DEPARTEMENT III – SCIENCES FONCTIONNELLES Discipline de PHYSIOPATHOLOGIE Rue Tudor Vladimirescu, no. 14 300173 Timi oara, Tel/Fax: +40 256 493085 COURS 8 PHYSIOPATHOLOGIE DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE (III) PLAN DU COURS: I. LE SYNDROME D’APNEE OBSTRUCTIVE DE SOMMEIL II. LE SYNDROME D’INSUFFISANCE RESPIRATOIRE III. LE SYNDROME DE DETRESSE RESPIRATOIRE AIGUE I. LE SYNDROME D’APNEE OBSTRUCTIVE DE SOMMEIL (AOS) A. DÉFINITION Le syndrome d’apnée au cours du sommeil est défini par des épisodes récurrents d’interruption (apnée) ou de réduction (hypopnée) du flux d’air au niveau de l’oropharynx, accompagnés ou non par des microéveils corticaux, avec la fragmentation accentuée du sommeil et la somnolence diurne excessive. L’apnée représente l’interruption totale du flux d’air au niveau de l’oropharynx, pour des périodes supérieures à 10 secondes (pour la majorité des patients les périodes d’apnée ont une durée de 20-30 secondes et elles peuvent arriver à 2-3 minutes) L’hypopnée représente la réduction du flux d’air au niveau de l’oropharynx de 30-50% pour des périodes supérieures à 10 secondes accompagné par la réduction de la saturation en oxigène de l’hémoglobine (SaO2) dans le sang périphérique de plus de 3-4% ou d’un micro-éveil L’indice apnée/hypopnée (IAH) représente le rapport entre le nombre des apnées / des hypopnées et le temps total de sommeil, lui étant suggestif pour l’apnée de sommeil s’il est supérieur à 5/h (5-14 – forme légère, 15-29 – forme modérée et > 30 – forme sévère) Le micro-éveil cortical - la réaction d’éveil identifiée sur l’EEG, sans être conscientisée par le patient et qui apparaît comme une conséquence de l’hypoxémie B. PATHOGENÈSE: SASO est caractérisée par la suivante séquence d’évènements qui se répètent 400-500 fois par nuit: Le collapsus des voies respiratoires supérieures, avec l’installation de l’apnée L’apnée produit l’hypoxémie 60 mmHg jusqu’au micro-éveil cortical/réveil brusque du sommeil Après le rétablissement de la perméabilité des voies respiratoires, les patients rendorment (Fig. 1) EVENEMENTS PRIMAIRES Pression négative de l’oropharynx - activité diminuée des muscles des voies respiratoires supérieures - cavité pharyngienne petite - résistance augmentée au flux Installation du sommeil APNEE Hypoxémie / hypercapnie Eveil Reprise du flux d’air Reprise du sommeil Figure 1. Séquence primaire d’évènements dans l’apnée obstructive de sommeil (AOS). (Modifié selon Harrison – Principes de Médecine interne, Ed.14, 2003) C. LES FACTEURS DE RISQUE: 1) L’influence de L’AGE et DU SEXE entre 30 et 60 ans la prévalence SAOS est supérieure chez les hommes que chez les femmes chez les hommes il y a une résistance pharyngienne supérieure et une activité déficitaire de la musculature dilatatrice pharyngienne chez les femmes, sous l’influence des hormones œstrogènes, les voies aériennes sont plus stables et qui peuvent être moins collapsées, malgré leur diamètre moindre l’âge de 60 ans la prévalence SAOS est égale chez les hommes et les femmes et elle augmente en même temps que l’âge par l’apparition de l’hypotonie de la musculature de l’oropharynx et la diminution de la sensibilité des chémorécepteurs périphériques à l’hypoxémie 2) L’obésité CENTRALE (tronculaire, androïde) Est présente au 80% des patients (isolée ou dans le cadre du syndrôme métabolique) Réduit le calibre des voies respiratoires supérieures par: L’augmentation de la déposition de graisse dans les tissus mous du pharynx La compression du pharynx par les masses grasses superficielles du niveau du cou À retenir! L’augmentation de la circonférence du cou de plus de 43 cm chez les hommes et de plus de 41 cm chez les femmes semble se corréler mieux avec l’incidence et la sévérité SAOS que l’obésité en général. 