Université de Picardie Jules Verne Licence 3 de Psychologie Stéréotypes, Discrimination et Relations Intergroupes [email protected] (E 305) 6 séances de 2h : 20/09 – 04/10 – 18/10 08/11 – 22/11 – 06/12 Validation : • Session 1 : Dossier / TD et Examen écrit / CM • Session 2 : Examen écrit CM et TD Séance 1 : Historique et Grandes définitions - - Historique du concept de stéréotype et des recherches classiques Qu’appelle-t-on « relation intergroupe » ? (3 niveaux) Le stéréotype : définition moderne, le préjugé et la discrimination PLAN Séance 2 : Les grandes perspectives théoriques - la perspective individuelle : la psychodynamique, le « bouc émissaire », la personnalité autoritaire - la perspective intergroupe : La théorie des conflits réels, la TIS, La théorie des 5 stades Séance 3 : L’approche moderne de la cognition sociale la catégorisation sociale - les travaux modernes sur la mémoire, la perception… - Séance 4 : Le stéréotype et les facteurs de son utilisation - les dispositions personnelles de l’acteur (fatigue, motivation, ressources…) les caractéristiques de la cible (typicité) et l’expérience du groupe (familiarité et variabilité perçue) Séance 5 : La discrimination - définitions et aspects sociodémographiques, et l’impact des médias la discrimination nuisible ou utile ? Des solutions pour lutter contre les discriminations (contact…) Séance 6 : La stigmatisation, la menace du stéréotype les travaux originaux sur l’effet pygmalion - les Prophéties auto-réalisatrices et la menace du stéréotype - SEANCE 1 : INTRODUCTION ET DÉFINITION DES CONCEPTS Groupe social : Ensemble de personnes qui vont, pendant un certain temps, interagir, s’influencer mutuellement et se percevoir comme un « nous » (Lewin, 1947). • Appartenance à un groupe = Identification au groupe • Effet de contexte • Groupe social = statut dans un espace culturel Genre donné • Estime de soi Age X&Y Nationalité • Distinction entre : - Le groupe primaire (petite taille, interactions directes et fréquentes, cadre informel) comme la famille et le groupe secondaire (grande taille, interactions plus épisodiques et cadre formel) comme le club sportif - Un groupe majoritaire, regroupant le plus grand nombre de membres dans un espace culturel donné, et un groupe dominant, qui occupe un statut supérieur en terme de pouvoir et/ou de richesses économiques et culturelles. • Motivation à appartenir à des groupes : Mise en commun de forces individuelles / une menace ext. Définition et valorisation de soi Partage social et enrichissement réciproque • Pour Tajfel et Turner : « Un groupe existe s’il y a des personnes conscientes d’en être membres » - condition nécessaire et suffisante. Qu’appelle-t-on « relation intergroupe » ? : 3 niveaux relation interpersonnelle Qu’appelle-t-on « relation intergroupe » ? : 3 niveaux relation intergroupe 1 2 3 Niveau 1 : opinion ou prise de position d’un groupe par rapport à l’autre : ce que lesBleus pensent (ou disent) des Verts Niveau 2 : opinion d’un individu à propos du groupe auquel appartient l’autre : ce que Monsieur Bleu pense des Verts en général. STÉRÉOTYPE Niveau 3 : opinion ou interaction entre deux individus qui affichent leur étiquette catégorielle : ce que Monsieur Bleu pense de Monsieur Vert en tant que membre du groupe des Verts La catégorisation sociale : Mécanisme cognitif par lequel tout stimulus physique ou social et perçu en étant assimilé aux éléments existants selon un processus de similitude - Mécanisme automatique et inhérent au fonctionnement perceptif humain - Mécanisme équivalent pour les objets physiques (les meubles) et les objets sociaux (les personnes) - Mécanisme mentalement utile car permettant de simplifier la réalité sociale et de la rendre facilement et économiquement « assimilable » par notre système mental - Mécanisme socialement nuisible car il induit des erreurs par des simplifications abusives de la réalité Le stéréotype: Ensemble des caractéristiques (personnologiques, physiques, comportementales, culturelles) associées aux membres d’un groupe social groupe social les: Français sont les cuisiniers, les Italiens sont les amants, les Anglais font la police, les Allemands travaillent, et le tout est organisé par les Suisses L’enfer européen : les Anglais sont les cuisiniers,, les Suisses sont les amants, , les Allemands font la police,, les Français travaillent, , et le tout est organiséépar les Italiens - Le stéréotype est toujours associé à une catégorie sociale - Il n’est pas