extermination perpétrée en pays "chrétien".
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YERUSHALAIM
Page
Le billet d'Onésime
Page 4 3 Inachèvement
et Accomplissement
par Joël PUTOIS
Page 4
La croix, signe de contradiction
Page 28 La Promesse
Henri Lefebvre
Un commentaire du Livre de Mgr LUSTIGER
Page 12
Page 31
par le pasteur Matthias HELMLINGER
Cet Autre
Une pensée du
Judaïsmer
père
Jean-Marie PLOUX
par le rabbin Philippe HADDAD
Page 17
Otez les pierres
Sœur Joéla de la
Communauté Evangélique
des Sœurs de Marie à Darmstadt
Page 24
Assemblée Générale 2006: compte-rendu.
Page 26
Assemblée Générale 2006: causerie de
Madame Madeleine Cohen
Page 30
Des livres
Page 31
Colloque « Eglise & Israël »
Le périodique de l’association COEUR
(Comité Oecuménique d'Unité Chrétienne pour la Repentance envers le peuple juif)
B.P. 49217 - 30104 ALES Cedex.
Adresse électronique: association.cœ[email protected] - Site internet : <chretiens-juifs.org>
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NUMERO 44 ( 2006-2 ) - Mai 2006
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page 2 - Yerushalaim n°44
Le Billet d’Onésime
Le nouvel Archevêque de Paris, MgrVingt-Trois, est venu à l’inauguration du
Mémorial, où sont citées, par leurs noms, toutes les victimes des mesures antisémites, de
1940 à 1945, en France. L’Archevêque a prononcé une allocution dont je me permets de
détacher deux courts passages.
En affirmant la solidarité chrétienne envers les Juifs, et sa vigoureuse volonté d’y
être fidèle, l’Archevêque a prononcé quelque mots qui vont loin : « Sans nous complaire
dans une attitude de repentance… » Oui, c’est un flash qui va loin, ou plutôt qui va profond.
Si j’osais, je dirais que ça nous décoiffe. Car il est vrai qu’il arrive que la repentance
devienne une espèce de complaisance , où on se dorlote moralement, une recherche de soimême, alors que son seul et véritable objet, c’est l’approche de l’autre dans ses blessures.
La repentance véritable, c’est une volonté de consoler celui dont la souffrance est
en rapport avec nos comportements. Dans la repentance, si elle est véridique, je comprends
qu’il s’agit beaucoup moins de moi que de celui qui souffre en sachant que je suis pour
quelque chose dans cette souffrance.
Il y a toujours une ambiguïté quand j’éprouve de la complaisance envers moi-même.
C’est pourquoi le repentance ne doit avoir aucun rapport avec mon confort moral ou spirituel.
Aucun rapport. La repentance et le confort, ça fait deux. Mais nous sommes champions
dans l’art de transformer nos examens de conscience en chouchoutage moral. C’est prendre
la tangente.
Non, je ne coupe pas les cheveux en quatre. Je suis obligé d’avouer que notre cœur
a l’art de recouvrir nos meilleurs élans d’un tenace vernis d’égoïsme.
L’Archevêque a eu une autre remarque, qui a fait tilt quand je l’ai entendue. Il
s’agissait toujours de notre repentance « afin que notre conscience en soit éclairée… »
Comme c’est vrai ! La repentance et la conscience sont au moins belles-sœurs. Si ma
repentance est trop attentive à moi-même, ma conscience est un peu déboussolée, elle
sombre dans le brouillard. Mais si je me livre à la vraie repentance, sans aucune autocomplaisance, je retrouve le nord. La repentance devient la boussole de ma conscience. Je
pèse enfin mes actes et mes pensées. Comme si on changeait les ampoules pour mieux
apprécier ce qu’on a fait et ce qu’on a dit.
On appelle alors les choses par leur nom : la chapardise devient un vol, les histoires
soi-disant rigolotes sue les Juifs apparaissent dans leur vérité, c'est-à-dire des calomnies.
Le halo du passé chrétien, avec ses gloires, se colore de pratiques regrettables et
d’événements qu’on aimerait effacer de la mémoire, mais dont la conscience s’empare dans
une démarche repentante. Et celle-ci devient alors une explication que la conscience lucide
offre à notre cœur et à notre jugement sur chacun de nous, personnellement et
collectivement.
Oui certes, en Eglise aussi.
La repentance n’est nullement un truc pour être en règle avec notre conscience. Ce
serait alors une triste espèce de complaisance envers soi-même dans le coupable oubli. Tout
au contraire, c’est une démarche qui purifie notre conscience en lui faisant découvrir les
nécessaires et apaisantes réparations qui nous réconcilient avec ceux, que nous avons,
parfois intérieurement et trop souvent publiquement méconnus ou blessés.
Yerushalaim n°44 -
page 3
LA CROIX, SIGNE DE CONTRADICTION
?
par Henri LEFEBVRE
« Autrement dit, l’unité passera par une re-découverte du sens de la Croix,
puisque la Croix du Christ contient le mystère de l’unité des Juifs avec les nonJuifs, nous dit Paul - pensée qui est encore actuellement si difficilement
acceptable …
Si nos amis Juifs, comme M.Raphy MARCIANO, responsable du Centre
Communautaire Juif à Paris, membre engagé de l’AJCF, nous demandent
aujourd’hui avec une certaine insistance: « Que signifie pour vous, la croix du
Christ ? », cela veut dire que cette question est loin de leur être indifférente, et
qu'il nous faut donc de notre côté penser à leur apporter une réponse claire,
cohérente avec notre foi, et compréhensible pour eux. »
Telle était la question posée en fin de notre numéro 43, par Elzbieta
AMSLER, dans son article « Relire Nostra Aetate aujourd’hui ».
Les réflexions qui suivent sont nées de cette interrogation. Elles doivent
plutôt être prises comme une méditation que comme une étude
exhaustive sur le sujet qui mériterait évidemment un long travail
historique et sociologique.
La Croix dans le contentieux judéo-chrétien
Posons bien la question : quand un chrétien évoque la Croix, il renferme dans cette expression
l’ensemble des réalités vécues, selon le Nouveau Testament par Jésus à la fin de son existence
terrestre : la « passion », la « résurrection », l’« ascension ». Ces trois événements sont si
intimement liés dans notre vision des choses, si solidement associés dans l’expression de notre foi,
que nous aurions beaucoup de difficultés à engager un dialogue séparé pour chacun.
On peut même ajouter à cette énumération, la Pentecôte, souvent négligée par les chrétiens euxmêmes comme élément fondateur de la foi chrétienne, et qui pourtant achève, accomplit, amène à la
complétude, l’œuvre de la Croix, puisqu’à la réception de l’Esprit Saint – Shekinah, l’homme est donc
réorienté définitivement dans l’Alliance avec le Père.
Autre préalable, donné lui pour expliciter le titre donné à cette méditation: nous y faisons
explicitement référence à la façon dont le vieillard Syméon qui prophétisait accueillit Jésus et ses
parents au Temple:
Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui–ci est là pour la chute et le relèvement de
beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction ( Luc 2:34 )
page 4 - Yerushalaim n°44
La Croix dans le Nouveau Testament
et dans la piété chrétienne
Curieusement, les évangélistes mettent dans la bouche de Jésus, bien avant sa mort, la croix. Au
chapitre 16, v.24 de l’Evangile de Matthieu, on lit :
Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui–même,
qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra,
mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera.
Dans la piété chrétienne, ces passages résonnent fortement comme l’une des caractéristiques de
l’enseignement évangélique. Porter sa croix, Le suivre, chaque jour, constitue un thème essentiel de
la prédication : nous lisons cela comme une exhortation puissante à la consécration, à l’acceptation
des souffrances, jusqu’à donner sa vie éventuellement, dans la fidélité à Dieu. Le fait que Jésus ait
donné cet enseignement avant Sa mort, donc avant la Croix, à des disciples qui ne pouvaient
aucunement savoir de quelle mort Il mourrait, jette une lumière particulière sur Son engagement
personnel, exprimé en d’autres occasions sous d’autres termes, par exemple lorsqu’il annonce, sans
être compris par eux, Sa mort prochaine. On peut rapprocher de cela ses enseignements sur « Le bon
berger » qui donne sa vie pour ses brebis, (Jean 10 :11) et sa confidence selon laquelle il donne Sa vie
« de lui-même », sans que personne ne la lui ôte (v.18). Tous ces enseignements sont apparemment
restés incompris par ceux qui l’écoutaient ; ce n’est que par la suite qu’ils ont pris tout leur relief, et
fait donc de la Croix le centre de l’attention et de la piété chrétiennes.
Il est trop rarement fait remarquer que, du vivant de Jésus, le supplice de la croix était donc bien
connu. Ce supplice était celui qu’affectionnaient les romains pour mater la rébellion juive. Quelques
années avant que Jésus ne commence son ministère, ce n’est pas moins de huit cent croix qui avaient
été sinistrement dressées dans le ciel d’Israël ! Les souverains Hasmonéens avaient eux aussi utilisé
la Croix comme supplice. C’était 150 ans avant la domination romaine. Ce rappel historique met en
lumière le caractère dramatique de l’enseignement de Jésus, caractère bien oublié depuis lors, alors
qu’elles étaient évidemment très présentes et pleinement suggestives pour les auditeurs de Jésus,
comme pour les rédacteurs des Evangiles …
La croix n’est pas absente du livre des Actes, mais n’y figure que de façon presque anecdotique : elle
est citée pour situer historiquement la mort de Jésus, par exemple dans le discours de Pierre à la
Pentecôte : « Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage, … vous l’avez crucifié, …
Dieu l’a ressuscité » (Actes 2 :22-24). Mais là, elle n’est citée que pour mettre en valeur le grand
message de la résurrection.
Il n’en est déjà plus de même dans les écrits de Paul qui n’hésite pas à devenir ainsi le premier
chantre de la Croix, arc-boutant sur elle son enseignement sur le vieil homme et l’homme nouveau.
Ce n’est pas pour baptiser que Christ m’a envoyé, c’est pour annoncer l’Evangile, et cela
sans la sagesse du langage, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine. Car la
prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes
sauvés, elle est une puissance de Dieu.
(1Cor.1 : 17-18)
… et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant
jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix.
(Philippiens 2:- 8)
Yerushalaim n°44 -
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Mais ce sera évidemment en premier lieu le passage suivant qui retiendra notre attention dans
l’étude présente :
Or nous, nous proclamons un Christ crucifié, cause de chute (scandale) pour les Juifs et
folie pour les non–Juifs ; mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, un Christ qui est
la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les
humains, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les humains.
(1 Cor.1 : 22-24)
Scandale, folie,… Sagesse de Dieu. Parce que c’est au renoncement à soi-même que Dieu attend le
Vieil Homme, fils du premier Adam, pour le glorifier, s’il suit la trace du Premier-né de la Création,
Dernier Adam, dans un même renoncement et une même offrande de soi-même. C’est cette mort
acceptée de l’égo qui libère des séquelles de la Transgression … et apparaît comme la clé de
l’accession au Salut en Dieu.
On ne peut pas dire qu’un tel passage ait été compris dans une chrétienté portée à adopter sans plus
approfondir, les thèses de la théologie du rejet et de la substitution ! Et il n’est donc pas inutile de
nous attarder un peu sur ce passage. On soulignera tout d’abord qu’il prend immédiatement plus de
relief si l’on prend soin de rendre à « Christ » sa signification fondamentale de « Messie ». Ainsi on
comprend que c’est sans aucune animosité anti-juive que Paul a écrit ces lignes. Il ne faisait que
constater une évidence : la preuve de la non-messianité de Jésus de Nazareth était, pour les juifs qui
repoussaient cette conviction, sa mort scandaleuse, ignominieuse, à la Croix. « Maudit est celui qui
est pendu au bois ! » rappelle Paul en Galates 3 :13 en citant librement Deutéronome 21 :23.
Ce caractère scandaleux de la croix reste de nos jours un obstacle, intellectuellement parlant, pour
bien des agnostiques et incroyants, comme pour certains juifs: ils ont une réprobation instinctive visà-vis d’un dieu qui abandonnerait ainsi son oint, son fils même à des souffrances injustes. Le film
récent de Mel Gibson relatant la « Passion » n’a pas contribué à redresser une telle vision !
Mais l’enseignement chrétien traditionnel après Constantin a mis l’accent sur l’accomplissement
humain et spirituel du chrétien (aspect moral et sacramentel) et non sur le commandement
fondamental du Christ et la recommandation de Paul : l’offrande de soi-même, la mort de l’égo. La
Croix est le signe de la mort acceptée du Vieil Homme, condition de sa Nouvelle Naissance, dont la
Pentecôte est le seuil.
On peut aussi voir dans l’épreuve demandée à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté, la maison de
ton père … » , puis dans la demande incompréhensible de Dieu qu’il renonce à son fils Isaac qui lui
était si cher, que tout cela constituait en fait « la Croix d’Abraham », et cette expression dépasse ici le
cadre du langage courant. Le parallélisme est frappant: puisqu’il a accepté cette demande puisqu’elle
venait de Dieu, il a été glorifié par la conclusion définitive de l’Alliance-Election pour toute sa
descendance, devenant ainsi par lui-même voie du Salut.
Quant à l’autre pendant de cette formule, « folie pour les non-Juifs », il exprime évidemment
l’incrédulité humaine fondamentale à l’égard des thèses de la résurrection et surtout de l’ascension,
donc d’une réalité « au-delà » de notre perception humaine. Ce n’est en tout cas pas un obstacle
fondamental pour les Juifs qui retrouvent des exemples similaires dans les personnes de Moïse et
Elie, morts puis « enlevés » sans qu’on ait retrouvé leur corps.
A contrario, pour les disciples de Jésus, la « folie de la Croix », pour reprendre l’expression de Paul,
constitue donc le symbole fort de la foi chrétienne. A ce titre, elle est logiquement omniprésente dans
toutes les activités chrétiennes, liturgie, hymnologie, littérature, peinture, architecture, etc… Cette
profusion des évocations directes de la Croix ne va pas sans divergences : le catholicisme romain
représente volontiers le crucifix, avec le corps de Jésus et les protestants représentent plutôt le
symbole de la Croix vide, voulant souligner par là le second message de la Croix : « Jésus-Christ est
mort, il a été enseveli, il est ressuscité et il est monté au ciel … »
page 6 - Yerushalaim n°44
Voici, à titre d’exemple, le texte d’un cantique bien connu dans les milieux protestants et
évangéliques. (Recueil « Arc-en-ciel » - Editions Réveil n°458)
1
En Jésus, j’ai placé ma confiance,
Nul ami n’est meilleur que lui ;
Il a mis dans mon cœur l’espérance,
Que je veux chanter aujourd’hui.
Ref : Attaché à la Croix pour moi, (bis)
Il a pris mon péché, Il m’a délivré
Attaché à la Croix pour moi.