3) Anomalies STRUCTURALES des voies respiratoires supérieures L’hypertrophie adénotonsillaire, la rétrognatie, la macroglossie Sont plus fréquentes chez les enfants, isolées ou dans le cadre des syndrômes génétiques (sdr. Down, sdr. Prader-Willi): 4) Anomalies FONCTIONNELLES des voies respiratoires supérieures maladies neuromusculaires qui affectent le tonus normal de la musculature autant dans l’état de veille que pendant le sommei, ex. la sclérose latérale amyotrophique, quelques polyneuropathies, mènent à l’hypoventilation nocturne, des épisodes répétitifs d’apnée/hypopnée et la fragmentation du sommeil 5) La pathologie ENDOCRINE L’acromégalie, l’hypothyroïdie et le sdr. de Cushing déterminent des infiltrations et des œdèmes des parties molles qui diminuent le calibre des voies respiratoires supérieures 6) La consommation d’ALCOOL réduit le tonus de la musculature pharyngienne et déprime la réponse d’éveil à la fin de chaque poussée d’apnée (elle augmente la prévalence / la sévérité SAOS) 7) Les facteurs favorisants : - Le ronflement vibration à haute fréquence des tissus mous du niveau du palais et du pharynx qui peut aggraver l’étrécissement des voies respiratoires par l’œdème des tissus - La position couché pendant le sommeil – réduit le diamètre des voies respiratoires supérieures (l’effet de la gravitation sur la luette, palais et la langue) et augmente la résistance au flux d'air) D. Conséquences CLINICO-FONCTIONNELLES: a) CARDIORESPIRATOIRES 1. La réponse pathologique de la stimulation des chémorécepteurs périphériques dans les conditions d’une hypoxémie 60 mmHg qui ne peut pas être corrigée par l’augmentation de la ventilation détermine: bradycardie dans la période d’apnée jusqu’à 30-50 b/min, suivie par la tachycardie jusqu’à 90-120 b/min dans la phase de reprise de la ventilation, responsables de l’apparition de certains troubles de rythme ventriculaire (par ex. extrasystoles, tachycardie ventriculaire non soutenue) et par le risque augmenté de mort subite (IAH 20 par heure) vasoconstriction systémique responsable de l’hypertension artérielle, ischémie du myocarde et infarctus du myocarde, accident ischémique cérébral vasoconstriction pulmonaire responsable de l’hypertension pulmonaire chronique 2. L’augmentation de la post-charge du ventricule gauche (déterminée par l’hypertension systémique) à l’occasion de chaque événement obstructif détermine l’installation / l’aggravation de l’insuffisance cardiaque gauche chez les patients à maladie cardiaque préexistante b) NEUROLOGIQUES et COMPORTEMENTALES 1) La perte / fragmentation du sommeil profond et du sommeil paradoxal (avec des rêves, REM), le sommeil agité et l’hypoxie cérébrale déterminent: La somnolence diurne excessive dans des situations passives la lecture, regarder la télé ou dans toutes les activités quotidiennes au fur et à mesure que la maladie évolue Les troubles d’attention, de mémoire la diminution de la performance professionnelle Des changements de personnalité irritabilité, poussées d’anxiété, dépression Céphalée matinale pulsatile Nycturie Impotence chez les hommes Chez les enfants : des faibles performances scolaires, troubles du comportement (agression), les parasomnies (parler pendant le sommeil, somnambulisme, terreur nocturne) II. LE SYNDROME D’INSUFFISANCE RESPIRATOIRE A. Définition: l’altération des échanges gazeux pulmonaires caractérisée par la réduction de l’oxygénation du sang veineux et par l’élimination du dioxyde de carbone B. Classification: Selon l’évolution i. aiguë (heures jours, augmentation aiguë du PaCO2, pH diminué) ii. chronique (pH plus près du normal ou légérement baissé) iii. aiguë sur fond chronique (la diminution du PaO2 de 15 mmHg au moins par rapport à la valeur antérieure) Selon LES MANIFESTATIONS i. latente (l’hypoxémie apparaît seulement à l’effort) ii. manifeste (hypoxémie présente également pendant le repos) Selon le MECANISME PATHOGENIQUE ET LES VALEURS DES GAZ RESPIRATOIRES au repos: a) IR de type I ou partielle seulement l’échange pour l’O2 est affecté i. PaO2 < 60 mmHg (HYPOXÉMIE) ii. PaCO2 normale ou baissée < 40 mmHg (NORMO- ou HYPOCAPNIE) b) IR de type II ou globale l’échange pour l’O2 et le CO2 est affecté i. PaO2 < 60 mmHg (HYPOXÉMIE) ii. PaCO2 > 50 mmHg (HYPERCAPNIE) L’ HYPOXEMIE I. DÉFINITION: la diminution du PaO2 < 60 mmHg II. MECANISMES PATHOGENIQUES DE L’HYPOXEMIE : L’insuffisance respiratoire hypoxémique (type I, partielle) est due à: a. L’altération du rapport ventilation/perfusion VA/Q b. L’altération de la diffusion des gaz par la membrane alvéolo-capillaire c. La présence des shunts artério-veineux L’insuffisance respiratoire hypercapnique / hypoxémique (type II, totale) est due à: d. La diminution du PO2 dans l’air inspiré e. L’hypoventilation alvéolaire globale a. L’altération du RAPPORT VA/Q Cause: maladies pulmonaires obstructives pareilles à l’asthme bronchique ou au BPOC œdème pulmonaire cardiogène et non-cardiogène Mécanisme PATHOGÉNIQUE: la coexistence des territoires hypoventilés avec des territoires normo- et hyperventilés 1. Dans les territoires HYPOVENTILÉS (déficit de ventilation par rapport à la perfusion) le rapport VA/Q est inférieur à 0,8: Les pressions des gaz respiratoires du sang artériel tendent vers les valeurs du sang veineux, (PaO2 = 40 mmHg, PaCO2 = 47 mmHg) Le sang quittant les territoires hypoventilés a une saturation diminuée en O2 (SaO2 97%) 2. Dans les territoires HYPERVENTILÉS (excès de ventilation par rapport à la perfusion) le rapport VA/Q est supérieur à 0,8: Les pressions des gaz respiratoires du sang artériel tendent vers les valeurs de l’air atmosphérique (PaO2 = 130 mmHg, PaCO2 = 0,23 mmHg) Le sang quittant les territoires hyperventilés a une saturation normale en O2 (SaO2 = 97%) 3. Le sang quittant le poumon a PaO2 < 60 mmHg, PaCO2 normale ou PaCO2 < 40 mmHg et SaO2 97% La désaturation du sang des territoires hypoventilés ne peut pas être compensée par une «sursaturation» du sang des territoires hyperventilés parce que la forme en «S» de la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine (Fig.10.3.1) ne permet pas l’augmentation du SaO2 100%, quelle que soit l’augmentation du PaO2 L’accumulation du CO 2 des territoires hypoventilés est compensée par l’élimination augmentée de CO2 dans les zones hyperventilées parce que la relation entre la concentration de CO 2 et PCO2 du plasma est linéaire Observation! L’administration d’O2 corrige rapidement l’hypoxémie par la normalisation du SaO2% des zones hypoventilées (l’augmentation du gradient de pression alvéolo-capillaire de l’O2 force la diffusion de l’O2 par la membrane alvéolo-capillaire) b. L’altération de la DIFFUSION DES GAZ PAR LA MEMBRANE ALVÉOLO-CAPILLAIRE Causes: a) L’augmentation de la longueur de la voie de diffusion et / ou la réduction de la perméabilité de la membrane alvéolo-capillaire œdème pulmonaire maladies pulmonaires interstitielles (fibrose pulmonaire) inflammations pulmonaires (ARDS, pneumonies / bronchopneumonies) b) La diminution de la surface de diffusion alvéolo-capillaire - Des résections pulmonaires - Emphysème pulmonaire Mécanisme PATHOGÉNIQUE: les processus pathologiques qui affectent la diffusion alvéolo-capillaire ont des conséquences sur le transfert O2, lorsque le transfert de CO2 reste le même (le coefficient de diffusion du CO2 est 20 fois supérieur à celui d’O2) Observation! La diminution PaO2 des troubles de diffusion alvéolo-capillaire est aggravée par la respiration dans l’atmosphère pauvre en O2 et l’effort physique, mais elle est corrigée par l’administration d’O2 (l’augmentation du gradient de pression alvéolo-capillaire de l’O2 force la diffusion de l’O2 