nécessairement faux, négatif et consensuel - Il existe pour tous les groupes et s’activent automatiquement Le préjugé : Attitude envers un groupe de personnes qui se compose de 3 aspects (de La Haye, 1999) : 1. Un aspect conatif : prédisposition à agir d’une certaine façon envers les membres de la catégorie 2. Un aspect affectif : réaction émotionnelle suscitée par l’évocation ou la présence des membres de la catégorie 3. Un aspect cognitif : contenu des croyances du sujet relatives à cette catégorie et à ses membres ( = le stéréotype) Le préjugé étant composé d’une dimension émotionnelle, il n’est jamais neutre. Dans la littérature, on s’intéresse surtout aux préjugés négatifs La discrimination: Acte comportemental et/ou verbal préjudiciable à un individu (ou un groupe) d’après les croyances qui sont associées au groupe auquel il appartient. De la représentation aux actes … La Catégorie sociale Structure mentale : les homosexuels Le Stéréotype Le Préjugé Contenu associé à la catégorie : extravertis et bruyants Attitude négative : « Je refuse de les côtoyer » La Discrimination Acte : refuser de leur louer un appartement SEANCE 2 : LES GRANDES PERSPECTIVES THÉORIQUES I. Les relations intergroupes : Perspective individuelle Influence de la psychanalyse Assimilation des rapports intergroupes à des processus psychologiques individuels Quelles sont les dynamiques psychologiques individuelles qui expliquent les conflits intergroupes, indépendamment du contexte et des interactions sociales ? F.H. Allport (1924) : La psychologie des groupes peut être « essentiellement et entièrement » ramenée à la psychologie individuelle. Approche réductionniste car elle nie l’existence même du concept de groupe, qu’il considère comme une abstraction sans effet sur les individus I. Les relations intergroupes : Perspective individuelle 1. L’approche psychodynamique Approche développée par la psychanalyse. Freud : « Psychologie des foules et analyse du moi » Situation intergroupe : • Dynamique émotionnelle se met en place dans chaque groupe • Augmentation de la cohésion au sein de chaque groupe • Affaiblissement des capacités intellectuelles des membres du groupe • Identification au leader du groupe = identification primaire au père • Identifications groupales et réciproques: l’autre est perçu comme différent et devient une source d’hostilité collective 2. La théorie du « bouc émissaire » (Dollard & al., 1939) Hypothèse centrale : « la frustration est une condition nécessaire et suffisante de l’agressivité » Frustration : énergie psychique mobilisée pour atteindre un objectif qui est inhibée • État de tension interne = instigation interne à agresser • Si l’agent frustrant inaccessible, impossible à identifier ou trop « fort » : déplacement de l’agressivité vers d’autres cibles, des boucs émissaires. • Reprise de l’hypothèse freudienne : les exogroupes faibles et minoritaires remplissent ce rôle de boucs émissaires. • Crises sociales et récessions économiques augmentation de la frustration collective augmentation des sentiments discriminatoires Illustration : l’antisémitisme en Allemagne entre les 2 guerres 3. La personnalité autoritaire (Theodor Adorno, 1950) Histoire : Groupe de juifs marxistes allemands, philosophes et psychologues, exilés dès 1933 vers les Etats-Unis. Hypothèse : Il existe un syndrome de personnalité, l’autoritarisme, qui prend son origine dans le cadre familial et affectif et qui s’exprime par une pensée rigide et discriminatoire. Objets : l’antisémitisme, l’ethnocentrisme et le fascisme Méthode : échelles de personnalité, entretiens et tests projectifs Echelle A-S : Evaluation de l’antisémitisme « Les juifs semblent préférer les modes de vie les plus luxueux, les plus extravagants et les plus sensuels » 52 propositions réparties en 5 sous-catégories : 1. « déplaisants » (12) - items négatifs 2.« menaçants » (10) - danger r = + 0,85 3. « attitudes » (16) - résidence, embauche, mariage… 4.