LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET LA
[
BIPOLARISATION DU MONDE
]
15 novembre 2013
SANGO MATHIAS AMOS http://georepere.e-monsite.com
Chap. 4
L’AFRIQUE ET LE CAMEROUN DANS LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
- Montrer le rôle joué par l’Afrique et le Cameroun dans la guerre ;
- Faire ressortir l’influence de la guerre sur l’évolution politique de l’Afrique et du
Cameroun.
INTRODUCTION
En 1939, date du début de la Seconde Guerre Mondiale, l’Afrique est sous l’emprise quasi-
totale des forces alliées. En effet, les colonies jadis appartenant à l’Allemagne et à l’Empire
ottoman, ont é placées sous mandat de la S.D.N. et leurs administrations confiées à la
France et à la Grande-Bretagne. L’Italie, en ce moment, était dans le camp des vainqueurs de
la Première Guerre Mondiale. Seulement, déçue par les accords de paix signés entre 1919 et
1922 et frappée durement par la crise économique de 1929, elle finit par se rapprocher de
l’Allemagne en signant le 22 mai 1939 le « pacte d’acier », alliance défensive et offensive.
Ainsi, lorsque débute la guerre mondiale en 1939, l’Axe est présente sur le sol africain à
travers les colonies italiennes de Somalie (constituée en 1905), de Libye (créée en 1934),
l’Ethiopie (constituée en 1936) et l’Erythrée (devenue colonie en 1890). Celles-ci forment,
exception faite de la Libye, l’Afrique-Orientale italienne.
A première vue donc, il était plus probable que l’Afrique fût épargnée par cette nouvelle
guerre. Il en n’en fut rien pour au moins deux raisons : la première tient à la présence des
forces de l’Axe sur le sol africain, à proximité des forces britanniques d’Egypte-une
confrontation était donc inévitable. La seconde résulte de la défaite française contre
l’Allemagne en 1940, l’armistice qui s’en suivit avec pour corollaire l’établissement à Vichy
d’un gouvernement de collaboration ; cette conjonction de faits a fondé l’appel du 18 juin
1940 destiné entre autres aux gouverneurs des colonies pour les inviter à rejeter l’armistice.
Ainsi, l’Afrique a-t-elle pris activement part à la guerre et celle-ci n’a pas manqué de faire
évoluer son statut politique.
I- L’AFRIQUE : CONVOITISE ET THEATRE D’ORGANISATION (OU PLAQUE
TOURNANTE) DE LA RESISTANCE FRANCAISE
L’Afrique a été le ferment de la résistance de la France à l’occupation allemande. De fait,
l’acte de résistance naît en Angleterre, autour du général de Gaulle, sous-secrétaire d’Etat à la
guerre, envoyé en mission auprès du Premier ministre Churchill par Paul Reynaud. Le général
de Gaulle rentre en France le 16 juin 1940 pour apprendre la démission du gouvernement
auquel il appartenait, l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain et la demande d’armistice.
Il repart aussitôt pour Londres où, grâce à Churchill, il peut lancer le 18 juin, à la radio
britannique, un appel à la résistance. En fait, cet appel s’adresse aux chefs militaires et aux
gouverneurs des colonies pour les inviter à rejeter l’armistice et à rejoindre Londres se
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trouvent des troupes françaises rapatriées de Dunkerque. Mais, contrairement aux espoirs du
général de Gaulle et de Churchill, aucun des grands chefs de l’Empire, aucun homme
politique de premier plan ne répond à l’appel du 18 juin. Dès lors, Churchill accepte de
reconnaitre le général de Gaulle comme chef des français qui combattent les allemands. Mais,
celui-ci n’a guère d’audience ni d’indépendance. La plupart des soldats français qui se
trouvent en Angleterre refusent de se rallier et demandent à être rapatriés en France. D’autre
part, il n’a d’existence que grâce aux britanniques qui l’accueillent sur leur territoire, lui
donnent accès à la B.B.C. et financent ses activités. Néanmoins, la « France libre », nom
officiel du mouvement gaulliste, place à sa tête un Comité National Français qui se dote
d’organes gouvernementaux, enregistre le ralliement de certaines colonies d’Afrique
Equatoriale à, la suite du Tchad que le gouverneur Félix Eboué entraine derrière le général de
Gaulle, et, grâce au ralliement
1
de petits contingents coloniaux, telle l’unité du colonel
Leclerc
2
, réussit à équiper une petite armée qui prend le nom de Forces Françaises Libres (été-
automne 1940)
3
. Sous le commandement du général Koenig, des éléments de cette armée
s’illustreront aux côtés des britanniques en juin 1942, à la bataille de Bir Hakeim, en Libye.
