Le cancer est une maladie grave dont la survenue est à l`origine d

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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Introduction
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Le cancer n’est pas une maladie comme les autres. En dépit des progrès
réalisés en matière de diagnostic, de thérapeutique et de prévention, c’est
toujours une maladie grave dont la survenue affecte tous les volets de la vie de
l’individu et la dépasse pour atteindre son entourage proche et sa sphère sociale.
Ce retentissement a plusieurs dimensions, outre la condition physique, il
concerne aussi la santé psychologique et la vie socioéconomique.
C’est un des défis devant lequel l’humanité reste encore impuissante et qui
met toujours en jeu le pronostic vital. Mais l'amélioration des taux de survie a
été à l’origine d’un engouement vers une meilleure prise en charge de ces
patients et la naissance de plusieurs disciplines dont la psycho-oncologie.
Le lendemain de la guerre du Vietnam et après la dépression économique
des années cinquante, les campagnes électorales de John Franklin Kennedy et de
ses adversaires voulaient faire rêver les citoyens américains. Le pays en quête
d'exploits s'était fixé deux défis: la lune et le cancer.
L’intérêt croissant pour la qualité de vie et la santé mentale des patients
cancéreux a motivé notre travail. Nous avons pensé réaliser une étude
prospective pour évaluer le retentissement du cancer sur diverses composantes
de la vie de nos patients à savoir: social, économique et psychologique.
Notre but également était de définir la prévalence des troubles
psychiatriques en recherchant des facteurs prédictifs de leur survenue et évaluer
le besoin de nos patients en soutien psychologique.
Traiter un cancer c’est traiter une personne atteinte de cancer avec toutes
ses composantes.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Partie théorique
3
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
A- Généralités sur le cancer :
Nicole Alby avait dit : « Le cancer reste ce qu’un médecin n’a pas envie de
dire à un patient qui n’a pas envie de l’entendre » [1].
I. Etymologie :
Dérivé du terme grec « carcinos », le mot latin cancer désigne un crabe ou
une écrevisse.
Une hypothèse suggère que c’est l’aspect de certaines lésions cancéreuses
ressemblant à un crabe qui expliquerait l’origine du mot. En effet, la forme
généralement arrondie de la tumeur, son adhérence aux tissus sous-jacents et sa
vascularisation qui se ramifie comme des pinces en rongeant la chair rappelle
singulièrement le crabe.
Dans les traités d’Hippocrate, le cancer désignait déjà une tumeur livide
d’où partent des vaisseaux noirâtres prenant l’aspect d’un crabe [2]. Mais ce
n’est qu’à la fin du XVe siècle qu’il prend en français le sens de tumeur
maligne.
II. Historique :
Le cancer semble exister fort probablement depuis l’apparition des cellules
soit depuis les origines de la vie. Les stigmates les plus anciens remontent à plus
de 100 millions d’années comme ce dinosaure de l’ère secondaire (200 à 50
millions d’années avant notre ère) découvert avec une tumeur vertébrale [3]. Les
témoignages humains sont nombreux au fil des ères et des siècles. La découverte
au Kenya en 1935 d’une mâchoire d’hominidé, datant de prés de 1.8 millions
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
d’années, en est l’exemple le plus ancien. Cette mâchoire avait des lésions
identifiées comme ostéosarcome [4].
III. Définition :
Le cancer est une maladie qui a pour mécanisme une prolifération cellulaire
clonale anarchique incontrôlée et incessante. Ce terme recouvre un vaste
ensemble de maladies cataloguées selon les cellules et les tissus à partir desquels
les cancers se forment [5].
IV. Epidémiologie :
L’incidence du cancer ne cesse d’augmenter et les chiffres sont alarmants.
1. Situation au Maroc : [6]
Au Maroc, on recense entre 30.000 et 45.000 nouveaux cas de cancer par
an. L’incidence est de 6.5 pour 100.000 habitants.
Le cancer est responsable de 9.3% des décès et occupe ainsi la 2 ème place
des causes de mortalité après les maladies cardio-vasculaires.
2. Situation mondiale : [7,8]
Près de 24,6 millions de personnes vivent actuellement avec cette maladie
et elles seront 30 millions en 2020.
Le nombre annuel de nouveaux cas va passer de 10,9 millions en 2002 à 16
millions en 2020.
Sept millions de personnes succombent chaque année du cancer.
La survie à 5 ans pour tous les cancers confondus est passée de 50% en
1974-1976 à 64% en 1995-2000.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
B- Retentissement psychologique du cancer:
La recherche clinique dans le domaine de la psycho oncologie est un
domaine passionnant qui étudie les possibles conséquences de la maladie
néoplasique sur la psyché [9].
Cette rencontre avec le cancer induit une rupture dans la vie du sujet [10].
L’annonce du diagnostic est un choc, une « fracture existentielle » comme
l’écrit P.Guex, Il est tout à fait légitime d’observer chez les patients des
réactions intenses qui ne sont pas de l’ordre du pathologique et qui sont tout à
fait adaptées à la situation [11]. Cette confrontation avec la maladie met ainsi en
jeu les capacités d’adaptation de l’individu mais peut les dépasser suscitant ainsi
des troubles voire des décompensations psychiatriques.
