COMMENT TSAVA N°13 ? ʠʡʶʤʪʩʠ Février / mars 2014 (Adar 1/ Adar 2 5774) L’édito de l’aumônier général L’aumônerie en action COMMEMORATIONS Ces aumôniers qui ont fait l’histoire REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER Portrait d’un aumônier SPIRITUALITE Culture CARNET COMMENT TSAVA ? n°13 En hébreu armée se dit tsava (en couverture : Portrait du lieutenant Nissim de Camondo (1892-1917) ⧠ SOMMAIRE 1 ... L’édito de l’Aumônier général ྅ L’AUMÔNERIE EN ACTION 4...Réunion de travail à l’HIA Legouest, Ph. Choucroun 5…Pèlerinage militaire de l’A.I.A à Auschwitz, Hadassah Eliraz (Actualité Juive) 6 …Témoignages, Stéphane Attal & Pupilles de l’Air de Grenoble 12…Les enfants des écoles juives sous l’Arc de Triomphe, Pierre-Yves Bauer 12… Cérémonie patriotique en la synagogue aux armées, Arié Berros 13…La synagogue de Nancy accueille la B.A 133 pour une leçon d’histoire, Daniel Dahan 14…XXVème Congrès des aumôniers en chef de l’OTAN, Véronique Dubois ⧠ L’AIA EN BREF 17…L’AIA en bref ⧠ COMMEMORATIONS 18…Journée européenne de la Mémoire de l’Holocauste, Ph. Choucroun 19…La France rend hommage aux résistants du groupe Manouchian…H.Eliraz(A.J) ⧠ REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER 21…A tout prix, Pierre-Yves Bauer 22…L’obligation religieuse de libérer les captifs, Haïm Harboun ⧠ CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE 25 …Il était une foi : le Grand rabbin Abraham Bloch, Paul Netter ⧠ PORTRAIT D’UN AUMÔNIER 28… Meyer Malka aumônier en chef Marine, Véronique Dubois ⧠ SPIRITUALITE 31…A Strasbourg, on fête Hanoukka en espagnol, Jonathan Blum 32…Hanoukka : de l’HIA Percy aux Invalides, Véronique Dubois 32…Mort et convictions religieuses à l’HIA Percy, David Elfassi 33…Hanoukka, une équation lumineuse, Véronique Dubois ⧠ CULTURE 35…Nissim de Camondo, Haïm Korsia 37…Images de la propagande ou l’art de vendre la guerre, Annie Pastor 37…Journal de guerre d’un juif patriote, André Kahn 38…le MAHJ à l’heure de la Grande Guerre, Véronique Dubois ème ⧠ CARNET 40…Un aumônier à la 193 session de l’IHEDN, Ph. Choucroun 40…FMI à Salon de Provence, Lionel Dray $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMENT TSAVA ? L ’Edito de l’Aumônier général israélite des armées Lors de la célébration de la Bar mitsva, la communion d’un enfant, un sentiment diffus où se mêlent la joie et l’anxiété envahit les parents. Le Grand rabbin Haïm Korsia Photo : Alain Azria La joie est le fruit du bonheur d’avoir éduqué et conduit ce jeune enfant jusqu’à l’âge de sa majorité religieuse, treize ans. L’anxiété est générée par la découverte soudaine que le petit enfant que nous avons chéri et protégé s’est transformé en un adolescent désireux de s’affirmer au sein de sa famille et parmi ses amis. Et surtout, ce jeune devra relever le défi lancé par la société moderne dans ses études, et plus tard, sa vie professionnelle. Ce Comment Tsava nouvelle formule, bulletin de l’aumônerie israélite des armées, porte précisément le numéro treize, symbole de sa Bar mitsva ! L’occasion m’est donc donnée de me réjouir avec tous les « parents » de cette revue, tous les contributeurs à sa richesse : en tout premier lieu les aumôniers israélites qui au-delà du compte-rendu de leurs actions au service de la Défense nationale, rédigent des articles de fond, témoins de leurs réflexions sur le devenir de notre institution militaire. Je dédie une mention toute particulière à notre rédactrice en chef, Véronique Dubois, aumônier des hôpitaux militaires du Val de Grâce et de Bégin, qui depuis le premier numéro de cette nouvelle formule, a su avec beaucoup d’intelligence et de volonté, redynamiser dans un format nouveau le Comment Tsava et assurer la pérennité du journal de l’aumônerie, tout en suppléant elle-même les articles promis…qui ne venaient pas. Et je n'oublie pas le rabbin Joël Jonas qui porte tant de projets à bout de bras, que ce soit le ravivage de la flamme ou le harcèlement de chacun d'entre nous pour rendre l'article promis… 1 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMENT TSAVA ? Mais à l’heure où nos armées sont présentes sur plusieurs théâtres d’opérations extérieures, au moment où nous devons faire "plus avec moins", avec des budgets toujours plus contraints, l’inquiétude germe sur la capacité à remplir efficacement les missions nécessaires au maintien de la paix dans le monde et sur notre territoire national. Modestement, notre bulletin, désormais adulte, s’efforcera d’accompagner et de soutenir tous les hommes et toutes les femmes engagés dans ce combat inlassable au service de nos valeurs universelles : liberté, égalité, fraternité. Nissim de Camondo, le personnage figurant sur la couverture de ce numéro, doit constituer une source d’inspiration pour les jeunes générations et pour notre bulletin désormais Bar mitsva ! Il est le fils d’un riche banquier juif, Moïse de Camondo. Patriote convaincu, il devance l’appel pour effectuer son service militaire en 1911. Dès le début de la première guerre mondiale, il abandonne la banque paternelle et s’engage au sein du 3ème régiment de hussards. Le 8 novembre 1915 suite à une crise d’appendicite aigüe, il est renvoyé dans ses foyers et placé en situation hors cadre. N’écoutant que son courage, Nissim de Camondo se rengage comme volontaire dans l'aviation naissante et effectuera de multiples et périlleuses missions d’observations au sein de l’escadrille MF33. Le 5 septembre 1917, son avion, un Farman F40 est abattu. Le lieutenant Nissim de Camondo, titulaire de multiples décorations militaires, y trouvera la mort avec son compagnon d'arme, Lucien Deséssart en Lorraine, près de Leintrey, où a été édifiée une stèle à leur mémoire. A travers des grandes figures de l'engagement au service de la patrie, et au premier chef, le grand rabbin Abraham Bloch, mort le 29 aout 1914, dans les Vosges, nous participerons aux commémorations de la première guerre mondiale et nous organiserons nombre de moments où le passé glorieux ou douloureux nous parlera à nouveau. Et nous célèbrerons comme il se doit l'année 1944 de la Libération, et en ce mois de mars 2014, je veux penser à la fois aux combats héroïques des Glières et, au même moment, à la rafle des enfants d'Izieu. Tom Morel ou Georgy Halpern sont nos héros et nous les ferons tous revivre dans nos cœurs. 2 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMENT TSAVA ? Dans le récit du Livre d’Esther, traditionnellement lu à cette période de l’année à l’occasion de la fête de Pourim, le courage de Mardochée est mis en relief. Alors que tous les Juifs du royaume de Perse se prosternent devant le terrible Aman, Mardochée, ni ne s’incline, ni se prosterne devant un être humain, restant fidèle au deuxième des Dix Commandements : « Tu n’auras pas d’autres divinités que Moi » (Exode XX, 3). Nous connaissons la fin heureuse de l’histoire de Pourim, le succès des valeurs authentiques de fraternité et de confiance en l'Eternel, tout comme la défaite d’Aman dans sa quête folle d’un pouvoir hégémonique sans foi ni loi. Le succès et la réussite, ce sont justement les souhaits que l'on formule pour un Bar mitsva, et c'est ce que je propose comme partage pour nos armées afin qu'elles portent nos valeurs au plus haut, comme nous l'affirmons dans la prière pour la République, dans nos synagogue : « Leur courage, leur ténacité et leurs forces morales sont notre honneur ». Mazal Tov pour ce treizième numéro! Et bonne lecture à tous. PROCHAINES FETES CULTUELLES Jeûne d’Esther - jeudi 13 mars dès 5h35 – fin : 19h31 Fête de Pourim - dimanche 16 mars Fête de Pessah (Pâque juive) Lundi 14 avril dès 20h22 au mardi 22 avril (fin : 21h45) Fête de Chavouot (Pentecôte) Mercredi 4 dès 22h48 & jeudi 5 juin (fin : 22h54) Jeûne du 17 Tamouz Mardi 15 juillet dès 3h37 – fin : 22h40 Veille de Ticha Beav (destruction du Temple de Jérusalem) Début du jeûne - lundi 4 août dès 21h24 – mardi 5 août (fin : 22h08 ) Fête de Roch Hachana 5775 (Nouvel an) Du mercredi 24 septembre dès 19h26 au vendredi 26 septembre (fin :19h22) 3 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION REUNION DE TRAVAIL A L’HIA LEGOUEST Philippe Choucroun -HXGLRFWREUHO¶DXP{QHULHGH=RQHGHOD'pIHQVH(VWDHXO¶KRQQHXUG¶DF FXHLOOLUOH*UDQGUDEELQ+DwP.RUVLDDXP{QLHUJpQpUDOLVUDpOLWHGHVDUPpHV SRXUXQHMRXUQpHDOWHUQDQWUpXQLRQHWYLVLWH D VpDQFH GH WUDYDLO TXL LQDX JXUD FHWWH MRXUQpH ILW O¶REMHW G¶XQ SRLQW VXU OHV DFWLYLWpV HW SURMHWV UpJLRQDX[ HQ FRXUV /H UHSDV TXL V¶HQVXLYLW DYHF OHV DXP{QLHUV DF FXHLOOLW XQ LQYLWp VXUSULVH 0H\HU +D ELEGpSXWpGHV)UDQoDLVjO¶pWUDQJHU /D MRXUQpH VH SRXUVXLYLW j O¶+{SLWDO G¶,QVWUXFWLRQGHV$UPpHV/HJRXHVWj ODSRLQWHGHVVHUYLFHVGHUppGXFDWLRQ HWUpLQVHUWLRQGHVEOHVVpVGHJXHUUH L 'DQV XQH ORJLTXH GH VRXWLHQ j O¶+,$ O¶DXP{QLHU HQ FKHI SURSRVD TXH O¶DXP{QHULH DSSRUWH VD FRQWULEXWLRQ VRXVIRUPHGHPDWpULHOHWGHOLYUHV /HJURXSHGHWUDYDLOIXWUHMRLQWHQPL MRXUQpH SDU 9pURQLTXH 'XERLV DX P{QLHUGHV+,$GX9DOGH*UkFH3D ULV HW %pJLQ 6DLQW0DQGp YHQXH SRXU DVVXUHU XQH FRQIpUHQFH HQ VRL UpH DX FHQWUH FRPPXQDXWDLUH GH 7KLRQYLOOH VXU OH WKqPH ©O¶DXP{QLHU LVUDpOLWH GHV DUPpHV XQ DXP{ QLHU«FRPPHOHVDXWUHV"ª Copyright : www.defense.gouv.fr 4 