TSAVA MARS 2014 mars 2014 - Aumônerie Israélite des Armées

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COMMENT TSAVA N°13 ?
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Février / mars 2014 (Adar 1/ Adar 2 5774)
L’édito de l’aumônier général
L’aumônerie en action
COMMEMORATIONS
Ces aumôniers qui ont fait l’histoire
REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
Portrait d’un aumônier
SPIRITUALITE
Culture
CARNET
COMMENT TSAVA ? n°13
En hébreu armée se dit tsava
(en couverture : Portrait du lieutenant Nissim de Camondo (1892-1917)
⧠ SOMMAIRE
1 ... L’édito de l’Aumônier général
྅ L’AUMÔNERIE EN ACTION
4...Réunion de travail à l’HIA Legouest, Ph. Choucroun
5…Pèlerinage militaire de l’A.I.A à Auschwitz, Hadassah Eliraz (Actualité Juive)
6 …Témoignages, Stéphane Attal & Pupilles de l’Air de Grenoble
12…Les enfants des écoles juives sous l’Arc de Triomphe, Pierre-Yves Bauer
12… Cérémonie patriotique en la synagogue aux armées, Arié Berros
13…La synagogue de Nancy accueille la B.A 133 pour une leçon d’histoire, Daniel Dahan
14…XXVème Congrès des aumôniers en chef de l’OTAN, Véronique Dubois
⧠ L’AIA EN BREF
17…L’AIA en bref
⧠ COMMEMORATIONS
18…Journée européenne de la Mémoire de l’Holocauste, Ph. Choucroun
19…La France rend hommage aux résistants du groupe Manouchian…H.Eliraz(A.J)
⧠ REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
21…A tout prix, Pierre-Yves Bauer
22…L’obligation religieuse de libérer les captifs, Haïm Harboun
⧠ CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
25 …Il était une foi : le Grand rabbin Abraham Bloch, Paul Netter
⧠ PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
28… Meyer Malka aumônier en chef Marine, Véronique Dubois
⧠ SPIRITUALITE
31…A Strasbourg, on fête Hanoukka en espagnol, Jonathan Blum
32…Hanoukka : de l’HIA Percy aux Invalides, Véronique Dubois
32…Mort et convictions religieuses à l’HIA Percy, David Elfassi
33…Hanoukka, une équation lumineuse, Véronique Dubois
⧠ CULTURE
35…Nissim de Camondo, Haïm Korsia
37…Images de la propagande ou l’art de vendre la guerre, Annie Pastor
37…Journal de guerre d’un juif patriote, André Kahn
38…le MAHJ à l’heure de la Grande Guerre, Véronique Dubois
ème
⧠ CARNET
40…Un aumônier à la 193 session de l’IHEDN, Ph. Choucroun
40…FMI à Salon de Provence, Lionel Dray
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COMMENT TSAVA ?
L
’Edito de l’Aumônier
général israélite des armées
Lors de la célébration de la Bar mitsva, la communion
d’un enfant, un sentiment diffus où se mêlent la joie et
l’anxiété envahit les parents.
Le Grand rabbin
Haïm Korsia
Photo : Alain Azria
La joie est le fruit du bonheur d’avoir éduqué et conduit ce
jeune enfant jusqu’à l’âge de sa majorité religieuse, treize ans. L’anxiété est
générée par la découverte soudaine que le petit enfant que nous avons chéri et
protégé s’est transformé en un adolescent désireux de s’affirmer au sein de sa
famille et parmi ses amis. Et surtout, ce jeune devra relever le défi lancé par la
société moderne dans ses études, et plus tard, sa vie professionnelle.
Ce Comment Tsava nouvelle formule, bulletin de l’aumônerie israélite des
armées, porte précisément le numéro treize, symbole de sa Bar mitsva !
L’occasion m’est donc donnée de me réjouir avec tous les « parents » de cette
revue, tous les contributeurs à sa richesse : en tout premier lieu les aumôniers
israélites qui au-delà du compte-rendu de leurs actions au service de la Défense
nationale, rédigent des articles de fond, témoins de leurs réflexions sur le devenir
de notre institution militaire. Je dédie une mention toute particulière à notre
rédactrice en chef, Véronique Dubois, aumônier des hôpitaux militaires du Val de
Grâce et de Bégin, qui depuis le premier numéro de cette nouvelle formule, a su
avec beaucoup d’intelligence et de volonté, redynamiser dans un format nouveau
le Comment Tsava et assurer la pérennité du journal de l’aumônerie, tout en
suppléant elle-même les articles promis…qui ne venaient pas. Et je n'oublie pas le
rabbin Joël Jonas qui porte tant de projets à bout de bras, que ce soit le ravivage
de la flamme ou le harcèlement de chacun d'entre nous pour rendre l'article
promis…
1
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COMMENT TSAVA ?
Mais à l’heure où nos armées sont présentes sur plusieurs théâtres d’opérations
extérieures, au moment où nous devons faire "plus avec moins", avec des budgets
toujours plus contraints, l’inquiétude germe sur la capacité à remplir efficacement
les missions nécessaires au maintien de la paix dans le monde et sur notre
territoire national. Modestement, notre bulletin, désormais adulte, s’efforcera
d’accompagner et de soutenir tous les hommes et toutes les femmes engagés
dans ce combat inlassable au service de nos valeurs universelles : liberté, égalité,
fraternité.
Nissim de Camondo, le personnage figurant sur la couverture de ce numéro, doit
constituer une source d’inspiration pour les jeunes générations et pour notre
bulletin désormais Bar mitsva ! Il est le fils d’un riche banquier juif, Moïse de
Camondo. Patriote convaincu, il devance l’appel pour effectuer son service
militaire en 1911. Dès le début de la première guerre mondiale, il abandonne la
banque paternelle et s’engage au sein du 3ème régiment de hussards. Le 8
novembre 1915 suite à une crise d’appendicite aigüe, il est renvoyé dans ses
foyers et placé en situation hors cadre. N’écoutant que son courage, Nissim de
Camondo se rengage comme volontaire dans l'aviation naissante et effectuera de
multiples et périlleuses missions d’observations au sein de l’escadrille MF33. Le 5
septembre 1917, son avion, un Farman F40 est abattu. Le lieutenant Nissim de
Camondo, titulaire de multiples décorations militaires, y trouvera la mort avec son
compagnon d'arme, Lucien Deséssart en Lorraine, près de Leintrey, où a été
édifiée une stèle à leur mémoire.
A travers des grandes figures de l'engagement au service de la patrie, et au
premier chef, le grand rabbin Abraham Bloch, mort le 29 aout 1914, dans les
Vosges, nous participerons aux commémorations de la première guerre mondiale
et nous organiserons nombre de moments où le passé glorieux ou douloureux
nous parlera à nouveau. Et nous célèbrerons comme il se doit l'année 1944 de la
Libération, et en ce mois de mars 2014, je veux penser à la fois aux combats
héroïques des Glières et, au même moment, à la rafle des enfants d'Izieu. Tom
Morel ou Georgy Halpern sont nos héros et nous les ferons tous revivre dans nos
cœurs.
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COMMENT TSAVA ?
Dans le récit du Livre d’Esther, traditionnellement lu à cette période de l’année à
l’occasion de la fête de Pourim, le courage de Mardochée est mis en relief. Alors
que tous les Juifs du royaume de Perse se prosternent devant le terrible Aman,
Mardochée, ni ne s’incline, ni se prosterne devant un être humain, restant fidèle
au deuxième des Dix Commandements : « Tu n’auras pas d’autres divinités que
Moi » (Exode XX, 3). Nous connaissons la fin heureuse de l’histoire de Pourim, le
succès des valeurs authentiques de fraternité et de confiance en l'Eternel, tout
comme la défaite d’Aman dans sa quête folle d’un pouvoir hégémonique sans foi
ni loi.
Le succès et la réussite, ce sont justement les souhaits que l'on formule pour un
Bar mitsva, et c'est ce que je propose comme partage pour nos armées afin
qu'elles portent nos valeurs au plus haut, comme nous l'affirmons dans la prière
pour la République, dans nos synagogue : « Leur courage, leur ténacité et leurs
forces morales sont notre honneur ».
Mazal Tov pour ce treizième numéro! Et bonne lecture à tous.
PROCHAINES FETES CULTUELLES
Jeûne d’Esther - jeudi 13 mars dès 5h35 – fin : 19h31
Fête de Pourim - dimanche 16 mars
Fête de Pessah (Pâque juive)
Lundi 14 avril dès 20h22 au mardi 22 avril (fin : 21h45)
Fête de Chavouot (Pentecôte)
Mercredi 4 dès 22h48 & jeudi 5 juin (fin : 22h54)
Jeûne du 17 Tamouz
Mardi 15 juillet dès 3h37 – fin : 22h40
Veille de Ticha Beav (destruction du Temple de Jérusalem)
Début du jeûne - lundi 4 août dès 21h24 – mardi 5 août (fin : 22h08 )
Fête de Roch Hachana 5775 (Nouvel an)
Du mercredi 24 septembre dès 19h26 au vendredi 26 septembre (fin :19h22)
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L’AIA EN ACTION
REUNION DE TRAVAIL A L’HIA LEGOUEST
Philippe Choucroun
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Copyright : www.defense.gouv.fr
4
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L’AIA EN ACTION
PELERINAGE MILITAIRE DE L’ A.I.A A AUSCHWITZ
Hadassah Eliraz (Actualité Juive)
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&HYR\DJHSDVVHSDU« la redécouverte
des sources juives »(3qUH9HUQHW
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u’est-ce qui réunit députés,
représentants
emblématiques des quatre cultes,
influents acteurs politiques, Cyndi
Léoni présidente de SOS racisme, particuliers, élèves des lycées Louis le
Grand, Saint Cyr, Polytechnique,
l’ISMAPP, pupilles de l’air de Grenoble, professeurs d’histoire, militaires hauts gradés, civils, un ancien
ministre, un homme de théâtre…
deux cent personnes hétéroclites ? la
volonté de se retrouver dans une
forme renouvelée de fraternité.
