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Université Lumière Lyon 2
Institut des Sciences et des Pratiques d’Éducation et de Formation
Campus FORSE
Année universitaire 2014-2015
Master 1 en Sciences de l’éducation et de la formation
Etude de déterminants d’un comportement favorable à la santé
Blary, A.-M. & Malnati, I. (2014)
Mots clés : auto-détermination, motivation, sentiment d’auto-efficacité, développement
humain, empowerment, santé
Keywords: self-determination , motivation, self-efficacy, Human growth, empowerment,
health
Publications synthétisées
 Deci, E. & Ryan, M. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic
motivation, social development and well-being. American Psychologist, 5 (1), 68-78.
 Bandura, A. (1994). Self-efficacy. Encyclopedia of human behavior, 4, 71-81. New
York: Academic Press. (Reprinted in H. Friedman [Ed.], Encyclopedia of mental
health. (1998). San Diego: Academic Press).
 Aujoulat, I., d’Hoore, W. & Deccache, A. (2007). Patient empowerment in theory and
practice: polysemy or cacophony? Patient Education and Counseling, 66(1), 13-20.
 Spence Lashinger, H. K., Gilbert, S., Smith, L. M. & Leslie, K. (2010). Towards a
comprehensive
theory
of
nurse/patient
empowerment:
applying
Kanter’s
empowerment theory to patient care. Journal of Nursing Management, 18, 4–13.
Présentation générale du sujet
Le sujet général de ce dossier de lecture présente le rôle de certains processus intra-personnels
et interpersonnels dans le cadre de la modification d’un comportement lié à la santé. Dans une
approche psychologique individuelle autodéterminée, le processus d’engagement et
d’adoption d’un comportement de santé par un individu s’appuie sur
des ressources
psychologiques internes qui peuvent être renforcées par une prise en charge thérapeutique
centrée sur la personne. Pour explorer ce sujet, nos deux premiers articles présentent deux
théories sur des ressources psychologiques influençant positivement l’auto-détermination, à
savoir la motivation et le sentiment d’auto-efficacité. Les deux articles suivants abordent sous
deux angles épistémologique et pratique la notion d’empowerment en tant que stratégie
d’intervention thérapeutique jugée opportune pour renforcer un comportement de santé
autonome et éclairé.
La première fiche de lecture présente la théorie de l’auto-détermination selon Deci et Ryan en
relation avec l’épanouissement personnel. Les différents degrés de motivation sont décrits
ainsi que les contextes favorisants ou défavorisant l’expression de la motivation la plus
performante pour l’accomplissement personnel.
La deuxième fiche de lecture décrit les éléments majeurs de la théorie de l’efficacité
personnelle selon Bandura. Cette ressource psychologique, définie comme la croyance d’un
individu en ses capacités à exercer un contrôle sur son fonctionnement et sur les évènements
de sa vie, joue un rôle majeur dans l’engagement d’un individu dans une action.
La troisième fiche de lecture propose à partir d’une revue de littérature d’identifier les
processus d’empowerment pour pouvoir en donner une définition opérationnelle dans le
domaine de la santé en s’appuyant notamment sur le principe d’autodétermination.
La quatrième fiche vise à partir de deux théories majeures de l’empowerment individuel et du
monde managérial de donner des orientations de pratiques professionnelles pour les
infirmières afin de favoriser leur empowerment et par la même celui du patient dans
l’amélioration des comportements favorables à la santé.
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Fiche de lecture n° 1
Titre de l’article : Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation,
social development and well-being
Auteurs: E. Deci et M. Ryan
Revue: American Psychologist
Année: 2000
Nombre de pages: 9
Thème: L’influence de facteurs environnementaux sur le développement de différents types
de motivation
Keywords: Human growth, self-determination, intrinsic motivation, extrinsic motivation,
self-regulation, autonomy, competence, relatedness, well-being
Mots-clés: développement humain, autodétermination, motivation intrinsèque, motivation
extrinsèque, régulation, intégration, autonomie, compétence, appartenance, bien-être
Concepts présentés dans la fiche: théorie de l’autodétermination, théorie d’évaluation
cognitive, théorie d’intégration organismique
Référence de l’article: Deci, E. & Ryan, M. (2000). Self-determination theory and the
facilitation of intrinsic motivation, social development and well-being. American
Psychologist, 5 (1), 68-78. doi :10.1037//0003-066X.55.1.68 Récupéré sur : Recherche
scholar.google.fr "Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social
development and well-being" [consulté le 30.09.2014]
Fiche de lecture rédigée par : Isabelle Malnati
Résumé : Deci et Ryan présente dans cet article leur théorie de l’auto-détermination en
relation avec l’épanouissement des capacités humaines. Les auteurs postulent que le besoin de
satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux, à savoir l’autonomie, la
compétence et l’appartenance sociale est à la source de la motivation humaine. Or ils
identifient des facteurs contextuels influençant l’individu soit à optimiser ou à réduire son
comportement motivationnel. Deci et Ryan décrivent alors différents comportements
motivationnels, du plus performant (autodéterminé) au moins productif (amotivation). Entre
ces deux états sont déclinées quatre autres types de motivation. A travers ces recherches les
auteurs sont intéressés par une compréhension profonde de la dynamique motivationnelle des
individus.