L’annonce du diagnostic est génératrice d’un bon nombre de question :
Pourquoi moi ? Vais-je mourir ? Combien de temps me reste t-il à vivre ? [12].
Le fonctionnement psychique des patients peut être déstabilisé par la
maladie en tant que telle (douleurs, mutilations, contrainte des traitements), mais
également et parfois bien plus par ses représentations et l’imaginaire [1].
La détresse psychosociale chez les patients cancéreux se caractérise par un
large éventail d’expériences émotionnelles désagréables, cognitives, sociales ou
spirituelles allant de sentiments de vulnérabilité de tristesse et de peur à des
manifestations plus sévères telles la dépression, les troubles anxieux, la panique,
l’isolement social et la crise spirituelle [13].
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Une récente revue de la littérature sur l’orientation des nouvelles études en
psycho-oncologie objective un engouement vers le dépistage de la détresse
psychologique et sa mesure. Différentes échelles et instruments sont utilisés
pour rechercher cette morbidité. Les études actuelles en psycho oncologie
s’intéressent aussi à de nouveaux horizons comme la psycho-neuroimmunologie [14].
I. Les mécanismes de défense :
Face à l’angoisse de la mort et la perte du sentiment d’invulnérabilité, une
réorganisation psychique est nécessaire pour intégrer cette réalité nouvelle.
Le patient va mettre en place une série de mécanismes de défense
psychique afin, comme le souligne P.Guex : « de lutter pour maintenir un
équilibre émotionnel raisonnable, une image de soi satisfaisante, en gardant le
plus possible une bonne intégration sociale et professionnelle » [11]
Ces mécanismes d’adaptation sont importants à reconnaître et à respecter
tant qu’ils restent fonctionnels :
- Le déni : consiste à exclure de sa pensée une situation intolérable.
Mécanisme inconscient et donc involontaire utilisé face à une menace
future ou à un traumatisme. Il tend à minimiser ou à annuler une partie
ou la totalité de la réalité ou de ses significations.
- La projection : attribue à une personne ou à une cause extérieure la
source de ce qui ne va pas en déplaçant la responsabilité sur une autre
cible.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
- L’ignorance sélective: le fait d’opérer délibérément un choix d’éléments
positifs à l’intérieur de circonstances pénibles permettant de garder un
certain espoir.
- La rationalisation: a pour but de définir une cause et de donner un sens à
la maladie. C’est souvent une réponse à la question « pourquoi moi ? »
Trouver une réponse dans une causalité évènementielle permet de
reprendre une certaine maîtrise de son existence bouleversée par la
survenue du cancer.
Les travaux de Kubler-Ross (1969-1970) ont décrit cinq phases
réactionnelles au cours de la maladie cancéreuse :
- Déni et isolement par rapport aux autres dans un premier temps.
- Colère envie et ressentiment par rapport aux autres.
- Marchandage : tentatives de repousser la mort en cherchant une
récompense par de bons comportements.
- Dépression quand la mort parait inévitable : tristesse, pleurs.
- Acceptation quand la lutte est finie et qu’il est temps de mourir.
A ce schéma rigide, d’autres auteurs préfèrent considérer que les patients
adoptent un certain type de réponses émotionnelles qu’ils maintiendront jusqu’à
la mort. Ainsi certains utiliseront le déni tout au long de la maladie alors que
d’autres deviendront anxieux et dépressifs.
8
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Ces mécanismes d’adaptation peuvent être débordés ponctuellement ou
durablement pour donner lieu à différentes manifestations de détresse
émotionnelle [2]
Les valeurs religieuses et les croyances des individus ont une participation
importante dans le choix de la réponse face au cancer. La place de l’imaginaire
et du mythe peut également influencer l’adhésion aux traitements selon
Lipowski (1971). le fait d’avoir des pensées sombres est plutôt positif. Il en est
de même pour les termes « challenge » ou « ennemi » ceci favorise un coping
positif. Une forte conviction religieuse serait associée à un plus haut niveau de
contrôle et de bien-être selon Blazer (1976) et Yates (1981).
II. Principaux troubles psychiatriques :
La dépression et l’anxiété représentent les deux principales anomalies
retrouvées. Le syndrome de stress post traumatique a aussi été diagnostiqué
comme co-morbidité surajoutée chez les patients atteints de cancer. [15]
Cette co-morbidité psychiatrique est importante à dépister et à prendre en
charge de part sa fréquence et son impact. En effet, elle a des effets négatifs sur:
[16, 17]
- la morbidité somatique et la mortalité.
- la chronicisation.
- la qualité de vie.
- la compliance au traitement.
- le coût et la durée des hospitalisations.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Un large choix de méthodes standardisées est disponible pour l’évaluation
psychologique des patients en cancérologie.
III. Prévalence des troubles psychiatriques :
Il y a une forte prévalence des troubles psychiatriques, particulièrement de
la dépression et de l'anxiété, chez les patients atteints d'un cancer [18].
L’étude de Derogatis, une des premières études de prévalence de la
pathologie psychiatrique en cancérologie, retrouve chez 47 % des patients un
diagnostic psychiatrique, soit une prévalence deux fois supérieure à celle d’une
population clinique de malades et trois fois à celle de la population générale. Les
épisodes dépressifs majeurs représentent une faible prévalence (6 %), mais si
l’on considère l’ensemble des diagnostics où la symptomatologie dépressive a
une place prépondérante, on atteint une prévalence de 66 % [10]. Nous
détaillerons les résultats d’autres séries dans le chapitre de la discussion.