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION PELERINAGE MILITAIRE DE L’ A.I.A A AUSCHWITZ Hadassah Eliraz (Actualité Juive) -HXGL QRYHPEUH OH YRO VSpFLDO G¶$LU )UDQFH DIIUpWp SRXU FHWWH TXLQ]LqPH pGL WLRQ GX SqOHULQDJH DIILFKDLW HQFRUH FRP SOHW &HWWH DQQpH ILGqOH GX SpULSOH (OLH %X]\Q kJp GH TXDWUHYLQJW TXDWUH DQV UHVFDSp G¶$XVFKZLW] pWDLW DFFRPSDJQp GHVRQSHWLWILOVGHTXLQ]HDQVO¶kJHRLO IXWGpSRUWp &HYR\DJHSDVVHSDU« la redécouverte des sources juives »(3qUH9HUQHW &RS\ULJKW(3$ Q u’est-ce qui réunit députés, représentants emblématiques des quatre cultes, influents acteurs politiques, Cyndi Léoni présidente de SOS racisme, particuliers, élèves des lycées Louis le Grand, Saint Cyr, Polytechnique, l’ISMAPP, pupilles de l’air de Grenoble, professeurs d’histoire, militaires hauts gradés, civils, un ancien ministre, un homme de théâtre… deux cent personnes hétéroclites ? la volonté de se retrouver dans une forme renouvelée de fraternité. « Pour certains, Auschwitz est une histoire, pour d’autres, c’est leur histoire mais aujourd’hui, c’est plus que jamais notre histoire à tous » explique le concepteur du périple, le Grand rabbin Haïm Korsia, aumônier général israélite des armées. Pour le père Thierry Vernet responsable des rela- tions avec le judaïsme pour le diocèse de Paris, cette histoire passe par la « redécouverte des sources juives » : après la tefila (prière) dans l’autocar en route vers la dernière synagogue d’Auschwitz afin d’ y lire la Torah, le padre de commenter un passage d’Ezéchiel « extrait de la Torah pour redécouvrir nos sources juives ». Hazem El Shafei, Imam des ADP, livra qu’il n’a jamais peleriné aucun haut lieu musulman autant que les camps… 5 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION « L’indifférence signifie détourner les yeux » (H. Korsia) Mais cette communauté fut aussi celle du silence et des larmes : dans la nuit de Birkenau s’éleva la plainte du cho -far rappelant que, si pour certains Dieu ne retint pas la main des bourreaux, l’Homme non plus ne retint pas la main de l’Homme. « L’indifférence signifie détourner les yeux, dire comme Caïn, lorsqu’il tue Abel : je ne suis pas le gardien de mon frère. En entendant Elie Buzyn, nous prenons une responsabilité parce que, comme &HWWHFRPPXQDXWpIXWDXVVLFHOOHGXVLOHQFHHW GHVODUPHV&RS\ULJKW(3$ le dit Elie Wiesel : entendre les témoins, c’est devenir témoin soi-même. Nous avons donc la responsabilité de transmettre et de dire », conclut le Grand rabbin H. Korsia. Témoignages Stéphane Attal, fidèle de la Maison Moadon, espace communautaire d’activités cultuelles et culturelles à Paris (75017)… élèves de la classe de 1ère S3 des Pupilles de l’Air de Grenoble : ils ont participé au pèlerinage et ont fait choix de témoigner. Une journée particulière, Stéphane Attal Ce 7 novembre, je participe avec Frank, Patrick, et d'autres membres de La Maison Moadon au voyage à Auschwitz organisé par le Grand rabbin Haim Korsia, pour l’Aumônerie israélite des armées. J'avais cela en moi depuis longtemps, mais la nechama (l’âme) de Moadon fait qu'on se dépasse régulièrement, tant dans les actions communautaires que religieuses ou sociales. Avant tout, je voudrais dire que si j'ai pu le faire et si je peux écrire ces lignes, c'est parce que ma mère a échappé de quelques semaines à la rafle du Vel d'Hiv grâce au 6 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION courage ou à l'inconscience de mes grands-parents qui avaient choisi de ne pas porter l'étoile jaune et de détruire leurs papiers. Apatride c'était sans doute mieux pour se sauver... Alors hier, en discutant avec Frank (on ne s'est pas lâchés) tout au long de la journée, ma pensée s'est construite autour de deux convictions. - Ne pas prendre de photos, car je n'ai pas à montrer « l'in-montrable », ce qui pourrait acquitter ceux qui verraient les photos, et solder mon compte personnel d'hommages aux victimes. - Ne pas raconter ce que j'ai vu, mais seulement ce que j'ai ressenti. Non! Il faut y aller, et y retourner comme l'a très bien exprimé le député Jean Jacques Urvoas, présent avec son épouse. Vous dire que c'est insoutenable est insuffisant et même faux car malheureusement c'est supportable: visiter des baraques vides, un musée, sous quelques gouttes de pluie dans la douceur de l'automne. Une blague! on n'a pas le droit d'avoir peur ni d'être ému, on est là et c'est normal! Vous dire que le guide Polonais francophone n'exprimait aucune émotion et semblait réciter un texte mille fois répété est faux car en racontant la dernière anecdote, il s'est mis à pleurer, et il y avait de quoi. Et vous dire qu'on a détourné le regard pour ne pas pleurer est un mensonge: on a pleuré! Vous dire que le musée accolé à la Synagogue d'Auschwitz n'a aucun intérêt est faux aussi, car le vide sidéral qui y règne est pour moi l'illustration même qu'il n'y a rien à dire, une fois là- bas. Vous dire que voir et entendre Elie Buzyn, présent avec ses petits enfants qui ont l'âge exact qu'il avait quand il est entré dans le camp, est bouleversant n'est pas très exact: cet homme fait preuve d'une force que, j'espère, il nous a un peu transmis pour qu'à notre tour on accomplisse ce pour quoi on se plaint: le boulot, les enfants, les impôts. Pffff...Enfin vous dire qu'on revient en ayant compris ou avec des réponses est presque pitoyable. Pour ma part, je reviens avec la conviction que peut être le seul devoir que l'on a est de prier comme on l'a fait dans le bus, dans la synagogue, devant la voie ferrée où se décidaient les sélections. Prier pour ceux qui ne sont plus là, oui, mais aussi prier pour le futur pour nos enfants, pour notre identité. Pour lutter avec toute notre âme contre le pire danger à me yeux: 7 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION la banalisation de ce drame, de cet endroit. Car ce qui est insoutenable, vraiment, c'est la pizzeria à l'entrée... Quelques témoignages de la classe de 1ère S3 des Pupilles de l’Air de Grenoble « La mémoire est un devoir, c’est en se souvenant de notre passé que nous conservons notre présent et construisons notre futur. » Valentin Virmont « Merci de nous avoir ouvert les yeux sur le plus grand génocide de l’Histoire. » Killian Pottier « C’était indescriptible, inqualifiable. » Gaël Berge « Ce voyage était très instructif et très émouvant. Mais je n’arrive quand même pas à imaginer que de telles souffrances aient pu être ressenties. Merci. » Jocelyn Besson « Les images d’Auschwitz nous ont tous profondément marqués et resteront gravées à jamais dans nos mémoires. »Noémie Tanche « Je vous remercie pour cette importante prise de conscience. Le devoir de mémoire sera respecté : nous sommes témoins à notre tour. Il ne faut pas que tout cela se reproduise. » Leïla Piers « Pas seulement une leçon d’Histoire mais une véritable leçon de vie et de paix à tout jamais gravée dans nos esprits… » Alexandre Auber « C’est impossible pour moi de mettre des mots sur l’horreur de ces camps. Merci beaucoup de m’avoir permis de faire ce voyage très enrichissant. » Enguerrand Dominjon « Entendre l’Histoire c’est bien, mais la voir et la toucher c’est mieux. Grâce à ce voyage, nous ne l’avons pas qu’apprise, mais nous l’avons enfin comprise. » Sylvestre Nowakowski « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo). « Malheureusement, les idées humaines ne sont pas toujours bonnes. N’oublions pas ce qui s’est passé. Rappelons-nous du pouvoir d’une idée et prenons garde de ne pas prendre part à quelque chose d’horrible, de ne pas laisser de telles idées se répandre. Ce voyage nous permettra d’honorer notre devoir de mémoire; nous n’oublierons pas. Merci. » Emilien Fugier Retrouvez ces témoignages dans leur intégralité sur la page Facebook de l’EPA et de l’AIA 8 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION Partie avec une leçon d’histoire, revenue avec une leçon de vie (extraits) Laurie Hamadi (EPA) Beaucoup de personnes m'ont expliqué que la Shoah était citée comme un crime inhumain de la part des Nazis. Inhumain ? Je ne comprends pas. Lorsqu'à Auschwitz j'ai vu l'importance de ce massacre, la réalité des faits, j'avais du mal à y croire. On a beau s'imaginer les pires choses, cela reste fantasmatique, mais nous pouvons tout de même voir ce qu'il reste de cette extermination. Je pense alors à tous ces bâtiments et objets que nous avons retrouvé hantés par la folie et l’horreur. Effectivement, à partir du moment où l'on a la vérité qui se présente à nous sous diverses formes, on a le sentiment soudain d'avoir le cœur plus lourd, on remet en question la définition même de l'Homme et de l'humanité. L’être humain estil vraiment capable de telles atrocités ? Les uns diront, non. Et en employant le terme inhumain . Mais cela est totalement contradictoire ! Par définition, inhumain est quelque On a beau s’imaginer les pires choses… Copyright : anonyme chose qui n'a rien d'humain, donc de compréhensif et compatissant1. Par ce fait, Adolf Hitler, Reinhard Heydrich, Himmler, les S.S., la Gestapo et tous ces hommes et femmes qui ont participé à cet holocauste ne sont pas humains car ils ont pensé et voulu quelque