2
Dans les cris, les clameurs, la violence,
Rugissant autour de la Croix,
Son regard vient me dire en silence,
Tout l’amour du Seigneur pour moi
3
Aujourd’hui, quand on nie l’existence,
De mon Dieu, à cause des guerres,
Je ne peux expliquer la souffrance,
Mais je dis son propre calvaire
Dans ce texte de cantique, on retrouve bien les différents aspects d’une « théologie de la Croix », qui
comprend un aspect substitutif : cette conception s’inspire de la notion de « bouc expiatoire », que
l’on trouve dans les livres Lévitique et Nombres, et suggérée directement par une lecture chrétienne
du chapitre 53 du prophète Esaïe :
Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ;
… mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités : le châtiment qui nous
donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris
(Esaïe 53 : 4-5)
La Croix pour le chrétien est donc symbole de pardon, de purification, d’appel à la consécration et au
service pour Dieu, mais évidemment dans « l’esprit de la Croix », c’est-à-dire dans la non-violence, la
miséricorde, le don de soi, l’amour pour les autres , selon le texte du « Notre Père » :
« Pardonnes-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Il serait bon aussi qu’elle devienne symbole de clé, clé de passage-Pâques, vers le Royaume.
Nous ne pouvons terminer ce paragraphe sans évoquer les inévitables et regrettables excès qui
peuvent être suscités dans la piété populaire. Nous signalions plus haut certaines divergences entre
les différents courants du christianisme sur la façon de donner à voir la Croix. Mais, dans la catégorie
des excès, je rangerais volontiers l’habitude de placer la croix dans le plus possible de lieux, maisons,
chambres à coucher, salles de classe, etc… ce qui ne va pas sans choquer les non-chrétiens qui y
voient là une volonté plus ou moins discrète de s’imposer en marquant un territoire.
Il arrive même que l’objet lui-même soit considéré comme revêtu d’un pouvoir particulier, par luimême, ce qui, il faut le reconnaître, peut être assimilé à la superstition et relève d’une conception
magique qui me semble être tout-à-fait étrangère à l'esprit de l’Evangile.
Yerushalaim n°44 -
page 7
La Croix dans l’histoire politico-religieuse.
Il est bien évident que si les excès que nous venons d’évoquer sont chose courante, compréhensible
comme dans toute activité humaine, ils peuvent prendre des aspects beaucoup moins acceptables et
même tout-à-fait répréhensibles lorsqu’ils ne sont plus le fruit de dérives involontaires, mais sont
raisonnés et utilisés dans un but très humain, faisant l’objet disons-le clairement d’une
instrumentalisation ayant pour but de galvaniser les masses et de les dominer, dans un dessein
politique s’appuyant sur le religieux.
Il semble que dans les premiers siècles le signe de reconnaissance des chrétiens était le poisson : cela
venait tout simplement de ce que le nom latin pour poisson, ICHTUS, formait une forme
d’anagramme pour "Jesus Christus". C’est ainsi que l’on a retrouvé des inscriptions de poisson avec
cette signification , sinon secrète, en tous cas discrète, dans les lieux fréquentés par les premiers
chrétiens.
La croix a sans doute aussi été mêlée à cette iconographie, comme en témoigne cette autre image
trouvée dans un ancien lieu de culte en Israël, où la croix, le poisson et l’étoile de David étaient
étroitement entrelacés. On peut penser qu’à cette époque, et en ce lieu, vivait une communauté
chrétienne d’origine juive, se sentant en fidélité avec les traditions du judaïsme. Cette quasi absence
de représentations de la croix surprend plus d'un touriste visitant les lieux saints. C'est bien la preuve
que le signe de la Croix n’avait pas encore, à cette époque, l’emprise qu’il a connu depuis, et que nous
lui connaissons aujourd'hui.
Constantin et le triomphe de la Croix ?
Le signe de la Croix fit une entrée très remarquée dans notre monde, lorsque l’armée d’un général
romain nommé Constantin remporta une victoire inespérée sur une autre armée, romaine elle aussi,
qui lui barrait l’accès à Rome. La victoire faisait ainsi de lui l’empereur ; la « démocratie » de Rome
était, on le voit, encore toute relative ! Or, selon la légende, cette victoire fut obtenue car l’armée
suivit, , un oriflamme "miraculeux" où quelqu’un avait fait dessiner une Croix.
Victoire donc de Constantin, et aussi victoire pour les chrétiens qui, jouissant déjà d’une influence
discrète mais réelle dans les rouages de l’empire, se virent alors propulsés subitement à un statut
privilégié, et être ainsi associés, partenaires dirait-on aujourd'hui, du pouvoir civil. On peut penser ce
qu’on veut de cette légende, mais il est certain que, dès qu’elle se répandit parmi les chrétiens, elle
mit en exergue la Croix, ce qui faisait ainsi d’elle, d’une part leur signe de reconnaissance
incontournable, mais d’autre part également le symbole d’un christianisme dominant, conquérant,
manu militari !
Les conséquences de l’ère Constantinienne sont considérables pour l’Eglise : sa collaboration avec le
pouvoir politique la fit rapidement complice de ses décisions, bonnes ou mauvaises; et on assista dès
lors à sa mise sous tutelle par le pouvoir politique, lequel se mit hardiment à trancher dans les débats
théologiques ! Il s'installa une réelle connivence entre les deux pouvoirs, civil et religieux, l’un
soutenant l’autre. Je ne m’aventurerai pas à discuter ici le principe d’une autorité centrale pour
l’Eglise : je suis de culture protestante et ne pense pas que ce fût une nécessité, ni une bonne chose ;
mais je respecte l’avis inverse, catholique romain, qui a fait de la Papauté avec tous ses services
annexes, la Curie, une véritable structure centralisée, un organe mondial de gouvernence. Disons en
tous cas qu’avant Constantin une telle conception n'aurait pas pu aisément voir le jour, et que l’ère
Constantinienne la rendit envisageable, puis peu à peu effective.
Les pouvoirs se servent de la Croix
Au cours des quinze siècles qui se sont écoulés depuis lors, et dans tous les régimes politiques qui se
succédèrent en Europe, tant occidentale qu'orientale, ceux au moins qui étaient influencés par le
christianisme utilisèrent très largement ce signe de la Croix sur les blasons, armoiries, banderoles
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guerrières, etc… Le monde occidental, dit « chrétien », se constitua donc en utilisant largement la
Croix comme symbole, et hélas, plus symbole d’une puissance exercée sur les hommes et les peuples
"au nom de Dieu", que symbole de renoncement, d’effacement et de service devant Sa toutepuissance , comme cela ressort de l'enseignement du Nouveau Testament.
Si l’on regarde cette histoire d’un œil non-chrétien, il faut bien reconnaître que l’omni-présence de la
Croix fut donc certainement pour le moins pesante ! Elle le fut d’autant plus lorsque ces pouvoirs
politiques dits « chrétiens » se mirent à vouloir mater les minorités de toutes sortes: il était alors
commode d'utiliser le symbole de la Croix, faisant ainsi de leurs conquêtes des actions hautement
recommandables, puisque poursuivies « pour la plus grande gloire de Dieu » !
Bien plus, tous ces pouvoirs se sont également fait mutuellement la guerre, entraînant les
souffrances indicibles pour les peuples qui ne pouvaient que suivre les décisions de leurs autorités.
Celles-ci d’ailleurs ne s’embarrassaient pas de théologie quand elles envoyaient l’une contre l’autre
des armées arborant toutes deux la Croix pour emblème, comme si la Croix pouvait être divisée !
Les Croisades, militarisation de la Croix
Il est difficile pour nous au 21°siècle de saisir réellement ce que furent les Croisades, et surtout
comment elles purent être initiées et conduites comme s’il s’agissait d’une entreprise « chrétienne »,
pour la plus grande gloire de Jésus-Christ et de Dieu ! Des motifs politiques en général non avoués
semblent avoir contribué à concevoir de telles manifestations guerrières.
On raconte volontiers les hauts faits des valeureux croisé, mais on passe également volontiers sur
leurs horreurs: le sac de Constantinople fut une infamie perpétrée par des « croisés » sur d’autres
chrétiens ! Mais ce furent toutes les croisades qui constituèrent à n’en pas douter une tache
indélébile dans l’histoire de la chrétienté : l’idée même de faire revêtir à une armée le signe de la
Croix, et d’envoyer ces hommes de guerre conquérir, ou « délivrer » un lieu, même saint, nous
apparaît maintenant comme une folie insensée.
La notion d’infidèles que l’on pouvait exterminer sans se poser de cas de conscience, au nom même
de la Croix où Jésus-Christ est mort en subissant précisément l’injustice majeure, ne peut que nous
laisser confondus !
Ces aventures militaires désastreuses virent, c’est certain, de nombreux actes d’héroïsme qui nous
ont été rapportés avec force détail pour nous faire prendre en compte que de telles merveilles ne
pouvaient qu’avoir été vécues pour une cause noble et juste. Pourtant, il suffit de se souvenir de ce
que fut l’aboutissement tant espéré de ces croisades, la conquête de Jérusalem : les récits les plus
discrets ne cachent pas que ce fut une horrible boucherie accomplie par les croisés dès qu’ils purent
franchir les murailles de la ville : ils n’eurent parfois pas le temps de se laver du sang dans lequel ils
avaient trempé toute la journée, ce sang des "infidèles", pour se joindre en fin de journée à un
imposant « Te Deum » d’action de grâce et de reconnaissance !!!
L’événement remplit d’effroi tous les pays des alentours, tandis que, dans les villes de nos bons pays
« chrétiens », la joie se répandit dans toutes les couches de la population : le tombeau du Christ était
libéré ! Je me demande toujours quelle était alors la conception que l’on se faisait de ce tombeau
dans le cadre de la foi en la résurrection !
Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est pas ici, il est
ressuscité !
(Luc 24 :5)
Toujours est-il que les croisades ont laissé un souvenir tenace dans l’esprit des populations arabomusulmanes, de sorte qu’aujourd’hui encore, et peut-être avec un regain de violence dans la
situation actuelle, le souvenir des croisades est associé à tout l’occident, et la Croix est restée un
tenace objet de crainte et de ressentiment.
Les albigeois et la réforme.
On ne peut pas oublier non plus la « croisade contre les albigeois », aventure militaire qui permettait
sous couvert de religion de rattacher le comté de Toulouse au royaume des Francs. La guerre en
question ne s’éteignit que par l’extermination totale des quelques irréductibles qui n’avaient pour
tort que celui de vouloir vivre leur foi évangélique, avec des erreurs doctrinales certes, mais en tous
cas dans une pureté morale qui tranchait manifestement avec les mœurs du siècle … On peut même
remarquer que ce fut dans la même région que, un siècle plus tard environ, les Cévennes
s’embrasèrent à nouveau par la révolte des camisards:: ils ne pouvaient plus accepter qu’on leur
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interdise de vivre comme ils l’entendaient leur foi « réformée » . Mais en ce temps-là, ce fut
l’application de la maxime « cujus rex, cujus religio » , c’est-à-dire un roi, une religion. Là non plus,
les vrais motifs politiques n’étaient pas bien éloignés des prétextes religieux mis en avant !
Dans ces cas également, on ne peut que le remarquer avec beaucoup de regret, la Croix fut
instrumentalisée pour soutenir et dynamiser des entreprises ténébreuses où la politique faisait bon
ménage avec la religion.
La Croix et la persécution des Juifs.
Mais pour revenir à notre sujet, il ne faut pas oublier que dans toutes ces horreurs guerrières, les
Juifs furent constamment ceux sur qui chacun pouvait allègrement se défouler : ils représentaient
par excellence, selon l'enseignement en vigueur, le peuple à part, le peuple qui refusait obstinément
de plier devant la Croix ! On oubliait alors rapidement que , s'il n'acceptait pas de se soumettre, ce
peuple avait néanmoins constamment gardé au travers des siècles le principe de respecter le système
politique en place dans le pays où la Providence les conduisaient, eux qui errèrent de pays en pays,
chassés sans ménagement au gré de la fantaisie des autorités, non sans être préalablement spoliés de
leurs biens …
Ce sont les communautés juives de Rhénanie qui furent les premières victimes de la première
croisade : comme les croisés partaient pour délivrer la tombeau du Christ de la main des infidèles, ils
ne voyaient pas pourquoi il leur aurait fallu laisser en paix les premiers infidèles qu’ils
rencontraient ! Cette "bonne conscience" résultait évidemment de l'enseignement religieux reçu, en
tous cas tel qu'ils étaient en mesure de le comprendre.
Ce furent aussi les juifs qui furent les grandes victimes de la sinistre inquisition qui fit un large usage
de la Croix pour justifier ses pratiques évidemment peu évangéliques ! Et même ceux qui crurent
pouvoir échapper à la fureur de la Croix en se convertissant au christianisme, retombèrent sous la
férule de l’inquisition pour des motifs aussi ténus que le soupçon de pratiquer en secret leurs anciens
rites ! C’est une croix qui était présentée à tous ceux qui n’acceptaient pas d’abjurer et se voyaient
confiés, comme on disait à ce moment-là, au bras séculier pour être brûlés, faisant ainsi de cette
croix le dernier souvenir emporté dans l’au-delà, symbolisant la torture absolue dont ils mouraient.
C’est en brandissant la Croix aussi que les pogroms se déroulèrent, semant la terreur dans les
familles juives de l’est de l’Europe.
C'est enfin le journal qui s'appelait déjà "La Croix", cela ne s'invente pas, qui fut l'un des artisans de
la campagne contre le capitaine Dreyfus, au tout début du siècle dernier. Et en citant ce quotidien
honorablement connu aujourd'hui, nous ne voulons ici que rappeler un point d'histoire
incontestable.
Bien évidemment, il ne s'agit pas ici de porter une condamnation sur les hommes et les structures
que nous avons ici rapidement épinglés: ce serait une trop commode manière de s'exonérer de
l'antisémitime contemporain. Mais nous ne pouvons pas, nous n'avons pas le droit, de traiter comme
insignifiants ces rappels bien douloureux, car nous refuserions alors de prendre conscience du
traumatisme séculaire que ce signe de la Croix qui nous est si cher, est au contraire signe du mal
absolu chez les populations héritières de ceux qui ont subi, en son nom, l'injustice, le malheur, la
désolation, la persécution, l'extermination.
L’exigence d’une réelle repentance-techouva
La mémoire collective juive ne peut donc que contenir une répulsion caractérisée à l’égard de ce
symbole chrétien par excellence de l’amour et du sacrifice qu’est la Croix. Il en est de même, nous
l’avons souligné, pour de nombreuses autres populations, notamment arabo-musulmanes, qui ont
vécu dans la chair de leurs ancêtres l’oppression et la torture au nom de la Croix.
Nous sommes évidemment devant un énorme problème, celui qui a d’ailleurs contribué à la création
de notre association CŒUR :omment peut-on espérer rétablir un climat de confiance, d’amitié, de
partenariat même, entre des portions de l’humanité aussi marquées, comme au fer rouge, par un si
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énorme malentendu ?
