Diversité des prairies permanentes en zone de montagne alpine Réalisé dans le cadre du projet NAPEA Diversité des prairies permanentes en zone de montagne alpine État des lieux et conséquences en terme de gestion Projet de coopération transfrontalière France-Italie Alcotra 2007-2013 Maëlle Talichet, Annalisa Curtaz Diversité des prairies permanentes en zone de montagne alpine État des lieux et conséquences en terme de gestion Maëlle Talichet, Annalisa Curtaz DIVERSITé DES PRAIRIES PERMANENTES EN ZONE DE MONTAGNE ALPINE Coordonné par Maëlle Talichet et Annalisa Curtaz Auteurs Maëlle Talichet, Suaci Alpes du Nord-GIS Alpes Jura, Saint-Baldoph (F) Annalisa Curtaz, IAR (I) Yves Pauthenet, Suaci Alpes du Nord-GIS Alpes Jura, Saint-Baldoph (F) Mauro Bassignana, IAR (I) Cécile Meyer, SupAgro, Montpellier (F) et Institut Agricole Régional, Aoste (I) Le projet NAPEA (2009-2011) a été co-financé par l’Union Européenne, par le biais du FESR, dans le cadre du programme ALCOTRA 2007-2013 (projet n. 101) de la République Italienne et de la Région Autonome Vallée d’Aoste. Les partenaires du projet sont: la Région Autonome Vallée d’Aoste, l’Assessorat de l’Agriculture et des Ressources Naturelles (chef de file); l’Institut Agricole Régional, Aoste (I); le SUACI Alpes du Nord, Saint-Baldoph (F). Editeur : Institut Agricole Régional, Rég. La Rochère 1/A, I-11100 Aoste. Année : 2011 Imprimerie : Tipografia Testolin Bruno ISBN : 978-88-906677-2-5 Projet graphique Lauriane Talichet Remerciements Les résultats de ce projet n’auraient pas vu le jour sans l’investissement de : Luca Dovigo, Cristina Galliani, Santa Tutino et Cristiano Sedda, Assessorat de l’Agriculture et des Ressources Naturelles de la Région Autonome Vallée d’Aoste ; Nicolas Weirich (Chambre d’agriculture de Savoie/Haute-Savoie) ; Bertrand Crépeau et Thierry Georges (Copelsa) ; Gérard Juillet (Alliance conseil 74) ; Philippe Béranger, Laura Poggio et Maurizio Bovio (botanistes) ; Fanny Journot, Nicolas Lecâtre, Julie Ledoux et Maxime Pernel (stagiaires en mémoires de fin d’études d’écoles d’ingénieurs) ; Francesca Madormo, Diego Arlian, Luca Carrel et Alessandro Neyroz (IAR) ; Angèle Barrel, Ordre des Ingénieurs Agronomes et des Ingénieurs Forestiers de la Vallée d’Aoste ; Ezio Mossoni, Coldiretti Vallée d’Aoste et l’ensemble des agriculteurs qui nous ont reçus chez eux et consacré du temps. Que tous soient ici vivement remerciés pour leur précieuse collaboration ! Nous remercions également les personnes qui ont bien voulu répondre à nos nombreuses sollicitations : - Françoise Couturier, Bruno Bletton, Denis Tasset, Sylvie Auroy, Jérémy Jean Pierre, Nicole Bocquet, Fabien Faugeroux, Fanny Renard, Philippe Vuillet, Cécile Letort (Chambre d’agriculture Savoie – Haute Savoie) ; - Andrea Chevalier, Paolo Cretier et Luigi Pepellin (Assessorat de l’Agriculture de la Région Autonome Vallée d’Aoste). - Sébastien Breton (AftAlp), Céline Charvier (Savoîcime) et Isabelle Masle (Syndicat interprofessionnel du Reblochon). Enfin, nos remerciements vont aussi à : -Pascal Carrère (INRA) ; -Philippe Fleury (ISARA) ; -Baptiste Nettier (IRSTEA) Pour leurs conseils avisés prodigués tout au long de la réalisation du projet. Crédits photographiques Les photos du manuel sont des auteurs, à l’exception de la photo en bas de couverture et de celles aux pages 27, 50 et 52 (en bas), de L. Perron (SUACI Alpes Du Nord-GIS Alpes Jura). Sommaire Avant propos .......................................... Le projet NAPEA ...................................... 9 9 1Introduction.......................................... 11 2 Fonctionnements fourragers des exploitations ........................................... 2.1 Fonctionnements fourragers des exploitations en Savoie et Haute-Savoie .. 2.2 Fonctionnements fourragers des exploitations en Vallée d’Aoste................. 3 Diversité des prairies permanentes de fauche................................................. 3.1 Composition floristique ..................... 3.1.1 Composition floristique des prairies en Savoie et Haute-Savoie ......... 3.1.2 Composition floristique des prairies en Vallée d’Aoste ........................ 3.2 Diversité de végétation, richesse en espèces et production fourragère ............ 3.2.1 Diversité en Savoie et Haute-Savoie ....................................... 3.2.2 Diversité en Vallée d’Aoste ............. 15 16 20 25 26 26 27 4 Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations............................................ 4.1 Diversité des prairies et groupes de systèmes fourragers ................................ 4.2 Gestion de la diversité des prairies au sein des exploitations ......................... 5 Valorisation de la diversité des prairies .................................................... 5.1 Intérêt des prairies diversifiées ........ 5.2 Valorisation des prairies à flore diverse : la MAE territorialisée dite “Prairies fleuries”...................................... 35 36 37 43 44 45 6 Conclusions ........................................ 49 Bibliographie et liste des espèces citées dans le texte ................................ 53 28 28 31 5 Sigles AOC : Appellation d’Origine Contrôlée AOP : Appellation d’Origine Protégée EA : Exploitation Agricole IGP : Indication Géographique Protégé MAET : Mesure Agroenvironnementale Territorialisée MS : Matière Sèche PDIN : Protéines digestibles dans l’intestin en fonction de l’azote PDRH : Plan de Développement Rural Hexagonal PP : Prairie Permanente PT : Prairie Temporaire SAU : Surface Agricole Utile SFP : Surface Fourragère Permanente UFL : Unité Fourragère Lait UGB : Unité Gros Bétail UTH : Unité de Travail Humain VL : Vache Laitière Avant propos Le projet NAPEA NAPEA est un projet de coopération transfrontalière entre la France et l’Italie réalisé dans le cadre du programme Interreg III - Alcotra. La coordination globale du projet est assurée par l’Assessorat de l’agriculture et des ressources naturelles de la Région Autonome de la Vallée d’Aoste. Les partenaires techniques sont, pour la France, le Suaci Alpes du Nord et, pour l’Italie, l’Institut Agricole Régional (IAR). Les territoires d’étude sont en effet la Vallée d’Aoste en Italie et les départements de Savoie et de Haute-Savoie en France. L’objectif global du projet est l’acquisition de références sur la diversité et la gestion des prairies permanentes en Vallée d’Aoste et en Pays de Savoie (départements de la Savoie et de la Haute-Savoie). D’un point du vu opérationnel, le projet comporte trois volets d’actions techniques : Volet n°1 : Etat des lieux de la diversité des prairies permanentes de fauche L’objectif de ce volet est i) de caractériser la diversité des prairies de fauche en terme de types de végétation et de richesses en espèces ii) d’analyser comment cette diversité est prise en compte et gérée au sein des exploitations. Volet n°2 : Préserver la biodiversité et la production des prairies permanentes face à l’invasion d’espèces envahis- santes. Les espèces végétales d’origine exotique très compétitives et parfois dangereuses pour la santé animale et humaine remplacent peu à peu les espèces locales. De plus, la prolifération d’espèces animales (campagnols, sanglier) est à l’origine de dégradations des prairies. Ainsi, le volet n°2 du projet NAPEA s’intéresse aux espèces animales et végétales envahissantes, qui diminuent la production des prairies en qualité et en quantité, et qui constituent une menace réelle pour la diversité des prairies. Volet n°3 : Impact des travaux de rénovation et d’amélioration foncière sur les prairies permanentes. A l’occasion de la mise en œuvre d’équipements techniques, ou encore pour