B) La kin selection = la sélection de parentèle.
1) Darwin : la sélection familiale.
Pour expliquer la stérilité des ouvrières, Darwin propose dans « De l'origine des espèces au moyen
de la sélection naturelle ou la conservation des espèces dans la lutte pour la survie », l'existence
d'une « sélection familiale » ou « sélection de groupe » : la sélection naturelle va agir sur la famille
et non sur l'individu.
Version française (P.301) (édition Flammarion) :
« Insurmontable, au premier abord, cette difficulté s'amoindrit et disparaît même, si l'on se rappelle
que la sélection s'applique à la famille aussi bien qu'à l'individu […] de légères modification de
structure ou d'instinct, en corrélation avec la stérilité de certains membres de la colonie, se sont
trouvées être avantageuses à celle-çi; en conséquence, les mâles et les femelles fécondes ont
prospéré et transmis à leur progéniture féconde la même tendance à produire des membres stériles
présentant les mêmes modifications. »
Version originale (P.259) :
« This difficulty, though appearing insuperable, is lessened, or, as I believe, disappears, when it is
remembered that selection may be applied to the family, as well as the individual […] a s1ight
modification of structure, or instinct, correlated with the sterile condition of certain members of the
community, has been advantageous to the community: consequently the fertile males and females of
the same community flourished, and trasmitted to their fertile offspring a tendency to produce
sterile members having the same modification. »
Selon Darwin le sacrifice des ouvrières stériles devait profiter à l'ensemble de la communauté, ce
qui devait conférer un avantage par rapport aux animaux solitaires. Raison pour laquelle ces
ouvrières stériles étaient maintenues au cours de l'évolution.
→ Dans ce cas, la sélection naturelle n'agit pas sur les individus, mais sur la communauté.
Néanmoins :
•absence de modèle mathématique capable de l'expliquer cette sélection de groupe.
•Sewall Wright (1948) démontre qu'un avantage conféré à groupe n'empêche pas la sélection
intra-spécifique.
•Fisher rejete dans « The genetical theory of natural selection » (1958) (2ème édition, P.49)
une explication basée sur le bénéfice de l'espèce.
2) Haldane : ébauche de la sélection de parentèle.
Dans « The causes of evolution » (1932), Haldane démontre mathématiquement que :
•la fitness d'un groupe augmente avec le nombre d'individus altruiste.
•il peut y avoir une propagation d'un gène de l'altruisme à condition que la fréquence du gène
de départ soit assez élevée et l'inconvénient individuel assez bas par rapport à l'avantage
conféré au groupe.
Haldane conclut que que l'altruisme pourrait se fixer dans les populations suffisamment divisées en
«tribus» pour le mutant altruiste puisse se rapprocher de la fréquence critique pour se fixer.