chose de mauvais ! NON. Ces individus sont des êtres humains comme vous et moi, qui réfléchissent, qui agissent, qui vivent. Selon moi, la Shoah n'est pas un crime inhumain car l'auteur de ce massacre est 1 9 Définition le Robert de poche 2013. $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION l'espèce humaine, notre espèce. quel but ?... Il faut des réponses. Les Allemands avaient identifié leurs victimes, les Juifs (principalement). Le « problème juif » avait été résolu grâce à ce qu'ils appelaient « la solution finale ». Quelle étrange désignation pour l'extermination d'un peuple entier ! Je pense que la non utilisation du champ lexical de la mort, de l'anéantissement et de l'extermination dans la façon de nommer cet « holocauste » était un moyen de s'apaiser moralement et humainement pour les auteurs du crime. En effet c'était une solution, qui résulte donc d'un problème qui doit être résolu. Cette appellation fut une manière de s’innocenter psychologiquement, de rendre le meurtre propre. L'homme n'est pas bon. Il n'est pas mauvais non plus, mais, en regardant l'histoire de plus près, on se rend compte que nous ne savons pas ce qu'est l'être humain. Sinon, nous n'aurions pas été aussi choqués et désemparés par les faits de « 3945 ». Cela ne vous effraie donc pas ? Tous les jours nous nous levons, nous allons travailler ou étudier, nous faisons des rencontres, nous sortons au cinéma... sans savoir ce que nous sommes et ce que nous pouvons être. Personnellement, cela me déstabilise fortement, sommesnous certain d'être toujours dans le bon, dans le vrai ?[…] Comment les hommes ont pu faire une telle catastrophe ? Et pourquoi le peuple juif a-t-i-l été la principale victime ? Comment, pourquoi, qui, où, quand, dans Je n'en reviens pas d'écrire ces mots : « rendre le meurtre propre » ! C'est impossible ! Je ne comprends pas. Quelle sorte d'être sommesnous pour avoir un jour pensé de cette façon ? Je plains la race humaine d'avoir à endurer son propre suicide et son horrifiante manière de penser et d'agir. D'après quelques recherches, il semblerait que la foi des Israélites et de leurs descendants, les Juifs, serait basée sur une alliance entre Dieu ,OIDXWGHVUpSRQVHV &RS\ULJKWDQRQ\PH 10 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION et Abraham, qui aurait ensuite été renouvelé entre Dieu et Moïse. De nombreux textes indiquent que le peuple juif a une position particulière : il serait le « peuple élu ». Les Nazis ont interprété cela comme le fait que ce soit un peuple différent, les autres n'auraient pas cette même relation avec Dieu que les Juifs (relation plutôt privilégiée). En écrivant ces phrases, je pense à tous les pays à qui la Pologne en 1939 avait demandé de l'aide qu'elle n'a jamais eue. Tout le monde est resté dans sa bulle, vivant ses propres problèmes. On a tiré les rideaux : si on ne voit pas, on ne sait pas. Est-ce-que vous dormez bien la nuit ? C'est étrange car, depuis notre visite en Pologne, je me sens responsable. Non pas responsable de ce qui s'est déroulé à Auschwitz, mais, simplement responsable de ce qui se passe maintenant et de ce qui se passera demain. Responsable de l'humanité. En réalité, j'ai l'impression que nous sommes tous responsables de l'humanité […] Un peuple qui a une mission qui lui a été confié par la Torah, qui pose des exigences morales très élevées, et le force à servir toujours d'exemple pour le reste de l'humanité, selon Emmanuel Bloch. Or, les Nazis affirment que la race aryenne doit dominer le monde. Les Juifs devenaient alors une gêne, un obstacle, une bactérie qui, d'après eux, empêcherait la montée au pouvoir et l’idolâtrie de cette soit - disant race supérieure […]. Chaque jour je regarde le JT ou bien lis le journal, chaque jour je suis informée des crimes et des conflits qui ont lieu dans le monde entier, chaque jour avec des amies on s'assoit sur un lit en écoutant le dernier CD des Daft Punk et en sirotant un CocaCola … Que dire de plus ? -¶DLO¶LPSUHVVLRQTXHQRXVVRPPHVWRXV UHVSRQVDEOHVGHO¶KXPDQLWp &RS\ULJKW0&KDJDOO 11 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION LES ENFANTS DES ECOLES JUIVES SOUS L’ARC DE TRIOMPHE Pierre-Yves Bauer /DIODPPHGHO $UFGH7ULRPSKHj3DULVDpWpUDYLYpHOHQRYHPEUHSDU O $XP{QHULH,VUDpOLWHGHV$UPpHV ne impressionnante délégation d'enfants d'écoles U juives de la région pari- sienne était présente aux côtés des aumôniers militaires. Le Grand rabbin Haïm Korsia, aumônier /H*UDQGUDEELQDFFRPSDJQp général, accompagné de quelques-uns GHTXHOTXHVHQIDQWVUDYLYDODIODPPH des enfants, raviva la flamme. &RS\ULJKW$$]ULD Le Rabbin Joël Jonas, aumônier régional ZD IdF, a conclu la cérémonie par un vibrant « Evénou chalom 'alékhèm / » (« Puisse Dieu, Tout Puissant, nous apporter la paix ».) CEREMONIE PATRIOTIQUE EN LA SYNAGOGUE DES ARMEES Arié Berros 0HUFUHGL QRYHPEUH V HVW WHQXH HQ OD V\QDJRJXH GHV $UPpHV OD FpUpPRQLHSDWULRWLTXHjODPpPRLUHGHVPRUWVSRXUOD)UDQFHORUVGHODJXHUUH Cette cérémonie s'est déoulée en rence entre "Esaü, l'homme des présence du Colonel Schill, Chef de champs et Jacob, l'homme des corps de l'Etat-Major particulier du tentes" : Esaü était celui qui voulait Président de la République et de Joël s'approprier la terre, pensant qu’il Jonas, ZD IdF. Claude Hadad, président s’agissait d’une possession éternelle. de la synagogue, insista sur le devoir Or, c’est cette même revendicadu souvenir dans une société où le tis- tion territoriale qu’on trouve à l’origine su social a tendance à se fragiliser sous la guerre de 1914-1918; en rel'effet de la crise économique. vanche, Jacob est l'homme qui sanctiL’aumônier J. Jonas poursuivit avec un fie le temps et le partage avec les commentaire rabbinique sur la diffé- autres donne du sens. 12 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION LA SYNAGOGUE DE NANCY ACCUEILLE LA B.A. 133 POUR UNE LECON D’HISTOIRE Daniel Dahan 6RXYHQLUV«PHUFUHGLGpFHPEUHGDQVOH FDGUHG XQHDFWLYLWpGHFRKpVLRQO DXP{QLHUHW *UDQGUDEELQ'DQLHO'DKDQDJXLGpXQJURXSH GHSHUVRQQHOVGHOD%$jODGpFRXYHUWH GHODV\QDJRJXHGH1DQF\ V ers 1470, une dizaine de familles juives vivaient à Nancy. La synagogue, construite en 1788, est aujourd'hui inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Des offices y sont toujours célébrés et le centre communautaire qui jouxte la synagogue témoigne des activités de la communauté juive de Nancy. Après la première guerre mondiale, la communauté s'agrandit avec des immigrés juifs qui arrivent de Pologne ; ils trouvent du travail dans les usines sidérurgiques des alentours (Pompey, Pont-à-Mousson, Pont-Saint-Vincent), dans l'industrie chimique (Dombasle, Varangéville). Les Allemands entrent dans Nancy le 16 juin 1940. Le 8 mai 1942 paraît l'ordonnance du port de l'étoile jaune. 6\QDJRJXHGH1DQF\ FUpGLWSKRWRFROOHFWLRQ0HW$5RWKH Le dimanche 19 juillet 1942 a lieu la première rafle de Juifs étrangers. L'avant-veille, la Gestapo s'était rendue au Service des Étrangers afin d'exiger la liste des Juifs. Des inspecteurs de police, sous la conduite de Messieurs Vigneron et Marie, prévinrent à temps les familles juives. Ainsi, des centaines de Juifs purent quitter leur domicile avant la rafle et avoir la vie sauve. De nombreuses autres familles n'ont malheureusement pas eu cette chance. Au centre communautaire dit du 55, on peut admirer une toile du peintre Mané Katz, L'insurrection du ghetto de Varsovie, ainsi que d'autres fresques représentant les musiciens traditionnels juifs des bourgades d'Europe Centrale. 13 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION XXVème CONGRES INTERNATIONAL DES AUMÔNIERS EN CHEF DE L'OTAN Véronique Dubois 'X DX IpYULHU O¶(FROH 0LOLWDLUH D DFFXHLOOL OH ;;9qPH &RQJUqV LQWHUQDWLRQDO GHV DXP{QLHUV HQ FKHI GH O 27$1 $X F°XU GHV UpIOH[LRQV HW HQ SULVHGLUHFWHDYHFO¶DFWXDOLWp±WKpkWUHVG¶RSpUDWLRQVDFWXHOVHW*UDQGH*XHUUH F¶HVW OH WKqPH 6RXIIUDQFHV (VSpUDQFHV TXL DOLPHQWD SHQGDQW FHV TXDWUH MRXUV OHV UpIOH[LRQV GHV DXP{QHULHV FKDFXQH j O¶DXQH GH VHV H[SpULHQFHV HW VHQVLELOLWp A u cours de la soirée inaugurale, les aumôniers en chef Mgr L. Ravel, le pasteur St. Rémy, le Grand rabbin Haïm Korsia, le Général David Beauchamp headquarters european command senior pour les USA et le Général Charpentier Gouverneur militaire de Paris accueillirent les aumôniers, dont certains accompagnés de leur épouse dans les salons Rotonde de l’Ecole Militaire. "Comme le Temple était au centre de Jérusalem, le Saint des Saints au coeur du Temple, l'Homme est au coeur de ce congrès", posa le Grand rabbin Haïm Korsia, aumônier en chef israélite pour expliquer la pertinence du thème de réflexion. Parmi les belles rencontres, citons celle avec l'aumônier en chef protestant d'Afrique du Sud et son épouse, Monwabisi Andrew et Pulane Jamangile. C'est lui qui ferma les yeux de Nelson Mandela... 