réparer les dégâts provoqués par des calamités naturelles, des opérations de rénovation ou d’amélioration foncière sont à réaliser dans le but de mettre en place des terrains dont la qualité du sol en permette une utilisation agricole durable. Le volet n°3 du projet NAPEA a pour but d’apporter des réponses sur les bonnes pratiques afin d’aboutir en quelques années à des prairies permanentes aux valeurs agronomiques et agricoles satisfaisantes. Chaque volet d’action fait l’objet d’une synthèse technique. La présente synthèse rend compte des travaux du volet 1. Prefazione 9 Chapitre 1 Introduction 11 Chapitre 1 Introduction L’agriculture en Vallée d’Aoste et en Savoie et Haute-Savoie est en bonne partie orientée vers l’élevage herbager et les exploitations sont à forte dominance de prairies permanentes, c’est-à-dire des prairies qui ne sont jamais labourées. Dans ces régions alpines, les prairies sont d’un intérêt majeur : - Elles assurent la production d’herbe et de foins, base de l’alimentation des animaux d’élevage ; - Elles constituent un réservoir important de biodiversité (Huyghe, 2008) et contribuent fortement à la diversification paysagère des territoires (Guisepelli et Fleury, 2003). Sur ces territoires, des travaux passés, conduits par le GIS Alpes du nord (Fleury et al., 1994 ; Guillot et al., 1996) et l’Institut Agricole Régional d’Aoste (Roumet et al., 1999), ont consisté à réaliser des typologies de valeur d’usage des prairies permanentes. Ces travaux ont mis en évidence une grande diversité de types de prairies selon les conditions de milieu et les pratiques agricoles mises en œuvre par les agriculteurs. Ils ont permis également d’analyser les conséquences de cette diversité en matière de production quantitative et qualitative de fourrages. Si ces travaux ont constitué, sur ces 10 – 15 dernières années, un référentiel de base important pour bien gérer les prairies, la question de la mise à jour de ce référentiel est posée. Il se peut en effet que les types se modifient sous l’effet des 12 Chapitre 1 - Introduction conséquences du changement climatique (fréquence accrue de sècheresses saiCarte des Régions des Pays de Savoie et de la Vallée d’Aoste La SAU est de 55.000 ha en Vallée d’Aoste et de 257.917 ha en Pays de Savoie. En Vallée d’Aoste, la SAU est quasi exclusivement occupée par des surfaces en herbe avec 19% de prairies permanentes et 79% d’alpages (Collectif, 2010) En Pays de Savoie, 89 % de la SAU est composée de surfaces en herbe dont 51% de prairies permanentes, 28,5% d’alpages et 9,5 % de prairies temporaires (Collectif, 2011). L’élevage bovin laitier est l’activité d’élevage dominante dans les deux régions. La production est valorisée par la fabrication et la commercialisation de fromages sous signe officiel de qualité (AOP, AOC et IGP). sonnières) et de changements de pratiques des agriculteurs notamment en matière de fertilisation et d’intensité d’utilisation des prairies. Face à cette question générale, l’objectif suivi sur ce volet 1 de NAPEA a été : i) de faire un état des lieux actuel de la diversité des prairies permanentes présentes en Pays de Savoie et en Vallée d’Aoste ; ii) d’analyser dans quelle mesure cette diversité est prise en compte et valorisée dans les exploitations face notamment à la récurrence des aléas climatiques. D’un point de vue opérationnel, le travail s’est déroulé en trois étapes : - Constitution d’un échantillon d’exploitations représentatif d’une diversité de systèmes fourragers sur les territoires ; - Inventaire de la diversité des prairies de fauche présentes ; - Analyse de la valorisation de cette diversité dans les exploitations notamment pour sécuriser les systèmes face aux aléas climatiques. L’échantillon est composé de 20 exploitations en Savoie et Haute Savoie et de 27 en Vallée d’Aoste. Les exploitations ont été choisies à « dire d’experts » au sein des zones de validité des typologies de prairies, à savoir : o entre 600 et 1500 mètres d’altitude en Savoie et Haute-Savoie, en considérant trois secteurs bioclimatiques distincts : - le submontagnard couvrant l’ensemble du territoire situé à moins de 700 – 800 mètres d’altitude; - le montagnard situé au-delà de 700 – 800 m. d’altitude ; - les valles internes (Tarentaise, Maurienne) caractérisées par une sècheresse estivale marquée qui est d’ordre climatique (peu de précipitations en été) et pédologique (sols de texture sableuse, très filtrants). o l’ensemble du territoire situé à moins de 1300 mètres d’altitude en Vallée d’Aoste, région faisant partie des vallées internes des Alpes nord-occidentales. Pour des raisons d’homogénéité, le choix a été fait de ne retenir que des exploitations dont la production est basée majoritairement sur l’élevage bovin laitier. Les autres critères de choix ont été : - la répartition des exploitations sur le territoire ; - une diversité de tailles d’exploitations. Chapitre 1 - Introduction 13 Chapitre 2 Fonctionnements fourragers des exploitations 15 Chapitre 2 · Fonctionnements fourragers des exploitations 2.1Fonctionnements fourragers des exploitations en Savoie et Haute-Savoie Parmi les exploitations de l’échantillon, cinq « groupes » de fonctionnements fourragers ont été identifiés. Ce groupe est constitué de deux exploitations de taille modeste (une vingtaine de vaches laitières en production) situées en zone AOC Reblochon. L’utilisation des prairies est assez extensive avec une à deux fauches chaque année, parfois suivies d’une pâture d’automne. Les apports d’azote sur les parcelles sont réguliers mais assez faibles, au maximum 50 unités par hectare et par an, principalement sous forme organique (fumier). En général, des parcelles sont réservées pour la pâture des vaches laitières. Elles ne sont donc jamais fauchées. Les parcelles fauchées sont souvent pâturées quant à elles en automne. Les deux éleveurs revendiquent fortement une logique d’entretien du patrimoine avec le souci d’exploiter la totalité de leur parcellaire de manière équilibrée. Groupe 1 - Gestion extensive du fond de vallée avec le troupeau (2 exploitations) Groupe 2 - Vaches en alpage et gestion du fond de vallée pour la production de foin (6 exploitations) 16 Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations Ces exploitations sont en zone AOC (Beaufort ou Tome des Bauges) Elles gèrent deux pôles fonciers: le bas où est privilégiée la production de foin en visant au maximum l’autonomie fourragère et l’alpage pour le pâturage des laitières. Les éleveurs doivent donc gérer le parcellaire de manière à allier la pâture avant la montée à l’alpage mais aussi pour la production de foin pour l’hiver. Dans tous les cas les génisses sont mises en groupement pastoral ou envoyées en pension l’été. Il est généralement recherché une production de lait plus importante l’été, tout en gardant une certaine continuité l’hiver. Les mises-bas sont donc étalées entre octobre et avril. Afin de répondre à ces exigences, les exploitations cherchent ainsi à optimiser leur système. Le chantier de fanage allie qualité et quantité des foins tout en assurant le pâturage d’intersaison. Les stades de fauche peuvent être donc variables, de précoces à tardifs selon la localisation de la parcelle. L’intensité d’utilisation est moyenne : une à deux fauches pouvant être suivies d’un pâturage d’automne. Le décloisonnement entre fauche et pâture est moyen : certaines prairies de fauche sont pâturées au printemps (avrilmai), il y a fréquemment pâturage des regains à l’automne. Les apports d’azote organique sur les parcelles varient de 40 à 160 U d’azote/ ha, rarement complétés par des engrais chimiques. Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations 17 Groupe 3 - Optimiser le système avec production de lait d’été (4 exploitations) Ce sont des exploitations de taille moyenne où une installation récente ayant engagé des investissements nécessite la recherche d’une rentabilité forte du système. L’objectif est de maintenir la quantité de lait par vache laitière et d’assurer la qualité (livraison en coopératives fromagères). L’orientation prise est la production de lait d’été. Les vaches laitières ne vont pas en alpage. Le chantier de fenaison allie recherche de foin abondant et de bonne qualité pour répondre aux besoins du troupeau. Il y a un fort décloisonnement entre fauche et pâture, plusieurs prairies sont en effet exclusivement réservées pour la pâture en été. Les apports d’azote organiques varient de 30 à 60 U d’azote/ha, souvent complétés par des engrais minéraux. Groupe 4 - Intensification en zone AOC (4 exploitations) Ce sont des élevages de taille importante (117 UGB en moyenne) situés en zone AOC Reblochon. Généralement, les troupeaux restent autour du siège lors de la période estivale (sauf une exploitation). Afin de libérer des surfaces en pâturage, les génisses sont envoyées dans certains cas en en pension ou en alpage l’été. L’intensité d’utilisation des prairies de fauche est relativement importante pouvant 18 aller jusqu’à 4 fauches annuelles, éventuellement suivies d’un pâturage d’automne. Les dates de fauches sont précoces à moyennes. Certaines prairies de fauche peuvent également être pâturées, au printemps et en août (sur les regains). Les apports d’azote organiques tournent autour de 100 U d’azote/ha et par an, rarement complétés par des engrais chimiques. Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations Groupe 5 - Cultures fourragères et intensification des surfaces en zone hors AOC (4 exploitations) La production fourragère de ces exploitations vise une maximisation de la production. Cela se traduit par un niveau d’intensité d’utilisation des prairies de fauche relativement élevé, de deux à quatre fauches parfois suivies d’une pâture. Dans ce groupe, à la différence des pré- cédents, on relève la présence de cultures temporaires. Ces exploitations ne sont pas en zone AOC. Généralement l’ensemble du troupeau reste sur le siège d’exploitation durant la période estivale. Des parcelles sont donc réservées exclusivement pour la pâture. Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations 19 Tab. 1 Groupes d’exploitations composant l’échantillon en Pays de Savoie 1 Prairies permanentes de fauche et pâture hors alpage. Calcul au prorata du temps de présence sur l'exploitation. L’allotement du troupeau est important (gestion de 4 à 7 lots). L’alimentation des vaches laitières au pâturage est par ailleurs complétée par du foin et/ou de la luzerne et, dans certains cas, par un affouragement en maïs vert, ce que l’on ne rencontre pas ou peu dans les exploitations des autres groupes. Les apports d’azote organiques varient de 30 à 150 unités d’azote/ha, souvent complétés par des engrais chimiques. en zone AOC et la distribution d’engrais minéral étant incompatible avec les primes agro-environnementales n’est pas adaptée pour la plupart des exploitations. L’irrigation est généralement assurée pour les prairies en fond de vallée. 2.2 Fonctionnements fourragers des exploitations en Vallée d’Aoste Ce groupe est constitué par des exploitations gérant de grandes surfaces en fond de vallée et des troupeaux importants (de l’ordre de 50 VL). Une seule exploitation de ce groupe voit son troupeau monter en alpage. Les exploitations valdôtaines présentent des caractéristiques communes. En effet, toutes les exploitations sont 20 Groupe A - Gestion de grandes surfaces en fond de vallée (4 exploitations) Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations Les surfaces importantes en fond de vallée et une mécanisation aisée des parcelles permettent pratiquement toujours d’atteindre l’autonomie fourragère. Certaines parcelles sont ainsi utilisées exclusivement pour la production de foin (2-4 fauches), tandis que les autres sont aussi pâturées (fauche-fauche-pâture ou fauche - pâture). Groupe B - Gestion intensive des surfaces en fond de vallée et au mayen (2 exploitations) Les deux exploitations de ce groupe sont également de taille importante (50 et 80 UGB) et elles se caractérisent par la présence de gros mayen. L’utilisation de ces prairies de moyenne altitude est variée : fauchées (début août) ou pâturées en période de transition à la montée ou à la descente d’alpage. Les surfaces de fond de vallée sont par contre réduites (15 à 17 ha) et leur conduite est donc assez intensive pour assurer une production fourragère satisfaisante (3 à 4 utilisations dont au minimum 2 fauches). Les agriculteurs de ce groupe réalisent aussi un affourragement en vert pour le bétail. En général, dans ces conditions, les exploitations atteignent l’autonomie fourragère. Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations 21 Groupe C - En autonomie fourragère et gestion extensive des surfaces (6 exploitations) Groupe D - Gestion du fond de vallée avec le troupeau (6 exploitations) Ce groupe est constitué par des exploitations possédant des troupeaux de faible effectif (17 vaches en lactation en moyenne). Les surfaces mécanisables disponibles en fond de vallée étant relativement importantes, on observe un fort cloisonnement entre parcelles pâturées et fauchées et l’autonomie fourragère des exploitations est facilement atteinte en année normale sans qu’il y ait besoin d’intensifier les prairies. Deux exploitations gèrent la totalité du troupeau en fond de vallée toute l’année, tandis que pour les autres exploitations du groupe, les troupeaux vont en alpage. Les exploitations de ce groupe ont un effectif troupeau plus important que le précédent (24 VL). Au contraire du groupe précédent, ces exploitations possèdent des surfaces peu productives et peu mécanisables qui sont réservées à la pâture estivale. Dans la plupart des cas (5 sur 6), les vaches ne montent pas en alpage. Les surfaces de fauche, relativement réduites, sont soumises à 2 ou 3 utilisations annuelles). Malgré cela, l’autonomie fourragère n’est pas toujours atteinte. Trois exploitations sur 6 achètent même régulièrement de grosses quantités de foin. Tab. 2 Groupes d’exploitations composant l’échantillon en vallée d’Aoste 22 Chapitre 2 - Fonctionnements fourragers des exploitations Groupe E - Vaches en alpage et gestion du fond de vallée pour la production de foin (9 exploitations) Ce sont des exploitations où les troupeaux montent en alpage en étant confiés à d’autres éleveurs. Ceci permet de bien gérer les prairies de fauche de fond de vallée dont les surfaces sont assez réduites. Les prairies sont ainsi exploitées avec trois utilisations par an : fauche-fauchepâture ou pâture-fauche-pâture. Chapitre 2 -Fonctionnements fourragers des exploitations 23 Chapitre 3 Diversité des prairies permanentes de fauche 25 Chapitre 3 · Diversité des prairies permanentes de fauche 3.1 Composition floristique Des relevés floristiques ont été réalisés durant le printemps des années 2010 et 2011. La méthode employée a été celle de De Vries et De Boer (1959), dite « des poignées ». Sur chaque prairie, un nombre de quarante poignées a été réalisé permettant de répertorier la présence et l’abondance des espèces présentes. Il s’agissait, sur un transect et à intervalle régulier, de ramasser une poignée et de déterminer sa composition floristique en affectant des points suivant l’abondance des espèces présentes. Six points étaient affectés par poignée, soit un total de 240 points (40x6) par prairie. 