« Pour certains, Auschwitz est une
histoire, pour d’autres, c’est leur histoire mais aujourd’hui, c’est plus que
jamais notre histoire à tous » explique
le concepteur du périple, le Grand
rabbin Haïm Korsia, aumônier général
israélite des armées. Pour le père
Thierry Vernet responsable des rela-
tions avec le judaïsme pour le diocèse
de Paris, cette histoire passe par la
« redécouverte des sources juives » :
après la tefila (prière) dans l’autocar
en route vers la dernière synagogue
d’Auschwitz afin d’ y lire la Torah, le
padre de commenter un passage
d’Ezéchiel « extrait de la Torah pour
redécouvrir nos sources juives ». Hazem El Shafei, Imam des ADP, livra
qu’il n’a jamais peleriné aucun haut
lieu musulman autant que les
camps…
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L’AIA EN ACTION
« L’indifférence signifie
détourner les yeux » (H. Korsia)
Mais cette communauté fut aussi celle
du silence et des larmes : dans la nuit
de Birkenau s’éleva la plainte du cho
-far rappelant que, si pour certains
Dieu ne retint pas la main des bourreaux, l’Homme non plus ne retint pas
la main de l’Homme. « L’indifférence
signifie détourner les yeux, dire
comme Caïn, lorsqu’il tue Abel : je ne
suis pas le gardien de mon frère. En
entendant Elie Buzyn, nous prenons
une responsabilité parce que, comme
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le dit Elie Wiesel : entendre les témoins, c’est devenir témoin soi-même.
Nous avons donc la responsabilité de
transmettre et de dire », conclut le
Grand rabbin H. Korsia.
Témoignages
Stéphane Attal, fidèle de la Maison Moadon, espace communautaire d’activités
cultuelles et culturelles à Paris (75017)… élèves de la classe de 1ère S3 des Pupilles
de l’Air de Grenoble : ils ont participé au pèlerinage et ont fait choix de témoigner.
Une journée particulière,
Stéphane Attal
Ce 7 novembre, je participe avec Frank, Patrick, et d'autres membres de La Maison
Moadon au voyage à Auschwitz organisé par le Grand rabbin Haim Korsia, pour
l’Aumônerie israélite des armées.
J'avais cela en moi depuis longtemps, mais la nechama (l’âme) de Moadon fait qu'on se
dépasse régulièrement, tant dans les actions communautaires que religieuses ou sociales.
Avant tout, je voudrais dire que si j'ai pu le faire et si je peux écrire ces lignes, c'est
parce que ma mère a échappé de quelques semaines à la rafle du Vel d'Hiv grâce au
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L’AIA EN ACTION
courage ou à l'inconscience de mes grands-parents qui avaient choisi de ne pas porter
l'étoile jaune et de détruire leurs papiers. Apatride c'était sans doute mieux pour se
sauver...
Alors hier, en discutant avec Frank (on ne s'est pas lâchés) tout au long de la journée,
ma pensée s'est construite autour de deux convictions.
- Ne pas prendre de photos, car je n'ai pas à montrer « l'in-montrable », ce qui pourrait acquitter ceux qui verraient les photos, et solder mon compte personnel d'hommages aux victimes.
- Ne pas raconter ce que j'ai vu, mais seulement ce que j'ai ressenti.
Non! Il faut y aller, et y retourner comme l'a très bien exprimé le député Jean Jacques
Urvoas, présent avec son épouse.
Vous dire que c'est insoutenable est insuffisant et même faux car malheureusement
c'est supportable: visiter des baraques vides, un musée, sous quelques gouttes de
pluie dans la douceur de l'automne. Une blague! on n'a pas le droit d'avoir peur ni
d'être ému, on est là et c'est normal!
Vous dire que le guide Polonais francophone n'exprimait aucune émotion et semblait
réciter un texte mille fois répété est faux car en racontant la dernière anecdote, il s'est
mis à pleurer, et il y avait de quoi. Et vous dire qu'on a détourné le regard pour ne pas
pleurer est un mensonge: on a pleuré!
Vous dire que le musée accolé à la Synagogue d'Auschwitz n'a aucun intérêt est faux
aussi, car le vide sidéral qui y règne est pour moi l'illustration même qu'il n'y a rien à
dire, une fois là- bas.
Vous dire que voir et entendre Elie Buzyn, présent avec ses petits enfants qui ont l'âge
exact qu'il avait quand il est entré dans le camp, est bouleversant n'est pas très exact:
cet homme fait preuve d'une force que, j'espère, il nous a un peu transmis pour qu'à
notre tour on accomplisse ce pour quoi on se plaint: le boulot, les enfants, les impôts.
Pffff...Enfin vous dire qu'on revient en ayant compris ou avec des réponses est presque
pitoyable.
Pour ma part, je reviens avec la conviction que peut être le seul devoir que l'on a est
de prier comme on l'a fait dans le bus, dans la synagogue, devant la voie ferrée où se
décidaient les sélections.
Prier pour ceux qui ne sont plus là, oui, mais aussi prier pour le futur pour nos enfants,
pour notre identité. Pour lutter avec toute notre âme contre le pire danger à me yeux:
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L’AIA EN ACTION
la banalisation de ce drame, de cet endroit. Car ce qui est insoutenable, vraiment, c'est
la pizzeria à l'entrée...
Quelques témoignages de la classe de 1ère S3 des Pupilles de l’Air de Grenoble
« La mémoire est un devoir, c’est en se souvenant de notre passé que nous conservons
notre présent et construisons notre futur. » Valentin Virmont
« Merci de nous avoir ouvert les yeux sur le plus grand génocide de l’Histoire. »
Killian Pottier
« C’était indescriptible, inqualifiable. » Gaël Berge
« Ce voyage était très instructif et très émouvant. Mais je n’arrive quand même pas à
imaginer que de telles souffrances aient pu être ressenties. Merci. » Jocelyn Besson
« Les images d’Auschwitz nous ont tous profondément marqués et resteront gravées à
jamais dans nos mémoires. »Noémie Tanche
« Je vous remercie pour cette importante prise de conscience. Le devoir de mémoire sera
respecté : nous sommes témoins à notre tour. Il ne faut pas que tout cela se reproduise. »
Leïla Piers
« Pas seulement une leçon d’Histoire mais une véritable leçon de vie et de paix à tout
jamais gravée dans nos esprits… » Alexandre Auber
« C’est impossible pour moi de mettre des mots sur l’horreur de ces camps. Merci beaucoup de m’avoir permis de faire ce voyage très enrichissant. » Enguerrand Dominjon
« Entendre l’Histoire c’est bien, mais la voir et la toucher c’est mieux. Grâce à ce voyage,
nous ne l’avons pas qu’apprise, mais nous l’avons enfin comprise. »
Sylvestre Nowakowski
« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo).
« Malheureusement, les idées humaines ne sont pas toujours bonnes. N’oublions pas ce
qui s’est passé. Rappelons-nous du pouvoir d’une idée et prenons garde de ne pas prendre
part à quelque chose d’horrible, de ne pas laisser de telles idées se répandre. Ce voyage
nous permettra d’honorer notre devoir de mémoire; nous n’oublierons pas. Merci. »
Emilien Fugier
Retrouvez ces témoignages dans leur intégralité
sur la page Facebook de l’EPA et de l’AIA
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L’AIA EN ACTION
Partie avec une leçon d’histoire, revenue avec une leçon de vie (extraits)
Laurie Hamadi (EPA)
Beaucoup de personnes m'ont
expliqué que la Shoah était citée
comme un crime inhumain de la
part des Nazis.
Inhumain ?
Je ne comprends
pas.
Lorsqu'à
Auschwitz
j'ai
vu
l'importance de ce massacre, la
réalité des faits, j'avais du mal à
y croire. On a beau s'imaginer les
pires
choses,
cela
reste
fantasmatique,
mais
nous
pouvons tout de même voir ce
qu'il
reste
de
cette
extermination. Je pense alors à
tous ces bâtiments et objets que
nous avons retrouvé hantés par
la folie et l’horreur.
Effectivement,
à
partir
du
moment où l'on a la vérité qui se
présente à nous sous diverses
formes, on a le sentiment
soudain d'avoir le cœur plus
lourd, on remet en question la
définition même de l'Homme et
de l'humanité. L’être humain estil vraiment capable de telles
atrocités ?
Les uns diront, non. Et
en
employant
le
terme
inhumain .
Mais
cela
est
totalement contradictoire ! Par
définition, inhumain est quelque
On a beau s’imaginer les pires choses…
Copyright : anonyme
chose qui n'a rien d'humain,
donc
de
compréhensif
et
compatissant1.
Par ce fait, Adolf Hitler, Reinhard
Heydrich, Himmler, les S.S., la
Gestapo et tous ces hommes et
femmes qui ont participé à cet
holocauste ne sont pas humains
car ils ont pensé et voulu
quelque chose de mauvais !
