POLITIQUE DE L’AMC Les agents pathogènes à diffusion hématogène en milieu de travail dans le secteur de la santé Cette politique s’inspire de deux politiques de l’AMC, qu’elle remplace : Prévention de la transmission de l’hépatite B dans le contexte des soins de santé et Infection au VIH au travail. Certaines sections s’appliquent à tous les travailleurs de la santé, tandis que d’autres visent seulement les travailleurs qui participent à certains types d’interventions effractives. Contexte La prévention de la transmission des agents pathogènes à diffusion hématogène constitue un but important en santé publique. Les agents pathogènes à diffusion hématogène peuvent être transmis dans diverses situations où les liquides biologiques d’une personne entrent en contact avec ceux d’une autre personne, y compris l’activité sexuelle, le partage d’aiguilles et certaines interventions médicales. Toute politique adoptée dans ce domaine doit reposer sur le respect des droits de la personne et sur les principes de l’éthique, des sciences, de l’épidémiologie et de la santé et sécurité au travail. Il faut administrer les vaccins conformément aux recommandations en vigueur en santé publique. La réduction des risques pour les patients et les professionnels de la santé, les objectifs de la santé publique et les bonnes pratiques médicales exigent que tous les professionnels de la santé se fassent vacciner contre les maladies transmissibles. Les patients et les travailleurs de la santé ont le droit d’être protégés par des méthodes appropriées de prévention et de contrôle des infections. Points clés Les médecins (y compris les étudiants en médecine et les médecins en formation) qui risquent d’être infectés par un agent pathogène à diffusion hématogène à la suite d’activités personnelles ou professionnelles ont l’obligation morale de connaître leur statut sérologique, de se soumettre à de nouveaux tests après une exposition et de prendre les mesures qui s’imposent pour réduire les risques de transmission. Compte tenu du principe de la non-malveillance, les fournisseurs de soins de santé ont aussi l’obligation morale de ne pas soumettre les patients et d’autres professionnels de la © 2010 Association médicale canadienne. Vous pouvez, à des fins personnelles non commerciales, reproduire en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, un nombre illimité de copies des énoncés de politique de l'AMC, à condition d’en accorder le crédit à l’auteur original. 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La divulgation routinière de l’état sérologique positif n’est pas obligatoire. Il est obligatoire de divulguer le statut sérologique au patient dans le cadre de la discussion préalable au traitement seulement si le risque pour le patient constitue un facteur important dans la prise de décision. L’AMC appuie et recommande l’application de pratiques de routine visant à mieux protéger les patients et les travailleurs de la santé contre les infections auxquelles les expose le milieu de travail dans le secteur des soins de santé. Par exemple, la vaccination constitue le moyen le plus efficace de prévenir l’hépatite B au travail dans le secteur des soins de santé. Les médecins (y compris les étudiants en médecine et les médecins en formation) doivent connaître les obligations imposées par les lois et les règlements de leur province ou territoire en ce qui a trait à l’immunisation, à l’état sérologique, à la pratique de la médecine et aux maladies transmissibles à déclaration obligatoire. Droits de la personne Toutes les personnes ont des droits fondamentaux, y compris le droit à la vie privée, à l’autonomie et à l’accès au traitement sans discrimination. Il faut respecter ces droits lorsqu’on choisit des mesures pour réduire le risque de transmission de maladies. Aucun droit n’est absolu et, lorsque les circonstances le justifient, il est possible d’empiéter sur n’importe quel droit. La mesure dans laquelle il est justifié d’empiéter sur un droit fondamental de la personne dépend des circonstances, ce qui comprend le niveau de risque, la mesure dans laquelle on empiétera sur le droit, la capacité de contrer autrement le risque et la capacité d’accommodement de la personne infectée jusqu’au point de contrainte excessive pour l’employeur . Principes d’éthique On a toujours fourni des services de santé même lorsqu’ils pourraient poser un risque pour les travailleurs de la santé. L’éthique oblige les travailleurs de la santé à fournir des services appropriés aux patients séropositifs et à ceux dont on ne connaît pas le statut sérologique. En cas d’infection, il est possible de réduire encore davantage ce risque par l’application rigoureuse des directives sur la lutte contre l’infection et par des mesures de routine. Les travailleurs de la santé ont le droit d’être protégés et appuyés par l’établissement et le gouvernement, qui doivent leur fournir l’information, les politiques, les procédures, les fournitures et le matériel nécessaires. Les articles suivants du Code de déontologie de l’AMC s’appliquent : 1. Tenir compte d'abord du mieux-être du patient. 