CAVALLERIA RUSTICANA Mascagni

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f i c h e s p e c ta c l e
Cavalleria Rusticana
Pagliacci Le o nc ava l lo
Ma sc a g n i
durée
langue: italien
2h40, entracte compris
Deux opéras d’esthétique vériste, souvent associés pour une soirée placée sous le signe de la passion...
Le vérisme est un mouvement artistique italien, héritier du naturalisme français
de Guy de Maupassant, d’Émile Zola ou de leur précurseur: Honoré de Balzac.
L’opéra vériste prend place après l’époque verdienne (fin du XIXe siècle) et
tend à transcrire une action dramatique de façon réaliste, presque comme un
documentaire. Il s’agit donc de se désintéresser de la vie des princes pour se
tourner du côté des gens simples, dont la vie sera présentée telle qu’elle est.
Cavalleria Rusticana
Mélodrame en un acte
Musique de Pietro MASCAGNI
Livret de Giovanni TARGIONI-TOZZETTI et Guido MENASCI
Le 17 mai 1890, au théâtre Costanzi à Rome, on assiste à un extraordinaire spectacle, dans la salle autant que
sur la scène: c’est la première d’un nouvel opéra dont l’auteur, parfait inconnu, devient célèbre et acclamé
du jour au lendemain: Mascagni. Son oeuvre, c’est Cavalleria Rusticana dont cette première représentation
suscite un enthousiasme délirant, rendant à l’opéra son rôle officiel de spectacle populaire au travers d’une
intrigue tragique, simple, puissante.
Pietro Mascagni est né en 1863 à Livourne. Son père est boulanger et il compte voir son fils lui
succéder dans le métier et le commerce. Néanmoins un oncle bienveillant aura raison de l’intransigeance paternelle et le jeune Pietro pourra suivre la voie musicale. À treize ans à peine, il compose un petit opéra : Zilia. À 19 ans, Mascagni s’inscrit au conservatoire de Milan où il se lie avec
un autre étudiant, Giacomo Puccini, et les deux jeunes gens partagent un modeste logis quelque
temps. Mais Mascagni, indiscipliné et orgueilleux, se révèle incapable d’accepter les règles d’un
conservatoire: il quitte donc celui de Milan. Comme il faut bien vivre, il devient contrebassiste
dans un petit théâtre, puis chef d’orchestre dans une compagnie itinérante, ainsi vit-il de nouvelles
expériences. Il se marie et, abandonnant sa vie de bohème, il donne des cours de musique et forme
un orchestre dans une petite ville des Pouilles. En 1888, pour participer à un concours, Mascagni
convainc le librettisite Tozzetti d’adapter la nouvelle vériste de Giovanni Verga : Cavalleria Rusticana. L’impression
produite sur le jury est foudroyante. Il en sera de même le 17 mai 1890, lors de la première à Rome. En une nuit,
Mascagni est devenu le grand homme du moment. Cavalleria Rusticana est alors joué sur toutes les scènes d’Italie
et d’ailleurs, la mode est aux sujets véristes. Suivront L’Amico Fritz (1891) Les Rantzau (1892), Guglielmo Ratcliff
(1895), Iris (1898, qui a pour cadre un Japon fabuleux et intemporel, prétexte pour l’exotisme alors aussi à la mode), Le
Maschere ( 1901). Si Mascagni rencontre certains succès, l’engouement engendré par Cavalleria Rusticana ne reverra
jamais le jour. Mascagni est néanmoins un chef d’orchestre très recherché, il voyage à Vienne, Londres ou encore New
York. Suivront Amica, créé en mars 1905 à Monte-Carlo avec un succès considérable et Isabeau, créé six ans plus tard à
Buenos Aires; ces deux oeuvres offrent un bel exemple du style puissant de Mascagni. Mais lorsqu’en 1929, Mascagni
remplacera à la Scala de Milan d’autres musiciens qui fuient le régime faciste, il sera considéré comme le compositeur
officiel du régime. En 1945, il meurt dans un petit hôtel de Rome, déçu et discrédité.