10
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
C- Retentissement social du cancer :
Le cancer est synonyme de mort sociale. Avant la mort biologique, il
détruit l’ensemble des rôles familiaux et socioprofessionnels de l’individu. Sur
le plan de l’imaginaire collectif, il entraîne une « mauvaise mort » : lente,
inéluctable, dégradante, mutilante, invalidante, douloureuse et solitaire [1, 19].
Les patients doivent faire face à de nombreuses difficultés à l’origine de
détresse psychologique et sociale : [16,17]
- Des difficultés familiales liées à l’incertitude sur la place et le rôle social
ou encore la séparation avec le conjoint et les enfants.
- Des difficultés sociales professionnelles et financières en rapport avec de
nouvelles dépendances et des responsabilités liées aux fonctions sociales
et professionnelles.
- Des difficultés dans la prise en charge médicale liées au manque de
temps et d’intimité, au jargon médical et à l’anonymat.
I. Impact sur les relations familiales :
La survenue d’un cancer est à l’origine de modification dans la structure et
l’équilibre du système familial.
Diverses perturbations peuvent naître tel un changement des rôles et des
responsabilités, un gain en pouvoir pour certains membres ou encore une
augmentation ou diminution de la cohésion familiale.
Le cancer génère une série de crises consécutives mettant à l’épreuve de
façon continue les capacités d’adaptation de l’entourage familial.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Dans son ensemble, la littérature témoigne de l’intérêt croissant vers une
meilleure compréhension de la complexité de la structure du soutien social [20].
1. Le couple face au cancer :
Une enquête sur la sexualité et le cancer a été menée à l’institut national
d’oncologie de Rabat dont les résultats préliminaires avaient retrouvés chez 85%
des patients en couple des perturbations de leur vie sexuelle [21].
2. Les enfants : [22]
La communication est étroitement liée à l’age, au degré de maturité des
enfants et à la façon avec laquelle ils perçoivent la maladie des parents.
Dans une approche relative au cancer, on note que la plupart des enfants
éprouvent des sentiments d’abandon, de perte, de colère et de ressentiment face
à des parents qui, pris par la maladie, n’ont plus la même disponibilité.
Cependant ces réactions sont très souvent minimisées par les parents et sont
inconnues par le corps médical. Certaines études ne portant malheureusement
que sur un faible nombre de cas montrent que 25% à 33% des enfants de parents
cancéreux présentent des troubles du comportement.
Une revue de la littérature portant sur 13 études et cherchant à définir les
facteurs influençant la réaction psychosociale des enfants et adolescents a
suggéré que ces derniers ne présentaient généralement pas des troubles sévères
en comparaison avec les groupes témoins mais avaient un risque plus élevé de
développer des problèmes d’internalisation et de somatisation. Les filles en
période d’adolescence semblaient les plus affectées [49].
Les caractéristiques propres à chaque famille, particulièrement la
communication, modulent l’adaptation des enfants au nouveau contexte. Les
12
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
enfants peuvent ainsi être perturbés par un changement de l’image du père et de
la mère et par d’éventuelles crises au sein du couple parental. Ils peuvent aussi
subir un retentissement sur leurs besoins soit en soins et en attention soit
financiers. Ceci peut déteindre sur leur scolarisation.
3. L’entourage :
Le rôle du soutien social comme élément favorisant l’adaptation a inspiré
plusieurs travaux. Parmi ces études, celle de Thoits (1986) qui définit les
modalités d’intervention des facteurs sociaux dans les stratégies adaptatives.
Ainsi les ressources sociales dont disposent les patients interviennent
directement sur le stress engendré par le cancer
grâce aux possibilités
d’informations et de discussions portant sur le problème. L’entourage social a
également une importance considérable dans l’aide physique, matérielle et dans
le soutien psychologique.
II. Impact sur la vie professionnelle et l’activité physique :
les traitements proposés sont souvent lourds, la chirurgie peut être
mutilante, et la chimiothérapie en plus des effets secondaires qu’elle occasionne
est contraignante par la répétition des séances à dates imposées avec des
déplacements réguliers vers l’hôpital. Le cancer est ainsi à l’origine de
perturbations importantes dans l’activité professionnelle de l’individu et entraîne
le plus souvent un arrêt maladie voire une perte de l’emploi.
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
D- Retentissement économique du cancer :
L’évaluation du coût du cancer se révèle être un exercice délicat. En effet,
il s’agit d’un groupe de maladies assez hétérogènes nécessitant des traitements
et des prises en charge variables. La survenue d’un cancer est à l’origine de
charges financières importantes aussi bien pour le malade que pour la société.
De part sa nature chronique et évolutive, il nécessite des traitements lourds
et coûteux et peut induire rapidement à une précarisation avec une diminution
des revenus voire à une perte de l’emploi. L’accès aux soins, faute de moyens,
n’est ainsi pas généralisé.
Les dépenses peuvent être subdivisées comme suit :
I.