Car la grande majorité des chrétiens ne se rend absolument pas compte de ce
malentendu fondamental : notre piété autour de la Croix peut être aussi fervente, notre dévotion
aussi sincère, nos intentions aussi pures que possible, nous ne pouvons continuer à ignorer, ou à
feindre d'ignorer, que dans le regard des autres, un mystérieux message parvient depuis les âges
reculés qui les met en garde et les empêchent de s’ouvrir à nous en toute confiance.
Notre dédain éventuel à l’égard de cette réalité, en tous cas notre bonne conscience quelque peu
vaniteuse à ce sujet, nous enferme et nous fait perdre rapidement une partie de notre crédit auprès
de ceux à qui pourtant nous essayons de tendre la main. Ce que nous disons ne pèse pas assez à côté
de ce que nous représenton à l’égard du passé.
Il est évident que nous avons à réaliser que, non seulement nous avons à présenter la Croix comme
dénuée de toute volonté de domination ou de volonté de convertir les autres, mais aussi que nous
devons pour nous-mêmes examiner avec sérieux si l’héritage reçu des générations précédentes n’est
pas encore entaché de miasmes historiques, enfouis profondément peut-être, mais apportant à
l’ensemble de notre spiritualité des relents de ces siècles obscurs où la Croix fut instrumentalisée
pour servir à la conquête et à la domination.
En d’autres termes, nous avons à faire encore un long travail sur nous-mêmes pour revenir au
message initial de la Croix : là, un homme de Dieu, investi pourtant d’une haute autorité, c'est le
moins qu'un chrétien puisse confesser, préféra l’abandon entre des mains meurtrières que le sursaut
de révolte, d’instinct vital même, qui conduit tout homme condamné injustement à clamer son
innocence. La Croix est le symbole parfaitement non-violent de l’obéissance radicale à l’idéal qui
l’habitait, idéal de justice et d’amour qui est le message de base que l'humanité reconnait au
christianisme., et qu'elle voudrait tant constater chez ceux qui le professent ...
Bien sûr, le message de la Croix va beaucoup plus loin pour le chrétien qui y voit l’accomplissement
mystérieux du dessein divin pour le salut offert à toute l’humanité. Pour cela il intègre la foi
évangélique qui aperçoit spirituellement que Jésus de Nazareth était ce « deuxième Adam » suscité
par l’Eternel qui avait formé le dessein d’une universelle réconciliation , comme le dit l’apôtre Paul
dans sa lettre aux Colossiens , chap.1 : 15-18:
Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute création ; car c’est en lui que tout a été créé
dans les cieux et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, seigneuries, principats, autorités ; tout
a été créé par lui et pour lui ; lui, il est avant tout, et c’est en lui que tout se tient ; lui, il est la tête
du corps qui est l’Eglise. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout
le premier. Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude et, par lui, de tout réconcilier
avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par
lui, par le sang de sa croix.
Ainsi la place centrale de la Croix s’exprime en termes de réconciliation à la gloire de Dieu. Mais
reconnaissons que le matériau avec lequel peut se construire en nous ce monument ne peut luimême être que celui de la non-violence et de l’amour total. Car, … « il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15 :13) Vaste programme qui est aux antipodes
de l’instrumentalisation de la Croix telle que nous en avons brièvement rappelé les méfaits dans
l’histoire.
La Croix porte ainsi le combat à l’intérieur de chacun de nous, séparant et expulsant tout ce qui
s’oppose au règne de Dieu en l’homme que nous sommes. La Croix est donc en totale harmonie avec
le « que Ton règne vienne » de la prière que Jésus nous a enseignée, puisant d’ailleurs pour cela à la
source de la tradition juive.
C’est dans l’humilité profonde qui ressort du message de la Croix, et en rejetant tous les contenus
cités ci-dessus qui lui sont étrangers, que le chrétien peut venir vers son frère juif, dans une vraie
démarche de repentance et de réconciliation, puisque Jésus, le Messie d’Israël, a voulu à Sa croix,
faire « des deux un seul homme nouveau ».
Henri Lefebvre
Février 2006
Yerushalaim n°44 -
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CET AUTRE
dont nous ne pouvons pas nous passer.
Jean-Marie PLOUX
Le père Jean-Marie PLOUX, prêtre à la Mission de France, a été invité à faire
un exposé devant le groupe de l'Amitié Judéo-Chrétienne de Sucy-en-Brie..
Nous le remercions de nous avoir autorisé à publier le texte ci-dessous de sa
causerie.
"Cet autre": il s’agit du judaïsme. On pourrait écrire cette autre : la foi juive ou ces autres : les
croyants du judaïsme. Mais, en intitulant ainsi mon exposé, j’ai tout à fait conscience, au regard de
l’histoire, de son caractère paradoxal et peut-être provoquant. Car il est vrai que, depuis le début de
l’histoire chrétienne, la tentation a toujours été justement de s’en passer et même de le supplanter.
Cependant, il est aussi vrai que, dès le début, cette tentation a été surmontée et c’est à éclairer ce
premier point, décisif et fondateur, que je voudrais consacrer ce premier temps de mon intervention.
Aux racines.
Les Écritures fondatrices de la foi chrétienne comme telle, ce que l’on appelle habituellement
le Nouveau Testament, sont pour elle un bloc indissoluble dans lequel, certes, on peut établir une
chronologie et des distinctions, mais qui valent par leur ensemble et par le foyer qu’elles visent :
l’interprétation de la tradition biblique donnée par le Galiléen Jésus qui n’a rien écrit mais qui est
passé comme dit le livre des Actes, en faisant le bien parmi nous et dont le passage a suscité une
dissension au sein du judaïsme du premier siècle qui s’est soldée d’une part, par sa mort, d’autre
part, par une fracture au sein de ce judaïsme. Or, dans les raisons de cette fracture, il y a eu
l’ouverture aux "grecs" admis à part entière dans la communauté, non sans tensions d’ailleurs.
1 - Le témoin le plus important, et aussi le premier dans l’ordre du temps, est Paul de Tarse
qui, dans sa lettre à l’Église de Rome, aux alentours de l’an 57, pose justement la question de
l’articulation entre ces trois instances :
- Les Juifs, essentiellement de tradition pharisienne et synagogale qui survivra pratiquement
seule aux destructions de 70 et 135,
- Ceux que l’on va appeler les chrétiens d’origine juive ou judéo-chrétiens
- Et les chrétiens d’origine païenne, dont le nom générique est celui de "grecs".
C’est aux chapitres 10 et 11 de sa lettre que Paul s’interroge sur ce qui est devenu pour lui une
énigme et une souffrance : qu’en est-il du peuple juif qui n’a pas reconnu en Jésus celui qui venait
accomplir les Promesses ? Mais cette interrogation il la porte en face de chrétiens d’origine païenne
tentés de s’approprier la foi et d’oublier la tradition biblique.
Je résume la pensée de Paul à l’endroit de son peuple.
Il reconnaît leur ardeur pour Dieu, (Rm 10 v. 2) bien qu’ils n’aient pas reconnu le Christ en
Jésus, (v. 3) mais il maintient que Juif et "grecs" ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui
l’invoquent. (v.12)
Il rappelle, citation de l’Écriture à l’appui, que Dieu n’a pas rejeté son peuple (11, 2) et il
reprend le thème du petit reste choisi par grâce pour maintenir une solidarité qui, pour lui, est
viscérale. (11, 1, 5)
Troisième point, il voit dans ce « faux pas » l’occasion pour les païens d’accéder au salut et il
continue à espérer un salut pour tous, (v. 11-12 et 15)
Quatrième point, il maintient l’élection dans l’amour de Dieu car les dons et l’appel de Dieu
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son irrévocables. (v. 28-29)
Enfin, il reconnaît le Mystère de Dieu dont les jugements sont insondables et les voies
impénétrables. (v. 33) Ce qui est une manière de laisser béante la question…
2 - Du côté des chrétiens d’origine "grecque" (ou païenne) , que dit-il ?
Il les met en garde contre la suffisance. Et pour cela il emploie une image : celle de la greffe.
Or cette greffe a la particularité d’être à contre-sens. C’est un rameau sauvage, les "grecs", qui a été
greffé sur l’olivier sain et saint : l’élection d’Israël. (11, 16-24) Et ce n’est pas un rameau de l’olivier
saint qui a été greffé sur le monde grec. Ceci veut dire deux choses : Paul reconnaît que les chrétiens
"grecs" le seront selon leur culture et l’on sait combien il s’est battu pour cela sur le thème de la
circoncision et du partage des tables. Autrement dit, un Grec, pour devenir chrétien, n’a pas besoin
de faire le détour par le judaïsme. Faut-il donc qu’il se réfère à la Bible ? Telle sera la question.
En tout cas, se joue là, dès l’origine, ce que l’on appelle aujourd’hui l’inculturation de la foi,
qui est le risque pris de l’universalité et qui est toujours menace d’hérésie, de gnose et d’éclatement.
La Gnose, quelles qu’en soient les formes, se caractérisant toujours par le fait que la culture, la
philosophie, prend le pas sur la foi en lui imposant ses catégories, ses concepts, sa logique.
Paul rappelle donc à ces "grecs" qu’ils ne sont chrétiens que s’ils reconnaissent la racine
sainte qui les porte et sans laquelle, il n’y a ni Christ, ni Eglise. La référence à la Tradition biblique ne
vaut pas seulement pour comprendre Jésus qui serait littéralement vidé de sens s’il était tiré de son
contexte. Elle vaut reconnaissance de l’action de Dieu dans une histoire singulière dont nous nous
trouvons co-héritiers avec le judaïsme et hors de laquelle la foi chrétienne perd son sens, orientation
et signification. Il faut ajouter que cette intégration des "grecs" a commandé l’utilisation de la version
grecque, alexandrine, de la Bible dans laquelle on intégra en particulier la Sagesse dite de Salomon et
le livre de Ben Sira.
Ceci me conduit à souligner d’une part, que le terrain de l’universalité chrétienne avait été
préparé par une fraction de la diaspora juive ; d’autre part, que cette identité de la révélation
chrétienne articulée sur un dialogue critique avait été aussi initiée par la foi d’Israël dans ses tensions
avec les peuples voisins, en particulier au temps de l’Exil dans l’entreprise deutéronomique.
Voilà résumée en quelques mots la position que Paul a défendue et fait prévaloir contre tous
ceux qui voulaient réduire la tension : chrétiens judaïsant qui voulaient réduire l’originalité grecque,
pagano-chrétiens qui voulaient faire de Jésus reconnu Christ et Seigneur, un commencement absolu.
3 - Cette tension a connu, dès le siècle suivant, un moment décisif avec la crise initiée par
Marcion qui non seulement rejetait le passé biblique mais encore triait dans les Écritures chrétiennes
ce qui correspondait à sa thèse en se fondant sur une lecture sélective de Luc. La force de Marcion
était, naturellement, qu’il faisait du Christ la clef de lecture de toute révélation de Dieu, sa faiblesse
mortifère c’est qu’en coupant le Christ de la Bible il en faisait une abstraction et vidait l’histoire de sa
densité divine. D’ailleurs, il suffit d’ouvrir les livres des Ecritures fondatrices de la foi chrétienne
pour constater le recours constant aux Écrits antérieurs pour rendre compte du message de Jésus, de
sa vie et de son destin. Ce que nous appelons en effet accomplissement des prophéties ou des
Écritures est naturellement une relecture des Écrits antérieurs pour y puiser les figures et les thèmes
qui éclairent le mystère chrétien. Je pense aux chants du Serviteur du deuxième Isaïe par exemple…
Ainsi, qu’on en ait conscience ou pas, qu’on l’ait oublié ou non, le dialogue n’est pas quelque
chose de facultatif ou de surajouté à la foi chrétienne, il en est constitutif pour fonder, d’une part, la
révélation chrétienne, d’autre part, son universalité. La thèse développée par M.Guy Stroumsa dans
son livre : La fin du sacrifice, selon laquelle tous les aspects de la religion ‘nouvelle’ qui émerge dans
l’Antiquité tardive, ont été en quelque sorte expérimentés avant dans le judaïsme est peut-être
unilatérale mais elle n’est pas injustifiée : Place des Ecritures, aspect éthique et personnel de la
religion en particulier.
Et si les chrétiens parlent de plénitude de la révélation à propos du Christ, ils doivent savoir
que cette plénitude n’est telle que dans un rapport critique à l’autre. Ou la critique d’ailleurs ne va
pas que de la foi chrétienne à la religion de l’autre mais se reçoit aussi de la spiritualité de l’autre en
contre point de la foi. C’est aussi une Plénitude en devenir car c’est une Plénitude dans le Principe : le
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Christ, mais qui a à se déployer dans l’histoire avec toute la contingence et tous les aléas de cette
histoire.
Je ne vais pas refaire maintenant l’histoire des relations complexes entre le judaïsme et
l’Église, réalités qu’il faudrait d’ailleurs mettre au pluriel. Je note simplement qu’à partir de 380,
lorsque le christianisme est devenu, avec Théodose, la religion officielle de l’Empire, l’Église, de
minoritaire qu’elle était est devenue en position dominante et que son rapport aux autres, pas
seulement les Juifs, en a été complètement changé. Et l’on s’est trouvé devant une situation tout à
fait nouvelle que je puis résumer en quelques mots lapidaires, l’Église a disposé de moyens
considérables au péril de sa liberté. Le Judaïsme a gardé sa liberté mais souvent privé de tout
moyens pour la défendre.
Évidemment il faudrait nuancer tout cela… Mais, avant de passer à aujourd’hui, je voudrais
poser une question qui me servira de fil conducteur dans ce qui suit.
Qu’il n’y ait pas de révélation chrétienne hors du rapport à l’histoire biblique et au judaïsme,
je pense que cela ressort de l’évidence. Cependant, une fois lancée l’histoire chrétienne, une fois
établi le corpus de ses Écritures fondatrices, l’Eglise considéra-t-elle que l’autre, le judaïsme restait
porteur de révélation ? On serait bien téméraire de répondre oui, car c’est plutôt le contraire qui
s’est manifesté dans la pratique comme dans la théologie. Point n’est besoin d’aller bien loin pour
s’en convaincre, il suffit de rappeler des terminologies si peu anciennes qu’elles ont cours encore
aujourd’hui selon lesquelles l’Église est le Nouvel ou le Véritable Israël, le Peuple de Dieu etc.
Aujourd’hui
Pour passer à aujourd’hui permettez-moi de faire appel à mon propre itinéraire. J’avais huit
ans quand on découvrit toute l’horreur des camps de concentration et des camps d’extermination.
J’en avais trente quand je me suis rendu compte que j’avais mené toute ma scolarité dans
l’enseignement publique et tout mon séminaire sans qu’il en soit fait mention une seule fois. C’est
pourquoi, en parlant d’Auschwitz, j’ai employé le terme de trou noir dans la conscience européenne
et chrétienne. Un trou noir en astrophysique est un lieu de l’univers tellement dense qu’il absorbe la
lumière…
Je ne sais plus exactement quand et comment la conscience de cet « oubli » m’a saisi, mais je
me souviens avoir lu quelques lignes du théologien Jean Baptise Metz disant en substance qu’on ne
pouvait plus faire de théologie qu’adossé à cette réalité-là… C’est une conviction que je partage.