14. Prendre toutes les mesures raisonnables pour éviter de causer un préjudice aux patients; si le patient subit un préjudice, lui révéler. 15. Reconnaître vos limites et, au besoin, recommander ou solliciter des avis et des services supplémentaires. 21. Fournir à vos patients l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées au sujet de leurs soins de santé et répondre à leurs questions au meilleur de vos compétences. 35. Divulguer à des tiers les renseignements personnels sur la santé de vos patients uniquement avec le consentement de ces 2 derniers, ou lorsque la loi l'exige, par exemple lorsque le maintien de la confidentialité risquerait de causer un préjudice grave à des tiers ou, dans le cas de patients inaptes, aux patients eux-mêmes. Il faut alors prendre toutes les mesures raisonnables pour prévenir le patient de la dérogation aux exigences habituelles de confidentialité 48. Éviter d'entacher la réputation de collègues pour des raisons personnelles, mais signaler aux autorités compétentes toute conduite non professionnelle de collègues 49. Être disposé à participer à des examens critiques par des pairs et à s'y soumettre soimême. 53. Solliciter l'aide de collègues et de professionnels dûment qualifiés lors de problèmes personnels qui pourraient nuire aux services que vous offrez aux patients, à la société ou à la profession. Principes de la prévention de l’infection Le degré de risque d’infection dépend de l’agent pathogène auquel une personne est exposée et de la nature de l’exposition. On recommande des tests consécutifs à l’exposition autant pour les patients que pour les travailleurs de la santé et les traitements prophylactiques sont justifiés lorsqu’ils ont prouvé leur efficacité. Comme mesure générale afin de minimiser le risque d’infection, les médecins doivent prendre des précautions appropriées au travail. À cause de sa nature même, le milieu des soins de santé présente toutefois un risque plus important d’exposition professionnelle aux agents pathogènes à diffusion hématogène que les milieux de travail en général. Le travailleur de la santé peut être exposé directement au sang ou aux liquides biologiques d’un patient séropositif au cours d’activités de routine ou à la suite d’un accident de travail comme une piqûre. Si le patient est la source de l’exposition, on peut le soumettre à un examen seulement avec son consentement éclairé ou si la loi l’y oblige. Les travailleurs de la santé doivent prendre les mesures appropriées pour éviter d’exposer les patients à un risque indu de transmission de tout agent pathogène. Il faut informer les patients s’ils ont été exposés à des agents pathogènes à diffusion hématogène (articles 14 et 21 du Code de déontologie). La source de l’exposition peut demeurer anonyme. Il ne faut pas violer la vie privée et la confidentialité des travailleurs de la santé infectés. On peut divulguer au patient l’identité du travailleur de la santé seulement avec le consentement de ce dernier ou si la loi l’exige (article 35 du Code de déontologie). Vaccination contre l’hépatite B et dépistage On encourage vivement tous les fournisseurs de soins de santé qui travaillent ou travailleront dans un contexte où des patients pourraient être exposés à leurs liquides organiques à se faire vacciner contre le VHB, sauf s’il y a contreindication médicale. On encourage vivement tous les fournisseurs de soins de santé qui travaillent ou travailleront dans un contexte où ils pourraient être exposés aux liquides organiques d’un patient à se faire vacciner contre le VHB pour leur propre protection, sauf s’il y a contre-indication médicale. Dans le contexte du protocole de vaccination, il faudrait soumettre à des tests sérologiques tous les fournisseurs de soins de santé vaccinés. Les fournisseurs de soins de santé qui ne répondent pas au vaccin 3 (ceux qui demeurent négatifs pour les anticorps et l’antigène de surface de l’hépatite B [AgHBs]) devraient se soumettre à des tests de dépistage de l’AgHBs et, si les tests sont négatifs, recevoir une série supplémentaire du vaccin. Les fournisseurs de soins de santé qui demeurent séronégatifs même s’ils