Mascagni, fils du peuple, a exalté par sa musique les plus ardents sentiments de l’âme populaire, dans un langage direct
et universel. Le succès de Cavalleria Rusticana a été paralysant dans la mesure où il a lié Mascagni indissolublement au
mouvement vériste. Ainsi donc Mascagni fut littéralement prisonnier de son premier succès, avant même d’avoir acquis
une connaissance profonde de la musique universelle et un jugement critique indispensable.
les personnages
Santuzza, fiancée délaissée de Turiddu - soprano
Mamma Lucia, mère de Turiddu - mezzo-soprano
Lola , épouse d’Alfio - mezzo-soprano
Turiddu, fiancé de Santuzza, épris de Lola - ténor
Alfio, époux de Lola, rival de Turiddu - baryton
Villageois,villageoises - choeurs
l’histoire
Turiddu, fils de Mamma Lucia, s’est épris de Lola, la femme d’Alfio. Cette nouvelle passion est si forte et subite que,
pour elle, il est prêt à rompre ses fiançailles avec Santuzza. Celle -ci pleure son honneur perdu et souffre de la trahison
de l’homme qu’elle aime. Elle implore Mamma Lucia d’intervenir auprès de Turiddu, son fils, mais Mamma Lucia ne
soutient pas la jeune fille qui décide alors d’affronter Turiddu elle -même. Celui-ci la repousse avec arrogance. Humiliée,
Santuzza jure vengeance. Elle se rend chez Alfio, lui révèle l’infidélité de sa femme et le nom de son amant. Devant la
réaction du mari trompé, Santuzza entrevoit les conséquences tragiques qu’aura son geste. Entre-temps, la foule en
fête a envahi la place à la sortie de l’église. Alfio et Turiddu se rencontrent: ils en viennent aux mains. à la manière
sicilienne, ils se mordent l’oreille, signe de provocation en duel. Turiddu, pris de remords, fait ses adieux à sa mère et
lui demande de prendre soin de Santuzza. Il pressent un malheur et regrette amèrement sa conduite. Lorsqu’il s’éloigne
pour rejoindre Alfio sur le lieu du duel, un silence chargé de funestes présages descend sur la foule. L’instant d’après, le
cri d’une villageoise annonce l’issue tragique du duel...
pagliacci
Drame en deux actes
Musique et livret de Ruggero LEONCAVALLO
Avec le personnage de Paillasse, le paradoxe du comédien (exprimer des émotions qu’on ne ressent pas)
trouve ici toute sa puissance. Une infernale mise en abîme : le théâtre dans le théâtre, dans le théâtre...
Né à Naples en 1858 Leoncavallo est le fils d’un juge. Le petit garçon fait de solides études
musicales puis est envoyé par son juriste de père faire son droit à Bologne. Il y étudie plutôt les
lettres, suit les cours du remarquable poète Carducci et rencontre ... Richard Wagner lui-même,
dont il a indubitablement subi l’influence musicale. Mais c’est aussi Wagner qui l’aurait convaincu,
dit-on, d’écrire lui-même ses livrets. Pour vivre, il est tantôt accompagnateur de chanteurs de
cabaret, tantôt correspondant de journaux ou traducteur d’obscures pièces de théâtre... Jusqu’au
jour (1882) où il arrive en Egypte et devient « maître de chapelle » du vice-roi. Lorsqu’éclate la
révolution et que les Britanniques occupent le pays, le pacifique musicien se trouve mêlé malgré lui
à de périlleuses batailles. De retour à Milan, Leoncavallo s’enferme pendant 5 mois pour écrire le
poème et la musique de Pagliacci. Pour réussir dans la foulée de Cavalleria Rusticana de Mascagni,
Leoncavallo imagine un superbe crime. Il doit être «irrésistible», comme la vie elle-même. S’il y eu beaucoup d’intrigues
semblables dans la littérature, Leoncavallo a toujours maintenu que sa source d’inspiration, à lui, fut une affaire
judiciaire qui se passa en Calabre, lorsqu’il avait 15 ans. élément curieux, elle fut jugée par son propre père au tribunal
de Consenza. Il est une autre source dont Leoncavallo ne parle pas, parce qu’elle est évidente: c’est la Commedia
dell’Arte. Le succès est énorme auprès du public, lors de la première à Milan, le 21 mai 1892 au Teatro dal Verme. Dès
1893, l’ouvrage est joué dans le monde entier, sur les scènes les plus prestigieuses. Les plus grandes voix ont chanté cet
opéra. Le reste de la carrière de Leoncavallo fut moins retentissant. I Medici (1893) est un triomphe à la première, mais
disparaît bientôt. Pourtant, il s’agit là du vrai Leoncavallo, le lettré, le savant très au fait de la littérature et de l’histoire.
La bohème(1897), Zaza (1900), et une demi-douzaine d’opérettes (entre 1910 et 1919) suivront encore. Leoncavallo
meurt le 9 août 1919 à Montecatini. Avec lui disparaissait un homme attachant, sincère et bon, de culture raffinée mais
aux réalisations inégales: « une tête de lion et un coeur d’enfant » a dit de lui Puccini.
Pagliacci est un ouvrage magistral par toutes les ambiguités que Leoncavallo y a mises. Cela se remarque dès le prologue:
un acteur est chargé de jouer le rôle d’un acteur chargé d'expliquer que les acteurs ne jouent pas que des rôles.
