Diversité Des prairies permanentes en zone De montagne alpine

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Diversité des prairies permanentes en zone de montagne alpine
Réalisé dans le cadre du projet NAPEA
Diversité
des prairies
permanentes
en zone
de montagne
alpine
État des lieux et conséquences
en terme de gestion
Projet de coopération transfrontalière France-Italie
Alcotra 2007-2013
Maëlle Talichet, Annalisa Curtaz
Diversité
des prairies
permanentes
en zone
de montagne
alpine
État des lieux et conséquences
en terme de gestion
Maëlle Talichet, Annalisa Curtaz
DIVERSITé DES PRAIRIES PERMANENTES
EN ZONE DE MONTAGNE ALPINE
Coordonné par
Maëlle Talichet et Annalisa Curtaz
Auteurs
Maëlle Talichet, Suaci Alpes du Nord-GIS
Alpes Jura, Saint-Baldoph (F)
Annalisa Curtaz, IAR (I)
Yves Pauthenet, Suaci Alpes du Nord-GIS
Alpes Jura, Saint-Baldoph (F)
Mauro Bassignana, IAR (I)
Cécile Meyer, SupAgro, Montpellier (F) et
Institut Agricole Régional, Aoste (I)
Le projet
NAPEA (2009-2011)
a été co-financé par l’Union Européenne,
par le biais du FESR, dans le cadre
du programme ALCOTRA 2007-2013
(projet n. 101) de la République Italienne
et de la Région Autonome Vallée d’Aoste.
Les partenaires du projet sont: la Région
Autonome Vallée d’Aoste, l’Assessorat
de l’Agriculture et des Ressources Naturelles (chef de file); l’Institut Agricole Régional, Aoste (I); le SUACI Alpes du Nord,
Saint-Baldoph (F).
Editeur : Institut Agricole Régional,
Rég. La Rochère 1/A, I-11100 Aoste.
Année : 2011
Imprimerie : Tipografia Testolin Bruno
ISBN : 978-88-906677-2-5
Projet graphique
Lauriane Talichet
Remerciements
Les résultats de ce projet n’auraient pas vu
le jour sans l’investissement de :
Luca Dovigo, Cristina Galliani, Santa Tutino
et Cristiano Sedda, Assessorat de
l’Agriculture et des Ressources Naturelles
de la Région Autonome Vallée d’Aoste ;
Nicolas Weirich (Chambre d’agriculture de
Savoie/Haute-Savoie) ; Bertrand Crépeau et
Thierry Georges (Copelsa) ; Gérard Juillet
(Alliance conseil 74) ; Philippe Béranger,
Laura Poggio et Maurizio Bovio
(botanistes) ;
Fanny Journot, Nicolas Lecâtre, Julie Ledoux
et Maxime Pernel (stagiaires en mémoires
de fin d’études d’écoles d’ingénieurs) ;
Francesca Madormo, Diego Arlian,
Luca Carrel et Alessandro Neyroz (IAR) ;
Angèle Barrel, Ordre des Ingénieurs
Agronomes et des Ingénieurs Forestiers de
la Vallée d’Aoste ; Ezio Mossoni, Coldiretti
Vallée d’Aoste et l’ensemble des
agriculteurs qui nous ont reçus chez eux et
consacré du temps.
Que tous soient ici vivement remerciés pour
leur précieuse collaboration !
Nous remercions également les personnes qui
ont bien voulu répondre à nos nombreuses
sollicitations :
- Françoise Couturier, Bruno Bletton,
Denis Tasset, Sylvie Auroy, Jérémy Jean Pierre,
Nicole Bocquet, Fabien Faugeroux,
Fanny Renard, Philippe Vuillet, Cécile Letort
(Chambre d’agriculture Savoie – Haute
Savoie) ;
- Andrea Chevalier, Paolo Cretier
et Luigi Pepellin (Assessorat de l’Agriculture
de la Région Autonome Vallée d’Aoste).
- Sébastien Breton (AftAlp), Céline Charvier
(Savoîcime) et Isabelle Masle (Syndicat
interprofessionnel du Reblochon).
Enfin, nos remerciements vont aussi à :
-Pascal Carrère (INRA) ;
-Philippe Fleury (ISARA) ;
-Baptiste Nettier (IRSTEA)
Pour leurs conseils avisés prodigués tout au
long de la réalisation du projet.
Crédits photographiques
Les photos du manuel sont des auteurs,
à l’exception de la photo en bas
de couverture et de celles aux
pages 27, 50 et 52 (en bas), de L. Perron
(SUACI Alpes Du Nord-GIS Alpes Jura).
Sommaire
Avant propos ..........................................
Le projet NAPEA ......................................
9
9
1Introduction..........................................
11
2 Fonctionnements fourragers des
exploitations ...........................................
2.1 Fonctionnements fourragers des
exploitations en Savoie et Haute-Savoie ..
2.2 Fonctionnements fourragers des
exploitations en Vallée d’Aoste.................
3 Diversité des prairies permanentes
de fauche.................................................
3.1 Composition floristique .....................
3.1.1 Composition floristique des
prairies en Savoie et Haute-Savoie .........
3.1.2 Composition floristique des
prairies en Vallée d’Aoste ........................
3.2 Diversité de végétation, richesse en
espèces et production fourragère ............
3.2.1 Diversité en Savoie
et Haute-Savoie .......................................
3.2.2 Diversité en Vallée d’Aoste .............
15
16
20
25
26
26
27
4 Diversité des prairies et
fonctionnements fourragers des
exploitations............................................
4.1 Diversité des prairies et groupes de
systèmes fourragers ................................
4.2 Gestion de la diversité des prairies
au sein des exploitations .........................
5 Valorisation de la diversité des
prairies ....................................................
5.1 Intérêt des prairies diversifiées ........
5.2 Valorisation des prairies à flore
diverse : la MAE territorialisée dite
“Prairies fleuries”......................................
35
36
37
43
44
45
6 Conclusions ........................................
49
Bibliographie et liste des espèces
citées dans le texte ................................
53
28
28
31
5
Sigles
AOC : Appellation d’Origine Contrôlée
AOP : Appellation d’Origine Protégée
EA : Exploitation Agricole
IGP : Indication Géographique Protégé
MAET : Mesure Agroenvironnementale
Territorialisée
MS : Matière Sèche
PDIN : Protéines digestibles dans l’intestin en fonction de l’azote
PDRH : Plan de Développement Rural
Hexagonal
PP : Prairie Permanente
PT : Prairie Temporaire
SAU : Surface Agricole Utile
SFP : Surface Fourragère Permanente
UFL : Unité Fourragère Lait
UGB : Unité Gros Bétail
UTH : Unité de Travail Humain
VL : Vache Laitière
Avant propos
Le projet NAPEA
NAPEA est un projet de coopération
transfrontalière entre la France et l’Italie
réalisé dans le cadre du programme Interreg III - Alcotra. La coordination globale
du projet est assurée par l’Assessorat de
l’agriculture et des ressources naturelles
de la Région Autonome de la Vallée
d’Aoste. Les partenaires techniques sont,
pour la France, le Suaci Alpes du Nord et,
pour l’Italie, l’Institut Agricole Régional
(IAR).
Les territoires d’étude sont en effet la Vallée d’Aoste en Italie et les départements
de Savoie et de Haute-Savoie en France.
L’objectif global du projet est l’acquisition
de références sur la diversité et la gestion
des prairies permanentes en Vallée
d’Aoste et en Pays de Savoie (départements de la Savoie et de la Haute-Savoie).
D’un point du vu opérationnel, le projet
comporte trois volets d’actions techniques :
Volet n°1 : Etat des lieux de la diversité
des prairies permanentes de fauche
L’objectif de ce volet est i) de caractériser
la diversité des prairies de fauche en
terme de types de végétation et de richesses en espèces ii) d’analyser comment cette diversité est prise en compte
et gérée au sein des exploitations.
Volet n°2 : Préserver la biodiversité et la
production des prairies permanentes
face à l’invasion d’espèces envahis-
santes.