NON.
Ces individus sont des êtres
humains comme vous et moi, qui
réfléchissent, qui agissent, qui
vivent. Selon moi, la Shoah n'est
pas un crime inhumain car
l'auteur de ce massacre est
1
9
Définition le Robert de poche 2013.
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L’AIA EN ACTION
l'espèce humaine, notre espèce.
quel but ?... Il faut des réponses.
Les Allemands avaient
identifié leurs victimes, les Juifs
(principalement). Le « problème
juif » avait été résolu grâce à ce
qu'ils appelaient « la solution
finale ».
Quelle
étrange
désignation pour l'extermination
d'un peuple entier !
Je pense que la non utilisation du
champ lexical de la mort, de
l'anéantissement
et
de
l'extermination dans la façon de
nommer cet « holocauste » était
un
moyen
de
s'apaiser
moralement et humainement
pour les auteurs du crime. En
effet c'était une solution, qui
résulte donc d'un problème qui
doit
être
résolu.
Cette
appellation fut une manière de
s’innocenter psychologiquement,
de rendre le meurtre propre.
L'homme n'est pas bon. Il n'est
pas mauvais non plus, mais, en
regardant l'histoire de plus près,
on se rend compte que nous ne
savons pas ce qu'est l'être
humain. Sinon, nous n'aurions
pas été aussi choqués et
désemparés par les faits de « 3945 ».
Cela ne vous effraie donc pas ?
Tous les jours nous nous levons,
nous allons travailler ou étudier,
nous faisons des rencontres,
nous sortons au cinéma... sans
savoir ce que nous sommes et ce
que
nous
pouvons
être.
Personnellement,
cela
me
déstabilise fortement, sommesnous certain d'être toujours dans
le bon, dans le vrai ?[…]
Comment les hommes ont pu
faire une telle catastrophe ? Et
pourquoi le peuple juif a-t-i-l été
la principale victime ? Comment,
pourquoi, qui, où, quand, dans
Je n'en reviens pas
d'écrire ces mots : « rendre le
meurtre
propre » !
C'est
impossible ! Je ne comprends
pas. Quelle sorte d'être sommesnous pour avoir un jour pensé de
cette façon ? Je plains la race
humaine d'avoir à endurer son
propre suicide et son horrifiante
manière de penser et d'agir.
D'après
quelques
recherches, il semblerait que la
foi des Israélites et de leurs
descendants, les Juifs, serait
basée sur une alliance entre Dieu
,OIDXWGHVUpSRQVHV
&RS\ULJKWDQRQ\PH
10
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L’AIA EN ACTION
et Abraham, qui aurait ensuite
été renouvelé entre Dieu et
Moïse. De nombreux textes
indiquent que le peuple juif a
une position particulière : il
serait le « peuple élu ».
Les Nazis ont interprété cela
comme le fait que ce soit un
peuple différent, les autres
n'auraient pas cette même
relation avec Dieu que les Juifs
(relation plutôt privilégiée).
En écrivant ces phrases, je pense
à tous les pays à qui la Pologne
en 1939 avait demandé de l'aide
qu'elle n'a jamais eue. Tout le
monde est resté dans sa bulle,
vivant ses propres problèmes.
On a tiré les rideaux : si on ne
voit pas, on ne sait pas.
Est-ce-que vous dormez
bien la nuit ? C'est étrange car,
depuis notre visite en Pologne, je
me sens responsable. Non pas
responsable de ce qui s'est
déroulé à Auschwitz, mais,
simplement responsable de ce
qui se passe maintenant et de ce
qui
se
passera
demain.
Responsable de l'humanité. En
réalité, j'ai l'impression que nous
sommes tous responsables de
l'humanité […]
Un peuple qui a une mission qui
lui a été confié par la Torah, qui
pose des exigences morales très
élevées, et le force à servir
toujours d'exemple pour le reste
de l'humanité, selon Emmanuel
Bloch. Or, les Nazis affirment
que la race aryenne doit dominer
le monde. Les Juifs devenaient
alors une gêne, un obstacle, une
bactérie
qui,
d'après
eux,
empêcherait
la
montée
au
pouvoir et l’idolâtrie de cette
soit - disant race supérieure […].
Chaque jour je regarde le JT ou
bien lis le journal, chaque jour je
suis informée des crimes et des
conflits qui ont lieu dans le
monde entier, chaque jour avec
des amies on s'assoit sur un lit
en écoutant le dernier CD des
Daft Punk et en sirotant un CocaCola … Que dire de plus ?
-¶DLO¶LPSUHVVLRQTXHQRXVVRPPHVWRXV
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&RS\ULJKW0&KDJDOO
11
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L’AIA EN ACTION
LES ENFANTS DES ECOLES JUIVES SOUS L’ARC DE TRIOMPHE
Pierre-Yves Bauer
/DIODPPHGHO
$UFGH7ULRPSKHj3DULVDpWpUDYLYpHOHQRYHPEUHSDU
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$XP{QHULH,VUDpOLWHGHV$UPpHV
ne impressionnante délégation d'enfants d'écoles
U
juives de la région pari-
sienne était présente aux côtés des
aumôniers militaires.
Le Grand rabbin Haïm Korsia, aumônier
/H*UDQGUDEELQDFFRPSDJQp
général, accompagné de quelques-uns
GHTXHOTXHVHQIDQWVUDYLYDODIODPPH
des enfants, raviva la flamme.
&RS\ULJKW$$]ULD
Le Rabbin Joël Jonas, aumônier régional ZD IdF, a conclu la cérémonie par un vibrant « Evénou chalom 'alékhèm / »
(« Puisse Dieu, Tout Puissant, nous apporter la paix ».)
CEREMONIE PATRIOTIQUE EN LA SYNAGOGUE DES ARMEES
Arié Berros
0HUFUHGL QRYHPEUH V
HVW WHQXH HQ OD V\QDJRJXH GHV $UPpHV OD
FpUpPRQLHSDWULRWLTXHjODPpPRLUHGHVPRUWVSRXUOD)UDQFHORUVGHODJXHUUH
Cette cérémonie s'est déoulée en rence entre "Esaü, l'homme des
présence du Colonel Schill, Chef de champs et Jacob, l'homme des
corps de l'Etat-Major particulier du tentes" : Esaü était celui qui voulait
Président de la République et de Joël s'approprier la terre, pensant qu’il
Jonas, ZD IdF. Claude Hadad, président s’agissait d’une possession éternelle.
de la synagogue, insista sur le devoir Or, c’est cette même revendicadu souvenir dans une société où le tis- tion territoriale qu’on trouve à l’origine
su social a tendance à se fragiliser sous la guerre de 1914-1918; en rel'effet de la crise économique. vanche, Jacob est l'homme qui sanctiL’aumônier J. Jonas poursuivit avec un fie le temps et le partage avec les
commentaire rabbinique sur la diffé- autres donne du sens.
12
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L’AIA EN ACTION
LA SYNAGOGUE DE NANCY ACCUEILLE
LA B.A. 133 POUR UNE LECON D’HISTOIRE
Daniel Dahan
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V
ers 1470, une dizaine de familles juives vivaient à Nancy. La synagogue, construite en 1788,
est aujourd'hui inscrite à l'inventaire
supplémentaire des Monuments Historiques.
Des offices y sont toujours célébrés et
le centre communautaire qui jouxte la
synagogue témoigne des activités de
la communauté juive de Nancy.
Après la première guerre mondiale, la
communauté s'agrandit avec des immigrés juifs qui arrivent de Pologne ;
ils trouvent du travail dans les usines
sidérurgiques des alentours (Pompey,
Pont-à-Mousson, Pont-Saint-Vincent),
dans l'industrie chimique (Dombasle,
Varangéville).
Les Allemands entrent dans Nancy le
16 juin 1940. Le 8 mai 1942 paraît
l'ordonnance du port de l'étoile jaune.
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Le dimanche 19 juillet 1942 a lieu la
première rafle de Juifs étrangers.
L'avant-veille, la Gestapo s'était rendue au Service des Étrangers afin
d'exiger la liste des Juifs. Des inspecteurs de police, sous la conduite de
Messieurs Vigneron et Marie, prévinrent à temps les familles juives. Ainsi,
des centaines de Juifs purent quitter
leur domicile avant la rafle et avoir la
vie sauve. De nombreuses autres familles n'ont malheureusement pas eu
cette chance. Au centre communautaire dit du 55, on peut admirer une
toile du peintre Mané Katz, L'insurrection du ghetto de Varsovie, ainsi que
d'autres fresques représentant les
musiciens traditionnels juifs des bourgades
d'Europe
Centrale.
13
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L’AIA EN ACTION
XXVème CONGRES INTERNATIONAL
DES AUMÔNIERS EN CHEF DE L'OTAN
Véronique Dubois
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A
u cours de la soirée inaugurale, les aumôniers en chef Mgr L.
Ravel, le pasteur St. Rémy, le Grand rabbin Haïm Korsia, le
Général David Beauchamp headquarters european command
senior pour les USA et le Général Charpentier Gouverneur militaire de Paris
accueillirent les aumôniers, dont certains accompagnés de leur épouse dans les
salons Rotonde de l’Ecole Militaire. "Comme le Temple était au centre de Jérusalem,
le Saint des Saints au coeur du Temple, l'Homme est au coeur de ce congrès", posa
le Grand rabbin Haïm Korsia, aumônier en chef israélite pour expliquer la pertinence
du thème de réflexion. Parmi les
belles rencontres, citons celle avec
l'aumônier en chef protestant
d'Afrique du Sud et son épouse,
Monwabisi Andrew
et Pulane
Jamangile. C'est lui qui ferma les
yeux de Nelson Mandela...