A ce sujet je voudrais évoquer quatre points.
1 -Le premier concerne l’événement lui-même devant l’excès duquel certains on dit qu’il
relevait de l’inexplicable, voire de l’impensable. Si j’entends bien les raisons qui commandent cette
protestation, je ne les partage pas, d’abord parce que ce serait en quelque sorte achever le projet nazi
en effaçant les Juifs exterminés de la mémoire et de l’histoire ; ensuite parce que, si horrible que cela
soit, cet événement est le fait des hommes et il est révélateur de quelque chose de l’histoire – en
particulier de la violence sous la Modernité - et de l’être des hommes.
2 - Le second relève de l’étonnement, il est connu. Comment s’est-il fait que cet événement
qui défie la raison ait eu lieu dans l’Europe des Lumières aux racines chrétiennes ? On a raison de
dire que le régime nazi était païen, cela ne suffit pas pour expliquer la complicité des uns, la passivité
des autres et le fait que si peu de Justes se soient levés pour le contrecarrer. Pour ce qui concerne
l’Église, Jules Isaac a eu raison de parler de l’enseignement du mépris qui avait habitué les chrétiens
à voir dans les juifs non pas des frères, mais des coupables ou des êtres déclassés dans l’ordre de
l’élection. Mais il ne suffit pas de déplorer et de condamner un enseignement, il faut aller aux racines
de la théologie qui a couvert ou promu un tel mépris. Et, de ce point de vue, la théologie issue du
Concile de Trente est d’autant plus limitée qu’elle a été pensée dans l’ignorance de l’autre ou contre
lui car il n’avait d’autre issue que d’être assimilé ou rejeté.
3 -Le troisième point est sans doute le plus profond et le plus délicat à aborder. Je me sers
pour cela de l’interrogation portée par Hans Jonas ou Elie Wiesel : Quel est ce Dieu qui a laissé faire
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cela ? Cette interrogation de Juifs survivants ou des descendants de ceux qui sont morts est une
interrogation qui leur est propre et devant laquelle, on le sait, ils ont des attitudes différentes.
Mais elle nous touche aussi en plein cœur car c’est le même Dieu. Elle nous oblige à entendre
ce que disent ou ne peuvent pas dire ou refusent de dire les croyants du judaïsme dont certains ont
été contraints d’endosser une « élection » qui pour eux n’avait plus aucun sens. Et c’est ici qu’il m’est
apparu avec évidence que la révélation était aussi hors de la tradition chrétienne et que le discours
chrétien et ses représentations de Dieu, du rapport de Dieu à l’homme ne pouvaient ignorer cette
immense tragédie et ce défi à la foi et à la raison.
4 - Ceci interroge aussi notre conception du messianisme. Nous nous mouvions dans une
théologie de l’accomplissement dont l’histoire était le vecteur et l’instrument. Le judaïsme continuait
et continue à porter une espérance, une attente que la tragédie d’Auschwitz mit en péril mais qui
demeure, assortie, si je puis dire, d’un principe critique contre toute prétention à maîtriser l’histoire.
Cette tragédie remit aussi fondamentalement en cause nos visions progressistes de l’histoire, qu’elles
soient chrétiennes, sous le thème du Royaume, qu’elles soient séculières sous le thème du progrès de
l’humanité. A quoi il faut ajouter que l’histoire réelle des hommes sous le signe de la foi chrétienne
n’a pas été plus sublime que celle des autres, quels qu’ils soient…
Mais encore…
Pour toutes ces raisons, au moins, le dialogue avec le judaïsme est une nécessité. Il y en a
d’autres que j’énonce pour terminer :
1 - Premier point, des trois expressions du monothéisme abrahamique, le judaïsme est le seul
avec le christianisme a avoir franchi le pas de la Modernité, au risque d’ailleurs de l’athéisme et des
fractures. L’islam est resté en retrait et c’est aujourd’hui qu’il doit affronter cette réalité, non sans
mal on le sait. Lire les auteurs philosophiques à racine juive est, de ce point de vue, indispensable
pour nous comprendre nous-mêmes dans ce mouvement de sécularisation. A titre d’exemple, je
mentionne le livre de Pierre Bouretz, Témoins du futur, dont la lecture est d’un apport
irremplaçable. Mais il n’est que de nommer Martin Buber, Emmanuel Levinas ou Hans Jonas pour
se rendre compte à quel point ils sont sur notre chemin.
2 - Tout à fait lié à ce point est celui du rapport à l’Écriture. Nous ne pouvons pas oublier les
questions portées dans l’interprétation des Écritures à partir de la Modernité. Bien qu’il ne soit pas
en odeur de sainteté, je pense à Spinoza par exemple… Pour rester dans l’actualité, et sans me
prononcer sur la manière dont ils sont ou non reçus par les exégètes du judaïsme contemporain, car
je ne le sais pas, j’évoquerai aussi le livre de Finkelstein et Silberman : La Bible dévoilée. Cela me
parait être un bon exemple de ce que les chrétiens ne peuvent ignorer, pas plus qu’ils ne peuvent
ignorer les regards juifs portés aujourd’hui sur Jésus.
3 - Troisième domaine sur lequel le dialogue avec le judaïsme doit être mené, c’est celui de
l’éthique. Nous nous trouvons aujourd’hui dans notre société devant un triple questionnement
• celui qui naît de la crise du vivre ensemble dans une société multiculturelle où les
idéologies fondant ce vivre ensemble sont en échec et où le libéralisme, par son exaltation de
l’individu, ne fait qu’accentuer la question.
• nous appartenons à la partie très riche de la planète et nous sommes devant un impérieux
devoir de solidarité.
• Enfin les progrès des sciences et des techniques, en particulier dans la génétique, la
biologie ou les neurosciences, posent à l’être humain des questions nouvelles devant lesquelles la
conscience est souvent démunie.
4 - Dernier point que je voudrais évoquer. Il touche d’ailleurs l’un de ceux que j’ai abordés
plus haut : c’est celui de la mystique. Ici encore il faut se méfier de tout amalgame ou de toute
récupération : je pense par exemple à la fortune du Tsimtsoum issu de la Kabbale pour penser la
Création ou aux pages rédigées par Etty Hillesum dans son journal et par Hans Jonas dans Le
concept de Dieu après Auschwitz. Je serai, certes, le dernier à récuser ce que la foi chrétienne peut
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en recevoir. Mais je voudrais ici mettre en garde contre ce que l’on pourrait appeler du piratage qui
consiste à tirer des concepts de leur contexte et à les trahir en les intégrant dans une autre
configuration spirituelle ou théologique. Quitte d’ailleurs à ne pas entendre ce qui est dit, à effacer la
différence qui interpelle… Il ne s’agit donc pas de récuser ce témoignage, il s’agit de l’entendre dans
le respect.
Reste que l’expression mystique authentique nous met tous devant l’ineffabilité de Dieu,
relativise nos expressions de la foi, est un antidote à cette idolâtrie subtile qui consiste à croire que
l’on possède Dieu. Dieu est toujours au-delà. Une voix parmi bien d’autres, celle de Grégoire de
Nysse disait : « Ce que défend d’abord la parole divine, c’est en effet que les hommes assimilent Dieu
à rien de ce qu’ils connaissent ; nous apprenons par là que tout concept formé par l’entendement
pour essayer d’atteindre et de cerner la nature divine ne réussit qu’à façonner une idole de Dieu, non
à le faire connaître » (Vie de Moïse, II, § 165)
Pour terminer, puisque, dans l’invitation, il était écrit que : « Les juifs et les
chrétiens inscrivent leur dialogue comme une exigence fondamentale au nom de la paternité de
Dieu », je voudrais citer quelques mots de Jean Paul II recevant des représentants de la communauté
juive de Strasbourg en octobre 1998 :
« En vous remerciant pour tant de signes d’attention, je voudrais prolonger ces réflexions
prenant comme point de départ le verset biblique du prophète Malachie qui est gravé sur votre si
belle synagogue de la Paix, et que vous avez bien voulu inscrire au cœur de votre adresse : « Ha-lo
’av’ Ehad le — Kullànu. » (Ml 2 10.) « N’avons-nous donc pas tous un seul Père ? »
Voilà le message de foi et de vérité dont vous êtes les porteurs et les témoins à travers
l’histoire, dans la lumière de la Parole et de l’Alliance de Dieu avec Abraham, Isaac, Jacob et toute
sa descendance. Un témoignage qui est allé jusqu’au martyre, qui a survécu aux longues ténèbres
de l’incompréhension, de l’horrible abîme de la Shoah. (…)
Oui, par ma voix, l’Église catholique, fidèle à ce que le deuxième Concile oecuménique du
Vatican a déclaré reconnaît la valeur du témoignage religieux de votre peuple, élu de Dieu, comme
l’écrit saint Paul : «Du point de vue de l’élection, ils sont aimés, et c’est à cause des pères. Car les
dons et l’appel de Dieu sont irrévocables. » (Rm 11, 28-29, cité par Lumen gentium, n. 16.) (…)
Toutes les Saintes Écritures — que vous vénérez d’une dévotion profonde comme source de vie —
célèbrent le Beau Nom de Dieu, le Père, le Rocher qui a engendré Yeshouroun, « Le Dieu qui t’a mis
au monde », comme dit Moïse dans son cantique (cf. Dt 32, 18). « Oui, je deviens un père pour
Israël », dit le Seigneur par l’oracle de Jérémie, qui dit encore : «Éphraïm est mon fils aîné » (Jr 31,
9) et Isaïe retourne vers lui en disant : « Seigneur notre père, c’est toi ! » (Is 64, 7). (…)
C’est donc par votre prière, par votre histoire et votre expérience de foi, que vous continuez
à affirmer l’unité fondamentale de Dieu, sa paternité et sa miséricorde envers tout homme et toute
femme, le mystère de son plan de salut universel et les conséquences qui en découlent, selon les
principes énoncés par les prophètes, dans l’engagement pour la justice, la paix et les autres valeurs
éthiques. »
Père Jean-Marie PLOUX
Le père Jean-Marie PLOUX a publié aux Editions de l'Atelier :
"Le christianisme a t-il fait son temps?" ( 1999)
"Lettres à Sébastien, un jeune peut-il encore croire en Dieu aujourd'hui?" ( 2000).
"Le dialogue change t-il la foi?" (2004).
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ÔTEZ LES PIERRES !
Ce texte nous a été confié par la "Communauté Evangélique des Sœurs de Marie"
de Darmstadt (Allemagne). Il s'agit d'un enseignement donné en Juillet 2005 par
Sœur Joéla devant la Convention Européenne d'Uppsala (Suède)
Lors d’un enseignement donné au cours de la
“Convention européenne” de 2004, j’ai été frappée que le
pasteur Ulf Ekman commence son message par Esaïe 40, 3 &
4. Il nous a exhortés à préparer le chemin du Seigneur en
commençant par nos propres cœurs. Aujourd’hui, j’aimerais
aussi citer un passage d’Esaïe :
« Franchissez, franchissez les portes ! Préparez un
chemin pour le peuple ! Frayez, frayez la route, ôtez les
pierres ! Élevez une bannière vers les peuples ! »
(Esaïe 62,10).
Ce verset nous montre un autre aspect de la façon
dont nous sommes appelés à préparer le chemin du
Seigneur.
À l’origine, ce passage s’adressait aux habitants de
Jérusalem et les appelait à préparer le chemin pour leurs
compatriotes qui revenaient de l’exil babylonien. Mais
aujourd’hui, c’est à nous chrétiens que le Seigneur parle par
ce passage en nous appelant à préparer le chemin pour
Israël, Son peuple élu.
Les enfants du peuple élu de Dieu continuent de retourner dans leur pays en venant des quatre
coins du monde, ce qui est un miracle à nos yeux. Ils y retournent physiquement, bien sûr. Mais pour que
leur démarche devienne également une démarche spirituelle, il y a encore bien du travail à faire, et le
Seigneur nous permet de prendre part même à ce travail. La tâche principale que le Seigneur nous confie
consiste à ôter les pierres. Ôter les pierres est un travail pénible, mais par ce travail, nous arriverons à
poser un fondement spirituel solide qui nous rendra capables de nous tenir fidèlement aux côtés d’Israël
dans les temps à venir. Permettez-moi de parler en particulier de trois pierres importantes que nous
pourrons facilement garder à l’esprit.
La première grosse pierre à ôter :
notre ignorance des souffrances du peuple élu de Dieu.
Je suis allemande. La plus grande pierre est ce qui s’est passé dans mon propre pays, dans
l’Allemagne nazie. Plus j’essaie de faire face à ce qui a eu lieu et d’en saisir l’importance, plus cette pierre
devient grosse et lourde. La plupart d’entre vous objecteront peut-être : « Dieu soit loué, cette pierre-là
n’est pas mon problème ; je n’ai jamais été impliqué dans ces événements. » Cependant, celui qui désire
aimer le Seigneur et Son peuple doit faire face à la manière dont nous avons tous, à des degrés divers,
contribué au poids énorme de cette pierre-là.
Peut-être puis-je expliquer cela par un témoignage personnel. Bien que cela fût très inhabituel
dans l’Allemagne des années d’après- guerre, j’ai eu l’occasion, déjà très jeune, de voir un film
documentaire sur les atrocités commises sous le régime d’Hitler. Je n’oublierai jamais ces images et,
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depuis lors, je n’ai cessé d’avoir honte d’être allemande. Il me semblait insupportable de devoir faire face
aux souffrances que nous avions infligées aux Juifs et à la culpabilité de mon peuple. Je voulais jouir de la
vie et non pas me charger de cette histoire douloureuse.
Un petit exemple tiré de mon enfance peut illustrer mon état d’esprit : ma famille avait une
précieuse boîte d’argent ciselée à la main dans laquelle ma mère conservait toujours des bonbons à la
framboise, quand elle en avait. Un tel bonbon constituait la plus grande des récompenses pour ma sœur
et moi quand nous avions aidé notre mère à empiler du bois pour l’hiver. Je savais que nous avions hérité
cette boîte de Tante Wolf, et j’avais entendu dire qu’elle était juive. Mais je dois confesser, à mon profond
regret, que pendant de nombreuses années, je n’ai jamais posé la question de savoir ce qui était arrivé à
Tante Wolf, ni même essayé de me renseigner sur sa vie. J’ai tourné mes regards de l’autre côté.
Même lorsque j’étais déjà Sœur de Marie, il a fallu encore des années avant que le Seigneur ne
change mon attitude. Voilà un exemple classique qui montre comment nous pouvons nous rendre
facilement coupables ; cela prouve également que je ne suis nullement meilleure que mes compatriotes
du temps d’Hitler, même si j’ai été élevée après la guerre.
La plupart des nations avaient une attitude similaire vis-à-vis des Juifs ; elles aussi ont tourné
leurs regards de l’autre côté. Elles savaient, mais elles prétendaient de ne pas savoir ; elles ne voulaient
pas s’engager. On appelle cela la « neutralité » !