Les espèces végétales d’origine exotique
très compétitives et parfois dangereuses
pour la santé animale et humaine remplacent peu à peu les espèces locales. De
plus, la prolifération d’espèces animales
(campagnols, sanglier) est à l’origine de
dégradations des prairies.
Ainsi, le volet n°2 du projet NAPEA s’intéresse aux espèces animales et végétales
envahissantes, qui diminuent la production des prairies en qualité et en quantité,
et qui constituent une menace réelle pour
la diversité des prairies.
Volet n°3 : Impact des travaux de rénovation et d’amélioration foncière sur
les prairies permanentes.
A l’occasion de la mise en œuvre d’équipements techniques, ou encore pour réparer les dégâts provoqués par des calamités naturelles, des opérations de rénovation ou d’amélioration foncière sont à
réaliser dans le but de mettre en place
des terrains dont la qualité du sol en permette une utilisation agricole durable. Le
volet n°3 du projet NAPEA a pour but
d’apporter des réponses sur les bonnes
pratiques afin d’aboutir en quelques années à des prairies permanentes aux valeurs agronomiques et agricoles satisfaisantes.
Chaque volet d’action fait l’objet d’une
synthèse technique. La présente synthèse
rend compte des travaux du volet 1.
Prefazione
9
Chapitre 1
Introduction
11
Chapitre 1
Introduction
L’agriculture en Vallée d’Aoste et en Savoie et Haute-Savoie est en bonne partie
orientée vers l’élevage herbager et les exploitations sont à forte dominance de
prairies permanentes, c’est-à-dire des
prairies qui ne sont jamais labourées.
Dans ces régions alpines, les prairies sont
d’un intérêt majeur :
- Elles assurent la production d’herbe et
de foins, base de l’alimentation des animaux d’élevage ;
- Elles constituent un réservoir important de biodiversité (Huyghe, 2008) et
contribuent fortement à la diversification
paysagère des territoires (Guisepelli et
Fleury, 2003).
Sur ces territoires, des travaux passés,
conduits par le GIS Alpes du nord (Fleury
et al., 1994 ; Guillot et al., 1996) et l’Institut Agricole Régional d’Aoste (Roumet et
al., 1999), ont consisté à réaliser des typologies de valeur d’usage des prairies
permanentes. Ces travaux ont mis en évidence une grande diversité de types de
prairies selon les conditions de milieu et
les pratiques agricoles mises en œuvre
par les agriculteurs. Ils ont permis également d’analyser les conséquences de
cette diversité en matière de production
quantitative et qualitative de fourrages.
Si ces travaux ont constitué, sur ces 10 –
15 dernières années, un référentiel de
base important pour bien gérer les prairies, la question de la mise à jour de ce
référentiel est posée. Il se peut en effet
que les types se modifient sous l’effet des
12
Chapitre 1 - Introduction
conséquences du changement climatique
(fréquence accrue de sècheresses saiCarte des Régions des Pays de Savoie et de la Vallée d’Aoste
La SAU est de 55.000 ha en Vallée d’Aoste
et de 257.917 ha en Pays de Savoie. En
Vallée d’Aoste, la SAU est quasi exclusivement occupée par des surfaces en
herbe avec 19% de prairies permanentes
et 79% d’alpages (Collectif, 2010)
En Pays de Savoie, 89 % de la SAU est
composée de surfaces en herbe dont
51% de prairies permanentes, 28,5%
d’alpages et 9,5 % de prairies temporaires (Collectif, 2011).
L’élevage bovin laitier est l’activité d’élevage dominante dans les deux régions.
La production est valorisée par la fabrication et la commercialisation de fromages
sous signe officiel de qualité (AOP, AOC
et IGP).
sonnières) et de changements de pratiques des agriculteurs notamment en
matière de fertilisation et d’intensité d’utilisation des prairies.
Face à cette question générale, l’objectif
suivi sur ce volet 1 de NAPEA a été : i) de
faire un état des lieux actuel de la diversité
des prairies permanentes présentes en
Pays de Savoie et en Vallée d’Aoste ; ii)
d’analyser dans quelle mesure cette diversité est prise en compte et valorisée
dans les exploitations face notamment à
la récurrence des aléas climatiques.
D’un point de vue opérationnel, le travail
s’est déroulé en trois étapes :
- Constitution d’un échantillon d’exploitations représentatif d’une diversité de
systèmes fourragers sur les territoires ;
- Inventaire de la diversité des prairies
de fauche présentes ;
- Analyse de la valorisation de cette diversité dans les exploitations notamment
pour sécuriser les systèmes face aux aléas climatiques.
L’échantillon est composé de 20 exploitations en Savoie et Haute Savoie et de 27
en Vallée d’Aoste.
Les exploitations ont été choisies à « dire
d’experts » au sein des zones de validité
des typologies de prairies, à savoir :
o entre 600 et 1500 mètres d’altitude en
Savoie et Haute-Savoie, en considérant
trois secteurs bioclimatiques distincts :
- le submontagnard couvrant l’ensemble
du territoire situé à moins de 700 – 800
mètres d’altitude;
- le montagnard situé au-delà de 700 –
800 m. d’altitude ;
- les valles internes (Tarentaise, Maurienne) caractérisées par une sècheresse
estivale marquée qui est d’ordre climatique (peu de précipitations en été) et pédologique (sols de texture sableuse, très
filtrants).
o l’ensemble du territoire situé à moins
de 1300 mètres d’altitude en Vallée
d’Aoste, région faisant partie des vallées
internes des Alpes nord-occidentales.
Pour des raisons d’homogénéité, le choix
a été fait de ne retenir que des exploitations dont la production est basée majoritairement sur l’élevage bovin laitier.
Les autres critères de choix ont été :
- la répartition des exploitations sur le
territoire ;
- une diversité de tailles d’exploitations.
Chapitre 1 - Introduction
13
Chapitre 2
Fonctionnements
fourragers des
exploitations
15
Chapitre 2 · Fonctionnements
fourragers des exploitations
2.1Fonctionnements
fourragers des exploitations en
Savoie et Haute-Savoie
Parmi les exploitations de l’échantillon,
cinq « groupes » de fonctionnements fourragers ont été identifiés.
Ce groupe est constitué de deux exploitations de taille modeste (une vingtaine de
vaches laitières en production) situées en
zone AOC Reblochon.
L’utilisation des prairies est assez extensive
avec une à deux fauches chaque année, parfois suivies d’une pâture d’automne.
Les apports d’azote sur les parcelles
sont réguliers mais assez faibles, au
maximum 50 unités par hectare et par
an, principalement sous forme organique
(fumier).
En général, des parcelles sont réservées
pour la pâture des vaches laitières. Elles
ne sont donc jamais fauchées. Les parcelles fauchées sont souvent pâturées
quant à elles en automne.
Les deux éleveurs revendiquent fortement une logique d’entretien du patrimoine avec le souci d’exploiter la totalité
de leur parcellaire de manière équilibrée.
Groupe 1 - Gestion extensive du fond de vallée avec le troupeau (2 exploitations)
Groupe 2 - Vaches en alpage et gestion du fond de vallée
pour la production de foin (6 exploitations)
16
Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations
Ces exploitations sont en zone AOC
(Beaufort ou Tome des Bauges)
Elles gèrent deux pôles fonciers: le
bas où est privilégiée la production de
foin en visant au maximum l’autonomie fourragère et l’alpage pour le pâturage des laitières. Les éleveurs
doivent donc gérer le parcellaire de
manière à allier la pâture avant la montée à l’alpage mais aussi pour la production de foin pour l’hiver.
Dans tous les cas les génisses sont
mises en groupement pastoral ou envoyées en pension l’été.
Il est généralement recherché une production de lait plus importante l’été,
tout en gardant une certaine continuité
l’hiver. Les mises-bas sont donc étalées entre octobre et avril.