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14
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L’AIA EN ACTION
Sous le signe des "blessures invisibles" et du partage
Chaque culte disposa d’une demi-journée pour proposer à l’assemblée son retour
d’expérience et ses préconisations sur les souffrances et les espérances qui sont le lot
quotidien de nos forces armées et des aumôniers. C'est l'Aumônerie israélite des
armées qui clôtura la seconde et dernière journée de communication de ce rendez-vous
essentiel. Placée sous le signe des "blessures invisibles" et du partage, le Grand rabbin
H. Korsia et l'aumônier V. Dubois ont évoqué la
mission concrète de l'aumônier dans le rapport
souffrance/espérance
et,
précisément
« comment réinstaller le soldat blessé dans la
vie au quotidien ? ». Des retours d’expériences
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&RS\ULJKW$,$
et quelques fonctions de l’aumônier qui trouvent
leur source dans les psaumes du Roi David et
les premières bénédictions à la Torah, énoncées
par chaque Juif au réveil: « Béni tu es Hachem,
notre Dieu Roi de l'Univers qui redresse ceux
qui sont courbés …qui redonne force à qui est
épuisé…».. mais aussi par la place du don et de l’humour.
Exemple à l’appui, l’AIA souligna l’importance de la synergie entre aumôniers d’un
même culte mais aussi inter-cultuelle. Cette séance permit également aux aumôneries
britanniques et allemandes de s’exprimer, sur invitation de Grand rabbin H.
Korsia. Côté français, invité d’honneur de l’AIA, le Pr Didier Sicard, ancien président du
Comité National Consultatif d'Ethique, a souligné la difficulté de traiter ces blessures
dans un contexte médical où seul le visible fait foi...
Rendez-vous est pris en 2015 aux Pays - Bas
Cette journée s’est clôturée par une cérémonie de ravivage de la flamme qui, pour
nombre d’aumôniers et de touristes, laissera un souvenir impérissable ! les aumôniers
ont d'abord accédé à l'Arc de Triomphe sous le regard ébahi du public, remontant la
partie supérieure des Champs Elysées. Une gerbe a été déposée par les aumôniers en
15
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L’AIA EN ACTION
chef de l'OTAN et organisateurs de ce rendez-vous parisien ainsi que par le Général
David Beauchamp. Une cérémonie particulièrement émouvante, au pied du soldat
inconnu tombé lors de la Grande Guerre particulièrement présente lors de ce congrès.
C’est avec la visite du Musée de Meaux et une soirée de clôture chez le Gouverneur
militaire de Paris, le Général Charpentier que le congrès prit fin.
Pour le prochain congrès, d’ores et déjà, rendez-vous est pris en 2015 aux Pays - Bas.
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L’AIA EN BREF
ET TU SURFERAS SUR LES ONDES…
Philippe Choucroun
Le 28 Novembre 2013, Ph. Choucroun et
Jonathan Blum, aumôniers de la Zone de
Défense Est, ont enregistré une émission sur
²les ondes de Radio Judaïca Fm, la radio juive
de Strasbourg et sa région. Lors de l’émission
La com’unique animée par Dan Leclaire, les
(WWXVXUIHUDVVXUOHVRQGHV«
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aumôniers ont présenté l’action de
l’Aumônerie Israélite dans la région et en France en général. Vous pouvez
réécouter cette émission sur notre blog.
EXERCICE DE SIMULATION OPERATIONNELLE
POUR L’ EUROCORPS A STRASBOURG… Jonathan Blum
Mardi 3 décembre 2013, l’aumônier BLUM (ZD Est) a assisté, sur invitation du
GBR Corbet (Chef d’Etat-Major de l’Eurocorps) à un exercice de simulation
opérationnelle de déploiement rapide de l’Eurocorps en situation de crise au
Quartier Aubert de Vincelles de l’Eurocorps à Strasbourg.
LA SYNAGOGUE DE METZ :
UNE VISITE CULTE… Ph. Choucroun
Jeudi 12 Décembre 2013, Ph. Choucroun,
aumônier régional de la ZD Est, a
accompagné les aumôniers catholiques de
sa région pour une visite de la synagogue de
Metz. Inscrite aux monuments historiques
de la ville et bâtie en 1850, cette dernière
est visitée chaque année par des milliers de
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visiteurs. Une exposition permanente
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d’objets de culte s’y trouve aussi.
Une visite dans la bonne humeur qui s’acheva par cette sympathique photo…
17
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COMMEMORATIONS
JOURNEE EUROPEENNE
DE LA MEMOIRE DE L’HOLOCAUSTE
& DE PREVENTION DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE
Philippe Choucroun
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’est en présence de nombreux
consuls qu’eut lieu le matin
au
cimetière
de
Croenembourg une commémoration
en la présence de nombreux consuls,
représentants des collectivités locales
et des institutions juives de la ville.
C
L’aumônier de la réserve citoyenne
Gérald Rosenfeld entonna le célèbre
chant « EL maleh Rah’amim » devant
une assistance nombreuse puis,
accompagné de l’aumônier régional de
la ZD Est Philippe Choucroun dédié un
kadish à la mémoire des six millions de
victimes.
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années noires passées dans la
clandestinité puis l’enfer de la
déportation. Au préalable, elle
inaugura dans ce même centre un
panneau en l’honneur d’Elie Wiesel.
Ces deux évènements furent élaborés
en collaboration totale avec d’autres
organismes tels le CRIF, le Camp du
Struthof, le Consistoire Israélite du
Bas-Rhin pour Strasbourg, le Centre
Mondial de la Paix de Verdun.
En soirée, l’aumônier régional rejoignit
Verdun pour assister au centre mondial
de la Paix au témoignage poignant d’
Esthet Senot, survivante d’Auschwitz.
Mme Sénot, invitée par l’A.I.A, narra
devant les personnalités régionales ses
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COMMEMORATIONS
LA FRANCE REND HOMMAGE
AUX RESISTANTS DU GROUPE MANOUCHIAN
Hadassah Eliraz
(Actualité Juive)
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ccueilli à la clairière du MontValérien par Robert Badinter,
le Grand rabbin Haïm Korsia
aumônier général israélite des armées
et Antoine Bagdikian président de
l’ANACRA,
François
Hollande
Président de la République débuta la
cérémonie. Devant notamment JeanMarc Ayrault, Premier ministre,
Emmanuel Valls ministre de l’Intérieur
et des cultes, vingt représentants de
l’Etat-Major des Armées et plusieurs
centaines d’invités, un chœur
d’enfants entama le chant de l’Affiche
rouge et celui des Partisans.
Dans son allocution, le Président
honora « ces noms qui évoquent la
solidarité internationale, des noms qui
parlent de l’exil et qui évoquent des
pays
lointains ».
Toutefois, pour notre communauté, le
point d’orgue fut la lecture de la
Prière juive pour la République, par le
Grand rabbin H. Korsia, prière « très
émouvante » (F. Hollande) que
l’aumônier général israélite des
armées offrit solennellement à celui
qui est aussi Chef des armées.
19
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COMMEMORATIONS
Directeur général de la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah, l’AIA et
des ambassades étrangères.
Olga Bancic, seule femme
du groupe sera décapitée
Rappelons que cette année marque le
70ème anniversaire de l’exécution par
les nazis le 21 février 1944 des 23
résistants immortalisés par la célèbre
affiche rouge placardée sur les murs
de Paris et annonçant leur
condamnation à mort. Emblème de
l’union sacrée entre Juifs ayant
essentiellement échappé à la rafle du
Vel d’Hiv, Arméniens, Espagnols
rescapés de Franco et des camps
français des Pyrénées, Italiens
résistant au fascisme, ….
Côté nazi, l’affiche rouge fut
l’emblème du terrorisme et de la
propagande. Olga Bancic, seule
femme du groupe sera décapitée à
Stuttgart, le manuel de droit criminel
de la Wehrmacht interdisant alors de
fusiller les femmes.
Pour le Grand rabbin H. Korsia, cet
hommage
républicain
salue
l’engagement inconditionnel des Juifs
français et étrangers, « peuple à la
nuque raide qui ne plie jamais sous le
joug de l’infâmie ».
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Des présences remarquées
Initiateurs depuis cinq ans de cet
hommage conjoint, l’AIA (Aumônerie
Israélite des Armées) et l’ANACRA
(Association Nationale des Anciens
Combattants et Résistants Arméniens)
convièrent la veille 150 participants à
une journée d’hommage : déjeuner à
l’Ecole militaire avec Catherine Vieu
Charrier adjointe au Maire chargée du
monde combattant et une allocution
de Kader Arif, ministre délégué aux
Anciens
Combattants
qui
remercia « ceux qui n'étaient pas nés
en France et qui ont été de si grands
Français ! ». La présence de Charles
Aznavour, du Général de Brigade
aérienne Arnaud Iralour pour le chef
d’état-major des armées furent très
remarquées. Suivirent une visite du
Musée de l’Armée et un ravivage de la
Flamme sous l’Arc de Triomphe avec
dépôt de gerbes par Philippe Allouche,
Retrouvez les photos sur
20
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REGARD SUR…
LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
A TOUT PRIX
Pierre-Yves Bauer
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ormis de très rares cas, la
privation liberté n’est pas
acceptable car elle prive
l’Homme de son milieu vital, que
constituent son environnement social
et la pratique des actes religieux.