6RLUpHLQDXJXUDOHGDQVOHVVDORQV5RWRQGH GHO¶(FROH0LOLWDLUH± &RS\ULJKW$,$ 14 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION Sous le signe des "blessures invisibles" et du partage Chaque culte disposa d’une demi-journée pour proposer à l’assemblée son retour d’expérience et ses préconisations sur les souffrances et les espérances qui sont le lot quotidien de nos forces armées et des aumôniers. C'est l'Aumônerie israélite des armées qui clôtura la seconde et dernière journée de communication de ce rendez-vous essentiel. Placée sous le signe des "blessures invisibles" et du partage, le Grand rabbin H. Korsia et l'aumônier V. Dubois ont évoqué la mission concrète de l'aumônier dans le rapport souffrance/espérance et, précisément « comment réinstaller le soldat blessé dans la vie au quotidien ? ». Des retours d’expériences /H*UDQGUDEELQ+.RUVLDOH3U'6LFDUG &RS\ULJKW$,$ et quelques fonctions de l’aumônier qui trouvent leur source dans les psaumes du Roi David et les premières bénédictions à la Torah, énoncées par chaque Juif au réveil: « Béni tu es Hachem, notre Dieu Roi de l'Univers qui redresse ceux qui sont courbés …qui redonne force à qui est épuisé…».. mais aussi par la place du don et de l’humour. Exemple à l’appui, l’AIA souligna l’importance de la synergie entre aumôniers d’un même culte mais aussi inter-cultuelle. Cette séance permit également aux aumôneries britanniques et allemandes de s’exprimer, sur invitation de Grand rabbin H. Korsia. Côté français, invité d’honneur de l’AIA, le Pr Didier Sicard, ancien président du Comité National Consultatif d'Ethique, a souligné la difficulté de traiter ces blessures dans un contexte médical où seul le visible fait foi... Rendez-vous est pris en 2015 aux Pays - Bas Cette journée s’est clôturée par une cérémonie de ravivage de la flamme qui, pour nombre d’aumôniers et de touristes, laissera un souvenir impérissable ! les aumôniers ont d'abord accédé à l'Arc de Triomphe sous le regard ébahi du public, remontant la partie supérieure des Champs Elysées. Une gerbe a été déposée par les aumôniers en 15 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN ACTION chef de l'OTAN et organisateurs de ce rendez-vous parisien ainsi que par le Général David Beauchamp. Une cérémonie particulièrement émouvante, au pied du soldat inconnu tombé lors de la Grande Guerre particulièrement présente lors de ce congrès. C’est avec la visite du Musée de Meaux et une soirée de clôture chez le Gouverneur militaire de Paris, le Général Charpentier que le congrès prit fin. Pour le prochain congrès, d’ores et déjà, rendez-vous est pris en 2015 aux Pays - Bas. 5DVVHPEOHPHQWGHVDXP{QLHUV DYDQWOHUDYLYDJH &RS\ULJKW$,$ 'HJDXFKHjGURLWH 0UV0U*HQHUDO'DYLG%HDXFKDPS $XP{QLHU0RFKp/HZLQ &RS\ULJKW$,$ 16 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU L’AIA EN BREF ET TU SURFERAS SUR LES ONDES… Philippe Choucroun Le 28 Novembre 2013, Ph. Choucroun et Jonathan Blum, aumôniers de la Zone de Défense Est, ont enregistré une émission sur ²les ondes de Radio Judaïca Fm, la radio juive de Strasbourg et sa région. Lors de l’émission La com’unique animée par Dan Leclaire, les (WWXVXUIHUDVVXUOHVRQGHV« &RS\ULJKWUDGLR-XGDwFD)0 aumôniers ont présenté l’action de l’Aumônerie Israélite dans la région et en France en général. Vous pouvez réécouter cette émission sur notre blog. EXERCICE DE SIMULATION OPERATIONNELLE POUR L’ EUROCORPS A STRASBOURG… Jonathan Blum Mardi 3 décembre 2013, l’aumônier BLUM (ZD Est) a assisté, sur invitation du GBR Corbet (Chef d’Etat-Major de l’Eurocorps) à un exercice de simulation opérationnelle de déploiement rapide de l’Eurocorps en situation de crise au Quartier Aubert de Vincelles de l’Eurocorps à Strasbourg. LA SYNAGOGUE DE METZ : UNE VISITE CULTE… Ph. Choucroun Jeudi 12 Décembre 2013, Ph. Choucroun, aumônier régional de la ZD Est, a accompagné les aumôniers catholiques de sa région pour une visite de la synagogue de Metz. Inscrite aux monuments historiques de la ville et bâtie en 1850, cette dernière est visitée chaque année par des milliers de 8QHYLVLWHTXLV¶DFKHYDSDUFHWWH visiteurs. Une exposition permanente V\PSDWKLTXHSKRWR &RS\ULJKWDQRQ\PH d’objets de culte s’y trouve aussi. Une visite dans la bonne humeur qui s’acheva par cette sympathique photo… 17 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMEMORATIONS JOURNEE EUROPEENNE DE LA MEMOIRE DE L’HOLOCAUSTE & DE PREVENTION DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE Philippe Choucroun /XQGLMDQYLHUVHWHQDLWGDQVODUpJLRQ(VWGHX[pYqQHPHQWVLPSRUWDQWVGDQV OHFDGUHGHODMRXUQpHPRQGLDOHGXVRXYHQLUGHOD6KRDKHWGRQWO¶$XP{QHULH ,VUDpOLWHGHV$UPpHVpWDLWSDUWHQDLUH ’est en présence de nombreux consuls qu’eut lieu le matin au cimetière de Croenembourg une commémoration en la présence de nombreux consuls, représentants des collectivités locales et des institutions juives de la ville. C L’aumônier de la réserve citoyenne Gérald Rosenfeld entonna le célèbre chant « EL maleh Rah’amim » devant une assistance nombreuse puis, accompagné de l’aumônier régional de la ZD Est Philippe Choucroun dédié un kadish à la mémoire des six millions de victimes. 0+DQVFK0PH6HQRWHW3K&KRXFURXQ &RS\ULJKW0+DQVFK années noires passées dans la clandestinité puis l’enfer de la déportation. Au préalable, elle inaugura dans ce même centre un panneau en l’honneur d’Elie Wiesel. Ces deux évènements furent élaborés en collaboration totale avec d’autres organismes tels le CRIF, le Camp du Struthof, le Consistoire Israélite du Bas-Rhin pour Strasbourg, le Centre Mondial de la Paix de Verdun. En soirée, l’aumônier régional rejoignit Verdun pour assister au centre mondial de la Paix au témoignage poignant d’ Esthet Senot, survivante d’Auschwitz. Mme Sénot, invitée par l’A.I.A, narra devant les personnalités régionales ses 18 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMEMORATIONS LA FRANCE REND HOMMAGE AUX RESISTANTS DU GROUPE MANOUCHIAN Hadassah Eliraz (Actualité Juive) 9HQGUHGLIpYULHUOHSUpVLGHQWGHOD 5pSXEOLTXH )UDQoRLV +ROODQGH SUpVLGD XQH FpUpPRQLH G¶KRPPDJH DX[ UpVLVWDQWV GRQW FHX[ GX *URXSH 0DQRXFKLDQ H[pFXWpV SDU OHV QD]LV 3OXVGHODPRLWLppWDLHQWMXLIV A &RS\ &R &RS\ULJKW/LEpUDWLRQ S\UL S\ ULJK UL JKWW JK /L /LEp /L EpUD Ep UDWL UD WLRQ WL RQ ccueilli à la clairière du MontValérien par Robert Badinter, le Grand rabbin Haïm Korsia aumônier général israélite des armées et Antoine Bagdikian président de l’ANACRA, François Hollande Président de la République débuta la cérémonie. Devant notamment JeanMarc Ayrault, Premier ministre, Emmanuel Valls ministre de l’Intérieur et des cultes, vingt représentants de l’Etat-Major des Armées et plusieurs centaines d’invités, un chœur d’enfants entama le chant de l’Affiche rouge et celui des Partisans. Dans son allocution, le Président honora « ces noms qui évoquent la solidarité internationale, des noms qui parlent de l’exil et qui évoquent des pays lointains ». Toutefois, pour notre communauté, le point d’orgue fut la lecture de la Prière juive pour la République, par le Grand rabbin H. Korsia, prière « très émouvante » (F. Hollande) que l’aumônier général israélite des armées offrit solennellement à celui qui est aussi Chef des armées. 19 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU COMMEMORATIONS Directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’AIA et des ambassades étrangères. Olga Bancic, seule femme du groupe sera décapitée Rappelons que cette année marque le 70ème anniversaire de l’exécution par les nazis le 21 février 1944 des 23 résistants immortalisés par la célèbre affiche rouge placardée sur les murs de Paris et annonçant leur condamnation à mort. Emblème de l’union sacrée entre Juifs ayant essentiellement échappé à la rafle du Vel d’Hiv, Arméniens, Espagnols rescapés de Franco et des camps français des Pyrénées, Italiens résistant au fascisme, …. Côté nazi, l’affiche rouge fut l’emblème du terrorisme et de la propagande. Olga Bancic, seule femme du groupe sera décapitée à Stuttgart, le manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdisant alors de fusiller les femmes. Pour le Grand rabbin H. Korsia, cet hommage républicain salue l’engagement inconditionnel des Juifs français et étrangers, « peuple à la nuque raide qui ne plie jamais sous le joug de l’infâmie ». &K$]QDYRXU.