Afin de répondre à ces exigences, les exploitations cherchent ainsi à optimiser
leur système. Le chantier de fanage allie
qualité et quantité des foins tout en assurant le pâturage d’intersaison. Les stades
de fauche peuvent être donc variables, de
précoces à tardifs selon la localisation de
la parcelle. L’intensité d’utilisation est
moyenne : une à deux fauches pouvant
être suivies d’un pâturage d’automne.
Le décloisonnement entre fauche et pâture est moyen : certaines prairies de
fauche sont pâturées au printemps (avrilmai), il y a fréquemment pâturage des
regains à l’automne.
Les apports d’azote organique sur les
parcelles varient de 40 à 160 U d’azote/
ha, rarement complétés par des engrais
chimiques.
Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations
17
Groupe 3 - Optimiser le système avec production de lait d’été
(4 exploitations)
Ce sont des exploitations de taille moyenne
où une installation récente ayant engagé
des investissements nécessite la recherche
d’une rentabilité forte du système. L’objectif est de maintenir la quantité de lait par
vache laitière et d’assurer la qualité (livraison en coopératives fromagères). L’orientation prise est la production de lait d’été.
Les vaches laitières ne vont pas en alpage.
Le chantier de fenaison allie recherche de
foin abondant et de bonne qualité pour répondre aux besoins du troupeau. Il y a un
fort décloisonnement entre fauche et pâture, plusieurs prairies sont en effet exclusivement réservées pour la pâture en été.
Les apports d’azote organiques varient de
30 à 60 U d’azote/ha, souvent complétés
par des engrais minéraux.
Groupe 4 - Intensification en zone AOC
(4 exploitations)
Ce sont des élevages de taille importante
(117 UGB en moyenne) situés en zone AOC
Reblochon.
Généralement, les troupeaux restent autour
du siège lors de la période estivale (sauf une
exploitation). Afin de libérer des surfaces en
pâturage, les génisses sont envoyées dans
certains cas en en pension ou en alpage l’été.
L’intensité d’utilisation des prairies de
fauche est relativement importante pouvant
18
aller jusqu’à 4 fauches annuelles, éventuellement suivies d’un pâturage d’automne.
Les dates de fauches sont précoces à
moyennes.
Certaines prairies de fauche peuvent également être pâturées, au printemps et en août
(sur les regains).
Les apports d’azote organiques tournent
autour de 100 U d’azote/ha et par an, rarement complétés par des engrais chimiques.
Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations
Groupe 5 - Cultures fourragères et intensification des surfaces
en zone hors AOC (4 exploitations)
La production fourragère de ces exploitations vise une maximisation de la production.
Cela se traduit par un niveau d’intensité
d’utilisation des prairies de fauche relativement élevé, de deux à quatre fauches
parfois suivies d’une pâture.
Dans ce groupe, à la différence des pré-
cédents, on relève la présence de
cultures temporaires.
Ces exploitations ne sont pas en zone
AOC.
Généralement l’ensemble du troupeau
reste sur le siège d’exploitation durant la
période estivale. Des parcelles sont donc
réservées exclusivement pour la pâture.
Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations
19
Tab. 1 Groupes d’exploitations composant l’échantillon en Pays de Savoie
1
Prairies permanentes de fauche et pâture hors alpage. Calcul au prorata du temps de présence sur l'exploitation.
L’allotement du troupeau est important
(gestion de 4 à 7 lots).
L’alimentation des vaches laitières au pâturage est par ailleurs complétée par du
foin et/ou de la luzerne et, dans certains
cas, par un affouragement en maïs vert,
ce que l’on ne rencontre pas ou peu dans
les exploitations des autres groupes.
Les apports d’azote organiques varient
de 30 à 150 unités d’azote/ha, souvent
complétés par des engrais chimiques.
en zone AOC et la distribution d’engrais minéral étant incompatible avec
les primes agro-environnementales
n’est pas adaptée pour la plupart des
exploitations. L’irrigation est généralement assurée pour les prairies en fond
de vallée.
2.2 Fonctionnements fourragers
des exploitations en Vallée d’Aoste
Ce groupe est constitué par des exploitations gérant de grandes surfaces en
fond de vallée et des troupeaux importants (de l’ordre de 50 VL). Une seule
exploitation de ce groupe voit son troupeau monter en alpage.
Les exploitations valdôtaines présentent des caractéristiques communes.
En effet, toutes les exploitations sont
20
Groupe A - Gestion de grandes
surfaces en fond de vallée
(4 exploitations)
Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations
Les surfaces importantes en fond de
vallée et une mécanisation aisée des
parcelles permettent pratiquement
toujours d’atteindre l’autonomie fourragère.
Certaines parcelles sont ainsi utilisées
exclusivement pour la production de foin
(2-4 fauches), tandis que les autres sont
aussi pâturées (fauche-fauche-pâture ou
fauche - pâture).
Groupe B - Gestion intensive des
surfaces en fond de vallée et au
mayen
(2 exploitations)
Les deux exploitations de ce groupe
sont également de taille importante
(50 et 80 UGB) et elles se caractérisent par la présence de gros mayen.
L’utilisation de ces prairies de moyenne
altitude est variée : fauchées (début
août) ou pâturées en période de transition à la montée ou à la descente
d’alpage.
Les surfaces de fond de vallée sont par
contre réduites (15 à 17 ha) et leur
conduite est donc assez intensive pour
assurer une production fourragère satisfaisante (3 à 4 utilisations dont au
minimum 2 fauches).
Les agriculteurs de ce groupe réalisent
aussi un affourragement en vert pour le
bétail. En général, dans ces conditions,
les exploitations atteignent l’autonomie
fourragère.
Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations
21
Groupe C - En autonomie fourragère et
gestion extensive des surfaces
(6 exploitations)
Groupe D - Gestion du fond de vallée
avec le troupeau
(6 exploitations)
Ce groupe est constitué par des exploitations possédant des troupeaux de faible
effectif (17 vaches en lactation en
moyenne). Les surfaces mécanisables
disponibles en fond de vallée étant relativement importantes, on observe un fort
cloisonnement entre parcelles pâturées et
fauchées et l’autonomie fourragère des
exploitations est facilement atteinte en
année normale sans qu’il y ait besoin d’intensifier les prairies.
Deux exploitations gèrent la totalité du
troupeau en fond de vallée toute l’année,
tandis que pour les autres exploitations
du groupe, les troupeaux vont en alpage.
Les exploitations de ce groupe ont un effectif troupeau plus important que le précédent (24 VL).
Au contraire du groupe précédent, ces
exploitations possèdent des surfaces peu
productives et peu mécanisables qui sont
réservées à la pâture estivale. Dans la plupart des cas (5 sur 6), les vaches ne montent pas en alpage. Les surfaces de
fauche, relativement réduites, sont soumises à 2 ou 3 utilisations annuelles). Malgré cela, l’autonomie fourragère n’est pas
toujours atteinte. Trois exploitations sur 6
achètent même régulièrement de grosses
quantités de foin.
Tab. 2 Groupes d’exploitations composant l’échantillon en vallée d’Aoste
22
Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations
Groupe E - Vaches en alpage et
gestion du fond de vallée pour la
production de foin
(9 exploitations)
Ce sont des exploitations où les troupeaux montent en alpage en étant confiés
à d’autres éleveurs. Ceci permet de bien
gérer les prairies de fauche de fond de
vallée dont les surfaces sont assez réduites.
Les prairies sont ainsi exploitées avec
trois utilisations par an : fauche-fauchepâture ou pâture-fauche-pâture.
Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations
23
Chapitre 3
Diversité
des prairies
permanentes
de fauche
25
Chapitre 3 · Diversité des prairies
permanentes de fauche
3.1 Composition floristique
Des relevés floristiques ont été réalisés
durant le printemps des années 2010 et
2011. La méthode employée a été celle
de De Vries et De Boer (1959), dite
« des poignées ». Sur chaque prairie,
un nombre de quarante poignées a été
réalisé permettant de répertorier la présence et l’abondance des espèces présentes. Il s’agissait, sur un transect et à
intervalle régulier, de ramasser une poignée et de déterminer sa composition
floristique en affectant des points suivant l’abondance des espèces présentes. Six points étaient affectés par
poignée, soit un total de 240 points
(40x6) par prairie.