Coûts directs :
Le coût direct totalise l’ensemble des dépenses liées à la prise en charge
médicale et paramédicale des patients. Il comporte les frais de consultations,
d’hospitalisations, des prestations médicales, des bilans biologiques, des
explorations radiologiques et des moyens thérapeutiques. A ces dépenses se
surajoutent celles relatives aux frais de déplacement, aux médecines parallèles et
aux adaptations réalisées à domicile.
A titre d’exemples :
1. Actes médicaux :[23-24-25] :
ACTES MEDICAUX
Tarifs en DH
Consultation spécialiste
60,00
Consultation professeur
100,00
Ponction d’ascite ou pleurale
180,00
Biopsie ostéo-medullaire
800,00
14
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
2. Coût de la chimiothérapie :[25]
Le coût en 2008 d’une séance de chimiothérapie a été fixé à 1000 DH.
Une étude faite au service d’oncologie médicale de Rabat pour évaluer les
coûts de la chimiothérapie dans les localisations les plus fréquentes dans les 4
structures universitaires anticancéreuses marocaines a retrouvé les résultats
suivants : [26].
Localisation
Situation
Nb cas
Coût annuel
SEIN
Adjuvante
1700
27 MDH
Poumon
Adjuvant et concomitant
700
11
Col uterin
Concomitant
800
0,3
Ovaires
Adjuvant et induction
300
13
Cavum
néo adjuvant
300
0,6
colorectal
Adjuvant
350
15
lymphomes
Curatif
350
3
Total
70 millions de dirhams
3. Coût de la radiothérapie : [25]
En se basant sur la Convention Nationale entre les organismes
gestionnaires et les médecins et établissements de soins du secteur libéral, la
tarification des forfaits de radiothérapie à haute énergie pour l’année 2008 est
coté comme suit :
15
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Forfaits de radiothérapie par type de localisation
Organe J
Tarifs en DH
Prostate (non conformationnelle)
26 150
Prostate (conformationnelle)
30 600
Sein-conservateur
25 200
Sein-postopératoire
20 000
ORL
21 600
Orbite
14 800
Cavum
27 500
Tumeur cérébrale/leucémie
19 480
Métastases
13 500
Testicule (loc)
32 000
RT sous diaphragme
32 000
RT sus diaphragme
32 000
Poumon-œsophage
24 000
Abdomen-pelvis
22 770
Vulve-canal anal
24 180
Nevrax
30 230
Tumeur cutanée
12 200
castration
6 730
Os- parties molles
25 000
Le forfait de la curiethérapie à bas débit par cure est de 12.000 DH quelque
soit l’organe. Quand au forfait de l’irathérapie, il est de 27.000 DH par séance.
16
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Cependant, le développement de la radiothérapie de conformation et des
autres innovations technologiques s‘accompagne de surcoûts en hommes et en
matériels. La moyenne européenne par traitement est estimé actuellement à
3 800 € soit 44.450 DH [27].
II. Coûts indirects :
Les coûts indirects reprennent les coûts de la morbidité associée au cancer
ainsi que ceux liés à la baisse voire la perte prématurée de la productivité à
cause du décès. Cette détermination est complexe, il est difficile de savoir ce
qu’une personne aurait gagné en l’absence d’une maladie.
L’impact du cancer sur le travail est le paramètres le plus important dans le
retentissement
socio-économique,
il
est
automatiquement
à
l’origine
d’importantes pertes financières et de difficultés sociales.
III. 1. Quelques exemples :
1. En France : [28]
Le traitement est évalué à 10 milliards d’euros pour 75.000 vies sauvées
annuellement [28]. En 2002, le coût global du cancer pour le système de santé
français a été estimé à 15 milliards d’euros. En 2004 :
17
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
18
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
2. Aux Etats-Unis d’Amérique :
The national institutes of health of the united-states a estimé l’ensemble des
dépenses liées au cancer aux Etats-Unis en 2004 à 189.8 billions de dollars
[29] :
69.4 billions pour les frais médicaux.
16.9 billions pour les coûts indirects liés à la baisse de la productivité.
103.5 billions comme coût indirect de la mortalité prématurée.
19
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
E- Profil socio-économique du Maroc :
Un rappel des caractéristiques socio-économiques de notre pays s’impose
pour une meilleure appréciation de l’impact socio-économique du cancer :
I. Indicateurs démographiques et sociaux : [29, 30, 31]
Le Maroc est un pays de 710.850 kilomètres carrés pour une population de
32.069.000 habitants dont 50.1% de femmes. La tranche des 15-65 ans
représente 62,7% de la population.
Le taux d’accroissement annuel est de 1,8%.
L’indice de fécondité est de 2,6.
La population urbaine représente 55% de la population.
L’espérance de vie à la naissance est estimée à 70.3 ans : 68.2 ans pour les
hommes et 72.4 ans pour les femmes.
Le taux d’alphabétisation des plus de 15 ans est estimé à 70.6%.
Le taux de chômage est de 10.8%.
II. Indicateurs économiques : [29, 31, 32]
Notre produit intérieur brut national est de 44 millions de dollars U.S, soit
2362 dollars U.S par habitant. Le taux de croissance de ce produit est fluctuant,
il a été de 7% en 2006 mais n’a été que de 1,7% au deuxième trimestre 2007.
La dette publique extérieure est de 18 millions de dollars U.S.
20
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 2009
Dirhams pas mois pour 208 heures mensuelles.
