Economic Research
Focus on the Belgian economy
Prévisions pour l’économie belge
2008 2009
PIB (1)
Emploi (1)
Taux de chômage (2)
Inflation (3)
1,1
1,6
7,1
4,5
-2,7
-0,6
8,0
0,6
(1) Moyenne annuelle - YoY
(2) Moyenne annuelle -Définition Eurostat (harmonisé)
(3) Indice des prix à la consommation
Les indicateurs avancés de l’OCDE
s’écrasent…
-10
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
jan-05 jul-05 jan-06 jul-06 jan-07 jul-07 jan-08 jul-08
Eurozone United States Belgium
Source: Thomson Financial Datastream
La crise économique qui frappe l’économie mondiale est
certainement la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Le
dernier trimestre de 2008 s’est par ailleurs soldé en Belgique par une
contraction record de l’activité de pas moins de 1,7%.
Les premières statistiques disponibles pour cette année montrent
une dégradation supplémentaire de la situation économique.
La récession mondiale et les pertes de part de marché à
l’exportation au cours des dernières années affecteront le
commerce extérieur belge, dont la contribution nette à la croissance
sera négative en 2009, tout comme au cours des deux années
précédentes.
Malgré une hausse du pouvoir d’achat des ménages cette année, la
demande intérieure ne sera pas en mesure de compenser les
mauvaises performances du commerce extérieur. Privilégiant la
hausse de leur taux d’épargne, les ménages contracteront leurs
dépenses de consommation de l’ordre de 0,7% en 2009. De leur côté,
faisant face à des capacités excédentaires et à une demande en
baisse, les entreprises réduiront leurs investissements de 5,8%.
Seules les dépenses publiques amortiront le choc, mais au prix d’un
retour de l’effet boule de neige sur la dette publique dès cette
année. En l’absence de réformes structurelles, on ne peut que
confirmer les scénarios alarmistes du Conseil supérieur des
Finances.
Compte tenu de la faible activité, l’emploi devrait se contracter de
plus de 65.000 unités cette année, et le taux de chômage harmonisé
pourrait atteindre 8.0% en moyenne en 2009.
Les seuls points positifs dans ce tableau sombre sont d’une part
l’évolution des prix qui devrait écarter pour le moment un scénario
de déflation en Belgique. L’inflation sera néanmoins très contenue
en 2009, de l’ordre de 0,6%. D’autre part une lente reprise devrait
s’amorcer en 2010, grâce aux effets positifs des plans de relance au
niveau mondial. Le marché du travail souffrira néanmoins encore des
effets de la crise. Au total, la croissance en Belgique sera limitée à
0,2% l’année prochaine.
L’économie belge en
terrain inconnu !
Philippe Ledent
Economic Research, ING Belgique
Bruxelles (32) 2 547 31 61
A
vril 2009
http://www.ingwholesalebanking.com Bloomberg: ING <GO>
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Focus on the Belgian economy
On l’a suffisamment répété, la crise qui touche l’économie mondiale est tout à fait exceptionnelle. La
combinaison d’une crise financière et d’une crise économique plongent les économies dans une
récession d’ampleur inconnue depuis la seconde guerre mondiale. La Belgique, petite économie très
ouverte, tant sur le plan commercial que financier, n’échappe évidemment pas aux problèmes de
l’économie mondiale. Bien que le choc soit d’une ampleur inédite, nous restons cependant convaincus
que l’économie mondiale, et belge en particulier, ne devrait pas entrer en dépression.
1. Les six derniers mois ont été éprouvants.
L’économie belge, qui n’avait pas encore connu de contraction de son activité jusqu’en septembre, a
subi un atterrissage brutal au dernier trimestre (contraction de 1,7% QoQ), à l’image de la chute de
l’indicateur de confiance des entrepreneurs belge (Graphique 1). Cette baisse est due principalement à
une contribution négative du commerce extérieur (-1,1 point de pourcentage) et des stocks (-0,4 point).
On notera cependant que la consommation s’est également réduite de 0,4% QoQ au dernier trimestre de
2008, de même que les investissements des entreprises et des ménages (voir tableau 1).
Gr 1 La croissance belge est largement passée
dans le rouge Tableau 1. Croissance du PIB et de ses principales
composantes (QoQ, en %)
-1.5%
-1.0%
-0.5%
0.0%
0.5%
1.0%
1.5%
2.0%
2.5%
3.0%
3.5%
04 05 06 07 08 09 -35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
10
Croissance PIB (YoY - lhs) Courbe synthétique BNB (rhs)
2008 Q2 2008 Q3 2008 Q4
Consommation privée 0,1 0,0 -0,4
Consommation publique 0,4 0,4 1,0
FBCF 1,1 -0,6 -0,6
dont entreprises 1,5 -1,0 -0,4
Demande intérieure (hors stock) 0,4 -0,1 -0,4
Exportations nettes (1) -0,3 -0,6 -1,0
PIB 0,3 0,1 -1,7
(1) contribution à la croissance
Source: ICN et Belgostat Source: ICN
En tout début d’année 2009, de nouveaux éléments ont par ailleurs encore dégradé le contexte
économique mondial :
- D’une part, une nouvelle vague a frappé le monde financier lors de la publication des comptes
trimestriels des institutions financières pour le quatrième trimestre de 2008. Les dépréciations
d’actifs ont dégradé les bilans de nombreuses entreprises, ce qui a nécessité de nouvelles
interventions des autorités. Parallèlement, la réappréciation globale des risques freine l’accès au
crédit et rend les marchés financiers nerveux.