3
Synthèse
Les auteurs, Deci et Ryan, ont développé depuis les années soixante-dix des recherches
importantes sur la notion de motivation. Ils ont formulé la théorie de l’auto-détermination
(TAD), qui identifie différents types de motivation, et intègre l’influence de contextes sociaux
sur leur développement. La TAD postule que la motivation humaine est déclenchée par la
recherche de satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux, à savoir le besoin
d’autonomie, de compétence et d’appartenance sociale. L’approche de la motivation par le
concept d’auto-détermination a permis de reconnaitre qu’une motivation interne authentique
(appelée intrinsèque) développe un comportement
plus épanouissant qu’une motivation
engendrée par des facteurs extérieurs à la personne (appelée extrinsèque). Aussi la théorie de
motivation intrinsèque décrit particulièrement bien la propension naturelle de l’homme à
agrandir son champ de savoir et d’action, fonction essentielle au développement cognitif et
social ainsi qu’au bien-être.
Deci et Ryan portent un regard rétrospectif sur l’évolution de leurs recherches qui les
ont conduits à développer progressivement leur théorie sur la motivation intrinsèque. Ils ont
commencé dès les années 1980 par examiner les conditions sociales et environnementales qui
supportent ou affaiblissent cette motivation interne afin de comprendre les circonstances qui
libèrent ou aliènent les aspects humains positifs. Les premiers résultats ont montré que le
sentiment de compétence a une influence positive sur la motivation interne, mais uniquement
s’il est accompagné du sentiment d’autonomie (ou de contrôle). Par la suite les auteurs ont
attesté que la perception d’une possible auto-détermination dans l’action (le fait d’être à
l’origine de son propre comportement) catalyse la motivation interne et par ricochet les
capacités à atteindre l’objectif. Par-contre si les motifs d’accomplissement sont extérieurs à
l’action (récompense, pressions…) ils impactent négativement la motivation interne et donc
les performances. Quant au troisième besoin psychologique social (être relié à ses pairs), les
études n’ont pas montré son absolue nécessité à l’expression d’une motivation intrinsèque,
même si sa contribution dans un sens plus large a tout de même été démontrée. Tous ces
résultats se sont confirmés aussi bien à l’école que dans le travail ou dans le cadre familial.
Néanmoins Deci et Ryan attirent notre attention sur le fait que les activités auxquelles
l’homme doit se plier durant sa vie n’ont pas toutes des qualités intrinsèquement motivantes.
Cette question soulève alors l’exploration d’un autre type de motivation caractérisée par deux
phénomènes internes : l’identification de la valeur de l’activité (ou régulation) et son niveau
d’appropriation au « soi » (ou intégration). Ce type de motivation appelée extrinsèque est
détaillé sous les différentes formes. Les travaux de Deci et Ryan ont alors donné naissance à
4
une théorie motivationnelle représentée par un continuum figurant les différentes formes de
motivation possibles. Le continuum permet de classer les niveaux d’autodétermination en
fonction du degré d’internalisation de la motivation. On trouve à son niveau le plus faible
l’amotivation
dans le cas d’absence d’intention personnelle dans l’action ou même
d’engagement dans l’action. L’amotivation peut résulter d’une non-valorisation de l’activité,
d’un sentiment d’incompétence ou encore de visions de perspectives non désirées. Le niveau
le plus fort de motivation se rapporte au comportement autodéterminé émanant d’une
motivation intrinsèque liée à des satisfactions inhérentes à l’action elle-même.
Entre ces deux extrêmes se situent quatre types de motivations externes avec quatre
degrés croissants d’internalisation et donc d’autonomie. Les auteurs insistent sur le fait que
ces stades ne décrivent pas une progression à suivre pour augmenter ses capacités cognitives,
mais le développement des capacités cognitives chez l’enfant tend vers un accroissement de
l’autorégulation et de l’internalisation (Chandler et Connell, 1987).
Dans l’échelle d’autodétermination, le comportement le moins autonome correspond au
mécanisme de régulation externe. Il
s’exprime lorsqu’un individu est motivé par des
éléments externes tels une récompense ou une demande. Il n’y a pas de régulation interne qui
se met en place. C’est le comportement typiquement observé dans la théorie du
conditionnement opérant de Skinner (1953). Vient ensuite la régulation introjectée où
l’individu commence à intérioriser dans une certaine mesure les contraintes extérieures. Le
comportement est motivé par le maintien de l’estime de soi (Deci et Ryan, 1995). En d’autres
termes, ce type de motivation est contingent à une régulation du comportement par l’ego. Un
niveau supérieur d’autodétermination est atteint par la régulation identifiée. Elle implique une
conscience de la valorisation du comportement par l’activité et de son importance. Enfin la
forme la plus autonome rencontrée dans la motivation extrinsèque est la régulation intégrée.
Les valeurs de l’activité sont totalement assimilées et se confondent avec les valeurs et
besoins du « moi ». Les individus mus par une motivation extrinsèque reposant sur une
régulation intégrée sont aussi ceux qui font l’expérience d’une plus grande autonomie dans
l’action.
