94 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXV - n° 3 - mai-juin 2010
Maladies virales
L’interface
Images en Dermatologie • Vol. II • n° 2 • avril-mai-juin 2009
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Cas clinique
Ulcérations aiguës vulvaires en miroir
Acute genital kissing ulcers
N. Dupin
(Service de dermato-vénéréologie, hôpital Cochin, AP-HP, Paris)
Une jeune patiente de 16 ans consultait en urgence pour des lésions vulvaires
apparues brutalement dans la nuit 2 jours plus tôt.
Observation
Il s’agissait d’une jeune lle n’ayant jamais eu de rapports génito-génitaux mais qui
avait déjà eu des rapports oro-génitaux, le dernier remontant à une dizaine de jours.
Trois jours avant l’apparition des lésions génitales, elle avait présenté une odyno-
phagie accompagnée d’un syndrome grippal avec une èvre élevée et des frissons.
À l’examen clinique, on retrouvait une patiente à l’état général altéré, très fatiguée,
et se plaignant surtout de douleurs intenses en regard des ulcérations vulvaires.
L’examen de la muqueuse génitale retrouvait deux ulcérations à fond propre de
10 mm de diamètre au niveau des petites lèvres, assez symétriques et disposées en
miroir par rapport à la ligne médiane
(fi gure 1)
. Le reste de l’examen gynécologique
ne montrait pas d’anomalie. Il existait des petites adénopathies inguinales bilatérales
mais ni hépato- ou splénomégalie. La gorge était uniformément rouge et on notait des
adénopathies cervicales bilatérales de 0,5 à 1 cm de diamètre sensibles à la palpa-
tion. Un prélèvement de l’ulcère était réalisé pour culture et PCR herpès et revenait
négatif tout comme la recherche de
Treponema pallidum
au microscope à fond noir.
La sérologie de syphilis, la sérologie VIH1 et VIH2, de même que l’antigénémie p24
étaient négatives. La PCR
Chlamydia trachomatis
était négative sur un écouvillonnage
vulvaire. Le bilan biologique ne montrait pas d’anomalie en dehors d’un syndrome
in ammatoire marqué avec une CRP > à 230 mg/l et une cytolyse hépatique avec
des ASAT à 4 fois la normale et des ALAT à 5 fois la normale. La numération formule
sanguine retrouvait une hyperleucocytose à 13 000/ mm3 avec la présence de près de
10 % de lymphocytes à cytoplasme basophile et une thrombopénie à 95 000/ mm3.
L’association d’ulcères vulvaires à une angine fébrile, un syndrome mononucléosique
et une cytolyse hépatique évoquaient le diagnostic d’ulcères satellites d’une mono-
nucléose infectieuse. La sérologie du virus Epstein-Barr (EBV) con rmait la primo-
infection avec recherche d’anticorps anti-VCA positive en IgM et négative en IgG et la
négativité des anticorps anti-EBNA. Le MNI test était également positif. La recherche
du virus EBV par PCR au niveau de l’ulcère génital était négative, mais la PCR dans
le plasma était positive et présentait des titres compatibles avec une primo-infection.
Toutes les autres explorations microbiologiques restaient négatives ou montraient
un pro l d’infection ancienne (sérologie CMV, toxoplasmose,
Salmonella, Shigella,
Chlamydia,
parvovirus B19).
La patiente a été hospitalisée pendant quelques jours du fait des douleurs qui néces-
sitaient le recours à des antalgiques majeurs ainsi que l’application de sachets de thé
tiédis permettant un contrôle rapide de la symptomatologie. Les lésions vulvaires ont
cicatrisé en une quinzaine de jours et les paramètres biologiques se sont corrigés
rapidement. Seule une asthénie a persisté pendant plusieurs semaines. Une séro-
logie Epstein-Barr fut réalisée à 3 mois montrant une disparition des IgM anti-VCA
avec présence d’IgG anti-VCA et d’anticorps anti-EBNA.
Discussion
L’ulcère aigu de la vulve est une entité clinique initialement décrite par Lipschütz
et correspond à plusieurs causes dont la primo-infection Epstein-Barr, qui repré-
sente dans notre expérience près d’un tiers des cas
(1, 2)
. Ici, le diagnostic de primo-
Ulcères • Vulve • Virus Epstein-
Barr.
Ulcer • Vulva • Epstein-Barr
virus.
Légendes
Figure 1. Ulcérations vulvaires bilatérales
réalisant l’image en miroir lors d’une primo-
infection Epstein-Barr.
Figure 2. Érosions à contours polycycliques
lors d’une récurrence herpétique.
Figure 3. Aphte unique de la fourchette
chez une patiente suivie pour une maladie
de Behçet.
© Images en Dermatologie • Volume II - n° 2 - avril-mai-juin 2009
CAS CLINIQUE