« fermés » (7) - idée de clan 5. « importuns » (7) - excès d’assimilation Echelle E : Evaluation de l’ethnocentrisme : (« Il y a quelque chose de naturellement primitif et de non civilisé chez le nègre, comme le montrent sa musique et son extrême agressivité ») 34 propositions réparties en 3 sous-catégories : 1. Rapports blancs/noirs (12) - items négatifs/noirs 2. Les minorités (12) - items descriptifs r = +0,91 3. Le patriotisme (10) - rapports aux autres nations Echelle F : Evaluation du fascisme : (« les homosexuels sont à peine supérieurs aux criminels et devraient être sévèrement punis ») Items portant sur le soi, la famille, la sexualité, les valeurs … 1. « Rapport à l’autorité » 2. « l’anti-introspection » 3. « Projectivité » r = + 0,85 Résultats : le syndrome de l’autoritarisme 1. Les sujets ayant des scores élevés sur l’échelle A-S, obtiennent des scores corrélés sur les deux autres échelles Corrélation entre les échelles A-S, E et F = + 0,80 2. Attitudes chez les sujets « autoritaires » : - Rigidité des modes de pensée - Insensibilité aux changements de comportement chez les autres - Insensibilité aux événements contraires à leurs opinions - Recours précipité aux normes dans des situations ambiguës - A priori positifs envers l’ordre et la police - Soumission à toute influence venant d’un statut plus élevé que le sien Les entretiens : Sujets «peu autoritaires » Sujets « autoritaires » Image des parents Objective Idéalisée Opinion du sexe opposé Neutre Négative Camaraderie, sociabilité, sexe, intérêts communs Travail, courage, ambition, valeurs morales Attitude/gens Égalité et réciprocité Comparaison sociale Image de soi Objective Qualité Conjoint Explication personnalité Narcissique Déni des dynamiques psychologiques Conditions familiales d’émergence / personnalité autoritaire : - Impossibilité d’exprimer son opinion - L’autorité a toujours raison (le père) - Les valeurs sont définies une fois pour toute - Vision dichotomique du monde social - Absence d’explication sur les phénomènes sociaux - Cadrage normatif et culturel fort II. Les relations intergroupes : Perspective intergroupe Pourquoi une telle approche ? Parce que la perspective individuelle ne permet pas de tout expliquer : • Pourquoi lors de certaines périodes de l’histoire ou dans certains contextes sociaux, les préjugés apparaissent ou disparaissent de façon soudaine ? • Pourquoi dans un contexte social, on choisit uniformément un exogroupe plutôt qu’un autre pour être la cible d’agression ? • Comment passe-t-on d’un état psychologique individuel (autoritarisme, frustration…) à des dynamiques collectives de masse ? Nécessité d’analyser le phénomène des conflits intergroupes dans une perspective plus sociale et contextuelle : prise en compte des dynamiques de groupe La Théorie de Conflits Réels (Muzareff Sherif, 1966) Pour comprendre les conflits intergroupes, il faut analyser les relations fonctionnelles ENTRE les groupes et pas seulement les relations interpersonnelles à l’intérieur de chaque groupe. Relations compétitives : Les conflits sont engendrés par des motifs réalistes de concurrence pour l’obtention de ressources concrètes (territoire) ou abstraites (pouvoir) Relations coopératives : Existence d’un objectif commun qui dépass la frontière entre les groupes = absence de conflit. Conflit = Motif objectif qui provoque les préjugés et le favoritisme pro-endogroupe. Effet du contexte social mettant en scène des identités saillantes 3 expériences longitudinales : Garçons de 12 ans dans un camp de vacances, blancs, même milieu social, protestants, qui ne se connaissaient pas avant l’expérience. Scénario en 4 phases : 1. Formation de liens interpersonnels totalement « libres » 2. Constitution arbitraire de 2 groupes aux activités indépendantes, en séparant les amitiés spontanément développées lors de la phase 1 3. Introduction d’un conflit d’intérêts entre les 2 groupes. Compétition dans laquelle les gains d’un groupe = pertes de l’autre. comportements hostiles envers l’exogroupe, augmentation de la cohésion dans chaque groupe 4. Mise en scène d’une situation nécessitant la coopération entre les 2 groupes pour résoudre un problème : diminution de l’hostilité entre les groupes, interactions plus nombreuses La théorie des cinq stades (Taylor & Mc Kirnan, 1984) Tous les conflits intergroupes traversent les 5 mêmes stades : 1. Existence de relations intergroupes rigides et asymétriques. Acceptation du désavantage social par le groupe « inférieur » 2. Emergence d’une idéologie de type individualiste Sentiment d’injustice et perception d’une perméabilité des frontières entre les groupes 3. Stratégie de mobilité sociale ascendante de la part de certains membres du groupe « inférieur », qui la plupart du temps échoue 4. Stratégie de créativité sociale Tentative de revalorisation du groupe « inférieur » et revendication d’une certaine égalité 5. Conflit entre les deux groupes car perceptions sociales opposées de la réalité Etat de compétition sociale qui induit de