seule façon: en priant et implorant D. du fond de nos souffrances. Je suis bien
loin de mésestimer l’importance de ce cri du cœur. En effet, il a été celui qui
aura permis à cette âme juive de se réveiller. Nous avons marqué par son biais
que notre Peuple n’abandonne jamais son D. et qu’il n’avait qu’une seule
aspiration: celle de revenir vers Lui. C’est ce que nos Sages ont décrit très
poétiquement par le biais de cette image comparant le Peuple Juif à cette
colombe et D. à son époux, parce que le propre de cette colombe est justement
de ne jamais abandonner son premier amour. De cette façon, en l’absence de vie
nationale, toute notre vie spirituelle s’est concentrée et organisée en portant son
regard vers un seul horizon: un lieu relevant du plus profond de l’âme et la
reliant à D.
Et nous avions bien besoin de cette situation, ne laissant plus aucune place à une
normalité quelconque. Notre vie nationale de la fin du deuxième Temple, était
devenue sur le plan politique et sociale tellement corrompue et exécrable qu’il
était devenu urgent de se retrouver dans un contexte permettant de faire reposer
à nouveau le tout sur des valeurs. En conséquence, aucune autre possibilité ne
s’offrait au Peuple Juif, afin de purifier cette atmosphère devenue au niveau
politique et national proprement insupportable, que la démolition jusqu’aux
fondations mêmes de tout ce qui relevait de la dimension nationale. Seulement
par ce biais là, la Torah a pu retrouver la place qui lui revenait de droit dans les
cœurs en tant que véritable souffle de vie pure, s’abreuvant aux sources de ce
rapport intime et ultime avec D., qu’une vie politique et sociale avait effacé et
abaissé au plus bas de l’échelle morale. Nous avons eu droit à un premier
processus succinct de purification à la suite de la destruction du premier Temple.
70 ans d’exil accompagnés des menaces de destruction de Haman avaient suffi à
l’époque pour que nous puissions nous retrouver et une petite partie de notre
Peuple avait réintégré la Terre afin de reconstituer cette Torah et de la préparer à
nous sauver pendant le second processus de purification, bien plus long, bien
plus pénible, des 2.000 ans qui auront suivi la destruction du deuxième Temple.
Grâce à D., nous avons eu la chance de réintégrer cette Terre Sainte mais notre
habitude de voir la Torah comme totalement étrangère à la vie nationale nous
pèse comme un pénible fardeau. Nous nous devons de prendre conscience que la
Torah dans son intégralité ne peut exclure toute la vie nationale ni de son champ
d’études, ni de son domaine d’intérêts. Cette vie nationale qui se renouvelle
maintenant s’impose à nous, bon gré pour ceux qui comprennent le miracle, mal
gré pour ceux dont les yeux n’ont pas réussi encore à s’ouvrir et à prendre
conscience de l’intervention divine, mais dans tous les cas est présente à nous,
quelquefois même menaçante et menaçant même quelquefois les Mitsvot de la
Torah et son respect. Mais un Juif vraiment croyant, éduqué ne serait-ce que sur
un minimum de Bible, sait que ce livre, le Livre par excellence, n’est autre que
l’histoire des rapports entre la vie spirituelle et la vie nationale de notre Peuple,
rapports par périodes très rarement idylliques, trop souvent pénibles et