26
3.1.1 Composition floristique des prairies en Savoie et Haute-Savoie
Quatre-vingt-six prairies permanentes présentes sur les 20 exploitations de notre
échantillon ont fait l’objet d’observations et
de relevés pour caractériser leur diversité.
Les parcelles ont été choisies pour couvrir
une gamme de pratiques agricoles identifiée par enquête auprès des éleveurs.
Au total, 178 espèces floristiques différentes ont été identifiées dans les prairies
de notre échantillon ; 151 espèces ont cependant un pourcentage d’abondance inférieur à 1% démontrant l’existence d’un
socle d’une vingtaine d’espèces dominantes.
Parmi celles-ci, un sous-ensemble de 6 espèces se détache par un pourcentage élevé
(tableau 3). L’avoine jaunâtre (Trisetum flavescens) et le dactyle (Dactylis glomerata)
sont les plus abondantes (abondance rela-
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
Tab. 3 Abondances relatives et occurrences d’apparition des espèces dominantes ou très fréquentes
dans les relevés effectués en Pays de Savoie
tive supérieure à 8%). Suivent, avec une
abondance relative comprise entre 5% et
8%, le trèfle blanc (Trifolium repens) et le raygrass anglais (Lolium perenne) puis, aux
alentours de 4,5%, le pissenlit (Taraxacum
officinale) et le pâturin commun (Poa trivialis).
Si l’on s’intéresse à l’occurrence d’apparition de ces 6 espèces, on remarquera que
le dactyle et le trèfle blanc sont présents
dans plus de 90% des relevés. Vient ensuite
le pissenlit avec 87%.
A l’inverse, le ray-grass anglais et le pâturin
commun ont des occurrences nettement
plus faibles. Ces deux espèces sont donc
moins fréquentes dans les prairies mais,
lorsqu’elles sont présentes, elles le sont assez abondamment.
Dans les espèces à plus faible abondance,
3 apparaissent dans plus de 80% des relevés. Il s’agit de Ranunculus acris, Trifolium
pratense et de Rumex acetosa. Ces plantes
sont donc fréquentes dans les prairies mais
relativement en faible proportion.
En termes de richesse en espèces, la valeur la
plus faible relevée est de 18 espèces (prairie
très fertilisée présente en zone de montagne
humide) et la plus élevée est de 66 espèces
(prairie située en zone d’altitude et sèche).
3.1.2 Composition floristique des prairies en Vallée d’Aoste
Les observations et relevés floristiques ont
été réalisés sur 50 parcelles. 176 espèces
floristiques différentes ont été identifiées
dont 149 avec un pourcentage d’abondance inférieur à 1%.
Parmi les espèces dominantes, un sous-ensemble de 4 graminées se détache avec un
pourcentage élevé (tableau 4). Le dactyle
(Dactylis glomerata) est largement l’espèce
la plus abondante (abondance relative
supérieure à 17%), suivi par le fromental
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
27
Tab. 4 Abondances relatives et occurrences d’apparition des espèces dominantes ou très fréquentes
dans les relevés effectués en Vallée d’Aoste.
(Arrhenatherum elatius, 9%), l’avoine jaunâtre (Trisetum flavescens, 8%) et la fétuque des prés (Festuca pratensis, 5%).
Le dactyle a été relevé dans toutes les
prairies, le fromental dans 94% et les deux
autres espèces dans 86% des relevés.
Les espèces moins abondantes mais très
fréquentes (entre 90% et 100% des relevés) sont : le pissenlit (Taraxacum officinale), le silène enflé (Silene vulgaris), le
trèfle violet (Trifolium pratense), l’achillée
(Achillea millefolium), le plantain lancéolé
(Plantago lanceolata), la grande berce
(Heracleum sphondylium) et la renoncule
âcre (Ranunculus acris).
Par ailleurs, 7 espèces sont de faible
abondance mais apparaissent dans au
moins 80% des relevés. Il s’agit de Trifolium repens, Anthriscus sylvestris, Poa
pratensis, Galium mollugo, Lotus corniculatus, Rumex acetosa et Salvia pratensis.
La richesse floristique la plus élevée (61
espèces) a été relevée, comme en Savoie,
dans une prairie sèche en altitude, alors
que la valeur la plus faible (29 espèces) a
été enregistrée au niveau de quatre prai-
28
ries toutes caractérisées par l’abondance
d’une ou deux graminées très fortement
dominantes : avoine jaunâtre, ray-grass
d’Italie (Lolium multiflorum), dactyle et fromental, chiendent (Agropyron repens).
3.2 Diversité de végétation,
richesse en espèces et production
fourragère
3.2.1 Diversité en Savoie et Haute-Savoie
On distingue principalement trois groupes
de prairies.
3.2.1.1 Les prairies relativement intensives
Nombre de prairies : 15
Les pratiques agricoles Le nombre d’utilisations varie de 2 à 4
fauches auxquelles s’ajoutent parfois une
pâture au printemps. La pâture d’automne
complète souvent les itinéraires basés sur
deux ou trois fauches.
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
La fauche du premier cycle est en grande
majorité pratiquée de manière précoce
(avant la floraison du dactyle) et, plus rarement, moyenne (entre les stades « floraison » et « fructification » du dactyle).
La fertilisation est d’un niveau moyen à
très élevé (entre 100 et 180 unités d’azote
par hectare).
La végétation Les graminées sont à feuilles moyennes
(ray-grass anglais, pâturin commun) et
larges (dactyle) et disposées le plus souvent en tapis régulier, rarement en touffes.
Les dicotylédones autres que les légumineuses n’excèdent jamais 30% du volume de végétation et sont relativement
peu diversifiées (renoncules, pissenlit,
grande berce, rumex à feuilles obtuses)
Les légumineuses composent entre 5 et
25 % du volume de végétation, l’abondance du trèfle blanc est parfois élevée.
La richesse en espèces est relativement
faible avec un nombre moyen d’espèces
recensées égal à 26.
La valeur d’usage agricole Ces prairies produisent en quantité (entre 7
et 10 tonnes de matière sèche/ha et par an)
et de bonne qualité si la fauche du premier
cycle est réalisée de manière assez précoce
(autour du stade « épiaison » du dactyle). La
valeur nutritive est alors en général supérieure à 0,70 UFL et 60 g de PDIN/kg de
matière sèche. Cette valeur par contre chute
rapidement si l’on fauche à des stades plus
tardifs. Ainsi, à partir du stade « floraison »
du dactyle, elle n’est plus que de 0,65 UFL
et 50 g de PDIN/kg de MS.
3.2.1.2 Les prairies « moyennes »
Nombre de prairies : 44
Les pratiques agricoles
Ce sont surtout des prairies fauchées
deux fois et souvent pâturées à l’automne.
La fauche du premier cycle est majoritairement pratiquée entre les stades « floraison » et « fructification » du dactyle, ce qui
correspond à un niveau intermédiaire
entre les fauches précoces et les fauches
tardives. Le niveau de fertilisation est moyen à élevé
(entre 60 et 120 unités d’azote par hectare).
La végétation Les graminées sont surtout à feuilles
moyennes (ray gras anglais, pâturin commun) et larges (dactyle, fétuque des prés)
toujours en tapis régulier.
L’abondance des dicotylédones non légumineuses varie fortement. On distingue
deux cas :
1) les prairies où cette abondance n’excède pas 30%. Les dicotylédones présentes sont alors relativement peu diversifiées (pissenlit, gaillet, renoncules);
2) les prairies où l’abondance est supérieure à 30 %. Les dicotylédones sont
alors assez diversifiées. On retrouve les
dicotylédones précédentes auxquelles
s’ajoutent diverses autres plantes (salsifis, crépis, knautie, grande berce, rumex
acetosa…).
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
29
L’abondance des légumineuses est très
variable (entre 5 et 40 %).
