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M.
DE
MEY
la
pensée classique concernant l'homme. Chez lui aussi,
cette
attitude
émane
d'un
contact
avec
l'œuvre
d'un
philosophe
dont
il
trouvait
très
intéressant le
point
de vue, mais qui le désillusionna en ce qui concerne
la
méthode.
Ce
philosophe
était
Max Scheler
dont
le « Die Stellung des
Menschen
im
Kosmos
)}
est
un
des classiques de l'anthropologie philosophi-
que. Selon Gehlen, Max Scheler
fut
le premier
pour
qui
l'étude
de l'homme
impliquait
l'étude
de l'animal. L'essence de l'homme devenait
l'objet
d'une confrontation, on
pouvait
caractériser l'homme en le
distinguant
de l'animal, c.-à.-d. en le
distinguant
d'un
être
scientifiquement
traitable.
Cependant Max Scheler débordait
la
science en
introduisant
des spécula-
tions métaphysiques
et
en
réduisant
la
différence
entre
l'homme
et
l'animal à
une
différence ontologique.
Pour
Gehlen
par
contre, il y a
possibilité d'élaborer
une
anthropologie philosophique sans l'aide de ca-
tégories métaphysiques ou ontologiques.
Pour
étudier
l'homme
et
sa
position dans le monde, on
ne
doit
pas
partir
d'une
recherche phéno-
ménologique-introspective en soi-même, mais bien des sciences
traitant
de certains aspects de l'homme.
Ce
sont
la
biologie, la psychologie,
la
sociologie, la linguistique, etc., qui nous fournissent des données con-
cernant l'homme,
et
l'anthropologie
n'est
plus
qu'une
coordination de
ces données en
un
tout
cohérent. Comme
Piaget
a cherché à comprendre
la
connaissance en général en
étudiant
et
en
reliant
les divers aspects des
« connaissances spécialisées)} que
sont
les sciences, Gehlen à cherché à
comprendre l'homme en
reliant
ce que lui en
apprenaient
les sciences.
Donc, en dernier ressort, les théories de
Piaget
et
de Gehlen
sont
des
ten-
tatives d'élaborer
un
système général relevant les coordonnées descrip-
tives
et
les catégories explicatives de la connaissance (Piaget) ou de l'homme
(Gehlen).
II.
Le
point
de
départ:
la
vie
et
les
modes
d'activité.
Les deux théories se fondent
sur
la
vie.
En
premier lieu, vivre signi-
fie
se
comporter, faire quelque chose, c.-à.-d.
être
actif.
Pour Gehlen
tout
être
vivant
se caractérise
par
ses modes de comporte-
ment. Connaître
et
comprendre l'homme
revient
à voir
par
quels modes
de comportement il
maintient
et
développe sa vie.
Ces
modes de
comportement de l'homme, se distinguent-ils de ceux de
l'animal?
En
ce qui concerne le
maintien
de la vie,
ne
se comporte-t-il pas comme
tous
les êtres
vivants?
N'est-il pas
un
« animal pensant)}
dont
l'aspect
animal concerne la vie
et
ressortit
à
la
biologie
et
dont
l'aspect
spirituel
concerne quelque chose
d'autre,
tout
à
fait
différent
et
ressortissant à
la
psychologie? Certainement pas, l'homme
n'a
rien
d'un
animal, pas même