26 3.1.1 Composition floristique des prairies en Savoie et Haute-Savoie Quatre-vingt-six prairies permanentes présentes sur les 20 exploitations de notre échantillon ont fait l’objet d’observations et de relevés pour caractériser leur diversité. Les parcelles ont été choisies pour couvrir une gamme de pratiques agricoles identifiée par enquête auprès des éleveurs. Au total, 178 espèces floristiques différentes ont été identifiées dans les prairies de notre échantillon ; 151 espèces ont cependant un pourcentage d’abondance inférieur à 1% démontrant l’existence d’un socle d’une vingtaine d’espèces dominantes. Parmi celles-ci, un sous-ensemble de 6 espèces se détache par un pourcentage élevé (tableau 3). L’avoine jaunâtre (Trisetum flavescens) et le dactyle (Dactylis glomerata) sont les plus abondantes (abondance rela- Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche Tab. 3 Abondances relatives et occurrences d’apparition des espèces dominantes ou très fréquentes dans les relevés effectués en Pays de Savoie tive supérieure à 8%). Suivent, avec une abondance relative comprise entre 5% et 8%, le trèfle blanc (Trifolium repens) et le raygrass anglais (Lolium perenne) puis, aux alentours de 4,5%, le pissenlit (Taraxacum officinale) et le pâturin commun (Poa trivialis). Si l’on s’intéresse à l’occurrence d’apparition de ces 6 espèces, on remarquera que le dactyle et le trèfle blanc sont présents dans plus de 90% des relevés. Vient ensuite le pissenlit avec 87%. A l’inverse, le ray-grass anglais et le pâturin commun ont des occurrences nettement plus faibles. Ces deux espèces sont donc moins fréquentes dans les prairies mais, lorsqu’elles sont présentes, elles le sont assez abondamment. Dans les espèces à plus faible abondance, 3 apparaissent dans plus de 80% des relevés. Il s’agit de Ranunculus acris, Trifolium pratense et de Rumex acetosa. Ces plantes sont donc fréquentes dans les prairies mais relativement en faible proportion. En termes de richesse en espèces, la valeur la plus faible relevée est de 18 espèces (prairie très fertilisée présente en zone de montagne humide) et la plus élevée est de 66 espèces (prairie située en zone d’altitude et sèche). 3.1.2 Composition floristique des prairies en Vallée d’Aoste Les observations et relevés floristiques ont été réalisés sur 50 parcelles. 176 espèces floristiques différentes ont été identifiées dont 149 avec un pourcentage d’abondance inférieur à 1%. Parmi les espèces dominantes, un sous-ensemble de 4 graminées se détache avec un pourcentage élevé (tableau 4). Le dactyle (Dactylis glomerata) est largement l’espèce la plus abondante (abondance relative supérieure à 17%), suivi par le fromental Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche 27 Tab. 4 Abondances relatives et occurrences d’apparition des espèces dominantes ou très fréquentes dans les relevés effectués en Vallée d’Aoste. (Arrhenatherum elatius, 9%), l’avoine jaunâtre (Trisetum flavescens, 8%) et la fétuque des prés (Festuca pratensis, 5%). Le dactyle a été relevé dans toutes les prairies, le fromental dans 94% et les deux autres espèces dans 86% des relevés. Les espèces moins abondantes mais très fréquentes (entre 90% et 100% des relevés) sont : le pissenlit (Taraxacum officinale), le silène enflé (Silene vulgaris), le trèfle violet (Trifolium pratense), l’achillée (Achillea millefolium), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), la grande berce (Heracleum sphondylium) et la renoncule âcre (Ranunculus acris). Par ailleurs, 7 espèces sont de faible abondance mais apparaissent dans au moins 80% des relevés. Il s’agit de Trifolium repens, Anthriscus sylvestris, Poa pratensis, Galium mollugo, Lotus corniculatus, Rumex acetosa et Salvia pratensis. La richesse floristique la plus élevée (61 espèces) a été relevée, comme en Savoie, dans une prairie sèche en altitude, alors que la valeur la plus faible (29 espèces) a été enregistrée au niveau de quatre prai- 28 ries toutes caractérisées par l’abondance d’une ou deux graminées très fortement dominantes : avoine jaunâtre, ray-grass d’Italie (Lolium multiflorum), dactyle et fromental, chiendent (Agropyron repens). 3.2 Diversité de végétation, richesse en espèces et production fourragère 3.2.1 Diversité en Savoie et Haute-Savoie On distingue principalement trois groupes de prairies. 3.2.1.1 Les prairies relativement intensives Nombre de prairies : 15 Les pratiques agricoles Le nombre d’utilisations varie de 2 à 4 fauches auxquelles s’ajoutent parfois une pâture au printemps. La pâture d’automne complète souvent les itinéraires basés sur deux ou trois fauches. Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche La fauche du premier cycle est en grande majorité pratiquée de manière précoce (avant la floraison du dactyle) et, plus rarement, moyenne (entre les stades « floraison » et « fructification » du dactyle). La fertilisation est d’un niveau moyen à très élevé (entre 100 et 180 unités d’azote par hectare). La végétation Les graminées sont à feuilles moyennes (ray-grass anglais, pâturin commun) et larges (dactyle) et disposées le plus souvent en tapis régulier, rarement en touffes. Les dicotylédones autres que les légumineuses n’excèdent jamais 30% du volume de végétation et sont relativement peu diversifiées (renoncules, pissenlit, grande berce, rumex à feuilles obtuses) Les légumineuses composent entre 5 et 25 % du volume de végétation, l’abondance du trèfle blanc est parfois élevée. La richesse en espèces est relativement faible avec un nombre moyen d’espèces recensées égal à 26. La valeur d’usage agricole Ces prairies produisent en quantité (entre 7 et 10 tonnes de matière sèche/ha et par an) et de bonne qualité si la fauche du premier cycle est réalisée de manière assez précoce (autour du stade « épiaison » du dactyle). La valeur nutritive est alors en général supérieure à 0,70 UFL et 60 g de PDIN/kg de matière sèche. Cette valeur par contre chute rapidement si l’on fauche à des stades plus tardifs. Ainsi, à partir du stade « floraison » du dactyle, elle n’est plus que de 0,65 UFL et 50 g de PDIN/kg de MS. 3.2.1.2 Les prairies « moyennes » Nombre de prairies : 44 Les pratiques agricoles Ce sont surtout des prairies fauchées deux fois et souvent pâturées à l’automne. La fauche du premier cycle est majoritairement pratiquée entre les stades « floraison » et « fructification » du dactyle, ce qui correspond à un niveau intermédiaire entre les fauches précoces et les fauches tardives. Le niveau de fertilisation est moyen à élevé (entre 60 et 120 unités d’azote par hectare). La végétation Les graminées sont surtout à feuilles moyennes (ray gras anglais, pâturin commun) et larges (dactyle, fétuque des prés) toujours en tapis régulier. L’abondance des dicotylédones non légumineuses varie fortement. On distingue deux cas : 1) les prairies où cette abondance n’excède pas 30%. Les dicotylédones présentes sont alors relativement peu diversifiées (pissenlit, gaillet, renoncules); 2) les prairies où l’abondance est supérieure à 30 %. Les dicotylédones sont alors assez diversifiées. On retrouve les dicotylédones précédentes auxquelles s’ajoutent diverses autres plantes (salsifis, crépis, knautie, grande berce, rumex acetosa…). Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche 29 L’abondance des légumineuses est très variable (entre 5 et 40 %). La richesse moyenne en espèces est de 34 espèces par prairie. La valeur d’usage agricole Le rendement est compris entre 5 et 8 t de MS par ha et par an. Sur le premier cycle, au stade « floraison » du dactyle, la valeur nutritive est rarement inférieure à 0,70 UFL et 65 g de PDIN/kg de MS. La valeur du foin reste donc correcte pour une date de récolte différée par rapport aux fauches précoces. La végétation Les graminées composent un tapis plus ou moins régulier dans lequel dominent des espèces à feuilles moyennes (pâturins, agrostide vulgaire) et larges mais chétives (brome dressé, flouve, dactyle) avec parfois un tapis interstitiel de graminées à feuilles fines (fétuque rouge surtout). Les dicotylédones sont variées et parfois abondantes (jusqu’à 70 % du volume de végétation). On distingue un faciès plutôt sec caractérisé par la présence de rhinanthe et un autre plus frais, où se développent le géranium des bois et quelques ombellifères (anthrisque, cherophylle hirsute…). L’abondance des légumineuses est très variable (entre 2 et 25 %). La richesse en espèces moyenne est de 49 espèces par prairie. La valeur d’usage agricole Le rendement est relativement faible. Il est compris entre 2 et 4 tonnes de MS. Malgré le stade de récolte tardif (après le stade « fructification » du dactyle), la valeur nutritive du foin reste cependant 3.2.1.3 Les prairies relativement extensives Nombre de prairies : 27 Les pratiques agricoles relevées Le nombre d’utilisations est faible, de l’ordre d’une fauche à laquelle s’ajoute parfois une pâture à l’automne. Certaines années, une fauche du regain est pratiquée à la place du pâturage d’automne. La fauche est globalement tardive. Elle est pratiquée à un stade de développement du dactyle postérieur au stade « fructification ».Le niveau de fertilisation est faible voire nul (moins de 50 unités d’azote par hectare et par an). 30 Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche assez correcte avec une valeur en général supérieure à 0,68 UFL et 56 g de PDIN/kg de MS. 3.2.2 Diversité en Vallée d’Aoste A la différence des prairies des Alpes du nord françaises, les prairies permanentes valdôtaines sont en très grande majorité irriguées et le nombre d’utilisations est relativement stable : deux fauches et une pâture, cette dernière étant généralement effectuée à l’automne. Il y a quelques cas de prairies plus extensives (deux utilisations au maximum par an) ou, à l’inverse, de prairies qui sont utilisées quatre fois dans l’année mais ces situations restent relativement marginales. 3.2.2.1 Les prairies relativement intensives Ce groupe réunit 12 relevés de notre échantillon. Les pratiques agricoles Le nombre d’utilisations varie de 2 à 3 fauches auxquelles s’ajoute une pâture à l’automne. La fauche du premier cycle est en grande majorité moyenne à tardive (de la floraison à la fructification avancée du dactyle) et, plus rarement, précoce (avant le stade « floraison » du dactyle). La fertilisation est d’un niveau moyen à élevé (entre 80 et 120 unités d’azote par ha et par an). En fait, les différences de pratiques agronomiques reposent surtout sur la variabilité de la dose d’engrais organiques distribuée annuellement (les engrais minéraux étant interdits sur les prairies contractualisées pour les MAET) et sur la précocité du stade de fauche du premier cycle. Sur ces bases, on peut ainsi distinguer trois niveaux différents d’intensité. La végétation Les graminées sont à feuilles larges (dactyle, chiendent, ray gras d’Italie) ou moyennes (fromental) et disposées le plus souvent en touffes ou en taches, rarement en tapis régulier. Dans les prairies dominées par des graminées à feuilles larges, les dicotylédones autres que les légumineuses n’excèdent jamais 30% du volume de végétation et sont relativement peu diversifiées (plan- Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche 31 tain lancéolé, pissenlit, rumex à feuilles obtuses). Dans certaines prairies, la végétation est dominée par les ombellifères blanches (grande berce, anthrisque sauvage), ce qui laisse peu de place aux graminées ainsi qu’aux autres espèces. Les légumineuses sont peu abondantes (entre 6 et 20 % du volume de végétation). Le nombre moyens d’espèces recensées est égal à 36 (29 à 45). La valeur d’usage agricole Ces prairies produisent de l’herbe en quantité (entre 9 et 15 tonnes de matière sèche par ha et par an) et de bonne qualité si la fauche du premier cycle est réalisée de manière assez précoce (avant le stade « floraison » du dactyle). La valeur nutritive est alors en général supérieure à 0,70 UFL et 60 g de PDIN/kg de matière sèche, mais elle chute rapidement si l’on fauche à des stades plus tardifs. Ainsi, en trois-quatre semaines, arrivant au stade « dissémination » du dactyle, elle diminue de 0,10 UFL et 15 g de PDIN/kg de MS. 3.2.2.2 Les prairies « moyennes » Avec 29 relevés, ce groupe est le plus représenté dans notre échantillon. Les pratiques agricoles Les utilisations consistent en 2 fauches suivies par une pâture d’automne. La fauche du premier cycle est en grande majorité moyenne à tardive (de la floraison à la fructification avancée du dactyle) et, parfois, précoce (stade « floraison » du dactyle). La fertilisation est d’un niveau moyen (entre 50 et 80 unités d’azote par ha et par an). 32 La végétation Les graminées sont à feuilles moyennes à larges (fromental, avoine jaunâtre, dactyle) et disposées le plus souvent en tapis régulier, rarement en touffes. L’abondance des dicotylédones non légumineuses varie fortement. On distingue deux cas : 1) les prairies où cette abondance n’excède pas 30%. Les dicotylédones présentes sont alors relativement peu diversifiées (plantain lancéolé, pissenlit, sauge des prés); 2) les prairies où les dicotylédones dépassent 30 % du volume de végétation et sont représentées par des espèces à tige unique grandes (sauge et salsifis des prés), moyennes (rénoncules, gaillets) ou des plantes à rosette (liondents, plantain lancéolé…). Parfois les ombellifères à fleurs blanches abondent, tout en laissant la place à d’autres espèces (pissenlit, silènes, rumex oseille…). Globalement, les légumineuses sont peu abondantes (8%, de 0 à 26 % du volume de végétation). Le nombre moyens d’espèces recensées est égal à 41 (29 à 61). Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche La valeur d’usage agricole Ces prairies se rapprochent des précédentes en termes de productivité (entre 8 et 15 tonnes de matière sèche/ha et par an) mais elles sont légèrement plus élevées en terme de qualité. Si la fauche du premier cycle est réalisée de manière assez précoce (avant le stade « floraison » du dactyle), la valeur nutritive est supérieure à 0,75 UFL et 65 g de PDIN/ kg de matière sèche. En trois-quatre semaines, arrivant au stade « dissémination » du dactyle, l’herbe se maintient à une valeur de 0,69 UFL et 52 g de PDIN/ kg de MS. 3.2.2.3Les prairies relativement extensives Comme il a été déjà souligné, les prairies de fauche valdôtaines sont majoritairement des prairies irriguées et sont toujours aussi relativement fertilisées. Pour cette raison, les prairies relativement extensives sont peu nombreuses et, dans notre échantillon, elles sont représentées seulement par 6 relevés. Les pratiques agricoles relevées D’habitude, le nombre d’utilisations est faible : une fauche ou une pâture au printemps, suivie par une fauche des regains et, parfois, une pâture d’automne. La fauche du premier cycle est en grande majorité tardive (après la fructification du dactyle). La fertilisation est d’un niveau relativement faible (entre 30 et 50 unités d’azote par ha et par an). La végétation Dans un tapis de graminées à feuilles fines (pâturin des prés, fétuque rouge et fétuque ovine) sont mélangées des graminées à feuilles plus larges mais chétives (bromes, flouve odorante, dactyle). Les dicotylédones sont variées, même si leur couverture n’est pas toujours très abondante : en moyenne 26% du volume de végétation (17 à 41). L’abondance des légumineuses est très variable (entre 