Au deuxième acte, le spectateur est tout le temps balancé entre la musique de « Pagliacci », l’opéra, et celle que jouent
les acteurs ambulants. Dans la pièce jouée par les comédiens, Colombine prononce une phrase: celle prévue par le texte
qu'elle doit dire sur scène, mais qui est aussi celle que Leoncavallo a mis dans la bouche de Nedda quand elle parlait à
son amant. Canio, quant à lui, confond théâtre et réalité jusqu’à commettre l’irréparable...
les personnages
Canio, alias Pagliaccio, directeur d’une troupe de comédiens ambulants - ténor
Nedda, alias Colombina, son épouse - soprano
Tonio, alias Taddeo, un clown - baryton
Beppe, alias Arlecchino, un comédien - ténor
Silvio, un villageois, amant de Nedda - baryton
Le harangueur du prologue - baryton
Villageois,villageoises - choeurs
l’histoire
Dans un petit village, l’intérêt général est soudain centré sur l’arrivée d’une troupe de comédiens ambulants, dirigée
par Canio. Tandis que Canio fait l’annonce de la représentation du soir, Tonio poursuit Nedda, l’épouse de Canio, de ses
assiduités et finit par recevoir une gifle du mari. Canio et son ami Beppe se rendent ensuite à I’auberge où les villageois
le taquinent sur sa jalousie. Cette jalousie est loin d’être un jeu! Bien au contraire elle pourrait conduire Canio au
meurtre si celui-ci constatait l’infidélité de son épouse. Tandis que les deux amis demeurent à l’auberge, les villageois
se rendent à l’église et Nedda, de plus en plus inquiète, finit par frapper le fougueux Tonio qui ne cesse de I’importuner.
Apparaît alors Silvio, un jeune paysan également épris de Nedda, qui la persuade de fuir avec lui. Tonio, blessé dans son
orgueil rapporte immédiatement ce projet à Canio qui se lance alors à la poursuite de Silvio sans réussir à l’attraper. Il se
jette ensuite sur Nedda et tente de lui faire dire le nom de son amant. Devant sa résistance, il tire son couteau. Beppe
les réconcilie, mais Canio est profondément humilié. De plus, la représentation du soir qui va narrer une histoire proche
de la sienne lui apparaît comme un véritable supplice. Le même soir, la représentation commence. Canio, qui joue le
rôle de Paillasse, est obligé de jouer son propre malheur. Nedda-Colombine prononce elle aussi les mêmes mots qu’elle
disait le matin même à son amant. Canio commence alors à mêler jeu et réalité et exige de plus en plus impérieusement
que Nedda avoue le nom ce son amant. Le public, pris par I’ hyper-réalisme du jeu applaudit à tout rompre...
Note sur les décors
Doté d’une voix riche et d’une présence scénique incomparable, José Cura, qui tiendra les rôles de Turiddu
et de Canio, fréquente les plus grandes scènes d’Europe, d’Amérique ou encore d’Asie. Nous découvrons ici
l’autre facette de la carrière de cette personnalité, puisqu’il a réalisé la mise en scène et les décors du spectacle.
Avec sa version de Cavalleria Rusticana & Pagliacci, l’argentin José Cura rend hommage à l'immigration italienne des
années 1900 en Argentine. Voici son explication des décors:
« Le spectacle est situé à Caminito, coin emblématique de La Boca, le quartier italien de Buenos
Aires (...) et première colonie d'immigrants sur le
sol argentin vers la fin du XIXème siècle. M’inspirant de l’image de ce bâtiment représentatif de
La Boca, j’en ai réalisé une adaptation pour remplir les exigences du livret: une église au fond,
une place opposée a la structure principale, un
bistrot, les habitations des protagonistes.»
Caminito après sa restauration
première esquisse scénique
« Plus tard, mon investigation de La Boca m'a fait découvrir la merveilleuse fresque murale allégorique réalisé par
un groupe d'artistes argentins, sous la direction du peintre et sculpteur Omar Gasparini, qui se trouve dans le Parc
Lezama de la ville de Buenos Aires. J’ai décidé d’intégrer sur scène un morceau de cette fresque, pour rendre hommage à ses auteurs, étant donné la surprenante affinité avec la thématique de Pagliacci que la richesse des images et
des personnages que cette fabuleuse oeuvre d’art propose.»
« ... Orlando me raconte que son grand-père calabrais le
portait sur ses épaules jusqu’au bord du Riachuelo et lui disait:
- Regarde, regarde, ceci est ce qui ressemble le plus à l’Italie! - ...»
Extrait du livre La Boca de Raul Shakespear
Opéra Royal de Wallonie | Place de l’opéra | 4000 liège
Les jeunes à l’opéra grâce au soutien de La Loterie Nationale
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