Je ne veux pas minimiser la culpabilité allemande, je veux seulement montrer que nous courons
tous le risque de glisser facilement dans cette même façon d’agir, sans même nous en rendre compte, et
cela ne doit pas nous étonner. Cela peut se faire parce que nos cœurs sont tournés vers nos propres
intérêts et, ainsi, nous passons outre, tout comme le sacrificateur et le Lévite, qui ont ignoré celui qui
était tombé au milieu des brigands (voir Luc 10.30 et versets suivants).
Notre manque d’amour, notre indifférence, voici la première grande pierre d’achoppement pour
Israël. Si nous voulons aplanir la route pour Son peuple, nous devons au moins être disposés à connaître
sa douloureuse histoire. Cela signifie prendre le temps de lire, de poser des questions, d’écouter, de prier.
C’est une question d’amour ; sinon nous ne serons jamais capables de préparer le chemin pour Son
peuple.
Au cours des deux derniers millénaires, aucun peuple n’a été aussi profondément et
douloureusement blessé, ni aussi constamment offensé par nous chrétiens que le peuple élu de Dieu. Seul
un cœur contrit et affligé peut avoir accès au cœur des enfants de Son peuple et aider à ôter les pierres
afin qu’ils puissent plus aisément reconnaître leur Messie.
La deuxième grosse pierre à ôter :
notre ignorance des profondeurs abyssales du péché dans notre propre cœur.
Quand vous entrez dans une relation personnelle avec des Juifs, vous les entendez dire parfois :
«Celui-ci, c’est vraiment quelqu’un de bon ! » Ils ont subi tellement de haine que quiconque se comporte
envers eux un peu différemment représente pour eux un rayon de lumière remarquable. Le fait
qu’Auschwitz ait pu se produire dans un pays dont la plupart des citoyens étaient des chrétiens baptisés,
dépasse complètement leur entendement. Aucun d’entre nous ne peut vraiment le comprendre non plus,
parce qu’au plus profond de nos cœurs, nous nous attendons, malgré tout, à trouver quelque chose de
bon dans la nature humaine, ce qui prouve que nos pensées sont marquées par un idéalisme humaniste.
Dans Genèse 8.21, la Bible dit déjà : « Les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa
jeunesse », et dans Romains 3.12 :«Il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul ». Saint Paul dit
de lui-même, dans Romains 7.18 : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi ». Et cela, c’est la vérité,
mais beaucoup de Juifs, ainsi que de nombreux chrétiens, sont des idéalistes. C’est pourquoi nous ne
voyons pas la vérité, que ce soit sur nous-mêmes ou sur les autres. Cette mentalité idéaliste nous conduit
à croire que quelque chose comme Auschwitz ne pourra jamais plus se produire. En effet, je pense que
cela ne se répétera pas de la même façon qu’il y a soixante ans. Mais sommes-nous vraiment convaincus
que l’humanité, au cours des soixante dernières années, s’est développée en une race humaine meilleure ?
J’ai plutôt l’impression du contraire, car aujourd’hui Satan est devenu généralement un compagnon très
populaire, même pour les enfants.
Bien qu’ayant su, entendu et lu beaucoup de choses sur Auschwitz, ma visite sur place a été une
des expériences les plus bouleversantes de ma vie. Là, on fait directement face à l’essence même de la
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cruauté. Je voulais hurler, je ne le pouvais pas ; je voulais pleurer, je ne le pouvais pas. Jamais auparavant
je ne m’étais sentie aussi impuissante et incapable de réagir que pendant ces deux jours. J’ai longuement
prié, mais les cieux semblaient fermés. Pourtant, après ce premier choc, j’ai senti que le Seigneur
commençait à m’expliquer quelque chose, quelque chose qu’on trouve dans le livre de prières juif, les
Psaumes. Sans doute vous rappelez-vous le cri du Seigneur sur la croix : « Eli, Eli, lama sabachthani ? »
(« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Matthieu 27,46 ; Psaume 22,2). Ces paroles reflètent la plus profonde agonie d’Auschwitz. Je me suis demandé : Si toutes les méchancetés, toutes les
tortures, toutes les cruautés sadiques ou, en un mot, l’enfer, si l’enfer sur terre peut être aussi réel, ne
sera-t-il pas aussi réel dans l’éternité ? Pour Jésus, l’enfer est une réalité, Il le prend au sérieux, aussi au
sérieux que nos péchés. C’est pour nous sauver de l’enfer qu’Il a sacrifié Sa vie. Il nous met en garde parce
qu’Il le voit comme le plus grand des dangers, non pas seulement pour le monde athée, mais pour chacun
d’entre nous. Cependant, puisque les chrétiens sont, dans leur majorité, des idéalistes, ce sujet de l’enfer
est devenu très impopulaire dans nos églises et nos assemblées, c’est un sujet tabou dans le monde
chrétien. Personne ne doit en parler, sinon nous risquons de créer de la peur et de mettre les gens mal à
l’aise. Pourtant, il est nécessaire que nous entendions l’avertissement de Jésus, car l’abîme de l’enfer
correspond à l’abîme du péché dans nos cœurs.
En 2004, j’ai eu l’occasion de visiter une exposition à Francfort, organisée pour commémorer le
quarantième anniversaire du procès d’Auschwitz. L’exposition avait lieu dans la salle du tribunal de l’époque. Il y avait là des cabines, chacune présentant la vie d’un des accusés, avec des photos et des extraits
du procès que l’on pouvait lire ou écouter avec le son original. Mais il y avait autre chose, qui m’a touché
au plus profond de moi-même : dans chaque cabine, on pouvait lire un reportage publié par Der Stern,
un magazine allemand très populaire, et intitulé : « Les meurtriers étaient des gens comme vous et moi ».
Ces hommes avaient été des gens tout à fait ordinaires, de bons pères de famille. « Les meurtriers étaient
des gens comme vous et moi » : chacun d’entre nous doit s’identifier à cette vérité, sinon nous nous mentirons à nous-mêmes et nous finirons par vivre et prier comme des hypocrites.
Certains d’entre vous connaissent peut-être Tout pour qu’Il règne, le livre de méditations
d’Oswald Chambers. Dans son livre, il souligne que chaque individu est un criminel potentiel, que chacun
est capable de tout, même du pire. Si nous sommes bons, ce n’est que par la grâce du Seigneur. Peut-être
que nous avons été élevés dans un bon foyer, que nous avons eu une grand-mère qui priait pour nous, ou
un professeur qui nous donnait le bon exemple, ou peut-être qu’une personne pleine d’amour est entrée
dans notre vie au bon moment ; dans tous les cas, ce n’est jamais parce que nous sommes bons de par
notre nature que nous semblons être meilleurs qu’autrui ; ce n’est que par la grâce de notre Seigneur.
Comme le Seigneur ne nous montrera jamais d’un seul coup l’étendue de notre cœur pécheur et
empoisonné, nous n’avons aucune raison d’avoir peur. Il sait que nous ne pourrions pas le supporter, car
Jésus est le meilleur conseiller spirituel qui soit. Il travaille dans notre cœur par le Saint-Esprit, qui nous
donne Sa lumière de manière progressive et qui ne nous fait pas uniquement reconnaître l’état de notre
propre cœur, mais aussi l’œuvre de notre merveilleux Sauveur. Ainsi nous ne serons pas livrés au
découragement, mais nous ferons plutôt l’expérience d’une vraie joie, d’un vrai amour et d’une vraie
reconnaissance. C’est cela, la Bonne Nouvelle. Dans Luc 7.47, Jésus dit : « Celui à qui on pardonne peu
aime peu », ou si l’on retourne la phrase : « Celui à qui on pardonne beaucoup aime beaucoup ». Je
pourrais en conclure que mon caractère pécheur me procure même un avantage : celui d’aimer Jésus plus
que jamais. Car mes échecs m’incitent à rester en relation étroite avec Jésus. Et cette relation étroite
donne naissance à quelque chose de merveilleux : la transformation de mon caractère à Son image, non
pas d’un seul coup, mais peu à peu. C’est un chemin facile, un chemin béni, que chacun est capable d’emprunter. Le seul prix à payer sera de précipiter mon ego de son trône d’orgueil, afin que je puisse
m’abandonner dans les bras de Jésus. Ce prix-là n’est vraiment pas trop élevé.
Un des livres les plus connus de Mère Basilea porte le titre Plus jamais le même. Il a été traduit en
vingt-sept langues et, récemment, un magazine chrétien russe l’a publié en plusieurs étapes, deux
chapitres à la fois. C’est l’introduction de Mère Basilea, au début du livre, qui rend cet ouvrage si
important, car elle nous y expose certains principes bibliques fondamentaux sur la manière dont nous
pouvons changer. Accepter la vérité sur nous-mêmes, recevoir le pardon de Jésus et mener le combat de
la foi, tout cela ancrera dans nos cœurs le plus grand cadeau du ciel : un amour grandissant pour Jésus.
Se connaître d’abord soi-même avant de prier pour les autres, telle est la véritable attitude
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sacerdotale. C’est seulement en ayant une telle attitude que nous pourrons soutenir spirituellement le
peuple d’Israël afin qu’il ne mette plus sa confiance dans les hommes, dans la bonté de la nature
humaine, qu’il n’attende plus son secours de la part des hommes, mais qu’il attende son secours
uniquement du Seigneur.
Ôtons la pierre d’achoppement de notre mentalité chrétienne idéaliste ; ôtons la lourde pierre de
notre orgueil et de notre propre- justice. Dieu pourra alors se servir de nous comme catalyseurs dans le
processus de préparation de Son peuple à l’avènement de son Messie.
La troisième et dernière grosse pierre à ôter :
notre ignorance des souffrances de notre Seigneur bien-aimé.
Quand quelqu’un trouve la foi, il expérimente souvent l’amour débordant de Dieu, beaucoup
d’exaucements de prière, la guérison et parfois même des miracles. Et puis, un temps arrive où même les
requêtes de prière les plus désespérées semblent rester sans réponse. On ne ressent ni ne goûte plus la
présence de Dieu. Il s’éloigne de nous, Il se tait, tout est sombre. Rarement nos églises et nos assemblées
nous préparent à traverser de telles épreuves. C’est un vrai problème, car sans y être préparé, on tombe
dans le découragement au lieu de tenir ferme dans la première épreuve de la foi. Nombreux sont ceux qui
en ressortent déçus et frustrés, qui perdent leur premier amour, leur enthousiasme, même leur foi, et
certains pour toujours.
Un jour, j’ai reçu le verset de Matthieu 11.6 comme parole de la part du Seigneur : « Heureux celui
pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » Cette parole m’a souvent aidée dans des moments où se
produisait le contraire de ce que j’avais attendu de la part du Seigneur. Mère Basilea, qui a elle-même
parcouru les sombres vallées de la foi, nous a laissé une précieuse prière de confiance :
« Mon Père, je ne Te comprends pas, mais je Te fais confiance. »
Ce qui nous arrive n’est, en général, rien en comparaison de ce que le peuple d’Israël a eu à
endurer. Il nous suffit de regarder l’histoire d’une seule famille juive pour le comprendre. Le pire de tout,
c’est que ce qu’ils vivent semble si souvent être le contraire de ce qu’ils savent de l’Ecriture Sainte, à
savoir qu’à la fin Dieu sauve et rétablit le juste et punit l’injuste. Mais pendant la Shoah, les croyants juifs
qui craignaient Dieu et les incroyants juifs furent massacrés ensemble systématiquement, sans
mentionner le million et demi d’enfants innocents. C’est la raison qui motive cette question que nous
avons si souvent entendue : « et Dieu, où était-Il à Auschwitz ? » Peut- être le tsunami du Noël de l’année
2004 a-t-il aidé, au moins certains d’entre nous, à avoir une petite idée de l’épaisseur de telles ténèbres. Il
serait en effet superficiel, et même erroné, d’affirmer que dans cette catastrophe naturelle, le Seigneur a
protégé tous les croyants.
Aujourd’hui, Israël se trouve toujours face à ce même conflit. De même que les Allemands
auraient pu connaître les projets d’Hitler à l’égard des Juifs, de même, nous aussi, nous pouvons
connaître les menaces du Proche-Orient contre les Juifs d’aujourd’hui. Il suffirait de suivre attentivement
ce que les médias arabes disent en arabe lorsqu’ils s’adressent à leurs populations au lieu de croire ce
qu’ils disent en anglais. Le monde arabe ne veut pas d’état palestinien indépendant, il veut la totalité du
territoire du pays d’Israël sans un seul Juif. C’est pourquoi on ne trouve Israël sur aucune des cartes
géographiques arabes. Peut-être vous souvenez-vous de cette terrible expression allemande : «
judenrein » (purifié de toute présence juive). Par ce seul mot la vraie cause du problème est désignée, il
s’agit de nouveau d’une question de survie. Bien que nous fassions confiance au Seigneur et croyions qu’Il
tiendra Sa promesse et ne permettra plus aux Juifs d’être chassés totalement de leur pays, il n’en
demeure pas moins qu’Israël doit traverser sans cesse cette même épreuve de foi.
Et nous ? Demandons-nous comment nous traversons les épreuves qui secouent notre foi. Sinon,
nous ne serons jamais capables de nous tenir fidèlement aux côtés d’Israël. La question qui se pose est de
savoir comment nous pouvons obtenir l’autorité spirituelle nécessaire pour pouvoir soutenir Israël.
Une des paroles bibliques favorites de Mère Basilea se trouve dans Philippiens 3. L’apôtre Paul y
décrit le programme qu’il a pour sa vie. Dans ce passage de Philippiens 3.7-14, un seul désir ardent le
pousse : il veut connaître Jésus, il veut Le connaître davantage, il veut Le connaître plus profondément.
Le verset clé est le verset 10 : « Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection
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et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort. » Je suppose que la
plupart d’entre nous s’attendrait à ce que le point culminant spirituel soit le désir de connaître la
puissance de Sa résurrection. Mais Paul va plus loin que cela, il désire davantage : partager les
souffrances du Seigneur, même jusque dans la mort. Cela veut dire que la puissance de la résurrection de
Jésus rend Paul capable d’avoir part aux souffrances du Seigneur.
La puissance rédemptrice de la résurrection de notre Seigneur nous en rendra capables même en
cette heure de l’histoire du monde où nous vivons. Mais ce passage nous révèle aussi le mystère de
l’épouse de Christ et de son amour passionné pour Jésus, comme il est écrit dans le Cantique des
Cantiques 8,6-7 : « L’amour est fort comme la mort, la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ;
ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de l’Éternel. Les grandes eaux ne peuvent éteindre
l’amour, et les fleuves ne le submergeraient pas ». C’est cet amour dont nous avons besoin, sinon nous ne
serons pas capables de nous tenir aux côtés de Son peuple bien-aimé. Par la puissance de la résurrection
de Jésus et de Sa victoire, chacun d’entre nous peut trouver cet amour qui tient ferme dans l’épreuve de la
foi, même au milieu de la plus profonde souffrance. Mais comment cela se réalise-t-il dans notre vie
quotidienne ?