1 et 42 %). La richesse floristique moyenne est de 44 espèces par prairie (33 à 53). La valeur d’usage agricole Par rapport aux autres prairies de l’échantillon, compte-tenu qu’il s’agit de prairies irriguées et régulièrement fertilisées, le rendement est relativement faible (6 à 9 t/ ha de MS). Malgré un stade de récolte plutôt tardif, la valeur nutritive du foin reste cependant assez correcte avec une valeur en général supérieure à 0,73 UFL et 59 g de PDIN/kg de MS. Chapitre 3 - Diversité des prairies permanentes de fauche 33 Chapitre 4 Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 35 Chapitre 4 · Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 4.1 Diversité des prairies et groupes de systèmes fourragers Le tableau 5 ci-dessous présente les groupes de systèmes fourragers par ordre croissant d’abondance des prairies intensives au sein des systèmes. En Pays de Savoie, les prairies intensives sont absentes dans le groupe 1, c’est-àdire le groupe le plus extensif, mais présentes dans les autres, jusqu’à composer le quart des surfaces dans les systèmes les plus intensifs (groupes 4 et 5). A l’inverse, les prairies extensives, riches en espèces, sont absentes des systèmes les plus intensifs (groupe 5) mais présentes dans tous les autres et même largement majoritaires dans le groupe 1. Dans les autres groupes, ce sont les prairies « moyennes » qui dominent : de 54 % (groupe 3) à 73% (groupe 5). En Vallée d’Aoste, les prairies intensives sont surtout abondantes dans les grosses exploitations possédant peu de surfaces en fond de vallée (Groupe B), celles gérant de grandes surfaces ayant par contre une part importante de prairies extensives (groupe A). On remarquera enfin que les prairies « moyennes » dominent dans les systèmes les plus intensifs (groupes E et B avec respectivement 61 et 56%). Le groupe D comprend également des exploitations ayant une part importante de prairies extensives (48%), en raison de contraintes d’exploitation (morcellement, pente) qui empêchent toute intensification de ces surfaces. La présence de prairies extensives, riches en espèces, semble donc fortement déterminée par : - la capacité des exploitations à disposer de suffisamment de surfaces pour l’autonomie fourragère et pratiquer une gestion différenciée des prairies ; - des contraintes structurelles qui limitent la mécanisation et laissent donc la place à des végétations peu productives. Tab. 5 Abondance des prairies de fauche intensives, moyennes et extensives au sein des groupes de systèmes fourragers (en % du total des surfaces en prairies de fauches) 36 Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 4.2 Gestion de la diversité des prairies au sein des exploitations Une approche plus approfondie sur 8 exploitations agricoles en Savoie et HauteSavoie a permis d’analyser dans quelle mesure la diversité des prairies est prise en compte voire gérée par les éleveurs pour répondre aux objectifs de production fourragère sur leurs exploitations, no- tamment face aux aléas climatiques. Les 8 exploitations se rattachent aux groupes de systèmes fourragers 2, 3 et 4. Les exploitations des groupes 1 et 5 n’ont pas fait l’objet d’une telle analyse car elles ne réunissent pas l’ensemble de la diversité des prairies : les exploitations du groupe 1 n’ont pas de prairies intensives et les prairies extensives sont absentes des exploitations du groupe 5. Tab. 6 Caractéristiques des 8 exploitations étudiées en Pays de Savoie Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 37 Tab. 7 Caractéristiques des 8 exploitations étudiées en Pays de Savoie (suite) Parmi ces exploitations, deux comportent une part importante de prairies extensives, ce sont les exploitations EA10 et EA22. En fait, ces deux exploitations misent peu sur les prairies permanentes en raison de contraintes structurelles fortes (EA 10) rendant difficiles les travaux de mécanisation (morcellement, éloignement de parcelles) ou alors de surfaces du bas mécanisables mais réduites (EA 22), qui sont alors peu occupées par des prairies permanentes mais plutôt par des prairies temporaires à base de luzerne. Pour cet éleveur, ces prairies sont importantes car résistantes aux épisodes de sècheresse assez fréquents sur le secteur, l’exploitation EA 22 est en effet située en zone de vallée interne caractérisée par un déficit pluviométrique estival marqué. L’EA 10 par contre est peu impactée car le chargement est faible et l’exploitation est située en zone de montagne nettement plus arrosée. 38 Les deux autres exploitations du groupe 2 (EA 16 et EA 17) présentent une part nettement plus importante de prairies intensives. Ces deux exploitations sont situées en zone de vallée interne et sont donc sensibles aux aléas climatiques. La part de prairies intensives s’explique par la nécessité d’intensifier les surfaces du bas pour assurer une récolte suffisante de foin. Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations La part de prairies extensives s’explique par contre par la présence de parcelles sur les versants plus ou moins pentus et nettement plus difficiles à intensifier. EA 16, de faible chargement, est moyennement impactée par les épisodes de sècheresse. L’éleveur constate toutefois une perte de rendement de l’ordre de 30 à 40% sur les prairies de fauche intensives du bas, perte qu’il compense exceptionnellement par des achats de foin extérieur. EA 17 a un plus fort chargement et un parcellaire relativement regroupé sur les surfaces du bas. Fortement impactée par les épisodes de sècheresse, elle s’est équipée en matériel d’irrigation pour assurer le rendement des prairies relativement intensives et n’hésite pas à faucher les pentes et talus (utilisation d’une motofaucheuse) en cas de besoin en fourrages les années particulièrement sèches (2003, 2006). L’éleveur souligne que cette organisation est permise grâce à la présence d’une main d’œuvre importante sur l’exploitation (4 UTH). EA 14 présente également une proportion assez importante de prairies relativement intensives (57%). Cette exploitation est située dans le submontagnard et n’est pas autonome en fourrages. Elle vise donc une intensification des surfaces du bas (3 fauches et une pâture d’automne ; fertilisation sous forme minérale) dans l’objectif d’acheter moins de fourrages. L’achat de foin a cependant été important pour faire face aux déficits de production certaines années sèches (2003, 2011) ou encore pour compenser des pertes dues à des dégâts occasionnés par le campagnol (2007) ou au pâturage par les cerfs (2009). Pour alléger le chargement sur l’exploitation, la mise en pension estivale des génisses est devenue une pratique systématique. EA 6, par contre, présente une proportion très élevée de prairies moyennes (84%). L’autonomie fourragère n’étant pas complètement atteinte, la question est posée Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 39 d’une légère intensification des surfaces pour en augmenter le rendement. Une réflexion est en cours dans ce sens, qui vise notamment à mieux gérer la fertilisation sur l’ensemble des parcelles de l’exploitation. EA 6 est peu impactée par la sécheresse. Les génisses sont mises en pension l’été et, en cas d’épisodes secs, l’éleveur gère le pâturage au fil pour rationner l’herbe voire fait pâturer le regain sur des parcelles d’ordinaire fauchées deux fois et pâturées ensuite. Les exploitations EA 3 et surtout EA 21 disposent de proportions plus équilibrées entre prairies extensives, moyennes et intensives. L’exploitation EA 3 est une exploitation de montagne d’assez faible chargement mais où l’éleveur recherche une valorisation accrue de surfaces relativement productives. L’autonomie