Vous allez avoir un examen électromyographique

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Docteur, qu ’e s t - c e q u e . . .
Vous allez avoir
un examen électromyographique
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
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.... Carole Roué-Jagot
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.... Hôpital Saint-Antoine, Paris
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.... <[email protected]>
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V
otre médecin (médecin traitant
ou neurologue) vous a prescrit
un « EMG » ou « ENMG » ce qui
signifie : électromyogramme ou
électroneuromyogramme.
Il s’agit d’un examen pris en
charge par la sécurité sociale, et qui sera réalisé
par un neurologue ou un médecin spécialiste en
électrophysiologie (seul ou avec l’aide d’un technicien). Cet examen permet l’étude du fonctionnement des nerfs périphériques et des muscles
en étudiant leur activité électrique.
Votre médecin vous l’a prescrit car vous vous
plaignez peut-être de faiblesse dans les muscles,
de fatigabilité, de fourmillements ou d’engourdissement des membres ; il suspecte une maladie de la racine nerveuse, du nerf, du muscle
ou de la jonction entre le nerf et le muscle.
Cet examen a parfois mauvaise réputation car
on y associe l’utilisation « d’aiguilles » et de « courants électriques ». En pratique, les techniques et
le matériel ont beaucoup évolué, surtout ces dernières années, et en font aujourd’hui un examen
parfois désagréable mais tout à fait supportable.
Cet examen ne présente aucune contreindication : le pacemaker n’est pas une contre-
indication à l’utilisation d’un stimulus électrique.
Cependant, en cas de traitement par anticoagulants, ou de troubles de la coagulation connus, il
faut prévenir le médecin, afin que la compression
locale après piqûre soit suffisamment prolongée
et évite ainsi la formation d’hématomes.
Il n’y a pas de risque infectieux. Il n’existe
aucune précaution particulière à prendre avant
l’examen, sauf celle d’éviter l’usage de crèmes
sur la peau ou de maquillage. Il n’est pas non
plus nécessaire d’être à jeun avant l’examen.
Vous pouvez prendre vos traitements (si vous
en avez) comme d’habitude sauf demande
contraire du laboratoire lors de la prise du
rendez-vous.
Il se peut que le médecin qui va effectuer l’électromyogramme vous interroge sur vos symptômes et vous examine, pour orienter son examen.
Si vous disposez d’examens complémentaires de
biologie, de radiologie, ou d’autres électromyogrammes (même anciens), amenez-les et
présentez-les au médecin car ils peuvent lui
être utiles.
Pendant toute la durée de l’examen, il faut rester
le plus détendu possible. Vous êtes installé sur
une table d’examen, généralement en position
Figure 1. Salle d’électromyogramme : table d’examen et ordinateur permettant d’analyser les données
DOI : 10.1684/nro.2009.0059
allongée. Si vous avez des questions au cours de l’examen,
vous pouvez les poser au médecin.
La durée de l’examen est variable, selon la pathologie
explorée. Il se compose de deux parties :
– l’étude de la conduction de l’influx nerveux dans les
fibres nerveuses sensitives et motrices ;
– l’enregistrement de l’activité des muscles au repos puis
à l’effort.
– la durée entre la stimulation électrique et la réponse du
nerf est appelée « latence » ;
– la vitesse de propagation du courant le long du nerf,
appelée « vitesse de conduction motrice », est calculée
par le rapport entre la distance entre le point de stimulation et l’électrode située sur le muscle qui enregistre la
réponse (mesurée grâce à un ruban centimétrique) et la
latence (figures 1 et 2).
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L’ÉTUDE DE LA CONDUCTION NERVEUSE MOTRICE
Cette étude nécessite l’utilisation d’un très faible courant
électrique de quelques milliampères, vous allez donc ressentir une petite secousse électrique, très brève de quelques millièmes de secondes, plus ou moins désagréable,
mais rarement douloureuse. Deux électrodes de détection
(en général sous forme de pastilles autocollantes) sont disposées sur le muscle et à proximité de celui-ci, permettant
par la stimulation de faire bouger ce muscle.
Un ordinateur (auquel sont reliés les électrodes de détection et l’appareil de stimulation) permet d’analyser et de
mesurer les réponses électriques :
– la taille de la réponse appelée amplitude est proportionnelle au nombre de fibres nerveuses fonctionnant normalement ;
Figure 2. Stimulateur : il est constitué de deux électrodes posées sur la peau
Figure 3. Enregistrement des potentiels moteurs recueillis en différents points de stimulation
Figure 4. Apparaissant sous cette forme dans le compte rendu envoyé à votre médecin traitant : latence (flèche rouge) et amplitude (flèche bleue)
Stim
17.4mA
17.4mA
18.2mA
5mV
5ms
Les nerfs périphériques sont le prolongement des cellules nerveuses de la moelle, constituées d’une partie centrale appelée
« axone », entourées d’une gaine protectrice permettant de
transmettre rapidement l’influx nerveux, appelée « myéline ».
