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18/01/2011 |
No 5
Piaget, Jean
9.8.1896 à Neuchâtel, 16.9.1980 à Genève, prot., de La Côte-aux-Fées. Fils d'Arthur ( -> 2). ∞ Valentine
Châtenay. Etudes à Neuchâtel; docteur ès sciences en 1918. Chef de travaux (1921-1925), puis directeur (dès
1933) de l'Institut Jean-Jacques Rousseau (Genève). Professeur de psychologie, sociologie et philosophie des
sciences à l'université de Neuchâtel (1925-1929). Professeur d'histoire de la pensée scientifique (1929-1939),
de sociologie (1939-1952), de psychologie expérimentale (1940-1971) à l'université de Genève. Directeur du
Bureau international d'éducation (1929-1967). Fondateur et directeur du Centre international d'épistémologie
génétique (1955-1980, fermé en 1984).
Guidé par le naturaliste Paul Godet, P. entame en 1909 une précoce carrière de spécialiste en taxinomie
malacologique qui s'achève en 1918 avec sa thèse. Dès 1912, il élabore une métaphysique évolutionniste et
immanentiste influencée par la philosophie d'Henri Bergson et le protestantisme libéral. Pendant la Première
Guerre mondiale, il sympathise avec les socialistes-chrétiens, est membre actif de l'Association chrétienne
suisse d'étudiants et rêve de travailler à une "nouvelle naissance" du christianisme capable de régénérer la
société toute entière. Son bergsonisme s'atténue au contact du philosophe Arnold Reymond au gymnase de
Neuchâtel, mais les idées d'évolution et d'immanence restent la clé de sa vision du monde. Dès 1918 (dans
son roman autobiographique Recherche), il identifie la vie à l'assimilation et pense les phénomènes
organiques, psychologiques et sociaux en termes d'équilibre entre tout et parties. Il s'intéresse à la
psychanalyse, dont il approfondit la connaissance théorique et pratique à Zurich pendant un semestre en
1919. C'est à Paris (1919-1921) qu'il adopte définitivement une approche historico-critique inspirée de Léon
Brunschvicg, et qu'il découvre la méthode "clinique" d'examen des sujets et la psychologie de l'enfant comme
moyen d'élaborer une "épistémologie génétique". Dans ses cinq premiers livres (1923-1932), il étudie chez
l'enfant d'âge scolaire le langage, le raisonnement, la représentation du monde, les théories de la causalité et
le jugement moral. A la même époque, il s'occupe également de questions biologiques, sociologiques,
épistémologiques et religieuses.
P. fonde trois de ses livres les plus importants, sur la naissance de l'intelligence (1936), la construction du réel
(1937) et la formation du symbole (1945), sur l'observation de ses trois enfants de la naissance à 7 ans
environ. Le premier de ses nombreux travaux avec Bärbel Inhelder sur les "opérations" et les "structures"
cognitives paraît en 1941. Son ouvrage philosophique capital en trois tomes, Introduction à l'épistémologie
génétique, date de 1950. P. reste un auteur prolifique jusqu'à la fin de sa vie. Outre de nombreuses
recherches empiriques, il publie des mises au point de sa pensée théorique, telles que Biologie et
connaissance (1967), L'équilibration des structures cognitives (1975) et Psychogenèse et histoire des
sciences (posthume, 1983).
P. a exercé une influence déterminante sur toutes les sciences humaines. Dès les années 1920, son originalité
est reconnue par les psychologues, ainsi que par les pédagogues favorables à l'"école active"
(Reformpädagogik, progressive education). Mais c'est à partir de sa redécouverte aux Etats-Unis dans les
années 1960 que son œuvre contribue à refaçonner entièrement le domaine de la psychologie
développementale, à lancer la vogue de la psychologie cognitive et à introduire une orientation
"constructiviste" dans certains champs de l'éducation et de la philosophie contemporaines.
Oeuvres
– La psychologie de l'intelligence, 1947