Patrice Heral à la batterie, il s’est retrouvé propulsé à une carrière internationale. Encensé par la
critique, Il sillonnait les scènes européennes avec succès avant de regagner, en 2001, le studio pour un
nouveau projet discographique : «Electric Sufi», son deuxième album avec Enja Records. Comme son
intitulé l’indique, il s’agit de sa première expérience avec la musique électronique. Pour l’occasion, il a
collaboré avec Wolfgang Muthspiel (guitare), Markus Stockhausen (trompette), Deepak Ram
(bansuri), Dieter Ilg (basse), Mino Cinelu (percussions), Rodericke Packe (électronique) ainsi que Will
Calhoun (batterie) et Doug Wimbish (basse). Le cocktail sonore est enivrant. Fruit de son intérêt
obsessionnel par les ondulations vocales et par les résonnances sonores, la musique jazzy d’«Electric
Sufi» était un terrain fertile pour que la voix de Dhafer Youssef puisse s’aventurer dans
l’expérimentation et s’affirmer comme un instrument à part entière.
L’alliage musical s’est renforcé lors d’une inspirante tournée. De retour au studio, Dhafer Youssef
réalise «Digital Prophecy» en 2003. La recherche s’intensifie. Le résultat est encore plus accablant. La
symbiose entre l’oud et les sonorités électroniques est encore plus naturelle. L’alchimie a pris dans
cette collaboration avec des artistes phares de la scène electro jazz scandinave. Il s’agit du trompettiste
Nils Petter Molvaer, le pianist Bugge Wesseltoft, le guitariste Eivind Aarset, Audun Erlien à la basse
électrique et Rune Arnesen à la batterie. Cette véritable ascension sonore a donné à la musique de
Dhafer plus d’altitude. Le vibrato de sa voix y garantit un trip sans atterrissage. La musique de l’artiste
lui vaudra deux nominations en 2003 et en 2006 pour les BBC Awards for World Music.
Après ces improbables rencontres entre oud et musique électronique, Dhafer Youssef s’est fixé un
nouveau défi : introduire plus d’instruments à cordes dans son univers créatif. Cette équation, aux
allures surréalistes, s’est résolue avec la sortie de «Divine Shadows» en 2005. Le son est résolument
palpitant, sans perdre son caractère aérien. Le spiritualisme s’affirme et s’y manifeste sans complexe et
bien loin des stéréotypes. La formation s’est renforcée avec l’arrivée d’Arve Henriksen et de Marilyn
Mazur sans oublier les camarades de route Eivind Aarset, Audun Erlien, Rune Arnesen. Après une
première nomination en 2003 pour les BBC Awards for World Music, «Divine Shadows» a valu à
Dhafer une deuxième nomination en 2006.
Après Djalal Eddine Rûmi, El-Hallaj et autres philosophes et poètes soufis, Dhafer Youssef a puisé son
inspiration dans les textes d’Abu Nawas, poète persan du VIIème siècle connu pour ses odes au vin
dans la société conservatrice de son époque. Sorti en 2010, «Abu Nawas Rhapsody» est le sixième
disque de l’artiste. Il s’agit d’un manifeste musical de la chute des barrières entre sacré et profane.
Accompagné par le pianiste Tigran Hamasyan, le batteur Mark Guiliana et le contrebassiste Chris
Jennings, «Abu Nawas Rhapsody» reprend une veine jazzy ultra groovy. La puissance de la voix de
Dhafer s’immisce discrètement, avant de marteler en s’insurgeant contre les autres instruments. De
l’indomptable ivresse musicale !
Sans tourner le dos à l'identité artistique forgé au fil des expériences et à la recherche permanente de
nouvelles sonorités, Dhafer Youssef n'a de cesse de transcender les genres. C'est ainsi qu'en 2011, il
invite le clarinettiste Hüsnü Senlendiirici et le joueur de qanun Aytaç Dogan pour une performance à
Ludwigsbourg, en Allemagne.
En 2013 inspiré par cette rencontre, Dhafer Youssef offre au public sa dernière création. "Birds
Requiem", ainsi s'intitule le nouvel album dont la sortie est prévue pour octobre 2013, ce disque
construit comme une musique de film, trés personnel, marquera sans doute un détour dans le
parcours de l'artiste. Dans cet album, la voix de Dhafer Youssef croise les mélodies de la clarinette de
Hüsnü Senlendirici jusqu'à ce qu'il s'accorde sur la même fréquence et fusi