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Il faut savoir que la division cellulaire
bactérienne se fait en deux grandes
étapes : l’élongation et la constriction de
la cellule. Pendant la phase d’élongation,
la bactérie produit du peptidoglycane, le
composant majeur de la paroi qui
confère la forme définitive à la cellule.
Ce peptidoglycane va pousser MapZ vers
le centre des deux cellules filles. MapZ
va donc marquer de manière
permanente le milieu de la cellule. A
partir d’une certaine taille, le
peptidoglycane ne va plus être utilisé
pour allonger la cellule mère mais pour
permettre la séparation des deux cellules
filles. Nous avons montré que cette
phase de constriction est également
contrôlée par la phosphorylation de
MapZ par la serine/thréonine kinase
membranaire StkP.
Ce mécanisme d’identification du
site de division bactérien est-il
conservé ?
Le gène codant pour MapZ est présent
dans plusieurs phyla bactériens. Une
analyse exhaustive des génomes
bactériens nous a permis de le détecter
chez les entérocoques, streptocoques et
lactocoques. Il n’est pas présent chez les
bactéries à Gram négatifs. Ceci illustre la
diversité des mécanismes de division
cellulaire bactérienne. Chaque bactérie
est donc un microorganisme à part
entière et chaque espèce développe des
processus qui lui sont propres et pas
forcément généralisables.
Vos travaux ont fait l’objet d’une
publication dans la prestigieuse
revue Nature2 et ont eu un grand
écho dans la communauté
scientifique… Quelles en sont les
applications potentielles ?
La résistance du pneumocoque aux
antibiotiques est notamment liée à sa
capacité à produire des mutations au
niveau des enzymes impliquées dans la
synthèse de la paroi. Ces mutations
rendent le pneumocoque insensible à de
nombreux antibiotiques actuellement
utilisés. Au niveau de la prévention, c’est
le même constat. Plus de cent sérotypes
du pneumocoque existent alors que les
vaccins n’en ciblent qu’une vingtaine. Il y
a donc un risque de voir des sérotypes
nouveaux, non ciblés par les vaccins,
émerger et induire des infections. A ce
jour, le pneumocoque est toujours
responsable de plus d’un million et demi
de morts par an dans le monde,
principalement chez les enfants et les
personnes âgées. Il y a donc un besoin
urgent de trouver de nouveaux moyens
de lutte contre les infections liées à cette
bactérie.
Dans ce contexte, les protéines
impliquées dans les mécanismes de la
division cellulaire représentent un
réservoir très intéressant de cibles
thérapeutiques pour lutter contre les
infections bactériennes. En effet c’est un
processus indispensable qui n’est
pourtant encore pas exploité aujourd’hui.
En bloquant la division cellulaire, on aura
alors un nouveau moyen de traitement
des infections liées au pneumocoque et
potentiellement à d’autres bactéries
pathogènes. De plus, vue la diversité des
mécanismes, on peut envisager que ces
futures molécules permettront de lutter
sélectivement contre certaines espèces
en ménageant d’autres espèces
profitables pour la santé.
De la même manière, une autre
approche intéressante consiste à cibler la
synthèse de la capsule polysaccharidique
du pneumocoque. Ces composés
définissent le sérotype d’une souche et