$ULI OH*UDQGUDEELQ+.RUVLD Des présences remarquées Initiateurs depuis cinq ans de cet hommage conjoint, l’AIA (Aumônerie Israélite des Armées) et l’ANACRA (Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens) convièrent la veille 150 participants à une journée d’hommage : déjeuner à l’Ecole militaire avec Catherine Vieu Charrier adjointe au Maire chargée du monde combattant et une allocution de Kader Arif, ministre délégué aux Anciens Combattants qui remercia « ceux qui n'étaient pas nés en France et qui ont été de si grands Français ! ». La présence de Charles Aznavour, du Général de Brigade aérienne Arnaud Iralour pour le chef d’état-major des armées furent très remarquées. Suivirent une visite du Musée de l’Armée et un ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe avec dépôt de gerbes par Philippe Allouche, Retrouvez les photos sur 20 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER A TOUT PRIX Pierre-Yves Bauer 'DQV OH MXGDwVPH OD QRWLRQ GH OLEHUWp HVW WHOOHPHQW IRUWH TX¶LO \ D XQ GHYRLU UHOLJLHX[GHUDFKHWHUXQSULVRQQLHU(WFHFLTX¶LOV¶DJLVVHGHOLEpUHUXQKRPPH RX XQH IHPPH XQ ULFKH QRWDEOH GH OD FRPPXQDXWp RX XQ ILGqOH SDXYUH HW PpFRQQX ormis de très rares cas, la privation liberté n’est pas acceptable car elle prive l’Homme de son milieu vital, que constituent son environnement social et la pratique des actes religieux. C’est en effet par son insertion au sein de sa famille, puis au sein de la société, que l’Homme se réalise et peut développer ses potentialités. Par la pratique du culte, il donne une nouvelle dimension à sa vie et la sublime. L’empêcher de se lier aux autres et limiter ses manifestations d’attachement au Maître du monde c’est porter atteinte à sa capacité d’être lui-même, d’être un Homme. Dès lors, on comprend l’importance de libérer un prisonnier ; C’est lui redonner la possibilité d’être un Homme, et par là, de donner un sens à sa vie. Trois fois par jour, nous prions pour que Dieu « libère les prisonniers ». Il s’agit évidemment de ceux qui sont en prison alors qu’ils ne le méritent pas, et de ceux qui, aux quatre coins du monde, sont retenus en otages. Un enseignement Rabbinique (Alé Chour T.1 ch. tefila) nous apprend que nous-même, nous pouvons aussi faire partie des prisonniers pour lesquels nous prions. En ce qui concerne notre propre personne d’Homme apparemment libre, il ne s’agit pas de briser des fers et scier des barreaux, mais de s’affranchir des mauvaises actions que nous pourrions avoir faites et qui inhibent notre capacité à nous élever spirituellement. Nous prions alors, pour ne plus être le détenu d’un mauvais penchant que nous n’aurions pas réussi à maîtriser. Si nous avons perdu une bataille et sommes prisonniers de notre propre faiblesse, il y a urgence à tout mettre en œuvre pour recouvrer la liberté. Quel que soit notre statut et notre niveau de pratique religieuse, nous avons le devoir de nous racheter. Libres, nous trouverons notre véritable place dans la société et dans le Monde. H 21 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER L’OBLIGATION RELIGIEUSE DE LIBERER LES CAPTIFS +DwP+DUERXQ e sujet a fait particulièrement l’objet d’une longue étude dans le talmud. La situation sécuritaire du peuple juif, tout au long de son histoire, n’a pas toujours été brillante. Les Juifs se sont trouvés, souvent confrontés avec les conséquences de l’adversité, des persécutions et des guerres. C’est pourquoi le problème des captifs a constitué une réalité structurelle dans l’histoire juive. C Le Midrach interprète ce verset comme suit : « La conduite des humains détermine celle de Dieu. Si les humains ouvrent un cœur charitable, l’Eternel agira de même » Autrement dit : Si les humains ne contribuent pas, par leur don, afin de libérer leur frère, L’Eternel ne fera rien pour leur propre libération. La tradition hébraïque (Talmud Baba Batra chapitre hachoutafim ) met en exergue la mitsva (Commandement) de libérer le captif et lui attribue une importance capitale. Pour illustrer l’importance de cette mitsva le Talmud rapporte que la mère du roi Sapor 1er envoya une bourse pleine de dinars en or à Rav Yosseph, en le priant d’affecter cette somme à l’accomplissement d’une grande mitsva. Rav Yosseph était hésitant et Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous… Avant d’aborder le sujet dans le Talmud, il serait intéressant de relever ce que le Midrach dit à son sujet. A propos du verset biblique relatant la mission de Moïse : ce dernier dit à Dieu, je vais trouver les enfants d’Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’envoie vers vous… S’ils me disent quel est son nom ? Que leur dirai-je ? Dieu répondit à Moïse : « Je serai ce que je serai (L’Etre invariable)». 22 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER ignorait la nature de cette grande mitsva. Il en référa à son Maître Abbayé. Celui-ci lui dit : « la mitsva de libérer un prisonnier dépasse celle d’aider un orphelin. Car le prisonnier est livré entre les mains de son ennemi qui peut faire de lui tout ce qu’il veut. Il est préférable de mourir que de tomber entre les mains de ses ennemis ». Le Talmud rapporte le cas de rabbi Yéhochoua ben Hanania qui s’est rendu à Rome. Les Hébreux de Rome lui dirent : « il y a un jeune captif dans la prison de Rome. » Rabbi Yéhochoua alla dans les environs de la prison et se mit à réciter à haute voix, un verset tiré du chapitre 42,24 d’Isaïe : « Qui a livré Jacob au pillage et Israël à l’avidité des ravisseurs… », Rabbi Yéhochoua n’eut pas le temps de terminer le verset, il entendit par une lucarne de la cellule la voix de l’enfant récitant la deuxième partie du verset à savoir : « Si ce n’est l’Eternel ? C’est que nous avons péché contre lui, l’on a refusé de marcher dans ses voies et l’on n’a pas obéi à sa Torah ». Rabbi Yéhochoua frappé par l’érudition et la mémoire de ce jeune s’est alors engagé à le libérer quel qu’en soit le prix. Des années après, on retrouva ce jeune captif qui n’était autre que Rabbi Yichmaël ben Elicha assumant la direction d’une grande académie talmudique. Depuis ce temps, la tradition hébraïque a réservé le chabbath qui précède la solennité de Pessah, plus connu sous le nom de chabbath hagadol, pour développer le thème de la libération des captifs. C’est une manière de mettre en parallèle la délivrance des Hébreux d’Egypte et la mitsva de la libération des captifs. Pourquoi cette mitsva a-t-elle pris une telle importance ? Pour la simple raison que le judaïsme est l’unique doctrine au monde qui est particulariste. Dans nos prières quotidiennes nous proclamons trois fois par jour : « Il nous appartient de louer le Maître de tout, de magnifier le créateur du monde, qui ne nous a pas faits semblables aux nations des autres pays, ni semblables aux familles de la terre ». 23 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU REGARD SUR… LA LIBERATION D’UN PRISONNIER Le judaïsme magnifie la vie Lors de l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, les Espagnols ou les Portugais enlevaient des centaines de Juifs et allaient à Marseille réclamer une rançon à la communauté juive pour les libérer, sachant que pour les Juifs c’est une obligation religieuse ayant la même valeur que le sacrifice à l’époque où le Temple était en activité. Ce particularisme n’est pas fondé sur l’idée de supériorité mais sur l’obligation du respect de la Torah, Autrement dit, la nécessité de respecter la morale, l’éthique, la valeur de la personne humaine, la solidarité, la charité, l’aide au pauvre et l’orphelin etc. Toutefois, comme le judaïsme magnifie la vie, il rend ses adeptes précieux et par conséquent, ayant une grande valeur. Les ennemis d’Israël dans l’antiquité l’avaient compris. Et pour se procurer de l’argent ils n’ont rien trouvé de mieux que de kidnapper des Juifs, par la ruse ou la violence C’est pourquoi Cette obligation religieuse de libérer par tous les moyens le captif eut pour conséquence un effet dramatique dans notre histoire. Sa judaïté est totalement occultée. On peut aussi avancer un autre motif qui a placé cette mitsva au sommet de l’échelle des commandements divins. Un captif ne disposant plus de sa liberté n’est plus en mesure ni d’étudier la Torah ni d’observer les commandements divins. Ce qui revient à dire que sa judaïté est totalement occultée. Or, il n’y a pas plus grande mitsva que de redonner au prisonnier sa véritable identité juive afin de lui permettre d’étudier et d’observer la tradition de son peuple. 24 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE IL ETAIT UNE FOI… LE GRAND RABBIN ABRAHAM BLOCH Paul Netter /HDRWDXFROG¶$QR]HOVXUOHIURQWGHV9RVJHV OH*UDQG5DEELQ$EUDKDP%ORFKDXP{QLHULVUDpOLWHHWLQ ILUPLHUEUDQFDUGLHUYRORQWDLUHHVWWXpSDUXQpFODWG¶REXV HQSRUWDQWXQFUXFLIL[jXQVROGDWFDWKROLTXHPRXUDQWTXL O¶D SULV SRXU XQ SUrWUH &HW DFWH KpURwTXH HW FHWWH PRUW H[HPSODLUHYRQWIDLUHGHOXLXQV\PEROHGHO¶8QLRQ6DFUpH GHWRXVOHVIUDQoDLVIDFHjODPHQDFHDOOHPDQGH I ssu d’une famille alsacienne qui a opté pour la France en 1870, Abraham Bloch, diplômé du Séminaire Israélite de Paris, est d’abord rabbin à Remiremont en 1883. Grand Rabbin d’Alger en 1897, à une époque où les journaux et les ligues anti-juives se déchaînent, il est confronté à la violence politique et à des drames personnels, et il est même victime d’une tentative d’assassinat. De retour en métropole, il est nommé en 1908 Grand Rabbin de Lyon. En 1913, malgré son âge – 53 ans ! -, Abraham Bloch se porte volontaire comme aumônier israélite aux Armées. La déclaration de guerre le ramène dans les Vosges et l’entraîne vers le destin hors du commun qui le mène au sacrifice suprême et à la gloire. Le récit de sa mort, annoncée à sa veuve par un Père jésuite, est repris par les journaux français et étrangers, puis par des poètes et écrivains comme Maurice Barrès qui célèbrent le rabbin patriote et héroïque. Très vite, l’histoire d’Abraham Bloch devient légende, puis mythe avec des célébrations officielles, des inaugurations de monuments, des hommages publics qui se succèdent tout au long du XXe siècle à Paris, à Lyon, à Alger… Cette première biographie d’Abraham Bloch, écrite par son arrière-petit-fils, nous fait découvrir sa vie, son parcours et sa mort par le texte et par l’image : lettres et archives personnelles, carnet de guerre, articles de journaux, poèmes, extraits de livres, cartes postales… 25 