Cette théorie des motivations a d’ailleurs fait l’objet d’études étendues dans plusieurs
domaines de la vie courante. A l’école ou dans la santé les chercheurs ont pu attester des
corrélations entre les niveaux de motivation interne et des comportements positifs, comme
par-exemple la persévérance, la performance et le sentiment de bien-être. Néanmoins, ils ont
aussi démontré que les sentiments de compétence, d’appartenance et d’autonomie n’opèrent
que s’ils sont supportés par le contexte social. Par-exemple pour capter puis s’approprier le
5
sens et les valeurs d’une activité (besoin d’autonomie) l’individu doit être exempt de
pressions extérieures qui entraveraient sa liberté de pensée. De plus les contextes qui
contrecarrent les trois besoins psychologiques fondamentaux contribuent à l’aliénation et le
mal-être. En conséquence un examen du support contextuel des trois besoins fondamentaux
peut permettre une facilitation de la réussite et améliorer le diagnostic des sources possibles
d’aliénation
Les recherches ultérieures ont été axées sur l’universalité de l’existence des trois
besoins fondamentaux (la compétence, l’autonomie et l’appartenance), ainsi que leur relation
avec la santé mentale. Il en ressort que quelle que soit l’époque de la vie ou la culture des
personnes, la variabilité de réalisation des individus est dépendante de la valorisation ou non
des trois besoins essentiels par le contexte socio-culturel. Quant au bien-être psychique, les
indicateurs montrent, qu’indépendamment des circonstances culturelles, il augmente avec le
degré de satisfaction de réalisation des besoins fondamentaux.
En résumé la préoccupation première de théorie de l’autodétermination est le bien-être
de l’individu. Elle s’est développée à partir du postulat que l’individu est naturellement enclin
à être actif et intégré, mais elle assume aussi le fait qu’il peut se montrer vulnérable à la
passivité. Les investigations ont mis en évidence la force des effets des facteurs contextuels
sur l’expression de la croissance développementale de l’individu ou sur l’exploitation de sa
vulnérabilité. Si l’environnement supporte les trois besoins fondamentaux que l’individu veut
satisfaire, soit la perception d’autonomie de compétence et de lien avec les pairs, l’individu
agit
sous
l’impulsion
d’une
motivation
intrinsèque
avec
une
grande
qualité
d’accomplissement. Par-contre si les conditions étouffent plus ou moins ces besoins, le
comportement bascule vers une motivation extrinsèque, soit basée sur des facteurs externes. Il
en résulte un engagement dans la réalisation de la tâche variable
selon la capacité de
l’individu à intérioriser les valeurs extérieures. Dans le pire des cas il est possible d’observer
le développement de détresse et autres symptômes psychopathologiques.
Pour conclure, Deci et Ryan rappellent que les applications de la théorie d’autodétermination ont une portée large. En effet elle peut intéresser tous les professionnels et
éducateurs intéressés à promouvoir une bonne performance et le bien-être.
6
Bibliographie
Chandler, C. L. & Connell, J. P. (1987). Children’s intrinsic, extrinsic and internalized
motivation : A developmental study of children’s reasons for and disliked behaviours. British
Journal of Developmental Psychology, 5, 343-360.
Deci,E. L., Koestner, R. & Ryan, R. M. (1999). A meta-analytic review of experiments
examining the effects of extrinsic rewards of intrinsic motivation. Psychological Bulletin,
125, 627-668.
Fischer, C. D. (1978). The effect of personal control, competence, and extrinsic reward
systems on intrinsic motivation. Organizational Behaviour and human Performance, 21, 273288.
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Fiche de lecture N°2
Titre de l’article : Self-Efficacy
Auteur: Alfred Bandura
Ouvrage: Encyclopedia of human behavior
Année: 1994
Nombre de pages: 15 pages / Fiche de lecture pages 1 à 9 (chapitres I à III)
Thème: Le concept d’auto-efficacité
Keywords: Perceveid auto-efficacy, self-belief, capability, mastery, human accomplishment,
well-being
Mots-clés: auto-efficacité perçue, croyance en soi, capacité, maîtrise, sentiment
d’accomplissement, bien-être
Concepts présentés dans la fiche: auto-efficacité
Référence de l’article: Bandura, A. (1994). Self-efficacy. Encyclopedia of human behavior,
4, 71-81. New York: Academic Press. (Reprinted in H. Friedman [Ed.], Encyclopedia of
mental health. (1998). San Diego: Academic Press).
Récupéré de: http://www.unitar.org/hiroshima/sites/unitar.org.hiroshima/files/17%20AF_2011_WS2%2B3_SelfEfficacy.pdf [consulté le 27.11.2014]
Fiche de lecture rédigée par : Isabelle Malnati
Résumé : L’auto-efficacité est définie par Bandura comme la croyance d’un individu en ses
capacités à exercer un contrôle sur son fonctionnement et sur les évènements de sa vie. C’est
une ressource psychologique qui favorise l’engagement intentionnel dans une activité, la
persévérance ainsi que la performance, et donc les chances de succès dans la réalisation. Elle
diminue la vulnérabilité au stress et à la dépression en influant positivement sur les capacités
cognitives, émotionnelles et comportementales d’une personne. La croyance en l’efficacité
personnelle se construit à partir de quatre processus cognitifs définis qu’il est possible de
renforcer, et se caractérise par une évaluation optimiste de ses compétences. Finalement le
niveau de sentiment d’auto-efficacité impacte les choix de vie car il permet ou non de
surmonter les difficultés rencontrées pour s’accomplir. Il participe ainsi à l’accès au bien-être
d’une personne.
