RÉACTION AU DOSSIER SUR L’OBÉSITÉ DE « LA PRESSE »
L’obésité, problème majeur de santé publique
L’ÉDUCATION PHYSIQUE DES JEUNES EST « AUSSI » À CONSIDÉRER
Laval, le 20 septembre 2004 — L’obésité a de nouveau fait la une à la télé et dans les journaux tout
récemment, et cela risque de se répéter pour les années à venir. Tout en admettant que la génétique
prédispose davantage certains individus à en souffrir, il faut reconnaître que les mauvaises habitudes
alimentaires et la tendance à la sédentarité dans le quotidien de plusieurs familles québécoises ont eu un
impact majeur chez bon nombre de citoyens pendant la dernière décennie.
On parle maintenant de développer une meilleure médication, de mener des campagnes de sensibilisation
en matière de nutrition dans les familles et de relancer la pratique d’activités physiques auprès de la
population en général. Dans ce cas, les jeunes demeurent sans contredit une cible à privilégier afin
d’instaurer des habitudes de vie qui pourront ensuite se répéter dans le futur. C’est pourquoi il est
impératif d’aborder le sujet du point de vue de la formation des jeunes et non uniquement par la
multiplication des occasions de bouger.
Chez nos décideurs, on parle beaucoup dactivités physiques. Ceux-ci se donnent bonne conscience en
saupoudrant ici et là quelques millions destinés à créer entre autres des ligues ou des activités sportives
après les classes. Le stratagème n’a rien de nouveau en soi puisque les politiciens — et certains
administrateurs scolaires — ont déjà usé à la corde cette formule au cours des dernières années.
L’idée de multiplier les activités physiques extrascolaires plait aux gouvernements puisqu’elle leur permet
de ne dépasser le stade de la simple profession de foi dans leur argumentation. Ils peuvent prétendre
répondre aux attentes de la population en permettant aux jeunes de bouger encore plus après l’école sans
réellement prendre d’engagement ferme dans une vision à long terme.
C’est lorsqu’on parle de mieux « former » les élèves aux saines habitudes de vie que nos élus développent
de l’urticaire. Inciter les jeunes, et par extension les familles québécoises, à adopter un mode de vie sain et
actif implique l’instauration d’une nouvelle culture préventive en matière de santé. En éducation, cette
façon de voir ébranle de vieilles croyances, fortement ancrées entre autres dans des habitudes de gestion
du temps de classe, à un tel point qu’on n’en finit plus de chercher à dissimuler l’éducation physique, qui
est intégrée à l’horaire de l’école, sous le grand chapeau de l’activité physique, qui se déroule quant à elle
après les classes.
Qu’on le veuille ou non, ce changement de cap vers une culture de la san doit indubitablement passer
par un long processus au cours duquel chaque jeune, quels que soient ses aptitudes et son milieu socio-
économique, découvre et expérimente de nouvelles pratiques qui viennent parfois en contradiction avec
ses habitudes antérieures, et fait ses propres choix au risque de devoir revenir sur sa décision. Il doit être
stimulé, guidé, parfois même confronté.
En d’autres mots, il faut lui permettre de goûter au plaisir d’être actif dans de multiples situations, au bien-
être ressenti dans l’immédiat et aux effets qui en découleront sur sa santé actuelle et future, pour ensuite
espérer le voir adhérer sur une base régulière à des activités physiques et sportives extrascolaires. On aura
beau, jour et nuit, ouvrir les portes du stade olympique gratuitement au grand public, les jeunes ne
replongeront pas instinctivement dans leurs pratiques oubliées tant que celles-ci n’auront pas retrouvé de
signification particulière à leurs yeux.
Dans le contexte actuel, les sports traditionnels, pourtant si extraordinaires pour plusieurs adeptes,
continueront d’attirer vers eux surtout les jeunes plus habiles et déjà portés à les pratiquer. Pour ce qui est
des autres, ceux que l’on dit obèses par exemple, ou malhabiles, ou inhibés, ou tout simplement
désintéressés, ils continueront de préférer la quiétude de la résidence familiale à l’odeur des gymnases.
On souhaite contrer les effets négatifs de la sédentarité auprès des jeunes — du moins en partie — et par
le fait même lutter contre l’obésité? Alors parlons aussi d’une meilleure formation garantie, à l’intérieur
du temps de classe, pour tous les jeunes du Québec, nos adultes de demain.
Alors parlons aussi du ministère de l’Éducation qui doit reconnaître sa responsabilité de valorisation d’un
équilibre harmonieux entre les composantes intellectuelle, sociale, affective et physique de l’élève.
Alors parlons aussi d’un ministre qui doit prioritairement s’engager à augmenter le nombre d’heures
d’éducation physique et à la santé dans toutes les écoles sans exception, puisque nous figurons toujours
parmi les pires au monde à ce chapitre.
C’est une question de santé publique, de cohérence, et de simple courage politique.
— 30 —
Source :
Yves Potvin
Porte-parole du Comité d’action ÉPS
La bande sportive E.P.S., a/s Comité d'action ÉPS, C.P. 153, succursale Saint-Martin, Laval (Qc) H7V 3P5
(514) 999-0068
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