par la membrane alvéolo-capillaire) c. La présence des SHUNTS ARTERIO-VEINEUX Causes: a) Shunts PULMONAIRES Par des voies vasculaires anatomiques anormales embolie pulmonaire sévère, atélectasie, pneumothorax Par des voies vasculaires pathologiques anévrismes artério-veineux b) Shunts EXTRAPULMONAIRES cardiopathies congénitales à shunt droite-gauche (ex, tétralogie Fallot) Mécanisme PATHOGÉNIQUE: Le passage d’une fraction du sang veineux (PO2 = 40 mmHg) directement dans la circulation artérielle systémique (PO2 =100 mmHg) détermine la diminution du PaO2 60 mmHg et du SaO2 97% L’hypoxémie induit l’hyperventilation reflexe qui compense l’excès de CO2 apporté par le sang veineux shunté, si bien que le PaCO2 est 40 mmHg Observation! L’administration d’O2 ne corrige pas l’hypoxémie parce que la désaturation donnée par le mélange du sang veineux avec le sang artériel ne peut pas être compensée par une «sursaturation» du sang artériel (la forme en "S" de la courbe de dissociation de l’HbO2 ne permet pas l’augmentation du SaO2 100% même si la pression O2 augmente). Autrement dit, l’augmentation du gradient de pression alvéolo-capillaire de l’O2 ne peut pas forcer la diffusion O2 par la membrane alvéolo-capillaire. d. La diminution du PO2 dans L’AIR INSPIRÉ Causes: La respiration à grande altitude (la diminution de la pression atmosphérique) L’inhalation de gaz toxiques ou d’air vicié à contenu réduit d’O2 e. Hypoventilation ALVEOLAIRE GLOBALE Causes: a) Troubles CENTRAUX (qui interfèrent avec la régulation de la respiration) Inhibition des centres respiratoires bulbaires surdose de drogues ou de médicaments, tumeurs ou traumatismes du SNC b) Affections PERIPHERIQUES Déformations sévères de la cage thoracique cyphoses, scolioses, volet costal Maladies neuromusculaires qui affectent les muscles respiratoires miastenia gravis, dystrophies musculaires progressives Affections des nerfs de la musculature respiratoire : lésions de la moelle épinière Les états finals des dysfonctions obstructives, ex. le BPOC Mécanisme PATHOGÉNIQUE: La diminution de la ventilation alvéolaire dans toutes les unités pulmonaires détermine la diminution du PaO2 < 60 mmHg et l’augmentation du PaCO2 > 50 mmHg L’hypoxémie détermine la vasoconstriction pulmonaire reflexe qui devient d’un mécanisme physiologique (de ramener le rapport VA/Q à la valeur optimale de 0,8) un mécanisme pathologique responsable de l’augmentation de la résistance pulmonaire à HT pulmonaire et cœur pulmonaire chronique III. LES EFFETS DE L’HYPOXÉMIE Consistent dans : 1. L’ACTIVATION DES MECANISMES COMPENSATOIRES dans l’hypoxemie chronique (Tab. 1) Tableau 1. Mécanismes compensatoires dans l’hypoxémie chronique. Mécanismes compensatoires Hyperventilation réflèxe Vasoconstriction pulmonaire Stimulation de l’érythropoïèse Déplacement à droite de la courbe de dissociation de l’oxyHb Causes Conséquences Stimulation des chémorécepteurs Hypocapnie (quand sinocarotidiens l’élimination de CO2 n’est pas altérée) Effet local de l’hypoxie destiné à Hypertension pulmonaire et refaire le rapport V A/Q cœur pulmonaire chronique L’augmentation de la libération Polyglobulie (polycythémie) rénale d’érythropoïétine secondaire La forme de «S» de la courbe de Augmentation de la libération dissociation de l’oxyhémoglobine tissulaire d’O2 2. Les MANIFESTATIONS CLINIQUES, qui dépendent de la sévérité de l’hypoxémie et de la manière d’installation de celle-ci (aiguë ou chronique): Dans l’hypoxémie aiguë légère tachycardie, peau froide et humide, diaphorèse, l’augmentation légère de la TA (manifestations déterminées par l’activation des mécanismes adrénergiques) et l’hyperventilation la réduction de la performance intellectuelle Dans l’hypoxémie aiguë sévère bradycardie et hypotension artérielle des troubles de