ont reçu deux séries du vaccin doivent être référés à un spécialiste des maladies infectieuses ou de la santé au travail pour obtenir un autre avis. Les fournisseurs de soins de santé qui sont séronégatifs à la fois pour l’AgHBs et ses anticorps et les quelques-uns qui demeurent séronégatifs pour les deux en dépit d’efforts concertés pour produire la séroconversion par la vaccination devraient se soumettre à des tests périodiques de détermination de la conversion éventuelle au statut AgHBs ou de statut positif pour les anticorps. Tests périodiques chez les travailleurs de la santé Les tests de routine ne sont pas obligatoires. On ne soumet les gens à des tests que s’ils ont donné leur consentement suffisamment éclairé et qu’ils ont reçu du counselling à cet effet, ou conformément à la loi. Après une exposition, les travailleurs de la santé sont tenus par l’éthique de se soumettre à des tests et de se faire suivre pour la séroconversion. La durée du suivi varie en fonction de l’étiologie de la maladie. Principes de la santé au travail Toute politique portant sur l’administration de tests aux travailleurs de la santé doit être conforme aux principes généraux suivants de la santé au travail : - Pour protéger leurs patients et se protéger eux-mêmes, on encourage vivement tous les fournisseurs de soins de santé qui pratiquent des interventions où il y a risque d’exposition, au cours desquelles leurs patients ou eux-mêmes pourraient être exposés à des liquides biologiques, à se faire vacciner contre les maladies transmissibles, sauf en cas de contre-indication médicale. - Un programme de surveillance médicale doit déboucher sur la prévention ou le traitement efficaces de la maladie ou fournir des preuves au sujet de l’admissibilité d’une personne aux indemnités pour accident du travail. - Tout élément d’un programme de services de santé au travail peut être jugé essentiel s’il vise à protéger ou à améliorer la santé des travailleurs et s’il est improbable qu’il soit offert ailleurs dans une forme satisfaisante. - Aux fins de l’évaluation de l’aptitude d’un employé à faire un travail, une incapacité ou un autre problème n’est pertinent que s’il (1) réduit considérablement ou que l’on peut s’attendre à ce qu’il réduise considérablement la capacité du travailleur de s’acquitter des fonctions de l’emploi, ou (2) créerait un risque indu pour d’autres travailleurs de la santé ou pour le public. L’employeur est tenu de s’adapter aux besoins d’un travailleur qui découlent d’une incapacité ou d’un problème tant qu’il n’y a pas contrainte excessive pour l’employeur. L’employeur ne peut conclure qu’une personne est incapable de s’acquitter des tâches essentielles de l’emploi que si elle demeure incapable de s’en acquitter en dépit de mesures appropriées d’accommodement. Professionnels de la santé séropositifs Les professionnels de la santé devraient se soumettre à des tests après une exposition et 4 recevoir volontairement du counselling. Les professionnels de la santé infectés devraient consulter un spécialiste des maladies infectieuses, un hépatologue ou leur médecin de famille au sujet de l’évaluation, de la prise en charge et du traitement médical. La prise en charge appropriée varie en fonction du niveau de risque et de l’existence d’une cure ou d’autres traitements efficaces. Les responsables des services de counselling doivent se tenir au fait de l’évolution des connaissances sur les risques d’exposition et de transmission. Le médecin de famille doit consulter des médecins spécialistes ou des experts en santé publique pour obtenir de l’information à jour au sujet des risques de transmission à des patients et des déclarations obligatoires imposées par la loi ou les règlements. le patient subit un préjudice, lui révéler). Les patients ont le droit de connaître les risques auxquels ils peuvent être exposés dans le cadre de la prestation de services de soins de santé (article 21 du Code de déontologie de l’AMC : Fournir à vos patients l’information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées au sujet de leurs soins de santé et répondre à leurs questions au meilleur de vos compétences). Dans les cas limités où il est justifié d’empiéter sur les droits fondamentaux de la personne, il faut satisfaire aussi aux conditions suivantes : - il faut empiéter le moins possible sur les droits fondamentaux de la personne, y compris, notamment, le droit à la vie privée; - il faut faire tous les efforts raisonnables pour accommoder les personnes afin d’éviter que les mesures adoptées ne deviennent un fardeau pour elles; - s’il est impossible de parvenir à des