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II) Mesure du phénomène
A) Absence de données statistiques : les lacunes de la
pharmacovigilance.
En effet, de façon très surprenante, personne ne connaît précisément l'ampleur du
phénomène car il n'existe toujours pas, en France, de dispositifs d'évaluation fiables
et adaptés.
Déjà, en 1998, les membres de la Commission KOUCHNER reconnaissaient
expressément que «les chiffres de la mortalité sont impossibles à établir dans l'état
actuel des données. Dans une approximation très large, il est toutefois permis de
craindre que plusieurs milliers de malades ne décèdent chaque année en France
par iatrogénie, dont une fraction serait évitable... incontestablement, des
hospitalisations sont prolongées, des ré-interventions son nécessaires, des
souffrances et des décès sont occasionnés du fait des accidents iatrogènes».
Souvenons-nous de l'indignation qu'avaient provoquée les 15.000 décès de personnes
âgées attribués à la canicule de 2003.
Là, il s'agit d'un nombre au moins aussi élevé, sinon plus, de morts, dus, chaque
année, à la iatrogénie médicamenteuse, et tout se passe sans bruit…
Pour ajouter, si nécessaire, au scandale, le professeur QUENEAU, auteur du Rapport
de 1998, reconnaît qu' «une fraction (de ces décès), « serait évitable».
Or, plus de 15 ans après ce rapport, on continue à mourir, en France, et, selon toute
vraisemblance, dans de semblables proportions, de iatrogénie médicamenteuse.
Et plus de15 ans après, force est de constater qu'on ne dispose toujours pas de
données épidémiologiques précises sur le sujet.
L'association «Le lien de défense des victimes d'erreurs médicales et d'infections
nosocomiales», quant à elle, va même jusqu'à dénoncer une «culture de secret»,
sciemment entretenue.
Quoiqu'il en soit, peu de progrès ont, de fait, été accomplis depuis le rapport de
l'IGAS de 2005 sur «Les médicaments en ehpad» qui pointait déjà les «difficultés à
identifier l'ensemble de la population âgée, dispersée entre des prises en charge à
domicile, en maisons de retraite, en établissements de santé...et, de façon assez
paradoxale, alors que la population en ehpad devrait apparaître comme plus facile à
cerner (stabilité de résidence et possibilité de déclaration par un tiers), c'est sans
doute la population âgée pour laquelle les données globales (et encore plus pour les