personnalité, euphorie, agressivité, confusion, obnubilation, délire, stupeur, coma (PaO2 40 mmHg) et décès (PO2 20 mmHg) Dans l’hypoxémie chronique hyperventilation, vasoconstriction pulmonaire, polyglobulie, le déplacement de la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine vers la droite des troubles sensoriels (la diminution de l’acuité visuelle et du seuil de douleur à cause de la sensibilité augmentée des neurones sensitifs à l’hypoxémie) 3. LA CYANOSE A. Définition: la coloration bleue des téguments et des muqueuses déterminée par l’augmentation de la concentration d’Hb réduite dans le sang capillaire > 5 g% Observations! L’apparition de la cyanose est dépendante seulement de la valeur absolue d’Hb réduite (g%) Dans les anémies sévères la cyanose est absente même dans la présence d’une hypoxémie (à une concentration insignifiante d’Hb totale, la valeur de 5 g% Hb réduite ne peut pas être touchée) Dans les polycythémies la cyanose peut apparaître également dans l’absence de l’hypoxémie (à une concentration importante d’Hb totale, la valeur de 5 g% Hb réduite peut être réalisée / touchée facilement) L’apparition de la cyanose est favorisée par la présence de certaines hémoglobines pathologiques (ex, Met-Hb) B. Classification ÉTIOPATHOGÉNIQUE: a) La cyanose de type CENTRAL (de type ARTÉRIEL) Définition: la cyanose déterminée par la réduction de la SaO2% du sang artériel suite à la réduction de la PaO2 Mécanisme PATHOGÉNIQUE: la diminution de l’oxygénation du sang des maladies pulmonaires chroniques et des cardiopathies congénitales à shunt droite-gauche Caractéristiques: Plus évidente aux lèvres et à la muqueuse buccale chaude, grâce à la vasodilatation cutanée induite par l’hypercapnie accentuée par l’effort physique par l’augmentation de l’extraction d’O2 au niveau musculaire améliorée par l’administration d’O2 seulement dans l’absence des shunts cardiaques droite-gauche b) Cyanose de type PÉRIPHÉRIQUE (de type VEINEUX) Définition: la cyanose déterminée par la diminution de la SaO2% du sang veineux suite à l’augmentation de l’extraction de O2 au niveau des tissus (SaO2% du sang artériel est normale) Mécanisme PATHOGÉNIQUE: la réduction du flux sanguin tissulaire dans les conditions de la diminution marquée du débit cardiaque (la cyanose généralisée) ou d’une vasoconstriction périphérique accentuée (la cyanose localisée) Causes: Cyanose généralisée choc, l’insuffisance cardiaque sévère Cyanose localisée exposition au froid, la maladie vasculaire périphérique Caractéristiques: Plus évidente au niveau du lit unguéal, du nez et des oreilles froide, grâce à la vasoconstriction cutanée persistante après l’administration d’O2 c) Cyanose MIXTE Définition: l’association entre la diminution SaO2% du sang artériel et du sang veineux Mécanisme PATHOGÉNIQUE: la diminution de l’oxygénation du sang au niveau pulmonaire et l’augmentation de l’extraction tissulaire d’O2 sur le fond de la stase veineuse et/ou la diminution du débit cardiaque dans le cœur pulmonaire chronique 4. L’hippocratisme DIGITAL Définition: l’hypertrophie de la dernière phalange digitale avec l’incurvation accentuée de l’ongle (en verre d’horloge) par la prolifération des tissus mous comme réponse à l’hypoxie chronique Causes: respiratoires BPOC cardio-vasculaires cardiopathies congénitales droite-gauche (ex, la tétralogie Fallot) hématologiques polyglobulies primaires ou secondaires L’HYPERCAPNIE I. DÉFINITION: l’augmentation PaCO2 > 50 mmHg II. ETIOPATHOGENÈSE À voir les causes de l’hypoventilation pulmonaire globale III. LES EFFETS DE L’HYPERCAPNIE L’hypercapnie affecte l’équilibre acido-basique, la fonction respiratoire, neuronale et cardiovasculaire. a. Acidose RESPIRATOIRE Caractéristiques: déterminée par l’accumulation de CO2 dans le sang artériel corrigée par l’hyperventilation réflèxe compensée