8
Synthèse
L’article présenté figure dans deux encyclopédies de sciences humaines américaines.
L’auteur Albert Bandura est un psychologue canadien, chef de file du courant de la
psychologie cognitive. Il est connu pour sa théorie sociale cognitive qui place l’individu au
cœur d’une triade d’interactions entre des facteurs cognitifs, comportementaux et contextuels.
Cet extrait présente le noyau épistémologique de la notion de sentiment d’efficacité
personnelle, élément central de la théorie sociale cognitive.
Le sentiment d’auto-efficacité se définit par
la croyance d’une personne en ses
capacités à produire des niveaux de performance exerçant une influence sur les évènements
de sa vie. Les croyances en l’efficacité personnelle déterminent la façon dont les personnes
pensent, ressentent les évènements, se motivent et se comportent. Elles favorisent
l’accomplissement personnel et le sentiment de bien-être. Une personne avec un fort
sentiment d’efficacité aborde une tâche difficile comme un défi à relever, ce qui augmente
l’intérêt qu’elle y trouve et la pousse à persévérer malgré les problèmes rencontrés. De plus,
en cas d’échec, la récupération du sentiment d’efficacité est plus rapide car les difficultés sont
imputées à un manque d’efforts ou des connaissances insuffisantes, ce qui favorise par
conséquence l’orientation vers de nouveaux succès. Cette assurance en ses compétences
réduit en outre le stress, et diminue le risque de dépression. A contrario une personne qui
doute de ses capacités voit dans la difficulté une menace à éviter. Ses aspirations sont réduites
et son implication dans la poursuite des buts qu’elle s’est fixée faible. Devant un obstacle elle
s’appesantit sur ses insuffisances et abandonne la tâche rapidement. Cette personne met du
temps après un échec à retrouver son sentiment d’efficacité. Elle perd facilement confiance
en soi, et est plus exposée au stress et à la dépression. Le sentiment d’efficacité opère aussi au
niveau du groupe lorsqu’un effort collectif est nécessaire pour produire un changement
significatif. En effet la croyance en l’efficacité du groupe comme entité unifiée stimule
l’effort collectif, la persévérance en cas d’entraves à la réussite, et favorise ainsi les chances
de succès.
La principale source de développement du sentiment d’auto-efficacité est l’expérience
du succès, après avoir persévéré dans l’effort pour surmonter des obstacles. Elle permet de
construire une forte croyance d’efficacité personnelle, tandis que les échecs la minent. La
deuxième source, appelée expérience vicariante, correspond au développement des
compétences par l’observation de la réussite ou de l’échec des semblables. Dans ce cas, plus
l’identification au modèle est grande, plus l’expérience est persuasive. La persuasion verbale
est un autre facteur de développement, mais utilisée seule son impact est plutôt faible. Enfin
9
la quatrième possibilité de construction du sentiment d’auto-efficacité repose sur la maîtrise
des éléments émotionnels et l’interprétation des états physiologiques en signes positifs de
performance.
Le sentiment personnel d’efficacité a un impact important dans la régulation de quatre
processus psychologiques majeurs. Dans les processus de cognition, un sentiment d’efficacité
fort permet de fixer des objectifs stimulants et de conserver une pensée analytique et positive
malgré les pressions extérieures et les échecs. A contrario une personne qui doute de ses
compétences présente face à une difficulté à gérer un raisonnement qui tend à se détériorer,
ce qui affecte sa performance et l’incite à revoir ses aspirations à la baisse.
Par ailleurs, les croyances en l’efficacité personnelle ont un rôle clef dans le processus
de motivation cognitive. En effet elles président les trois activateurs fondamentaux de la
motivation, c’est-à-dire l’attribution causale d’une action, la perception de la valeur donnée à
un résultat et la perception de contrôle d’une activité. Ainsi par un processus cognitif
d’évaluation anticipée, le sentiment d’efficacité personnelle impacte l’ambition dans le choix
des objectifs et dans les attentes de résultats. Il influence la persévérance, ce qui se répercute
sur la qualité de la performance. De ce fait, un doute sur ses capacités peut engendrer un
abandon rapide devant la difficulté.
D’un point de vue émotionnel, le sentiment d’efficacité donne une perspective positive
de ses capacités à affronter une situation perçue comme menaçante. Le contrôle des facteurs
de stress diminue l’anxiété et rend courageux, alors que l’impression d’être incapable de gérer
la menace augmente l’angoisse, nuit à la stratégie de défense et engendre l’évitement. De
même le sentiment de contrôle de l’angoisse diminue l’anxiété, la vulnérabilité à la dépression
et le comportement d’évitement.