- D’autres part, les pays d’Europe de l’Est, dont les devises ont été mises sous pression, semblent du
moins pour certains d’entre eux, particulièrement fragiles face à la crise économique et financière.
Ceci n’est pas anodin compte tenu du fait que ces pays représentent des partenaires commerciaux
de choix pour les pays de la zone Euro. Ce ne sont pas moins de 25% des exportations hors zone
euro qui leur sont destinées, ce qui représente quand même 3 à 4 % du PIB de la zone euro. Par
ailleurs, l’exposition de banques européennes dans ces pays pourrait fournir un canal de contagion
vers les pays de la zone euro. D’une manière générale, la plus grande fragilité affichée par les pays
émergents constitue un risque pour le contexte économique mondial.
- Enfin, les incertitudes quant à la capacité des plans de relance à produire les effets escomptés se
sont encore renforcées. Certes, les interventions sont à la mesure de la crise, mais elles posent
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Focus on the Belgian economy
aussi autant de nouveaux défis pour les états : augmentation drastique des ratios d’endettement,
tension sur la cohésion de la zone euro, capacité à faire face au vieillissement de la population,…
Ces éléments nous ont poussés à réviser nos perspectives de croissance pour l’économie belge à la
baisse. La récession sera certainement plus profonde que prévu initialement, mais surtout, la reprise ne
devrait pas intervenir avant l’année prochaine, bien que le rythme de contraction devrait ralentir
fortement à partir du troisième trimestre. Cette révision de notre scénario se fonde sur deux éléments
fondamentaux, exposés dans les deux sections suivantes : d’une part, le commerce international souffre
particulièrement de la crise actuelle. Or l’économie belge est fortement tributaire de celui-ci. D’autre part,
la demande intérieure n’offrira pas un moteur suffisant à la croissance économique.
2. Commerce extérieur : la plus grande crainte
La Belgique est caractérisée par un degré d’ouverture particulièrement élevé. Les échanges
commerciaux fondent donc une bonne part de notre activité. Or le ralentissement mondial provoque une
contraction très nette des échanges mondiaux. Certes, la grande majorité de nos exportations partent en
direction des pays de la zone euro (75% environs dans le cas du commerce de marchandises) et de nos
voisins en particulier (50% vers l’Allemagne, la France et les Pays-Bas). Ceci ne représente pas une
protection : les perspectives économiques de ces marchés sont pessimistes, notamment parce que le
commerce extérieur de ces pays (auquel nous participons indirectement) ne contribuera plus à la
croissance. C’est particulièrement le cas des exportations allemandes, auquelles nos exportation sont
fortement liées (graphique 2).
On a pu également observer au cours des dernières années une dégradation des parts de marchés à
l’exportation de l’économie belge, ce qui devrait encore renforcer les effets de la crise économique sur
nos exportations.
Gr 2 Les exportations belges sont
fortement liées aux exportations allemandes Gr 3 Les carnets de commandes
à l’exportation se vident
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
Belgique: Exportations de biens (YoY)
Allemagne: exportations de biens (YoY)
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
04 05 06 07 08 09
Carnet de commandes à l'export. (mcr)
Source: Thomson Financial Datastream Source: Belgostat
Ces perspectives sont confirmées dans les enquêtes de conjoncture de la BNB (graphique 3). Dans le
secteur industriel, l’appréciation du carnet de commandes à l’exportation, qui s’était pourtant bien
maintenu jusqu’à la mi-2008, atteint à présent un niveau particulièrement faible et inférieur au précédent
record de 1993.
Par conséquent, les exportations qui ont encore augmenté de 2,2% en 2008 (après une augmentation
de 3,9% en 2007), principalement en raison des bons chiffres du début de l’année passée, devraient se
replier de 8,3% cette année. Sachant par ailleurs que les importations, fortement liées à l’évolution des
exportations elles-mêmes, mais aussi à l’évolution de la demande intérieure (voir infra), devraient se
contracter de 7,2% cette année, la contribution nette du commerce extérieur s’avèrera aussi négative
4
Focus on the Belgian economy
cette année, tout comme l’année dernière. En 2010, à la faveur d’une timide reprise de la croissance
mondiale grâce aux plans de relance implémentés dans l’ensemble de l’économie mondiale, les
exportations pourraient retrouver une croissance positive, de l’ordre de 0,5%. La contribution nette du
commerce extérieur devrait en profiter et s’avérer légèrement positive.