du point de vue rénal par l’augmentation de la réabsorption / de la production de HCO 3- et l’augmentation de l’excrétion de H + Observation! Si longtemps que le niveau du pH sanguin est maintenu dans des limites relativement normales, les complications majeures de l’insuffisance respiratoire sont causées par l’hypoxémie b. Effets NEUROLOGIQUES Manifestations: la diminution de l’activité neuronale à effet sédatif, anesthésique et narcotique PaCO2 > 70 mm Hg désorientation, somnolence, paranoïa, hallucinations PaCO2 > 85 mm Hg narcose, coma, paralysie des extrémités PaCO2 > 100 mm Hg décès c. Effet VASODILATATEUR Manifestations: Vasodilatation cérébrale céphalée, somnolence, confusion, augmentation de la pression intracrânienne (œdème papillaire) Vasodilatation cutanée hyperémie cutanée et conjonctivale d. Effets RESPIRATOIRES Manifestations: au PaCO2 de 60 – 70 mmHg dyspnée («soif d’air») et tachypnée au PaCO2 > 70 mmHg la dépression des centres respiratoires (le contrôle de la ventilation est assuré seulement par l’hypoxémie qui stimule les chimiorécepteurs périphériques) Dans les augmentations aigües du PaCO2 (l’acidose respiratoire aigüe): La stimulation de la ventilation est directement proportionnelle avec le PaCO2 et elle est réalisée par l’exercice des chémorécepteurs centraux (CO2 traverse la barrière hémato-encéphalique, s’hydrate, formant l’acide carbonique, et dissocie en H+ qui stimule directement les chémorécepteurs situés dans le liquide interstitiel et LCR du niveau du bulbe) Dans les augmentations chroniques du PaCO2 (l’acidose respiratoire chronique): Le facteur stimulateur de la ventilation est l’hypoxémie qui augmente la ventilation par l’excitation des chémorécepteurs périphériques (les chémorécepteurs périphériques prennent la tâche de la stimulation de la ventilation parce que les chémorécepteurs centraux sont «resetés» pour des valeurs supérieures du PaCO2) Observation! Aux patients avec IR globale l’administration de l’O2 va corriger l’hypoxémie et va annuler son effet stimulateur sur la ventilation, en déterminant l’apparition de l’hypercapnie. Pour éviter cette complication chez les patients avec hypoxémie et hypercapnie chronique l’O2 est administré dans des concentrations inférieures à 40% III. LE SYNDROME DE DETRESSE RESPIRATOIRE AIGUE A. DEFINITION Le trouble est connu sous le nom d’„Acute Respiratory Distress Syndrome” (ARDS) ou «le poumon de choc». ARDS est une forme fulminante d’insuffisance respiratoire aiguë déterminée par une inflammation pulmonaire aigue grave, par la lésion diffuse de la membrane alvéolo-capillaire, œdème pulmonaire aigu non-cardiogène et hypoxémie. B. CAUSES Les lésions DIRECTES de l’épithélium alvéolaire L’aspiration de suc gastrique dans les voies respiratoires ou d’eau (noyade) Les infections pulmonaires aiguës L’inhalation de gaz toxiques (fumée, ammoniac, cocaïne) polytraumatismes thoraciques avec des contusions des voies respiratoires embolie graisseuse inhalation d’oxygène dans des concentrations élevées Les lésions pulmonaires INDIRECTES dans le cadre des troubles systémiques septicémies états de choc prolongé consommation de drogues (ex, héroïne) brûlures graves radiothérapie (libération de substances toxiques tissulaires) transfusions sanguines massives coagulation intravasculaire disséminée C. PATHOGENESE a. La phase d’INITIATION Dans les premières 24-72 heures depuis la lésion, la réaction inflammatoire aiguë est déclenchée avec : Des modifications vasculaires qui stimulent l’agrégation plaquettaire et la formation des trombes intravasculaires La formation de l’infiltré cellulaire inflammatoire (neutrophiles, macrophages et thrombocytes) au niveau des capillaires pulmonaires, dans l’espace interstitiel pulmonaire et l’espace broncho-alvéolaire b. La phase d’AMPLIFICATION Le processus