
lombalgies mécaniques mais celles-ci peuvent prendre un
caractère inflammatoire (souvent lors de la présence conco-
mitante d’un œdème dans les plateaux vertébraux), s’ac-
compagner de radiculalgie ou de claudication neurogène.
Les symptômes de compression neurologique peuvent être
unilatéraux, par compression du côté concave ou par éti-
rement du côté convexe.
L’examen clinique s’attachera à vérifier l’horizontalité
du bassin, le patient en position debout. Une inégalité de
longueur des membres inférieurs peut parfois être un fac-
teur décompensant des lombalgies sur scoliose. L’ampli-
tude articulaire des hanches et des genoux doit également
être testée : une coxarthrose responsable d’un flexum peut
également être un facteur décompensant de douleurs et
représente une priorité dans la prise en charge chirurgi-
cale globale de ces patients. C’est en flexion, bras tendus,
que l’on repère le mieux une gibbosité lombaire, thoraco-
lombaire ou thoracique dans le cas d’anciennes scolioses
idiopathiques de l’adolescent. Il faut également observer
l’équilibre global du patient dans le plan frontal (aligne-
ment des ceintures pelvienne et scapulo-thoracique) et
sagittal (lordose, cyphose). Les patients les plus sympto-
matiques seront ceux qui présentent une déformation en
cyphoscoliose : ils marchent penchés en avant (cyphose)
et penchés sur le côté (déviation de la ceinture scapulo-
thoracique par rapport au bassin, due à la scoliose). La dé-
pense d’énergie pour ces patients est énorme, car ils luttent
constamment pour ne pas tomber en avant. Dans le cadre
d’une consultation spécialisée, nous nous attacherons
également à tester cliniquement la réductibilité de la sco-
liose. L’examen clinique neurologique est par contre le plus
souvent normal.
bilan radiologique
La scoliose dégénérative se manifeste le plus souvent
par une lombalgie de type mécanique qui se distingue
peu de la lombalgie commune. Un bilan radiologique est
souvent prescrit dans l’idée d’éliminer un tassement ver-
tébral dans une population à risque ou lorsque l’examen
clinique suggère un trouble statique, déséquilibre frontal
ou gibbosité. L’évaluation comporte toujours des clichés
standards, patient debout. Il faut distinguer l’attitude sco-
liotique, déviation posturale, de la vraie scoliose caracté-
risée par une rotation des corps vertébraux (les pédicules
sur la radiographie de face ont une taille apparente asy-
métrique et les apophyses épineuses ne sont pas alignées).
Dans le cas de scoliose dégénérative, les corps vertébraux
conservent un aspect carré (sauf en présence de tassement
ostéoporotique) et n’ont pas la forme trapézoïde typique-
ment rencontrée lorsque la scoliose a débuté dans l’ado-
lescence. Le cas échéant, l’équilibre général sera évalué
par des clichés de colonne totale de face et de profil.
En cas de syndrome radiculaire persistant ou de claudi-
cation neurogène invalidante, une IRM est utile afin de pré-
ciser la localisation et l’étendue de la sténose ainsi qu’une
éventuelle hernie discale associée.
traitements conservateurs
Il n’existe aucune littérature spécifique de qualité con-
cernant l’efficacité des traitements pharmacologiques ou
physiothérapeutiques dans cette indication. On se basera
donc par analogie à ce qui se fait dans les syndromes
proches, lombalgies non spécifiques, radiculopathie par
hernie discale ou claudication neurogène sur canal lom-
baire rétréci. Il est important, comme lors de lombalgies non
spécifiques, de dépister et de prendre en charge active-
ment les principaux facteurs de risque de chronicisation
que sont l’anxiété, la dépression, alors que le catastro-
phisme et la kinésiophobie ne semblent pas être des fac-
teurs prépondérants dans cette catégorie d’âge.7 En cas
de situations complexes, un spécialiste rhumatologue ou
rééducateur aidera à la mise en place d’une prise en
charge multidisciplinaire et guidera le choix de la physio-
thérapie (gainage, étirements neuroméningés, McKenzie,
endurance, délordose, proprioception…). L’utilité de l’in-
filtration (par exemple péridurale en cas de claudication
ou de radiculalgie, ou facettaire en cas de lombalgies loca-
lisées) doit être évaluée grâce à une synthèse clinico-ra-
diologique compte tenu de la fréquence importante d’ano-
malies radiologiques dans la population asymptomatique.8
Une prudence particulière est de mise pour les infiltrations
périradiculaires (dites aussi foraminales) en raison des
effets secondaires rares mais graves (cas de paraplégies)
récemment rapportés.9 Outre l’aspect thérapeutique po-
tentiel, les infiltrations ciblées et bien évaluées apportent
des renseignements utiles lors d’une éventuelle décision
chirurgicale.
Le port d’un corset pourra être discuté même si l’on ne
peut certainement pas en attendre l’effet structurel (ralen-
tissement de l’évolution) espéré chez l’adolescent. Son
but est donc antalgique, par stabilisation mécanique. Le
plus souvent, nous proposons des corsets de type BOB
(Boston overlap brace)
puisque les scolioses dégénératives
sont le plus souvent lombaires. L’efficacité est limitée lors
de déséquilibre sagittal ou frontal important et il n’y a pas
d’indication à immobiliser en corset un patient avec une
prédominance de douleur radiculaire ou de claudication
neurogène.
quand référer un patient au
chirurgien ?
Un avis chirurgical est de rigueur lorsque le patient pré-
1360 Revue Médicale Suisse
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www.revmed.ch
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30 juin 2010
Type de scolioses Etiologies Sommets de
de l’adulte courbure
Scoliose de novo Dégénérescence discale Lombaire ou
(dégénérative primaire) et facettaire asymétrique thoraco-lombaire
Scoliose progressive Scoliose idiopathique Thoracique,
de l’adolescent ayant progressé chez thoraco-lombaire,
l’adulte lombaire
Scoliose secondaire • Pelvis oblique, inégalité Thoraco-lombaire,
de l’adulte de longueur des lombaire, lombo-sacré
membres inférieurs
• Trouble du métabolisme
osseux (ostéoporose…)
Tableau 3. Classification des scolioses de l’adulte
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