fourragère sur l’exploitation étant facilement atteinte, cette recherche se traduit par une légère augmentation de la fertilisation sur les surfaces du bas (qui sont fauchées deux fois), de même que sur des parcelles situées au niveau de versants pour pouvoir « faire du regain ». Pour l’éleveur, ac- 40 croître la possibilité de faire une deuxième coupe sur ces parcelles est important pour « compenser » les pertes de production sur les surfaces du bas les années sèches. En cas d’épisodes secs, l’éleveur change également d’affectation certaines parcelles sur versant. Ainsi il met notamment des vaches laitières sur des parcelles habituellement pâturées par des génisses, ce qui est rendu possible par l’utilisation d’une machine à traire mobile. Sur l’exploitation EA 21, l’équilibre relatif entre prairies intensives, moyennes et extensives, s’explique aussi par la volonté de l’éleveur de diversifier les pratiques pour « chercher à avoir une période de fauche assez longue, pour bien répartir la charge de travail sur la saison ». Ainsi, sur le premier cycle, le chantier de fenaison s’étale sur près d’un mois et demi, de début mai à mi juin, en commençant par les parcelles du bas et en finissant par les surfaces le plus en altitude. Les parcelles du bas sont utilisées 4 fois dans l’année (deux fauches et deux pâtures), celles plus en altitude seulement deux fois voire une seule. Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations L’éleveur reconnaît que cette organisation lui confère une certaine souplesse par rapport aux aléas climatiques. En cas d’effet « sécheresse » marqué, il va augmenter le temps de repousse du regain sur les parcelles du bas (« pour laisser le temps de pousser et que la pluie arrive ») quitte à supprimer une pâture. Pour compenser, grâce au déplacement d’une machine à traire mobile, il fait pâturer par des vaches laitières des parcelles plus en altitude et d’ordinaire utilisées par des génisses. « C’est du travail mais cela nous permet de ne pas acheter de fourrages, même les années difficiles ». De cette analyse il ressort que, si les exploitations comprennent toute une certaine diversité de prairies, une gestion optimisée de cette diversité dépend princi- palement de trois critères : - l’organisation du parcellaire qui doit respecter un certain équilibre entre parcelles regroupées, relativement faciles à exploiter, et étagement avec l’altitude pour bénéficier d’un décalage naturel de la pousse de l’herbe ; - le niveau d’autonomie fourragère: si l’autonomie fourragère est facilement atteinte (présence de parcelles productives, besoins faibles des animaux sur l’exploitation), la prise en compte de la diversité des prairies est apparemment une option plus facile à mettre en œuvre ; - la décision stratégique de l’éleveur quant à la gestion de cette diversité et la capacité technique à mettre en œuvre cette décision, notamment en terme de travail sur l’exploitation (équipement en matériel, disponibilité en main d’œuvre …). Chapitre 4 - Diversité des prairies et fonctionnements fourragers des exploitations 41 Chapitre 5 Valorisation de la diversité des prairies 43 Chapitre 5 · Valorisation de la diversité des prairies 5.1 Intérêt des prairies diversifiées un avantage en terme d’organisation du travail par rapport à la réalisation des chantiers de fenaison ; - Elles présentent une flore intéressante pour l’apiculture (tableau n°8) et, plus globalement, pour la biodiversité. Elles présentent également une diversité de couleurs et des décalages de floraison qui contribuent fortement à la diversification des paysages en montagne. L’intérêt des prairies diversifiées est double : - Sur le plan agricole, ces prairies permettent une production fourragère d’assez bonne qualité malgré une fauche tardive. Elles présentent donc une certaine souplesse d’exploitation, ce qui constitue Tab. 8 Illustration de quelques espèces mellifères des prairies permanentes de fauche. Pissenlit Achillée millefeuille Campanules Trèfle blanc Campanule agglomérée Lotier Hélianthème Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies Sauge des prés 44 Sainfoin Salsifis Grande berce Centaurée jacée Cette mesure, inscrite au sein du Programme de Développement Rural Hexagonal (PDRH) proposé par la France à l’Europe pour la période 2007-2013, sous le titre d’engagement unitaire Herbe_07, vise le maintien de la richesse floristique des prairies naturelles. C’est une mesure à objectif de préservation de la biodiversité. La richesse floristique est en effet un indicateur simple d’évaluation de la biodiversité d’une prairie permanente, la diversité animale étant fortement liée à la diversité floristique (Huyghe, 2009). Dans le cadre de cette mesure, l’agriculteur s’engage à conserver une richesse floristique sur les parcelles contractualisées. Cet engagement est d’une durée de 5 ans pendant laquelle l’agriculteur perçoit une aide de 89 € par ha et par an. L’évaluation de la richesse floristique s’effectue de la manière suivante : parmi une liste d’une vingtaine de plantes à fleurs indicatrices du bon état de la biodiversité locale, il s’agit de retrouver au moins quatre espèces différentes sur chacun des trois tiers de la diagonale de la parcelle sous contrat. La liste est établie localement par le porteur de la mesure. Elle est le fruit d’un consensus entre différents experts locaux de l’agriculture (élevage, apiculture) et de l’environnement (Nettier et al., 2011). Afin de communiquer sur cette mesure et de promouvoir l’intérêt agricole et environnemental des prairies riches en fleurs, la Fédération Nationale des PNR et ses partenaires ont créé le concours Prairies fleuries. Pour cela, une liste d’espèces de plantes représentatives a été conçue en 2010. 5.2 Valorisation des prairies à flore diverse : la MAE territorialisée dite «Prairies fleuries» Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies 45 Tab. 9 Liste de plantes du concours national 2010 « Prairies fleuries ». Facendo riferimento alla lista del concorso Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies nazionale 2010, abbiamo applicato il 46 metodo di rilevamento a 34 prati scelti a caso all'interno del campione in Savoia e En nous référant à cette liste du concours national 2010, nous avons appliqué la méthode de la diagonale des trois tiers sur 34 prairies choisies au hasard au sein de l’échantillon en Savoie et Haute-Savoie. Les noms des plantes de la liste du concours national recensées dans les prairies figurent dans le tableau n°10. Parmi ces 34 prairies, 27 ont passé le diagnostic « diagonale des trois tiers » avec succès, à savoir : - 6 prairies extensives sur 10 ; - 16 prairies moyennes sur 16 ; - 5 prairies intensives sur 8. 4 prairies extensives sur les 10 diagnostiquées ont donc été exclues. Dans les 4 cas, il a manqué une espèce sur un seulement des trois tiers de la diagonale pour atteindre le nombre de 4 plantes de la liste. Tab. 10 Plantes de la liste « Prairies fleuries » (Concours national 2010) identifiées lors de diagnostics effectués sur 34 prairies de l’échantillon Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies 47 Par contre, 5 prairies intensives ont passé le test avec succès. Cela s’explique par le fait que certaines espèces de la liste, bien que pourtant peu abondantes, étaient souvent présentes et facilement repérables le long de la diagonale. Ces espèces sont : trèfle blanc, oseille ou petite oseille, campanules, crépis et, à un degré moindre, salsifis et achillée millefeuille. Ainsi, avec ces quelques espèces, le nombre de 4 plantes de la liste à recenser par tiers était parfois facilement atteint. On constate donc que la liste, telle qu’elle a été conçue à ce jour, peut amener à exclure des prairies extensives pourtant riches en espèces et, à l’inverse, rendre éligibles des prairies relativement intensives et pauvres d’un point de vue floristique. Toutefois, le taux de réussite totale concernant les prairies moyennes (16/16) tend à montrer que cette liste favorise d’une certaine manière les prairies ayant un bon équilibre agro-écologique, c’està-dire qui permettent d’atteindre un bon compromis entre rendement fourrager et richesse en espèces de la végétation. 