La richesse moyenne en espèces est de
34 espèces par prairie. La valeur d’usage agricole Le rendement est compris entre 5 et 8 t de
MS par ha et par an. Sur le premier cycle, au
stade « floraison » du dactyle, la valeur nutritive est rarement inférieure à 0,70 UFL et 65
g de PDIN/kg de MS. La valeur du foin reste
donc correcte pour une date de récolte différée par rapport aux fauches précoces.
La végétation Les graminées composent un tapis plus
ou moins régulier dans lequel dominent
des espèces à feuilles moyennes (pâturins, agrostide vulgaire) et larges mais
chétives (brome dressé, flouve, dactyle)
avec parfois un tapis interstitiel de graminées à feuilles fines (fétuque rouge surtout).
Les dicotylédones sont variées et parfois
abondantes (jusqu’à 70 % du volume de
végétation).
On distingue un faciès plutôt sec caractérisé par la présence de rhinanthe et un
autre plus frais, où se développent le géranium des bois et quelques ombellifères
(anthrisque, cherophylle hirsute…).
L’abondance des légumineuses est très
variable (entre 2 et 25 %).
La richesse en espèces moyenne est de 49 espèces par prairie.
La valeur d’usage agricole Le rendement est relativement faible. Il
est compris entre 2 et 4 tonnes de MS.
Malgré le stade de récolte tardif (après
le stade « fructification » du dactyle), la
valeur nutritive du foin reste cependant
3.2.1.3 Les prairies relativement extensives
Nombre de prairies : 27
Les pratiques agricoles relevées Le nombre d’utilisations est faible, de l’ordre
d’une fauche à laquelle s’ajoute parfois une
pâture à l’automne. Certaines années, une
fauche du regain est pratiquée à la place du
pâturage d’automne.
La fauche est globalement tardive. Elle est pratiquée à un stade de développement du dactyle postérieur au stade « fructification ».Le niveau de fertilisation est faible voire nul (moins
de 50 unités d’azote par hectare et par an).
30
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
assez correcte avec une valeur en général supérieure à 0,68 UFL et 56 g de
PDIN/kg de MS.
3.2.2 Diversité en Vallée d’Aoste
A la différence des prairies des Alpes du
nord françaises, les prairies permanentes
valdôtaines sont en très grande majorité
irriguées et le nombre d’utilisations est relativement stable : deux fauches et une
pâture, cette dernière étant généralement
effectuée à l’automne. Il y a quelques cas
de prairies plus extensives (deux utilisations au maximum par an) ou, à l’inverse,
de prairies qui sont utilisées quatre fois
dans l’année mais ces situations restent
relativement marginales.
3.2.2.1 Les prairies relativement intensives
Ce groupe réunit 12 relevés de notre
échantillon.
Les pratiques agricoles Le nombre d’utilisations varie de 2 à 3
fauches auxquelles s’ajoute une pâture à
l’automne.
La fauche du premier cycle est en grande
majorité moyenne à tardive (de la floraison
à la fructification avancée du dactyle) et,
plus rarement, précoce (avant le stade
« floraison » du dactyle).
La fertilisation est d’un niveau moyen à élevé
(entre 80 et 120 unités d’azote par ha et par an).
En fait, les différences de pratiques agronomiques reposent surtout sur la variabilité de la dose d’engrais organiques distribuée annuellement (les engrais minéraux
étant interdits sur les prairies contractualisées pour les MAET) et sur la précocité
du stade de fauche du premier cycle.
Sur ces bases, on peut ainsi distinguer
trois niveaux différents d’intensité.
La végétation Les graminées sont à feuilles larges (dactyle, chiendent, ray gras d’Italie) ou
moyennes (fromental) et disposées le plus
souvent en touffes ou en taches, rarement
en tapis régulier.
Dans les prairies dominées par des graminées à feuilles larges, les dicotylédones
autres que les légumineuses n’excèdent
jamais 30% du volume de végétation et
sont relativement peu diversifiées (plan-
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
31
tain lancéolé, pissenlit, rumex à feuilles
obtuses). Dans certaines prairies, la végétation est dominée par les ombellifères blanches (grande berce, anthrisque sauvage), ce qui laisse peu de
place aux graminées ainsi qu’aux autres
espèces.
Les légumineuses sont peu abondantes
(entre 6 et 20 % du volume de végétation).
Le nombre moyens d’espèces recensées est égal à 36 (29 à 45).
La valeur d’usage agricole
Ces prairies produisent de l’herbe en
quantité (entre 9 et 15 tonnes de matière
sèche par ha et par an) et de bonne qualité si la fauche du premier cycle est réalisée de manière assez précoce (avant le
stade « floraison » du dactyle). La valeur
nutritive est alors en général supérieure
à 0,70 UFL et 60 g de PDIN/kg de matière sèche, mais elle chute rapidement
si l’on fauche à des stades plus tardifs.
Ainsi, en trois-quatre semaines, arrivant
au stade « dissémination » du dactyle,
elle diminue de 0,10 UFL et 15 g de
PDIN/kg de MS.
3.2.2.2 Les prairies « moyennes »
Avec 29 relevés, ce groupe est le plus
représenté dans notre échantillon.
Les pratiques agricoles
Les utilisations consistent en 2 fauches
suivies par une pâture d’automne.
La fauche du premier cycle est en
grande majorité moyenne à tardive (de
la floraison à la fructification avancée du
dactyle) et, parfois, précoce (stade « floraison » du dactyle).
La fertilisation est d’un niveau moyen
(entre 50 et 80 unités d’azote par ha et
par an).
32
La végétation Les graminées sont à feuilles moyennes
à larges (fromental, avoine jaunâtre, dactyle) et disposées le plus souvent en tapis régulier, rarement en touffes.
L’abondance des dicotylédones non légumineuses varie fortement. On distingue
deux cas :
1) les prairies où cette abondance n’excède pas 30%. Les dicotylédones présentes sont alors relativement peu diversifiées (plantain lancéolé, pissenlit, sauge
des prés);
2) les prairies où les dicotylédones dépassent 30 % du volume de végétation et
sont représentées par des espèces à tige
unique grandes (sauge et salsifis des
prés), moyennes (rénoncules, gaillets) ou
des plantes à rosette (liondents, plantain
lancéolé…). Parfois les ombellifères à
fleurs blanches abondent, tout en laissant
la place à d’autres espèces (pissenlit, silènes, rumex oseille…).
Globalement, les légumineuses sont peu
abondantes (8%, de 0 à 26 % du volume
de végétation).
Le nombre moyens d’espèces recensées
est égal à 41 (29 à 61).
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
La valeur d’usage agricole
Ces prairies se rapprochent des précédentes en termes de productivité (entre
8 et 15 tonnes de matière sèche/ha et
par an) mais elles sont légèrement plus
élevées en terme de qualité. Si la fauche
du premier cycle est réalisée de manière
assez précoce (avant le stade « floraison » du dactyle), la valeur nutritive est
supérieure à 0,75 UFL et 65 g de PDIN/
kg de matière sèche. En trois-quatre semaines, arrivant au stade « dissémination » du dactyle, l’herbe se maintient à
une valeur de 0,69 UFL et 52 g de PDIN/
kg de MS.
3.2.2.3Les prairies relativement extensives
Comme il a été déjà souligné, les prairies de fauche valdôtaines sont majoritairement des prairies irriguées et sont
toujours aussi relativement fertilisées.
Pour cette raison, les prairies relativement extensives sont peu nombreuses
et, dans notre échantillon, elles sont
représentées seulement par 6 relevés.
Les pratiques agricoles relevées D’habitude, le nombre d’utilisations est
faible : une fauche ou une pâture au printemps, suivie par une fauche des regains
et, parfois, une pâture d’automne.
La fauche du premier cycle est en grande
majorité tardive (après la fructification du
dactyle).
La fertilisation est d’un niveau relativement faible (entre 30 et 50 unités d’azote
par ha et par an).
La végétation Dans un tapis de graminées à feuilles
fines (pâturin des prés, fétuque rouge et
fétuque ovine) sont mélangées des graminées à feuilles plus larges mais chétives
(bromes, flouve odorante, dactyle).