Mais le Comité National Français n’est pas reconnu par les Alliés comme un gouvernement et
il n’a longtemps aucune relation avec les résistants de l’intérieur qui sont nés en dehors de lui.
Le général de Gaulle s’efforce alors d’entrer en contact avec ces mouvements de résistance,
de les organiser et de leur faire admettre son autorité. Il envoie en France l’ancien préfet Jean
Moulin ; à l’instigation de celui-ci, quelques-uns des chefs des mouvements de résistance se
rendent à Londres pour rencontrer le général de Gaulle dont ils se méfient car ils voient en lui
un officier d’extrême-droite et doutent de ses sentiments républicains (avril 1942). Le général
les rassure sur ses conceptions démocratiques en promettant de « rendre la parole au peuple »
dès la libération. Les dirigeants des mouvements, y compris les communistes du Front
National, acceptent alors le principe d’une allégeance au général de Gaulle. Celui-ci renvoie
en France Jean moulin, avec le titre de délégué général, et le charge d’unifier et d’organiser la
résistance, ce qu’il réussit à faire en zone sud et zone nord. Ainsi unifiée et organisée, la
Résistance va, outre son action militaire, donner naissance à un contre-pouvoir qui, face à
Vichy, sera celui de la « France Combattante », nouveau nom du mouvement gaulliste après
le ralliement de la résistance intérieure.
Considérant qu’elle n’a pas été désignée par un vote populaire qui lui donnerait une
estampille démocratique, les Alliés refusent de voir dans la France Combattante un pouvoir
politique légal. Il en résulte d’innombrables conflits entre le général de Gaulle, qui exige
d’être reconnu comme le seul dépositaire de la légitimité française, et les anglo-américains, en
particulier sur le problème de l’administration des territoires coloniaux occupés par les
anglais : Syrie et Liban en 1941, Madagascar en 1942… EN 1942, les Forces Françaises
Libres s’emparent de Saint-Pierre-et-Miquelon, à la grande fureur des américains qui avaient
1
Ainsi que le ralliement des gouverneurs du Moyen-Congo et de l’Oubangui-Chari (du 26 au 30 août 1940).
2
Qui se trouve au Cameroun.
3
En revanche, Dakar repousse un débarquement anglo-gaulliste.
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négocié le maintien en place de l’administration nommée par Vichy. Aussi, lorsqu’ils
débarquent en Afrique du Nord, en novembre 1942, les américains écartent les prétentions du
général de Gaulle et préfèrent installer au pouvoir l’amiral Darlan, ancien chef du
gouvernement de Vichy, puis, après son assassinat en décembre 1942, le général Giraud qui
laisse en place les lois de Vichy et gouverne avec les fidèles du maréchal Pétain. Après avoir
vainement tenté de subordonner de Gaulle à Giraud, les américains finissent par accepter, en
mai 1943, que les deux généraux constituent à Alger un Comité Français de Libération
Nationale (C.F.L.N.) dont ils deviennent coprésidents. Mais, en quelques mois, le général de
Gaulle, plus politique, prend le pas sur le général Giraud qui abandonne la coprésidence du
C.F.L.N. pour conserver le commandement en chef de l’armée, puis s’incline lorsque de
Gaulle le démet de cette fonction.
Ces difficultés avec les Alliés poussent le général de Gaulle à affirmer son caractère
représentatif en formant un véritable contre-pouvoir étatique de la Résistance. En mai 1943,
Jean Moulin, délégué national du général de Gaulle, crée en France le Conseil National de la
Résistance qui comprend les dirigeants des principaux mouvements notamment. Le C.N.R
porte Jean Moulin à sa présidence, annule les lois de Vichy et reconnait de Gaulle comme
chef politique de la Résistance. Après sa mort des suites de torture, Jean Moulin est remplacé
par un résistant de l’intérieur, le démocrate-chrétien Georges Bidault. A Alger, est formée une
Assemblée Consultative comprenant, aux côtés de résistants de l’intérieur, d’anciens
parlementaires et des représentants du parti communiste. Quant au C.F.L.N., il est élargi de
manière à accueillir des représentants de ces divers groupes.