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE Préface Philippe Landau - Conservateur des Archives des consistoires israélites Dans la bible hébraïque, l’idée même du souvenir est récurrente car elle est essentielle pour donner un sens à l’existence de tout individu et développer une identité collective, nécessaire pour les générations futures. Zakhor – souviens-toi ! est donc une injonction pédagogique qui incombe à chaque israélite soucieux de transmettre « un passé juif vital » selon l’historien Yosef Hayim Yerushalmi. Il ne s’agit pas toutefois de mentionner simplement l’évènement d’un point de vue historique ou familial, il faut en tirer un enseignement utile afin de mieux saisir le présent et, si possible, d’anticiper l’avenir. Avec conscience et modestie, Paul Netter tente ainsi d’appréhender l’histoire de son arrière-grand-père, mort glorieusement sur le front des Vosges dès les premiers mois de la Grande Guerre. A l’aide d’une vaste documentation familiale conservée malgré les affres de l’Occupation, il réussit à reconstituer la vie de ce grand rabbin qui aurait pu disparaitre dans les limbes de l’Histoire si elle ne s’était pas achevée sur un champ de bataille et conclue par une légende. Justement, la vie ou plutôt la mort d’Abraham Bloch n’est pas ordinaire. Bien-sûr, elle fait cause commune avec celle des 1 350 000 combattants de France disparus au cours des quatre années de guerre totale parmi lesquels figurent d’autres rabbins dont Jules Ruff (1917), Maurice Vexler (1914) et Marcel Witsenhausen (1918). Pourtant, elle s’en distingue à plus d’un titre. Il est le seul Grand Rabbin, aumônier Volontaire et brancardier par ailleurs, à avoir été tué par un éclat d’obus en plein combat. De plus, sa disparition qui peut sembler à priori « classique » sur une ligne de front, est exemplaire. Le Grand Rabbin ne serait-il pas décédé des suites de ses blessures en apportant un crucifix à un fantassin agonisant ? Sans se prononcer définitivement sur la question, Paul Netter livre au lecteur toutes les informations sur cette incroyable histoire, apparue quelques mois après le décès de son aïeul et qui devint l’un des symboles de l’Union sacrée. En effet, l’antidreyfusard et nationaliste Maurice Barrès avait vu juste en décembre 1915 dans l’Echo de Paris lorsqu’il écrivait : « c’est une image qui ne périra pas ». Sa mort, devenue aussitôt héroïque dans l’entre-deux-guerres, est aujourd’hui […]Jusqu’au début de la seconde Guerre mondiale, le sacrifice du Grand Rabbin Bloch sert ainsi d’exemple aux jeunes élèves des écoles israélites qui reçoivent, en 26 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE récompense ou en prix, une belle carte postale représentant le célèbre tableau du peintre Lucien Lévy-Dhurmer. A lui seul, Abraham Bloch résume le patriotisme exigeant et sincère qui faisait la fierté de la communauté juive pourtant si décriée par les antisémites. Il est un symbole unique dans la millénaire histoire du judaïsme en France. A ce titre, ce noble modèle du sacrifice consenti scelle le destin des Juifs français à celui de la Nation comme l’affirmait avec force le grand rabbin de Paris Jacques-Henri Dreyfus : « Français nous resterons, nous, nos enfants, nos petits-enfants nos arrièrepetits-enfants, avec toute la suite de nos générations, à jamais. » Hélas, ce vœu pieux n’a pas été respecté par le pays pour lequel ils avaient épousé toutes les vertus. Entraîné par sa politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, le régime de Vichy allait mettre un terme au souvenir de l’Union sacrée et, par voie de conséquence, à celui du Grand Rabbin Abraham Bloch. Fort heureusement, de même qu’il y eut des Justes pour sauver des Juifs en pleine Occupation, il y eut aussi des patriotes prêts à sauvegarder la mémoire du judaïsme. Tel fut le cas pour la stèle élevée à Taintrux en 1934 et menacée d’être détruite par la Wehrmacht en août 1940. Grâce au zèle d’une famille locale, le sobre monument fut caché durant toute la guerre. L’ouvrage que consacre Paul Netter à son arrière-grand-père est donc salutaire au moment où la France célèbre le centenaire de la Grande Guerre. Les commémorations seront à l’honneur et vécues collectivement. Dans un souci d’honorer l’Europe enfin unie, les patries et les combattants risquent cependant d’être oubliés ou d’être récupérés pour des causes moins nobles. Les célébrations nationales qui ne sont jamais neutres comme le reconnaît Jean-Noël Jeanneney – réus siront-elles à assumer la transmission ? Sauront-elles rendre hommage au paysan breton ou à l’indigène algérien ? Avec ce livre où le souvenir célèbre l’intimité, la notion de Zakhor acquiert une dimension particulière qui permettra à chacun de renouer avec le passé… toujours proche. 27 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU PORTRAIT D’UN AUMÔNIER MEYER MALKA Véronique Dubois &RS\ULJKW$,$ ©&¶HVW QRXV OHV JDUV GH OD 0DULQH ± 4XDQG RQ HVW GDQV OHV &ROVEOHXV±2QDMDPDLVIURLGDX[\HX[ª /¶$,$V¶HQRUJXHLOOLW GHFRPSWHUSDUPLOHVLHQVO¶DXP{QLHU0H\HU0DONDDXP{QLHU HQFKHIGH OD 0DULQHGRQW FKDTXHH[SpULHQFHIRXUQLW XQUpFLW ULFKH G¶DQHFGRWHV j O¶LPDJH GX IDPHX[ UHIUDLQ3OXV HQFRUH j O¶LPDJHGHV $QFLHQVTXLIRQWILJXUHGH 6DJHVGDQVODWUDGLWLRQ MXLYHHWOHVIRUFHVDUPpHVLOIRUFHOHUHVSHFWGHVHVFROOqJXHV DXP{QLHUV 3RUWUDLWG¶XQDXP{QLHUDW\SLTXH V.D : Dans quelles circonstances avezvous rejoint l’A.I.A ? M. Malka : En 1984, alors que j’étais rabbin de Caen, l’aumônier général israélite Claude Brami me confie l’aumônerie régionale de l’Ouest de la France (Rennes-Caen) Terre-Mer. sont Alain Attia et Ary Samoun. A nous trois, nous couvrons le territoire français. V.D : A quoi ressemble une journée type de l’aumônier Meyer Malka ? M.M : En mer, le cadre d’une journée sur un bâtiment de guerre est généralement identique. 7h00, réveil. Prière du matin puis à 8h00 petit - déjeuner avec le commandant et son staff. Ce moment est consacré au briefing de la journée. Le commandant me transmet oralement mon ordre de mission quotidien, ainsi quelle unité je visiterai la journée, autour de quel thème auront lieu les échanges le soir avec l'équipage disponible ?...Ces sujets sont traités en binôme avec l’aumônier l’autre aumônier présent à bord. Puis, 12h30 marque la pause - déjeuner partagée V.D : Comment êtes-vous arrivé à l’aumônerie Marine ? M.M : En 1984, je fus par la suite basé à Cherbourg en tant qu’aumônier régional de la Marine, sous les ordres successifs des aumôniers Claude Bloomof et René Guedj. En compagnie de l’aumônier catholique le Père Roseau et ce pendant six ans nous avons œuvré pour des rencontres inter- cultes et des conférences – débats. En 2000, l’aumônier israélite en Chef Denis Akoun me nomme aumônier en chef de la Marine. A ce jour, mes adjoints 28 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU PORTRAIT D’UN AUMÔNIER avec l’unité. Puis, autour d’un café, se nouent de libres échanges sur des sujets « libres » tels que différences et complémentarité inter-cultuelles, des précisions sémantiques sur les termes israélite (appartenance cultuelle) et israélien (désigne la nationalité d’un ressortissant de l’état d’Israël). Les « fumeurs » ont aussi leur moment ! L’ après-midi, sur le pont, est propice à « refaire le monde » le temps d’une cigarette. 19heures, il est temps de faire le debriefing journalier autour du cocktail dînatoire chez le commandant avant d’entamer la conférence sur le thème initialement choisi le matin. La dernière activité de la journée est généralement prévue à 21h30 avec la visite dans la salle du gouvernail. Extinction des feux avec la prière du soir à 22h30. Israël et l’Egypte. A la fin de la visite, alors que nous nous dirigions vers l’avion qui devait nous ramener à Tel – Aviv, nous avons été informés que « le mauvais temps » empêchait tout décollage. alors qu'on se dirigeait vers l'avion pour nous ramener vers Tel-Aviv, nous avons été informée que l'appareil ne pouvait pas décoller à cause du" mauvais temps". Nous fûmes alors logés dans des "suites" réservés aux VIP (sourire). La fête de Pessah (Pâque) pointait son nez… nous avons vécu la sortie d'Egypte comme nos ancêtres, dans le désert ! V.D : Quels ont été les temps forts de votre activité ? M.M : Au regard des années au sein de l’aumônerie, difficile de répondre ! Toutefois, j’en retiendrai trois : tout d’abord, en mars 2006, une visite au contingent français dans le désert du Sinaï dans le cadre de son déploiement au sein de la FINUL. C’est alors sous la houlette du rabbin Denis Akoun, ancien aumônier général israélite des armées, que nous avons visité nos forces déployées dans le cadre évoqué, entre /DFpOpEUDWLRQGH5RFK+RGHFK jERUGGX3$17UXPDQ±FRS\ULJKW$,$ 2 ème temps fort ? mon embarquement sur le P.A.N Charles De Gaulle. Je ne manquerai pas de signaler que ma présence sur le porte-avion nucléaire Charles De Gaulle a eu un retentissement important. En effet, le P.A.N. américain Harry Truman d’une capacité de 6000 personnes et qui croisait à proximité m’invita à célébrer l’office de 29 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU PORTRAIT D’UN AUMÔNIER Roch Hodech (nouveau mois