la discrimination et des attitudes hostiles entre les groupes. SEANCE 3 : L’APPROCHE MODERNE La cognition sociale américaine La dimension cognitive des stéréotypes : perception, formation d’impression, mémoire… / informations sociales L’être humain est cognitivement représenté comme un «avare cognitif» Priorité donnée à toute stratégie permettant de traiter l’information de façon : • Peu coûteuse (dépenses mentales faibles) • Rapide (traitement de l’information efficace) • Économique (préservation des ressources mentales disponibles) Solution : recours au stéréotype Conflits intergroupes et discrimination : résultat du recours abus aux stéréotypes dans la perception de l’autre mécanique normale et inhérente au fonctionnement du système cognitif humain Richesse et complexité des stimuli Capacités cognitives limitées Avarice cognitive : Stratégies de triage et de simplification de l’information Objets Physiques La catégorisation Objets Sociaux La catégorisation sociale La catégorisation : comment ça marche ? (Tajfel et Wilkes, 1963) Information réelle O O O O aO bX X X X X Assimilation intra-catégorielle O O O O O X X X X X Contraste inter-catégoriel Information mémoriséeO Catégories a O O O O les « O » b X X X X X les « X » Contenus et croyances associées à ces catégories = les stéréotypes La théorie de l’Identité Sociale (Tajfel, 1979)- T.I.S. 3 principes généraux : 1. « Les individus tentent d’accéder à (ou de maintenir) une identité sociale positive » 2. « L’identité sociale positive est basée, pour une large part, sur les comparaisons favorables qui peuvent être faites entre le groupe d’appartenance et certains autres groupes pertinents. Le groupe doit être perçu comme positivement différencié ou distinct des autres groupes pertinents » 3. « Lorsque l’identité sociale est insatisfaisante, les individus tentent soit de quitter leur groupe pour rejoindre un groupe plus positif, soit de rendre leur groupe distinct dans un sens positif » A la différence de la T.C.R., la T.I.S. se fonde sur une interprétation de la réalité. Les conflits intergroupes n’ont donc besoin d’un motif objectif pour exister (cf. paradigme des groupes minimaux en TD) Les individus ont besoin d’avoir une identité individuelle satisfaisante. Identité individuelle = Identité sociale Identité sociale = Identification à des groupes Valorisation des groupes d’appartenance NOUS > EUX Favoritisme pro-endogroupe = discrimination 6 Et quand l’identité sociale n’est pas satisfaisante ? Recours à des stratégies de changement social dépendant de 2 paramètres : 1. Frontières entre les groupes perméables ? 2. Alternative au rapport intergroupe existant ? Frontières perméables ? OUI stratégie individuelle ou groupale OUI MOBILITE SOCIALE COMPARAISON INTERGROUPE stratégie individuelle NON MOBILITE SOCIALE NON stratégie groupale COMPARAISON INTERGROUPE stratégie individuelle COMPARAISON INTRAGROUPE 7 Conclusion : Approche Socio-culturelle (Muzaref Sherif) • Déterminisme socio-culturel des stéréotypes • Théorie des conflits réels • Dysfonctionnement social (pouvoir, richesses) Approche Psychodynamique (Theodor Adorno) • Déterminisme intra-psychique • Théorie du « bouc émissaire » : Concept Frustration-Agression • Dysfonctionnement psychologique Approche socio-cognitive (Henri Tajfel) • Déterminisme socio-cognitif - Catégorisation sociale • Théorie de l’identité sociale • Fonctionnement normal et nécessaire des individus SEANCE 4 : LE STÉRÉOTYPE ET LES MODALITÉS DE SON UTILISATION Le stéréotype: Ensemble des caractéristiques (personnologiques, physiques, comportementales, culturelles) associées aux membres d’un groupe social L’approche moderne de la cognition sociale donne au stéréotype les caractéristiques suivantes : - il n’est pas nécessairement faux : le stéréotype peut se fonder une une forme de vérité statistique - Il n’est pas nécessairement négatif : le stéréotype peut être positif comme il peut être neutre ou composé d’éléments variés - Il n’est pas nécessairement consensuel : le stéréotype n’a pas besoin d’être socialement partagé pour exister Le stéréotype: Ensemble des caractéristiques (personnologiques, physiques, comportementales, culturelles) associées aux membres d’un groupe social La motivation à se former une impression exacte Les ressources physiques La disponibilité mentale Le sentiment de contrôle La charge émotionnelle La typicité de la cible La familiarité avec le groupe La ressemblance perçue au sein du groupe 1. La motivation