19% des marocains vivent en dessous du seuil national de la pauvreté avec
un marocain pauvre sur quatre dans les zones rurales contre un sur dix dans les
zones urbaines. Les campagnes abritent 66% des pauvres [36]. La pauvreté
absolue est définie par une dépense annuelle inférieure à 2659 DH en ville et
2543 DH à la compagne.
III. La santé en chiffres au Maroc : [29, 33, 34]
Le budget de la santé a plus que doublé en moins d’une décennie, il est
passé de 2.979.820.000 dirhams en 1997 à 5.189.160.000 dirhams en 2003.
Budget global du Ministère de la Santé est de 1.06% du PIB en 2007.
Les dépenses de santé représentent 5,1% du P.I.B au Maroc et elle n’était
que de 1.2% en 1997.
Le total des dépenses de santé par habitant est estimé à 59 dollars U.S alors
que les dépenses publiques de santé par habitant ne sont que de 23 dollars U.S.
La population ayant accès à l’eau potable est estimé à 71%. La population
ayant accès aux structures sanitaires est de 76%.
Il y a un médecin pour 1822 habitants et un infirmier pour 1155 habitants.
21
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
IV. Le Maroc et la communauté internationale :
Le Maroc occupe la 123ème position sur un total de 177 pays dans le
classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)
pour l’année 2006.
Il avait occupé la 124ème place en 2005 et la 125ème place en 2004.
Ce classement tient compte d’un certain nombre de facteurs dont la santé,
l’éducation, les revenus des pays, l’espérance de vie à la naissance, le taux
d’alphabétisation des adultes, le taux brut de scolarisation et le produit intérieur
brut par habitant. L’indice de développement humain (IDH) du Maroc le situe
parmi les « pays à développement humain faible ».
V. La société marocaine :
Notre société est le reflet d’un riche métissage arabo-berbère où la religion
musulmane est omniprésente. Elle est ancrée dans un système ancestral de
valeurs profondes dont la famille est le noyau.
Une enquête nationale sur la famille a été menée pour dégager les signes
distinctifs qui caractérisent les ménages marocains. [35]
Les transferts financiers représentent 31,2% de l’ensemble des services
échangés régulièrement par les membres de la famille. Les travaux ménagers
viennent en deuxième position avec 15,6%, suivis de l’hébergement (11,7%),
des dons en produits alimentaires (9,4%) et des prêts financiers (7,8%).
22
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
D’autres formes d’entraide existent tel l’hébergement, la garde des enfants
ou encore les activités professionnelles.
Ainsi, la famille est souvent assimilée à un filet de sécurité, à un refuge qui
permet à ses membres de dépasser des situations de crise, tant sur le plan social
qu’économique.
23
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Partie pratique
24
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Matériels et méthodes :
25
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Ceci est une étude transversale de prévalence portant sur des patients ayant
consulté au service d’oncologie médicale de l’institut national d’oncologie de
Rabat sur une période de 3 mois allant de Avril à Juin 2008.
150 fiches ont été distribuées mais seules 100 étaient exploitables.
Critères d’inclusion :
- Age supérieur à 18 ans.
- Consentement éclairé des patients qui ont été informés du but du
travail.
- Cancer confirmé histologiquement quel que soit le stade.
- En cours de traitement.
Critères d’exclusion :
- Antécédent de troubles psychiatriques.
- Présence de métastases cérébrales.
Outils :
Un questionnaire comprenant 4 parties : (Annexe 1)
1. Premier volet: a recueilli les données démographiques et socioéconomiques
- Age.
- Sexe.
- Milieu de provenance.
26
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
- Situation matrimoniale.
- Niveau d’instruction.
- Profession.
- Couverture sociale.
- Revenu mensuel familial.
- Durée de suivi.
- Nature de la maladie.
- Stade de la maladie.
2. Deuxième volet: a apprécié le retentissement social.
- Impact du cancer sur la vie conjugale.
- Impact du cancer sur les enfants.
- Réaction de l’entourage.
3. Troisième volet: s’est intéressé aux conséquences économiques du
cancer.
Nous avons demandé aux patients d’évaluer la somme des dépenses
relatives à la maladie portant sur les frais de consultations, des explorations
radiologiques, des bilans biologiques, des actes chirurgicaux, des traitements
médicaux ainsi que les frais de transport et de déplacement.
Le responsable des dépenses a également été précisé ainsi que le
retentissement sur l’activité professionnelle.
27
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
4. Quatrième volet : a recherché la symptomatologie dépressive et
anxieuse par l’échelle HAD (hospital anxiety and depression scale) qui est un
auto-questionnaire structuré de 14 items développé en Angleterre par Zigmond
et Snaith en 1983. Elle a été conçue pour dépister et faciliter la reconnaissance
des manifestations les plus communes des troubles névrotiques à savoir l’anxiété
et la dépression. (Annexe 2).
Une fois remplie, il faut faire le total du versant anxiété et dépression : 21
points maximum pour chacun :
- Entre 8 et 10 : état anxieux ou dépressif douteux.
- Au-delà de 10 : état anxieux ou dépressif certain.
En cas d’analphabétisme ou de mauvaise vision, le libellé des questions et
des réponses possibles peuvent être lues aux malades. [36]
Analyse statistique :
Nous avons commencé par une description de notre population avec des
résultats exprimés en médianes et quartiles pour les variables quantitatives à
distribution normal, en moyenne pour ceux à distribution non gaussienne et en
pourcentage pour les variables qualitatives.