hébraïque) à son bord. Quelle ne fut pas ma surprise quand le dimanche 13 juin 2010 aux aurores, débarquant sur le P.A.N Truman, je fus conduit directement vers un espace qui servait de synagogue permanente. Là se trouvait un sefer thora cacher (rouleau de la Torah valide), les livres de prières, les kippot (calottes) et même un choffar (corne de bélier) de taille américaine. A l’issue de l’office, une collation traditionnelle composée de vin et de pain traditionnel fut servie. COCORICO ! un peu de chauvinisme français : le Truman n’est pas doté de barquettes cachères… eu la visite surprise du président de la République Nicolas Sarkozy accompagné /DYLVLWHVXUSULVHGXSUpVLGHQWGHOD5pSXEOLTXH 1LFRODV6DUNR]\±FRS\ULJKW $,$ du ministre de la Défense Hervé Morin, du chef d’Etat-Major l’Amiral Guillaud, et le chef d’Etat-Major de la marine l’Amiral Forissier. Pour l’anecdote, le président de la République est venu personnellement me saluer en me félicitant, tout en marquant son intérêt pour la présence d’un représentant de notre aumônerie à bord. V.D : Quels sont vos prochains projets ? M.M : Proposer que le prochain congrès des aumôniers soit sous l’égide de l’aumônerie Marine, comme ce fut déjà le cas à Toulon. Dans un autre registre, créer une chorale des aumôniers me tient à chœur…L’Aumônerie Israélite des Armées a dans ce domaine aussi un fort potentiel ! 8QFKRIIDUGHWDLOOHDPpULFDLQH &RS\ULJKW$,$ V.D : Quelle est votre expérience la plus marquante à ce jour dans votre fonction ? M.M : Alors que j'étais embarqué sur le P.A.N Charles De Gaulle, nous avons 30 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) SPIRITUALITE A STRASBOURG ON FETE HANOUKKA EN ESPAGNOL… Jonathan BLUM Jeudi 28 novembre, l’aumônier Jonathan BLUM (ZD Est) a organisé une visite de la Grande Synagogue pour les familles des militaires espagnols basés à Strasbourg. Le Père Carlos Alberto Gutierrez, aumônier catholique du contingent espagnol de l’Eurocorps, est à l’origine de cette demande. près avoir présenté les locaux et activités du centre communautaire, l’aumônier J. Blum a exposé les grandes lignes du judaïsme, avec la traduction en espagnol du Père Carlos. Puis en ce 2e soir de ‘Hanouka, l’aumônier a invité ce dernier à allumer avec lui les traditionnelles bougies. Ce moment de partage a généré une grande émotion chez tous les participants. La soirée s’est conclue par de nombreuses questions de la part des femmes et enfants présents, qui pour la plupart entraient pour la première fois dans une synagogue. A Quel est le sens de chaque bougie ? La 1ère bougie représente la Hanoukkia. La 2ème, la lumière. La 3ème, le miracle. La 4ème, Shabbath. La 5ème, l’héroïsme. La 6ème, la langue hébraïque. La 7ème, la solidarité juive. La 8ème, la Paix. Et la 9ème bougie, Le shamash qui signifie le Serviteur. Visite de la Grande Synagogue pour les familles des militaires espagnols basés à Strasbourg. Copyright : Carlos A. Gutierrez 31 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU SPIRITUALITE HANOUKKA : DE L’HIA PERCY AUX INVALIDES Véronique Dubois 0DUGL GpFHPEUH j O¶+,$ 3HUF\ &OD PDUW OHV ERXJLHV GH +DQRXNND RQW pFODLUp OD VDOOH G KRQQHXU GH OD FKHIIH ULHHQSUpVHQFHGX*UDQGUDEELQ+DwP .RUVLD DXP{QLHU JpQpUDO LVUDpOLWH GHV DUPpHVHWGX*pQpUDO&KULVWLDQ3ORWWRQ 0&, GH O pWDEOLVVHPHQW 'HJDXFKHjGURLWHOH*UDQGUDEELQ+.RUVLD OH0&,*pQpUDO&K3ORWWRQ '(OIDVVL &RS\ULJKW+,$3HUF\ 'aumônier et rabbin David Elfassi a offert au Général Plotton la nouvelle prière pour la République, qui inclut désormais un paragraphe dédié à nos soldats qui défendent avec courage les valeurs de la République. Le lendemain, ce fut à l'Hôtel National des Invalides en présence du Gouverneur mili taire des Invalides le Général Bruno Cuche et du Grand rabbin Haïm Korsia, que les patients - blessés de guerre, rescapés de la Shoah - ont allumé les 7 bougies de Hanoukka. L'aumônier et rabbin Laurent Berros en charge des Invalides pour l'AIA avait aussi prévu meringues et beignets...très appréciés! L MORT ET CONVICTIONS RELIGIEUSES A L’HIA PERCY David Elfassi Mercredi 19 décembre , le Dr Paillet pharmacien de l’hôpital a organisé une réunion à laquelle participaient corps soignant et aumôniers afin que chacun s’exprime sur ses convictions religieuses à l’égard de la mort. De retour d’OPEX, Le Dr Gonzales, médecin spécialiste en chirurgie thoracique a transmis un retour d’expériences, enrichi &RS\ULJKW+,$3HUF\ d’une présentation audiovisuelle. « Les Justes même après la mort sont considérés comme vivant et les mécréants durant leur vie sont considéré comme mort » disent les Sages de la tradition juive, cités par l’aumônier D. Elfassi. Ainsi en est-il de nos soldats qui tombent sur le champ de bataille. Des propos qui ont interpellé l’assistance…. 32 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU SPIRITUALITE HANOUKKA: UNE EQUATION LUMINEUSE Véronique Dubois 0HUFUHGLGpFHPEUHOHVOXPLqUHVGH+DQRXNND RQWLOOXPLQpOHVYLVDJHVGHWRXVFHX[YHQXVDVVLV WHU j FH TXL HVW GpVRUPDLV XQH WUDGLWLRQ DX VHQV SUHVFULW SDU QRV WH[WHV SXLVTX LO V DJLVVDLW FHWWH DQQpHGXWURLVLqPHDOOXPDJHFRQVpFXWLI Copyright : AIA p our mémoire, la fête de Hanoukka commémore une victoire militaire, il y a environ deux cents ans avant notre ère : celle des Asmonéens sur l’armée Grécosyrienne d’Antiochus IV. Cette victoire est célébrée par un acte spirituel, l’inauguration du Temple de Jérusalem débarrassé des idoles grecques. « Pour cette cérémonie, il fallait allumer le candélabre à sept branches du Temple à l’aide d’une huile pure. Il n’en restait qu’une fiole non souillée par les païens, mais suffisante pour l’allumage d’un seul jour. Et grâce à un miracle, le contenu de cette fiole a suffi à éclairer le Temple pendant les huit jours nécessaires à la fabrication d’une huile pure » (Emeric Deutsch, La volonté de comprendre) Le Grand rabbin Haïm Korsia a reçu patients et personnel, civils et militaires, tous cultes confondus dans l'espace inter-cultes alloué aux quatre aumôneries. Un espace rapidement saturé par l'affluence.... Un espace rapidement saturé par l’affluence Copyright : AIA Le lien étroit entre l’action de manger et la production de sens spécifique à chaque fête Le Grand rabbin Haïm Korsia a reçu patients et personnel, civils et militaires, tous cultes confondus – Copyright : AIA 33 $XP{QHULHLVUDpOLWHGHVDUPpHV±IpYULHUPDUV$GDU$GDU SPIRITUALITE Dans son introduction, afin ticulière où la dernière bougie, la d’expliquer la portée et le sens de la 8ème, ne signifie guère une fin en soi fête, l'aumônier israélite de l'établismais l'accès à la dimension de surnasement Véronique Dubois a partagé ture, celle du miracle: 8 n'est-il pas quelques réflexions d'Emeric mathématiquement le signe de l'infiDeutsch, émérite psychanalyste et ni? Après une allocution de l'aumôéminent talmudiste. La consommanier général, le Grand rabbin Alain tion de beignets tradiGoldmann, antionnels trouve son cien aumônier fondement dans cet général israélite axe majeur du judes armées a lu daïsme : le lien étroit la nouvelle verentre l’action de mansion de la Prière ger et la production de pour la Répusens spécifique à blique. La céréchaque fête. De plus, monie s’est conLa dégustation de beignets traditionnels les huit bougies alluclue par Copyright : AIA mées, de fa l’allumage de çon croissante chaque jour de la seplusieurs hanoukkiot par les patients maine, ordonnent une équation par et le personnel, avant de déguster les beignets traditionnels. Pour diffuser le miracle de Hanoukka au monde, il est recommandé de poser la hanoukkia près d'une fenêtre... C'est ainsi qu'un patient de Val de Grâce a choisi d'observer cette prescription, tout en remplaçant les flammes réelles... par des flammes de papier, découpées par des enfants. Des Flammes réelles remplacées par des flammes de papier Copyright : AIA 34 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CULTURE NISSIM DE CAMONDO (1892-1917) HOMMAGE 2007 Professeur Raymond Laugier Grand rabbin Haïm Korsia 44 pages Edité par l’A.I.A Nissim de Camondo est surtout connu du grand public pour avoir donné son nom au célèbre musée parisien d’arts décoratifs en bordure du parc Monceau. Mais pour nous, aviateurs militaires, il est d’abord un de nos grands ancien dont le parcours, comparable à celui de nos plus prestigieux pilotes, souligne ses qualités d’homme et de soldat. Tout commence au mois d’août 1914. Le président du Conseil René Viviani déclare que dans la guerre qui s’engage, la France (…) sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera devant l’ennemi l’union sacrée ». Au-delà des oppositions parfois marquées que suscitent les origines sociales, les opinions politiques ou les convictions religieuses de chacun, l’ensemble de la population française se mobilise pour repousser l’invasion allemande et défendre les valeurs républicaines que le pays incarne. Nissim de Camondo se joint à ce mouvement spontané qui emporte la France. Il combattra donc, mais pas n’importe où. Il n’a de cesse de monter en première ligne, là où rôde le danger. Il est d’abord versé au 3ème régiment de hussards en 1914 où il accomplit de nombreux faits d’armes, puis au 