à se former une impression exacte Fiske et Neuberg (1990) : Modèle du continuum de formation d’impression Situation de jugement individuel Informations personnelles Forte motivation à être exact • Enjeu de la relation • Durabilité de la relation Informations catégorielles Faible motivation à être exact 2. Les ressources physiques • Bodenhausen (1990) : impact du moment de la journée sur le jugement social Si Fatigue ++ : Prise en compte plus facile des éléments cohérents avec le stéréotypedisposition plus importante à discriminer Si Fatigue -- : Prise en compte facile des éléments cohérents ET incohérents avec le stéréotype disposition plus faible à discriminer • Kim et Baron (1988) : Impact d’un effort physique intense sur le jugement social Si effort physique important Si effort physique faible : Recours plus facile au stéréotype recours plus faible au stéréotype 3. La disponibilité mentale • Stangor et Duan (1991) : impact de la distraction cognitive sur le jugement social Condition 1 : Liste de 20 adjectifs (cohérents et incohérents) à mémoriser envers 2 groupes sociaux Condition 2 : même exercice + surcharge cognitive (écouter des informations dans un casque) meilleure mémorisation des informations cohérentes • Kruglanski et Freund (1983) : Impact de la pression temporelle Condition 1 : évaluation d’un discours avec un délais d’une heure Condition 2 : idem avec un délais de 10 minutes discrimination ++ 4. Le sentiment de contrôle • Kofta (1993) : Modèle de l’impuissance acquise (« learned helplessness » Contrôle faible (échec) épuisement cognitif sentiment d’impuissance recherche d’une solution économique recours aux stéréotypes discrimination forte • Pittman (1993) : Modèle de la réactance Contrôle faible (échec) volonté de retrouver du contrôle augmentation de la motivation allocation de ressources discrimination faible supplémentaires stéréotypes rejetés • Ric et Scharnitzky (2003) : Modèle mixte Si privation de contrôle faible : Réactance Si privation de contrôle trop forte : Impuissance acquise Seuil critique + - Intensité de l’incontrôlabilité (durée, répétitions de l’échec…) 5. La charge émotionnelle • Bodenhausen (1993) : Impact des émotions sur les stéréotypes Paradigme expérimental : induction d’une humeur particulière (colère, joie, tristesse) en comparaison avec une condition neutre Résultats contrastés en fonction du type d’humeur ou d’émotion • La joie et la colère : Traitement heuristique (superficiel) de l’information : risques importants de recours au stéréotype • La tristesse : traitement plus systématique de l’information : recours plus faible aux stéréotypes. 6. La typicité de la cible stéréotype Exemplaire typique P prototype Exemplaire atypique Typicité : Degré de ressemblance entre un exemplaire de la catégorie sociale(un individu réel) et le prototype (modèle abstrait du stéréotype) - cf la représentativité 6. La typicité de la cible Rosch (1978) : Les catégories naturelles s’organisent selon un gradient de représentativité avec des exemplaires plus ou moins typiques de la catégories en fonction de leur degré de ressemblance avec les autres. Si une cible est typique d’un groupe social : 1. Le stéréotype s’applique de façon exacte 2. La cible n’est pas discriminée 3. Le stéréotype apparaît comme un outil cognitif efficace car économique et rapide Si une cible est atypique d’un groupe social : 1. Le stéréotype s’applique de façon inexacte 2. La cible est discriminée 3. Le stéréotype apparaît comme un source d’erreur dans le jugement social 7. La familiarité avec le groupe social Familiarité : Fréquence des contacts directs avec les membres d’un groupe ou au nombre d’exemplaires connus dans le groupe Si un groupe est familier augmentation du nombre de personnes dans le groupe qui occupent des positions extrêmes 5% de 1000 personnes ont un Q.I. inférieur à 80 = 50 personnes 5% de 100 personnes ont un Q.I. inférieur à 80 = 5 personnes Donc, si un groupe est familier, le stéréotype est moins facilement applicable car le groupe peut apparaître comme plus hétérogène et le degré de confiance en soi peut-être plus faible / typicité de la cible. FAMILIARITE ++ difficulté à utiliser le stéréotype Discrimination -Résultats paradoxaux car certaines études montrent qu’une familiarité accrue augmente le degré de confiance dans son stéréotype. 