Dès le printemps 1944, le pouvoir de la Résistance est donc prêt à se substituer à celui de
Vichy. Il comprend un gouvernement, le C.F.L.N. qui, en juin 1944, prend le nom de
Gouvernement Provisoire de la République Française (G.P.R.F.), disposant de délégués civils
et militaires en métropole et appu sur deux organes représentatifs, le C.N.R. en France,
l’Assemblée Consultative à Alger.
L’Afrique a donc été le lieu d’organisation et d’unification de la Résistance française contre
l’occupant allemand. Entre temps, elle était aussi le théâtre d’opérations militaires.
II- L’AFRIQUE ET LE CAMEROUN: TERRAIN D’OPERATIONS MILITAIRES ET
PARTICIPATION A L’EFFORT DE GUERRE
C’est surtout le pourtour de la Méditerranée qui fut l’objet d’affrontements militaires entre les
belligérants. Churchill y voit, contrairement à Hitler pour qui c’est un terrain secondaire
d’opérations, la possibilité de créer un front capable d’alléger le fardeau de son pays. Mais les
invites du Premier ministre britannique au gouvernement de Vichy en faveur de l’entrée ou du
maintien de l’empire français dans la guerre restent lettre morte.
L’objectif de l’Axe est de couper aux anglais l’accès aux puits pétroliers et à la route de Suez.
Une première offensive italienne en Egypte à la mi-septembre 1940 fait reculer les
Britanniques de 100 km. A partir du mois de décembre, ceux-ci reprennent l’avantage, et
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quand le front se stabilise en février 1941, les anglais occupent la moitié du territoire libyen,
après avoir fait 130 000 prisonniers.
Pour secourir Mussolini, Hitler envoie en Libye le général Rommel et une division cuirassée
(l’Afrika Korps). L’Afrika Korps débarque en Libye et, en deux semaines, refoule les
Britanniques sur la frontière égyptienne le front est fixé en avril
4
. Au printemps 1942,
Rommel a réalisé son avancée maximum en Egypte en portant ses troupes à 60 km
d’Alexandrie que la flotte britannique doit évacuer. Mais, ses lignes de ravitaillement
s’étirent sur 1600 km de désert, et les navires de l’Axe sont durement éprouvés par l’aviation
et la marine britanniques opérant à partir de Gibraltar et de Malte : un tiers des transports
destinés à Rommel est coulé durant l’été et l’automne, au moment les forces britanniques
d’Egypte reçoivent des renforts substantiels et du matériel américain.
A la fin de 1942, un renversement de tendance s’amorce sur tous les fronts au profit des
Alliés. A la fin octobre 1942, le général anglais Montgomery lance l’offensive : le 23 octobre,
il rencontre Rommel devant El Alamein, en Egypte. Après douze jours de durs combats- les
attaques ne peuvent être menées que de front-, Montgomery parvient à percer les « jardins du
diable » de son puissant adversaire, ligne défensive semée de mines et de barbelés, tenue en
permanence sous le feu de l’ennemi. Il a perdu 13 000 hommes, mais la déroute de l’Axe est
totale : sa retraite vers l’Ouest s’achève six mois plus tard par la capitulation de Tunis (13 mai
1943).
Mais, c’est le débarquement américain au Maroc et en Algérie qui assure le succès définitif
aux Alliés. Depuis juillet 1941, Staline demande l’ouverture d’un front à l’Ouest pour
soulager la résistance soviétique. Roosevelt et Churchill sont en désaccord à ce sujet. Le
premier songe à un débarquement rapide sur les côtes françaises tandis que son homologue
britannique préconise une attaque combinée en Norvège et en Afrique du Nord, pour prendre
l’Europe en tenailles. Craignant un échec, il est surtout moins pressé d’agir que le président
Roosevelt. L’impatience des soviétiques triomphe toutefois de ses lenteurs, mais c’est son
projet africain qui est retenu. Le 8 novembre 1942, 100 000 hommes, essentiellement des
américains, sous le commandement du général Eisenhower, prennent pied en Algérie et au
Maroc, malgré la résistance des troupes françaises de Vichy. Un long imbroglio politique
commence entre les Alliés et l’autorité française en Afrique du Nord. D’abord confiée à
l’amiral Darlan, dauphin de Pétain, elle échoit au général Giraud après l’assassinat du premier
en décembre, puis au général de Gaulle qui s’impose peu à peu dans le C.F.L.N. fondé en juin
1943. Entre-temps, les troupes germano-italiennes ont été contraintes à la reddition dans leur
réduit tunisien. L’Italie du sud est désormais à portée des bombardements alliés.
