Virologie, Vol. 10, n° 2, mars-avril 2006
brèves
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Vaccin contre le virus de l’hépatite C :
une nouvelle approche utilisant des vecteurs
adénoviraux ?
Le virus de l’hépatite C (VHC) infecte environ 200 millions de personnes, soit environ
3 % de la population mondiale. Au moins un tiers des sujets infectés ignorent leur
statut sérologique. En France, 600 000 personnes seraient porteuses du VHC, soit 1 %
de la population, avec 5 000 nouvelles contaminations par an.
Combattre l’hépatite est un défi médical de par les caractéristiques génétiques du VHC
qui lui confèrent une capacité à l’échappement immunitaire et thérapeutique. En effet,
la variabilité génétique du VHC est liée à un taux d’erreurs élevé commises par l’ARN
polymérase au cours de la réplication et à son absence de correction. Les variants ainsi
produits sont continuellement sélectionnés par l’environnement au sein duquel le virus
se réplique. Ces produits sont à l’origine de la distribution en « quasi-espèces » du
VHC, qui circule sous forme d’un mélange complexe.
De par le nombre de personnes touchées, des conséquences cliniques et de ses capa-
cités d’échappement, le VHC est un sérieux problème de santé publique qui impose
une stratégie thérapeutique à la fois curative et préventive adaptée.
Plusieurs idées de vaccins ont fait l’objet de travaux de recherche. La stratégie de
vaccins visant à entraîner une réponse de type humorale seule s’avère controversée
pour éradiquer l’infection par le VHC. En effet, la réponse immunitaire humorale est
beaucoup trop antigène-spécifi que pour un virus avec une telle variabilité génétique.
L’équipe du Pr Nicosia s’est donc tournée vers un modèle de vaccin induisant une
réponse immunitaire de type T cellulaire.
La réponse immunitaire T cellulaire est beaucoup moins stricte qu’une réponse de type
humorale car une certaine variabilité dans la composition de l’épitope est tolérée, ce
qui permet d’obtenir des réactions croisées. C’est sur ce concept que repose le raison-
nement du vaccin de l’équipe italienne [1].
La région retenue pour générer l’immunisation est la région non structurale NS (NS3-
NS5B), qui représente à elle seule les deux tiers du génome du VHC et code cinq
protéines : NS3, NS4A, NS4B, NS5A, NS5B, soit 2 000 acides aminés, ce qui permet
de générer un grand nombre d’épitopes.
Le vaccin est constitué d’un plasmide NSmut codant pour la région NS3-NS5B de la
souche de VHC BK (génotype 1b) et d’un vecteur adénoviral (Ad) humain de première
génération, de deux sérotypes différents (6 et 24), dépourvu de la protéine E1. L’utili-
sation séquentielle de deux vecteurs de sérotypes différents permet d’obtenir un effet
amplifi é de l’immunisation contre le VHC en évitant une réponse immunitaire spéci-
fi que à l’adénovirus.
Le schéma de vaccination se décompose en six injections : deux aux semaines 0 et 4
de MRKAd6NSmut, une à la semaine 25 d’Ad24NSmut et trois du plasmide NSmut
seul aux semaines 35, 37 et 39, accompagnées d’un traitement électrique qui permet
une meilleure transduction musculaire du plasmide. Un test d’infection est réalisé à la
semaine 49 avec la souche hétérologue H77 (génotype 1a) du VHC [2].
Au total, 10 chimpanzés ont été suivis : 5 ont reçu le plasmide NSmut et 5 témoins ont
reçu, selon le même schéma, un plasmide témoin codant pour l’antigène gag du VIH1
Mots clés :
vaccine, virus de l’hépatite C,
vecteur adenoviral
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