8. La variabilité perçue du groupe social Variabilité perçue : degré de ressemblance vs. différence perçue entre les membres d’un groupe social. Un groupe est homogène quand on perçoit que ses membres se ressemblent beaucoup et un groupe est hétérogène quand on perçoit que ses membres se ressemblent peu. CM1 A (bleus) : 10/20 CM1 B (verts) : 10/20 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Le groupe des verts forme un groupe plus hétérogène que le groupe des bleus. 8. La variabilité perçue du groupe social Plus un groupe est perçu comme hétérogène, plus les exemplaires rencontrés sont différents et moins il est facile d’utiliser le stéréotype dans une situation de jugement social Discrimination faible ? ? 1 personne tirée au sort Plus un groupe est perçu comme homogène, plus les exemplaires rencontrés sont semblables et plus il est facile d’utiliser le stéréotype dans une situation de jugement social . Discrimination forte. ?? 1 personne tirée au sort SEANCE 5 : LA DISCRIMINATION Définition : Acte comportemental et/ou verbal qui consiste à juger de façon préjudiciable un individu(ou un groupe) d’après les croyances qui sont associées au groupe auquel il appartient. UNE LOGIQUE CIRCULAIRE Acte de discrimination Stéréotypes Peur de l’autre Sentiment de menace Conflits intergroupes et rupture des contacts Normes « conciliantes » Marginalisation Exclusion sociale, Déviance économique et culturelle Repli communautaire Ethnocentrisme LES ASPECTS DE LA DISCRIMINATION Discrimination explicite : • Inégalités des salaires et critères d’embauche • L’accès au logement et aux loisirs Discrimination implicite : • Attitudes à l’école • Interactions au quotidien (blagues, harcèlement…) Discrimination médiatique et / ou institutionnelle • Recrutement fonction publique • Droit de vote • Publicité, médias, cinéma… LES ASPECTS DE LA DISCRIMINATION Les 16 principaux critères prohibés par la Loi • âge • sexe • origine • situation de famille • orientation sexuelle • mœurs • caractéristiques génétiques • appartenance vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race • apparence physique • handicap • état de santé • état de grossesse • patronyme • opinions politiques • convictions religieuses • activités syndicales Quelques données de la H.A.L.D.E. : nb : + de 6 500 réclamations en 2007 * Réclamations pour lesquelles aucun critère de discrimination ne peut être identifié et celles qui invoquent un critère de discrimination non prohibé par la Loi. * Domaines ne relevant pas des compétences de la HALDE La question du genre Hebdomadaire MAXI (mai 2005) : dossier sur les jouets Yvon (36 ans) : « il existe une différenciation naturelle. Mon fils de4 ans aime les voitures tandis que ma fille de 6 ans préfèrent les poupées. C’est dans les gènes ». Jérôme (25 ans) : « Ca me choquerait de voir mon garçon jouer à la poupée. Je peux accepter de voir une fille jouer aux voitures mais j’éviterais d’en acheter une à ma propre fille». Karine (43 ans) « Les jouets des : garçons développent la logique et ceux des filles la sensibilité ». Encyclopédie Universalis (édition de 1984) à propos de l’ovulation : « Rencontre d’une matière inerte, végétative qui a besoin d’être animée par un principe actif, une énergie qui apporte la vie » Premier chiffre du n° de SS : 1 pour les hommes ou2 pour les femmes Quelle est la différence entre les petits garçons et les petites filles ? Les garçons ont un zizi et les filles n’en ont pas ! Un homme qui n’aime pas les femmes : Misogynie Une femme qui n’aime pas les hommes : ? Valence différentielle des sexes ANCRAGE SOCIAL DE LA DOMINATION DES HOMMES La différenciation hommes/femmes est la première à laquelle nous sommes exposés Modèle perceptif binaire reproduit sur les autres catégories. La discrimination hommes/femmes est donc un « modèle » pour les autres formes de discrimination (blanc/noir, jeune/vieux, grand/petit…) LA DISCRIMINATION UTILE ? « Si la relativité se révèle juste, les Allemands diront que je suis allemand, les Suisses que je suis citoyen suisse, et les Français que je suis un grand homme de science. Si la relativité se révèle fausse, les Français diront que je suis suisse, les Suisses que je suis allemand, et les Allemands que je suis juif. » 1. La discrimination construit notre identité • Nécessité d’une image de soi satisfaisante • Soi = Nous (identification au groupe) • Comparaison sociale Nous / Eux • Nous valorisé Nous > Eux Discrimination LA DISCRIMINATION UTILE ? 