Par la suite, nous avons comparé la prévalence des troubles anxieux et
dépressifs chez différents patients en fonction de : l’age, niveau socioéconomique, niveau d’instruction, situation conjugale, durée du suivi, réaction
entourage.
Nous avons appliqué le test de khi 2 pour comparer ces variables
qualitatifs, le test T de Student pour les variables quantitatifs à distribution
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
gaussienne et le Mann et Whitney pour les variables quantitatifs dont la
distribution n’est pas normale.
Les logiciels Excel 2003 et SPSS 10.0 (The statistical package for social
sciences) ont été utilisés pour effectuer les tests statistiques.
La signification statistique « p » a été fixée à 0.05.
29
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Résultats :
30
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
I. Etude descriptive :
1. Caractéristiques sociodémographiques des patients :
- L’age :
Entre 18 et 96 ans avec une moyenne de 47.85 +/- 14.5 ans.
- Le sexe :
67% étaient de sexe féminin contre 33% de sexe masculin. Soit un sex-ratio
de 2.
- La provenance :
 53% étaient de milieu urbain et 47 % d’origine rurale.
 La médiane d’éloignement par rapport à l’institut était de 180 Km
 86% de nos malades devaient effectuer un trajet inter ville de plus
d’une heure.
- La situation matrimoniale :
 55% étaient mariés avant la survenue de la maladie.
 27 % étaient célibataires.
 2% étaient divorcés.
 16% étaient veufs.
Sujets veufs
(16)
Sujets
célibataires
(27)
Sujets divorcés
(2)
Sujets mariés
(55)
31
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
- Le niveau d’instruction :
 61% n’ont eu aucune scolarisation.
 4% ont été à l’école coranique.
 12% ont été au primaire.
 11% sont allés au collège.
 9% ont atteint le lycée.
 3% ont fait des études universitaires.
Collège
(11)
Lycée
(9)
Université
(3)
Ecole
Primaire
(12)
Ecole
coranique
(4)
Aucune
scolarisation
(61)
- L’assurance maladie :
 82 % des patients n’avaient pas de couverture médicale.
- Le degré d’information :
 84 % des patients savaient qu’ils étaient suivis pour un cancer.
 Seul 18 % connaissaient le pronostic exact lié à leur pathologie.
32
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
2. Caractéristiques de la pathologie cancéreuse :
- La nature de la tumeur :
 37 % étaient suivis pour un cancer du sein.
 15 % étaient suivis pour un cancer digestif.
 14 % avaient une hémopathie maligne.
 9 % avaient un cancer du cavum.
 9 % avaient un cancer pulmonaire
 58% correspondaient à un stade métastatique.
La durée médiane de suivi était de 8 mois avec le premier quartile à 5 mois
et le troisième à 18.
3. Caractéristiques économiques des patients:
- Activité professionnelle :
 72 % étaient initialement inactifs au chômage. Parmi ces patients,
44% étaient des femmes au foyer.
 25 % avaient un travail stable avant la maladie.
 3% étaient des retraités.
- Le revenu mensuel :
Fluctuait entre des patients indigents sans aucune ressource financière et
ceux dont le revenu atteignait 8700 dirhams avec une médiane de 1200 DH.
33
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
4. Retentissement économique du cancer :
- Coûts directs :
 91% de nos patients ont pu estimer leurs dépenses globales relatives
au cancer.
 Les dépenses oscillaient entre 1500 et 80000 dirhams avec une
médiane de 15000 dirhams. Ceci représente 12.5 mois de revenus
mensuels du foyer.
 La médiane des dépenses mensuelles était de 1875 Dirhams.
- Membres responsables des dépenses :
 11 % des patients étaient autonomes.
 Le traitement de 68 % a été pris en charge financièrement par la
famille: dont 28 % par le conjoint, 8 % par la fratrie, 8% par les
enfants.
 Les donateurs et bienfaiteurs ont permis à 21 % des patients de
recevoir leur traitement.
Autonome
(11)
Bienfaiteur
(21)
Reste de la
famille
(24)
Conjoint
(28)
Enfant
(8)
Fraterie
(8)
34
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
- Coûts indirects :
Soit l’impact du cancer sur l’activité professionnelle :
Au sein des 25 % qui avaient initialement un travail :
 48 % (12) ont perdu leur travail.
 32 % (8) ont gardé leur travail mais avec une diminution des
horaires.
 20 % (5) étaient des travailleurs déclarés en règle mis en arrêt
maladie.
84
90
80
72
70
60
50
40
25
30
20
8
10
3
3
0
5
0
Sans travail
Avec un travail
Retraités
Arret maladie
5. Retentissement social :
- Impact du cancer sur la vie conjugale :
 4% de nos patients ont divorcé à cause de leur maladie. Ces
divorces n’ont concerné que des femmes.
 20% des sujets mariés ont rapporté des problèmes au sein du couple
sans atteindre le divorce.
35
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
60
50
40
30
20
10
0
Mariés
Célibataire
Avant
Divorcé
Veuf
Après
- Impact du cancer sur les enfants :
Concernant les patients ayant des enfants : 54 % éprouvaient un sentiment
de culpabilité vis-à-vis de leur enfants et estimaient que leurs enfants étaient
lésés et négligés suite à leur maladie.
