Louvain-la-Neuve, mardi 16 avril 2013
Recherche UCL
L’asthme allergique chez l’homme est aussi une affaire de « bonnes
« mauvaises » cellules dendritiques
Préalables. Les cellules dendritiques (CDs) sont des cellules du système immunitaire qui jouent un rôle primordial
pour la reconnaissance des molécules étrangères. Elles avertissent les autres acteurs immunitaires de la nécessité
(ou non) de développer une réponse à celles-ci. Dans un modèle expérimental chez la souris, il a été démontré que les
CDs de type myéloïde encouragent le développement de l’asthme allergique, alors que les CDs de type plasmacytoïde
sont protectrices. Il y a donc de « mauvaises » et de « bonnes » cellules dendritiques.
Objectifs. Le rôle des cellules dendritiques dans l’asthme chez l’homme reste mal connu. « L’originalité de notre travail
est d’avoir analysé ces cellules à partir de personnes qui ont une allergie (rhinite avec ou sans asthme) aux
acariens, avec des moyens modernes pour les isoler et les analyser, commente Charles Pilette, pneumologue à
l’UCL. D’une part en utilisant des anticorps qui n’étaient pas disponibles il y a dix ans, d’autre part en purifiant ces
cellules de manière assez fine à partir du sang ».
Autre objectif : il n’avait pas été clairement démontré jusqu’ici que ces cellules dendritiques, lorsqu’elles proviennent de
patients allergiques, présentent des anomalies dans la façon dont elles régulent les lymphocytes T. Les lymphocytes T
sont des cellules qui orchestrent l’immunité spécifique mais ne peuvent reconnaître l’antigène elles-mêmes. Ainsi ne
peuvent-elles reconnaître certaines molécules des allergènes d’acariens que si celles-ci sont présentées par des
cellules dendritiques.
Jusqu’ici, on savait que les monocytes et les cellules dendritiques issus de patients allergiques présentent un déficit de
production de certaines cytokines (interleukines, IL-10 et 12) dans les cas des cellules myéloïdes, alors que les
plasmacytoïdes ont un déficit de production d’interféron alpha.
Résultat. La recherche pilotée par Charles Pilette (UCL) innove : « On s’est aperçu que les cellules dendritiques
provenant de patients allergiques aux acariens sont rapidement (endéans quelques heures) recrutées sur le lieu
des réactions allergiques (muqueuse respiratoire, peau), et régulent de manière anormale les lymphocytes T en
étant capables d’induire la production de cytokines « pro-allergiques ». Les CDs myéloïdes peuvent ainsi induire la
production de cytokines responsables de la production anormale d’anticorps IgE et de mucus (IL-4) et de l’attraction
d’autres cellules inflammatoires comme les éosinophiles (IL-5) ou les neutrophiles (IL-17) dans les voies respiratoires.
A l’inverse, les CDs plasmacytoïdes étaient déficientes dans leur capacité à « calmer le jeu » via la production
lymphocytaire d’IL-10. Conséquences : ces anomalies de régulation des lymphocytes T par les CDs de ces patients ont
au total un effet pro-allergique, les CDs myéloïdes favorisant les réponses Th2 et les plasmacytoïdes freinant
insuffisamment cet emballement immunitaire.
Conclusion. « Il ne faut pas tenir compte uniquement du type de cellules dendritiques, mais s’intéresser aussi à leur
cinétique de recrutement dans les tissus et leur fonctionnement anormal à ce niveau. Car la régulation et la plasticité
des cellules dendritiques sont également importantes. C’est peut-être là qu’il faut intervenir pour normaliser leur
activité, et non se contenter de diminuer un type cellulaire par rapport à un autre. Nos prochaines recherches seront
consacrées aux mécanismes susceptibles d’expliquer les anomalies de fonction des cellules dendritiques issues de
patients avec rhinite et/ou asthme allergique ».
Fiche technique. Ce projet a été mené au sein du Pôle de pneumologie, ORL et dermatologie de l’Institut de
recherches expérimentales et cliniques de l’UCL sous la direction de Charles Pilette, en collaboration avec le Pr
Stephen Durham de l’Imperial College de Londres.
CONTACT PRESSE : Charles Pilette, pneumologue responsable du centre de l'allergie des Cliniques
Saint-Luc et du pôle Pneumologie, ORL & dermatologie de l'UCL
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