3. La demande intérieure vacille…et une contraction de l’activité est inévitable
Toute compensation au manque d’activité lié au commerce international devrait donc venir de la
demande intérieure. A première vue, la consommation des ménages aurait pu soutenir la demande
intérieure, grâce aux mesures prises par le gouvernement dans le cadre du plan de relance, à la baisse
des prix des matières premières et à l’indexation automatique des salaires suite à la poussée d’inflation
en 2008. Il n’en sera pourtant rien, en raison de plusieurs éléments ayant un impact très négatif sur la
consommation :
- Tout d’abord, l’évolution du marché de l’emploi sera très défavorable, ce qui ralentit la progression
du revenu disponible des ménages (voir ci-dessous).
- De plus, bien que l’effet richesse lié à l’évolution du patrimoine immobilier et financier des ménages
soit moins important dans les pays européens qu’aux Etats-Unis, l’ampleur de la débacle des
marchés financiers (estimée à 150 milliards d’euros pour les épargnants belges par la BNB) devrait
avoir un impact plus important que par le passé.
- Enfin, le moral des ménages demeure très mauvais (graphique 4). Les craintes des consommateurs
se focalisent notamment sur le marché de l’emploi. Or on sait que les incertitudes quant à l’avenir
pousse les ménages à renforce leur épargne de précaution. La hausse attendue du revenu
disponible des ménages qui devrait atteindre 2,0% compte tenu des hausses de salaires décidées
dans le cadre de l’AIP et les indexations passées des salaires devrait donc se traduire par une
hausse du taux d’épargne et non par une hausse des dépenses de consommation.
Par conséquent, nous nous attendons à une contraction de la consommation des ménages de 0,7%
cette année. Par contre, après avoir atteint un minimum de 12,9% en 2008, le taux d’épargne devrait se
relever à 14,2% (graphique 5). En 2010, la situation devrait évoluer différemment. L’impact de la crise
sur le marché de l’emploi continuera de se faire sentir, alors que l’indexation des salaires sera plus faible
compte tenu de la faiblesse de l’inflation prévue cette année. Par contre, les premiers éléments de
reprises devraient être tangibles, si bien que le moral des consommateurs se relèvera peu à peu,
stimulant quelque peu la consommation. Elle devrait progresser de 0,3%, au prix d’une nouvelle baisse
du taux d’épargne (13,5%).
5
Focus on the Belgian economy
Gr 4 Le moral des ménages est au plus bas… Gr 5 …ce qui les incitera à augmenter leur taux
d’épargne
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
04 05 06 07 08 09
Situation économique future Chômage futur
Capaci futue d'épargne
10%
11%
12%
13%
14%
15%
16%
17%
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Source: Belgostat Source: INC et Belgostat. Calculs et prévision : ING
Les mêmes éléments pèseront sur l’investissement en logement des ménages, qui devrait également
connaître une contraction, du moins cette année. L’évolution des permis de bâtir, qui est un bon
indicateur avancé des mises en chantier, confirme par ailleurs une activité moindre dans le secteur de la
construction (graphique 6). Cela dit, rappelons que ce secteur a été privilégié dans la confection du plan
de relance décidé en décembre dernier. La réduction de la TVA sur 50 000 euros du coût de la
construction devrait éviter que l’activité ne recule trop, du moins temporairement. Il faudra par contre que
l’efficacité de cette mesure se confirme dans le temps. Nous prévoyons une contraction de
l’investissement en logement des ménages de 3,2% cette année. En 2010, la situation économique nous
semble encore trop fragile pour anticiper une nette reprise de ce poste de la demande. En conséquence,
l’investissement devrait encore reculer de 1,0%.
L’investissement des entreprises subira une correction beaucoup plus forte dans les deux prochaines
années. Rappelons d’abord que le taux d’investissement (calculé comme le rapport entre
l’investissement productif et le PIB) a atteint des sommets au cours des dernières années : il est passé
de 12% en 2004 à plus de 15% en 2008. Pour cette année, les entreprises devraient nettement réduire
leurs investissements. En effet, les perspectives de demandes sont au plus bas, et ce dans tous les
secteurs de l’économie. Par ailleurs, dans le secteur industriel, le taux d’utilisation des capacités de
production s’est fortement réduit : alors qu’il atteignait encore 82,5% il y a 6 mois, il n’est plus que de
75,4% en février. De plus, dans le cadre d’une réappréciation globale du risque, les conditions de
financement pour les entreprises vont rester relativement tendue. On notera à ce sujet qu’il n’est pour le
moment pas question d’un credit crunch au niveau belge. Les dernières enquêtes MIR montrent toujours
une progression de plus de 15% sur un an en février des montants octroyés aux entreprises. Et même si
en rythme mensuel, l’octroi de crédit est en baisse, une récente étude menée par la Banque nationale
montre que la raison en est tant une diminution de l’offre de crédit qu’une diminution de la demande. Il
faut donc davantage parler d’une sélection plus stricte des projets d’investissements, mais non d’un arrêt
du crédit ! La faiblesse actuelle des prix de l’énergie devrait également jouer un rôle négatif sur le taux
d’investissement des entreprises: les investissements permettant l’économie d’énergie ou l’avènement
d’énergie alternatives devraient être posposés. C’est pourquoi nous anticipons une baisse des
investissements de 5,8% cette année et de 1,7% en 2010, ce qui devrait ramener le taux
d’investissement à 14% à l’horizon de 2010.
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