- Réaction de l’entourage :
Positive dans 83 % des cas avec toujours un soutien moral et un soutien
financier dans 68 % des cas.
6. Prévalence des troubles psychiatriques :
Selon l’échelle de la HADS, 41% des cas avaient une symptomatologie soit
dépressive soit anxieuse. 32% des patients présentaient un trouble dépressif et
35% un trouble anxieux. Ces dysfonctionnements étaient le plus souvent
associés.
Cette échelle étant un outil de dépistage, la sévérité des troubles n’a pas été
recherchée.
36
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
II. Etude analytique
La recherche de facteurs prédictifs de survenue de troubles anxieux ou
dépressifs s’est faite en deux étapes :
1.
En analyse uni variée :
Facteurs liés au malade :
 Age (p= 0.4)
 Sexe (p= 0.76)
 Niveau d’instruction (p= 0.32)
 Provenance (p=0.1)
 Difficulté pour arriver à l’hôpital (p= 0.31)
 Pauvreté (p=0.4)
 Dépendance financière (p=0.65)
 Situation matrimoniale (p=0.001)
 Sécurité sociale (p=0.59)
 Retentissement travail (p=0.46)
 Réaction de l’entourage familial (p= 0.005)
 Culpabilité vis-à-vis des enfants (p= 0.05)
Facteurs liés à la maladie :
 Durée de suivi (p=0.62)
 Nature de la pathologie (p=0.1)
37
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
 Stade de la maladie (p=0.34)
La comparaison des taux de survenue de la symptomatologie anxieuse et
dépressive entre différents groupes de malades a montré une différence
statistiquement significative pour les paramètres suivants :
La situation matrimoniale (p=0.001)
La réaction de l’entourage familial (p= 0.005)
La culpabilité vis-à-vis des enfants (p= 0.05)
2.
En analyse multi variée :
On a inclut les paramètres ayant atteint un niveau de signification supérieur
à 0.25. On a identifié deux facteurs de risque indépendants :
- La vie en couple : elle correspond à un facteur protecteur qui réduit le
risque de survenue de troubles psychiatriques de * 0.16.
- La culpabilité vis-à-vis des enfants : ce facteur multiplie le risque
d’apparition de la dépression ou de l’anxiété par 3.2.
38
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Discussion :
39
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
L’objectif
de notre étude était d’identifier dans un premier temps les
différents points d’impact du cancer sur la vie de nos patients. Puis, dans un
second temps, de reconnaître face à ce retentissement multidimensionnel, les
facteurs de risque de survenue des troubles de l’adaptation et des
dysfonctionnements psychiatriques.
La démarche analytique a eu pour but de rechercher les sous populations
où ces complications prévalent le plus.
Notre souci, en tant que thérapeute, était de conduire à une prise en charge
médicale globale intégrant le poids d’une telle pathologie sur le quotidien des
patients.
La finalité était d’établir une stratégie d’aide aux malades afin non
seulement de leur permettre de suivre au mieux leur traitement et d’optimiser
leurs chances de rémission et de survie, mais également de leur offrir une qualité
de vie aussi saine que possible.
De larges études ont déjà été menées au sein du service d’oncologie
médicale de l’institut national d’oncologie de Rabat pour dresser un tableau
descriptif des caractéristiques socioéconomiques de nos patients [37-38].
Notre étude est pionnière au Maroc dans le filon du dépistage des troubles
psychiatriques et de l’analyse de leur lien avec les divers paramètres
démographiques, sociaux et économiques déjà décrits.
40
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Nous n’avons pas sélectionné une population spécifique mais nous avons
cherché à évaluer une population générale de sujets cancéreux suivis pour
différentes pathologies.
Ainsi, les caractéristiques épidémiologiques de notre série, ont montré une
prédominance du sexe féminin (67%) avec un âge moyen de 47.8 ans.
Le taux d’alphabétisation de nos patients était plus faible que celui de la
population marocaine. Seul 23% étaient capables de lire eux-mêmes l’auto
questionnaire, le reste était aidé soit par un accompagnant soit par un praticien.
Concernant les données démographiques, nos patients provenaient aussi bien de
milieu urbain (53%) que de milieu rural (47%). L’éloignement du centre de
traitement était important, avec une médiane de 180 Km. Quatre vingt six pour
cent des patients devaient donc effectuer un trajet inter ville de plus d’une heure,
ce qui était à l’origine de difficultés et de dépenses supplémentaires.
Il est difficile de trouver dans la littérature des éléments de comparaison
pour ces caractéristiques car la majorité des études publiées ont été réalisées
dans des pays développés où les contraintes de distance sont minimes, et où le
taux d’instruction est significativement différent.
La comparaison avec la première série du service qui avait comporté 1000
malades concorde concernant l’âge, le sexe, l’alphabétisation, les revenus
mensuels, l’éloignement de l’institut ainsi que la solidarité sociale. Les
différences objectivées portent sur la provenance du milieu rurale plus fréquente
dans notre étude (47% versus 25%). Mais nous ne pouvons tirer de conclusions
à partir de ce constat car les deux échantillons sont disproportionnés.