inflammatoire déterminé par la lésion endothéliale / épithéliale initiale est amplifié par: L’activation des cellules pro-inflammatoires surtout des NEUTROPHILES L’activation des cascades plasmatiques coagulation/fibrinolyse, le système des quinines La libération des médiateurs de l’inflammation métabolites de l’acide arachidonique, radicaux libres d’oxygène, enzymes protéolytiques lysosomales, cytokines pro-inflammatoires (TNF- , IL-1) c. La phase des LÉSIONS TISSULAIRES La libération/l’activation continue des médiateurs de l’inflammation détermine la lésion diffuse de la membrane alvéolo-capillaire, avec les conséquences suivantes: œdème pulmonaire non-cardiogène atélectasie troubles de distribution de la ventilation troubles des échanges gazeux pulmonaires fibrose interstitielle Liquide œdémateux riche en PROTÉINES Thrombocytes ALVEOLE Membrane HYALINE Cellule épithéliale alvéolaire de type I Cellule épithéliale alvéolaire de type II Macrophage alvéolaire Fibrine Restes cellulaires Surfactant inactivé Injure endothélial Médiateurs inflammatoires Œdème interstitiel Capillaire Neutrophile Erythrocytes Protéines plasmatiques Figure 2. Les mécanismes de la lésion pulmonaire dans L’ARDS. (Modifié selon Grossman S.C. and Porth C.M, Porth’s Pathophysiology. Concepts of Altered Health States, 9th Ed, 2014) D. LES TROUBLES FONCTIONNELS DANS L’ARDS 1. L’ŒDÈME PULMONAIRE NON-CARDIOGÈNE Mécanisme PATHOGÉNIQUE: La nécrose extensive des cellules épithéliales alvéolaires de type I et la dénudation épithéliale et l’augmentation de la perméabilité de la membrane capillaire sous l’action des médiateurs inflammatoires déterminent la sortie de l’eau et des protéines plasmatiques du capillaire dans l’interstice et les alvéoles pulmonaires à œdème interstitiel et alvéolaire La lésion des cellules épithéliales alvéolaires de type II (elles ont la capacité de transporter le sodium) réduit la clearance du liquide alvéolaire et favorise l’innondation de l’espace alvéolaire L’œdème alvéolaire diminue la compliance pulmonaire et favorise l’atélectasie 2. L’ATELECTASIE Mécanisme PATHOGÉNIQUE: La lésion des cellules épithéliales alvéolaires de type II (produisent du surfactant) et l’œdème pulmonaire déterminent l’inactivation du surfactant alvéolaire, l’augmentation de la tension superficielle alvéolaire (l’augmentation de la pression de fermeture) et l’apparition du collapse alvéolaire Les zones d’atélectasie se comportent comme des vrais shunts artério-veineux qui aggravent l’hypoxémie 3. Les troubles de DISTRIBUTION DE LA VENTILATION Mécanisme PATHOGÉNIQUE: L’augmentation de la résistance au flux par l’œdème d’un nombre important des voies respiratoires et par l’étrécissement des voies restées perméables (l’excès de liquide transsudé et bronchospasme) La coexistence des zones hypoventilées avec des zones normo/hyperventilées de manière compensatoire 4. Les troubles DE DIFFUSION DES GAZ RESPIRATOIRES Mécanismes PATHOGÉNIQUES: L’épaississement de la membrane alvéolo-capillaire par la lésion des cellules épithéliales alvéolaires de type I, œdème et la formation de la membrane hyaline composée de la fibrine et des protéines matricielles vasoconstriction pulmonaire diffuse déterminée par la libération de sérotonine par les thrombocytes activés shunt artério-veineux dans les zones d’atélectasie 5. La fibrose INTERSTITIELLE Mécanisme PATHOGÉNIQUE: une semaine depuis le début, les fibroblastes pénètrent la membrane hyaline et ils commencent la production de collagène qui devient évidente dans les 3-4 semaines qui suivent : Les espaces aériens et les ductes alvéolaires subissent un processus de fibrose L’obstruction, l’oblitération et le remodelage vasculaire déterminent l’augmentation de la résistance vasculaire pulmonaire à hypertension pulmonaire et cœur pulmonaire chronique