L’auteur explique qu’un sentiment d’efficacité fort a des répercussions positives sur la
santé. Une exposition d’un individu avec un faible sentiment d’efficacité à des facteurs de
stress a des effets biologiques dégradants sur le système immunologique et la santé. Parcontre lorsqu’on pourvoit une personne de moyens opérant de gestion de stress on peut
escompter des effets bénéfiques sur le système immunitaire. De même un fort sentiment
d’efficacité sociale stimule les interactions sociales. Un sentiment d’incapacité à réaliser ses
aspirations sociales ou à développer un environnement social fiable peut engendrer une
dépression qui conduit à l’isolement. Aussi le sentiment d’efficacité personnelle favorise les
comportements de santé car il favorise la motivation et la persévérance dans l’adoption et le
maintien de nouvelles habitudes de vie.
10
La théorie sociale cognitive accorde beaucoup d’importance à l’accompagnement dans
les expériences de maîtrise guidées pour restaurer un sentiment d’efficacité et transformer un
comportement. En cas de phobie, l’aménagement de situations de coping (stratégies de « faire
face ») en dosant le temps d’exposition et la difficulté laisse apparaître en peu de temps des
attitudes positives qui l’emportent sur le comportement phobique, l’anxiété et le stress.
Ainsi le sentiment d’efficacité personnelle influence beaucoup de paramètres qui
orientent les choix de vie, se répercutant au final sur le développement personnel. Une
croyance optimiste en ses capacités stimule la possibilité de surmonter les nombreux obstacles
inhérents à la réalité pour parvenir à l’accomplissement et au bien-être. Cet optimisme est issu
d’une surévaluation personnelle de l’habilité à gérer une situation, résultant d’un mécanisme
de distorsion positive d’appréciation de la réalité. Cet élan explique d’ailleurs bien des
réussites comme par-exemple celles de réformateurs sociaux ou de grands novateurs dotés
d’un sens d’auto-efficacité résistant. En effet, malgré des croyances idéalisées, des résultats
futurs incertains ou des réactions sociales défavorables, ces personnes persévèrent grâce à une
vision optimiste de leurs capacités, et finissent par apporter des changements bénéfiques à la
collectivité. De même les arts regorgent d’exemples d’artistes, qui, malgré un parcours initial
fait d’hostilité, de rejets et d’échecs répétés, ont persévéré, soutenus par leur sentiment
d’efficacité personnelle, et finalement ont créé des œuvres magistrales.
11
Fiche de lecture n° 3
Titre de l’article : Patient empowerment in theory and practice: Polysemy or cacophony?
Auteurs: Isabelle Aujoulat, William d’Hoore, Alain Deccache
Revue: Patient Education and Counseling, Volume 66, Issue 1, Pages 13–20, April 2007
Année: avril 2007
Nombre de pages: 8
Thème: Lien entre processus d’empowerment et éducation du patient atteint de maladie
chronique
Keywords: Chronic illness; Patient education; Provider–patient interaction; Patient
empowerment; Self-determination; Self-management
Mots-clés : maladie chronique, éducation du patient, Interaction soignant/soigné, autodétermination, auto-gestion
Concepts présentés dans la fiche: théorie de l’empowerment, théorie de l’autodétermination et de l’auto-gestion
Référence de l’article : Aujoulat, I., d’Hoore, W. & Deccache, A. (2007). Patient
empowerment in theory and practice: polysemy or cacophony? Patient education and
counseling,
66(1),
13-20.
Récupéré
de :
http://www.contratualizacao.min-
saude.pt/Downloads_Contrat/Informa%C3%A7%C3%A3o%20T%C3%A9cnica%20Online/
Empowerment%20Chronic%20Patient.pdf [consulté le 10 octobre 2014].
Fiche de lecture rédigée par : Aude-Hélène BLARY
Résumé : Les auteurs proposent dans cet article de définir et d’analyser le concept
d’empowerment pour les patients atteints de maladie chronique, à la lumière d’un ensemble
d’articles scientifiques théorique et de recherches publiés entre 1997 et 2007. Les auteurs
remarquent tout d’abord que ce processus est complexe et dépend tant d’une évolution
intrapersonnelle qu’interpersonnelle. Selon eux, la relation soignant/soigné doit s’appuyer sur
un style de communication qui prend en compte l’histoire du patient et sortir du système de
compliance. Le processus doit également s’appuyer sur le principe d’autodétermination et,
ainsi, permettre aux patients de décider par eux-mêmes et pour eux en vue de faciliter la
gestion de leur maladie (autogestion). Même si les éléments de l’analyse sont assez disparates
ils permettent néanmoins aux auteurs de conclure sur une définition opérationnelle.
L’empowerment est une expérience complexe de changement personnel guidé par le principe
d’autodétermination facilité par le soignant s’il adopte une approche centrée sur le patient
dans le cadre d’une relation partenariale de co-construction.
12
Synthèse
Les patients atteints de maladie chronique voient leur vie complètement changer, ils
doivent non seulement apprendre à vivre avec la maladie mais aussi changer leur
comportement
et leurs manières de voir les choses. Cet état de fait les laisse souvent
démunis, impuissants au sens définit par Freire en 1973, impuissance qui peut nuire à la santé.