Les dicotylédones sont variées, même si
leur couverture n’est pas toujours très
abondante : en moyenne 26% du volume
de végétation (17 à 41).
L’abondance des légumineuses est très
variable (entre 1 et 42 %).
La richesse floristique moyenne est de 44
espèces par prairie (33 à 53).
La valeur d’usage agricole
Par rapport aux autres prairies de l’échantillon, compte-tenu qu’il s’agit de prairies
irriguées et régulièrement fertilisées, le
rendement est relativement faible (6 à 9 t/
ha de MS). Malgré un stade de récolte
plutôt tardif, la valeur nutritive du foin
reste cependant assez correcte avec une
valeur en général supérieure à 0,73 UFL et
59 g de PDIN/kg de MS.
Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche
33
Chapitre 4
Diversité
des prairies et
fonctionnements
fourragers des
exploitations
35
Chapitre 4 · Diversité des prairies et
fonctionnements fourragers des exploitations
4.1 Diversité des prairies et
groupes de systèmes fourragers
Le tableau 5 ci-dessous présente les
groupes de systèmes fourragers par ordre
croissant d’abondance des prairies intensives au sein des systèmes.
En Pays de Savoie, les prairies intensives
sont absentes dans le groupe 1, c’est-àdire le groupe le plus extensif, mais présentes dans les autres, jusqu’à composer
le quart des surfaces dans les systèmes
les plus intensifs (groupes 4 et 5).
A l’inverse, les prairies extensives, riches en
espèces, sont absentes des systèmes les plus
intensifs (groupe 5) mais présentes dans tous
les autres et même largement majoritaires dans
le groupe 1. Dans les autres groupes, ce sont
les prairies « moyennes » qui dominent : de 54
% (groupe 3) à 73% (groupe 5).
En Vallée d’Aoste, les prairies intensives sont
surtout abondantes dans les grosses exploitations possédant peu de surfaces en fond
de vallée (Groupe B), celles gérant de
grandes surfaces ayant par contre une part
importante de prairies extensives (groupe A).
On remarquera enfin que les prairies
« moyennes » dominent dans les systèmes les plus intensifs (groupes E et B
avec respectivement 61 et 56%).
Le groupe D comprend également des
exploitations ayant une part importante
de prairies extensives (48%), en raison de
contraintes d’exploitation (morcellement,
pente) qui empêchent toute intensification
de ces surfaces.
La présence de prairies extensives, riches
en espèces, semble donc fortement déterminée par :
- la capacité des exploitations à disposer de suffisamment de surfaces pour
l’autonomie fourragère et pratiquer une
gestion différenciée des prairies ;
- des contraintes structurelles qui limitent la mécanisation et laissent donc la
place à des végétations peu productives.
Tab. 5 Abondance des prairies de fauche intensives, moyennes et extensives au sein des groupes
de systèmes fourragers (en % du total des surfaces en prairies de fauches)
36
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
4.2 Gestion de la diversité des
prairies au sein des exploitations
Une approche plus approfondie sur 8 exploitations agricoles en Savoie et HauteSavoie a permis d’analyser dans quelle
mesure la diversité des prairies est prise
en compte voire gérée par les éleveurs
pour répondre aux objectifs de production fourragère sur leurs exploitations, no-
tamment face aux aléas climatiques. Les
8 exploitations se rattachent aux groupes
de systèmes fourragers 2, 3 et 4. Les exploitations des groupes 1 et 5 n’ont pas
fait l’objet d’une telle analyse car elles ne
réunissent pas l’ensemble de la diversité
des prairies : les exploitations du groupe 1
n’ont pas de prairies intensives et les prairies extensives sont absentes des exploitations du groupe 5.
Tab. 6 Caractéristiques des 8 exploitations étudiées en Pays de Savoie
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
37
Tab. 7 Caractéristiques des 8 exploitations étudiées en Pays de Savoie (suite)
Parmi ces exploitations, deux comportent
une part importante de prairies extensives, ce sont les exploitations EA10 et
EA22. En fait, ces deux exploitations
misent peu sur les prairies permanentes
en raison de contraintes structurelles
fortes (EA 10) rendant difficiles les travaux
de mécanisation (morcellement, éloignement de parcelles) ou alors de surfaces
du bas mécanisables mais réduites (EA
22), qui sont alors peu occupées par des
prairies permanentes mais plutôt par des
prairies temporaires à base de luzerne.
Pour cet éleveur, ces prairies sont importantes car résistantes aux épisodes de
sècheresse assez fréquents sur le secteur, l’exploitation EA 22 est en effet située en zone de vallée interne caractérisée par un déficit pluviométrique estival
marqué. L’EA 10 par contre est peu impactée car le chargement est faible et
l’exploitation est située en zone de montagne nettement plus arrosée.
38
Les deux autres exploitations du groupe 2 (EA
16 et EA 17) présentent une part nettement
plus importante de prairies intensives. Ces
deux exploitations sont situées en zone de
vallée interne et sont donc sensibles aux aléas
climatiques. La part de prairies intensives
s’explique par la nécessité d’intensifier les
surfaces du bas pour assurer une récolte suffisante de foin.
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
La part de prairies extensives s’explique par
contre par la présence de parcelles sur les
versants plus ou moins pentus et nettement
plus difficiles à intensifier.
EA 16, de faible chargement, est moyennement impactée par les épisodes de sècheresse. L’éleveur constate toutefois une perte
de rendement de l’ordre de 30 à 40% sur
les prairies de fauche intensives du bas,
perte qu’il compense exceptionnellement
par des achats de foin extérieur.
EA 17 a un plus fort chargement et un parcellaire relativement regroupé sur les surfaces du bas. Fortement impactée par les
épisodes de sècheresse, elle s’est équipée
en matériel d’irrigation pour assurer le rendement des prairies relativement intensives
et n’hésite pas à faucher les pentes et talus
(utilisation d’une motofaucheuse) en cas de
besoin en fourrages les années particulièrement sèches (2003, 2006). L’éleveur souligne que cette organisation est permise
grâce à la présence d’une main d’œuvre
importante sur l’exploitation (4 UTH).
EA 14 présente également une proportion
assez importante de prairies relativement
intensives (57%). Cette exploitation est
située dans le submontagnard et n’est
pas autonome en fourrages. Elle vise
donc une intensification des surfaces du
bas (3 fauches et une pâture d’automne ;
fertilisation sous forme minérale) dans
l’objectif d’acheter moins de fourrages.
L’achat de foin a cependant été important
pour faire face aux déficits de production
certaines années sèches (2003, 2011) ou
encore pour compenser des pertes dues
à des dégâts occasionnés par le campagnol (2007) ou au pâturage par les cerfs
(2009). Pour alléger le chargement sur
l’exploitation, la mise en pension estivale
des génisses est devenue une pratique
systématique.
EA 6, par contre, présente une proportion
très élevée de prairies moyennes (84%).
L’autonomie fourragère n’étant pas complètement atteinte, la question est posée
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
39
d’une légère intensification des surfaces
pour en augmenter le rendement. Une réflexion est en cours dans ce sens, qui vise
notamment à mieux gérer la fertilisation sur
l’ensemble des parcelles de l’exploitation.
EA 6 est peu impactée par la sécheresse.
Les génisses sont mises en pension l’été
et, en cas d’épisodes secs, l’éleveur gère
le pâturage au fil pour rationner l’herbe
voire fait pâturer le regain sur des parcelles d’ordinaire fauchées deux fois et
pâturées ensuite.
Les exploitations EA 3 et surtout EA 21
disposent de proportions plus équilibrées
entre prairies extensives, moyennes et intensives. L’exploitation EA 3 est une exploitation de montagne d’assez faible
chargement mais où l’éleveur recherche
une valorisation accrue de surfaces relativement productives. L’autonomie fourragère sur l’exploitation étant facilement atteinte, cette recherche se traduit par une
légère augmentation de la fertilisation sur
les surfaces du bas (qui sont fauchées
deux fois), de même que sur des parcelles
situées au niveau de versants pour pouvoir « faire du regain ». Pour l’éleveur, ac-
40
croître la possibilité de faire une deuxième
coupe sur ces parcelles est important
pour « compenser » les pertes de production sur les surfaces du bas les années
sèches. En cas d’épisodes secs, l’éleveur
change également d’affectation certaines
parcelles sur versant. Ainsi il met notamment des vaches laitières sur des parcelles habituellement pâturées par des
génisses, ce qui est rendu possible par
l’utilisation d’une machine à traire mobile.