C’est en effet par son insertion au sein
de sa famille, puis au sein de la société,
que l’Homme se réalise et peut
développer ses potentialités. Par la
pratique du culte, il donne une
nouvelle dimension à sa vie et la
sublime.
L’empêcher de se lier aux autres et
limiter
ses
manifestations
d’attachement
au
Maître
du
monde c’est porter atteinte à sa
capacité d’être lui-même, d’être un
Homme.
Dès lors, on comprend l’importance de
libérer un prisonnier ; C’est lui
redonner la possibilité d’être un
Homme, et par là, de donner un sens à
sa vie.
Trois fois par jour, nous prions pour
que Dieu « libère les prisonniers ». Il
s’agit évidemment de ceux qui sont en
prison alors qu’ils ne le méritent pas, et
de ceux qui, aux quatre coins du
monde, sont retenus en otages.
Un enseignement Rabbinique (Alé
Chour T.1 ch. tefila) nous apprend que
nous-même, nous pouvons aussi faire
partie des prisonniers pour lesquels
nous prions.
En ce qui concerne notre propre
personne d’Homme apparemment
libre, il ne s’agit pas de briser des fers
et scier des barreaux, mais de
s’affranchir des mauvaises actions que
nous pourrions avoir faites et qui
inhibent notre capacité à nous élever
spirituellement.
Nous prions alors, pour ne plus être le
détenu d’un mauvais penchant que
nous n’aurions pas réussi à maîtriser.
Si nous avons perdu une bataille et
sommes prisonniers de notre propre
faiblesse, il y a urgence à tout mettre
en œuvre pour recouvrer la liberté.
Quel que soit notre statut et notre
niveau de pratique religieuse, nous
avons le devoir de nous racheter.
Libres, nous trouverons notre véritable
place dans la société et dans le Monde.
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21
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REGARD SUR…
LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
L’OBLIGATION RELIGIEUSE DE LIBERER LES CAPTIFS
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e
sujet
a
fait
particulièrement
l’objet
d’une longue étude dans le
talmud. La situation sécuritaire du
peuple juif, tout au long de son
histoire, n’a pas toujours été
brillante. Les Juifs se sont trouvés,
souvent
confrontés avec les
conséquences de l’adversité, des
persécutions et des guerres. C’est
pourquoi le problème des captifs a
constitué une réalité structurelle
dans l’histoire juive.
C
Le Midrach interprète ce verset
comme suit : « La conduite des
humains détermine celle de Dieu. Si
les humains ouvrent un cœur
charitable, l’Eternel agira de même »
Autrement dit : Si les humains ne
contribuent pas, par leur don, afin de
libérer leur frère, L’Eternel ne fera
rien pour leur propre libération.
La tradition hébraïque (Talmud Baba
Batra chapitre hachoutafim ) met en
exergue la mitsva (Commandement)
de libérer le captif et lui attribue une
importance capitale. Pour illustrer
l’importance de cette mitsva le
Talmud rapporte que la mère du roi
Sapor 1er envoya une bourse pleine
de dinars en or à Rav Yosseph, en le
priant d’affecter cette somme à
l’accomplissement
d’une grande
mitsva. Rav Yosseph était hésitant et
Le Dieu de vos pères
m’envoie vers vous…
Avant d’aborder le sujet dans le
Talmud, il serait intéressant de
relever ce que le Midrach dit à son
sujet. A propos du verset biblique
relatant la mission de Moïse : ce
dernier dit à Dieu, je vais trouver les
enfants d’Israël et je leur dirai : le
Dieu de vos pères m’envoie vers
vous… S’ils me disent quel est son
nom ? Que leur dirai-je ? Dieu
répondit à Moïse : « Je serai ce que je
serai (L’Etre invariable)».
22
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REGARD SUR…
LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
ignorait la nature de cette grande
mitsva. Il en référa à son Maître
Abbayé. Celui-ci lui dit : « la mitsva
de libérer un prisonnier dépasse celle
d’aider un orphelin. Car le prisonnier
est livré entre les mains de son
ennemi qui peut faire de lui tout ce
qu’il veut. Il est préférable de mourir
que de tomber entre les mains de ses
ennemis ».
Le Talmud rapporte le cas de rabbi
Yéhochoua ben Hanania qui s’est
rendu à Rome. Les Hébreux de Rome
lui dirent : « il y a un jeune captif
dans la prison de Rome. » Rabbi
Yéhochoua alla dans les environs de
la prison et se mit à réciter à haute
voix, un verset tiré du chapitre 42,24
d’Isaïe : « Qui a livré Jacob au pillage
et Israël à l’avidité des ravisseurs… »,
Rabbi Yéhochoua n’eut pas le temps
de terminer le verset, il entendit par
une lucarne de la cellule la voix de
l’enfant récitant la deuxième partie
du verset à savoir : « Si ce n’est
l’Eternel ? C’est que nous avons péché
contre lui, l’on a refusé de marcher
dans ses voies et l’on n’a pas obéi à sa
Torah ». Rabbi Yéhochoua frappé par
l’érudition et la mémoire de ce jeune
s’est alors engagé à le libérer quel
qu’en soit le prix. Des années après,
on retrouva ce jeune captif qui n’était
autre que Rabbi Yichmaël ben Elicha
assumant la direction d’une grande
académie talmudique. Depuis ce
temps, la tradition hébraïque a
réservé le chabbath qui précède la
solennité de Pessah, plus connu sous
le nom de chabbath hagadol, pour
développer le thème de la libération
des captifs.
C’est une manière de mettre en
parallèle la délivrance des Hébreux
d’Egypte et la mitsva de la libération
des captifs.
Pourquoi cette mitsva a-t-elle pris
une telle importance ? Pour la simple
raison que le judaïsme est l’unique
doctrine au monde qui est
particulariste. Dans nos prières
quotidiennes nous proclamons trois
fois par jour : « Il nous appartient de
louer le Maître de tout, de magnifier
le créateur du monde, qui ne nous a
pas faits semblables aux nations des
autres pays, ni semblables aux
familles de la terre ».
23
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REGARD SUR…
LA LIBERATION D’UN PRISONNIER
Le judaïsme magnifie la vie
Lors de l’expulsion des Juifs
d’Espagne en 1492, les Espagnols ou
les Portugais enlevaient des centaines
de Juifs et allaient
à Marseille
réclamer
une
rançon
à
la
communauté juive pour les libérer,
sachant que pour les Juifs c’est une
obligation religieuse ayant la même
valeur que le sacrifice à l’époque où
le Temple était en activité.
Ce particularisme n’est pas fondé sur
l’idée de supériorité mais sur
l’obligation du respect de la Torah,
Autrement dit, la nécessité de
respecter la morale, l’éthique, la
valeur de la personne humaine, la
solidarité, la charité, l’aide au pauvre
et l’orphelin etc. Toutefois, comme le
judaïsme magnifie la vie, il rend ses
adeptes précieux et par conséquent,
ayant une grande valeur. Les ennemis
d’Israël dans l’antiquité l’avaient
compris. Et pour se procurer de
l’argent ils n’ont rien trouvé de mieux
que de kidnapper des Juifs, par la
ruse ou la violence C’est pourquoi
Cette obligation religieuse de libérer
par tous les moyens le captif eut
pour
conséquence
un
effet
dramatique dans notre histoire.
Sa judaïté est
totalement occultée.
On peut aussi avancer un autre motif
qui a placé cette mitsva au sommet
de l’échelle des commandements
divins. Un captif ne disposant plus de
sa liberté n’est plus en mesure ni
d’étudier la Torah ni d’observer les
commandements divins. Ce qui
revient à dire que sa judaïté est
totalement occultée. Or, il n’y a pas
plus grande mitsva que de redonner
au prisonnier sa véritable identité
juive afin de lui permettre d’étudier
et d’observer la tradition de son
peuple.
24
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CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
IL ETAIT UNE FOI…
LE GRAND RABBIN ABRAHAM BLOCH
Paul Netter
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I
ssu d’une famille alsacienne qui
a opté pour la France en 1870,
Abraham Bloch, diplômé du
Séminaire Israélite de Paris, est
d’abord rabbin à Remiremont en
1883. Grand Rabbin d’Alger en 1897, à
une époque où les journaux et les
ligues anti-juives se déchaînent, il est
confronté à la violence politique et à
des drames personnels, et il est même
victime d’une tentative d’assassinat.
De retour en métropole, il est nommé
en 1908 Grand Rabbin de Lyon.
En 1913, malgré son âge – 53 ans ! -,
Abraham Bloch se porte volontaire
comme aumônier israélite aux Armées. La déclaration de guerre le ramène dans les Vosges et l’entraîne
vers le destin hors du commun qui le
mène au sacrifice suprême et à la
gloire.