Dans ce contexte ils se retrouvent face à des soignants qui classiquement projettent des
injonctions de soins face auxquelles le patient doit faire preuve de compliance avec une
notion d’obéissance.
Mais une approche basée sur l’empowerment peut être une alternative pour développer
un autre type de relation soignant /soigné. Les auteurs s’accordent pour dire au préalable que
le concept d’empowerment est encore mal défini et sujet à des interprétations différentes.
Pour eux et à travers l’analyse du concept dans la sphère des sciences sociales, les fondements
de l’empowerment sont basés sur une philosophie humaniste qui reconnait à l’être humain son
droit et sa capacité à choisir par eux-mêmes et pour eux-mêmes.
Suite à ce constat les auteurs ont donc pour objectif de réaliser une revue de littérature
leur permettant de caractériser l’ensemble du processus d’empowerment du concept
en
passant par les objectifs, les résultats et la mise en pratique d’une méthode dans le cadre
d’action de santé.
Pour ce faire Isabelle Aujoulat et ses collègues ont procédé à une sélection d’articles
sur différentes bases de données internationales de publication scientifique. Ces articles ont
ensuite été triés à partir de différents filtres (type de maladie, empowerment des patients,
activités thérapeutique dans un cadre de service médicaux, patients adultes dans les pays
industrialisés), pour choisir les articles théoriques et de recherche les plus pertinents. Les
auteurs ont appliqué une méthode d’analyse thématique leur permettant de donner un
éclairage sur l’empowerment dans le cadre d’action d’éducation à la santé pour des malades
chroniques.
Cette analyse montre en premier lieu qu’il y a des objectifs éducatifs spécifiques liés au
processus d’empowerment. En conséquence les méthodes et les actions doivent être centrées
sur les patients en favorisant sa réflexion personnelle. Il faut pour cela favoriser les activités
de groupe, être attentif aux paroles du patient et lui laisser dire et montrer ses émotions, le
faire participer aux décisions, lui donner des exercices pratiques, donner du temps et des
outils pour évaluer le changement.
13
Les auteurs montrent aussi que ces objectifs éducatifs de renforcement de compétences
peuvent être atteints grâce à l’interaction soignant/soigné où chacun doit accepter que le
pouvoir soit redistribué grâce à un partenariat et à la co-construction de solution.
Mais selon Aujoulat et all cette relation empowered, c’est-à-dire co-construite où
chacun reconnait à l’autre son droit et sa capacité à choisir et à évoluer, ne peut apparaitre que
grâce un style de communication spécifique. Afin d’arriver à une forme de communication
favorable à l’empowerment Aujoulat and all ont identifié dans les différentes publications des
méthodes et des actions favorisantes.
Pour les auteurs la relation doit s’instaurer dans le temps, être continue et s’appuyer sur
l’expérience du patient. Comme le montrent un certain nombre d’études l’écoute active de
l’histoire du patient et la mise en sens de la part du soignant de cette histoire sont capitales
pour permettre un empowerment du patient.
En effet l’empowerment comme processus implique que les deux partenaires changent :
ni enseigner, ni éduquer au soin seulement ? Il faut déconstruire ses schémas et ouvrir la
réflexion au-delà de la maladie.
Pour les chercheurs les résultats d’une action visant à l’empowerment ne sont pas
seulement spécifiques à la maladie ou au traitement comme par exemple de meilleurs résultats
cliniques (glycémie, poids) ou une auto-efficacité plus grande. Ils sont plutôt de l’ordre du
renforcement des compétences psychosociales tel que la connaissance de soi (buts, émotion,
comportement, etc.), la connaissance de l’environnement (les ressources, les freins, les
limites) et
la manière dont l’individu va mettre en place l’interaction entre lui et son
environnement (recherche d’information, accès aux ressources,) pour aller vers ses buts
propres.
Les auteurs montrent aussi que les actions et les programmes visant l’empowerment
peuvent être analysés à partir d’un ensemble de critères d’évaluation. Ces indicateurs
concernent la maladie (traitement, croyances de santé, satisfaction du traitement, connaissance
globale), la relation soignant/soigné (satisfaction des consultations, nombre de questions
posées, le niveau d’auto efficacité, ou les compétences psychosociales (qualité de vie des
patients, niveau d’anxiété de dépression ou de détresse, nombre de jours de congé maladie,
nombre de changement). Mais ces critères ne sont
pas forcément spécifiques à
l’empowerment. Trois recherches portent sur des échelles d’évaluation de l’empowerment :
une pour mesurer le processus d’empowerment dans une relation soignant/soigné, et deux
autres pour mesurer le résultat d'une intervention favorisant l’empowerment.