2. La discrimination rassure DIFFÉRENCE REJET INCONNU PROTECTION PEUR • Sentiment de contrôle sur les événements événements réduction d’une certaine forme d’anxiété • Reproduction du schéma social et culturel Comment lutter contre les discriminations ? PUNIR Acte de discrimination MONTRER L’EXEMPLE « MELANGER » Conflits intergroupes et rupture des contacts Stéréotypes Peur de l’autre Sentiment de menace Normes « conciliantes » Exclusion sociale, économique et culturelle Marginalisation Déviance INFORMER Repli communautaire Ethnocentrisme RETABLIR UN SENTIMENT DE JUSTICE Des solutions au niveau politique 1. La HALDE : recueil des plaintes et poursuites judiciaires 2. Les opérations de Testing 3. Mesures politiques : Les quotas La discrimination positive ? Loi S.R.U. pour la mixité sociale (20 % de logements sociaux) Elargissement des critères de discrimination SEANCE 6 : STIGMATISATION ET MENACE DU STEREOTYPE • Les prophéties auto-réalisatrices • La notion de stigmate • La stigmatisation sociale • La menace du stéréotype Discrimination implicite Les Prophéties Auto-Réalisatrices (P.A.R.) ...ou comment on peut amener une personne à se comporter conformément aux attentes envers son groupe ? Confirmation Attentes /B Formation d’impression b Projection 2 conditions : 1. Relation asymétrique dans l’objectif de formation d’impressio 2. Relation asymétrique du point du vue du rapport de pouvoir 3 exemples L’emploi L’école Recruteur Enseignant Candidat Élève La santé Médecin Patient Illustration 1 : l’intelligence dans le cadre scolaire (1) Recherche originale : Rosenthal et Jacobson (1966) dans une école primaire de la banlieue de San Francisco t1 : début d’année 1 Mesure du Q.I. t2 : + 4 mois Passation du TICA Test factice de dépistage de l’intelligence t3 : + 8 mois Mesure du Q.I. t4 : fin d’année 2 Mesure du Q.I. • On dit aux enseignants des C.P. que 20 % des enfants présentent des aptitudes très importantes (précocité intellectuelle) et on nomme ces enfants • On ne donne cette information ni aux parents, ni aux enfants et on laisse l’année scolaire suivre son cours normalement • En réalité, ces enfants sont tirés au sort et ont un score de Q.I. en t1 tout à fait comparable aux autres enfants. Illustration 1 : l’intelligence dans le cadre scolaire (2) Résultat : l’émergence d’un effet « pygmalion » Q.I. 20 % des élèves tirés au sort (TICA ++) + 20 pts 80 % des élèves non tirés au sort + 30 pts + 15 pts + 15 pts Temps t1 t3 t4 t2 : passation du TICA Les enfants tirés au sort progressent plus vite intellectuellement que les autres car les enseignants sont persuadés qu’ils sont plus intelligents. Illustration 2 : La personnalité dans une situation d’interaction Snyder, Tanke et Berscheid (1977) Protocole : • Recrutement des sujets par paires : un garçon et une fille • Les sujets ne se connaissent pas et ne se voient pas • On les installe dans deux pièces contiguës sans contact visuel • Discussion au téléphone : F.I. du garçon la fille • On fait croire au garçon qu’il discute avec une très jolie fille ou pas du tout Opinion ++ F.I. garçon attentes ++ attitudes ++ garçon attentes - attitudes - - Opinion -- fille jolie ++ fille jolie - - ++ -- Juges Externes Illustration 3 : La compétence dans une situation de recrutement 2 paramètres originaux Word, Zanna et Cooper (1974) • Comportements non verbaux • Attente : stéréotype ethnique Expérience 1 : simulation d’entretien de recrutement • Sujet de l’expérience dans le rôle du recruteur (un blanc) • Compère dans le rôle du candidat (un étudiant blanc ou noir) • On mesure des paramètres verbaux et non verbaux Candidat blanc Distance physique Candidat noir Inclinaison du buste 1.37 mètres - 2.12 degrés 1.58 mètres - 8.76 degrés Contacts oculaires 61.46 % 52.71 % Orientation des épaules Durée de l’entretien Taux d’erreur dans le discours ns ns 12.77 minutes 9.42 minutes 2.37 par minute 3.54 par minute Illustration 3 : La compétence dans une situation de recrutement Expérience 2 : • Sujet de l’expérience dans le rôle du candidat • Compère dans le rôle du recruteur (positif vs. négatif) • On mesure les effets du comportement ++ vs - - sur la performance du candidat Distance physique Taux d’erreur dans le discours Performance ( / 3) * Recruteur + + Recruteur - - 1.44 mètres 1.84 mètres 3.33 par minute 2.22 5.01 par minute 1.44 * Estimée par des juges externes Par la nature de son comportement non-verbal, le recruteur met le candidat dans des dispositions conformes et le rend performant ou non pendant l’entretien Stigmatisation sociale et menace du stéréotype Stigmate : « Toute caractéristique propre à l’individu qui, si elle est