L’INFECTION DES LYMPHOCYTES T PAR LE VIH FACILITEE PAR LES CELLULES DENDRITIQUES
Une équipe américaine a peut-être récemment découvert la méthode
utilisée par le VIH pur infecter les cellules T. Les cellules dendritiques en
seraient le principal instrument. Elles sont en première ligne dans le
système immunitaire. Leur rôle habituel consiste à repérer toutes sortes
d’agents pathogènes (dont les virus), à les phagocyter et les dégrader en
petits morceaux. Ces fragments ont un potentiel immunisant. Ils sont
présentés aux lymphocytes T, leur permettant d’élargir leur répertoire
antigénique et/ou d’activer les cellules effectrices de l’immunité qui
vont tenter de détruire ce danger potentiel. Cette présentation des divers
antigènes aux lymphocytes T par les cellules dendritiques nécessite un
contact étroit entre ces 2 types de cellules. On le compare volontiers à une
synapse immunologique. Dans le cadre de l’infection à VIH, le déroulement
des opérations est malheureusement différent. En effet, si la cellule
dendritique phagocyte le VIH, elle semble incapable de le détruire. Au lieu
de présenter aux lymphocytes T des fragments immunogènes mais
dépourvu d’activité pathogène, elle favorise la colonisation des lymphocytes
T par des virus infectants. Ils ont mis en évidence une concentration des
particules VIH internalisées au niveau des points de jonction avec les
cellules T. De même, au niveau de ces lymphocytes, les récepteurs
membranaires du VIH (CD4, CCR5, CXCR4) sont en forte concentration à
proximité de ces synapses immunologiques qui constituent donc un
pont-levis permettant l’annexion de ce compartiment du système
immunitaire. La synapse immunologique se transforme donc en synapse
infectieuse. Comme souvent dans les affections virales, il y a utilisation de la
machinerie cellulaire de l’hôte à des fins perverses. Les chercheurs
estiment que ce mode d’inactivation du système immunitaire par
l’intermédiaire des cellules dendritiques pourrait concerner d’autres agents
infectieux (virus Ebola, CMV, BK…). Cette synapse immunologique ou
infectieuse pourrait devenir la cible de traitements et ouvrir une nouvelle
voie thérapeutique dans la lutte contre le VIH ou d’autres maladies
infectieuses. Enfin les auteurs ont documenté l’ensemble du processus sur
film afin de mieux illustrer les différentes étapes.
Sciencexpress.org -05/2003
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