48 Chapitre 5 - Valorisation de la diversité des prairies Chapitre 6 Conclusions 49 Chapitre 6 · Conclusions Les prairies jouent un rôle fondamental dans les systèmes d’élevage d’herbivores en contribuant à pourvoir aux besoins alimentaires des animaux. Elles sont également importantes sur le plan environnemental, notamment pour leur intérêt en matière de préservation de la biodiversité. L’analyse faite dans le cadre de ce travail sur les prairies permanentes en Pays de Savoie et en Vallée d’Aoste montre que ces rôles résultent pour beaucoup de la diversité de la végétation et des pratiques de gestion mises en œuvre par les agriculteurs. En fait, deux éléments essentiels ressortent, si l’on s’intéresse soit à l’échelle de la parcelle, soit à celle de l’exploitation agricole : - A l’échelle de la parcelle, l’intensité d’exploitation (nombre de coupes dans l’année, niveau de fertilisation) détermine fortement la production fourragère et la richesse en espèces des couverts prairiaux ; 50 Chapitre 6 - Conclusions - A l’échelle de l’exploitation agricole, il existe une diversité importante de prairies sous l’effet d’une gamme de variation d’intensité des pratiques agricoles et de différences de conditions de milieu (plus ou moins humides ou, à l’inverse, plus ou moins séchantes). On relève ainsi, dans les deux Régions, l’existence d’un gradient allant de prairies relativement productives, et globalement assez peu riches en espèces, jusqu’à des prairies certes moins productives mais plus diversifiées. Parmi cette diversité, du point de vue agricole, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise prairie en soi. Les prairies relativement intensives (fauches assez précoces, fertilisation relativement élevée) permettent d’assurer une production quantitative de foin de haute valeur nutritive et les prairies plus extensives de récolter un foin de qualité correcte en pratiquant des fauches plus tardives. La gestion de cette diversité est donc importante pour les exploitations, notamment pour permettre la récolte de foins diversifiés. C’est aussi un élément important pour conférer de la souplesse au sein des systèmes d’exploitation. Jouer sur les décalages de fauche possibles entre parcelles permet en effet de mieux répartir dans le temps la charge de travail liée aux travaux de fenaison. Cela peut aussi se révéler intéressant pour faire face aux aléas climatiques, la végétation des prairies étant plus ou moins sensible aux aléas selon les stades de développement des plantes présentes (espèces précoces vs espèces tardives). Par ailleurs, à l’échelle du territoire, la diversité d’exploitation des prairies détermine l’existence d’une mosaïque de végétations favorable à la biodiversité mais aussi à la diversification du paysage. Autant d’éléments qui contribuent à l’attractivité d’un territoire, notamment par rapport au tourisme. Nous faisons donc le constat que si la diversité des prairies entretenue par l’agriculture est une richesse environnementale voire patrimoniale, c’est aussi un atout pour le fonctionnement des exploitations d’élevage. Il y a donc un intérêt convergent entre agriculture et environnement pour maintenir une diversité des prairies à l’échelle d’un territoire. Chapitre 6 - Conclusions 51 Bibliographie Liste des espèces citées dans le texte 53 · Collectif, 2010. Annuaire Statistique Régional, Région Autonome Vallée d’Aoste, Aoste, 168 p. · Collectif, 2011. Recensement agricole 2010. Agreste. · De Vries D.M., De Boer T.A., 1959. Methods used in botanical grassland research in the Netherlands and their application. Herbage Abstracts, 29 (1), 1-17. · Fleury Ph., Jeannin B., Dorioz J.M., 1994. Des résultats pour les Alpes du Nord : la typologie des prairies de fauche de montagne. REUR Technical Series, FAO, Rome, 30, pp. 25-29 · Guillot P., Fleury Ph., Jeannin B., 1996. Typologie de la valeur d’usage des prairies de fauche du secteur submontagnard des Alpes du nord. Document technique GIS Alpes du nord, 70 p. · Guisepelli E., Fleury Ph, 2003. Pay- sages et Agriculture dans les Alpes du Nord. Représentations et aspirations de la société. GIS Alpes du Nord, 54 p. · Huyghe C., 2008. La multifonctionnalité des prairies. In : Prairies, herbivores, territoires : quels enjeux ? Editions Quae, 21 p. · Nettier B., Dobremez L., Fleury Ph., 2011. L’obligation de résultat pour les mesures agri-environnementales «prairies fleuries» et «gestion pastorale». Science Eaux et Térritoires, 2011, 8 p. http://www. set-revue.fr/lobligation-de-resultat-pourles-mesures-agri-environnementalesprairies-fleuries-et-gestion-pastora (consulté le 12/12/2011). · Roumet J.P., Pauthenet Y., Fleury Ph., 1999. Tipologia dei prati permanenti della Valle d’Aosta. Document technique IAR, 24 pp. + 18 fiches. Bibliographie 55 Liste des espèces citées dans le texte Nom commun Nom scientifique Nom commun Nom scientifique Achillée millefeuille Agrostide vulgaire Anthrisque Anthyllide vulnéraire Arnica Avoine jaunâtre Brome dressé Campanules Centaurées Cherophylle hirsute Chiendent Crépide bisannuelle Crépis Dactyle Épervières Euphraises Fenouil des Alpes Fétuque des prés Fétuque ovine Fétuque rouge Flouve Fromental Gaillet commun Gaillet jaune ou vrai Genêt ailé Genêt teinturiers Géranium brun Géranium des bois Gesses Grande astrance Grande berce Grande marguerite Hélianthèmes Joncs Knautie Achillea millefolium Agrostis tenuis Anthriscus sylvestris Anthyllis vulneraria Arnica montana Trisetum flavescens Bromus erectus Campanula spp. Centaurea spp. Chaerophyllum hirsutum Agropyron repens Crepis biennis Crepis spp. Dactylis glomerata Hieracium spp. Euphrasia spp. Meum athamanticum Festuca pratensis Festuca ovina Festuca rubra Anthoxanthum odoratum Arrhenatherum elatius Galium mollugo Galium verum Genista sagittalis Genista tinctoria Geranium phaeum Geranium sylvaticum Lathyrus spp. Astrantia major Heracleum sphondylium Leucanthemum vulgare Helianthemum spp. Juncus spp. Knautia arvensis Liondents Lotier corniculé Œillets Oseille Oseille Pâturin commun Pâturin des prés Petite oseille Petite scorsonère Leontodon spp. Lotus corniculatus Dianthus spp. Rumex acetosa Rumex acetosa Poa trivialis Poa pratensis Rumex acetosella Scorzonera humilis Sanguisorba spp. Taraxacum officinale Plantago lanceolata Polygala spp. Caltha palustris Phyteuma spp. Lolium perenne Lolium multiflorum Ranunculus acris Ranunculus spp. Polygonum bistorta Rinanthus alectorolophus Rumex obtusifolius Onobrychis viciifolia Tragopogon pratensis Salvia pratensis Saxifraga granulata Scabiosa spp. Thymus serpyllum aggr. Serratula tinctoria Silene dioica Silene vulgaris Lychnis flos-cuculi Succisa pratensis Thymus spp. Trifolium repens Trifolium pratense 56 Liste des espèces citées dans le texte Pimprenelles ou sanguisorbes Pissenlit Plantain lancéolé Polygales Populage des marais Raiponces Ray-grass anglais Ray-grass d’Italie Renoncule âcre Renoncules Renouée bistorte Rhinanthe Rumex à feuilles obtuses Sainfoins Salsifis Sauge des prés Saxifrage granulé Scabieuses Serpolets Serratule des teinturiers Silène dioïque Silène enflé Silène fleur de coucou Succise Thyms Trèfle blanc Trèfle violet