En marge du conflit mondial, l’Afrique noire n’en participe pas moins localement à l’effort de
guerre. Dès août 1940, sous l’impulsion du gouverneur Félix Eboué, le Tchad adhère à la
4
Au me moment, un coup d’Etat anti-anglais éclate en Irak et les allemands obtiennent de Vichy l’usage des
ports et rodromes syriens. Les anglais occupent alors l’Irak et, avec l’aide des français Libres, la Syrie et le
Liban. A l’été 1941, le Moyen-Orient se ferme aux initiatives de l’Axe.
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cause de la France Libre, prélude au ralliement de toute l’A.E.F. entre septembre et novembre
1940. En effet, le 27 août 1940, le colonel Leclerc débarque à Douala pour rallier les troupes
de l’Afrique Equatoriale Française. En mars 1941, une contre-offensive britannique, en
Somalie et en Erythrée, entraîne la libération de l’Ethiopie et le retour du Négus au pouvoir.
De plus, les contingents levés en Afrique du Nord, mais aussi au Sénégal, participent aux
victoires alliées en Italie (Cassino) et en France. Winston Churchill, le premier ministre
britannique, demanda de l’aide aux colonies. 146 000 soldats furent alors envoyés d’Afrique
occidentale anglaise pour soutenir cette guerre. On appela cette armée « Forces Combattantes
de l’Afrique Occidentale
5
». De nombreux camerounais en firent partie. Ils combattirent en
Ethiopie, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
LAfrique a aussi fourni des produits stratégiques : caoutchouc et métaux rares (l’uranium de
la première bombe atomique venait du Katanga). Le Nigeria et le Cameroun établirent un
fonds de solidarité destiné à gagner la guerre. Il permit à la Grande-Bretagne d’avoir de
l’argent et des vivres. On récolta du caoutchouc pour fabriquer des pneus et diverses choses
dont les armées avaient besoin. Les ports et les aéroports africains furent utilisés par l’armée
anglo-américaine.
L’intégration de l’Afrique Noire dans l’économie de guerre européenne se solde par
d’importantes mutations économiques et sociales. Une demande accrue de matières premières
et de produits alimentaires par les métropoles accélère le processus d’urbanisation (Dakar
passe de 53 000 à 132 000 habitants, Léopoldville de 27 000 à 110 000). Les liens tribaux
s’en trouvent détendus tandis que les contacts se multiplient avec les Européens, transformant
les mentalités des masses noires des villes, capables désormais de s’organiser pour défendre
leurs intérêts. En Afrique francophone, le syndicalisme noir, quoique calqué quant à son
idéologie, sa pratique et ses structures sur les organisations métropolitaines, n’en joue pas
moins un rôle non négligeable dans la promotion de comportements nouveaux. Mais, c’est
surtout sur le terrain politique que la guerre a occasionné des mutations profondes.
III- IMPACT POLITIQUE DE LA GUERRE SUR LES TERRITOIRES AFRICAINS :
REVENDICATIONS INDEPENDANTISTES
En Afrique noire comme en Afrique du Nord, la guerre compte surtout pour ses conséquences
à court terme. Les grandes conférences internationales, notamment celle de l’Atlantique
une Charte proclame le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », précipitent une
évolution mentale qui conduit rapidement à la revendication de l’indépendance. D’autant que
l’O.N.U., née des alliances de la guerre, propose un modèle aux africains en instaurant, pour
les anciennes colonies allemandes (Togo, Cameroun, Tanganyika, Sud-Ouest africain), le
système de tutelle. Et le point XI de sa Charte introduit la notion de « self-government »
(gouvernement autonome).
5
BWAFF : British West African Fighting Forces.
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