Cas clinique
un «Canal bleu»
Caroline BONNET
C.H.U. Bocage, DIJON
Il s’agit d’une jeune-femme âgée de 29 ans d’origine cam-
bodgienne en France depuis quelques mois. Elle consulte
pour bilan de dyspnée au moindre d’effort et accès de
palpitations. Cette symptomatologie est ancienne et s’est
accentuée depuis 1 an. Elle n’a pas de facteurs de risque
cardiovasculaires ni d’antécédents notables hormis la notion
de «problème cardiaque» à la naissance classé sans suite.
Il n’y a pas d’antécédents familiaux. Elle ne prend pas de
traitement et elle n’a pas d’allergie.
A l’examen sa tension artérielle est normale. Il existe une
désaturation prédominant aux membres inférieurs à 76%
contre 88% aux membres supérieurs. Les bruits du cœur
sont réguliers avec un éclat de B2 au foyer pulmonaire. Les
pouls sont tous perçus et il n’y a pas de signes d’insuffi-
sance cardiaque.
L’ECG s’inscrit en rythme sinusal avec une surcharge
droite (Image 1). A la radiographie pulmonaire, il existe
une saillie importante de l’arc moyen gauche évoquant
une dilatation de l’artère pulmonaire tronc (APT). Il n’y a
pas de surcharge vasculaire pulmonaire. Il n’y a pas de
cardiomégalie (Image 2).
A l’échocardiographie, on retrouve une dilatation importante
des cavités droites avec une hypertrophie ventriculaire
droite (Image 3). Les cavités gauches sont de tailles nor-
males mais déviées. Le septum inter ventriculaire est plat en
faveur d’une pression ventriculaire droite au moins iso sys-
témique (Image 4). En para sternal petit axe (PSPA), on
confirme les données de la radiographie pulmonaire avec
une dilatation importante de l’APT à 44mm et des branches
pulmonaires (Image 5). Il existe une hypertension artérielle
pulmonaire systolique (HTAP) estimée sur le flux IT à
105mmHg (Image 6). Il n’est pas retrouvé d’obstacle sur la
voie éjection droite. Le flux trans-valvulaire pulmonaire est
typique avec l’encoche méso systolique témoignant d’une
HTAP importante (Image 7). La fonction d’éjection ventricu-
laire droite st conservée comme en témoigne le TAPSE (20
mm) et la mesure de l’onde S à l’anneau (10.3cm/s).
Sur la base de ces premières constations, les hypothèses
diagnostiques sont une HTAP secondaire à une cardiopathie
congénitale (communication inter auriculaire associée ou
non à un retour veineux pulmonaire anormal, communica-
tion inter ventriculaire…) ou secondaire à une cardiopathie
notamment valvulaire. L’échocardiographie ne retrouve
d’anomalies architecturales ni de cardiomyopathie ou encore
de valvulopathie gauche. L’hypothèse d’une fenêtre aorto-
pulmonaire ou d’une HTAP primitive sont à évoquer mais
cela n’explique pas l’asymétrie de désaturation observée
entre les membres supérieurs et inférieurs.
Figure 1 Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
46 • mARs 2012 - N°27
SESSION d’OCTOBRE 2011