Spatialité et Interdisciplinarité dans l`étude des

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Spatialité et Interdisciplinarité dans l’étude des sociétés de Montagne
Agnès BERGERET
Post-doctorante du LABEX ITEM (Innovation et Territoires de Montagne) .
LABEX ITEM, MSH-Alpes, 1221 Avenue Centrale BP 47 38040 GRENOBLE Cedex 9
[email protected]
Discipline de l’auteur : Anthropologie
Mots-clés
Montagne, Interdisciplinarité, Méthodologie, Epistémologie, Territoire
Résumé
Cette contribution s’inscrit dans la démarche du Labex ITEM (Innovation et Territoires de Montagne),
qui vise à construire le dialogue et le travail interdisciplinaires, en rassemblant des chercheurs de
divers laboratoires étudiant les territoires de montagne et en particulier les Alpes. L’histoire, la
géographie, l’anthropologie, la sociologie, l’économie, l’agronomie, le droit, la cartographie, y
entrent en dialogue et sont mis en regard avec la climatologie, la géologie ou les études
environnementales.
Ce colloque et cette communication seront pour nous l’occasion d’interroger, parmi ces disciplines,
le concept de spatialité, la façon dont il est défini, caractérisé, appréhendé, mobilisé et les concepts
qui gravitent autour de lui et sont utilisés par les différentes disciplines : Espace, Territoire, Système
territorial, Milieu, Nouveau Biome, etc., pour comprendre et valoriser les apports de chaque
discipline sur la question de la spatialité des sociétés de Montagne. Pour cela, nous partirons des
méthodes anthropologiques se proposant de traduire et d’exprimer les perspectives propres de
chaque discipline.
La montagne nous semble un « terrain » idéal pour l’étude des dimensions spatiales dans les
rapports sociaux, l’espace y étant d’emblée considéré comme une caractéristique spécifique : les
frontières, les usages, les ressources, les acteurs, leurs rapport à la « Nature », à l’Etat et au marché,
et les cultures de cet espace sont constamment redéfinis au cours de l’histoire.
Les particularités de cet espace (altitude, verticalité, climat, etc.) ne peuvent être définies en soi,
mais dans la relation que ces sociétés ont entretenue avec leur environnement, dans la redéfinition
constante des interfaces. Aujourd’hui, l’appréhension de la dimension spatiale des rapports sociaux
en territoire de montagne est par exemple redéfinie face à la question du changement global – dans
ses aspects climatiques, qui sont particulièrement « visibles » en montagne avec les questions des
glaciers et de l’enneigement – mais aussi dans ses aspects économiques, sociaux, culturels.
Je m’appuierai donc sur les travaux issus d’un cercle élargi des spécialistes des Alpes, dont beaucoup
participent au Labex, pour élaborer un corpus restreint le plus pertinent possible, ainsi que sur des
entretiens avec les chercheurs, pour étudier leurs textes et positionnements épistémologiques et
méthodologiques de façon qualitative, dresser des tableaux comparatifs et des définitions
contrastives des positionnements, éclairer les concepts opaques, échafauder quelques hypothèses
sur les convergences, les divergences, les complémentarités des épistémologies disciplinaires sur le
cas de la dimension spatiale en montagne.
On pourra également révéler quelques verrous de l’interdisciplinarité ainsi que les recompositions
disciplinaires qui se dessinent autour de l’espace montagnard et du processus du Labex.
D’emblée, il apparaît que l’espace montagnard est appréhendé selon des thématiques majeures (le
tourisme, les loisirs, le sport, la protection de la nature), des problématiques fondamentales (la
question de l’interface ; la mobilité ; la saisonnalité ; la gestion des risques ; la protection de la nature
dans sa confrontation avec la domestication d’un espace de loisirs et la valorisation des ressources
naturelles), qui sont à la croisée de plusieurs disciplines.
A chaque fois, c’est la question de la construction sociale de l’espace « montagne » qui se joue, dans
ses interactions sociales conflictuelles, la confrontation entre des intérêts économiques de
dimensions diverses, la spécificité des politiques publiques envers la Montagne.
A l’inverse, il apparaît que certaines thématiques, comme certaines disciplines, se trouvent un peu
plus en retrait sur la question montagnarde, comme l’agriculture et l’agronomie, les lois spécifiques
autour de la montagne et le droit, ou les études autour des villes alpines et des industries
d’historiens, de géographes ou d’économistes. Or, présents au sein du Labex, ces thématiques et ces
disciplines pourraient contribuer à des enrichissements sur l’étude de la spatialité des rapports
sociaux et sur les rapports entre les disciplines. Elles témoignent également du fait que ces espaces
« en partage » le sont de façon inégale, que ce soit entre les acteurs et entre les disciplines de
recherche.
S’appuyer sur ce cas particulier de la Montagne nous semble donc une clé qui pourrait permettre
d’interroger les différentes narrativités disciplinaires autour de la spatialité d’une façon plus générale
et encourager les recompositions, les outils, les modèles de processus interdisciplinaires partagés qui
pourraient contribuer à enrichir l’analyse des sociétés dans leur contexte territorial particulier, dans
une démarche systémique.
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