AMÉLIORER L’INNOCUITÉ DE LA CHIMIOTHÉRAPIE ADMINISTRÉE PAR VOIE INTRAVEINEUSE EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES VERSION INTÉGRALE DU RAPPORT ET DES RECOMMANDATIONS Le 24 décembre 2010 RÉSUMÉ Contexte Des incidents associés { l’administration de la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires, dont le décès d’une patiente qui avait reçu une surdose de fluorouracile administrée par perfusion1, ont démontré les risques associés à ce type de pharmacothérapie. Ce projet a été financé par l’Institut canadien pour la sécurité des patients, l’Association canadienne des agences provinciales du cancer, l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada et cinq organismes provinciaux de lutte contre le cancer dans le but de : 1. dégager les pratiques actuelles pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. 2. définir les sources de risque additionnel dans une grande gamme de contextes de prestation de la chimiothérapie par voie intraveineuse. 3. recommander les stratégies à adopter pour contrer les risques. Méthodologie Plusieurs méthodologies ont été utilisées pour déterminer et hiérarchiser les problèmes d’innocuité associés à la prestation de la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. Elles comprennent un sondage mené { l’échelle nationale auprès des prestataires de soins en oncologie, des études effectuées dans six établissements qui traitent des personnes atteintes d’un cancer ainsi qu’une évaluation proactive du risque { l’aide du modèle de Rasmussen sur la gestion du risque dans une situation dynamique (Risk Management Framework in a Dynamic Society) et d’une adaptation du concept de l’analyse des modes de défaillance et de leurs effets dans la prestation des soins de santé (HFMEA). Résultats En tout, 331 médecins, pharmaciens en oncologie, infirmières en oncologie et gestionnaires actifs dans le milieu de la lutte contre le cancer d’un bout { l’autre du pays ont participé { ce sondage. L’incident associé { la surdose de fluorouracile et le rapport qui en décrit les causes fondamentales sont bien connus1, puisque 95,5 % des répondants sont au courant de l’incident, et que 71 % ont pris connaissance du rapport. Au total, 213 incidents ont été signalés par les 331 répondants. Des différences ont été observées d’un site { l’autre relativement { la technologie, aux modèles d’encadrement, à la complexité de la démarche professionnelle, aux calendriers thérapeutiques et au rôle des organismes provinciaux de lutte contre le cancer. Le personnel de tous les établissements, Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 2 particulièrement celui des pharmacies, a souligné les effets de la pression exercée dans le but d’accroître l’efficacité. Les données qui ont été recueillies { l’aide de toutes des méthodologies ont permis de relever les problèmes d’innocuité suivants (Tableau 1) : Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 3 TABLEAU 1. PROBLÈMES RELEVÉS ET RECOMMANDATIONS EN MATIÈRE D’INNOCUITÉ 1. Pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires et dispositifs d’accès 1.1 Défaillances inexpliquées d’une pompe élastomérique { perfusion intraveineuse 1.2 Erreurs dans le choix d’une pompe élastomérique { perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 1.3 Soins à domicile et pompes à perfusion intraveineuse 1.4 Dispositifs d’accès utilisés en conjonction avec les pompes { perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 2. Commandes et étiquetage 2.1 Modifications des commandes 2.2 Formulaires préimprimés : réutilisation de formulaires, notes manuscrites, facilité et souplesse d’utilisation 2.3 Étiquetage et erreurs de programmation des pompes { perfusion d’usage général { grand volume 2.4 Commandes non structurées 3. Pratiques pharmaceutiques 3.1 Organisation du matériel et processus de travail dans les enceintes de biosécurité 3.2 Absence de contre-vérification de la reconstitution 3.3 Exposition à des produits pharmaceutiques dangereux 4. Autres facteurs 4.1 Modèles de calendriers de traitements 4.2 Simplification et uniformisation Recommendations Contrairement à la recherche scientifique dans le domaine de la santé, les méthodes classiques d’évaluation quantitative, telles que les essais contrôlés avec répartition aléatoire, sont de peu d’utilité, ou sont carrément à proscrire, pour élaborer des recommandations portant sur l’innocuité et la prestation des soins prodigués aux patients. Les problèmes soulevés dans cette section, tout comme les recommandations afférentes à ces problèmes, reposent donc sur des observations qualitatives, des commentaires exprimés par des utilisateurs, des consensus entre experts ou, lorsque le contexte le permet, les pratiques exemplaires décrites dans la documentation scientifique. Pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans ce rapport, les prestataires de soins devront sans doute faire preuve de créativité et devoir faire des compromis qui tiennent compte des ressources en personnel, de l’espace disponible ou de leurs budgets. Les recommandations doivent donc être adaptées au contexte local. Nous sommes parfaitement conscients que l’engagement des organismes et des programmes de lutte contre le cancer couvrent de nombreuses provinces et disciplines. Nous vous enjoignons donc fortement { poursuivre cet examen. Le succès de l’évaluation et de la mise en œuvre des recommandations dépend de la participation de nombreux intervenants, dont les patients, les pharmaciens, les infirmières, le personnel administratif et les médecins. En Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 4 outre, nous encourageons fortement les établissements à échanger entre eux les leçons apprises dans le cadre de cette démarche. POMPES ÉLASTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE UTILISÉES EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES ET DISPOSITIFS D’ACCÈS Les pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires sont une option très simple pour prévenir les erreurs graves de débit d’administration du traitement qui peuvent se produire avec des pompes électroniques programmables. Plusieurs facteurs peuvent toutefois avoir des répercussions significatives sur le débit. Une meilleure formation du personnel et des patients s’impose donc pour faire en sorte que le débit des pompes soit aussi près que possible du débit nominal. Pour réduire le risque d’erreurs dans le choix d’un modèle de pompes élastomériques { perfusion utilisées en contexte de soins ambulatoires, ce qui pourrait accroître considérablement le débit de perfusion, les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer devraient réduire la gamme de modèles dont ils disposent. Pour ce faire, ils devraient simplifier et uniformiser leurs protocoles et entreposer les modèles de pompes élastomériques à perfusion utilisées en contexte de soins ambulatoires offrant différents débits séparément dans la pharmacie. COMMANDES ET ÉTIQUETAGE On considère souvent que le système informatisé de saisie des ordonnances est le moyen le plus efficace et le plus sécuritaire pour commander des médicaments. Des systèmes conçus en tenant compte des besoins en oncologie et dotés de programmes d’aide { la prise de décisions cliniques permettent de réduire le risque d’exposition inappropriée, d’application d’un traitement { la mauvaise partie du corps ou de calcul erroné de la dose. L’adoption efficace de tels systèmes exige toutefois beaucoup de coordination et des ressources considérables, ce qui n’est pas toujours possible à court terme dans les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. De nombreux établissements s’efforcent d’adopter des formulaires préimprimés qui contribueront à éliminer les commandes manuscrites, cette étude s’est donc attardée { la conception des formulaires préimprimés. Les établissements qui ne sont pas dotés d’un système informatisé de saisie des ordonnances, tout comme ceux qui sont dotés d’un tel système, mais qui acceptent encore des commandes en format papier, devraient se doter de formulaires préimprimés pour tous les protocoles de traitement utilisés couramment. On devrait éviter de recourir à des formulaires de commandes non structurés. Des formulaires préimprimés, qui tiennent compte des recommandations décrites dans le rapport additionnel intitulé Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2, devraient être créés. Pour s’assurer que les versions utilisées sont toujours les plus récentes, les formulaires devraient provenir d’une seule source et pouvoir être téléchargés électroniquement { partir du site Web ou de l’intranet de l’établissement. Les commandes devaient pouvoir être imprimées une à une pour chaque patient. Pour aider les infirmières qui doivent programmer et vérifier les pompes, le débit (exprimé dans l’unité qui correspond { celui de la pompe, p. ex. ml/h) devrait figurer sur les étiquettes de chimiothérapie produites par la pharmacie ou les formulaires de commande préimprimés Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 5 pour tous les médicaments administrés { l’aide d’une pompe { perfusion { grand volume ou d’une pompe { perfusion utilisée en contexte de soins ambulatoires. PRATIQUES PHARMACEUTIQUES Pour prévenir les risques d’erreur au moment de la préparation, une seule préparation de chimiothérapie devrait être présente dans l’enceinte de biosécurité { la fois. Pour s’assurer que l’étiquette appropriée est apposée sur le sac qui y est associé, les étiquettes ou instructions de préparation devraient toujours être accompagnées des fournitures de préparation ou du produit final qui a été préparé. Une contre-vérification (idéalement par un pharmacien) devrait être faite pour s’assurer que le volume et le type appropriés de diluant ont été aspirés dans la seringue aux fins de reconstitution. Cette vérification devrait avoir lieu avant l’ajout au soluté, plutôt que de recourir à une technique comme celle dite du « retrait » (syringe pullback)62. Ces vérifications devraient s’ajouter { celles qui sont déjà faites pour vérifier le volume des médicaments de chimiothérapie après leur reconstitution. Des recherches portant sur la qualité du mélange des sacs de chimiothérapie, { l’aide d’une technique telle que la chromatographie liquide à haute performance, s’imposent pour déterminer le taux d’erreurs de préparation de la chimiothérapie dans les pharmacies canadiennes. AUTRES FACTEURS La simplification et l’uniformisation, au degré hiérarchique le plus élevé du système de la santé en matière de protocoles, des outils utilisés pour effectuer les commandes, de la posologie et de la démarche thérapeutique accroîtront l’innocuité et l’efficacité des soins. Une collaboration s’impose entre les organismes provinciaux de lutte contre le cancer ainsi que les établissements et les personnes qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. Comme de nombreux problèmes sont associés au modèle de calendriers de prestation des traitements le jour même, les établissements devaient évaluer les répercussions de l'adoption d'un modèle de prestation des traitements sur plusieurs jours. Ils devraient également déterminer l’endroit et le moment qui conviendrait { l’adoption d’un tel modèle et chercher à adopter ce modèle de calendrier de prestation des soins. o Le médecin prescripteur a accès aux résultats des analyses lorsqu’il commande la chimiothérapie, et o les traitements commencent peu après la rédaction des commandes de chimiothérapie, mais o les traitements sont prodigués au moins un jour après la rédaction des commandes, afin d’allouer suffisamment de temps à la pharmacie et au personnel infirmier pour se préparer. Des politiques et des procédures devraient être en place pour déterminer les personnes qui bénéficieraient le plus de traitements prodigués le jour même (p. ex. les patients à mobilité réduite, ceux qui habitent loin de l’établissement où ils reçoivent leur traitement). On peut consulter la liste complète des recommandations { l’Annexe G. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 6 Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 7 TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ ...................................................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. TABLE DES MATIÈRES............................................................................................................................ 8 LISTE DES ABBRÉVIATIONS .............................................................................................................. 11 REMERCIEMENTS.................................................................................................................................. 12 Organismes subventionnaires ............................................................ Error! Bookmark not defined. Principaux chercheurs assignés à cette étude ............................ Error! Bookmark not defined. Chercheurs associés................................................................................. Error! Bookmark not defined. Les chercheurs qui ont participé à cette étude désirent remercier les personnes suivantes pour leur contribution : .......................................................................................................................................13 CONTEXTE ET INTRODUCTION........................................................................................................ 14 PARTIE A : DÉTERMINATION DES PROBLÈMES D’INNOCUITÉ ............................................. 16 MÉTHODOLOGIE ..................................................................................................................................................... 16 Sondage ......................................................................................................................................................................16 Étude sur le terrain ................................................................................. Error! Bookmark not defined. Détermination et hiérarchisation des problèmes d’innocuité ................ Error! Bookmark not defined. RÉSULTATS .............................................................................................................................................................. 21 Sondage ......................................................................................................................................................................21 Étude sur le terrain ................................................................................. Error! Bookmark not defined. Détermination et classification des problèmes ........................................................................................24 PARTIE B : ANALYSE DES PROBLÈMES ET RECOMMANDATIONS EN MATIÈRE D’INNOCUITÉ ......................................................................................................................................... 26 1 POMPES ÉLASTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE ET DISPOSITIFS D’ACCÈS ........................... 26 1.1 Défaillances inexpliquées d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse ........27 1.3 Soins à domicile et pompes à perfusion intraveineuse.................................................................33 Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 8 1.4 Dispositifs d’accès utilisés en conjonction avec les pompes à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires .......................................................................................................................34 2 COMMANDES ET ÉTIQUETAGE ......................................................................................................................... 35 2.1 Modifications des commandes .................................................................................................................35 2.2 Formulaires préimprimés : réutilisation de formulaires, notes manuscrites, facilité et souplesse d’utilisation ..........................................................................................................................................44 2.3 Étiquetage et erreurs de programmation des pompes à perfusion d’usage général à grand volume ...........................................................................................................................................................47 2.4 Commandes non structurées ....................................................................................................................48 3 PRATIQUES PHARMACEUTIQUES ..................................................................................................................... 49 3.1 Organisation du matériel et processus de travail dans les enceintes de biosécurité .....49 3.2 Absence de contre-vérification de la reconstitution......................................................................52 3.3 Exposition à des produits pharmaceutiques dangereux .............................................................53 4 AUTRES FACTEURS ............................................................................................................................................ 53 4.1 Modèles de calendriers de traitements................................................................................................53 4.2 Simplification et uniformisation.............................................................................................................59 CONCLUSIONS ........................................................................................................................................ 62 RÉFÉRENCES ............................................................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE A : EXCERPT FROM EXAMPLE PROCESS DESCRIPTIONERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE B : EXAMPLE PROCESS MAPS ............................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE C : EXCERPT FROM EXAMPLE DATA REPOSITORY ........ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE D : EXAMPLE ISSUES HIERARCHY .................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE E : ANALYSE DES INCIDENTS SIGNALÉS DANS LE CADRE DU SONDAGE .......... 64 ANNEXE F : PROBLÈMES D'INNOCUITÉ RELEVÉS DANS LE CADRE DU SONDAGE ET DE L’ÉTUDE SUR LE TERRAIN ................................................................................................................. 67 ANNEXE G : TABLEAU DES RECOMMANDATIONS ...................................................................... 73 ANNEXE H : SUJETS DE FORMATION EN MATIÈRE D'UTILISATION SÉCURITAIRE DES POMPES ÉLESTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES ...................................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 9 ANNEXE I : DRAFT EDUCATION MATERIALS FOR ELASTOMERIC AIPS FROM BAXTER CANADA ...................................................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. ANNEXE J : ISSUES HIERARCHIES FOR SITES USING THE SAME-DAY MODEL OF PATIENT SCHEDULING.......................