Le terme de « neuropathie » qui désigne une maladie touchant les nerfs périphérique peut correspondre soit à une
atteinte de l’axone, soit à une atteinte de la myéline.
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La cause de cette neuropathie est différente selon qu’il
s’agit d’une atteinte de l’axone ou de la myéline, il est
donc important de déterminer le mécanisme de cette neuropathie. Les paramètres enregistrés grâce à l’électromyogramme, lorsqu’ils sont anormaux, orientent le diagnostic
vers l’une ou l’autre cause. Ces paramètres sont visualisés
sous forme de graphiques, puis interprétés par le médecin
qui réalise l’électromyogramme, et qui fera ensuite parvenir ses conclusions à votre médecin (figures 3, 4).
façon répétée. Les électrodes utilisées sont les mêmes. On
recueille l’activité du nerf sur son trajet et on étudie les
mêmes paramètres que précédemment (figures 5, 6, 7) :
– l’amplitude de la réponse ;
Figure 5. Électrodes en bagues pour enregistrement des potentiels sensitifs que
l’on positionne au niveau des doigts
L’ÉTUDE DE LA CONDUCTION NERVEUSE
SENSITIVE
On utilise des stimulations électriques, d’intensité moins
forte que pour l’étude des conductions motrices, mais de
Figure 6. Enregistrement de potentiels sensitifs
Figure 7. Apparaissant sous cette forme dans le compte rendu envoyé à votre médecin traitant : amplitude du potentiel (flèche bleue)
Stim
21mA
1
20uV
1ms
– la vitesse de conduction de l’influx nerveux sensitif ;
– la latence de la réponse.
Figure 8. Électrode-aiguille introduite dans le muscle à étudier
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L’ÉLECTROMYOGRAMME OU DÉTECTION
Cette dernière partie de l’examen ne nécessite aucune
anesthésie locale. On utilise une électrode-aiguille très
fine (plus fine que celle utilisée pour effectuer une prise
de sang), introduite dans le muscle à étudier, la peau
étant au préalable désinfectée. Cette aiguille n’est pas
creuse, donc aucun produit n’est injecté. Ces aiguilles
sont à usage unique et donc sans risque infectieux. Cette
partie de l’examen, bien qu’en général non douloureuse,
peut être ressentie de façon désagréable. Dans ce cas,
dites-le au médecin, qui en déplaçant l’aiguille de quelques millimètres, rendra l’examen de nouveau indolore.
L’aiguille est reliée à l’appareil d’enregistrement et permet
ainsi l’analyse de la contraction musculaire (figure 8).
On étudie d’abord le muscle au repos, il suffit d’être le plus
détendu possible, sans faire aucun mouvement. Puis, le
médecin vous demandera de faire un effort pour solliciter
le muscle étudié, contre sa résistance, pendant plusieurs
secondes ou dizaines de secondes. Vous allez entendre l’activité de votre muscle dans un haut parleur relié à la
machine. Le médecin va ainsi entendre votre muscle, et le
visualiser sur l’écran de la machine, lui permettant ainsi
d’analyser son activité. Il se peut que l’effort demandé
par le médecin, s’il est prolongé, déclenche une crampe.
Il suffit alors de stopper l’effort et de le reprendre une
fois que la crampe a cessé (figures 9, 10).
L’examen peut être effectué sur un seul membre, les membres supérieurs, les membres inférieurs ou les quatre
membres, ainsi que sur le visage, selon les symptômes présentés, et la neuropathie suspectée. La durée de l’examen
est donc variable selon le nombre de muscles et de nerfs
étudiés, et peut varier de 15 à 20 minutes à parfois une
heure.
Après l’examen, vous repartirez comme vous êtes venu,
vous pourrez reprendre vos activités habituelles, sans
aucune précaution particulière. Il n’y a pas de complications en dehors de rares hématomes.
Vous reprendrez rendez-vous avec le médecin qui a prescrit l’électromyogramme pour avoir les conclusions de
celui-ci et les explications nécessaires.
Figure 9. Enregistrement de l’activité dans le muscle (observée sur l’écran d’ordinateur)
Figure 10. Apparaissant sous cette forme dans le compte rendu que le médecin
vous enverra à votre médecin traitant
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50ms
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