Si, par exemple, nous nous sentons rejetés, si nous ne recevons pas l’amour et la reconnaissance
que nous désirons, si nous nous sentons humiliés, si nous recevons des reproches injustes, nous savons
alors que nous pouvons trouver notre identité dans les souffrances de notre Seigneur, dans la disgrâce,
l’abandon et l’humiliation que Lui- même a subis. Nous trouvons alors la paix et, d’une façon cachée,
même la joie, parce que nous sommes unis à Celui que nous aimons, et nous n’avons pas besoin de lutter
pour sauvegarder une bonne image. L’épouse appartient à l’Époux et elle Le suit pas à pas. Ce fut le secret
de la vie de Mère Basilea qu’elle a décrit dans son autobiographie, La clé du ciel. En faisant beaucoup de
tels petits pas, nous sommes préparés par le Seigneur pour des souffrances plus grandes encore qui se
termineront peut-être même par la persécution et la mort.
Au cours des siècles, Israël, Son peuple, a été l’objet d’indicibles humiliations. La haine et le rejet
profonds que les Juifs ont subis nous rappellent ces paroles d’Esaïe 53. Les Juifs étaient « semblables à
celui dont on détourne le visage, dont l’aspect n’avait rien pour nous plaire ». Ils ne trouvaient jamais
d’explication pour les souffrances qui leur étaient infligées ; elles demeuraient une énigme pour eux que
personne ne savait résoudre. Cependant, tout pourrait se résoudre s’ils arrivaient à s’identifier aux
souffrances de leur Messie. Mais pour que cela puisse se produire, il faut que nous d’abord, nous nous
identifiions à Lui. C’est seulement ainsi que nous pourrions soutenir le processus de naissance le plus
bouleversant qui ait jamais eu lieu, la naissance de la plus belle des épouses : Israël.
Apocalypse 12.1 nous montre ce que le Seigneur attend de Son épouse dans les temps de la fin. Ce
passage décrit comment elle pourra surmonter les souffrances : « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. »
Tout d’abord : «…à cause du sang de l’agneau », c’est la raison pour laquelle on trouve de
nombreuses prières et chants dans nos publications qui louent le sang de l’Agneau comme étant la force
la plus efficace dans le combat contre les puissances des ténèbres.
Ensuite, nous lisons«…à cause de la parole de leur témoignage ». Ici, il n’est pas question d’un
témoignage facile et superficiel. Ce témoignage-là coûte cher, il peut même nous coûter la vie. Nous avons
sous les yeux la haine des terroristes qui commettent des actes suicidaires et qui, littéralement, haïssent
jusqu’à la mort. Ceux qui aiment Jésus et Le suivent devraient, par contre, aimer jusqu’à la mort. Seul cet
amour-là, l’amour qui est prêt à se sacrifier, est digne d’être qualifié d’amour véritablement divin. Dans
l’Apocalypse il y a bien des passages où Jésus est décrit et adoré comme l’Agneau immolé, une image qui
exprime un amour prêt à se sacrifier. L’épouse de l’Agneau doit aussi rayonner de cet amour-là, un amour
qui est prêt à perdre sa vie.
Je connais ma propre faiblesse et ne pourrai jamais garantir que je tiendrai ferme, que je serai
prête. Ma garantie, c’est Jésus dans la puissance victorieuse et inégalée de Sa résurrection, qui
s’accomplira dans ma faiblesse (voir 2 Corinthiens 12.9). L’épouse issue des nations n’arrivera jamais à la
perfection sans l’épouse issue d’Israël. Israël est le premier-né de Dieu ; l’épouse issue d’Israël est les
prémices. Nul d’entre nous ne pourra entrer dans la Cité de Dieu sans Israël, car les noms des douze
tribus d’Israël sont écrits sur les portes de la cité céleste. Quand on écoute certains messages de Juifs
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messianiques qui aiment Jésus, on prend conscience de l’amour passionné de cette épouse. Et nous qui
sommes issus des nations, nous avons le privilège de prendre part au processus de préparation de
l’épouse issue d’Israël.
Au début de l’année 2005, un pasteur suédois a appelé les temps que nous vivons « la dernière
minute de grâce ». Puissions-nous exploiter cette précieuse dernière minute pour notre Seigneur et pour
Jérusalem afin que toutes les nations voient enfin sa gloire (Esaïe 62.2).
Prions
O Seigneur, rends-nous prêts à participer à Ton plan éternel d’amour avec le peuple d’Israël.
Rends-nous prêts à prendre part à la communion de Tes souffrances. Rends-nous prêts à
communier aux souffrances de Ton peuple élu et bien-aimé.
Nous Te rendons grâce de ce que Tu as permis à chacun d’entre nous de vivre ces précieux
derniers temps de grâce. Nous Te rendons grâce de ce que même le plus faible et le plus petit d’entre
nous est capable d’ôter de lourdes pierres. Nous Te rendons grâce de ce que même le plus faible et le
plus petit d’entre nous peut aplanir la route pour Ton peuple. Nous Te rendons grâce de ce que nous
sommes capables de le faire parce que Tu nous en rends capables.
Nous nous remettons totalement entre Tes mains et nous nous abandonnons à Ton cœur
d’amour, à Toi, notre Seigneur, Toi qui es l’Alpha et l’Oméga de notre foi, l’Agneau de Dieu sur le
trône éternel, notre Époux bien-aimé et le Roi du peuple d’Israël.
Amen.
Publication complémentaire:
La culpabilité de la chrétienté envers le peuple juif, (24 p.)
© Communauté Evangélique des Sœurs de Marie
B.P. 13 01 29, D-64241 Darmstadt, RFA
A propos de la Communauté des Sœurs de Marie
Nous tenons à remercier ici la Communauté pour son aide dans la préparation de ce numéro,
notamment pour la couverture, et pour leur autorisation à reproduire l'article ci-dessus.
Nous recommandons à nos lecteurs la littérature diffusée par la Communauté.
LIVRES
• Chantier de Dieu
• La Clé du Ciel - Histoire de ma vie
• Le Dieu de toute consolation
• Dieu parle encore
• Garder confiance
• Marie, le chemin de la Mère du Seigneur
• Patmos ...et le ciel s’ouvrit
• Plus jamais le même
• Quand souffle l'Esprit
7.50
12.10
4.60
7.50
1.90
3.50
3.20
7.40
7.50
MESSAGES D'ACTUALITE
• Dieu n'intervient pas... pourquoi?
• ISRAËL au cœur des événements
• Louange au cœur de la nuit
• Le Nouvel Age à la lumière de la Bible
• Le Yoga? Des chrétiens s'interrogent
0.50
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BROCHURES
L'appel du Sina
Au vainqueur la couronne
...car le Seigneur est miséricordieux
L'Epouse de Jésus-Christ
Examen de Conscience
...je ne crains aucun mal
Jésus parmi nous
Jésus, Ton Nom est tout-puissant
...la joie de mon coeur
Les Lieux saints aujourd’hui
Ma Prière
Prière pour Israël
Prières pour les jours d'épreuve
Prince de la Paix
Le Repentir ,secret d'une vie bienheureuse
Si quelqu'un ne peut aimer
Toute ma joie c'est d'aimer Jésus
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Ces publications peuvent être obtenues à la Librairie Chrétienne CLC
"La Colline" Quartier St Maurice 26160 LA BEGUDE DE MAZENC
Tél. 04.75.90.20.59 / Fax 04.75.90.40.04 E-mail: [email protected]
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LA VIE DE L’ASSOCIATION
ASSEMBLEE GENERALE du 19 Mars 2006
Nous avons été reçus pour cette "journée CŒUR" dans les locaux de la
Résidence Arcadie, mis à notre disposition par les soins de M.Joël PUTOIS
que nous remercions vivement pour son hospitalité..
Nous avons également été très heureux d'avoir pu recevoir pour
l'après-midi Madame Madelein COHEN, vide-présidente de l'association
"Amitié Judéo-Chrétienne de France" qui s'est exprimée sur le sujet:
"Comment voyez-vous la spécificité de notre association CŒUR ?"
Nos lecteurs trouveront aussi ici un résumé de son intervention.
Rapport moral du Président
La revue Yerushalaïm est, faute de forces supplémentaires, la seule « activité » de
l’association. Mais elle dépasse déjà de beaucoup le cercle des membres : nous recevons des échos de
membres qui en recoivent plusieurs numéros et la diffusent dans des milieux très divers. De plus,
nous avons reçu de grands encouragements sur son contenu (par exemple, pour ne citer qu’eux, Fr.
Goutagny de l’Abbaye de Cîteaux, Elisabeth Viort de Bordeaux, Jean Chevalier de Besançon , le
pasteur Guy Bonnal de Crozon, le père Jean-Marie Eroy, et d’autres. Nous sommes donc encouragés
à poursuivre dans cette voie, et notons les idées suivantes :
a) écouter les questions qui nous sont adressées par les Juifs, car ce sont des sujets
importants dans notre démarche.
b) aider à résoudre l’une des causes de l’incompréhension entre Juifs et Chrétiens, au niveau
du vocabulaire. Nous préparons pour cela une nouvelle rubrique consacrée au vocabulaire judéochrétien, et aux malentendus de traduction et d’interprétation de certains passages bibliques.
Les membres de l’Association :
Strictement parlant, puisque son but premier est la repentance chrétienne envers le peuple
juif, on peut se demander à quel titre les Juifs peuvent en faire partie. Mais nous sommes pourtant
très heureux d’accueillir ceux d’entre eux qui s’intéressent à notre travail, d’une part, pour le faire
connaître dans leur communauté, d’autre part pour nous aider dans le second de nos buts qui est de
ré-enseigner les chrétiens sur les racines hébraïques de la foi chrétienne.
Les absents-excusés . La liste des personnes qui se sont excusées, est lue à l’assemblée. Nous
remercions ici ceux qui ont joint à leurs excuses, un mot de soutien et d'encouragement.
Rapport financier :
Nos comptes sont sensiblement équilibrés, avec des recettes et dépenses de l’ordre de 10.000
euros : un peu plus de 4000 pour la fabrication de chaque revue (chiffres encore provisoires) - 3500
pour l’expédition de la revue, mise sous enveloppe et affranchissement, et autres courriers, 2000
pour les frais généraux de fonctionnement, l’informatique avec gestion du site internet, les frais de
déplacement, etc… Ces 10000 euros correspondraient, à raison de 25 euros/an, à la cotisation de 440
membres. Or, seuls 302 membres ont acquitté leur cotisation en 2005 ! Si nous avons équilibré nos
comptes, c'est que, parmi eux, certains ont réglé plus que 25 euros, et c’est leur générosité qui a
permis d’équilibrer les comptes : qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés !
Budget 2006 : nous ne prévoyons pas de changements pour l’année 2006, sauf que des
démarches sont engagées en vue d'obtenir l’accord du fisc pour établir des « Attestations fiscales »
dès l’an prochain, ce qui devrait nous aider dans les recettes dès cette année.
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Les cotisations-abonnements :
• 302 personnes ont acquitté leur cotisation pour 2005
• 126 n’ont pas réglé leur abonnement. Il est légitime de leur adresser un courrier de relance.
• 142 personnes reçoivent gratuitement : prêtres, communautés, personnes intéressées mais
qui n’ont pas les moyens.
Conclusion : Il est nécessaire d’élargir le cercle des membres. (c’est d’ailleurs notre raison
d’être !) Quelles seraient les autres façons de mieux diffuser la revue ? Un effort est demandé aux
membres de faire connaître CŒUR autour d'eux. Proposition d’une « opération cadeau »: (voir à ce
sujet encart en page 31)
Questions diverses
a/ Question soulevée par Ottavi N’Gbé : il serait intéressant d’éditer la revue en d’autres
langues, anglais, allemand, pour élargir la diffusion de YERUSHALAIM ?
Réponse : nous n’avons pas les moyens d’assurer le travail important que cela demanderait,
mais c'est regrettable, et cette suggestion est à retenir, et faisons ici appel à des personnes
susceptibles de prendre en charge ce travail. Nous n’avons pas, non plus, de pénétration en Afrique,
même en milieu francophone, ce qui est bien regrettable. Nous faisons également appel aux
membres de l'association afin qu’ils nous signalent toute personne susceptible de s’intéresser à la
revue : prêtres, pasteurs, délégués aux relations avec le judaïsme, rabbins, notamment ceux engagés
dans le dialogue interreligieux, etc…: nous pouvons leur adresser un échantillonnage de revues déjà
éditées.
b/ Question soulevée par Yann COURSIN qui soumet une liste établie voici quelques
années de villes françaises et israéliennes qui se sont jumelées. L'idée est de proposer aux comités de
jumelage des villes françaises de s'intéresser à l'aspect culturel et religieux, ce qui est souvent
négligé : on pourrait ainsi proposer des voyages à l’occasion des fêtes de pèlerinages, entre Rosh
Hachanah et Souccoth. Ceci permettrait de mieux faire connaître aux français, et surtout aux
chrétiens la fête de tabernacles, puisque celle-ci n’a pas de correspondance dans le calendrier
chrétien. Une telle démarche pourrait être commune à CŒUR et l'AJCF.
Il est décidé qu'en premier lieu, il fallait mettre à jour la liste des villes françaises engagées
dans ce jumelage (Joël Putois prendra contact pour cela avec l’Ambassade d’Israël à Paris) et
qu'ensuite on enverrait un courrier aux comités de jumelage pour proposer ce projet.
Renouvellement du Conseil d’Administration : Celui-ci est renouvelé à
l’unanimité dans sa composition précédente, à savoir: Président : Henri LEFEBVRE. Secrétaire et
vice-présidente ; Elzbieta AMSLER. Trésorier : Joël PUTOIS.
-------------------------------------------------------------La réunion a été suivie de la rencontre autour de Madame Madeleine COHEN, vice-présidente
de l'AJCF , Amitié Judéo-Chrétienne de France, que nous remercions chaleureusement. Nous
donnons ci-après un résumé de sa causerie.
Causerie de Madame Madeleine COHEN
Notre invitée a commencé par rappeler comment elle a eu connaissance des débuts de notre
association, lors du voyage inaugural de Kippour 1990. Elle ajoute alors qu’elle y voit là la spécificité
de CŒUR : « alors que différentes églises faisaient leurs propres déclarations, vous seuls avez fait
une démarche œcuménique » Elle souligne ainsi que cette initiative correspond bien à l’analyse que
M.F.Lovsky faisait dans son ouvrage « La déchirure de l’absence », où, dans son commentaire de la
déclaration de Jésus à la femme samaritaine : « Le salut vient des Juifs », il subordonne la
réconciliation aux retrouvailles des Eglises entre elles, Israël étant ainsi le pivot de l’œcuménisme.