Le récit de sa mort, annoncée à sa
veuve par un Père jésuite, est repris
par les journaux français et étrangers,
puis par des poètes et écrivains
comme Maurice Barrès qui célèbrent
le rabbin patriote et héroïque. Très
vite, l’histoire d’Abraham Bloch devient légende, puis mythe avec des célébrations officielles, des inaugurations de monuments, des hommages
publics qui se succèdent tout au long
du XXe siècle à Paris, à Lyon, à Alger…
Cette première biographie d’Abraham
Bloch, écrite par son arrière-petit-fils,
nous fait découvrir sa vie, son parcours et sa mort par le texte et par
l’image : lettres et archives personnelles, carnet de guerre, articles de
journaux, poèmes, extraits de livres,
cartes postales…
25
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CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
Préface
Philippe Landau - Conservateur des Archives des consistoires israélites
Dans la bible hébraïque, l’idée même du souvenir est récurrente car elle est essentielle pour donner un sens à l’existence de tout individu et développer une
identité collective, nécessaire pour les générations futures. Zakhor – souviens-toi !
est donc une injonction pédagogique qui incombe à chaque israélite soucieux de
transmettre « un passé juif vital » selon l’historien Yosef Hayim Yerushalmi. Il ne
s’agit pas toutefois de mentionner simplement l’évènement d’un point de vue historique ou familial, il faut en tirer un enseignement utile afin de mieux saisir le
présent et, si possible, d’anticiper l’avenir.
Avec conscience et modestie, Paul Netter tente ainsi d’appréhender l’histoire de
son arrière-grand-père, mort glorieusement sur le front des Vosges dès les premiers mois de la Grande Guerre. A l’aide d’une vaste documentation familiale
conservée malgré les affres de l’Occupation, il réussit à reconstituer la vie de ce
grand rabbin qui aurait pu disparaitre dans les limbes de l’Histoire si elle ne s’était
pas achevée sur un champ de bataille et conclue par une légende. Justement, la
vie ou plutôt la mort d’Abraham Bloch n’est pas ordinaire. Bien-sûr, elle fait cause
commune avec celle des 1 350 000 combattants de France disparus au cours des
quatre années de guerre totale parmi lesquels figurent d’autres rabbins dont Jules
Ruff (1917), Maurice Vexler (1914) et Marcel Witsenhausen (1918). Pourtant, elle
s’en distingue à plus d’un titre. Il est le seul Grand Rabbin, aumônier Volontaire et
brancardier par ailleurs, à avoir été tué par un éclat d’obus en plein combat. De
plus, sa disparition qui peut sembler à priori « classique » sur une ligne de front,
est exemplaire. Le Grand Rabbin ne serait-il pas décédé des suites de ses blessures en apportant un crucifix à un fantassin agonisant ?
Sans se prononcer définitivement sur la question, Paul Netter livre au lecteur
toutes les informations sur cette incroyable histoire, apparue quelques mois après
le décès de son aïeul et qui devint l’un des symboles de l’Union sacrée. En effet,
l’antidreyfusard et nationaliste Maurice Barrès avait vu juste en décembre 1915
dans l’Echo de Paris lorsqu’il écrivait : « c’est une image qui ne périra pas ». Sa
mort, devenue aussitôt héroïque dans l’entre-deux-guerres, est aujourd’hui
[…]Jusqu’au début de la seconde Guerre mondiale, le sacrifice du Grand Rabbin
Bloch sert ainsi d’exemple aux jeunes élèves des écoles israélites qui reçoivent, en
26
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CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
récompense ou en prix, une belle carte postale représentant le célèbre tableau du
peintre Lucien Lévy-Dhurmer.
A lui seul, Abraham Bloch résume le patriotisme exigeant et sincère qui faisait la
fierté de la communauté juive pourtant si décriée par les antisémites. Il est un
symbole unique dans la millénaire histoire du judaïsme en France. A ce titre, ce
noble modèle du sacrifice consenti scelle le destin des Juifs français à celui de la
Nation comme l’affirmait avec force le grand rabbin de Paris Jacques-Henri Dreyfus : « Français nous resterons, nous, nos enfants, nos petits-enfants nos arrièrepetits-enfants, avec toute la suite de nos générations, à jamais. » Hélas, ce vœu
pieux n’a pas été respecté par le pays pour lequel ils avaient épousé toutes les
vertus. Entraîné par sa politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, le régime de Vichy allait mettre un terme au souvenir de l’Union sacrée et, par voie de
conséquence, à celui du Grand Rabbin Abraham Bloch. Fort heureusement, de
même qu’il y eut des Justes pour sauver
des Juifs en pleine Occupation, il y eut
aussi des patriotes prêts à sauvegarder la
mémoire du judaïsme. Tel fut le cas pour
la stèle élevée à Taintrux en 1934 et menacée d’être détruite par la Wehrmacht
en août 1940. Grâce au zèle d’une famille
locale, le sobre monument fut caché durant toute la guerre.
L’ouvrage que consacre Paul Netter à son arrière-grand-père est donc salutaire au
moment où la France célèbre le centenaire de la Grande Guerre. Les commémorations seront à l’honneur et vécues collectivement. Dans un souci d’honorer
l’Europe enfin unie, les patries et les combattants risquent cependant d’être oubliés ou d’être récupérés pour des causes moins nobles. Les célébrations nationales qui ne sont jamais neutres comme le reconnaît Jean-Noël Jeanneney – réus
siront-elles à assumer la transmission ? Sauront-elles rendre hommage au paysan
breton ou à l’indigène algérien ?
Avec ce livre où le souvenir célèbre l’intimité, la notion de Zakhor acquiert une
dimension particulière qui permettra à chacun de renouer avec le passé… toujours
proche.
27
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PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
MEYER MALKA
Véronique Dubois
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V.D : Dans quelles circonstances avezvous rejoint l’A.I.A ?
M. Malka : En 1984, alors que j’étais
rabbin de Caen, l’aumônier général
israélite Claude Brami me confie
l’aumônerie régionale de l’Ouest de la
France (Rennes-Caen) Terre-Mer.
sont Alain Attia et Ary Samoun. A nous
trois, nous couvrons le territoire français.
V.D : A quoi ressemble une journée
type de l’aumônier Meyer Malka ?
M.M : En mer, le cadre d’une journée
sur un bâtiment de guerre est généralement identique. 7h00, réveil. Prière
du matin puis à 8h00 petit - déjeuner
avec le commandant et son staff. Ce
moment est consacré au briefing de la
journée.
Le commandant me transmet oralement mon ordre de mission quotidien,
ainsi quelle unité je visiterai la journée,
autour de quel thème auront lieu les
échanges le soir avec l'équipage disponible ?...Ces sujets sont traités en binôme avec l’aumônier l’autre aumônier présent à bord. Puis, 12h30
marque la pause - déjeuner partagée
V.D : Comment êtes-vous arrivé à
l’aumônerie Marine ?
M.M : En 1984, je fus par la suite basé
à Cherbourg en tant qu’aumônier régional de la Marine, sous les ordres
successifs des aumôniers Claude Bloomof et René Guedj. En compagnie de
l’aumônier catholique le Père Roseau
et ce pendant six ans nous avons œuvré pour des rencontres inter- cultes et
des conférences – débats. En 2000,
l’aumônier israélite en Chef Denis
Akoun me nomme aumônier en chef
de la Marine. A ce jour, mes adjoints
28
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PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
avec l’unité. Puis, autour d’un café, se
nouent de libres échanges sur des sujets « libres » tels que différences et
complémentarité inter-cultuelles, des
précisions sémantiques sur les termes
israélite (appartenance cultuelle) et
israélien (désigne la nationalité d’un
ressortissant de l’état d’Israël). Les
« fumeurs » ont aussi leur moment !
L’ après-midi, sur le pont, est propice à
« refaire le monde » le temps d’une cigarette. 19heures, il est temps de faire
le debriefing journalier autour du cocktail dînatoire chez le commandant
avant d’entamer la conférence sur le
thème initialement choisi le matin. La
dernière activité de la journée est généralement prévue à 21h30 avec la visite dans la salle du gouvernail. Extinction des feux avec la prière du soir à
22h30.
Israël
et
l’Egypte.
A la fin de la visite, alors que nous nous
dirigions vers l’avion qui devait nous
ramener à Tel – Aviv, nous avons été
informés que « le mauvais temps »
empêchait tout décollage. alors qu'on
se dirigeait vers l'avion pour nous ramener vers Tel-Aviv, nous avons été informée que l'appareil ne pouvait pas
décoller à cause du" mauvais temps".
Nous fûmes alors logés dans des
"suites" réservés aux VIP (sourire).
La fête de Pessah (Pâque) pointait son
nez… nous avons vécu la sortie
d'Egypte comme nos ancêtres, dans le
désert !
V.D : Quels ont été les temps forts de
votre activité ?
M.M : Au regard des années au sein de
l’aumônerie, difficile de répondre !
Toutefois, j’en retiendrai trois : tout
d’abord, en mars 2006, une visite au
contingent français dans le désert du
Sinaï dans le cadre de son déploiement
au sein de la FINUL. C’est alors sous la
houlette du rabbin Denis Akoun, ancien
aumônier général israélite des armées,
que nous avons visité nos forces déployées dans le cadre évoqué, entre
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jERUGGX3$17UXPDQ±FRS\ULJKW$,$
2 ème temps fort ? mon embarquement sur le P.A.N Charles De Gaulle. Je
ne manquerai pas de signaler que ma
présence sur le porte-avion nucléaire
Charles De Gaulle a eu un retentissement important. En effet, le P.A.N.
américain Harry Truman d’une capacité
de 6000 personnes et qui croisait à
proximité m’invita à célébrer l’office de
29
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PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
Roch Hodech (nouveau mois hébraïque) à son bord. Quelle ne fut pas
ma surprise quand le dimanche 13 juin
2010 aux aurores, débarquant sur le
P.A.N Truman, je fus conduit directement vers un espace qui servait de synagogue permanente. Là se trouvait un
sefer thora cacher (rouleau de la Torah
valide), les livres de prières, les kippot
(calottes) et même un choffar (corne
de bélier) de taille américaine.