14
Les auteurs déplorent que seulement deux publications proposent une évaluation faite à
partir des critères établis par les patients eux-mêmes (être à l’aise dans la relation avec son
soignant, raffermir leur désir de vivre, vouloir aider les autres, comprendre et accepter la
maladie pour vivre plus positivement). Or la définition de critères d’évaluations par les
patients est pour les auteurs un exemple fort d’empowerment. En effet si le malade définit luimême ses buts, il fait des choix pour les atteindre et en conséquence prends ces
responsabilités. En effet, le soignant en lui déléguant les objectifs, lui transmet une part du
pouvoir et lui permet de développer ses compétences et sa capacité d’effactance (d’interagir
positivement avec son environnement), marque forte de l’empowerment et proche du principe
d’autodétermination.
L’analyse leur a permis de mettre en avant l’importance de la relation soignant/soigné
comme base de l’empowerment en santé. De plus l’analyse des publications montre que le
principe d’auto-détermination semble très proche du processus d’empowerment. Des études
faites à partir de la théorie de l’autodétermination sur des pratiques de santé montre
l’importance de déterminer des objectifs propres par le patient pour parvenir à une motivation
intrinsèque et à un changement positif des comportements de santé.
Mais les auteurs
soulignent aussi que la multiplicité des indicateurs et des objectifs éducatifs pour
opérationnaliser le concept rendent floue l’idée même d’empowerment. Les résultats de
l’empowerment sont trop souvent, pour les auteurs, médicalement orientés et très normatifs.
Les résultats devraient être définis par les patients eux-mêmes pour correspondre à une
définition de l’empowerment.
En fait l’empowerment n’est pas la définition d’un comportement bien précis que le
patient devrait avoir mais la manière dont un comportement est mis en place pour arriver à un
but précis pour un individu particulier. Le patient est responsable de son choix et est
empowered même si sa décision est de déléguer sa responsabilité à son médecin par exemple.
L’auto-efficacité n’est pas synonyme d’empowerment même si cela peut être un bon
indicateur car il permet d’améliorer l’auto-gestion qui permet d’adapter son comportement
aux éléments extérieurs. Mais le changement de comportement ne suffit pas, l’empowerment
est un changement personnel dû à une autoréflexion qui permet d’avoir une conscience de soi
et de ces comportements. Les personnes sont « empowered » quand elles ont conscience de
leur manière de faire des choix et qu’elles ont le contrôle de leur décision.
Pour conclure les auteurs proposent une définition de consensus de l’empowerment à
partir de trois
éléments majeurs évoqués dans leur analyse soit l’autodétermination,
l’autoréflexion et l’autogestion. L’empowerment est une expérience complexe de changement
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personnel guidée par le principe d’autodétermination qui peut être facilité par le soignant s’il
adopte une approche centrée sur le patient dans le cadre d’une relation partenariale de coconstruction. L’empowerment c’est au final être en mesure d’agir sur son environnement
grâce à une transformation de son comportement.
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Fiche de lecture n° 4
Titre de l’article : Towards a comprehensive theory of nurse/patient empowerment :
applying Kanter’s empowerment theory to patient care
Auteurs : Heather K. Spence Laschinger, Stéphanie Gilbert, Lesley M. Smith et Kate Leslie
Revue: Journal of Nursing Management
Année: Novembre 2009
Nombre de pages : 9
Thème: Lien entre empowerment du soignant et du patient et management
Keywords : nursing, patient care, patient empowerment,
psychological empowerment,
structural empowerment
Mots-clés : soins, soins aux patients, empowerment du patient, empowerment psychologique,
empowerment structurel
Concepts présentés dans la fiche: théorie de l’empowerment, théorie de l’auto détermination
et de l’auto-gestion
Référence de l’article : Spence Laschinger, H. K., Gilbert, S., Smith, L. M. & Leslie, K.
(2010), Towards a comprehensive theory of nurse/patient empowerment: applying Kanter’s
empowerment theory to patient care. Journal of Nursing Management, 18, pp. 4–13.
doi: 10.1111/j.1365-2834.2009.01046.x
Récupéré
de :
http://lib.gen.in/next/MTAuMTExMS9qLjEzNjUtMjgzNC4yMDA5LjAxMDQ2Lng=/laschin
ger2010.pdf [consulté le 21 octobre 2014].
Fiche de lecture rédigée par : Aude-Hélène BLARY
Résumé : La publication propose, à partir des théories de Kanter et de l’empowerment
psychologique de Spreitzer, de développer un modèle élargi s’adressant aux infirmières et aux
patients. Ce modèle vise à favoriser l’empowerment du patient par la pratique d’un
management favorisant l’empowerment du soignant. Il vise à mettre en rapport les besoins
des patients et des soignants à travers un ensemble d’items, à savoir l’accès à l’information,
aux ressources, aux différentes formes de soutien et aux opportunités d’apprentissage et
d’avancement. Ces différents items sont déclinés ensuite en mode d’actions pratiques dans le
cadre de la relation infirmière/patients. Les auteurs proposent en conclusion que ce modèle
serve de base à un travail de recherche pour évaluer l’effet de leur programme sur le
développement du niveau d’empowerment des infirmières et des patients.
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Synthèse
Les auteurs proposent dans cette publication de faire le lien entre la théorie de Kanter et
la théorie de l’empowerment psychologique de Spreitzer pour les transposer dans le cadre des
soins infirmiers et de la relation soignant/soigné.
La théorie de Kanter est une grille de lecture des enjeux de pouvoir dans les entreprises.
