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L'Assurance maladie met la pression sur les médecins
Le docteur Frédéric Chevalier, généraliste à Carnon, est embarrassé. En plus de la trentaine de patients qu'il soigne chaque
jour, il doit résoudre le casse-tête imposé par une lettre d'observation de la Caisse primaire d'assurance maladie de l'Hérault, qui
réclame la réduction de ses prescriptions d'arrêts de travail pour rentrer dans les normes statistiques. Sur les derniers mois, il
aurait prescrit 3 262 journées pour un objectif défini à 3 066. Il a quatre mois pour rectifier le tir avant d'être sanctionné : mise
sous autorisation préalable (MSAP) et une pénalité de plus de 6 000 €. Une méthode contestée
« Je ne vois pas la solution. J'ai une vingtaine de patients en longue maladie avec des pathologies lourdes, soit 2 500 journées
d'arrêts de facto visés par le médecin-conseil de la Caisse. Je prescris des arrêts de travail qui ne sont jamais plus longs que
nécessaire. Pour entrer dans le cadre, il me faudrait adresser certains de mes patients à un confrère », explique-t-il, visiblement
troublé par la méthode. Plus d'une centaine de praticiens ont reçu la lettre de mise en garde en Languedoc-Roussillon, où les
dépenses en indemnités journalières ont augmenté au premier semestre 2014 : + 3,1 % pour le nombre des journées (2,2 %
en France), + 4,5 % sur les indemnités versées (3,1 % en France), soit une enveloppe de 167 M€. Voilà qui explique sans doute
l'offensive des Caisses pour revenir dans la ligne statistique vertueuse qui autorise une hausse de 2,5 % pour ses six prochains
mois (2 % en France).
« Les médecins sont libres de prescrire. Il s'agit de les accompagner et d'harmoniser les pratiques quel que soit le praticien ou le
contexte local, en même temps que nous devons contrôler les dépenses pour rester dans la norme nationale », répond Carole
Lô Clément, sous-directrice de la coordination régionale des Caisses primaires d'assurance maladie, qui détaille les dispositifs
pour contenir les dérapages, dont la mesure de mise sous autorisation préalable, qui menace les médecins récalcitrants. Dans le
cadre de la MSAP, les indemnités journalières ne sont versées au patient que lorsque le médecin-conseil a donné son accord.
« Nous refusons catégoriquement cette notion de délit statistique pour mettre en cause certains de nos confrères. Les patients
sont très différents d'un médecin à l'autre. Il faut analyser chaque cas individuellement. L'arrêt de travail fait partie de l'arsenal
thérapeutique du praticien. L'Ordre des médecins l'a rappelé encore dernièrement », dit le docteur Jean-Christophe Calmès,
responsable régional du syndicat MG France qui réclame un traitement à part des longues maladies. Selon lui, elles faussent les
statistiques.
« Ces méthodes d'intimidation ont choqué, parfois même traumatisé certains médecins déjà en situation de surmenage »,