A l’issue de l’office, une collation traditionnelle composée de vin et de pain
traditionnel fut servie.
COCORICO ! un peu de chauvinisme
français : le Truman n’est pas doté de
barquettes
cachères…
eu la visite surprise du président de la
République Nicolas Sarkozy accompagné
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du ministre de la Défense Hervé Morin,
du chef d’Etat-Major l’Amiral Guillaud, et le chef d’Etat-Major de la
marine l’Amiral Forissier.
Pour l’anecdote, le président de la République est venu personnellement me
saluer en me félicitant, tout en marquant son intérêt pour la présence
d’un représentant de notre aumônerie
à bord.
V.D : Quels sont vos prochains projets ?
M.M : Proposer que le prochain congrès des aumôniers soit sous l’égide de
l’aumônerie Marine, comme ce fut déjà
le cas à Toulon. Dans un autre registre,
créer une chorale des aumôniers me
tient à chœur…L’Aumônerie Israélite
des Armées a dans ce domaine aussi un
fort potentiel !
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&RS\ULJKW$,$
V.D : Quelle est votre expérience la
plus marquante à ce jour dans votre
fonction ?
M.M : Alors que j'étais embarqué sur le
P.A.N Charles De Gaulle, nous avons
30
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
SPIRITUALITE
A STRASBOURG ON FETE HANOUKKA EN ESPAGNOL…
Jonathan BLUM
Jeudi 28 novembre, l’aumônier Jonathan BLUM (ZD Est) a organisé une visite
de la Grande Synagogue pour les familles des militaires espagnols basés à
Strasbourg. Le Père Carlos Alberto Gutierrez, aumônier catholique du
contingent espagnol de l’Eurocorps, est à l’origine de cette demande.
près avoir présenté les
locaux et activités du
centre
communautaire,
l’aumônier J. Blum a exposé
les grandes lignes du judaïsme, avec la
traduction en espagnol du Père
Carlos. Puis en ce 2e soir de ‘Hanouka,
l’aumônier a invité ce dernier à
allumer avec lui les traditionnelles
bougies.
Ce moment de partage a généré une
grande émotion chez tous les
participants. La soirée s’est conclue
par de nombreuses questions de la
part des femmes et enfants présents,
qui pour la plupart entraient pour la
première fois dans une synagogue.
A
Quel est le sens
de chaque bougie ?
La 1ère bougie représente
la Hanoukkia.
La 2ème, la lumière.
La 3ème, le miracle.
La 4ème, Shabbath.
La 5ème, l’héroïsme.
La 6ème, la langue hébraïque.
La 7ème, la solidarité juive.
La 8ème, la Paix.
Et la 9ème bougie, Le shamash qui
signifie le Serviteur.
Visite de la Grande Synagogue pour les familles des
militaires espagnols basés à Strasbourg.
Copyright : Carlos A. Gutierrez
31
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SPIRITUALITE
HANOUKKA :
DE L’HIA PERCY AUX INVALIDES
Véronique Dubois
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'aumônier et rabbin David Elfassi
a offert au Général Plotton la
nouvelle prière pour la République, qui inclut désormais un
paragraphe dédié à nos soldats
qui défendent avec courage les valeurs de
la
République.
Le lendemain, ce fut à l'Hôtel National des
Invalides en présence du Gouverneur mili
taire des Invalides le Général Bruno Cuche
et du Grand rabbin Haïm Korsia, que les
patients - blessés de guerre, rescapés de la
Shoah - ont allumé les 7 bougies de Hanoukka. L'aumônier et rabbin Laurent Berros en charge des Invalides pour l'AIA avait
aussi prévu meringues et beignets...très
appréciés!
L
MORT ET CONVICTIONS RELIGIEUSES A L’HIA PERCY
David Elfassi
Mercredi 19 décembre , le Dr Paillet pharmacien de
l’hôpital a organisé une réunion à laquelle participaient
corps soignant et aumôniers afin que chacun s’exprime sur
ses convictions religieuses à l’égard de la mort. De retour
d’OPEX, Le Dr Gonzales, médecin spécialiste en chirurgie
thoracique a transmis un retour d’expériences, enrichi
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d’une présentation audiovisuelle. « Les Justes même après
la mort sont considérés comme vivant et les mécréants durant leur vie sont considéré comme mort » disent les Sages de la tradition juive, cités par
l’aumônier D. Elfassi. Ainsi en est-il de nos soldats qui tombent sur le champ de bataille.
Des propos qui ont interpellé l’assistance….
32
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SPIRITUALITE
HANOUKKA: UNE EQUATION LUMINEUSE
Véronique Dubois
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Copyright : AIA
p
our mémoire, la fête de
Hanoukka commémore
une victoire militaire, il y
a environ deux cents ans
avant notre ère : celle des
Asmonéens sur l’armée Grécosyrienne d’Antiochus IV. Cette victoire est célébrée par un acte spirituel, l’inauguration du Temple de Jérusalem débarrassé des idoles
grecques. « Pour cette cérémonie, il
fallait allumer le candélabre à sept
branches du Temple à l’aide d’une
huile pure. Il n’en restait qu’une fiole
non souillée par les païens, mais suffisante pour l’allumage d’un seul jour.
Et grâce à un miracle, le contenu de
cette fiole a suffi à éclairer le Temple
pendant les huit jours nécessaires à la
fabrication d’une huile pure » (Emeric
Deutsch, La volonté de comprendre)
Le Grand rabbin Haïm Korsia a reçu
patients et personnel, civils et militaires, tous cultes confondus dans
l'espace inter-cultes alloué aux quatre
aumôneries. Un espace rapidement
saturé par l'affluence....
Un espace rapidement saturé par l’affluence
Copyright : AIA
Le lien étroit entre l’action
de manger et la production
de sens spécifique à chaque
fête
Le Grand rabbin Haïm Korsia a reçu patients
et personnel, civils et militaires, tous cultes
confondus – Copyright : AIA
33
$XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU
SPIRITUALITE
Dans
son
introduction,
afin
ticulière où la dernière bougie, la
d’expliquer la portée et le sens de la
8ème, ne signifie guère une fin en soi
fête, l'aumônier israélite de l'établismais l'accès à la dimension de surnasement Véronique Dubois a partagé
ture, celle du miracle: 8 n'est-il pas
quelques
réflexions
d'Emeric
mathématiquement le signe de l'infiDeutsch, émérite psychanalyste et
ni? Après une allocution de l'aumôéminent talmudiste. La consommanier général, le Grand rabbin Alain
tion de beignets tradiGoldmann, antionnels trouve son
cien aumônier
fondement dans cet
général israélite
axe majeur du judes armées a lu
daïsme : le lien étroit
la nouvelle verentre l’action de mansion de la Prière
ger et la production de
pour la Répusens
spécifique
à
blique. La céréchaque fête. De plus,
monie s’est conLa dégustation de beignets traditionnels
les huit bougies alluclue
par
Copyright : AIA
mées, de fa
l’allumage
de
çon croissante chaque jour de la seplusieurs hanoukkiot par les patients
maine, ordonnent une équation par
et le personnel, avant de déguster les
beignets traditionnels.
Pour diffuser le miracle de Hanoukka au monde, il est recommandé de poser la hanoukkia
près
d'une
fenêtre...
C'est ainsi qu'un patient de Val de
Grâce a choisi d'observer cette
prescription, tout en remplaçant
les flammes réelles... par des
flammes de papier, découpées par
des enfants.
Des Flammes réelles remplacées
par des flammes de papier
Copyright : AIA
34
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CULTURE
NISSIM DE CAMONDO (1892-1917)
HOMMAGE 2007
Professeur Raymond Laugier
Grand rabbin Haïm Korsia
44 pages
Edité par l’A.I.A
Nissim de Camondo est surtout connu du grand public pour avoir donné
son nom au célèbre musée parisien
d’arts décoratifs en bordure du parc
Monceau. Mais pour nous, aviateurs
militaires, il est d’abord un de nos
grands ancien dont le parcours, comparable à celui de nos plus prestigieux
pilotes,
souligne
ses
qualités
d’homme et de soldat.
Tout commence au mois d’août 1914.
Le président du Conseil René Viviani
déclare que dans la guerre qui
s’engage, la France (…) sera héroïquement défendue par tous ses fils
dont rien ne brisera devant l’ennemi
l’union sacrée ». Au-delà des oppositions parfois marquées que suscitent
les origines sociales, les opinions politiques ou les convictions religieuses
de chacun, l’ensemble de la population française se mobilise pour repousser l’invasion allemande et défendre les valeurs républicaines que
le pays incarne. Nissim de Camondo
se joint à ce mouvement spontané
qui emporte la France.
Il combattra donc, mais pas n’importe
où. Il n’a de cesse de monter en première ligne, là où rôde le danger. Il
est d’abord versé au 3ème régiment de
hussards en 1914 où il accomplit de
nombreux faits d’armes, puis au 21ème
régiment de dragons à pied en 1915.
Bientôt trahi par sa santé, il doit entamer une longue convalescence.