Elle rappela ainsi la déclaration du Rabbin Aschkéazi lors de la réception au Yad Vashem :
« Je viens de vous entendre, et je compte que vous êtes au nombre de 70. (le nombre des
nations). Je vais laisser dans ma poche le discours que j’avais préparé et je vais vous parles avec
mon cœur. Votre choix du Yom Kippour pour votre démarche répond à une intuition qui nous
touche profondément : nous voyons en vous les prémices des temps messianiques »
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Madame COHEN tint ensuite à nous lire la belle déclaration qu’avait faite quelques années
plus tôt le père Bernard DUPUY à Auschwitz :
‘’ Chrétiens, nous ne sommes pas venus à Auschwitz-Birkenau de notre propre initiative,
c’est la main de nos frères Juifs qui nous y a guidés. En cette heure où nous prenons part avec eux à
la prière des morts, nous devons d’abord nous souvenir. La mort qui s’est étendue en ces lieux, nous
impose le silence. Quelle parole pouvons-nous prononcer qui soit à la mesure de la souffrance
juive ? Ici, des Juifs et eux seuls sont morts sans autre raison véritable que leur appartenance au
peuple juif. Les nazis n’ont pas voulu seulement le rayer de l’histoire, ils ont voulu annihiler sa
vocation, salir sa dignité, déraciner la foi au Dieu Unique dont il n’a jamaios cessé d’être le témoin
au milieu des nations.
L’homme tout entier façonné par Dieu à son image et à sa ressemblance a été nié en eux. Et
comment ne pas évoquer alors toutes les souffrances, toutes les victimes, tous les morts des lieux
d’extermination ? Le crime a été si grand et demeure si incommensurable que l’image de Dieu en a
été blessée dans la conscience de beaucoup d’hommes.
Souvenons-nous. Le crime a été réalisé dans une Europe fertilisée par la foi chrétienne.
Disciples de Jésus, il ne nous est pas possible maintenant de nous tourner vers l’Eternel, sans
d’abord nous réconcilier avec nos frères Juifs : « Quand tu vas présenter ton offrande à l’autel, si
là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va
d’abord te réconcilier avec ton frère » (Matthieu 5. 23)
Pour avoir le droit de prier à Auschwitz, il nous faut confesser la trop rfaible et trop lente
prise de conscience chrétienne devant la perversité nazie et devant la danger mortel qui s’abattait
alors sur les Juifs. Il ne suffit pas de condamner l’action des bourreaux. Notre repentance n’est pas
un réflexe de culpabilité morbide. Nous ne pouvons pas récuser la part de responsabilité chrétienne
dans l’histoire qui a abouti à la Shoah. Nous devons essayer de prendre la mesure de notre péché tel
que l’histoire nous le révèle.
Selon notre foi, Jésus nous a introduis dans l’Alliance d’Abraham. Mais nous, nous avons
dépouillé le peuple juif des biens qui lui appartenaient en propre : l’adoption, la gloire, les alliances,
le culte, les promesses (Romains 9. 4). Plus tard, contrairement à ce que disent les Ecritures, nous
avons osé penser que Dieu pourrait n’être pas fidèle à son Alliance, qu’il avait rejeté son peuple.
L’ayant ainsi détaché du lien qui l’unit à Dieu, nous l’avons chargé du péché par excellence, allant
même jusqu’à prononcer contre lui le mot sacrilège de « « peuple déicide’’. Nous l’avons environné
de mépris et de haine, l’accusant d’aveuglement, nous avons voulu le faire chrétien, y compris
souvent par la force et en violant sa conscience. Nous avons désobéi au commandement qui nous
oblige à reconnaître dans notre frère juif notre prochain.
Nous avons ainsi troublé, perverti les consciences humaines à son endroit. Ce jugement sur
le peuple juif transmis de siècle en siècle, les multiples discriminations qui en ont résulté, en dépit
de l’attitude de refus d’hommes exceptionnels, ont ouvert la voie à l’anti-sémitisme moderne. Oui,
notre responsabilité est immense. A-t-il fallu un tel abîme pour éveiller nos consciences. Oui, notre
responsabilité est immense.
Nous, qui venons d’être associés à la prière d’Auschwitz, nous prenons solennellement
l’engagement d’être vigilants dans un monde qui est loin d’être guéri de tous ces maux. Nous
promettons de combattre de toutes nos forces pour que vérité et justice soit rendu au peuple juif.
Nous crions vers toi Seigneur et nous implorons ta miséricorde, car nous avons appris que si les
portes de la prière sont tantôt ouvertes, tantôt fermées, la porte de la repentance n’est jamais
fermée.
En effet, ajouta-t-elle, c’est un principe dans le judaïsme : pour qu’il y ait pardon de Dieu, il
faut d’abord obtenir le pardon de la part de ceux que l’on a blessé. C’est pourquoi les démarches de
repentance ont leur place dans les lieux comme Auschwitz, ou Yad Vashem, qui sont des lieux où la
mémoire des victimes est présente.
Ce principe est bien établi dans le Talmud au traité Yoma. Dans la tradition rabbinique … la
Teshuva, c’est le retour, la réparation et l’engagement de ne plus recommencer ; tout cela fait
partie de la Teshuva. C’est revenir à son âme, comme dit Adin Steisaltz, c’est quelque chose de
miraculeux, parce que les lois de la nature sont basées sur la causalité : si je fais tomber ce verre et
qu’il se casse, je ne peux pas dire : « je ne voulais pas qu’il tombe » Il est tombé et il s’est cassé. Mais
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Lors de l'assemblée Générale de notre association
Madame Madeleine COHEN (à droite)
Vice-présidente de l'AJCF,
en compagnie de la doyenne de notre association
Madame Engelhorn-Tolman
il n’y a que Dieu qui peut faire que mon péché n’ait jamais existé au jour où je demande pardon,
après une contrition et un repentir sincère. Seul Dieu peut faire comme si ce péché n’avait jamais
existé. C’est le sens qu’on donne à Kippour.
En évoquant ensuite l’étude parue dans YERUSHALAIM où l’on donnait un comparatif des
Béatitudes avec le texte de la Thora, elle affirma que c’était bien, à ses yeux, un travail remarquable
que nous devrions étendre à toutes les paroles de Jésus, car Jésus n’a rien inventé, et il l’a dit : « Je
ne suis pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes, mais pour accomplir » ce qui veut dire que,
comme tout bon juif, je lis la Loi, et je la fais, je fais les mitswoth. Notre amie fit remarquer en
particulier l’erreur qui est souvent faite dans notre lecture de l’Evangile, lors de l’entretien de Jésus
avec les scribes : quand ils ont posé la question : « Quelle est la plus grande mitsvah ? », il répondit
en citant l’Ecriture avec le Schema Israël et en joignant le texte « Tu aimeras ton prochain » . Et le
texte évangélique continue avec les « On vous a dit, …mais moi, je vous dis … ». Et c’est là que le
texte contient cette fameuse phrase : « On vous a dit Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton
ennemi ». Or il ne s’agit pas là d’une citation de l’Ecriture où le devoir vis-à-vis de l’ennemi est
souvent rappelé.
C’est donc là le travail qu’il faut faire. Et Me COHEN rappela l’affaire de la « Bible des
communautés » qui contenait des « clés de lecture » insupportables et qui pourtant reste toujours en
vente, malgré toutes les protestations qu’elle a sucitées.
Voilà le travail de réparation, ce n’est pas seulement de reconnaître la faute, c’est de la
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réparer et la réparer, ce n’est pas nous taire. ... Et nous avons à agir ensemble. Le problème de
C.OE.U.R., d’Amitié Judéo-Chrétienne, du SIDIC, c’est de travailler ensemble. J’ai fait un travail sur
cette Bible et j’aurais dû vous en envoyer à chacun une copie et vous demander de m’aider, d’agir
avec moi. Ce que moi, Madeleine Cohen, petite juive n’a pas réussi, peut-être qu’une Sœur du Sidic ou
un Prêtre aurait réussi. Le mot sur lequel nous devons insister aujourd’hui c’est ensemble .
Me COHEN nous fit en terminant un rappel de ce que sont les offices de Kippour , soulignant
ainsi les différentes déclarations concernant la techouva :
Après le Veau d’Or Moïse est monté au Sinaï où il est resté un mois pour obtenir le pardon,
puis il est redescendu avec le pardon, c’était le Yom Kippour. C’est pourquoi un mois avant Kippour,
c’est le mois d’Elul, nous lisons les demandes de pardon, ce sont des poésies, nous nous levons le
matin très tôt, nous les lisons, puis nous rentrons chez nous. Il y en a une de Rabbi Méim qui dit :
« Le repentir est primordial, puisque pour une personne qui s’est repentie, il est pardonné à
toute la terre … (Talmud, Traité Yoma 86a) Alors je les guérirai de leur égarement, je les aimerai
avec abandon, car sa colère s’est détournée de lui (encore le mot shuv). Il n’est pas dit : ‘’d’eux’’,
mais : ‘’de lui’’. Osée 14. 11
Rabbi Lévy a dit : « Le repentir est très important, car il mène jusqu’au Trône de Gloire ». Et
encore Osée 14. 2 : « Reviens, O Israel jusqu’à l’Eternel ton Dieu » On retrouva cela commenté dans
le Traité Yoma. Et nous chantons un refrain : « Fils de l’homme, qu’as-tu à sommeiller ? Lève-toi et
adresse des supplications … A toi Eternel la justice, à nous confession … De grâce dissipe mon péché
comme un nuage, pardonne ma faute car elle est grande… »
Rabbi Moshé Ben Evra : “Je viendrai présenter ma cause devant l’Eternel, O mon soutien,
c’est pour te rencontrer que je me suis levé matin…. Je me suis levé dans ma détresse, vers Toi mes
yeux sont suspendus, lorsque je t’appelle, réponds-moi … Souviens-toi Eternel en nos faveurs de ton
Alliance. O Dieu Eternel, Dieu miséricordieux, compatissant, lent à la colère plein de grâces et de
vérité, qui accorde sa grâce jusqu’à mille générations,qui porte la faute, le péché, la transgression.
Pardonne nos fautes et nos transgressions et fais de nous ton héritage… »
Entre Rosh Hashana et Kippour il y a dix jours que nous appelons les Dix jours redoutables. A
Rosh Hashana Dieu a déjà jugé qui vivra, qui mourra, mais pendant ces Dix Jours, c’est comme un
appel à la justice, comme à un tribunal d’appel. C’est à Kippour que le jugement sera célé. Pendant
ces Dix Jours on va chanter : « La fille de Sion médite ses prières, de grâce mon Dieu guéris ces
plaies et que l’année finisse avec ces malédictions, que l’année qui commence le fasse avec ces
bénédictions ».
Bien entendu nous disons le Psaume 130 : « Des profondeurs, mon Dieu … » Ces prières sont
très belles. Il y a des synagogues où on sonne le shoffar, dont Adin Steinsaltz dit que c’est le cri de
l’enfant qui appelle : « Père, sauve-moi… » Après, il y a la prière du soir, le Kol Nidré, l’annulation
des vœux. Lorsqu’on ouvre l’arche où sont les rouleaux de la Torah, les anciens de la synagogue vont
dire trois fois la même chose : « au nom du collège céleste et au nom du collège terrestre, avec le
consentement de Dieu et de la communauté, nous nous permettons de faire la prière en commun
avec les pécheurs », nous sommes tous pécheurs. C’est cette communauté fraternelle et solidaire qui
prie. Il s’agit de demander l’annulation des vœux que nous aurions pu faire et que nous n’avons pas
accomplis.
Cela se termine par la triple répétition du verset des Nombres (15. 26) : « Il sera pardonné à
toute la communauté d’Israël, ainsi qu’à l’étranger qui séjourne parmi vous. C’est ainsi que beaucoup
d’amis chrétiens viennent avec nous écouter le Kol Nigré et repartent purifiés.
----------------------------------------------------------------------------Notre rencontre se termina par un cordial échange entre Madame COHEN et les
participants. Il en résulta qu’un certain nombre de pensées s’en sont dégagées, pouvant
ouvrir à une collaboration entre nos deux associations, dans un travail en commun,
comme elle en soulignait l’impérieuse nécessité.
Nous avons tout particulièrement retenu les idées suivantes, évoquées au cours de
Yerushalaim n°44 -
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cet échange et qu’il faudrait bien évidemment étudier de plus près :
- un groupe de travail et d’échanges où les différentes incompréhensions entre
Juifs et Chrétiens pourraient être abordées dans un climat de confiance réciproque.
- organisation en commun d’un voyage en Israël dans la période qui va de Roshhachanah à Souccoth (idée proposée par Yann Coursin)
- une action en commun en France pendant ce voyage pour ceux qui ne
pourraient y participer : la construction en différents lieux de grandes soucca de
l’amitié où les membres de l’AJCF et de CŒUR pourraient se retrouver et inviter leurs
amis.
Ces deux derniers points ne pourraient toutefois pas prendre corps avant
l’année 2007. Mais leur préparation pourrait dès maintenant réunir les bonnes
volontés, juives et chrétiennes, et rapprocher concrètement nos deux associations.
Henri LEFEBVRE
Opération diffusion
Comme cela a été décidé lors de l'Assemblée Générale, nous lançons une
campagne de diffusion gratuite de notre revue YERUSHALAIM: nous aimerions
toucher plus largement les prêtres, pasteurs, rabbins, responsables de
communauté, et toutes personnes qui seraient susceptibles de s'intéresser au
dialogue entre Juifs et Chrétiens.
Abonnez un ami, ou une connaissance, à YERUSHALAIM pendant un an
et ce, pour le coût à votre charge de 10 euros seulement, en sus de votre cotisation.
La personne recevra le prochain numéro avec une lettre de votre part, et sera
destinataire gratuitement de tous les numéros de l'année en cours.
Autre possibilité (sans frais pour vous): Envoyez-nous les noms et
adresses de personnes qui, à votre connaissance, pourraient être intéressées à lire la
revue. Nous enverrons à chacun d’eux trois numéros anciens avec une proposition
pour la recevoir gratuitement jusque fin d'année, pour essai.
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DES LIVRES . . .
A l'écoute d'Israël, en Eglise
Frère Pierre Lenhardt
Les articles rassemblés dans ce livre ont été écrits à l'écoute de la tradition religieuse, d’origine pharisienne, dont le peuple
juif, avec toutes ses difficultés et dans ses multiples tendances, ne peut se séparer.
L'Eglise respecte la diversité de ce peuple, du "peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance qui n'a jamais été révoquée" comme l'a
exprimé le pape Jean-Paul II’. Tout particulièrement depuis le Concile Vatican II, l’Eglise catholique recommande l’étude du
Judaïsme. De fait, l'écoute d'Israël s’impose à tout chrétien conscient de la valeur universelle qu'a l'humanité juive de JésusChrist.
Ce livre essaie de manifester la continuité de l'Ancien et du Nouveau, de l’Alliance Une et Unique, devenue Nouvelle et
Eternelle en Jésus-Christ. Les sources juives sont citées et étudiées avec ce qu'elles ont de difficile et de déroutant pour qui
les rencontre de l'extérieur. La récompense du dépaysement est 'la joie de la Torah'' joie bien connue des juifs, joie
communicative que le chrétien éprouve quand il saisit l'unité de la Parole orale et écrite de Dieu, sa perfection et sa
cohérence.
Le livre fait entendre de multiples résonances entre les deux Testaments, entre l'interprétation juive et l'interprétation
chrétienne des Ecritures, entre la prière juive et la prière chrétienne. Les messages s'éclairent mutuellement; ils montrent au
lecteur un chemin possible vers plus de lumière.