connue, le discrédite aux yeux des autres ou les fait passer pour une personne de statut moindre » (Goffman, 1963). Goffman distingue 3 grandes catégories : 1. Les stigmates corporels tels que les handicaps physiques, les défauts du visage ou du corps 2. Les stigmates / personnalité tels que le caractère, les troubles du comportement, les dépendances 3. Les stigmates « tribaux » tels que la religion, l’appartenance ethnique ou le genre Stigmatisation : « Propos ou action menant à transformer une déficience, une incapacité ou un handicap en une marque négative pour la personne » Stigmatisation sociale : « Réaction d'un groupe ou d'une société envers des personnes ou des groupes minoritaires, différents ou défavorisés (minorités ethniques, homosexuels, malades, handicapés, alcooliques, toxicomanes, chômeurs, délinquants, etc.), consistant à attribuer une étiquette qui les catégorise comme déviants » (Goffman, 1963) Étiquette (croyances, préjugés…) Groupe déviant = stigmatisé • Conscience de la stigmatisation ? • Ressentis et vécu / stigmatisation ? • Conséquences affectives, sociales et mentales ? Groupe stigmatisé • Conscience de ces conséquences ? La menace du stéréotype : Phénomène par lequel un individu victime d’une stigmatisation et conscient de l’être peut finir par se comporter en accord avec le stéréotype associé au groupe stigmatisé dont il fait partie au lieu de le combattre. Les effets de la stigmatisation sociale Expérience dans une université Américaine (Steele et Aronson, 1995) : Test d’aptitude pour étudiants blancs et noirs Stéréotype dominant aux Etats-Unis : les Afro-Américains ont une intelligence plus faible que les blancs Condition A : « simple exercice de laboratoire » BLANCS = NOIRS Condition B : « Test d’intelligence » BLANCS > NOIRS Groupe dominant stigmatisé (Shih & al, 1999) : Etude sur des étudiantes asiatiques Stéréotype 1 : les femmes sont moins bonnes pour les mathématiques que les hommes Stéréotype 2 : les asiatiques sont meilleurs pour les mathématiques que les « américains blancs » Condition A : femmes Condition B : Asiatiques Performances ÉLEVÉES Femmes asiatiques > Performances FAIBLES Les effets de la stigmatisation sociale Réplique en France : Croizet et Claire (1998) Test d’aptitude pour des étudiants issus d’un milieu socioéconomique élevé (MSE +) ou faible (MSE -) Condition A : « simple exercice de laboratoire » Résultats équivalents dans les 2 groupes Condition B : « mesure d’intelligence » Résultats MSE + > MSE - Autres démonstrations : effet du contexte social 1. Champ des affects : comparaison hommes / femmes (Leyens, 2003) Condition A : aucune consigne Hommes = Femmes Condition B : « mesure des aptitudes affectives » Femmes > Hommes 2. Groupe dominant stigmatisé (Steele & Aronson, 1999) : étudiants blan Stéréotype aux Etats-Unis : les Asiatiques sont doués pour les mathématiques Condition A : aucune consigne Condition B : « test pour comprendre pourquoi les asiatiques sont les meilleurs A>B pour les matières scientifiques » Comment cela fonctionne ? Connaissance du stéréotype par les membres du groupe stigmatisé Peur de le confirmer et de donner raison aux « porteurs » du stéréotype Augmentation de la pression évaluative dans un contexte stigmatisant Anxiété = baisse de la lucidité, de la concentration faible performance Désert (2003) : « Quand le désir de trop bien faire mène à l’échec » BIBLIOGRAPHIE Abric (Ed.) (1996). Exclusion sociale, insertion et prévention. Saint-Agne : Erès. Azzi, A.E., et Klein, O. (1998). La psychologie sociale et les relations intergroupes. Paris : Dunod, Topos. Bourhis, R., et Leyens, J.P. (1999, 2nde édition). Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes. Bruxelles : Mardaga. Croizet, J.-C., et Leyens, J.-P. (2003). Mauvaises réputations. Réalités en enjeux de la stigmatisation sociale. Paris : Armand Colin. Goffman, E. (1963). Stigmate. Paris : les Editions de Minuit. Leyens, J.P., Yzerbyt, V., et Schadron, G. (1996). Stéréotypes et cognition sociale. Bruxelles : Mardaga. Paugam, S. (Ed.) (1996). L’exclusion, l’état des savoirs. Paris : La Découverte. Sales-Wuillemin, E. (2006). Catégorisation et stéréotypes en psychologie sociale. Paris : Dunod. Scharnitzky, P. (2006). Les pièges de la discrimination. Tous acteurs, tous victimes. Paris : les éditions de l’Archipel. Yzerbyt, V., et Schadron, G. (1996). Connaître et juger autrui : une introduction à la cognition sociale. Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.