Ann Biol Clin, vol. 67, n° 6, novembre-décembre 2009 689
congrès
à la pénicilline (PLP). S. pneumoniae possède 6 PLP : PLP
1a, PLP 1b, PLP 2a, PLP 2x, PLP 2b, PLP 3. Les PLP
2b et 2x sont principalement concernées pour l’action de
la pénicilline G. Chaque bêtalactamine inhibe plusieurs
PLP qui diffèrent selon les molécules d’antibiotique. Ces
modifi cations font suite à une mutation ponctuelle et/ou
à une recombinaison génétique par transfert de gènes de
PLP issus d’espèces voisines de la sphère oropharyngée
(Streptococcus mitis, Streptococcus oralis) qui aboutit à
la formation de gènes mosaïques. La modifi cation des PLP
entraîne une augmentation des CMI de toutes les bêtalac-
tamines, mais l’ampleur de cette augmentation est variable
selon les molécules. Selon le nombre et la nature des PLP
modifi ées, les CMI des différentes bêtalactamines augmen-
tent de façon imprévisible. C’est la raison pour laquelle
il est recommandé de déterminer la CMI de la bêtalacta-
mine utilisée en cas d’infection sévère, d’échec clinique et
de souches suspectées d’être des PSDP lors du screening
microbiologique [1].
Fluoroquinolones
Certaines espèces bactériennes peuvent faire l’acquisition
de mécanismes de résistance qui entraînent une légère
augmentation de la CMI par rapport aux souches sauvages,
sans que cette augmentation ne justifi e une catégorisation
en I ou R. Dans ce cas, le risque de sélection de mutants
résistants in vivo existe et de telles souches doivent être
dépistées. Une des familles les plus concernées par ce risque
est celle des fl uoroquinolones. Depuis 2004, le CA-SFM
préconise la recherche d’une sensibilité diminuée aux
fl uoroquinolones chez S. pneumoniae [1, 3, 4]
Conclusion
En France, comme dans d’autres pays du Sud de l’Europe,
le pourcentage de souches de pneumocoques de sensibi-
lité diminuée à la pénicilline a très fortement augmenté en
15 ans, passant de 0,5 % à 53 % en 2002, pour redescendre
à 35,4 % en 2007 [2]. Il faut souligner l’absence d’isole-
ment de souches de haut niveau de résistance à la pénicilline,
les souches ayant des CMI supérieures à 8 mg/L à la pénicil-
line, l’amoxicilline ou le céfotaxime étant exceptionnelles.
Les CMI doivent être mesurées en cas d’infection sévère,
d’échec clinique et de souches suspectes d’être de sensibi-
lité diminuée. L’expérience montre que cette mesure reste
délicate. De plus, cette résistance à la pénicilline est asso-
ciée dans 91,3 % des cas à d’autres résistances, érythro-
mycine, cotrimoxazole, chloramphénicol ou tétracyclines,
faisant du pneumocoque une des principales bactéries
multirésistantes responsables d’infections communau-
taires. Des molécules plus récentes actives sur le pneumo-
coque sont actuellement commercialisées : télithromycine,
linézolide, lévofl oxacine et moxifl oxacine. Concernant les
fl uoroquinolones, l’apparition de souches résistantes reste
un phénomène mineur actuellement.
Références
1. Recommandations 2008 du Comité de l’antibiogramme de la Société
française de microbiologie (CA-SFM). (www.sfm.asso.fr).
2. Varon E, Gutmann L. Rapports d’activité 2006 2007 2008. Centre
national de référence du pneumocoque. (www.invs.santé.fr).
3. Varon E, Houssaye S, Grondin S, Gutmann L. Non molecular test for
detection of low-level resistance to fl uoroquinolones in Streptococcus
pneumoniae. Antimicrob Agents Chemother 2006 ; 50 ; 572-9.
4. Varon E, Chardon H. Pneumocoques et fl uoroquinolones : tests in vitro
et conséquences. In : B. Rouveix B, J. M. Decazes JM, eds. 3e actualité
en thérapeutique anti-infectieuse. Paris : EDK, 2003 : 155-60.
Épidémiologie de la résistance :
bilan des Observatoires régionaux
du pneumocoque (ORP)
M.C. Ploy 1, R. Baraduc 2, H. Bonnabau 1, M. Brun 3,
G. Chabanon 4, H. Chardon 5, et al.
1Centre hospitalier universitaire (CHU) Limoges, 2CHU
Clermont-Ferrand, 3CHU Montpellier, 4CHU Toulouse,
5Centre hospitalier (CH) Aix en Provence, 6CHU Grenoble,
7CH Meaux, 8CH Saint Brieuc, 9CHU Besançon, 10CHU
Nice, 11CH Mulhouse, 12CHU Poitiers, 13CHU Nancy,
14CHU Amiens, 15CHU Angers, 16CHU Bordeaux, 17CHU
Dijon, 18CHU Cochin-Paris, 19CHU Saint-Etienne, 20CHU
Lille, 21CHU Caen, 22CHU Reims, 23Institut de veille sani-
taire (InVS), 24Centre national de référence des pneumoco-
ques (CNRP), 25CHU Tours.
Le pneumocoque est une bactérie responsable d’infec-
tions variées, pneumonies, méningites, otites moyennes
aiguës, bactériémies, avec une mortalité et une morbidité
élevées. Ces infections concernent aussi bien l’enfant
que l’adulte avec toutefois une incidence plus élevée aux
âges extrêmes de la vie [1]. Le pneumocoque est une
bactérie naturellement sensible à de nombreux antibioti-
ques dont la pénicilline mais, à partir de 1979, en France,
des souches de pneumocoque de sensibilité diminuée à la
pénicilline (PSDP) sont apparues [2]. Depuis, les souches
de PSDP ont été très prévalentes atteignant 55,4 % des
souches de pneumocoque isolées en 2001, et ceci parti-
culièrement chez l’enfant avec un taux de PSDP de 71 %
en 2001 [3]. La France était alors le pays d’Europe avec
les plus forts taux de PSDP (http://www.earss.rivm.nl).
De plus, au sein d’un même pays, des variations impor-
tantes peuvent exister selon les régions. Une surveillance
régulière des souches de pneumocoque est donc indispen-
sable à l’échelle d’une région, d’un pays, vu l’importance
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