L’aviation s’impose alors naturellement à lui, comme elle avait déjà séduit d’anciens cavaliers tels Alfred
Heurtaux (21 victoires homologuées)
ou René Nungesser (43 victoires homologuées). Ces deux anciens du 9ème
et du 2ème régiment de hussards voulaient retrouver dans l’immensité du
ciel l’impression de puissance et
l’ivresse de l’espace avalé qu’ils
avaient ressenties pendant les
charges de cavalerie. Ces hommes
disposaient enfin d’un champ de bataille à leur mesure où ils pourront
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Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CULTURE
faire la preuve de leur valeur, de leur
courage. Leurs destins dépendront de
leurs qualités propres et non des trajectoires erratiques de balles ou
d’obus distillés par des tireurs
anonymes. La guerre au sol nivelle
l’héroïsme. La guerre dans les airs
pourra peut-être élever les âmes les
plus ardentes.
Nissim de Camondo est affecté à
l’escadrille L33, spécialisée dans la reconnaissance. Tous les aviateurs
inexpérimentés débutent en effectuant ces missions d’observation :
Fonck, le plus grand as français de
tous les temps (75 victoires homologuées), Madon (41 victoires homologuées) ont aussi commencé leurs carrières aéronautiques dans la reconnaissance.
Et aussi :
Abraham-Salomon et Nissim de Camondo
vers 1868
Copyright : MAHJ.org
Soeur et frère,
Beatrice & Nissim de Camondo, 1916.
Copyright: tdclacissist.blogspot.com
36
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CULTURE
JOURNAL DE GUERRE
D'UN JUIF PATRIOTE 1914-1918
IMAGES DE LA PROPAGANDE
1914 -1918
OU L’ART DE VENDRE LA GUERRE
André Kahn
Editions Taillandier 2014
336 pages
Annie Pastor
Editions Hugo Desinge 2013
157 pages
(source: Actualité juive Sandrine Swarcz)
Alors que débutent les festivités du
centenaire du déclenchement de la
première guerre mondiale, les mémoires de guerre d'un jeune soldat
juif, André
Kahn sont
publiées. Il
n'était
autre que
l'oncle de
JeanFrançois et
Axel Kahn
qui présentent cet ouvrage. Jour
par
jour,
heure par
heure, cet Israélite profondément citoyen envoie à la femme qui deviendra son épouse une lettre relatant
les événements de la journée entre
août 1914 et novembre 1918. Instructif sur l'état d'esprit de nombreux
juifs de l'époque en révolte contre
les traditions.
Si l’affiche est déjà largement diffusée dans les villes avant 1914, c’est
toutefois la guerre qui lui confère une
nouvelle dimension. Elle ne constitue
pas le seul support de la propagande
officielle, mais c’est le plus usité et le
plus efficace. Si le devoir du soldat
est de se battre, celui des civils est
de participer. Pour mobiliser les esprits, les affiches mettent en avant la
certitude de la victoire, la condamnation de l’ennemi, sans compter le but
ultime : la paix, qui à petit, s’éloigne
à mesure que le conflit s’enlise dans
les tranchées…
37
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CULTURE
LE MAHJ A L’HEURE DE LA GRANDE GUERRE
Source : www.mahj.org
Abel Pann, œuvres de guerre (1915-1917)
60 estampes de la collection du Mahj
DYULOVHSWHPEUH
Abel Pann
Sans titre, [1915-1917]
Gravure à l’eau-forte et pointe sèche,
impression sur vélin d’Arches
Photo Christophe Fouin © Mahj
D’avril à septembre, le musée d’Art et
d’Histoire du Judaïsme, consacre […] une exposition-dossier aux estampes de guerre
d’Abel Pann, à l’occasion du centenaire du
premier conflit mondial. Ces œuvres manifestes, dont le Mahj conserve une importante
collection, évoquent les exactions de l’armée
allemande sur le front occidental, mais aussi
la dramatique situation des Juifs sur le front
occidental.
C
Né Abba Pfeffermann en Lettonie,
Abel Pann est issu d’un milieu juif orthodoxe. Après avoir quitté sa famille,
il travaille dans une imprimerie et apprend le métier de graveur. Puis il étudie à l’Académie des beaux-arts
d’Odessa et se spécialise dans la peinture, le dessin d’humour et la caricature, dont le portrait-charge.
élébré dans le monde juif pour
ses peintures sur les thèmes bibliques, Abel Pann (Kreslawka, 1883 –
Jérusalem, 1963) est l’auteur d’une
œuvre peu connue, aussi multiple par
ses supports (peintures, dessins, estampes) que par ses sujets (héros et
scènes bibliques, judaïsme d’Europe
orientale, scènes de Palestine, société
française) ou que par ses tonalités
(romantique, lyrique, caricaturale).
Il arrive à Paris en 1905 et fréquente
les artistes de la Ruche. Ses dessins
sont publiés dans diverses revues. De
38
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CULTURE
1912 à 1913, il séjourne à Jérusalem et
enseigne à l’École des beaux-arts de
Bezalel.
une impressionnante suite de dessins
exécutés entre décembre 1915 et la fin
de 1916. Mais l’ambassadeur russe à
Paris intervient pour en empêcher la
publication. En 1917, certain que les
juifs de la diaspora seront toujours
perdants, Abel Pann part pour les
États-Unis. Il s’établit en Palestine à
partir de 1920, enseigne à l’école de
Bezalel et entame la création d’une
œuvre
sur
la
Bible.
Sioniste convaincu, il rentre à Paris
pour organiser son départ définitif ;
mais ses projets sont empêchés par la
déclaration de guerre. De 1914 à 1917,
Abel Pann réalise des affiches populaires, destinées à éveiller le sentiment
patriotique et à renforcer le moral des
Français.
Exposition présentée dans le foyer de
l’auditorium.
Il s’inquiète aussi de la situation de ses
coreligionnaires sur le front oriental.
Dès juillet 1914, les juifs subissent des
exactions de la part de l’armée tsariste
et de la population polonaise. Abel
Pann dénonce ces persécutions par
Fernand Halphen,
un compositeur dans la Grande Guerre
'LPDQFKHDYULOjKHXUHV
$O¶RFFDVLRQGHVFpOpEUDWLRQV
GXFHQWHQDLUHGHODJXHUUHGH
Copyright : mahj
Œuvres de Fernand Halphen, Gabriel Fauré, Reynaldo Hahn, Jules Massenet et
Claude Debussy. Concert, chant – Introduction par Laure Schapper, musicologue à
l’EHESS et présidente de l’Institut européen des musiques juives .
ernand Halphen (1872-1917) est issu d’une riche famille israélite parisienne,
était compositeur et mécène. Il fut l’élève de Gabriel Fauré puis celui de
Jules Massenet au conservatoire de Paris. Il obtint le second prix de Rome
en 1896 et fut célébré pour ses compositions de chambre, ses pièces symphoniques, ses mélodies ainsi que la féérie lyrique.
Lieutenant au 13ème régiment d’infanterie territoriale durant la Première Guerre
mondiale, il compte parmi les rares compositeurs à avoir fondé un orchestre militaire. Il en fut le chef pendant trois ans, avant de mourir en 1917, à l’âge de quarante-cinq ans. Trois jeunes musiciennes interprèteront les oeuvres d’Halphen,
dont des mélodies composées au front (Les tranchées, Vieille chanson).
F
39
Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774)
CARNET
UN AUMÔNIER A LA 193E SESSION DE L’IHEDN
Philippe Choucroun
L’aumônier israélite régional, Ph. Choucroun vient d’achever la 193e Session
de l’IHEDN, une session régionale Nancy-Luxembourg.
L’IHEDN (Institut des Hautes Etudes
de la Défense Nationale) a pour but
de faire connaître les enjeux de notre
défense nationale, les missions de
notre armée, les bases de la géopolitique mondiale à des gens issus de
tout bord professionnel, social, ou
cultuel.
Outre ces exposés, des visites sont
organisés dans des régiments de
l’armée de terre, des bases aériennes
ou encore des groupements de la
gendarmerie.
Mais l’ « exploit » de ces sessions est
de faire travailler, réfléchir par comité
de dix personnes, les auditeurs autour d’une problématique actuelle.
Ces comités hétéroclites doivent ensuite rendre un rapport, fruit d’une
réflexion commune.
Ainsi, pour l’anecdote, notre comité a
reçu les félicitations du jury pour son
rapport pertinent concernant une
question brûlante de l’actualité.
FMI A SALON - DE - PROVENCE
Lionel DRAY
Le 16 Janvier dernier s’est déroulé à la
base aérienne 701 de salon de Provence un déjeuner en l’honneur des
stagiaires qui participaient à la formation militaire initiale (FMI).
A cette occasion le Général Legendre
nous a reçus très chaleureusement
pour un entretien en présence des représentants des différents cultes notamment israélite représenté par
l’aumônier Lionel Dray (GSBDD Marseille- Aubagne). A noter que ce jour
Déjeuner en l’honneur des stagiaires
de la FMI
Copyright : BA 701
correspondait à la fête de Tou Bichvat
qui marquait le renouvellement de la
nature…
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COMMENT TSAVA 13?
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Stéphane Attal,Pierre - Yves Bauer, Arié
Berros,Joël Jonas, Jonathan Blum, Philippe
Choucroun, Daniel Dahan, Michael Dahan, Lionel
Dray, Véronique Dubois, David Elfassi, Haïm
Harboun, Haïm Korsia, Meyer Malka, Pupilles de
l’Air Grenoble.
Retrouvez l’actualité & les photos de l’AIA sur
http://aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com
http://www.aumonerie-israelite-des-armees.fr
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