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 10 LISTE DES ABRÉVIATIONS CANO Association canadienne des infirmières en oncologie CAPhO Association canadienne de pharmacie en oncologie CPSI Institut canadien pour la sécurité des patients D5W Dextrose à 5 % FDA Office de réglementation des aliments et des médicaments aux États-Unis HFMEA Analyse des modes de défaillance et de leurs effets dans la prestation des soins de santé ISMP Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments NCR papier autocopiant OCAD École d’art et de design de l’Ontario Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 11 REMERCIEMENTS Organismes subventionnaires INSTITUT CANADIEN POUR LA SÉCURITÉ DES PATIENTS ASSOCIATION CANADIENNE DES AGENCES PROVINCIALES DU CANCER BC CANCER AGENCY ALBERTA CANCER BOARD (maintenant ALBERTA HEALTH SERVICES) ACTION CANCER MANITOBA ACTION CANCER ONTARIO RÉSEAU CANCER NOUVEAU-BRUNSWICK Principaux chercheurs assignés à cette étude ANTHONY EASTY, B. Sc. (Hon.), Ph.D., C. E., P. Eng., Réseau universitaire de santé ANTHONY FIELDS, M.A., M.D., F.R.C.P.C., F.A.C.P., Alberta Health Services Chercheurs associés VENETIA BOURRIER, B. Sc., B. Sc. pharm., F.C.S.H.P., Action cancer Manitoba ANDREA CASSANO-PICHE, M.A. Sc., P. Eng., Réseau universitaire de santé DEBBIE CHAN, B.A. Sc., Université de Toronto DHALI DHALIWAL, M.D., M.B.Ch.B., Action cancer Manitoba ROXANNE DOBISH, B. Sc. pharm., Alberta Health Services ESTHER GREEN, inf., B. Sc. N., M. Sc. (T), Action cancer Ontario SYLVIA HYLAND, B. Sc. pharm., M.H. Sc., Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments (ISMP Canada) KAREN JANES, inf., B.S.N., M.S.N., BC Cancer Agency JENNIFER JEON, M.A. Sc., Réseau universitaire de santé YOO-JOUNG KO, M.D., M.M.S.C., S.M., F.R.C.P.C., Sunnybrook Odette Cancer Centre S. ESHWAR KUMAR, M.B.B.S., F.R.C.R., Réseau cancer Nouveau-Brunswick Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 12 HEATHER LOGAN, inf., B. Sc. N., M.H.Sc., Association canadienne des agences provinciales du cancer MAUREEN TRUDEAU, B. Sc., M.A., M.D., F.R.C.P.C., Action cancer Ontario KIM VICENTE BASc, M.S., Ph.D., Université de Toronto RACHEL WHITE, M.A., Réseau universitaire de santé Les chercheurs qui ont participé à cette étude désirent remercier les personnes suivantes pour leur contribution : Le Comité de l’innocuité des traitements systémiques de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer. Le personnel des six établissements de lutte contre le cancer qui ont participé à cette étude : Medicine Hat Cancer Centre, BC Cancer Agency Vancouver Island Centre, hôpital Toronto East General, Action cancer Manitoba, hôpital Thompson General, hôpital Saint John Regional Les coordonnateurs des établissements qui ont participé à l’étude : Linda Cleveland, Carmen Olson, Johanna den Duyf, Mikki Layton, Grace Chung, Venetia Bourrier, Gillian Hardy, Jennifer Thackeray et Linda Bridges Les personnes qui ont participé au sondage. Les experts qui ont effectué l’évaluation des formulaires de commande. Les membres du conseil d’administration de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer. Le Réseau des communications de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer. Keith Rushton, Richard Hunt, Patricio Davila, Jan Avendano, Rebecca Caswell, Joel Derksen, Bahar Ghaemi, Candy Yee Ting Lee, Jessica Leong, Symon Oliver et Justin Rajbahadursingh de l’École d’art et de design de l’Ontario, Toronto, Ontario Roy Lee, Janice Stewart, Vishal Kukreti et le personnel de l’hôpital Princess Margaret, Toronto, Ontario Rosemary Bland et le personnel du Juravinski Cancer Centre, Hamilton, Ontario Adelle McGill, Caterina Masino, Galina Kovacik et Anjum Chagpar du Centre for Global eHealth Innovation, Toronto, Ontario Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 13 CONTEXTE ET INTRODUCTION Des incidents associés { l’administration de la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires, dont le décès d’une patiente qui avait reçu une surdose de fluorouracile administrée par perfusion, ont démontré les risques associés à ce type traitement systémique. L’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada a effectué une analyse des causes fondamentales de cet incident qui a permis de dégager 16 facteurs de causalité et de proposer plusieurs recommandations1. Ces recommandations sont pertinentes pour tous établissements qui offrent la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. De nombreuses personnes qui exercent en oncologie étaient toutefois convaincues de l’existence d’autres facteurs de risque qui n’avaient pas été en cause lors de cet incident. En outre, cet incident avait clairement démontré, malgré le manque de données à cet effet, que les pratiques ne sont pas les mêmes d’une province { l’autre. Ce projet, qui se veut un suivi { l’Analyse des causes fondamentales de l’incident lié au fluorouracile, a été financé par l’Institut canadien pour la sécurité des patients, l’Association canadienne des agences provinciales du cancer, l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada et cinq organismes provinciaux de lutte contre le cancer. Il a pour but de : 1. dégager les pratiques actuelles pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada; 2. définir les sources de risque additionnel dans une grande gamme de contextes de prestation de la chimiothérapie par voie intraveineuse; 3. recommander les stratégies à adopter pour contrer les risques. L’équipe de recherche, qui était composée de spécialistes de l’ergonomie, d’infirmières en oncologie, de pharmaciens en oncologie et d’oncologues médicaux des quatre coins du Canada, était dirigée par le Comité de l’innocuité des traitements systémiques de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer. Pour atteindre les objectifs qui précèdent, l'équipe a eu recours à une approche à plusieurs volets. Celle-ci comportait un sondage mené { l’échelle nationale, une étude d’observation effectuée dans six établissements canadiens de traitement contre le cancer et des évaluations menées par des équipes multidisciplinaires composées de cliniciens, des experts en ergonomie et de graphistes. L’étude a eu lieu { l’automne 2008 et au printemps 2010. Ce rapport résume la démarche suivie, les conclusions de l’étude et les recommandations qui en découlent. Elle comporte deux grandes sections. La Partie A traite de la méthodologie et des résultats qui ont permis de dégager les problèmes d’innocuité associés { la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires, alors que la Partie B présente les méthodologies et les résultats découlant de la compréhension et de la résolution de ces problèmes. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 14 Le sujet des formulaires de commande a fait l’objet d’un examen détaillé qui a été décrit dans le rapport intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders 2. La production de deux rapports distincts accordait une plus grande souplesse dans le ton et la présentation du rapport. Nous encourageons les lecteurs à prendre connaissance des deux documents afin de pouvoir évaluer et améliorer les modalités d’administration de la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 15 PARTIE A : DÉTERMINATION DES PROBLÈMES D’INNOCUITÉ La présente section de ce rapport traite des deux premiers objectifs de l’étude : déterminer les pratiques actuellement en vigueur et dégager les problèmes d’innocuité associés { l’administration de la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. Méthodologie On a fait appel à plusieurs méthodologies pour déterminer et hiérarchiser les problèmes d’innocuité. Ces méthodologies comprennent la tenue d’un sondage, d’une étude effectuée sur le terrain ainsi que le recours au modèle de Rasmussen sur la gestion du risque dans une situation dynamique et aux modalités de défaillance dans la prestation des soins de santé et l’analyse des effets (HFMEA). Ces méthodologies sont décrites ci-dessous. Sondage Le sondage avait pour objet de dégager les pratiques actuellement utilisées pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. Il avait également pour objet de déterminer les mesures adoptées par les établissements de soins en réaction à la publication du rapport d’analyse des causes fondamentales produit par l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada au sujet de l’indicent lié au fluorouracile1 et de recueillir de l’information au sujet d'autres effets indésirables qui sont survenus au Canada. Le sondage a été effectué en ligne { l’aide du logiciel Survey Monkey. Les participants étaient des professionnels de la santé. Ils travaillaient tous dans des hôpitaux ou des établissements qui prodiguent des soins { des personnes atteintes d’un cancer au Canada et connaissaient tous les pratiques actuellement utilisées pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. Un lien hypertexte donnant accès au sondage a été distribué par l’entremise des agents de liaison provinciale du Comité de l’innocuité des traitements systémiques de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer, de l’Association canadienne des infirmières en oncologie, des directeurs de pharmacies en milieu hospitalier et d’annonces faites dans le cadre du congrès national de l’Association canadienne de pharmacie en oncologie. Le sondage a été accessible en ligne du 15 octobre au 12 décembre 2008, dans les deux langues officielles (anglais et français). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 16 Étude sur le terrain Les objectifs de l’étude sur le terrain étaient d’examiner de près et de comprendre les pratiques actuellement en place pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada, et de déterminer les facteurs qui contribuent à prévenir les effets secondaires évitables. Les observations ont été faites sur une période d’une semaine, entre le mois d’octobre 2008 et le mois de février 2009, dans six établissements qui prodiguaient des soins à des personnes atteintes d’un cancer. Le comité de direction a choisi ces centres de manière stratégique dans le but d’obtenir une bonne représentation des petits et des grands établissements, des hôpitaux communautaires et des hôpitaux de recherche ou des collectivités urbaines et rurales (Figure 1). Les établissements suivants ont participé { l’étude sur le terrain : Medicine Hat Cancer Centre (Alb.) BC Cancer Agency Vancouver Island Centre (C.-B.) Hôpital Toronto East General (Ont.) Action cancer Manitoba – site MacCharles (Man.) Hôpital Thompson General (Man.) Hôpital Saint John Regional (N.-B.) FIGURE 1. CARTE DES ÉTABLISSEMENTS AYANT PARTICIPÉ AUX ÉTUDES1 Deux spécialistes en ergonomie ont supervisé le travail des oncologues médicaux, des pharmaciens en oncologie, des techniciens en pharmacie, des infirmières en oncologie et du personnel administratif. Ils ont également répondu { leurs questions pendant qu’ils exécutaient leur travail. Ils 1 Google Maps, http://maps.google.com Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 17 ont pris note des risques potentiels associés aux processus en place, ainsi que des différences pratiques, technologiques et organisationnelles. Pour traiter la complexité des données recueillies dans chacun de ces établissements, les données ont été archivées { l’aide de plusieurs techniques : (consulter les exemples des Annexes A, B et C) : Description détaillée des processus : Description en langage simple de chacun des processus observés dans les domaines cliniques, pharmaceutiques et thérapeutiques. Diagramme du processus : Des représentations visuelles simplifiées, comportant des cases et des flèches indiquant le flot de l’information, des processus observés dans les domaines cliniques, pharmaceutiques et thérapeutiques. Archivage des données : Un tableur énumère chacune des étapes du processus de prestation de la chimiothérapie et précise qui effectue chacune des tâches, l’endroit où cette tâche est effectuée, la manière dont elle est faite, ainsi que les particularités de chacune de ces tâches. Pour s’assurer que les chercheurs avaient vraiment compris les processus en place, ces documents ont tous été expédiés aux coordonnateurs des établissements qui ont participé à l’étude pour qu’ils puissent les revoir et les valider. Détermination et hiérarchisation des problèmes d’innocuité Les méthodologies décrites précédemment ont été particulièrement utiles pour dégager les processus actuellement en place. Pour repérer les risques potentiels, on a toutefois fait appel à des variantes de deux méthodes, soit le modèle de 1997 de Rasmussen sur la gestion du risque3-8 et l’analyse des modes de défaillance et de leurs effets dans la prestation des soins de santé (HFMEA)9,10. Modèle de Rasmussen sur la gestion du risque dans une situation dynamique Cette étude visait surtout l’élaboration de recommandations de nature générale pouvant améliorer la prestation de la chimiothérapie par voie intraveineuse dans un contexte de soins ambulatoires au Canada. Un aspect intrinsèque de cet objectif était de formuler des recommandations qui portaient sur tous les aspects de la prestation de la chimiothérapie par voie intraveineuse dans un contexte de soins ambulatoires, dont les échelons décisionnels, plutôt qu’uniquement les aspects pratiques. Il était donc de toute première importance de comprendre les interactions entre les décisions et les actes posés afin de pouvoir déterminer de quelle manière celles-ci peuvent contribuer à compromettre la sécurité des patients, et ce, peu importe leur échelon au sein de système de prestation des soins. Le modèle mis au point par Rasmussen en 1997 a pour objet de modéliser les systèmes sociotechniques en cause dans la gestion du risque, ce qui comporte de nombreux échelons, dont les législateurs, les gestionnaires, les planificateurs et les prestataires de soins 5. Le modèle explique les raisons pour lesquelles des accidents à large échelle se produisent dans des systèmes complexes. Il décrit également comment les prévenir, soit en étudiant tout d’abord les facteurs qui, avec le temps, influencent les comportements au sein du système. La force du modèle repose dans le fait qu’il offre Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 18 un cadre permettant de déterminer, d’une part, les différents acteurs au sein du système et, d’autre part, les mécanismes d’interaction entrent ces acteurs et les décideurs. Ce modèle comporte une hiérarchie structurelle. Pour illustrer les actions et les décisions associées à chacun des échelons du système, des hiérarchies structurelles ont été créées pour chacun des établissements qui ont participé à cette étude. On peut consulter un exemple de hiérarchie à l’Annexe D. Analyse des modes de défaillance et de leurs effets dans la prestation des soins de santé (HFMEA) Compte tenu du nombre de problèmes relevés dans le cadre de l’analyse de l’étude sur le terrain, et de leur diversité, il a fallu faire appel à une méthode systématique pour hiérarchiser les problèmes qui devaient être étudiés plus à fond. On a par conséquent adapté la méthode HFMEA pour évaluer trois aspects de l’impact relatif des problèmes d’innocuité soit la gravité, la probabilité et la détectabilité. La classification de la gravité potentielle et de la probabilité s’inspire du modèle HFMEA qui a été mis au point aux États-Unis par le département des anciens combattants11. Il a été adapté pour tenir compte des réalités propres { l’oncologie, telles que la toxicité, l’exposition inutile à la chimiothérapie ou la prestation de traitements moins performants, etc. (Tableau 2 et Tableau 3). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 19 TABLEAU 2. CLASSIFICATION DE LA GRAVITÉ Degré de gravité Description Définition 1 Mineur Le traitement pourrait être moins efficace ou le risque potentiel pour la santé est inconnu (p. ex. exposition inutile à la chimiothérapie) 2 Modéré La santé du patient pourrait être compromise temporairement (p. ex. toxicité, effets secondaires intenses) 3 Grave La santé du patient pourrait être compromise de façon permanente 4 Critique Le patient pourrait mourir TABLEAU 3. CLASSIFICATION DE LA PROBABILITÉ Degré de probabilité Description Définition 1 Rare Peu probable (peu se produire { l’occasion sur une période de 5 à 30 ans) 2 Peu fréquent Possible (peut se produit { l’occasion sur une période de 2 à 5 ans) 3 Occasionnel Probable (peut se produit à plusieurs occasions sur une période de 1 à 2 ans) 4 Fréquent Risque de se produire immédiatement ou très rapidement (peut se produire à plusieurs occasions sur une période de un an) LA CLASSIFICATION HFMEA MISE AU POINT PAR LE DÉPARTEMENT DES ANCIENS COMBATTANTS NE TIENT PAS COMPTE DE LA DÉTECTABILITÉ, PUISQUE CELLE-CI FAIT PLUTÔT L’OBJET D’UNE ANALYSE QUI REPOSE SUR UN ARBRE DÉCISIONNEL. NOUS AVONS DONC EU RECOURS À UNE CLASSIFICATION DE LA DÉTECTABILITÉ QUI S’INSPIRE DE CELLE QUI A ÉTÉ MISE AU POINT PAR LA SOUTH DAKOTA ASSOCIATION OF HEALTHCARE ORGANIZATIONS (SDAHO; Tableau 4)10. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 20 TABLEAU 4. CLASSIFICATION DE LA DÉTECTABILITÉ Degré de détectabilité Description Définition 1 Modéré Un processus de contre-vérification ou de détection est en place. Il repose toutefois sur la vigilance ou ne s’applique qu’{ des échantillons. 2 Faible Une erreur peut être relevée dans le cadre d’une inspection manuelle. Il n’y a toutefois aucun processus formel, et la détection est tout à fait fortuite. 3 Très faible Seule une inspection permet de détecter les échecs, il n’est toutefois pas nécessairement possible de pouvoir en faire une facilement ou rapidement. 4 Aucune chance d’être détecté Aucun mécanisme ne permet de détecter les échecs. Des cotes de gravité, de probabilité et de détectabilité ont été assignées à chacun des problèmes relevés. La cote de risque total a ensuite été calculée en multipliant chacune de ces valeurs. Les cotes de risque ont ensuite été calculées par trois spécialistes en ergonomie qui travaillaient indépendamment l’un de l’autre. Ils ont ensuite comparé leurs résultats et, lorsque la cote assignée faisait l'objet d'un écart considérable, une discussion de groupe avait lieu pour parvenir à un consensus. Résultats Sondage En tout, 331 médecins, pharmaciens en oncologie, infirmières en oncologie et gestionnaires actifs dans le milieu de la lutte contre le cancer dans les différentes provinces et territoires, { l’exception du Nunavut et des Territoires-du-Nord-Ouest (où l’on ne traite que très peu de cas de cancer, ou aucun) ont répondu au sondage. Réponse à l’analyse des causes fondamentales au sujet de l’indicent lié au fluorouracile L’incident associé { la surdose de fluorouracile et le rapport qui en décrit les causes fondamentales sont bien connus. En effet, 95,5 % des répondants sont au courant de l’incident, et 71 % ont pris Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 21 connaissance du rapport. Les changements qui ont été signalés le plus souvent en réponse à cet incident portent sur la formation du personnel, les étiquettes de chimiothérapie, les types d’appareils de perfusion utilisés, ainsi que sur les politiques et les procédures. Les répondants de six provinces ont répondu que l’établissement ou l’organisme provincial de lutte contre le cancer où ils travaillaient exigeait le recours à des pompes élastomériques, plutôt qu’{ des pompes à perfusion électroniques utilisées dans un contexte de soins ambulatoires, lorsque la chimiothérapie s’y prête. Types de pompes à perfusion et systèmes de commande Les répondants ont fait état d’une utilisation généralisée des pompes à perfusion électroniques dans un contexte de soins ambulatoires et des pompes élastomériques. Les marques et les modèles de pompes à perfusion électroniques utilisés dans un contexte de soins ambulatoires, les groupes de professionnels responsables de la programmation de la pompe et le lieu de programmation de l’appareil variaient énormément. Dans certains établissements, de nombreux professionnels participent à la programmation de la pompe. Aucune des pompes à perfusion électroniques utilisées dans un contexte de soins ambulatoires ayant été répertoriées n’était une « pompe intelligente » (pouvant incorporer des protocoles définis, y compris des doses et des débits maximums). Plus de 96 % des pompes élastomériques répertoriées sont fabriquées par Baxter Corporation. En ce qui a trait aux commandes de chimiothérapie, 74,5 % des répondants ont indiqué qu’au moins une partie des commandes était faite { l’aide de formulaire de commande préimprimés. Seulement 47 % ont indiqué recourir { l’occasion { des systèmes informatisés de saisie des ordonnances pour effectuer certaines commandes. Le recours à des copies papier dépourvues d’une structure imposée pour effectuer des commandes a été signalé par 34,8 % des répondants. Déclarations d’effets indésirables associés à l’administration de la chimiothérapie par perfusion en contexte de soins ambulatoires L’un des objectifs du sondage était de relever les autres types d’effets indésirables – soit les incidents et les incidents évités de justesse – observés dans les établissements où l’on traite des personnes atteintes d’un cancer au Canada. En tout, les 331 répondants au sondage ont signalé 213 incidents. Ces incidents ont été analysés thématiquement. Ils sont présentés { l’Annexe E. et sont classés selon le degré de gravité, soit du plus grave au moins grave. Le même incident peut avoir été signalé par plus d’un répondant, le nombre total d’incidents n’est donc pas nécessairement égal au nombre réel d’incidents. On a tenu compte de ces incidents { l’étape de la hiérarchisation des problèmes, ainsi qu’{ celle de l’analyse et { celle des recommandations. Étude sur le terrain La taille, le nombre de patients traités et les effectifs des