AUTEVAL
Proposition d’atelier
SCHNEIDER Élisabeth
UMR 6590 ESO
Université de Caen Basse Normandie
Elisabeth.schneider@unicaen.fr
THEMINES Jean-François,
UMR 6590 ESO
Université de Caen Basse Normandie
jean-francois.themines@unicaen.fr
Auteurs et évaluateurs d'articles scientifiques : régimes d'inscription de la
spatialité
Mots-clés : écriture scientifique, spatialité, revues, évaluation, auteur
Disciplines des auteurs : géographie (disciplines associées : didactique et SIC)
Notre proposition s’inscrit dans la réflexion ouverte par l’axe 2 et concerne le positionnement
de chercheurs dans les processus d’évaluation mis en œuvre par les revues scientifiques. Les
questions qui nous intéressent sont : comment interagissent les chercheurs dans le processus
d’évaluation d’articles ? Comment se construisent, dans/par l’écriture, les accords qui
aboutissent à la publication ? Qu’est-ce que ces accords nous diraient de recompositions du
champ scientifique, autour de la spatialité ?
Nous partons de l’idée que les énoncés ordinaires des chercheurs sont configurés par et
configurent l’activité scientifique, son fonctionnement et les savoirs qu’elle produit (Rinck,
2010). Ces énoncés ordinaires sont tous ceux produits à des fins de construction et de
diffusion du savoir dans le cadre de la recherche, ce qui inclut les textes d’évaluation comme
les propositions d’articles. Se répondant pendant la préparation de numéros de revues, ces
textes manifestent une activité scientifique « en train de se faire ».
Par ailleurs, la structuration du champ scientifique autour de la spatialité, en tant qu’elle est
une dimension des phénomènes sociaux, ne répond plus au seul principe du découpage
disciplinaire. Les revues se sont affirmées comme des espaces de travail scientifique
singuliers ayant leurs propres options intellectuelles. Les revues « historiques » de la
géographie (Lefort, 1997) ont mué, tandis que d’autres sont apparues, interdisciplinaires ou
disciplinaires, fonctionnant ou non par numéro thématique. Des revues d’autres champs
s’ouvrent pour un numéro, à des géographes et, plus largement, à des analyses de la spatialité.
Enquêter sur l’écriture scientifique peut révéler des recompositions en cours. Pour cela, il faut
considérer que les cadres discursifs de l’activité scientifique résultent d’arrangements à
caractère conventionnel (Fabiani, 2006). Nous pensons que les processus d’écriture et
d’évaluation de propositions d’articles scientifiques, sont un terrain privilégié d’observation
de ces arrangements. Par ailleurs, les écritures scientifiques de la spatialité n’ont été pas
abordées, à notre connaissance, par les New litteracy studies. Explorant l’écriture comme
activité située et observant son déploiement dans différents contextes (Fraenkel et Mobdj,
2010), elles l’ont abordée surtout dans les sciences dures, et commencent seulement à le faire
dans des sciences humaines et sociales (Tutin, 2010 ; Le Guern et Thémines, 2012).
L’écriture et l’évaluation d’articles pour des revues traitant de la spatialité, dans un contexte
de découpage du travail scientifique moins stable et étanche qu’auparavant, permettrait de
saisir l’établissement de conventions, potentiellement diverses, entre chercheurs auxquels ne
s’impose pas d’emblée une seule norme partagée d’écriture scientifique de la spatialité.
La proposition s'organise autour de deux études de cas, dans le cadre d’un atelier. La
production et le traitement des données issues des corpus réunis, seraient l’objet central de la
discussion. Même si une orientation initiale est donnée par les personnes qui présentent, le
collectif qui analyse les corpus précisera celle-ci. Tout participant à cet atelier peut aussi y
contribuer avec ses propres données.
Étude de cas n°1 : Il s’agit d’analyser la production de l’évaluation d’articles scientifiques
dans le cadre de numéros thématiques, entre projet éditorial, propositions d’articles répondant
à ce projet et chercheurs évaluateurs. Nous regardons comment ceux-ci réagissent aux textes,
conseillent et orientent les auteurs, installant les éléments d’un accord sur l’écriture finale
attendue. Le corpus appartient au champ de la didactique de la géographie : cela permet
d’observer la marque de divers univers disciplinaires ou de spécialités, ici géographique et de
sciences de l’éducation, sur les évaluations produites. L’analyse d’écrits d’évaluation
donneraient accès à des régimes d’inscription de la spatialité, c’est-à-dire, des façons de
concevoir la valeur formatrice et/ou heuristique de « sa » discipline ou spécialité concernant
la spatialité, et par là-même, de concevoir la transmission écrite de savoirs sur la spatialité.
Étude de cas n°2 : Il s'agit d'analyser le processus d'élaboration de l'écriture scientifique mis
en route lorsqu'un chercheur travaille son texte pour qu'il soit publié, répondant au projet
éditorial d'une revue, d'un numéro thématique, dans une tension entre cette réponse et la
volonté de poser l'originalité de sa proposition sur la spatialité. Les ajustements successifs, les
variations du discours, les outils argumentatifs, énonciatifs peuvent permettre de mettre en
évidence le travail cognitif du chercheur. A partir de ces interactions se dégageraient ainsi des
figures de l'auteur œuvrant à l'inscription évolutive de la spatialité, non seulement à partir de
ses publications mais à partir de la fabrique de celles-ci. Nous l'observerons à partir des
versions successives d'un article considéré comme un dispositif matériel et sémiotique lié aux
évaluations qui en sont faites.
Références bibliographiques :
Fabiani, Jean-Louis, 2006, « À quoi sert la notion de discipline », in : Boutier, Jean et al., Qu’est-ce
qu’une discipline ? Enquête. Editions de l’EHESS, p.11-34
Fraenkel, B. et Mobdj, A., 2010, Introduction. Les New Literacies Studies ; Jalons historiques et
perspectives actuelles. Langage et Société, n°133, p.7-24
Grossmann, F., 2010, L'auteur scientifique, des rhétoriques aux épistémologies, Revue d'anthropologie
des connaissances, 2010/3 Vol 4, n° 3, p. 410-426.
Knafou R., (dir.), 1997, L'état de la géographie, autoscopie d'une science, Paris, Belin.
Lefort, I., 1997, « Les revues françaises de géographie ». In : Knafou, R., L’état de la géographie.
Autoscopie d’une science. Paris : Belin, p.94-95.
Le Guern, A.-L. et Thémines, J.-F., 2012, Discipline et rapport au monde professionnel : le portfolio
comme self assessment pour des professeurs-stagiaires d’anglais et d’histoire-géographie. Pratiques,
n°153-154, p.85-99
Rinck, F., 2010, L’analyse linguistique des enjeux de connaissance dans le discours scientifique.
Revue d'anthropologie des connaissances, 2010/3 - Vol 4, n° 3, p.427 à 450
Tutin, A., 2010, Dans cet article, nous souhaitons montrer que… Lexique verbal et positionnement de
l’auteur dans les articles en sciences humaines, LIDIL, Revue de linguistique et de didactique des
langues, n°41, p.15-40
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