Sur l’exploitation EA 21, l’équilibre relatif
entre prairies intensives, moyennes et extensives, s’explique aussi par la volonté
de l’éleveur de diversifier les pratiques
pour « chercher à avoir une période de
fauche assez longue, pour bien répartir la
charge de travail sur la saison ». Ainsi, sur
le premier cycle, le chantier de fenaison
s’étale sur près d’un mois et demi, de début mai à mi juin, en commençant par les
parcelles du bas et en finissant par les
surfaces le plus en altitude. Les parcelles
du bas sont utilisées 4 fois dans l’année
(deux fauches et deux pâtures), celles
plus en altitude seulement deux fois voire
une seule.
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
L’éleveur reconnaît que cette organisation
lui confère une certaine souplesse par
rapport aux aléas climatiques. En cas
d’effet « sécheresse » marqué, il va augmenter le temps de repousse du regain
sur les parcelles du bas (« pour laisser le
temps de pousser et que la pluie arrive »)
quitte à supprimer une pâture. Pour compenser, grâce au déplacement d’une machine à traire mobile, il fait pâturer par des
vaches laitières des parcelles plus en altitude et d’ordinaire utilisées par des génisses. « C’est du travail mais cela nous
permet de ne pas acheter de fourrages,
même les années difficiles ».
De cette analyse il ressort que, si les exploitations comprennent toute une certaine diversité de prairies, une gestion optimisée de cette diversité dépend princi-
palement de trois critères :
- l’organisation du parcellaire qui doit
respecter un certain équilibre entre parcelles regroupées, relativement faciles à
exploiter, et étagement avec l’altitude
pour bénéficier d’un décalage naturel de
la pousse de l’herbe ;
- le niveau d’autonomie fourragère: si
l’autonomie fourragère est facilement atteinte (présence de parcelles productives,
besoins faibles des animaux sur l’exploitation), la prise en compte de la diversité
des prairies est apparemment une option
plus facile à mettre en œuvre ;
- la décision stratégique de l’éleveur
quant à la gestion de cette diversité et la
capacité technique à mettre en œuvre
cette décision, notamment en terme de
travail sur l’exploitation (équipement en
matériel, disponibilité en main d’œuvre …).
Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations
41
Chapitre 5
Valorisation
de la diversité
des prairies
43
Chapitre 5 · Valorisation
de la diversité des prairies
5.1 Intérêt des prairies
diversifiées
un avantage en terme d’organisation du
travail par rapport à la réalisation des
chantiers de fenaison ;
- Elles présentent une flore intéressante
pour l’apiculture (tableau n°8) et, plus globalement, pour la biodiversité. Elles présentent également une diversité de couleurs et des décalages de floraison qui
contribuent fortement à la diversification
des paysages en montagne.
L’intérêt des prairies diversifiées est
double :
- Sur le plan agricole, ces prairies permettent une production fourragère d’assez bonne qualité malgré une fauche tardive. Elles présentent donc une certaine
souplesse d’exploitation, ce qui constitue
Tab. 8 Illustration de quelques espèces mellifères des prairies permanentes de fauche.
Pissenlit
Achillée millefeuille
Campanules
Trèfle blanc
Campanule agglomérée
Lotier
Hélianthème
Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies
Sauge des prés
44
Sainfoin
Salsifis
Grande berce
Centaurée jacée
Cette mesure, inscrite au sein du Programme de Développement Rural Hexagonal (PDRH) proposé par la France à l’Europe
pour la période 2007-2013, sous le titre
d’engagement unitaire Herbe_07, vise le
maintien de la richesse floristique des prairies naturelles.
C’est une mesure à objectif de préservation
de la biodiversité. La richesse floristique est
en effet un indicateur simple d’évaluation de
la biodiversité d’une prairie permanente, la
diversité animale étant fortement liée à la diversité floristique (Huyghe, 2009).
Dans le cadre de cette mesure, l’agriculteur
s’engage à conserver une richesse floristique sur les parcelles contractualisées. Cet
engagement est d’une durée de 5 ans pendant laquelle l’agriculteur perçoit une aide
de 89 € par ha et par an.
L’évaluation de la richesse floristique s’effectue de la manière suivante : parmi une
liste d’une vingtaine de plantes à fleurs indicatrices du bon état de la biodiversité
locale, il s’agit de retrouver au moins quatre
espèces différentes sur chacun des trois tiers
de la diagonale de la parcelle sous contrat.
La liste est établie localement par le porteur
de la mesure. Elle est le fruit d’un consensus entre différents experts locaux de l’agriculture (élevage, apiculture) et de l’environnement (Nettier et al., 2011).
Afin de communiquer sur cette mesure et
de promouvoir l’intérêt agricole et environnemental des prairies riches en fleurs, la
Fédération Nationale des PNR et ses partenaires ont créé le concours Prairies fleuries.
Pour cela, une liste d’espèces de plantes
représentatives a été conçue en 2010.
5.2 Valorisation des prairies à
flore diverse : la MAE territorialisée
dite «Prairies fleuries»
Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies
45
Tab. 9 Liste de plantes du concours national 2010 « Prairies fleuries ».
Facendo
riferimento
alla lista
del concorso
Chapitre
5 - Valorisation
de la diversité
des prairies nazionale 2010, abbiamo applicato il
46
metodo di rilevamento a 34 prati scelti a caso all'interno del campione in Savoia e
En nous référant à cette liste du concours
national 2010, nous avons appliqué la méthode de la diagonale des trois tiers sur 34
prairies choisies au hasard au sein de
l’échantillon en Savoie et Haute-Savoie.
Les noms des plantes de la liste du
concours national recensées dans les prairies figurent dans le tableau n°10.
Parmi ces 34 prairies, 27 ont passé le diagnostic « diagonale des trois tiers » avec
succès, à savoir :
- 6 prairies extensives sur 10 ;
- 16 prairies moyennes sur 16 ;
- 5 prairies intensives sur 8.
4 prairies extensives sur les 10 diagnostiquées ont donc été exclues. Dans les 4
cas, il a manqué une espèce sur un seulement des trois tiers de la diagonale pour
atteindre le nombre de 4 plantes de la liste.
Tab. 10 Plantes de la liste « Prairies fleuries » (Concours national 2010) identifiées lors de diagnostics
effectués sur 34 prairies de l’échantillon
Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies
47
Par contre, 5 prairies intensives ont passé
le test avec succès. Cela s’explique par le
fait que certaines espèces de la liste, bien
que pourtant peu abondantes, étaient
souvent présentes et facilement repérables le long de la diagonale. Ces espèces sont : trèfle blanc, oseille ou petite
oseille, campanules, crépis et, à un degré
moindre, salsifis et achillée millefeuille.
Ainsi, avec ces quelques espèces, le
nombre de 4 plantes de la liste à recenser
par tiers était parfois facilement atteint.
On constate donc que la liste, telle qu’elle
a été conçue à ce jour, peut amener à exclure des prairies extensives pourtant
riches en espèces et, à l’inverse, rendre
éligibles des prairies relativement intensives et pauvres d’un point de vue floristique. Toutefois, le taux de réussite totale
concernant les prairies moyennes (16/16)
tend à montrer que cette liste favorise
d’une certaine manière les prairies ayant
un bon équilibre agro-écologique, c’està-dire qui permettent d’atteindre un bon
compromis entre rendement fourrager et
richesse en espèces de la végétation.
48
Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies
Chapitre 6
Conclusions
49
Chapitre 6 · Conclusions
Les prairies jouent un rôle fondamental
dans les systèmes d’élevage d’herbivores
en contribuant à pourvoir aux besoins alimentaires des animaux. Elles sont également importantes sur le plan environnemental, notamment pour leur intérêt en matière de préservation de la biodiversité.