21ème régiment de dragons à pied en 1915. Bientôt trahi par sa santé, il doit entamer une longue convalescence. L’aviation s’impose alors naturellement à lui, comme elle avait déjà séduit d’anciens cavaliers tels Alfred Heurtaux (21 victoires homologuées) ou René Nungesser (43 victoires homologuées). Ces deux anciens du 9ème et du 2ème régiment de hussards voulaient retrouver dans l’immensité du ciel l’impression de puissance et l’ivresse de l’espace avalé qu’ils avaient ressenties pendant les charges de cavalerie. Ces hommes disposaient enfin d’un champ de bataille à leur mesure où ils pourront 35 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CULTURE faire la preuve de leur valeur, de leur courage. Leurs destins dépendront de leurs qualités propres et non des trajectoires erratiques de balles ou d’obus distillés par des tireurs anonymes. La guerre au sol nivelle l’héroïsme. La guerre dans les airs pourra peut-être élever les âmes les plus ardentes. Nissim de Camondo est affecté à l’escadrille L33, spécialisée dans la reconnaissance. Tous les aviateurs inexpérimentés débutent en effectuant ces missions d’observation : Fonck, le plus grand as français de tous les temps (75 victoires homologuées), Madon (41 victoires homologuées) ont aussi commencé leurs carrières aéronautiques dans la reconnaissance. Et aussi : Abraham-Salomon et Nissim de Camondo vers 1868 Copyright : MAHJ.org Soeur et frère, Beatrice & Nissim de Camondo, 1916. Copyright: tdclacissist.blogspot.com 36 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CULTURE JOURNAL DE GUERRE D'UN JUIF PATRIOTE 1914-1918 IMAGES DE LA PROPAGANDE 1914 -1918 OU L’ART DE VENDRE LA GUERRE André Kahn Editions Taillandier 2014 336 pages Annie Pastor Editions Hugo Desinge 2013 157 pages (source: Actualité juive Sandrine Swarcz) Alors que débutent les festivités du centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale, les mémoires de guerre d'un jeune soldat juif, André Kahn sont publiées. Il n'était autre que l'oncle de JeanFrançois et Axel Kahn qui présentent cet ouvrage. Jour par jour, heure par heure, cet Israélite profondément citoyen envoie à la femme qui deviendra son épouse une lettre relatant les événements de la journée entre août 1914 et novembre 1918. Instructif sur l'état d'esprit de nombreux juifs de l'époque en révolte contre les traditions. Si l’affiche est déjà largement diffusée dans les villes avant 1914, c’est toutefois la guerre qui lui confère une nouvelle dimension. Elle ne constitue pas le seul support de la propagande officielle, mais c’est le plus usité et le plus efficace. Si le devoir du soldat est de se battre, celui des civils est de participer. Pour mobiliser les esprits, les affiches mettent en avant la certitude de la victoire, la condamnation de l’ennemi, sans compter le but ultime : la paix, qui à petit, s’éloigne à mesure que le conflit s’enlise dans les tranchées… 37 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CULTURE LE MAHJ A L’HEURE DE LA GRANDE GUERRE Source : www.mahj.org Abel Pann, œuvres de guerre (1915-1917) 60 estampes de la collection du Mahj DYULOVHSWHPEUH Abel Pann Sans titre, [1915-1917] Gravure à l’eau-forte et pointe sèche, impression sur vélin d’Arches Photo Christophe Fouin © Mahj D’avril à septembre, le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, consacre […] une exposition-dossier aux estampes de guerre d’Abel Pann, à l’occasion du centenaire du premier conflit mondial. Ces œuvres manifestes, dont le Mahj conserve une importante collection, évoquent les exactions de l’armée allemande sur le front occidental, mais aussi la dramatique situation des Juifs sur le front occidental. C Né Abba Pfeffermann en Lettonie, Abel Pann est issu d’un milieu juif orthodoxe. Après avoir quitté sa famille, il travaille dans une imprimerie et apprend le métier de graveur. Puis il étudie à l’Académie des beaux-arts d’Odessa et se spécialise dans la peinture, le dessin d’humour et la caricature, dont le portrait-charge. élébré dans le monde juif pour ses peintures sur les thèmes bibliques, Abel Pann (Kreslawka, 1883 – Jérusalem, 1963) est l’auteur d’une œuvre peu connue, aussi multiple par ses supports (peintures, dessins, estampes) que par ses sujets (héros et scènes bibliques, judaïsme d’Europe orientale, scènes de Palestine, société française) ou que par ses tonalités (romantique, lyrique, caricaturale). Il arrive à Paris en 1905 et fréquente les artistes de la Ruche. Ses dessins sont publiés dans diverses revues. De 38 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CULTURE 1912 à 1913, il séjourne à Jérusalem et enseigne à l’École des beaux-arts de Bezalel. une impressionnante suite de dessins exécutés entre décembre 1915 et la fin de 1916. Mais l’ambassadeur russe à Paris intervient pour en empêcher la publication. En 1917, certain que les juifs de la diaspora seront toujours perdants, Abel Pann part pour les États-Unis. Il s’établit en Palestine à partir de 1920, enseigne à l’école de Bezalel et entame la création d’une œuvre sur la Bible. Sioniste convaincu, il rentre à Paris pour organiser son départ définitif ; mais ses projets sont empêchés par la déclaration de guerre. De 1914 à 1917, Abel Pann réalise des affiches populaires, destinées à éveiller le sentiment patriotique et à renforcer le moral des Français. Exposition présentée dans le foyer de l’auditorium. Il s’inquiète aussi de la situation de ses coreligionnaires sur le front oriental. Dès juillet 1914, les juifs subissent des exactions de la part de l’armée tsariste et de la population polonaise. Abel Pann dénonce ces persécutions par Fernand Halphen, un compositeur dans la Grande Guerre 'LPDQFKHDYULOjKHXUHV $O¶RFFDVLRQGHVFpOpEUDWLRQV GXFHQWHQDLUHGHODJXHUUHGH Copyright : mahj Œuvres de Fernand Halphen, Gabriel Fauré, Reynaldo Hahn, Jules Massenet et Claude Debussy. Concert, chant – Introduction par Laure Schapper, musicologue à l’EHESS et présidente de l’Institut européen des musiques juives . ernand Halphen (1872-1917) est issu d’une riche famille israélite parisienne, était compositeur et mécène. Il fut l’élève de Gabriel Fauré puis celui de Jules Massenet au conservatoire de Paris. Il obtint le second prix de Rome en 1896 et fut célébré pour ses compositions de chambre, ses pièces symphoniques, ses mélodies ainsi que la féérie lyrique. Lieutenant au 13ème régiment d’infanterie territoriale durant la Première Guerre mondiale, il compte parmi les rares compositeurs à avoir fondé un orchestre militaire. Il en fut le chef pendant trois ans, avant de mourir en 1917, à l’âge de quarante-cinq ans. Trois jeunes musiciennes interprèteront les oeuvres d’Halphen, dont des mélodies composées au front (Les tranchées, Vieille chanson). F 39 Aumônerie israélite des armées – février/ mars 2014 (Adar 1 /Adar 2 5774) CARNET UN AUMÔNIER A LA 193E SESSION DE L’IHEDN Philippe Choucroun L’aumônier israélite régional, Ph. Choucroun vient d’achever la 193e Session de l’IHEDN, une session régionale Nancy-Luxembourg. L’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale) a pour but de faire connaître les enjeux de notre défense nationale, les missions de notre armée, les bases de la géopolitique mondiale à des gens issus de tout bord professionnel, social, ou cultuel. Outre ces exposés, des visites sont organisés dans des régiments de l’armée de terre, des bases aériennes ou encore des groupements de la gendarmerie. Mais l’ « exploit » de ces sessions est de faire travailler, réfléchir par comité de dix personnes, les auditeurs autour d’une problématique actuelle. Ces comités hétéroclites doivent ensuite rendre un rapport, fruit d’une réflexion commune. Ainsi, pour l’anecdote, notre comité a reçu les félicitations du jury pour son rapport pertinent concernant une question brûlante de l’actualité. FMI A SALON - DE - PROVENCE Lionel DRAY Le 16 Janvier dernier s’est déroulé à la base aérienne 701 de salon de Provence un déjeuner en l’honneur des stagiaires qui participaient à la formation militaire initiale (FMI). A cette occasion le Général Legendre nous a reçus très chaleureusement pour un entretien en présence des représentants des différents cultes notamment israélite représenté par l’aumônier Lionel Dray (GSBDD Marseille- Aubagne). A noter que ce jour Déjeuner en l’honneur des stagiaires de la FMI Copyright : BA 701 correspondait à la fête de Tou Bichvat qui marquait le renouvellement de la nature… 40 COMMENT TSAVA 13? 5(98('(/¶$8021(5,(,65$(/,7('(6$50((6 5pGDFWULFHHQFKHIVéronique Dubois 2QWSDUWLFLSpjFHQXPpUR Stéphane Attal,Pierre - Yves Bauer, Arié Berros,Joël Jonas, Jonathan Blum, Philippe Choucroun, Daniel Dahan, Michael Dahan, Lionel Dray, Véronique Dubois, David Elfassi, Haïm Harboun, Haïm Korsia, Meyer Malka, Pupilles de l’Air Grenoble. Retrouvez l’actualité & les photos de l’AIA sur http://aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com http://www.aumonerie-israelite-des-armees.fr $XP{QHULH,VUDpOLWHGHV$UPpHV &DVHQ )RUW1HXIGH9LQFHQQHV &RXUVGHV0DUpFKDX[±3DULV&HGH[ 7pO DXPRQHULHLVUDHOLWH#ZDQDGRRIU KWWSDXPRQHULHLVUDHOLWHGHVDUPHHVEORJVSRWFRP KWWSZZZDXPRQHULHLVUDHOLWHGHVDUPHHVIU