accommodements, il faut indemniser équitablement les personnes pour lesquelles les mesures adoptées constituent un fardeau. Soutien et recyclage des professionnels de la santé infectés Les médecins pratiquant des interventions qui risquent de les exposer sont tenus par l’éthique de connaître leur état sérologique et de savoir s’ils peuvent exposer leurs patients à un risque indu (article 1 du Code de déontologie de l’AMC : Tenir compte d’abord du mieux-être du patient [et] article 14 du Code de déontologie de l’AMC : Prendre toutes les mesures raisonnables pour éviter de causer un préjudice aux patients; si La norme régissant la divulgation doit concorder avec la norme relative au consentement éclairé, qui oblige à divulguer les risques importants. Il est obligatoire de divulguer le statut sérologique dans le cadre de la discussion préalable au traitement seulement si le risque pour le patient est important pour la prise de décision. Il faut accorder aux travailleurs de la santé infectés des accommodements nécessaires jusqu’au point de contrainte excessive pour l’employeur1. Les accommodements appropriés dépendront des circonstances et du niveau de risque pour les patients et les autres travailleurs de la santé et peuvent consister notamment à modifier la nature du travail de l’intéressé et à réévaluer périodiquement l’aptitude et le risque. Si un médecin est classé comme employé, les mesures habituelles de protection au travail s’appliquent alors. Lorsqu’un médecin est contractuel et n’est pas reconnu comme employé mais doit modifier sa pratique, l’organisation et les collègues du médecin doivent permettre (jusqu’au point de contrainte excessive) la modification du champ d’exercice. Cet accommodement doit se faire sans égard à la source d’infection. Il faut dans la mesure du possible modifier les règlements intérieurs de l’hôpital pour 5 étendre la protection aux médecins non employés. bénéficier du counselling et des services de soutien appropriés et continus. Dans certaines administrations, les médecins sont tenus de signaler leur état sérologique au Collège des médecins et chirurgiens. Les médecins doivent connaître les exigences particulières de leur Collège. L’AMC est d’avis que les médecins infectés dont la pratique est limitée devraient avoir facilement accès aux possibilités de recyclage et demande aux organisations médicales des provinces et des territoires, y compris aux ordres et aux associations représentatives, de faciliter les possibilités de recyclage et, le cas échéant, de les financer. Les détails de ce recyclage différeront obligatoirement en fonction des circonstances individuelles et de l’endroit. La plupart des provinces ont désigné un comité d’examen constitué d’experts indépendants qu’elles ont chargé de formuler des recommandations sur la pratique professionnelle des médecins infectés. L’AMC recommande que toutes les autorités chargées de la réglementation établissent des comités d’examen constitués d’experts indépendants qui fonctionneront en autonomie des autorités en question. Les autorités réglementaires pourront être obligées de surveiller l’observation par les médecins de toute restriction suggérée par le comité d’experts, auquel cas la divulgation à l’organisme de réglementation sera obligatoire. Comme dans le cas de tous les renseignements sur la santé, on présume qu’il y a obligation de respecter la vie privée et la confidentialité, à moins que le médecin agisse de façon à exposer les patients à un risque indu d’infection. Avant de formuler un cadre pour les comités d’examen, il faudrait établir des programmes de recyclage et de soutien afin d’assurer qu’il soit dûment tenu compte des questions d’incapacité, de recyclage et d’assurance des médecins infectés. Cette démarche est conforme au principe éthique de la réciprocité suivant lequel les personnes qui sont exposées davantage à l’infection, comme les médecins pratiquant des interventions susceptibles de les exposer, doivent bénéficier de moyens de contrer le préjudice dans les rares circonstances où cela se produit. On encourage vivement les médecins infectés à signaler leur état au comité d’examen. Dans les rares cas où un médecin infecté pratique des interventions qui entraînent un risque d’exposition et refuse de déclarer son état, les médecins traitants sont toutefois tenus moralement de signaler le médecin infecté à l’organisme de réglementation compétent (articles 35 et 48 du Code de déontologie). Tous les professionnels de la santé infectés par un agent pathogène à transmission hématogène et dont la pratique comporte des restrictions à cause de l’infection devraient 6