C’est une vision managériale et structurelle du processus d’empowerment. Le management
consiste donc ici à pourvoir ses employés avec des « outils de capacités », de manière à
maximiser leur habileté à accomplir leur travail en pleine conscience.
La théorie managériale de Kanter décrit donc les structures nécessaires à
l’empowerment des employés dans une entreprise. Pour être « empowered » les travailleurs
doivent avoir accès à des conditions de travail permettant une perspective d’évolution dans
l’emploi (structure d’opportunité) et un accès facilité à l’information, aux soutiens et aux
ressources (structure de capacité). L’accès à l’ensemble de ces structures d’empowerment sera
facilité par des systèmes de pouvoirs formels ou informels. Le pouvoir formel dépend des
activités professionnelles qui autorisent de la flexibilité et de la discrétion dans la prise de
décision. Le pouvoir informel dépend des alliances et relations entre les personnes issues des
différents niveaux de l’entreprise.
La théorie de Kanter décrit ainsi les éléments indispensables pour accéder à
l’empowerment dans un système. La théorie de l’empowerment psychologique de Spreintzer,
quant à elle, propose de donner les éléments du développement de l’empowerment de
l’individu dans le cadre du travail. Elle décrit les mécanismes qui affectent les attitudes et les
comportements des employés. Elle comprend quatre composantes : l’autonomie, l’auto
efficacité, le sens du travail fait en pleine conscience et l’habileté à avoir un impact sur
l’entreprise.
Ces théories proposent une liste d’items déclinés en structure de capacité, structure
d’autonomie, autonomie, auto-efficacité, sens du travail et impact sur la structure,
correspondant aux besoins des employés dans les entreprises pour arriver à un empowerment
global.
Il apparaît dans diverses recherches qu’une infirmière avec un bon niveau
d’empowerment assurera des soins de meilleure qualité, sera plus investie mais aussi
favorisera l’accès des patients à l’ensemble des facteurs d’empowerment. Les chercheurs ont
donc décidé de faire le lien entre ces deux théories pour proposer un modèle d’empowerment
de la relation soignant/soigné qui peut être utilisé comme base de pratique du développement
de l’empowerment en soins infirmiers.
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Pour ce faire les auteurs propose de transposer la liste structurelle d’items du monde
managérial au monde médical pour favoriser un environnement où le soignant sera proactif,
satisfait de son travail, plus efficace. Il produira ainsi une qualité de soins plus élevée. Ces
items comprennent les différentes formes de soutien (accès aux sources permettant une
augmentation de l’efficacité), l’accès aux ressources (avoir des habiletés pour avoir accès aux
matériels, argent, etc.) et accès à la connaissance (opportunités d’apprentissage et/ou
d’avancement pour les infirmières).
Ainsi pour un accès facilité aux soutiens les auteurs proposent aux infirmières un
ensemble de pratiques : écouter et évaluer les peurs, les inquiétudes, les besoins, les
croyances, les pensées et les sentiments des patients. Les infirmières doivent donc réfléchir à
un objectif commun avec le patient et leur donner les moyens de l’exprimer. Pour l’accès aux
ressources les auteurs insistent sur une pratique professionnelle donnant du temps à
l’infirmière et aux patients pour trouver des alternatives, donner accès à une équipe
pluridisciplinaire et identifier les ressources internes et externes. L’accès aux opportunités
d’apprentissage doit être basé sur un partenariat global avec le patient et sa famille qui devra
tenir compte des niveaux de compréhension de ceux-ci en évitant le jargon professionnel.
Le développement des pouvoirs formels s’appuie sur la capacité de l’infirmière à aider
le patient à identifier des stratégies d’alliances fortes pour la gestion de sa santé au quotidien.
Alliance qui commencera dans la relation infirmière/patient. Le développement du pouvoir
informel dans le cadre de la relation de soin s’appuie sur le développement pour le patient de
son propre niveau de performance pour faire face aux soins ou à des situations d’urgence.
L’infirmière devra pour cela encourager la participation au soin, se centrer sur les besoins
d’autodétermination du patient, être flexible et ne pas prendre de posture de domination.
Mais pour pouvoir faciliter ces pratiques les auteurs insistent sur le fait que les
infirmières doivent elles-mêmes être dans une organisation qui facilite leur propre
empowerment.
Les chercheurs concluent que cette grille peut être utile comme base de travail dans le
cadre d’un programme de recherche. Ce programme permettrait d’évaluer et de valider ces
items pour développer l’empowerment de la relation infirmière/patient. Elle donnerait aussi
des clés pour une réflexion globale sur les conditions de travail des infirmières comme levier
des meilleures conditions de santé du patient.
Cette publication permet donc d’un même regard d’embrasser l’empowerment du
patient et du soignant dans une même grille de lecture théorique et de servir de base à un futur
programme de d’évaluation de son bien-fondé.
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Bibliographie :
Kanter R.M. (1977). Men and Women in the Corporation. Basic
Books, New York, NY.
Spreitzer G.M. (1995). Psychological empowerment in the workplace: construct definition,
measurement and validation. Academy of Management Journal, 38 (5), 1442–1465.
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