six établissements qui ont participé à l’étude variaient énormément. Ils ont été retenus justement parce qu’ils étaient bien représentatifs de différents types d’établissement. Certains programmes de lutte contre le cancer sont situés dans des unités de soins rattachées à un établissement hospitalier, alors que d’autres sont des centres de Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 22 traitement autonomes. Les volumes de patients variaient entre 240 et 5 000 séances de traitement par année, alors que les effectifs variaient de 3 à 23 employés. L’équipe de chercheurs a découvert d’autres différences entre les établissements qui ont participé à l’étude : Rôle des organismes provinciaux de lutte contre le cancer : Les six établissements qui ont participé { l’étude sont tous rattachés à un organisme provincial de lutte contre le cancer. La réglementation, la supervision et les modalités de financement des protocoles de traitement varient toutefois grandement d’une province { une autre. Calendriers de traitements : On a relevé deux types de calendriers de traitements dans les établissements qui ont participé { l’étude : celui des traitements prodigués le jour même, et celui des traitements prodigués sur plusieurs jours. Lorsque les traitements sont prodigués le jour même, les analyses de sang sont commandées et faites pendant l’avant-midi par un clinicien. Le patient reçoit alors ses traitements le même jour pendant l’après-midi. Lorsque les traitements sont prodigués sur plusieurs jours, les analyses de sang peuvent être faites jusqu’{ trois jours { l’avance. Plusieurs variantes ou adaptations hybrides de ces modèles ont été relevées (voir la Section 4.1 de la Partie B). Commande de la technologie : Seulement deux établissements avaient recours à un système informatisé de saisie des commandes par les médecins et les pharmaciens. Même les deux établissements qui étaient dotés d’un tel système avaient toutefois recours { des formulaires préimprimés pour commander la majorité des traitements. Types de pompes à perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires : Dans le cadre du sondage, 88,5 % des répondants ont indiqué qu’ils avaient recours { des pompes à perfusion élastomériques pour l’administration par voie intraveineuse de la chimiothérapie chez leurs patients traités à domicile. Quatre des établissements qui ont participé { l’étude avaient recours { des pompes à perfusion élastomériques, alors que les deux autres utilisaient des pompes { perfusion électroniques pour l’administration par voie intraveineuse de la chimiothérapie chez leurs patients traités à domicile. Complexité de la démarche professionnelle : Dans certains établissements, la démarche professionnelle dans les domaines cliniques, pharmaceutiques et thérapeutiques est plus compliquée que dans d’autres. À titre d’exemple, dans un établissement, sept personnes sont responsables d’acheminer et de localiser les dossiers des patients, parce qu’une politique interdit la photocopie ou l’acheminement par télécopieur des ordonnances. Alors qu’un établissement était régi par une démarche normalisée { l’échelle provinciale, un autre ne disposait d’aucun protocole ou processus normalisé, de sorte que les médecins adoptaient tous leur propre démarche. Modèles de collaboration : Les équipes de soins cliniques, pharmaceutiques ou thérapeutiques sont toujours composées de différentes combinaisons d’oncologues médicaux, de médecins généralistes en oncologie, d’infirmières cliniciennes spécialisées, de pharmaciens, de techniciens en pharmacie, d’infirmières, d’infirmières auxiliaires autorisées, de bénévoles et de commis. Amélioration de l’efficacité : Le phénomène le plus souvent observé dans tous les établissements est la pression exercée pour que les membres du personnel exécutent leurs tâches rapidement, cette pression était toutefois plus forte dans certains établissements. Les répercussions de ce désir d’améliorer l’efficacité coûte que coûte affectent tout particulièrement les pharmacies. En effet, la préparation des médicaments engendre souvent Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 23 un goulot d’étranglement qui retarde la prestation des soins aux patients. Cette réalité touche tout particulièrement les patients qui reçoivent leur traitement le jour même. Détermination et classification des problèmes L’analyse des réponses au sondage et des données prélevées dans le cadre de l’étude sur le terrain a permis de dégager trente-sept problèmes particuliers (Annexe F). Onze de ces problèmes ont obtenu une cote de 16 ou plus d’après l’analyse des modes de défaillance et de leurs effets dans la prestation des soins de santé (HFMEA) et ont, par conséquent, été retenus pour une analyse plus poussée. Ces problèmes portent sur trois thèmes (Tableau 5). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 24 TABLEAU 5. FACTEURS DE RISQUE ASSOCIÉS À L’ADMINISTRATION DE LA CHIMIOTHÉRAPIE PAR VOIE INTRAVEINEUSE EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES SELON LE MODÈLE DE RASMUSSEN ET L’ANALYSE HFMEA Problème Gravité Probabilité Detectabilité Cote de risque 1. Pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires et dispositifs d’accès 1.1 Défaillances inexpliquées d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse 4 4 4 64 1.2 Erreurs dans le choix d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 4 3 2 24 1.3 Soins à domicile et pompes à perfusion intraveineuse 2 4 2 16 1.4 Dispositifs d’accès utilisés en conjonction avec les pompes à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 1 4 4 16 2. Commandes et étiquetage 2.1 Modifications des commandes 3 4 3 36 2.2 Formulaires préimprimés : réutilisation de formulaires, notes manuscrites, facilité et souplesse d’utilisation 4 3 2 24 2.3 Étiquetage et erreurs de programmation des pompes { perfusion d’usage général { grand volume 3 3 2 18 2.4 Commandes non structurées 4 2 2 16 3. Pratiques pharmaceutiques 3.1 Organisation du matériel et processus de travail dans les enceintes de biosécurité 4 3 4 48 3.2 Absence de contre-vérification de la reconstitution 4 2 4 32 3.3 Exposition à des produits pharmaceutiques dangereux 1 4 4 16 Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 25 PARTIE B : ANALYSE DES PROBLÈMES ET RECOMMANDATIONS EN MATIÈRE D’INNOCUITÉ Dans cette section, les 11 problèmes qui avaient une cote de risque de 16 ou plus dans la Partie A font l’objet d’une analyse plus poussée. Chaque problème devait être abordé { l’aide d’une méthodologie qui lui était propre, et certains problèmes ont dû faire l’objet d’une analyse plus poussée que d’autres. L’analyse détaillée de ces 11 problèmes a permis de dégager d’autres thèmes ayant trait { l’innocuité, qui sont présentés après les 11 problèmes principaux. Le tableau de l’Annexe G résume chacune des recommandations. FORCE DES DONNÉES PROBANTES APPUYANT LES RECOMMANDATIONS Contrairement à la recherche scientifique dans le domaine de la santé, les méthodes classiques d’évaluation quantitative, telles que les essais contrôlés avec répartition aléatoire, sont de peu d’utilité, ou sont carrément { proscrire, pour élaborer des recommandations portant sur l’innocuité et la prestation des soins prodigués aux patients. Les problèmes soulevés dans cette section, tout comme les recommandations afférentes à ces problèmes, reposent donc sur des observations qualitatives, des commentaires exprimés par des utilisateurs, des consensus entre experts ou, lorsque le contexte le permet, les pratiques exemplaires décrites dans la documentation scientifique. Pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans ce rapport, les prestataires de soins devront sans doute faire preuve de créativité et devoir faire des compromis qui tiennent compte des ressources en personnel, de l’espace disponible ou de leurs budgets. Les recommandations doivent donc être adaptées au contexte local. Nous sommes parfaitement conscients que l’engagement des organismes et des programmes de lutte contre le cancer couvrent de nombreuses provinces et disciplines. Nous vous enjoignons donc fortement à poursuivre cet examen. Le succès de l’évaluation et de la mise en œuvre des recommandations dépend de la participation de nombreux intervenants, dont les patients, les pharmaciens, les infirmières, le personnel administratif et les médecins. En outre, nous encourageons fortement les établissements à échanger entre eux les leçons apprises dans le cadre de cette démarche. 1 Pompes élastomériques à perfusion intraveineuse et dispositifs d’accès Les pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires (aussi appelées « dispositifs d’administration élastomériques » ou « infuseurs élastomériques » sont des pompes jetables, que l’on n’utilise qu’une seule fois. Ces pompes, qui ne sont pas alimentées à Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 26 l’électricité, servent { l’administration de la chimiothérapie par voie intraveineuse (Figure 2). Le médicament est emmagasiné dans un réservoir en élastomère qui ressemble à un ballon. Ce réservoir est protégé par le boîtier du dispositif. Puisque le dispositif n’est pas alimenté { l’électricité, aucune programmation n’est requise et le débit n’est pas affiché. La vérification du débit doit donc se faire par inspection visuelle. Depuis la parution du rapport d’analyse des causes fondamentales de l’incident lié au fluorouracile1, on observe une migration des dispositifs électroniques vers les dispositifs élastomériques à perfusion intraveineuse au Canada. FIGURE 2. POMPE ÉLASTOMÉRIQUE À PERFUSION INTRAVEINEUSE POUR UTILISATION EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES 1.1 Défaillances inexpliquées d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse COTE DE RISQUE : 64 Les participants { l’étude sur le terrain ont relevé que le débit des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires était souvent plus élevé ou plus faible qu’il ne devait l’être. Cette observation est commune à 26 manifestations d’effets indésirables décrites par les répondants au sondage. Certains cas semblent avoir été particulièrement graves, dont un cas de perfusion trop rapide de fluorouracile ayant provoqué une insuffisance rénale grave et un cas d'appareil n’ayant administré qu’une demi-dose de médicaments pendant la période de perfusion prescrite. Les descriptions et les examens de ces défaillances n’ont pas toujours permis d’en élucider les causes. Revues d’une base de données sur les incidents La base de données MAUDE12 de la FDA, l’office de réglementation des aliments et des médicaments aux États-Unis, répertorie les rapports d’effets indésirables attribuables { des appareils médicaux. On a effectué une analyse des rapports des incidents associés à des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires entre le 1er janvier 2008 et le 1er mai 2009. On a relevé 74 incidents associés exclusivement à des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoire, dont 70 incidents portant sur l’administration d’une surdose. Seulement 45 de ces rapports précisaient la durée prévue et la durée Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 27 réelle de la perfusion. Parmi ces rapports, le débit de la perfusion était en moyenne 33 % plus rapide que prévu. De ces 74 incidents, 39 portaient sur le fluorouracile. Sept des 70 rapports d’administration d’une surdose décrivent des incidents dans le cadre desquels le débit des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires était 10 % plus élevé que prévu, ce qui respecte les paramètres de fonctionnement normal fournis par Baxter. Revue de la documentation scientifique Une recherche minutieuse des articles qui ont été publiés dans la documentation scientifique à propos du rendement des appareils élastomériques a été effectuée avec l’aide d’un libraire. Cette recherche n’a toutefois permis que de relever quatre articles pertinents. Trois des articles portaient sur des études de recherche ayant été effectuées dans le cadre d’expériences en laboratoire et font état d’écarts de débit, et ce, même dans des conditions idéales13, 14. Ces écarts étaient encore plus élevés dans des conditions qui n’étaient pas idéales, telles qu’un caisson de compression15. Le quatrième article16 analyse la documentation scientifique portant sur les facteurs qui affectent le débit des appareils jetables (dispositifs élastomériques et dispositifs sous vide ou à ressort). Cet article démontre que le débit combiné de ces appareils peut être jusqu’{ 40 % plus faible ou plus élevé qu’il ne devrait l’être. Outre le fait que les articles portant sur le rendement des pompes en laboratoire sont rares, aucune étude portant sur le rendement de l’utilisation des pompes avec des patients n’a été trouvée. Discussions avec le fabricant Les résultats du sondage ont démontré que Baxter est le principal fabricant de ce type de pompes au Canada (96 %). Les documents de formation produits par Baxter pour les dispositifs élastomériques ont été recueillis et évalués. L’information actuellement disponible est très rare. L’équipe de chercheurs a donc communiqué avec Baxter, et plusieurs rencontres et téléconférences ont eu lieu pour en savoir plus au sujet de leurs produits. Les représentants de la compagnie ont discuté des quatre facteurs qui jouent un rôle sur l’exactitude du débit de la perfusion par voie intraveineuse : le type de diluant, la température capillaire, la position de la tête et la capacité du réservoir (Tableau 6). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 28 TABLEAU 6 - FACTEURS QUI JOUENT UN RÔLE SUR L’EXACTITUDE DES POMPES ÉLASTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE UTILISÉES EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES, TELS QUE DÉCRITS PAR BAXTER Facteur Écart par rapport au réglage Différence de débit Type de diluant Solution saline ordinaire plutôt qu’une solution D5W (dextroxe { 5 %) + 10 % Température capillaire Par augmentation de 1°C au dessus de 33°C + 2,3 % Par augmentation de 1°C au dessus de 33°C - 2,3 % Par pouce d’élévation élastomérique en dessous du point d’accès par rapport au réservoir + 0,5 % Par pouce d’élévation élastomérique au dessus du point d’accès par rapport au réservoir - 0,5 % Quantité insuffisante Augmentation du débit (température du raccord à l’extrémité distale) Position de la tête (distance verticale entre le réservoir élastomérique et le point d’accès du patient) Capacité du réservoir (absence de données quantifiables) Remplissage excédentaire Réduction du débit (absence de données quantifiables) À noter, les écarts de débit décrits au Tableau 6 s’ajoutent { l’écart de ± 10 % que le fabricant considère comme acceptable pour des perfusions typiques (ou « nominales »). L'effet de ces facteurs peut être cumulatif (c.-à-d. qu’ils peuvent tous contribuer { l’augmentation ou { la réduction du débit) ou, au contraire, ils peuvent s’annuler mutuellement. Dans le pire des scénarios, soit dans le cas d’un effet cumulatif de tous ces facteurs, le patient pourrait recevoir une dose considérablement plus élevée ou plus faible que celle qu’il devrait recevoir. À titre d’exemple, le Tableau 7 illustre une situation clinique hypothétique et l’augmentation du débit qui y serait associée. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 29 TABLEAU 7 – CALCUL DE L’AUGMENTATION HYPOTHÉTIQUE DU DÉBIT Facteur Écart par rapport au réglage Exemple de raisons pouvant expliquer un écart Différence de débit Écart cumulatif sur la différence du débit Écart accepté dans le fonctionnement normal Aucun - Caractéristiques physiques de l’appareil + 10,0 % + 10,0 % Type de diluant Solution saline ordinaire plutôt qu’une solution D5W (dextroxe à 5 %) - Le protocole thérapeutique prévoit une solution saline ordinaire +10,0 % + 20,0 % Température capillaire Augmentation de 5°C au dessus de 33°C - Le patient utilisait une couverture chauffante (+ 2,3 %) × 5 = + 11,5 % + 31,5 % (+ 0,5 %) × 10 + 36,5 % - Le patient se faisait bronzer Position de la tête Le réservoir élastomérique était placé 10 pouces au dessus du point d’accès - Le patient déposait l’appareil sur une table de nuit lorsqu’il dormait = +5.0% Comme le Tableau 7 l’illustre, de faibles écarts par rapport aux réglages normaux peuvent faire augmenter le débit de 36,5 %. Les augmentations du débit pourraient être encore plus élevées, puisque, d’une part, l’exemple ne tient pas compte de la quantité de médicament dans le réservoir et que, d’autre part, le fabricant n’a pas offert de données quantifiables portant sur l’écart de débit associé à la quantité de médicament dans le réservoir. Les écarts de débit pourraient donc atteindre ± 40 % ou même plus16. Évaluation des documents de formation produits par Baxter La plupart des établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer et des organismes provinciaux de lutte contre le cancer ont produit leur propre matériel de formation portant sur l’utilisation de pompes élastomériques. L’équipe désirait connaître le type de formation offerte au personnel et aux patients au sujet du mode d’utilisation de ces pompes. Les participants { l’étude sur le terrain et les membres du Comité de l’innocuité des traitements systémiques de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer ont acheminé au groupe de chercheurs le matériel dont ils disposaient. L’absence totale d’uniformité dans le contenu de ce matériel est évidente. En outre, ce matériel mentionne très rarement les facteurs qui peuvent avoir des Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 30 répercussions sur l’exactitude du débit qui ont été relevés par Baxter. La matière de presque tout le matériel de formation, qu’il s’adresse à des techniciens en pharmacie, à des pharmaciens ou à des infirmières, que ce matériel ait été produit par le fabricant ou par les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer, semble être le même. Le personnel clinique joue toutefois différents rôles dans la préparation et l’utilisation de ces appareils. Il bénéficierait certainement de matériel de formation adapté à ses besoins. Résumé Le sondage, l’étude sur le terrain et les analyses de la base de données MAUDE ont révélé un nombre considérable de cas d’administration de dose excessive ou de dose insuffisante de chimiothérapie liés { l’utilisation de pompes élastomériques à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires. Des discussions avec le fabricant ont permis de préciser que l’exactitude du débit des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires peut varier de ± 10 % dans des conditions parfaites et qu’au moins quatre autres facteurs peuvent également affecter la prévisibilité du débit. Le débit peut donc varier d’au moins 40 % en plus ou en moins. Les données sur les facteurs de rendement ne sont pas facilement accessibles par le grand public et ne sont pas nécessairement bien comprises par le personnel de première ligne. De nombreux rapports font état d’incidents survenus alors que le fonctionnement de l’appareil respectait les paramètres du fabricant. Ces incidents démontrent que les utilisateurs ne sont pas toujours au courant des facteurs qui compromettent le rendement de ces pompes. La recherche portant sur le rendement in vivo et in vitro des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires est inexistante. RECOMMANDATIONS Les pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires sont une option très simple pour prévenir les erreurs graves de débit d’administration du traitement qui peuvent se produire avec des pompes électroniques programmables, comme ce fut le cas lors de l’incident lié { l’administration de fluorouracile1. Plusieurs facteurs (le type de diluant, la hauteur de la tête, la température, la présence d’une quantité insuffisante dans le réservoir ou le diamètre du dispositif d’accès vasculaire) peuvent toutefois avoir des répercussions significatives sur le débit. Une meilleure formation s’impose pour faire en sorte que le débit des pompes soit aussi près que possible du débit nominal. o Le matériel de formation doit être adapté aux besoins des différents utilisateurs, tels que le personnel des pharmacies, les infirmières et les patients, et leur permettre de comprendre les facteurs qui ont des répercussions sur le rendement de la pompe, leurs rôles respectifs dans la préparation ou l’administration du traitement et l’utilisation de l’appareil, la manière de déterminer si la pompe fonctionne comme elle le devrait (détails { l’Annexe H). Cette information a été portée { l’attention de Baxter Canada, qui a collaboré { l’élaboration de nouveaux documents d’information sur le produit (voir Annexe I pour consulter les versions préliminaires). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 31 o Les médecins prescripteurs devraient être sensibilisés aux forces et aux faiblesses de ce type d’appareil. o Les fabricants d’appareils élastomériques devraient poursuivre leurs travaux pour en améliorer le rendement. La recherche portant sur le rendement de la pompe in vivo pour l’administration de différents médicaments, simultanément { l’exécution de certaines tâches quotidiennes par les patients, permettrait de définir avec plus d’exactitude le rendement et les taux d’incidents associés { ces appareils. Lorsque les infrastructures permettent de recourir { des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer à recourir { cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes { perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires 17. 1.2 Erreurs dans le choix d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires COTE DE RISQUE : 24 Les différents modèles de pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires servent à l’administration de divers médicaments à des débits variés. Ils ont toutefois des dimensions, des formes et des couleurs qui se ressemblent (Figure 3). Puisque les programmes de traitement contre le cancer ont recours à différents modèles d’appareils élastomériques pour plusieurs types de chimiothérapie, de multiples modèles peuvent s’avérer nécessaires pour répondre aux différents besoins en matière de taux de perfusion. Lorsqu’une pharmacie stocke différents modèles, le personnel peut choisir par erreur un modèle qui administre le médicament { un débit plus élevé ou plus faible qu’il ne devrait le faire. Des incidents liés au choix d’un appareil par erreur ont été observés dans plusieurs établissements canadiens. Ces incidents ont parfois porté préjudice aux patients. Le sondage fait état de 10 incidents de ce genre. FIGURE 3. DIFFÉRENTS MODÈLES DE POMPES ÉLASTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE UTILISÉES EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES FABRIQUÉS PAR BAXTER Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 32 RECOMMANDATIONS Les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer devraient normaliser et simplifier leurs protocoles thérapeutiques afin de réduire au minimum le nombre de modèles de pompes élastomériques à perfusion utilisées en contexte de soins ambulatoires. Pour prévenir le choix d’un modèle par erreur, les modèles de pompes élastomériques à perfusion utilisées en contexte de soins ambulatoires qui fournissent des débits différents devraient être entreposés séparément les uns des autres dans la pharmacie (voir Annexe G pour consulter les recommandations détaillées en matière de formation). Le matériel de formation du personnel de pharmacie devrait mettre l’accent sur le processus qui permet de déterminer les dispositifs pertinents et les répercussions des erreurs dans le choix de ces dispositifs. La formation des infirmières devrait aborder les procédures qui permettent de s’assurer que la pharmacie choisit et remet le dispositif pertinent. Les fabricants de pompes devraient s’efforcer de différencier les différents modèles de pompes en utilisant plus judicieusement les couleurs, les formes ou l’étiquetage. Lorsque les infrastructures permettent de recourir { des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer { recourir { cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes { perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires17. 1.3 Soins à domicile et pompes à perfusion intraveineuse COTE DE RISQUE : 16 Dans certaines régions, les pompes électroniques ou élastomériques à perfusion intraveineuses utilisées en contexte de soins ambulatoires sont reliées aux centres de soins où les patients reçoivent leurs traitements. Ces pompes sont surveillées, branchées et débranchées par des infirmières qui prodiguent des soins au domicile du patient. Pendant l’étude sur le terrain, les chercheurs ont relevé des incidents associés aux soins à domicile. Par exemple, dans un cas, une infirmière a montré à un patient comment débrancher une pompe électronique { perfusion intraveineuse pour qu’il puisse prendre une douche. Le patient a débranché sa pompe et le cathéter central s’est bloqué. Une autre infirmière n’a pas remarqué qu’un incident grave s’était produit avec une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse, et elle l’a jetée sans en aviser qui que ce soit. Le patient a ensuite été atteint d’une insuffisance rénale qui a été attribuée d’abord { d’autres causes. Ces incidents illustrent bien les problèmes liés aux soins à domicile et aux pompes à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires. Ce n’est l{ qu’une facette au sein de l'ambitieux dossier des soins { domicile et des soins prodigués aux personnes atteintes d’un cancer, car ceux-ci varient énormément d’une région { une autre { l’intérieur d’une province, ou d’une province à une autre. Compte tenu de la complexité de cette question, le comité de direction de l’étude était d’avis qu’elle devrait faire l’objet de sa propre étude de recherche, il ne l’a donc pas étudié en détail. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 33 RECOMMANDATIONS Des recherches additionnelles sont requises pour déterminer la manière d’assurer l’innocuité de la chimiothérapie chez les patients qui reçoivent des soins { domicile. Les cliniques qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer devraient s’assurer de renseigner clairement les patients sur la manière de déceler une erreur de fonctionnement de la pompe et sur ce qu’ils doivent faire lorsqu’une telle erreur se produit (consulter l’Annexe G). Les conclusions de cette étude doivent être communiquées aux programmes provinciaux de prestation de soins { domicile pour qu’ils puissent en appliquer les connaissances de manière { pouvoir mettre en œuvre des stratégies visant { améliorer la qualité des soins prodigués aux patients. 1.4 Dispositifs d’accès utilisés en conjonction avec les pompes à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires COTE DE RISQUE : 16 Différents dispositifs d’accès peuvent être utilisés pour l’administration de la chimiothérapie par l’entremise d’une pompe { perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires. Un cathéter central inséré par voie périphérique (CCIP) est un dispositif qui est inséré dans une veine périphérique jusqu’{ la veine cave supérieure. Un Port-a-Cath™ (aussi appelé cathéter à chambre implantable) est un dispositif que l’on insère chirurgicalement sous la peau pour relier une veine à un cathéter qui se rend habituellement jusqu’{ la veine cave supérieure, juste sous l’oreillette droite. Ces deux dispositifs peuvent être reliés à un appareil élastromérique. On a observé une absence presque totale d’uniformité d’un établissement { l’autre, parfois même au sein d’un même établissement, par rapport au type de dispositif utilisé pour l’administration de la chimiothérapie par l’entremise d’une pompe { perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires. Les répercussions du rendement de la pompe n’ont pas été élucidées, mais ce sont des questions qui sont relevées fréquemment. Le type de dispositif d’accès requis pour répondre aux besoins d’un patient, pour protéger les veines et les tissus ou assurer pour la prise en charge des soins appropriés avec le temps ne reposent sur aucune norme nationale ou donnée probante. Le personnel clinique doit par conséquent se fier à son jugement clinique et aux ressources à sa disposition. Pour assurer l’innocuité et l’uniformité des soins, les oncologues doivent porter une plus grande attention à cette question. RECOMMANDATIONS Une recherche plus approfondie s’impose pour déterminer les répercussions des dispositifs d’accès sur le rendement des pompes { perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires et pour définir des normes en matière de soins. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 34 2 Commandes et étiquetage Les commandes de chimiothérapie se font de différentes façons, soit des blocs d’ordonnances universels non structurés, des formulaires de commandes préimprimés ou des systèmes informatisés de saisie des ordonnances. Les commandes de chimiothérapie doivent souvent être modifiées à mesure que l’état du patient évolue. L’équipe de pharmaciens qui prépare la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse y appose une étiquette contenant de l’information au sujet du patient et de la commande. La présente section aborde les questions liées à cet aspect de la prestation de la chimiothérapie. 2.1 Modifications des commandes COTE DE RISQUE : 36 L’état d’une personne atteinte d’un cancer varie constamment. La chimiothérapie administrée doit être adaptée en conséquence. Une demande de modification de la chimiothérapie a pour objet d’adapter un traitement standard (p. ex. ajouts, retraits ou modifications) ou de modifier le traitement qui a été prodigué au patient au départ. Pour préparer et administrer la chimiothérapie correctement, la demande de modification doit être communiquée rapidement aux pharmaciens, aux techniciens en pharmacie, aux préposés administratifs et aux infirmières. Dans le cadre de l’étude sur le terrain, on a observé que cette communication ne se faisait pas toujours de manière adéquate ou avec suffisamment de rapidité. Pour mieux comprendre le mécanisme de modifications des commandes et pour déterminer les risques potentiels, la documentation scientifique a été recensée pour trouver des articles portant sur les modalités de demande de modifications de la chimiothérapie. Les observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain ont été analysées plus en détail dans le but de comprendre le processus, les outils et les risques pour la santé qui sont associés aux demandes de modification. Des organigrammes ont été élaborés pour chacun des établissements qui ont participé { l’étude2. Ils illustrent le processus de communication de l’information ayant trait aux commandes de chimiothérapie aux différents intervenants. Les chercheurs ont également analysé des formulaires préimprimés recueillis dans le cadre des études dans le but de relever les caractéristiques qui peuvent faciliter ou compliquer la communication efficace des modifications de commandes. Quatre protocoles de chimiothérapie ont été retenus aux fins d’analyses, tout comme les formulaires préimprimés associés à des incidents liés à des modifications de la chimiothérapie dans différents établissements. Les lacunes en matière d’innocuité ont ensuite été transposées sur un organigramme et des échantillons de formulaires préimprimés ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie { l’aide de hiérarchies structurelles3-6. Aucune recherche sur la communication des modifications de commande de chimiothérapie n’a été relevée. Quelques études laissent toutefois croire que des modifications de commandes contribuent souvent à des incidents, et que les formulaires préimprimés jouent un rôle de premier plan dans la communication des modifications de commandes18 19. 2 Un établissement qui prodigue des soins à des personnes atteintes d’un cancer a été exclu, parce que la chimiothérapie qu’on y administre n’est pas commandée par l’établissement en question. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 35 L’analyse des données relevées dans le cadre de l’étude sur le terrain a permis de relever neuf types de demandes de modification (Tableau 8). Une analyse plus poussée a permis de dégager les facteurs qui contribuent probablement aux modifications de commandes faites à la toute dernière minute (Tableau 9) et celles qui peuvent compromettre la communication efficace des modifications de commandes (Tableau 10). TABLEAU 8. CATÉGORIES DE MODIFICATIONS DE COMMANDES DE CHIMIOTHÉRAPIE Report du traitement Modifications des doses de chimiothérapie Ajustements des pré-requis pour entamer le traitement Ajout de commandes d’examen de laboratoire Ajout / omission de la prémédication Rendez-vous additionnel chez le médecin Modification de la commande d’hydratation normale Notes spéciales du médecin-prescripteur Ajout / omission d’un agent anticancéreux Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 36 TABLEAU 9. FACTEURS QUI CONTRIBUENT PROBABLEMENT AUX MODIFICATIONS DE COMMANDES FAITES À LA TOUTE DERNIÈRE MINUTE Problème Description Recommandation Chimiothérapie commandée avant l’obtention des résultats des analyses sanguines du patient Les résultats des tests sont de toute première importance pour déterminer si le patient doit être traité ou si les doses doivent être ajustées. Lorsque l’oncologue commande un traitement avant d’avoir revu les résultats des analyses sanguines du patient, il est beaucoup plus probable que le traitement de chimiothérapie commandé doive être modifié. Dans le cadre d’un calendrier de traitements prodigués sur plusieurs jours, les analyses sanguines doivent être faites au moins un jour avant la visite chez le médecin. Les cliniciens disposent alors des données les plus récentes au sujet de l’état du patient avant de l’examiner. Il est alors beaucoup moins probable que le traitement de chimiothérapie commandé doive être modifié (consulter le Section 4.1). Absence d’un examen par une infirmière avant l’examen par le médecin Une évaluation exacte de la toxicité s’impose pour que les médecins puissent élaborer un programme thérapeutique efficace. Les infirmières ont démontré qu’elles étaient beaucoup plus efficaces que les médecins pour recueillir de l’information sur la toxicité auprès des patients20. L’étude qui a été faite sur le terrain corrobore ces conclusions Les infirmières en oncologie devraient évaluer les patients avant que les commandes de chimiothérapie soient acheminées à la pharmacie. Délai prolongé entre la visite du patient à la clinique et la commande du traitement À l’un des établissements, le délai entre la visite du patient à la clinique et la commande de chimiothérapie pouvait atteindre trois semaines. L’état du patient pourrait changer entre sa visite la clinique et le début de ses traitements. Lorsque c’est possible, les médecins devraient commander la chimiothérapie immédiatement après l’examen du patient, et le traitement devrait commencer le plus tôt possible après cet examen. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 37 TABLEAU 10. QUESTIONS QUI PEUVENT COMPROMETTRE LA COMMUNICATION EFFICACE DES MODIFICATIONS DE COMMANDES Problème Description Recommandation Les formulaires préimprimés existants ne comportent pas d’espaces désignés pour documenter les modifications de commande La présentation des formulaires préimprimés ne permettait pas de repérer facilement les modifications de commande (Figure 5 et Figure 6). Les modifications risquaient alors de ne pas être relevées ou d’être mal interprétées par les prestataires de soins. Une plage désignée devrait être prévue sur le formulaire préimprimé pour communiquer les modifications de commande. Les formulaires préimprimés sont utilisés pendant plusieurs cycles Les formulaires préimprimés sont souvent conçus pour répondre aux besoins de plusieurs cycles. Puisque l’état du patient change souvent pendant qu’il reçoit son traitement, les formulaires deviennent couverts de commentaires. Il devient alors difficile de savoir quel changement s’applique { un cycle en particulier (Figure 6). Les formulaires préimprimés devraient être conçus pour n’être utilisés que pendant un seul cycle. Contraintes inhérentes aux commandes sur copie papier La lisibilité des notes manuscrites est toujours un problème avec les commandes sur copie papier. Les établissements devraient se doter de politiques et de procédures leur permettant : Plusieurs intervenants peuvent avoir besoin de consulter une commande, souvent en même temps. On a donc régulièrement recours à des photocopies, des télécopies et des formulaires non carbonés sur papier autocopiant. Lorsqu’une commande est modifiée, il peut alors s’avérer difficile d’aviser les autres intervenants que leurs copies sont périmées. de tenir un registre des modifications apportées à une commande; Tous les établissements qui ont participé { l’étude se fiaient énormément sur les appels ponctuels et des conversations personnelles Consulter le rapport additionnel, intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. Consulter le rapport additionnel, intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. de pouvoir repérer visuellement les commandes qui ont fait l’objet ou qui feront probablement l’objet d’une modification; de pouvoir aviser rapidement par écrit les intervenants lorsqu’une commande fait l’objet ou qu'elle fera probablement l’objet d’une modification. Consulter la Figure 7 et la Figure 8 pour des exemples tirés de l’étude sur le terrain. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 38 pour communiquer des modifications de commandes de chimiothérapie, et peu d’entre eux s’étaient dotés d’un mécanisme officiel pour les documenter. Potentiel inexploité des systèmes informatisés de saisie des ordonnances Les systèmes informatisés de saisie des ordonnances permettent de pallier de nombreuses lacunes propres aux formulaires préimprimés. La lisibilité des notes manuscrites n’est plus un problème, et plusieurs utilisateurs peuvent avoir accès à une commande. Ces systèmes conservent automatiquement l’historique des modifications qui ont été apportées à une commande et avisent automatiquement tous les intervenants qu’une modification a été faite. Les deux établissements dotés de systèmes informatisés de saisie des ordonnances qui ont participé à l’étude sur le terrain n’étaient toutefois pas dotés de ces fonctions et manifestaient, par conséquent, des problèmes semblables à ceux observés dans les établissements qui utilisaient des formulaires préimprimés. Calendrier de traitements prodigués le jour Dans les établissements qui ont recours au calendrier de traitements prodigués le jour même, le médecin Un système informatisé de saisie des ordonnances devrait au moins pouvoir : permettre au médecinprescripteur de joindre à chacune des commandes des notes dans un format qui permettrait aux autres cliniciens de facilement en prendre note et de les comprendre; aviser automatiquement les utilisateurs qu’une commande est atypique; aviser automatiquement les préposés, les cliniciens, les pharmaciens et les infirmières qu’une modification a été apportée à la commande; conserver automatiquement l’historique des modifications qui ont été apportées à une commande, dont le moment, les raisons et l’auteur de la modification. L’adoption d’un calendrier des traitements prodigués sur plusieurs jours pourrait contribuer à résoudre Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 39 même commande les médicaments avant d’obtenir les résultats des analyses sanguines (Section 4.1). Une infirmière ou un pharmacien doit alors vérifier l’analyse sanguine le jour du traitement et décider s’il faut l’administrer ou demander au médecin de le modifier. Le patient doit attendre pendant tout ce temps et, par conséquent, les pharmaciens sont pressés par le temps pour exécuter les ordonnances. certains problèmes associés à la communication de la commande. Consulter la Section 4.1. FIGURE 4. ANNOTATION D’UNE ANALYSE DE LABORATOIRE ET D’UN RENDEZ-VOUS AVEC LE MÉDECIN SUR UN FORMULAIRE PRÉIMPRIMÉ FIGURE 5. COMMANDE COMPORTANT PLUSIEURS MODIFICATIONS DE LA PRÉMÉDICATION Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 40 PPO designed for two cycles Required blood test result changes Chemotherapy dose changes FIGURE 6. UNE COMMANDE DONT LES DOSES DE CHIMIOTHÉRAPIE ET LES RÉSULTATS D’ANALYSE REQUIS ONT ÉTÉ MODIFIÉS. COMME LE FORMULAIRE A ÉTÉ CONÇU POUR DEUX CYCLES, IL EST DIFFICILE DE SAVOIR SI LES CHANGEMENTS S’APPLIQUENT AU CYCLE 11, AU CYCLE 12, OU À CES DEUX CYCLES. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 41 Chemotherapy dose change indicated FIGURE 7. LA FICHE DE CHIMIOTHÉRAPIE D’UNE PHARMACIE MET L’ACCENT SUR UNE MODIFICATION DE LA DOSE AU DEUXIÈME CYCLE. DES COPIES DES ÉTIQUETTES DE PRÉPARATION DU MÉDICAMENT SONT JOINTES À LA FICHE. LES CHANGEMENTS ET LES INSTRUCTIONS SONT SURLIGNÉS EN JAUNE. FIGURE 8. FORMULAIRE SUR PAPIER JAUNE UTILISÉ PAR UN ÉTABLISSEMENT POUR DÉSIGNER LES COMMANDES COMPORTANT UN ÉLÉMENT QUI N’A PAS ENCORE ÉTÉ RÉGLÉ OU UNE MODIFICATION DE COMMANDE QUI N’A PAS ENCORE ÉTÉ CONFIRMÉE. SACHANT ALORS QUE LA COMMANDE N’A PAS ENCORE ÉTÉ CONFIRMÉE, LE PERSONNEL DE LA PHARMACIE PEUT DONC ALORS EXÉCUTER ENTRE-TEMPS LES AUTRES COMMANDES. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 42 RECOMMANDATIONS Pour améliorer la cueillette d’information sur la toxicité, les infirmières en oncologie devraient évaluer les patients avant que les commandes de chimiothérapie soient acheminées à la pharmacie. On devrait privilégier le calendrier de traitements prodigués sur plusieurs jours (consulter la Section 4.1) : o pour réduire la probabilité de devoir modifier la chimiothérapie commandée; o pour alléger la pression exercée sur les services de pharmacie et en améliorer l’efficacité, de façon { réduire au minimum les risques d’erreur ou le gaspillage de médicaments. Pour améliorer la qualité de la communication des modifications de commande, les formulaires préimprimés devraient être conçus en tenant compte des recommandations contenues dans le document intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. Plus précisément, ils devraient : o idéalement être conçus pour n’être utilisés que pendant un seul cycle; o comporter des espaces désignés pour documenter les modifications de commandes. Les systèmes informatisés de saisie des ordonnances offrent la possibilité de réduire certains types d’erreurs. Un système informatisé de saisie des ordonnances devrait au moins pouvoir : o permettre au médecin-prescripteur de joindre à chacune des commandes des notes dans un format qui permettrait aux autres cliniciens de facilement en prendre note et de les comprendre; o aviser automatiquement les utilisateurs qu’une commande est atypique; o aviser automatiquement les préposés, les cliniciens, les pharmaciens et les infirmières qu’une modification a été apportée { la commande; o conserver automatiquement l’historique des modifications qui ont été apportées à une commande, dont le moment, les raisons et l’auteur de la modification. Les établissements devraient se doter de politiques et de procédures leur permettant : o de tenir un registre des modifications apportées à une commande; o de pouvoir repérer visuellement les commandes qui ont fait l’objet ou qui feront probablement l’objet d’une modification; o de pouvoir aviser rapidement par écrit les intervenants lorsqu’une commande fait l’objet ou qu’elle fera probablement l’objet d’une modification (Consulter Figure 7 et Figure 8 pour des exemples tirés de l’étude sur le terrain). Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 43 2.2 Formulaires préimprimés : réutilisation de formulaires, notes manuscrites, facilité et souplesse d’utilisation COTE DE RISQUE : 24 Les formulaires préimprimés sont adaptés pour être utilisés avec des protocoles de chimiothérapie bien précis. Ce sont les outils les plus communément utilisés pour commander un traitement au Canada. Ils contribuent { faciliter et { uniformiser le processus de commande de traitement puisqu’ils contiennent déj{ une bonne partie de l’information de base et que le médecin n’a plus qu’{ y inscrire l’information qui s’applique spécifiquement au patient qu’il traite. Pendant l’étude sur le terrain, les chercheurs ont toutefois observé des problèmes inhérents à la conception de la plupart des formulaires préimprimés, dont le fait qu’un formulaire peut souvent être utilisé pendant plusieurs cycles, qu’il peut être difficile { lire ou { comprendre, ou qu’il peut ne pas être facilement adaptable aux besoins particuliers d’un patient. On considère souvent que le système informatisé de saisie des ordonnances est le moyen le plus efficace et le plus sécuritaire pour commander des médicaments. Des systèmes conçus en tenant compte des besoins en oncologie et dotés de programmes d’aide { la prise de décisions cliniques permettent de réduire le risque d’exposition inappropriée, d’application d’un traitement { la mauvaise partie du corps ou de calcul erroné de la dose. L’adoption efficace de tels systèmes exige toutefois beaucoup de coordination et des ressources considérables, ce qui n’est pas toujours possible à court terme dans les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. De nombreux établissements s’efforcent d’adopter des formulaires préimprimés qui contribueront { éliminer les commandes manuscrites, cette étude s’est donc attardée { la conception des formulaires préimprimés. Un ambitieux projet a été entrepris dans le but de créer des lignes directrices et des outils d’aide qui faciliteront l’élaboration de formulaires préimprimés pour la chimiothérapie. On peut consulter la version intégrale de ce rapport dans un document d’appoint intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. Les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer trouveront dans ce document des conseils qui les aideront à créer et à évaluer des formulaires préimprimés. Ils y trouveront aussi de l’information sur le contenu et la présentation de ces formulaires. Un résumé du processus utilisé pour élaborer les lignes directrices est présenté ci-dessous. Revue de la documentation scientifique et analyse contextuelle Différentes stratégies de recherche ont été utilisées pour recenser des articles qui traitent des formulaires préimprimés utilisés en chimiothérapie, de la médecine générale et de la conception de formulaires de nature générale. Les sites Web des principaux organismes œuvrant dans le domaine de l’innocuité des médicaments et des sites Web { portée plus générale ont également été consultés dans le but d’y recenser des articles portant sur les formulaires préimprimés et bordereaux de commande. Quarante-six articles pertinents ont été relevés. Quatre grands thèmes s’en sont dégagés et ont été évalués : Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 44 1. Les formulaires préimprimés pour la chimiothérapie sont plus efficaces et plus sécuritaires que les bordereaux universels de commande non structurés18, 21-23. 2. La plupart des lignes directrices et des études actuelles portant sur les commandes pour la chimiothérapie et les formulaires préimprimés traitent du contenu, des expressions et de la nomenclature des commandes pour la chimiothérapie. En outre, certaines recommandations se contredisent24-32 30. 3. La documentation portant sur la conception de formulaires de nature générale est très limitée, et les recommandations qu’on en retire ne peuvent pas être directement appliquées à la conception des formulaires préimprimés pour la chimiothérapie. 4. La documentation portant sur la manière de concevoir des formulaires préimprimés qui assurent le degré optimal de sécurité pour le patient est restreinte33 34. Analyse détaillée des observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain Les observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain ont été analysées plus en détail dans le but de comprendre le processus, les outils et les risques pour la santé qui sont associés { l’utilisation de formulaires préimprimés pour la chimiothérapie administrée en contexte de soins ambulatoires. Les chercheurs ont également analysé des formulaires préimprimés recueillis dans le cadre des études afin d’en évaluer l’utilité et la facilité d’utilisation. Les problèmes de contenu, de conception ou d’utilisation pouvant compromettre la sécurité des patients ont été relevés. Ce sont : Le manque d’uniformité dans le contenu, le format et la présentation des formulaires préimprimés : o Les formulaires préimprimés ne mentionnent pas toujours les types et les volumes de diluant, ou la fréquence du cycle de chimiothérapie. o Bien que les infirmières doivent programmer le débit en ml/h pour presque tous les modèles de pompes { perfusion d’usage général { grand volume, aucun formulaire préimprimé ne mentionne le débit en ml/h (consulter la Section 2.3). o Aucun formulaire préimprimé ne mentionne la posologie sécuritaire des agents de chimiothérapie, ce qui contribuerait { prévenir les risques d’erreurs. o Les problèmes de conception comprenaient : une présentation difficile à comprendre des protocoles de traitement, une absence d’éléments distinctifs entre les différents types de renseignements fournis et un recours inefficace à l’alignement des textes. Formulaires sur « papier autocopiant »(NCR) o Ces formulaires sont tous imprimés au même point d’origine et sont distribués manuellement. Les utilisateurs ont par conséquent tendance à en faire des provisions pour éviter de devoir en commander lorsqu’ils en auront besoin. Lors des mises { jour du formulaire, il devient alors très difficile de s’assurer que toutes les copies de la version périmée ont été détruites. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 45 o Les commandes faites sur du papier autocopiant ne sont pas très lisibles, parce que les couleurs utilisées pour différencier les copies l’une de l’autre (p. ex. rose) créent un fond gris lorsque l’on tente de les télécopier, de les numériser ou de les photocopier, ce qui réduit le contraste et rend le texte difficile à lire. Absence de lettrage de type « Tall Man » permettant de différencier visuellement les noms de médicaments semblables en chimiothérapie (LASA) . o Bien que l’on recommande souvent de recourir au lettrage de type « Tall Man » comme stratégie de prestation sécuritaire de médicaments 35-37 38 pouvant être appliquée à la chimiothérapie39, aucun des formulaires préimprimés n’a recours { ce type de lettrage. Démarche d’élaboration de lignes directrices et d’échantillons de formulaires préimprimés Un expert en ergonomie a utilisé les résultats qui précèdent et a réuni une liste de pratiques exemplaires qui pourraient être appliquées à la prestation de la chimiothérapie en contexte de soins ambulatoires. Les lignes directrices issues de cet exercice ont été regroupées dans deux catégories : (1) le contenu et (2) la conception des formulaires préimprimés. Des avantages, des exemples et des difficultés ont été documentés pour chacune des lignes directrices. On a pris note des lignes directrices puisées dans la documentation scientifique qui entraient en conflit avec les principes ergonomiques et les observations faites sur le terrain. On a également pris note des lignes directrices qui se contredisaient mutuellement. Un groupe consultatif clinique composé de pharmaciens en oncologie, d’une infirmière en oncologie et de deux oncologues médicaux a été créé. Les membres du groupe ont participé à deux séances de discussion portant respectivement sur la conception et le contenu des lignes directrices. L’objectif était de parvenir à une décision unanime pour retenir ou rejeter chacune des versions provisoires de la ligne directrice. Sept graphistes d’expérience et deux membres du corps professoral du département de graphisme de l’École d’art et de design de l’Ontario (OCAD) se sont joints au groupe pour lui faire bénéficier de leurs connaissances en typographie, art visuel et mise en page. Ce groupe multidisciplinaire a participé à la création de cinq prototypes de concept, de modèle et d’évaluation des protocoles de chimiothérapie couramment utilisés. Le quatrième prototype a été soumis à 20 oncologues, pharmaciens oncologues, techniciens en pharmacie, préposés administratifs et infirmières en oncologie d’un peu partout au Canada. Ces personnes ont été invitées à offrir leurs commentaires au sujet des différents prototypes. La cinquième et dernière version comportait une mise à jour qui tient compte des lignes directrices émises récemment par l’ISMP pour les commandes types 40. Le document final qui a été créé après avoir terminé les lignes directrices et les nouveaux formulaires préimprimés comprend : un processus de conception de formulaires préimprimés mieux adapté aux besoins des établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer des lignes directrices, regroupées par thème, portant sur la conception et le contenu Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 46 une grille hiérarchique pour chaque ligne directrice une liste de vérification permettant d’évaluer les formulaires imprimés déjà utilisés dans un établissement par rapport aux principaux éléments des lignes directrices des représentations graphiques portant sur les questions soulevées par les lignes directrices des modèles de lignes directrices, compatibles avec les logiciels Microsoft Word ou Adobe InDesign, qui peuvent être adaptés et téléchargés RECOMMANDATIONS Les établissements qui ont recours à des formulaires de commande de chimiothérapie sur copie papier (dont les établissements qui sont dotés d’un système informatisé de saisie des ordonnances, mais qui utilisent toujours des copies papier pour certaines commandes) devraient se conformer aux recommandations décrites dans le rapport additionnel intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. Pour s’assurer que les versions utilisées sont toujours les plus récentes, les formulaires devraient provenir d’une seule source et pouvoir être téléchargés électroniquement à partir du site Web ou de l’intranet de l’établissement. Les commandes devaient pouvoir être imprimées une à une pour chaque patient. La conception efficace d’un protocole préimprimé repose sur des protocoles bien conçus et normalisés. Il n’est pas possible de concevoir un formulaire préimprimé si le protocole est lui-même difficile à comprendre ou à suivre. Il en va de même pour les systèmes informatisés de saisie des ordonnances. Les protocoles doivent donc être analysés avec minutie dans le but de déterminer s’ils peuvent être simplifiés. 2.3 Étiquetage et erreurs de programmation des pompes à perfusion d’usage général à grand volume COTE DE RISQUE : 18 Les patients traités dans des établissements reçoivent presque toujours leur médicament { l’aide de pompes { perfusion d’usage général { grand volume. Dans la plupart des cas, une infirmière doit programmer la pompe en inscrivant le débit en ml/h. Aucune étiquette de médicament utilisée dans les différents établissements et aucune des commandes faites par les médecins ne comportait toutefois le débit correspondant { l’unité de programmation des pompes { perfusion. Par conséquent, les infirmières doivent procéder à des calculs très complexes pour convertir la dose commandée, soit en milligrammes sur une certaine période de temps, en ml/h pour pouvoir administrer le médicament { l’aide d’une pompe { perfusion. Une étude a démontré que ces calculs étaient incorrects dans 42 % des cas41. Bien que ces erreurs puissent avoir des conséquences graves, comme les infirmières sont présentes à proximité du patient pendant toute la durée de la perfusion, ce qui réduit considérablement les risques, ces erreurs sont plus faciles à détecter que celles qui sont associées aux pompes utilisées en contexte de soins ambulatoires. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 47 RECOMMANDATIONS Le débit (exprimé dans l’unité qui correspond { celui de la pompe, p. ex. ml/h) devrait figurer sur les étiquettes de chimiothérapie produites par la pharmacie ou les formulaires de commande préimprimés pour tous les médicaments administrés { l’aide d’une pompe { perfusion { grand volume ou d’une pompe { perfusion utilisée en contexte de soins ambulatoires42. o Les établissements utilisant une technique qui consiste à ajouter le volume du médicament au volume total contenu dans le sac à perfusion, plutôt qu'à retirer un volume de liquide correspondant à la quantité de médicaments devant être perfusé, devraient recourir à un débit approximatif. Lorsque les infrastructures permettent de recourir { des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer { recourir à cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes { perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires 17. 2.4 Commandes non structurées COTE DE RISQUE : 16 En l’absence d’un formulaire préimprimé pour un protocole particulier, les prescripteurs exécutent des commandes non structurées ou ont recours { des blocs d’ordonnances universels. Cette façon de procéder est relativement courante, puisque 35 % des répondants au sondage disent l’utiliser pour certains types de traitements. Le recours à des commandes non structurées comporte les risques suivants pour la sécurité des patients : L’absence de structure fait en sorte que le prescripteur peut remplir la commande dans la séquence ou la présentation de son choix. Compte tenu de la complexité des protocoles de chimiothérapie, les pharmaciens ou les infirmières peuvent avoir de la difficulté à les interpréter. Il peut s’avérer particulièrement difficile de noter les changements qui ont été apportés { une commande si l’ordonnance est utilisée pendant plusieurs cycles. Aucune norme ou aucun rappel ne contraint ou ne guide le prescripteur. Il peut ainsi commander un médicament dont la dose ne respecte pas les paramètres acceptables ou omettre une partie de la commande. Comparativement à ce qui se produit avec les formulaires préimprimés, la lisibilité des notes manuscrites représente un problème particulier. Puisque le médecin doit rédiger toute l’information { la main, le risque d’erreur d’interprétation s’accroît considérablement. C’est surtout le cas en présence de noms de médicaments semblables (LASA), tels que le carboplatine et le cisplatine. RECOMMANDATIONS Des formulaires préimprimés devraient être créés pour tous les protocoles de traitement utilisés couramment, et on devrait éviter de recourir à des commandes non structurées. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 48 Les régimes et les protocoles de chimiothérapie devraient être uniformisés { l’échelle provinciale, et les outils afférents, tels que des formulaires préimprimés ou des systèmes informatisés de saisie des ordonnances, devraient être mis à la disposition des prescripteurs. 3 Pratiques pharmaceutiques Différentes pratiques ont été observées en matière d’organisation du travail, de processus de préparation et de vérification des enceintes de biosécurité dans les établissements qui ont participé à l’étude. Certaines de ces pratiques sont plus propices aux erreurs que d’autres. Ces observations sont une source d’inquiétude puisque les erreurs de préparation ne peuvent souvent plus être détectées lorsque le médicament quitte l’enceinte de biosécurité. Les pratiques observées sont toutefois souvent conformes aux normes et aux politiques canadiennes et internationales43-52. Les membres du personnel de chacune des pharmacies semblent toutefois être persuadés que leur propre technique organisationnelle est sans danger. 3.1 Organisation du matériel et processus de travail dans les enceintes de biosécurité COTE DE RISQUE : 48 L’un des établissements ayant participé { l’étude n’autorisait le mélange que d’une seule préparation dans l’enceinte de biosécurité, conformément aux exigences des politiques de l’agence provinciale de lutte contre le cancer45, 47. Les autres établissements n’étaient pas dotés de normes ou de politiques d’exercice relativement au nombre de médicaments présents dans l’enceinte de biosécurité. On a même observé à de nombreuses reprises la présence de différents médicaments destinés à différents patients dans une même enceinte de biosécurité en même temps (Figure 9). L’un des risques associés à cette façon de procéder est qu’un flacon soit pris par erreur et injecté dans le sac de diluant. Si, par la suite, le bon flacon est présenté au pharmacien, l’erreur risque alors de ne jamais être relevée. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 49 Mixing instructions for 6 chemotherapy preparations Multiple patients’ drugs FIGURE 9. UN TECHNICIEN EN PHARMACIE MÉLANGE PLUSIEURS PRÉPARATIONS DESTINÉES À DIFFÉRENTS PATIENTS, LES ÉTIQUETTES SONT PHYSIQUEMENT SÉPARÉES DES SACS DE DILUANTS Les modalités d’étiquetage varient d’un établissement { l’autre. Dans un établissement, l’étiquette était partiellement collée sur le sac de diluant (Figure 10). Elle n’était collée au complet par le technicien qu’après l’injection du médicament. Dans un autre établissement, le technicien apposait une étiquette manuscrite temporaire sur le sac. L’étiquette produite par ordinateur était apposée par le pharmacien { l’extérieur de la salle stérile après avoir procédé { une vérification. Dans d’autres établissements, les étiquettes étaient toutefois entreposées dans des endroits physiquement distincts des fournitures de préparation qui y étaient associées, tels que le sac de diluant (Figure 9). Cette façon de procéder comporte le risque qu’une étiquette soit apposée sur un sac par erreur après le mélange. Si une telle erreur se produit, elle risque de ne pas être relevée, malgré les autres vérifications qui seront faites indépendamment. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 50 Label half-stuck like a flag to indicate drug has not yet been injected FIGURE 10. SAC DE CHIMIOTHÉRAPIE SUR LEQUEL L’ÉTIQUETTE EST PARTIELLEMENT COLLÉE AVANT L’INJECTION DU MÉDICAMENT Les erreurs de préparation en pharmacie risquent également d'être moins faciles à détecter par le patient ou par l’équipe de soins, parce que l’impact de ces erreurs ressemblerait à des réactions toxiques couramment associées à la chimiothérapie. Si des erreurs se sont produites et qu’elles n’ont pas été détectées par les pharmacies d’hôpitaux, elles ne seront pas non plus relevées par les études de recherche qui font appel { des méthodes telles que l’étude rétrospective des dossiers médicaux et l’autodéclaration, deux méthodes souvent utilisées pour déterminer la fréquence des erreurs 53-60. Cette observation nous porte à croire que les erreurs de préparation ne sont pas adéquatement représentées dans la documentation scientifique. RECOMMANDATIONS Des recherches portant sur la qualité du mélange des sacs de chimiothérapie, { l’aide d’une technique telle que la chromatographie liquide { haute performance, s’imposent pour déterminer le taux d’erreurs de préparation de la chimiothérapie dans les pharmacies canadiennes. Conformément aux normes internationales50, une seule préparation de chimiothérapie devrait être présente dans l’enceinte de biosécurité { la fois. On y parvient en plaçant tout le matériel de chaque préparation { l’avance dans un bac ou un sac de type Ziploc : sac de diluant, flacons de médicament, seringues et étiquette / instructions de préparation. Les bacs / sacs peuvent être empilés sur un chariot ou sur une table, { proximité de l’enceinte de biosécurité, mais un seul bac / sac ne doit être présent dans l’enceinte de biosécurité { la fois. D’autres solutions imaginatives peuvent être requises lorsque l’espace disponible ou d’autres contraintes ne permettent pas d’utiliser un chariot. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 51 Les étiquettes ou instructions de préparation devraient toujours être accompagnées des fournitures de préparation ou du produit final qui a été préparé. Des instructions uniformisées de préparation devraient être créées, préférablement { l’aide d’un processus automatisé, lorsque l’ordonnance est traitée par la pharmacie. Les instructions manuscrites comportent des risques considérables d’erreurs ou d’interprétation erronée. On devrait songer à produire des étiquettes distinctes pour la préparation et l’administration, de manière { ce que chaque groupe d’utilisateurs n’y trouve que l’information qui lui est destinée (personnel de pharmacie et infirmières). Une dernière inspection de sécurité devrait être envisagée. Par exemple, on pourrait peser les sacs de diluant avant et après la préparation afin de confirmer l’exactitude des volumes injectés. Des données non scientifiques fournies par des collègues semblent indiquer que cette façon de procéder permet de déceler la majorité des erreurs graves de volume. D’autres options de préparation et de vérification, telles que la robotisation61, l’impartition62 ou la spectroscopie63, devaient être étudiées. 3.2 Absence de contre-vérification de la reconstitution COTE DE RISQUE : 32 Certains médicaments de chimiothérapie doivent être reconstitués avant d’être mélangés. Dans un tel cas, un diluant doit être ajouté au contenu du flacon, et la solution doit être agitée. Bien que tous les établissements exigent une contre-vérification de la préparation finale par une autre personne (habituellement un pharmacien), aucune vérification de ce genre n’a été observée dans quatre des six établissements qui ont participé { l’étude. Par conséquent, si un technicien en pharmacie fait une erreur lorsqu’il dilue une solution, aucun mécanisme n’est en place pour détecter l’erreur après l’injection du médicament dans le sac de diluant. Dépendamment de la concentration du médicament mélangé, le patient pourrait recevoir une dose substantiellement plus élevée ou moins élevée que celle qu’il devrait recevoir. Les normes et les politiques qui ont été analysés dans le cadre de cette étude ne font pas état d’une contre-vérification indépendante du type ou du volume de diluant. Dans les établissements où une contre-vérification est exigée, on mentionne l’inspection du volume, mais aucune mention n’est faite du type de diluant. RECOMMANDATION Une contre-vérification (idéalement par un pharmacien) devrait être faite pour s’assurer que le volume et le type appropriés de diluant ont été aspirés dans la seringue aux fins de reconstitution. Cette vérification devrait avoir lieu avant l’ajout au soluté, plutôt que de recourir à une technique comme celle dite du « retrait » (syringe pullback)62. Ces vérifications devraient s’ajouter { celles qui sont déj{ faites pour vérifier le volume des médicaments de chimiothérapie après leur reconstitution. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 52 3.3 Exposition à des produits pharmaceutiques dangereux COTE DE RISQUE : 16 Dans la majorité des établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer, les sacs à perfusion de médicaments sont transpercés et accrochés par une infirmière près du lit ou du fauteuil du patient. Le personnel et les patients risquent ainsi d’être exposés { des produits pharmaceutiques dangereux, puisque les sacs qui contiennent ces médicaments se trouvent souvent à la hauteur des yeux et que personne ne porte de lunette de protection. Dans certains établissements, on a observé que le personnel infirmier ne respectait pas toujours les pratiques exemplaires64 en matière de manipulation et d’élimination des sacs de chimiothérapie. À titre d’exemple, dans certains établissements, les infirmières ne portaient pas de gants lorsqu’elles mettaient les sacs vides aux rebus. Il est possible qu’elles n’aient pas été conscientes des risques que ce genre de pratiques posent pour leur santé ou que des obstacles systémiques, tels que le manque de temps ou l’absence d’outils appropriés, soient en jeu. Certains établissements ont modifié la démarche dont ils s’étaient dotés pour que les sacs de perfusion soient transpercés et accrochés dans l’enceinte de biosécurité avant l’injection de la chimiothérapie. Cette façon de procéder réduit les risques d’exposition par le personnel infirmier. RECOMMANDATIONS Pour protéger les infirmières et les patients contre l’exposition { des produits pharmaceutiques dangereux, les sacs de chimiothérapie devraient être accrochés et préparés dans l’enceinte de biosécurité avant d’être mélangés. Sinon, les établissements devraient faire appel à des dispositifs étanches de transfert des produits pharmaceutiques65. Les établissements devraient fournir à leur personnel des outils et des séances régulières de formation conçus pour les aider à respecter les lignes directrices qui régissent la manipulation sans danger des produits pharmaceutiques dangereux (p. ex. 46). 4 Autres facteurs L’analyse des onze facteurs qui précèdent a permis de dégager deux autres thèmes liés { l’innocuité : les modèles de calendriers de traitements et la simplification et l’uniformisation. 4.1 Modèles de calendriers de traitements La chimiothérapie comporte trois tâches importantes : a) les analyses sanguines, b) l’évaluation du patient et le c) traitement du patient. Le calendrier d’exécution de ces tâches constitue l’élément clé du mode de fonctionnement des établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. Les observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain ont permis de dégager deux modèles généraux de calendrier de traitements, soit le calendrier de traitements prodigués le jour même et calendrier de traitements prodigué sur plusieurs jours. Dans les établissements où les soins sont prodigués le jour même, les analyses de sang sont commandées et faites pendant l’avant-midi par un Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 53 clinicien. Le patient reçoit alors ses traitements le même jour pendant l’après-midi (Figure 11). Dans les établissements où les soins sont prodigués sur une période de plusieurs jours, les analyses sanguines sont parfois effectuées jusqu’{ deux jours avant la prestation des traitements, et le patient est évalué par un médecin la veille (Figure 12). Les trois principaux aspects du modèle de calendrier de traitements répartis su plusieurs jours sont : 1. le médecin prescripteur a accès aux résultats des analyses lorsqu’il commande la chimiothérapie, et 2. les traitements commencent peu après la rédaction des commandes de chimiothérapie, mais 3. les traitements sont prodigués au moins un jour après la rédaction des commandes, afin d’allouer suffisamment de temps à la pharmacie et au personnel infirmier pour se préparer. À noter, dans tous les établissements qui ont recours aux modèles de calendriers de traitements répartis sur plusieurs jours, des exceptions sont faites dans certains cas, tels que pour les patients qui ont de la difficulté à se déplacer ou pour ceux qui habitent loin. Dans de tels cas, on justifie le recours à un modèle de prestations des traitements le jour même, parce qu’il réduit les inconvénients pour le patient et réduit son nombre de visites au minimum. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 54 FIGURE 11. EXEMPLE DE SÉQUENCE DES ACTIVITÉS ASSOCIÉES AU MODÈLE DE CALENDRIER DE CHIMIOTHÉRAPIE PRODIGUÉE LE JOUR MÊME FIGURE 12. EXEMPLE DE SÉQUENCE DES ACTIVITÉS ASSOCIÉES AU MODÈLE DE CALENDRIER DE CHIMIOTHÉRAPIE PRODIGUÉE SUR PLUSIEURS JOURS (MODÈLE RECOMMANDÉ) Analyse Pour mieux comprendre les répercussions du modèle de calendrier de traitements prodigués le jour même, les hiérarchies de problèmes propres aux deux établissements qui ont participé { l’étude et Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 55 qui utilisaient un tel modèle ont fait l’objet d’une analyse plus poussée. Les risques directement associés au modèle de calendrier de traitements prodigués le jour même ont été relevés (Annexe J). Résultats L’analyse a révélé que, bien que le modèle de calendrier de traitements prodigués le jour même puisse donner l’impression d’être plus cohérent avec les centres de soins axés sur patient, plusieurs problèmes pouvant compromettre l’expérience du patient et l’innocuité des traitements sont inhérents à ce modèle de prestation de la chimiothérapie : Le jour des traitements, le temps d’attente des patients a tendance { être très long. Les temps d’attente prolongés ont été définis comme étant le pire aspect de la prestation de la chimiothérapie en contexte de soins ambulatoires66-70 De nombreux patients se présentent tôt le matin à la clinique, dans l’espoir de pouvoir être traités plus rapidement. On observe donc alors des pics et des creux considérables dans le volume de patients et la charge de travail du personnel. La pharmacie reçoit en même temps un nombre considérable de commandes, et le personnel de la pharmacie se sent contraint de traiter ces commandes le plus rapidement possible. Lorsqu’une demande de modification de commande est faite, la commande arrive à la pharmacie encore plus tard. Le personnel de la pharmacie est alors soumis à des pressions additionnelles pour exécuter la commande plus rapidement. Le personnel est plus susceptible de commettre des erreurs humaines, parce que les ressources cognitives font l’objet d’interruptions, de distractions et de stress additionnels71, 72 (Figure 13). LES INFIRMIÈRES NE PEUVENT PAS PRÉPARER LES FOURNITURES ET LES MÉDICAMENTS À L’AVANCE. LA PRESSION ASSOCIÉE À LA FLUCTUATION ET À L’INCERTITUDE DE LA CHARGE DE TRAVAIL ACCROISSENT LES RISQUES QU’ELLES COMMETTENT DES ERREURS HUMAINES ( Figure 14). Puisque le volume de patients est imprévisible, la dotation adéquate en personnel constitue un défi. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 56 FIGURE 13. PROBLÈMES POTENTIELS ET ERREURS HUMAINES DE NATURE PHARMACEUTIQUE ATTRIBUABLES AU CALENDRIER DE TRAITEMENTS PRODIGUÉS LE JOUR MÊME Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 57 FIGURE 14. PROBLÈMES POTENTIELS ET ERREURS HUMAINES DE NATURE THÉRAPEUTIQUE ATTRIBUABLES AU CALENDRIER DE TRAITEMENTS PRODIGUÉS LE JOUR MÊME En revanche, on a observé les avantages suivants dans les établissements qui ont recours à un modèle de traitements prodigués sur plusieurs jours : Les traitements peuvent être répartis plus uniformément tout au long de la journée, ce qui réduit les pics et les creux en matière de volume de patients tout au long de la journée. Les patients passent moins de temps en attente à chacune de leurs visites. Les commandes peuvent être hiérarchisées en fonction de la durée du traitement et du temps de préparation à la pharmacie. Les ressources en pharmacie et en infirmières peuvent être planifiées et utilisées plus efficacement. L’environnement professionnel peut sembler moins chaotique et stressant. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 58 Différents intervenants peuvent étudier plus en détail les résultats des analyses sanguines, puisque celles-ci sont effectuées au moins un jour avant la prestation des traitements. Dans un établissement qui a recours à un modèle de prestation des traitements sur plusieurs jours, tous médecins, toutes les infirmières et tous les pharmaciens étudient les résultats des analyses sanguines. Une période de temps adéquate s’écoule pour que les communications portant sur une clarification ou une modification de commande puissent se faire entre les différentes disciplines (consulter la Section 2.1). RECOMMANDATIONS Les perspectives des patients par rapport aux avantages et aux inconvénients de chacun de ces modèles de calendriers de traitements n’ont pas encore été étudiées. Par ailleurs, la documentation scientifique n’offre qu’un éclairage limité à propos des répercussions sur les patients, sur les prestataires de soins ou sur l’ensemble du système lorsque l’on adopte un modèle de calendrier de prestation de traitements sur plusieurs jours ou sur la façon de procéder avec succès { l’adoption d’un tel modèle73. Par conséquent, une étude plus poussée s’impose. Comme de nombreux problèmes sont associés au modèle de calendriers de prestation des traitements le jour même, les établissements devaient évaluer les répercussions de l'adoption d'un modèle de prestation des traitements sur plusieurs jours. Ils devraient également déterminer l’endroit et le moment qui conviendrait { l’adoption d’un tel modèle et chercher à adopter ce modèle de calendrier de prestation des soins. Les établissements qui adoptent ce modèle devraient faire connaître leur expérience, idéalement par le biais d’articles publiés dans des revues faisant l’objet d’une évaluation par des pairs : o le médecin prescripteur a accès aux résultats des analyses lorsqu’il commande la chimiothérapie, et o les traitements commencent peu après la rédaction des commandes de chimiothérapie, mais o les traitements sont prodigués au moins un jour après la rédaction des commandes, afin d’allouer suffisamment de temps à la pharmacie et au personnel infirmier pour se préparer (Figure 12). Des politiques et des procédures devraient être en place pour déterminer les personnes qui bénéficieraient le plus de traitements prodigués le jour même (p. ex. les patients à mobilité réduite, ceux qui habitent loin de l’établissement où ils reçoivent leur traitement, ceux pour lesquels un autre modèle imposerait des contraintes financières, des difficultés affectives ou d’autres sources de stress)73. 4.2 Simplification et uniformisation Différentes stratégies peuvent être utilisées dans le but de réduire les risques d’erreur humaine, et un bon nombre d’entre elles ont été abordées dans les sections qui précèdent. Un thème commun se dégage toutefois de ces recommandations : soit la simplification et l’uniformisation du processus de travail. Cette stratégie de réduction des erreurs est bien connue dans le secteur de la sécurité aérienne74 et dans celui de l’innocuité thérapeutique75 76, parce qu’elle réduit le nombre de points Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 59 exigeant une décision de la part d’un intervenant humain, ce qui réduit le besoin de devoir se fier à la mémoire. Les exemples suivants décrivent de quelle manière la simplification et l’uniformisation peuvent représenter un bienfait considérable en matière d’innocuité chez les patients qui reçoivent une chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires : Protocoles pharmacologiques : Les agences de réglementation de la santé ou de lutte contre le cancer nationales, provinciales et locales pourraient réduire le nombre de protocoles disponibles pour effectuer des commandes et simplifier les protocoles euxmêmes. Outils utilisés pour effectuer les commandes : Les agences de réglementation de la santé ou de lutte contre le cancer nationales, provinciales et locales devraient uniformiser les outils utilisés pour effectuer les commandes (formulaires préimprimés, systèmes informatisés de saisie des ordonnances) de façon à ce que, peu importe où le prestataire de soins contre le cancer se trouve, le système soit toujours le même ou qu’il soit similaire. Posologie : La simplification ou l’uniformisation des doses aurait pour effet de rendre toute la démarche plus simple et, par conséquent, de réduire les risques d’erreur. Remplissage excédentaire des sacs à perfusion intraveineuse : Dans certains établissements, on retire un volume de liquide à perfusion intraveineuse correspondant au volume de la chimiothérapie qui sera perfusée (à moins que ce volume soit inférieur à un plancher minimal). Dans d’autres établissements, on ajoute toutefois le médicament au contenu du sac à perfusion intraveineuse sans rien retirer (à moins que le volume total ne soit supérieur aux directives émises par le fabricant). Bien que la technique du remplissage excédentaire réduise le nombre de ponctions faites dans le sac à perfusion intraveineuse, ce qui par conséquent réduit les risques de contamination, des volumes uniformisés simplifient la démarche des infirmières, surtout lorsqu’elles doivent calculer les débits de perfusion. Démarche de rédaction des ordonnances : Les médecins prescripteurs qui ont recours à une démarche idiosyncrasique (p. ex. préférences en matière de protocoles ou d’algorithmes de calcul, telles que la surface corporelle ou la clairance de la créatinine, et exigences par rapport à la personne qui doit effectuer les vérifications et du moment approprié pour effectuer ces vérifications) sont à la source d’inefficacité et de confusion. Les équipes devraient travailler en collaboration dans le but de créer une démarche de travail qui est simple et uniforme. Autres démarches : Les observations faites dans le cadre de l’étude sur le terrain ont permis d’observer que les démarches de travail dans des domaines tels que le calendrier de prestation des soins et la préparation des médicaments sont souvent inefficaces ou compliquées. Leur simplification bénéficie à tous. RECOMMANDATION La simplification et l’uniformisation, au degré hiérarchique le plus élevé du système de la santé en matière de protocoles, des outils utilisés pour effectuer les commandes, de la posologie et de la démarche thérapeutique accroîtront l’innocuité et l’efficacité des soins. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 60 Une collaboration s’impose entre les organismes provinciaux de lutte contre le cancer ainsi que les établissements et les personnes qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 61 CONCLUSIONS Le premier objectif de la présente étude était de dégager les pratiques actuellement en place pour commander, préparer, étiqueter, vérifier et administrer la chimiothérapie par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires au Canada. Le sondage et l’étude sur le terrain ont permis d’observer la très grande connaissance de l’incident lié au fluorouracile et du rapport qui y a fait suite1 chez les prestataires de soins aux personnes atteintes d’un cancer. Ce phénomène illustre les nombreux avantages qui découlent de la déclaration des incidents. Ce rapport a incité de nombreux établissements à modifier leurs pratiques, dont l’abandon graduel des pompes électroniques { perfusion intraveineuse au profit des dispositifs élastomériques. Le formulaire préimprimé était l’outil le plus souvent utilisé pour commander la chimiothérapie. L’étude sur le terrain a permis d’observer une grande variété de pratiques et de cultures organisationnelles. Deux réalités sont toutefois communes à tous les établissements, soit la complexité et les pressions exercées pour devenir plus efficaces. Le deuxième objectif de l’étude était de dégager les sources de risque dans divers milieux. L’analyse du sondage et des données relevées dans le cadre de l’étude sur le terrain ont permis de dégager 37 problèmes liés { l’innocuité. Onze de ces problèmes ont été retenus pour faire l’objet d’une étude ultérieure. Ils ont été répartis en trois thèmes : pompes élastomériques à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires et dispositifs d’accès, commandes et étiquetage et pratiques pharmaceutiques. Les deux autres thèmes, soit les calendriers de traitements ainsi que la simplification et l’uniformisation, ont été relevés dans le cadre de l’analyse de ces onze problèmes. Le dernier objectif de l’étude était de recommander les stratégies à adopter pour contrer les risques associés aux problèmes qui ont été relevés. Le présent rapport contient donc des recommandations portant sur ces quatre thèmes. Ces recommandations sont de natures variées. Elles portent, entre autres choses, sur la formation du personnel, la conception des formulaires, la démarche de préparation de la chimiothérapie ainsi que l’uniformisation et la simplification des protocoles de chimiothérapie. Ces recommandations sont actuellement { l’étude et devraient être intégrées au besoin dans les normes d’Agrément Canada. La préparation de ce rapport a également soulevé un certain nombre de sujets qui feront l’objet de recherches ultérieures, tels que le rendement in vivo des pompes élastomériques à perfusion intraveineuse , la chimiothérapie et les soins à domicile, mais surtout le rôle que des sacs de chimiothérapie administrée par voie intraveineuse mélangés pourrait jouer en matière de qualité et d’innocuité. Ces recherches permettent de mieux comprendre les problèmes liés à la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse et d’en améliorer l’innocuité. Les conclusions de cette recherche seront diffusées à grande échelle au sein du réseau de l’Association canadienne des agences provinciales du cancer. Les documents et les outils seront accessibles pour téléchargement à partir du site www.ehealthinnovation.org. Améliorer l’innocuité de la chimiothérapie administrée par voie intraveineuse en contexte de soins ambulatoires 62 ANNEXE E : ANALYSE DES INCIDENTS SIGNALÉS DANS LE CADRE DU SONDAGE TABLEAU 11. NOMBRE D’INCIDENTS SIGNALÉS DANS LE CADRE DU SONDAGE, PAR CATÉGORIE Catégorie Exemple Erreur de médicament / dose / patient Occurrences 21 Le médicament a été administré incorrectement au patient. « placé la mauvaise pompe au mauvais patient » 5 Médicament commandé par erreur « On a commandé pour un patient l’équivalent de 5 jours de DAV pour une seule journée » 7 Erreur de préparation « des pharmaciens ont calculé incorrectement le volume de médicament contenu dans des pompes » 9 Perfusion trop rapide ou trop lente du médicament 67 Erreur de programmation de pompes à perfusion électronique utilisée en contexte de soins ambulatoires Défaillance d’une pompe élastomérique Remplissage et administration de la mauvaise pompe « La pompe était mal programmée. Par conséquent, la perfusion de Herceptin était trop rapide. » 21 « au moins deux incidents, dans le cadre desquels les pompes se sont vidées plus rapidement / plus vite qu’elles ne le devaient et qui ont rendu les patients très malades » 26 « la mauvaise pompe élastomérique a été choisie, et le patient a reçu en 2 jours une dose de perfusion équivalente à 7 jours » 10 Incident lié à une pompe à perfusion, le type de pompe n’a pas été précisé « le fluorouracile a été administré sur une courte période plutôt que sur 46 heures. Le patient a survécu, mais il a développé une grave inflammation des muqueuses » Non-perfusion du médicament 10 47 Emmêlement du tube et de la pompe élastomérique « le tube peut s’entremêler avec la pompe élastomérique, ce qui compromet la perfusion du médicament pendant la période prescrite. » 10 Non-fonctionnement d’une pompe { perfusion électronique utilisée dans un contexte de soins ambulatoires « au moins un incident est lié { l’oubli de la part d’une infirmière d’activer un distributeur de médicaments électronique portatif » 6 « de nombreux cas font état d’une pompe dont le tube n’a pas été desserré ce qui, par conséquent, signifie que le patient, { son retour, n’avait pas reçu le médicament qui devait lui être perfusé. » 31 Non desserrement du tube Tubes et fuites 47 Problèmes associés au raccord ou au tube « le cathéter à chambre implantable (Port-a-Cath) s’est déplacé pendant la nuit, et le patient n’a pas appelé l’infirmière de garde » 8 Fuites « une fuite s’écoulait directement du biberon lorsque l’infirmière a installé le tube, elle a donc été exposée au fluorouracile. » 39 Autre 31 Autre problème associé aux pompes à perfusion électroniques utilisées dans un contexte de soins ambulatoires « le signal d’alerte de pile faible sonnait, la pile devait être remplacée » 3 Défaillance mécanique de pompes à perfusion électroniques utilisées dans un contexte de soins ambulatoires « la pompe ne fonctionnait pas correctement et un message d’erreur s’affichait » 6 Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 65 Accident provoqué par le patient « la patiente a coupé le tube avec des ciseaux pendant qu’elle jardinait » 14 Extravasation « le patient est revenu avec un épanchement correspondant au contenu de cinq biberons de fluorouracile. » 8 Total Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 213 66 ANNEXE F : PROBLÈMES D’INNOCUITÉ RELEVÉS DANS LE CADRE DU SONDAGE ET DE L’ÉTUDE SUR LE TERRAIN # 1 2 3 Problème d’innocuité (erreur / risque potentiel) Source des données Description des répercussions potentielles Défaillance de la pompe élastomérique (prestation trop rapide / lente). Les étiquettes et les sacs n’étaient pas appariés avant d’être mélangés, et les sacs n’étaient pas identifiés. La mauvaise étiquette pouvait être appliquée au sac de mélange médicamenteux. Aucune structure officielle pour communiquer les changements apportés aux commandes. Les changements n’étaient donc pas reçus ou préparés par la pharmacie. 3 établissements, sondage 3 établissements Mauvais débit de perfusion de la chimiothérapie Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament 4 établissements Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations Probabilité Détectabilité 4 4 4 64 O N 4 3 4 48 O O 3 4 3 36 O Démonstration d’incidents et d’incidents évités de justesse O Sévérité Cote de risque Abordé par l’étude? 67 4 5 6 7 8 9 10 Différents médicaments sont entreposés dans l’enceinte de biosécurité pendant la préparation. Le technicien pourrait extraire le mauvais médicament, mais utiliser la bonne fiole qui sera soumise à l’examen par le pharmacien. Aucune contre-vérification indépendante de la reconstitution de la chimiothérapie. Si une erreur se produit, personne ne s’en rendra compte. L’infirmière ou le pharmacien n’a pas remarqué des notes manuscrites faites sur un formulaire préimprimé. La mauvaise pompe élastomérique a été choisie parce que plusieurs types de pompes sont entreposés dans la même section de la pharmacie. La présentation des formulaires de commande (préimprimés ou informatiques) est déroutante et pourrait être la source d’erreurs dans les commandes. Les infirmières programment un débit de perfusion incorrect dans des pompes à perfusion d’usage général, parce que l’étiquette du médicament ou la commande omet de le préciser et parce que la programmation ou le réglage de la pompe ne précise pas le débit. Le tube du cathéter central inséré par voie périphérique s’est entremêlé (utilisé avec une pompe). 5 établissements Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament N 4 2 4 32 O 2 établissements Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament N 4 2 4 32 O 1 établissement Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament Mauvais débit de perfusion de la chimiothérapie O 4 3 2 24 O O 4 3 2 24 O 3 établissements Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament O 4 3 2 24 O 6 établissements, sondage Mauvais débit de perfusion de la chimiothérapie N 3 3 2 18 o 2 établissements, sondage Débit inconstant de perfusion de la chimiothérapie O 1 4 4 16 O 2 établissements, sondage Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 68 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Le recours à des formulaires universels non structurés n’offre aucune directive au sujet des médicaments, des doses ou de l’hydratation, etc. Le système informatisé de saisie des ordonnances n’est pas programmé pour tenir compte de la nouvelle surface corporelle. Fuites dans la tubulure d’une pompe élastomérique ou électronique à perfusion intraveineuse utilisée en contexte de soins ambulatoires. Les sacs de chimiothérapie n’ont pas été essuyés à la pharmacie. La perforation des sacs de chimiothérapie se fait au chevet du patient, ce qui comporte des risques de fuite ou d’écoulement. Les soins à domicile enseignent au patient à s’occuper de lui-même. 3 établissements, sondage Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament N 4 2 2 16 O 1 établissement Administration de la mauvaise dose O 2 4 2 16 O Sondage Exposition à des cytotoxines O 1 4 4 16 O 1 établissement 1 établissement Exposition à des cytotoxines N 1 4 4 16 O Exposition à des cytotoxines N 1 4 4 16 O 1 établissement O 2 4 2 16 O Les formulaires préimprimés sont utilisés pendant plusieurs cycles, et les modifications manuscrites risquent de ne pas être vues. Défaillance de la pompe élastomérique – fuite La clinique ou le milieu de soins n’a pas remarqué les effets secondaires ressentis par le patient. 4 établissements Le traitement du patient est perturbé, il risque alors de poser son propre diagnostic ou de se médicamenter lui-même. Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament O 4 3 1 12 N Exposition à des cytotoxines O 1 3 4 12 N Administration de la mauvaise dose O 2 3 2 12 N 1 établissement 1 établissement Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 69 20 21 22 23 24 25 26 On a recours à des fiches de préparation de la chimiothérapie pour plusieurs traitements prodigués dans le même cycle – les détails ou les modifications de commandes sont rédigés à la main sur des feuilles mobiles. Les modifications risquent de ne pas être vues. La surface corporelle ne fait pas l’objet d’une vérification. Les analyses sanguines ne sont vérifiées qu’une seule fois et que par une seule personne. La copie carbone jaune remise au pharmacien se lit difficilement. 1 établissement Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament O 4 3 1 12 N 1 établissement 1 établissement Administration de la mauvaise dose Administration de la mauvaise dose ou du mauvais médicament Administration de la mauvaise dose O 3 2 2 12 N O 2 3 2 12 N O 4 3 1 12 N Erreur de programmation de la pompe électronique à perfusion intraveineuse utilisée en contexte de soins ambulatoires. Erreur de calcul du volume de médicament (calcul manuel à l’aide d’une calculatrice) Les instructions de préparation ont été transcrites incorrectement sur la fiche de préparation de la pharmacie. 3 établissements, sondage Mauvais débit de perfusion de la chimiothérapie O 4 1 2 8 N 1 établissement Administration de la mauvaise dose N 4 2 1 8 N 1 établissement Administration de la mauvaise dose N 4 2 1 8 N 1 établissement Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 70 27 Administration d’un médicament par erreur à un patient : l’infirmière a reçu le mauvais médicament / mauvais médicament livré à la chambre du patient / mauvais bracelet remis au patient lors de l’inscription / l’identité du patient n’a pas été vérifiée au moment de l’administration Le rendez-vous de chimiothérapie a été fixé incorrectement. 4 établissements, sondage Administration du mauvais médicament O 4 2 1 8 N 2 établissements La chimiothérapie n’est pas administrée au bon moment. O 1 4 2 8 N 29 Non desserrement du tube Sondage O 1 4 2 8 N 30 Le système de la pharmacie ne tient pas automatiquement compte de l’hydratation après le premier traitement. Le choix du traitement ne fait l’objet d’aucune restriction. L’oncologue peut choisir une option thérapeutique inappropriée. Le registre d’administration électronique du médicament n’a pas été signé à la fin du quart de travail. 1 établissement Délai du traitement / dose insuffisante Le patient ne reçoit pas d’hydratation. O 1 4 2 8 N 2 établissements Le patient reçoit un traitement inapproprié. N 4 1 2 8 N 1 établissement O 1 3 2 6 N On a oublié de mettre sous tension la pompe électronique à perfusion intraveineuse utilisée en contexte de soins ambulatoires. Les infirmières ont laissé des patients sans surveillance dans la salle de traitement, sans que quiconque d’autre soit à proximité. Sondage La documentation indique que le médicament commandé n’a pas été administré, et les décisions thérapeutiques subséquentes sont affectées. Délai d’administration du traitement O 1 3 2 6 N Le patient pourrait avoir une réaction aux médicaments, sans que personne ne soit présent pour intervenir. N 4 1 1 4 N 28 31 32 33 34 1 établissement Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 71 35 36 37 Les infirmières n’ont pas remarqué les ordonnances de traitements administrés par voie orale (autres que la chimiothérapie) rédigées à la main sur les feuilles de commande de chimiothérapie administrée par voie intraveineuse. Le mauvais formulaire préimprimé a été imprimé à partir du site Web. 1 établissement Le patient ne reçoit pas les doses de médicaments qu’il devait prendre oralement (autres que la chimiothérapie). O 1 4 1 4 N 1 établissement Le patient ne reçoit pas le bon traitement. N 4 1 1 4 N La commande n’a pas été transcrite correctement dans le système électronique de saisie des commandes. 1 établissement Le patient ne reçoit pas le bon médicament. N 1 3 1 3 N Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 72 ANNEXE G : TABLEAU DES RECOMMANDATIONS 1 Pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires et dispositifs d’accès 1.1 1.1.1 Défaillances inexpliquées d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse Les pompes élastomériques à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires sont une option très simple pour prévenir les erreurs graves de débit d’administration du traitement qui peuvent se produire avec des pompes électroniques programmables, comme ce fut le cas lors de l’incident lié { l’administration de fluorouracile 1. Plusieurs facteurs (le type de diluant, la hauteur de la tête, la température, la présence d’une quantité insuffisante dans le réservoir ou le diamètre du dispositif d’accès vasculaire) peuvent toutefois avoir des répercussions significatives sur le débit. Une meilleure formation s’impose pour faire en sorte que le débit des pompes soit aussi près que possible du débit nominal. o Le matériel de formation doit être adapté aux besoins des différents utilisateurs, tels que le personnel des pharmacies, les infirmières et les patients, et leur permettre de comprendre les facteurs qui ont des répercussions sur le rendement de la pompe, leurs rôles respectifs dans la préparation ou l’administration du traitement et l’utilisation de l’appareil, la manière de déterminer si la pompe fonctionne comme elle le devrait (détails { l’Annexe H). Cette information a été portée { l’attention de Baxter Canada, qui a collaboré { l’élaboration de nouveaux documents d’information sur le produit (voir Annexe I pour consulter les versions préliminaires). o Les médecins prescripteurs devraient être sensibilisés aux forces et aux faiblesses de ce type d’appareil. Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 73 o 1.1.2 1.1.3 1.2 1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4 1.2.5 Les fabricants d’appareils élastomériques devraient poursuivre leurs travaux pour en améliorer le rendement. La recherche portant sur le rendement de la pompe in vivo pour l’administration de différents médicaments, simultanément à l’exécution de certaines tâches quotidiennes par les patients, permettrait de définir avec plus d’exactitude le rendement et les taux d’incidents associés { ces appareils. Lorsque les infrastructures permettent de recourir { des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer { recourir { cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes à perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires 17. Erreurs dans le choix d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires Les établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer devraient normaliser et simplifier leurs protocoles thérapeutiques afin de réduire au minimum le nombre de modèles de pompes élastomériques à perfusion en contexte de soins ambulatoires. Pour prévenir le choix d’un modèle par erreur, les modèles de pompes élastomériques à perfusion utilisées en contexte de soins ambulatoires qui fournissent des débits différents devraient être entreposés séparément les uns des autres dans la pharmacie (voir Annexe G pour consulter les recommandations détaillées en matière de formation). Le matériel de formation du personnel de pharmacie devrait mettre l’accent sur le processus qui permet de déterminer les dispositifs pertinents et les répercussions des erreurs dans le choix de ces dispositifs. La formation des infirmières devrait aborder les procédures qui permettent de s’assurer que la pharmacie choisit et remet le dispositif pertinent. Les fabricants de pompes devraient s’efforcer de différencier les différents modèles de pompes en utilisant plus judicieusement les couleurs, les formes ou l’étiquetage. Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 74 1.2.6 1.3 1.3.1 1.3.2 1.3.3 1.4 1.4.1 2 Lorsque les infrastructures permettent de recourir { des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer { recourir { cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes à perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires17. Soins à domicile et dispositifs ambulatoires Des recherches additionnelles sont requises pour déterminer la manière d’assurer l’innocuité de la chimiothérapie chez les patients qui reçoivent des soins à domicile. Les cliniques qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer devraient s’assurer de renseigner clairement les patients sur la manière de déceler une erreur de fonctionnement de la pompe et sur ce qu’ils doivent faire lorsqu’une telle erreur se produit (consulter l’Annexe G). Les conclusions de cette étude doivent être communiquées aux programmes provinciaux de prestation de soins à domicile pour qu’ils puissent en appliquer les connaissances de manière { pouvoir mettre en œuvre des stratégies visant { améliorer la qualité des soins prodigués aux patients. Dispositifs d’accès utilisés en conjonction avec les pompes à perfusion intraveineuse en contexte de soins ambulatoires Une recherche plus approfondie s’impose pour déterminer les répercussions des dispositifs d’accès sur le rendement des pompes à perfusion intraveineuse utilisées en contexte de soins ambulatoires et pour définir des normes en matière de soins. Commandes et étiquetage Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 75 2.1 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.1.4 Modifications des commandes Pour améliorer la cueillette d’information sur la toxicité, les infirmières en oncologie devraient évaluer les patients avant que les commandes de chimiothérapie soient acheminées à la pharmacie. On devrait privilégier le calendrier de traitements prodigués sur plusieurs jours (consulter la Section 4.1) : o pour réduire la probabilité de devoir modifier la chimiothérapie commandée; o pour alléger la pression exercée sur les services de pharmacie et en améliorer l’efficacité, de façon { réduire au minimum les risques d’erreur ou le gaspillage de médicaments. Pour améliorer la qualité de la communication des demandes de modifications, les formulaires préimprimés devraient être conçus en tenant compte des recommandations contenues dans le document intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders.2 Plus précisément, ils devraient : o idéalement être conçus pour n’être utilisés que pendant un seul cycle; o comporter des espaces désignés pour documenter les demandes de modification. Les systèmes informatisés de saisie des ordonnances offrent la possibilité de réduire certains types d’erreurs. Un système informatisé de saisie des ordonnances devrait au moins pouvoir : o permettre au médecin-prescripteur de joindre à chacune des commandes des notes dans un format qui permettrait aux autres cliniciens de facilement en prendre note et de les comprendre; o aviser automatiquement les utilisateurs qu’une commande est atypique; o aviser automatiquement les préposés, les cliniciens, les pharmaciens et les infirmières qu’une modification a été apportée à la commande; o conserver automatiquement l’historique des modifications qui ont été apportées { une commande, dont le moment, les Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 76 raisons et l’auteur de la modification. 