Il est bien inutile de présenter notre ami Pierre LENHARDT aux lecteurs de YERUSHLAIM et aux anciens "pélerins" des
voyages CŒUR. Nous avons toujours hautement apprécié en lui la profondeur de sa connaissance du judaïsme,
connaissance qui s'accompagne d'une estime évidente. Pierre Lehnardt a de plus l'immense qualité de savoir faire partager
ses convictions, dans le plus grand respect de chacun.
Né à Strasbourg en 1927, il a grandi au Maroc, y a fait ses études secondaires, puis a achevé en France ses études
supérieures avec le diplôme de l' Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC) obtenu en 1950.
Après 10 ans de vie professionnelle, il a trouvé chez les Religieux de Notre Dame de Sion, en 1963, l'engagement qu'il
souhaitait. Il a obtenu à l'Institut Catholique de Paris la maîtrise de Philosophie et la maîtrise de Théologie ainsi qu'un diplôme
de langues anciennes. Il a ensuite poursuivi ses études pendant 7 ans à l'Université Hébraïque de Jérusalem, et y a obtenu
en 1976 la licence d'enseignement de Talmud.
Il a enseigné à Jérusalem, au Centre Chrétien d'Etudes Juives (Saint Pierre de Sion-Ratisbonne) qu’il a dirigé dans ses
débuts. Il a également enseigné aux Instituts Catholiques de Paris et de Lyon, à l'Ecole Biblique de Jérusalem et à l'Institut für
Kirche und Judentum de Berlin.
Pierre LEHNARDT est l'auteur de nombreux articles et de deux livres publiés en allemand à Berlin sur les difficultés du
dialogue entre juifs et chrétiens et sur Rabbi Aqiba. Il continue à enseigner à Paris, à Lyon, à Jérusalem et au Brésil.
Inutile de souligner que nous recommandons vivement à nos lecteurs la lecture de l'ouvrage qu'il vient de publier
A l'écoute d'Israël, en Eglise - Editions "Parole et Silence" 2006
---------------------------------------------------------------------------------------------
Profession rabbin
par Daniel Fahri
Daniel Fahri est rabbin et fondateur du Mouvement juif libéral de France. Il est la figure emblématique de ce courant qui
entend conjuguer fidélité et modernité, défendant un judaïsme à l'avant-garde de l'engagement humaniste.
Interrogé par la philosophe Gwendoline Jarczyk, Daniel Fahri livre ici ses analyses, ses espoirs, ses propositions de rabbin à
la fois enraciné dans sa tradition et ouvert sur le monde. Il évoque à cette occasion le dialogue avec les musulmans et les
chrétiens auquel il est très attaché.
Profession rabbin - Editions Albin Michel 2006
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page 29
DES LIVRES . . . (suite)
Antisionisme: le nouvel antisémitisme
par Paul Giniewski. (Editions "Cheminements" 2005)
Ce livre est un "pavé dans la mare" qui est présenté comme suit sous la plume de F.Lovsky dans "Réforme":
L'antisémitisme est-il une nouvelle forme d'antisémitisme ? L'enquête fouillée de l'auteur prouve que trop souvent la
réponse est affirmative. Que ceux qui n'en sont pas persuadés lisent son livre. Il est accablant: la haine politique
antisioniste est devenue "un nouveau gaz Zyklon B".
Ecrivain passionné, parfois passionnant, Paul Giniewski accumule des preuves irréfutables et déconcertantes. Ce cri
d'alarme doit être entendu., d'autant plus que nombre d'accusations qu'il dénonce ont une ascendance dans la chrétienté.
Loyalement, mais au risque d'affaiblir sa démonstration auprès de ceux qui ne partagent pas son flamboyant
patriotisme juif, Paul Giniewski termine par des considérations politiques d'actualité. Elles ne doivent pas permettre
d'ignorer l'essentiel de ce livre informé qui veut alerter les consciences à propos de la haine "perfectionnée" au nouveau
visage.
Quand l'auteur observe qu'on dit désormais "sioniste", mais qu'on pense "juif", il faut s'interroger.
-------------------------------------------------------------------De son côté la revue "Foi et Vie" a publié un commentaire sous la plume de Bernard KELLER dont nous extrayons
quelques phrases significatives.
Dès le début des années 1970, Paul Giniewski commençait un combat. Sur sa bannière: « Israël (entendez l'État),
Juif des nations ». Le nouvel antisémitisme du titre de son dernier livre est explicité, s'il en est besoin, par cette citation de
la page 279:« De la manière dont on traitait les Juifs jadis et naguère, on traite l'État juif aujourd'hui. »
Documentée par une attention sourcilleuse, restée vive pendant des décennies, cette véritable somme analyse la
mutation de l'antique virus antijuif en antisionisme. L'enseignement de la haine, la démonisation et la négation d'Israël par
l'éducation et les médias du monde arabo-musulman vont gauchir la perception de l'Etat juif par l'Europe ... et donner à la
chrétienté contemporaine la tentation de renouer avec l'ancienne théologie. L'auteur montre la propagation du virus
mutant à travers toute la communauté internationale.
Sous le titre « Israël contre Israël », s'ouvre ensuite un chapitre qui n'aurait pas pu être écrit il y a quarante ans. La
vision qu'il. donne des Israéliens est celle d'un peuple fatigué de la guerre qui « déboulonne Massada ». Il juge avec
sévérité - et passion - les hommes politiques et les organisations pacifistes d'Israël.
Vaincre l'antisionisme ? L'auteur pense que son livre doit y aider même s'il faudra du temps pour sortir d'un combat
dont l'issue reste incertaine ... dans la perspective d'un (éventuel ? ndlr) second Auschwitz au Proche-Orient.
-------------------------------------------------------------------Autres ouvrages de l'auteur encore disponibles en librairie:
• Préhistoire de l'Etat d'Israël
(Editions France-Empire1997) .
• Simone Weil, ou la haine de soi. ( Editions Berg international 1978)
• L'antijudaïsme chrétien: la mutation (Editions Salvator 2000). Dans ce livre, l'auteur analyse les évolutions
perceptibles dans les milieux chrétiens vis-à-vis du judaïsme.
-------------------------------------------------------------------Nous partageons d'autre part la satisfaction de l'auteur qui vient d'être relaxé par la Cour Européenne des Droits de
l'Homme d'une accusation portée par une association proche des milieux intégristes, l'AGRIF, pour "diffamation raciale
envers la communauté chrétienne". L'accusation visait en particulier la phrase qui suit, publiée dans un de ses articles:
"De nombreux chrétiens ont reconnu que l'antijudaïsme des Ecritures chrétiennes et la doctrine de l'accomplissement de
l'Ancienne Alliance par la Nouvelle conduisent à l'antisémitisme et ont formé terrain où a germé l'idée et
l'accomplissement d'Auschwitz".
Nous avons déjà pris nettement position dans ce débat en jugeant non-chrétiennes les doctrines dites de "la
substitution et du rejet", lesquelles résultent à notre avis, non du contenu intrinsèque du Nouveau Testament, mais d'une
lecture erronée de certains de ses passages par les chrétiens pendant de nombreux siècles., et malheureusement
jusqu'aujourd'hui.
Paul Giniewski a dû aller jusqu'en Cours Européenne pour obtenir justice, et la France a alors été condamnée en
raison de jugements précédents pour "violation du droit à la liberté d'expression" !
page 30 - Yerushalaim n°44
COLLOQUE "EGLISE ET ISRAËL"
LES PROTESTANTS FACE AU JUDAÏSME
L'Union de Prière de Charmes annonce la tenue de ce colloque
qui aura lieu à Paris-Montmartre (Maison d'accueil Ephrem) du 21 au 23 septembre 2006.
Ce colloque a pour but d'assurer une plus large diffusion à un document appelé « Eglise et Israël » qui a été établi par les
Eglises Protestantes d'Europe réunies dans l'organisme appelé "Concorde de Leuenberg".(ndlr: voir YERUSHALAIM n°32 - mai 2003)
Ce document, adopté unanimement par l'Assemblée de Belfast 2001, représente le premier texte de consensus sur le
rapport entre les chrétiens et les Juifs au niveau du protestantisme européen.
Cette étude comporte trois parties :
1. - Historique : éclaircir les développements dans l'histoire ecclésiale, depuis l'époque du Nouveau Testament jusqu'à nos jours,
du rapport des diverses églises européennes aux Juifs.
2. - Dogmatique : couvrir le déficit actuel dans la clarification théologique de la doctrine.
3. - Pratique : présenter les conséquences pratiques pour l'action de l'église et la responsabilité commune des Juifs et des
chrétiens envers le monde.
Dans la conclusion, les églises de la Concorde de Leuenberg reconnaissent leur culpabilité, demandent le pardon et expriment leur
espoir pour de nouveaux chemins. (Texte disponible sur: http://lkg.jalb.de/lkg/jsp/document.jsp? News_id=10&lang=fr&side_id=36°)
Pourquoi ce colloque ?
Le problème n'est pas nouveau : Comment diffuser vers l'ensemble des fidèles les grands textes issus des instances de nos
églises ? Une réponse est possible, dans nos églises, en s'appuyant sur tous ceux qui exercent un ministère et se trouvent ainsi à
la charnière entre la réalité locale et les lieux de réflexion et de décision.
Ce colloque s'adresse donc d'abord (mais pas seulement !) aux ministres de nos églises issues de la Réforme des pays
francophones. Notre désir est qu'à leur tour, à partir du document de Leuenberg, les membres de nos églises puissent être informés et
sensibilisés.
Nous pensons aussi que les chrétiens ne peuvent se passer de la réflexion théologique quand il s'agit d'aborder toutes les
problématiques tournant autour du judaïsme et d'Israël.
Intervenants annoncés:
Madame E. PARMENTIER
présidente de la Communion d'Eglises Protestantes en Europe. (Concorde de Leuenberg)
Pasteur Alain MASSINIi,
président de la commission "Chrétiens et Juifs" de la Fédération protestante de France
Professeur J.JOOSTEN
président de la Commission Protestante de dialogue avec le Judaïsme
Professeur P.TOMSON
auteur de "Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur relation au judaïsme" (Cerf 2003)
Cardinal LUSTIGER
qui interviendra sur le sujet: "Un regard catholique sur le texte de Leuenberg"
Rabbin Rivon KRYGIER .
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Ce colloque est largement ouvert au public chrétien, mais l'inscription est indispensable
(frais 20 €) logement et repas possibles sur place en sus.
Conférence publique au Temple de l'Oratoire le vendredi 21 à 20h30 avec Me E.Parmentier et M.le rabbin R.Krygier.
Union de Prière - 19, rue de la calade - 07800 CHARMES SUR RHONE (Email: [email protected])
Vivez un mois à Jérusalem une inoubliable expérience
Session biblique pour chrétiens de toute confession
organisée par la congrégation Notre Dame de Sion et la Communauté du Chemin Neuf
Du 23 juillet au 20 août 2006
● visiter la Terre Sainte sans précipitation ● lire la Bible et retrouver les sources de la foi ● rencontrer les habitants
dans un climat fraternel de rencontre de partage et de prière
Excursions - Rencontres - Enseignements
Lieu de résidence : Maison de l'Ecce Homo, Via dolorosa, au cœur de la vieille ville de Jérusalem
Renseignements inscriptions: Jean-Pierre Nave 10 cours Jean Jaurès 91280 Saint Pierre du Perray
Tél: 01 60 75 17 10
Coût annoncé: 1880 € en chambre double (couple) / 2000 € en chambre simple (billet d'avion en plus: comptez environ 500 euros).
Autre session programmée en 2006: la session d’automne du 17.09 au 15.10
Yerushalaim n°44 -
page 31
Fêtes juives et lectures juives des Écritures
LES FETES DE L'ANNEE 5766
Roch-Hachanah
4-5/10/2005
Jeûne d’Esther
13/03/2006
Yom Yerouchalaim
26/05/2006
Yom Kippour
13/10/2005
Pourim
14/03/2006
Chavouot
2-3/06/2006
Soukkot
18-19/10/2005
Pessah
13-14/04/2006
Jeûne 17 tamouz
13/07/2006
Sim’hat Tora
26/10/2005
Yom Ha Shoah
25/04/2006
Jeûne 9 Av
3/08/2006
Hannouka
26/12/2005
Yom Haatsmaout
3/05/2006
Roch Hachanah
23-24/09/2006
LES LECTURES
Paracha
Haftara
Date
Livre du Lévitique - VA YICRA : ET IL APPELA
Va-Yicra
1,1 - 5,26
Et il appela
Isaïe 43,21 - 44,23
1.04.2006
Tsav
6,1 - 8,36
Ordonne !
Jérémie 7,21 - 8,3 ; 9,22-23
8.04/2006
Chémini
9,1-11,47
Dans le huitième jour
2 Samuel 6,1 - 7,17 ( 6, 1 - 19)
22/04/2006
Tazria
12,1-13,59
La femme qui concevra
2 Rois 4,42 - 5,19
29/04/2005
Metsora
14,1- 15,33
Le lépreux *
2 Rois 7, 3-20
29/04/2006
Aharé mot
16,1- 18,30
Après la mort
Ezéchiel 22,1-19 (1-16)
6/05/2006
Qedochim
19,1- 20,27
Soyez saints
Amos 9,7-15 b (Ezéchiel 20,2-20)
6/05/2006
Emor
21,1-24,23
Parle aux prêtres
Ezéchiel 44,15-31
13/05/2006
Be-Har
25,1-26,2
Au mont Sinaï
Jérémie 32,6-27
20/05/2006
Be-Houqqetaï
26,3-27,34
Selon mes décrets
Jérémie 16,19 - 17,14
20/05/2006
Bé-Midbar
1,1 - 4,20
Dans le désert
Osée 2,1 - 22
27/05/2006
Livre de Nombres - BE- MIDBAR : DANS LE DÉSERT 10/06/2006
Nasso
4,21 - 7,89
Recense les fils
Juges 13, - 25
10/06/2006
Bé-Haalotekha
8,1 - 12,16
Quand tu feras monter
Zacharie 2,14 - 4,7
17/06/2006
Chelah lekha
13,1 - 15,41
Envoie pour toi
Josué 2, 1 - 24
24/06/2006
Qorah
16,1 - 18,32
Coré
1 Samuel 11,14 - 12,22
1/07/2006
Houqqat
19,1 - 22,1
Le décret divin
Juges 11,1 - 33
8/07/2006
Balaq
22,2 - 25,9
Balak
Michée 5,6 - 6,8
8/07/2006
Pinhas
25,10 - 30,1
Pinhas
1 Rois 18,46 - 19,21
15/07/2006
Mattot
30,2 - 32,42
Chefs de tribus
Jérémie 1,1 - 2,3
22/07/2006
Massé
33,1 - 36,13
Les déplacements
Jérémie 2, 4-28 3,4 (2,4 - 28 4,1 - 2)
22/07/2006
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page 32 - Yerushalaim n°44
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