L’analyse faite dans le cadre de ce travail
sur les prairies permanentes en Pays de Savoie et en Vallée d’Aoste montre que ces
rôles résultent pour beaucoup de la diversité de la végétation et des pratiques de
gestion mises en œuvre par les agriculteurs.
En fait, deux éléments essentiels ressortent,
si l’on s’intéresse soit à l’échelle de la parcelle, soit à celle de l’exploitation agricole :
- A l’échelle de la parcelle, l’intensité d’exploitation (nombre de coupes dans l’année,
niveau de fertilisation) détermine fortement
la production fourragère et la richesse en
espèces des couverts prairiaux ;
50
Chapitre 6 - Conclusions
- A l’échelle de l’exploitation agricole, il
existe une diversité importante de prairies
sous l’effet d’une gamme de variation d’intensité des pratiques agricoles et de différences de conditions de milieu (plus ou
moins humides ou, à l’inverse, plus ou
moins séchantes). On relève ainsi, dans les
deux Régions, l’existence d’un gradient
allant de prairies relativement productives,
et globalement assez peu riches en espèces, jusqu’à des prairies certes moins
productives mais plus diversifiées.
Parmi cette diversité, du point de vue agricole, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise
prairie en soi. Les prairies relativement intensives (fauches assez précoces, fertilisation
relativement élevée) permettent d’assurer
une production quantitative de foin de haute
valeur nutritive et les prairies plus extensives
de récolter un foin de qualité correcte en
pratiquant des fauches plus tardives.
La gestion de cette diversité est donc importante pour les exploitations, notamment pour permettre la récolte de foins
diversifiés. C’est aussi un élément important pour conférer de la souplesse au sein
des systèmes d’exploitation. Jouer sur les
décalages de fauche possibles entre parcelles permet en effet de mieux répartir
dans le temps la charge de travail liée aux
travaux de fenaison. Cela peut aussi se
révéler intéressant pour faire face aux aléas climatiques, la végétation des prairies
étant plus ou moins sensible aux aléas
selon les stades de développement des
plantes présentes (espèces précoces vs
espèces tardives).
Par ailleurs, à l’échelle du territoire, la diversité d’exploitation des prairies détermine
l’existence d’une mosaïque de végétations
favorable à la biodiversité mais aussi à la diversification du paysage. Autant d’éléments
qui contribuent à l’attractivité d’un territoire,
notamment par rapport au tourisme. Nous
faisons donc le constat que si la diversité des
prairies entretenue par l’agriculture est une
richesse environnementale voire patrimoniale, c’est aussi un atout pour le fonctionnement des exploitations d’élevage.
Il y a donc un intérêt convergent entre
agriculture et environnement pour maintenir une diversité des prairies à l’échelle
d’un territoire.
Chapitre 6 - Conclusions
51
Bibliographie
Liste des
espèces citées
dans le texte
53
· Collectif, 2010. Annuaire Statistique
Régional, Région Autonome Vallée
d’Aoste, Aoste, 168 p.
· Collectif, 2011. Recensement agricole
2010. Agreste.
· De Vries D.M., De Boer T.A., 1959.
Methods used in botanical grassland research in the Netherlands and their application. Herbage Abstracts, 29 (1), 1-17.
· Fleury Ph., Jeannin B., Dorioz J.M.,
1994. Des résultats pour les Alpes du
Nord : la typologie des prairies de fauche
de montagne. REUR Technical Series,
FAO, Rome, 30, pp. 25-29
· Guillot P., Fleury Ph., Jeannin B., 1996.
Typologie de la valeur d’usage des prairies
de fauche du secteur submontagnard des
Alpes du nord. Document technique GIS
Alpes du nord, 70 p.
· Guisepelli E., Fleury Ph, 2003. Pay-
sages et Agriculture dans les Alpes du
Nord. Représentations et aspirations de la
société. GIS Alpes du Nord, 54 p.
· Huyghe C., 2008. La multifonctionnalité des prairies. In : Prairies, herbivores,
territoires : quels enjeux ? Editions Quae,
21 p.
· Nettier B., Dobremez L., Fleury Ph.,
2011. L’obligation de résultat pour les mesures agri-environnementales «prairies
fleuries» et «gestion pastorale». Science
Eaux et Térritoires, 2011, 8 p. http://www.
set-revue.fr/lobligation-de-resultat-pourles-mesures-agri-environnementalesprairies-fleuries-et-gestion-pastora
(consulté le 12/12/2011).
· Roumet J.P., Pauthenet Y., Fleury Ph.,
1999. Tipologia dei prati permanenti della
Valle d’Aosta. Document technique IAR,
24 pp. + 18 fiches.
Bibliographie
55
Liste des espèces citées dans le texte
Nom commun
Nom scientifique
Nom commun
Nom scientifique
Achillée millefeuille
Agrostide vulgaire
Anthrisque
Anthyllide vulnéraire
Arnica
Avoine jaunâtre
Brome dressé
Campanules
Centaurées
Cherophylle hirsute
Chiendent
Crépide bisannuelle
Crépis
Dactyle
Épervières
Euphraises
Fenouil des Alpes
Fétuque des prés
Fétuque ovine
Fétuque rouge
Flouve
Fromental
Gaillet commun
Gaillet jaune ou vrai
Genêt ailé
Genêt teinturiers
Géranium brun
Géranium des bois
Gesses
Grande astrance
Grande berce
Grande marguerite
Hélianthèmes
Joncs
Knautie
Achillea millefolium
Agrostis tenuis
Anthriscus sylvestris
Anthyllis vulneraria
Arnica montana
Trisetum flavescens
Bromus erectus
Campanula spp.
Centaurea spp.
Chaerophyllum hirsutum
Agropyron repens
Crepis biennis
Crepis spp.
Dactylis glomerata
Hieracium spp.
Euphrasia spp.
Meum athamanticum
Festuca pratensis
Festuca ovina
Festuca rubra
Anthoxanthum odoratum
Arrhenatherum elatius
Galium mollugo
Galium verum
Genista sagittalis
Genista tinctoria
Geranium phaeum
Geranium sylvaticum
Lathyrus spp.
Astrantia major
Heracleum sphondylium
Leucanthemum vulgare
Helianthemum spp.
Juncus spp.
Knautia arvensis
Liondents
Lotier corniculé
Œillets
Oseille
Oseille
Pâturin commun
Pâturin des prés
Petite oseille
Petite scorsonère
Leontodon spp.
Lotus corniculatus
Dianthus spp.
Rumex acetosa
Rumex acetosa
Poa trivialis
Poa pratensis
Rumex acetosella
Scorzonera humilis
Sanguisorba spp.
Taraxacum officinale
Plantago lanceolata
Polygala spp.
Caltha palustris
Phyteuma spp.
Lolium perenne
Lolium multiflorum
Ranunculus acris
Ranunculus spp.
Polygonum bistorta
Rinanthus alectorolophus
Rumex obtusifolius
Onobrychis viciifolia
Tragopogon pratensis
Salvia pratensis
Saxifraga granulata
Scabiosa spp.
Thymus serpyllum aggr.
Serratula tinctoria
Silene dioica
Silene vulgaris
Lychnis flos-cuculi
Succisa pratensis
Thymus spp.
Trifolium repens
Trifolium pratense
56
Liste des espèces citées dans le texte
Pimprenelles ou sanguisorbes
Pissenlit
Plantain lancéolé
Polygales
Populage des marais
Raiponces
Ray-grass anglais
Ray-grass d’Italie
Renoncule âcre
Renoncules
Renouée bistorte
Rhinanthe
Rumex à feuilles obtuses
Sainfoins
Salsifis
Sauge des prés
Saxifrage granulé
Scabieuses
Serpolets
Serratule des teinturiers
Silène dioïque
Silène enflé
Silène fleur de coucou
Succise
Thyms
Trèfle blanc
Trèfle violet
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