2.1.6 2.2 Les établissements devraient se doter de politiques et de procédures leur permettant : o de tenir un registre des modifications apportées à une commande; o de pouvoir repérer visuellement les commandes qui ont fait l’objet ou qui feront probablement l’objet d’une modification; o de pouvoir aviser rapidement par écrit les intervenants lorsqu’une commande fait l’objet ou qu’elle fera probablement l’objet d’une modification (Consulter la Figure 7 et la Figure 8 pour des exemples tirés de l’étude sur le terrain). Formulaires préimprimés : réutilisation de formulaires, notes manuscrites, facilité et souplesse d’utilisation 2.2.1 Les établissements qui ont recours à des formulaires de commande de chimiothérapie sur copie papier (dont les établissements qui sont dotés d’un système informatisé de saisie des ordonnances, mais qui utilisent toujours des copies papier pour certaines commandes) devraient se conformer aux recommandations décrites dans le rapport additionnel intitulé Guidelines for Developing Ambulatory Chemotherapy Preprinted Orders2. 2.2.2 Pour s’assurer que les versions utilisées sont toujours les plus récentes, les formulaires devraient provenir d’une seule source et pouvoir être téléchargés électroniquement { partir du site Web ou de l’intranet de l’établissement. Les commandes devaient pouvoir être imprimées une à une pour chaque patient. 2.2.3 La conception efficace d’un protocole préimprimé repose sur des protocoles bien conçus et normalisés. Il n’est pas possible de concevoir un formulaire préimprimé si le protocole est lui-même difficile à comprendre ou à suivre. Il en va de même pour les systèmes informatisés de saisie des ordonnances. Les protocoles doivent donc être analysés avec minutie dans le but de déterminer s’ils peuvent être simplifiés. 2.3 Étiquetage et erreurs de programmation des pompes à perfusion d’usage général à grand Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 77 volume 2.3.1 Le débit (exprimé dans l’unité qui correspond { celui de la pompe, p. ex. ml/h) devrait figurer sur les étiquettes de chimiothérapie produites par la pharmacie ou les formulaires de commande préimprimés pour tous les médicaments administrés { l’aide d’une pompe { perfusion { grand volume ou d’une pompe { perfusion utilisée en contexte de soins ambulatoires42. o 2.3.2 2.4 2.4.1 2.4.2 Les établissements utilisant une technique qui consiste à ajouter le volume du médicament au volume total contenu dans le sac à perfusion, plutôt que de retirer un volume de liquide correspondant à la quantité de médicaments devant être perfusé, devraient recourir à un débit approximatif. Lorsque les infrastructures permettent de recourir à des pompes intelligentes dotées d’un dispositif de réduction des erreurs et d’en faire un suivi adéquat, on devrait songer { recourir { cette technologie pour améliorer l’innocuité et l’exactitude du débit des pompes à perfusion utilisées dans un contexte de soins ambulatoires17. Commandes non structurées Des formulaires préimprimés devraient être créés pour tous les protocoles de traitement utilisés couramment, et on devrait éviter de recourir à des commandes non structurées. Les régimes et les protocoles de chimiothérapie devraient être uniformisés { l’échelle provinciale, et les outils afférents, tels que des formulaires préimprimés ou des systèmes informatisés de saisie des ordonnances, devraient être mis à la disposition des prescripteurs. 3 Pratiques pharmaceutiques 3.1 Organisation du matériel et processus de travail dans les enceintes de biosécurité Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 78 3.1.1 3.1.2 3.1.3 3.1.4 3.1.5 3.1.6 3.1.7 3.2 Des recherches portant sur la qualité du mélange des sacs de chimiothérapie, { l’aide d’une technique telle que la chromatographie liquide à haute performance, s’imposent pour déterminer le taux d’erreurs de préparation de la chimiothérapie dans les pharmacies canadiennes. Conformément aux normes internationales50, une seule préparation de chimiothérapie devrait être présente dans l’enceinte de biosécurité à la fois. On y parvient en plaçant tout le matériel de chaque préparation { l’avance dans un bac ou un sac de type Ziploc : sac de diluant, flacons de médicament, seringues et étiquette / instructions de préparation. Les bacs / sacs peuvent être empilés sur un chariot ou sur une table, { proximité de l’enceinte de biosécurité, mais un seul bac / sac ne doit être présent dans l’enceinte de biosécurité { la fois. D’autres solutions imaginatives peuvent être requises lorsque l’espace disponible ou d’autres contraintes ne permettent pas d’utiliser un chariot. Les étiquettes ou instructions de préparation devraient toujours être accompagnées des fournitures de préparation ou du produit final qui a été préparé. Des instructions uniformisées de préparation devraient être créées, préférablement { l’aide d’un processus automatisé, lorsque l’ordonnance est traitée par la pharmacie. Les instructions manuscrites comportent des risques considérables d’erreurs ou d’interprétation erronée. On devrait songer { produire des étiquettes distinctes pour la préparation et l’administration, de manière à ce que chaque groupe d’utilisateurs n’y trouve que l’information qui lui est destinée (personnel de pharmacie et infirmières). Une dernière inspection de sécurité devrait être envisagée. Par exemple, on pourrait peser les sacs de diluant avant et après la préparation afin de confirmer l’exactitude des volumes injectés. Des données non scientifiques fournies par des collègues semblent indiquer que cette façon de procéder permet de déceler la majorité des erreurs graves de volume. D’autres options de préparation et de vérification, telles que la robotisation61, l’impartition62 ou la spectroscopie63, devaient être étudiées. Absence de contre-vérification de la reconstitution Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 79 3.2.1 Une contre-vérification (idéalement par un pharmacien) devrait être faite pour s’assurer que le volume et le type appropriés de diluant ont été aspirés dans la seringue aux fins de reconstitution. Cette vérification devrait avoir lieu avant l’ajout au soluté, plutôt que de recourir à une technique comme celle dite du « retrait » (syringe pullback)62. Ces vérifications devraient s’ajouter { celles qui sont déjà faites pour vérifier le volume des médicaments de chimiothérapie après leur reconstitution. 3.3 Exposition à des produits pharmaceutiques dangereux 3.3.1 Pour protéger les infirmières et les patients contre l’exposition à des produits pharmaceutiques dangereux 3.3.2 Les établissements devraient fournir à leur personnel des outils et des séances régulières de formation conçus pour les aider à respecter les lignes directrices qui régissent la manipulation sans danger des produits pharmaceutiques dangereux (p. ex.46). 4 Autres facteurs 4.1 Modèles de calendriers de traitements 4.1.1 4.1.2 Les perspectives des patients par rapport aux avantages et aux inconvénients de chacun de ces modèles de calendriers de traitements n’ont pas encore été étudiées. Par ailleurs, la documentation scientifique n’offre qu’un éclairage limité { propos des répercussions sur les patients, sur les prestataires de soins ou sur l’ensemble du système lorsque l’on adopte un modèle de calendrier de prestation de traitements sur plusieurs jours ou sur la façon de procéder avec succès { l’adoption d’un tel modèle73. Par conséquent, une étude plus poussée s’impose. Comme de nombreux problèmes sont associés au modèle de calendriers de prestation des traitements le jour même, les établissements devaient évaluer les répercussions de l'adoption d'un modèle de prestation des traitements sur plusieurs jours. Ils devraient également déterminer l’endroit et le moment qui conviendrait { l’adoption d’un tel modèle et chercher à adopter ce modèle de calendrier de prestation des soins. Les établissements qui adoptent ce modèle devraient faire connaître leur Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 80 expérience, idéalement par le biais d’articles publiés dans des revues faisant l’objet d’une évaluation par des pairs : 4.1.3 4.2 4.2.1 o le médecin prescripteur a accès aux résultats des analyses lorsqu’il commande la chimiothérapie, et o les traitements commencent peu après la rédaction des commandes de chimiothérapie, mais o les traitements sont prodigués au moins un jour après la rédaction des commandes, afin d’allouer suffisamment de temps à la pharmacie et au personnel infirmier pour se préparer (Figure 12). Des politiques et des procédures devraient être en place pour déterminer les personnes qui bénéficieraient le plus de traitements prodigués le jour même (p. ex. les patients { mobilité réduite, ceux qui habitent loin de l’établissement où ils reçoivent leur traitement, ceux pour lesquels un autre modèle imposerait des contraintes financières, des difficultés affectives ou d’autres sources de stress)73. Simplification et uniformisation La simplification et l’uniformisation, au degré hiérarchique le plus élevé du système de la santé en matière de protocoles, des outils utilisés pour effectuer les commandes, de la posologie et de la démarche thérapeutique accroîtront l’innocuité et l’efficacité des soins. Une collaboration s’impose entre les organismes provinciaux de lutte contre le cancer ainsi que les établissements et les personnes qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer. Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 81 ANNEXE H : SUJETS DE FORMATION EN MATIÈRE D’UTILISATION SÉCURITAIRE DES POMPES ÉLASTOMÉRIQUES À PERFUSION INTRAVEINEUSE EN CONTEXTE DE SOINS AMBULATOIRES TABLEAU 12 – SUJET DE FORMATION À L’INTENTION DES PATIENTS Sujet devant être intégré au matériel de formation Motifs de la recommandation Mode de fonctionnement de l’appareil - recommandation d’un expert clinique Placer la pompe dans un sac ou une pochette pour ne pas l’échapper - recommandation d’un expert clinique Effet de la température ambiante sur l’exactitude du débit - une augmentation de 1 °C par rapport à une température de calibrage de 33 °C fera augmenter le débit de 2,3 % Ne pas soumettre l’appareil { de grands écarts de température Ne pas exposer l’appareil directement { la lumière du soleil - une baisse de 1 °C par rapport à une température de calibrage de 33 °C réduira le débit de 2,3 % S’assurer que le réducteur de débit est collé directement sur la peau S’assurer que le cathéter est toujours sec - pour que le cathéter soit toujours sec, le patient doit modifier ses activités quotidiennes (p. ex. douche, baignade, etc.) Toujours conserver l’appareil { la même hauteur que le point d’accès - lorsque le réservoir élastomérique est situé au-dessus du point d’accès, le débit augmente de 0,5 % pour chaque pouce d’écart - lorsque le réservoir élastomérique est situé au-dessus du point d’accès, Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 82 le débit baisse de 0,5 % pour chaque pouce d’écart Mode de vérification du déroulement de la perfusion - l’étude sur le terrain a dévoilé que les patients ne savent souvent pas de quelle manière vérifier le bon déroulement de la perfusion, car il n’est pas facile de comprendre ce que signifient les inscriptions sur le réservoir Moment approprié pour communiquer avec son prestataire de soins - l’étude sur le terrain a dévoilé que certains établissements qui prodiguent des soins aux personnes atteintes d’un cancer avaient adopté des règles bien définies pour communiquer avec le prestataire de soins, alors que d’autres établissements n’en avaient pas Mode de vérification de la présence d’une fuite - recommandation d’un expert clinique Si le débit est très faible, une substance poudreuse blanche pouvant irriter la peau peut se déposer sur le pansement ou sur tout autre point de contact Marche { suivre s’il y a une fuite - recommandation d’un expert clinique Foire aux questions - recommandation d’un expert clinique Comment prendre un bain ou une douche? L’appareil peut-il être mouillé, ou dois-je le placer sur une tablette située à proximité du bain ou de la douche? Puis-je placer l’appareil dans mon lit (p. ex. sous mon oreiller) lorsque je dors, ou dois-je le déposer sur ma table de chevet ou le plancher? Puis-je faire de l’activité physique lorsque l’appareil fonctionne? Est-il prudent de laisser un animal domestique près de l’appareil? L’appareil peut-il être utilisé sans danger près d’une source de chaleur (p. ex. lorsque je cuisine, se fait bronzer ou utilise une couverture chauffante)? Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 83 L’appareil peut-il être utilisé là où il fait froid (p. ex. en pratiquant des sports d’hiver)? Puis-je prendre l’avion pendant que j’utilise cet appareil? Que dois-je faire si l’appareil commence { fuir? Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 84 TABLEAU 13 – SUJET DE FORMATION À L’INTENTION DES INFIRMIÈRES Sujet devant être intégré au matériel de formation Motifs de la recommandation Points devant être revus avec le patient - l’étude sur le terrain a dévoilé que ce sont généralement les infirmières qui expliquent aux patients le fonctionnement de l’appareil Portée de l’effet de la température ambiante et de la hauteur de l’appareil sur l’exactitude du débit - recommandation d’un expert clinique Fluctuation du débit tout au long de la perfusion - recommandation d’un expert clinique Comment faire la distinction entre les différents modèles d’appareil et s’assurer que le modèle approprié a été choisi et rempli par la pharmacie - l’étude sur le terrain et le sondage ont dévoilé des erreurs dans le choix de l’appareil. Les infirmières sont en mesure de détecter les erreurs avant qu’elles n’affectent le patient. Comment brancher l’appareil élastomérique au dispositif d’accès du patient - le sondage a dévoilé 31 effets indésirables dans le cadre desquels le tube n’était pas branché, ce qui empêchait la perfusion du médicament au patient Comment choisir le cathéter de diamètre adéquat - on sait que le diamètre du cathéter affecte l’exactitude du débit Comment forcer l’amorçage lorsque la présence de bulles d’air dans le tube ralentit le débit ou perturbe l’écoulement - l’étude sur le terrain a dévoilé que les infirmières tapotent souvent le tube dans le but d’expulser les bulles d’air. Cette façon de procéder ne suffit toutefois pas { éliminer complètement l’air présent dans le tube, ce qui peut avoir des répercussions néfastes en cas de perfusion au patient Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 85 TABLEAU 14 – SUJET DE FORMATION À L’INTENTION DES PHARMACIENS ET DES TECHNICIENS EN PHARMACIE Sujet devant être intégré au matériel de formation Motifs de la recommandation Mode de fonctionnement de l’appareil et exactitude du débit dans des conditions idéales (+/- 10 %) - le sondage a dévoilé 27 effets indésirables dans le cadre desquels le débit d’une pompe élastomérique à perfusion intraveineuse utilisée en contexte de soins ambulatoires était trop rapide ou trop lent - l’étude sur le terrain a dévoilé que les pharmaciens sont souvent ceux à qui il incombe d’introduire l’utilisation d’un appareil dans un établissement qui prodigue des soins { des personnes atteintes d’un cancer et qu’ils sont souvent la principale source d’information pour les autres cliniciens - l’analyse de la base de données MAUDE de la FDA a dévoilé que 7 des 74 « manifestations indésirables » signalées se situaient { l’intérieur de l’écart de temps de perfusion de 10 % considéré comme acceptable par le fabricant Changement de l’exactitude du débit en fonction de différents paramètres de calibrage (dextroxe à 5 %, 33 °C, accès de calibre 22, réservoir situé au même niveau que le raccord Luer Lock, volume de remplissage approprié) Effet du diluent sur l’exactitude du débit (+ 10 % lorsqu’on utilise du chlorure de sodium plutôt que du dextrose à 5 %) - ces facteurs peuvent considérablement affecter le débit - l’étude sur le terrain, le sondage, l’analyse des incidents et du matériel de formation ont dévoilé que le personnel n’est pas suffisamment au courant de ces facteurs Effet de la température sur l’exactitude du débit (+/-2,3 % par degré Celsius plus élevé ou plus bas que la température de calibrage) Effet de la viscosité du médicament sur l’exactitude du débit (tributaire de la température de l’appareil, de la température du médicament ou de la concentration du médicament) Effet de la hauteur de la tête sur l’exactitude du débit (+/-0,5 % par pouce Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 86 entre la position du réservoir au dessus ou en dessous de l’extrémité distale ru raccord Luer Lock) Effet d’un remplissage excédentaire ou d’un remplissage insuffisant sur l’exactitude du débit Effet du diamètre et de la longueur du tube sur l’exactitude du débit - le diamètre et la longueur du tube affectent l’exactitude du débit Portée clinique des écarts de débit (p. ex, effets d’une perfusion excédentaire ou d’une perfusion insuffisante) - recommandation d’un expert clinique Effet d’une radiation intermittente sur l’exactitude du débit - recommandation d’un expert clinique Comment distinguer différents modèles et vérifier que le bon modèle a été choisi et rempli - le sondage a dévoilé que 10 effets indésirables sont associés au choix d’un modèle d’appareil inapproprié Techniques d’entreposage appropriées - le guide de produit du fabricant [13] stipule que, pour éviter les défaillances, l’appareil ne doit pas être exposé { la lumière directe du soleil ou à des extrêmes de température Différents modèles devraient être entreposés séparément Les bacs d’entreposage devraient être clairement identifiés { l’aide d’une étiquette comportant l’information sur le modèle de pompe (SV vs LV, débit) - le sondage a dévoilé que 10 effets indésirables sont associés au choix d’un modèle d’appareil inapproprié. L’entreposage de différents modèles dans des endroits séparés peut contribuer { réduire les risques d’erreurs - l’étude sur le terrain a dévoilé que différents modèles de pompes à perfusion sont souvent entreposés au même endroit - les dimensions, les formes et les couleurs des différents modèles sont souvent les mêmes Techniques de remplissage appropriées Remplir lentement S’assurer que l’appareil est en position verticale Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations - le guide de produit du fabricant [13] stipule que le remplissage de l’appareil doit se faire lentement, alors que l’appareil est en position verticale, le pourtour du raccord doit être essuyé, et l’embout Luer doit être bien resserré après le remplissage 87 Essuyer le pourtour du raccord après le remplissage de l’appareil S’assurer que l’embout Luer est bien resserré Comment déterminer le format de la pompe et le débit de perfusion qu’il faut utiliser - des erreurs de remplissage peuvent passer inaperçues une fois que l’appareil n’est plus dans l’enceinte de biosécurité - recommandation d’un expert clinique Le choix de l’appareil { perfusion est déterminé en partie par la dose administrée (volume déterminé) et la durée de la perfusion (débit déterminé) P. ex. utilisation d’un appareil contenant 96 ml, dont le débit est de 2 ml/h, par rapport à un appareil contenant 240 ml, dont le débit est de 5 ml/h Improving the Safety of Chemotherapy in Canada: Full Report and Recommendations 88