41
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Le fait que l’age, le sexe et le niveau d’instruction n’aient pas été retrouvés
comme prédictifs des troubles psychiatriques nous semble un résultat à vérifier
sur une série plus importante avec un nombre de patients par tranche d’âge plus
significatif statistiquement.
Cancer et situation économique :
On s'est intéressé aux répercussions du cancer sur le budget des familles.
On a procédé au décompte des coûts générés par la maladie et comprenant les
frais médicaux à la charge des patients ainsi que les frais de déplacement qui ont
été nécessaires à la poursuite du traitement.
Ainsi, la survenue du cancer a été à l’origine de charges financières
importantes dont la médiane était de 15.000 dirhams pour l’ensemble du suivi
avec une médiane mensuelle de 1875 DH ce qui dépassait la médiane des
revenus familiaux mensuels qui était de 1200 DH.
Schématiquement, la
survenue d’un cancer chez un individu coûtait à tout le foyer familial
l’équivalent de toute une année de revenus (12.5 mois).
Nous avons également tenu compte de la perte des revenus due à l’arrêt du
travail retrouvé chez 50 % des patients initialement actifs.
Face à cette situation, 82% des patients étaient sans aucune couverture
médicale. Ceci devrait changer par la mise en place du régime du RAMED
actuellement en phase de test dans la région de Beni Mellal.
Parmi nos patients, 68% ont pu recevoir leur traitement grâce à la solidarité
familiale et 21% grâce à des bienfaiteurs.
42
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Seuls 11% des patients étaient autonomes et assumaient financièrement les
charges de leur maladie.
Les difficultés financières étaient omniprésentes et rapportées constamment
par tous nos patients quel que soit leur régime sanitaire et le niveau de leurs
revenus.
En d’autres termes, le cancer plonge les patients dans l’indigence et les fait
basculer vers la précarité en monopolisant les gains de tout le foyer familial.
Les études rapportées par la littérature s’intéressent essentiellement au coût
du cancer pour les différents systèmes de santé. Très rares sont celles qui se sont
penchées sur le coût individuel supporté par le patient.
Une étude française faite au centre René Huguenin sur 5 ans a retrouvé un
coût moyen de 10.072 euros par patiente soit 118.850 DH [39].
Dans notre série, le bas niveau socio-économique n’était pas corrélé à une
survenue plus importante de troubles dépressifs (P=0.4) contrairement à ce que
rapporte certaines séries [40]. Ceci peut s’expliquer par le déséquilibre entre les
sous populations du au fait que nos patients étaient majoritairement indigents.
Cancer et vie sociale :
Sous nos cieux, le cocon familial représente la principale source de soutien
auprès de laquelle se réfugie nos patients.
Notre étude a permis de souligner l’importance de la réaction de
l’entourage et comment celui-ci influence les différentes stratégies d’adaptation
ainsi que la survenue des troubles psychiatriques.
43
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
En effet, chez les 83% des patients ayant bénéficié du support moral de leur
entourage, la prévalence des dysfonctionnements psychiatriques était plus faible
de façon statistiquement significative (p=0.005).
Plus que l’entourage, le couple joue un véritable effet tampon qui permet à
l’individu de mieux gérer tous les changements et les difficultés imposés par la
maladie cancéreuse.
Le soutien conjugal a été objectivé chez 72,7% des patients mariés. Dans
20% des cas, la cancer a généré des conflits au sein du couple et a été à l’origine
du divorce dans 7,3%.
Nous avons identifié l’effet protecteur de la vie en couple. En effet, les
sujets célibataires, divorcés ou veufs ont présenté 3.2 fois plus de symptômes
dépressifs et anxieux. Les sujets mariés semblaient bénéficier du soutien moral
et émotionnel de leur partenaire qui leur permettait de mieux s’adapter aux
nouvelles réalités [41].
Une étude de cohorte danoise et une autre canadienne retrouvent les mêmes
taux de divorce au sein de la population des sujets cancéreux que dans la
population générale [42-43].
Une revue de la littérature, regroupant le peu d’études faites depuis 1988,
objective qu’il n’y a aucune donnée pour conforter les croyances répandues
selon lesquelles les patientes cancéreuses étaient plus abandonnées par leur
conjoint. L’évidence apparaît que la majorité des couples demeure stable après
le cancer et que les ruptures sont souvent liées à des difficultés préexistantes
[44].
44
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Une large étude norvégienne, présentée à l’European Cancer Organisation
en 2007 auprès de 215.000 survivants du cancer a démontré que seuls les
cancers du col de l'utérus et ceux des testicules entraînaient un pic de divorces.
Les autres types de cancer n'avaient aucune influence, notamment le cancer du
sein ou les cancers avancés.
Il parait donc intéressant pour le praticien de jauger la qualité du relationnel
dans le couple dans le cadre de l’évaluation initiale. En effet, c’est un facteur
prédictif de la réaction du couple lors de la survenue de la maladie et se révèle
être un facteur protecteur contre la survenue de troubles psychiatriques.
Cancer et troubles psychiatriques :
La dépression et l’anxiété représentent les deux principales anomalies
décrites chez les patients cancéreux [64-65]. Nous avons donc essayé de dépister
ces troubles chez nos malades.
Nous avons objectivé dans 41% des cas des troubles de l’adaptation qui se
sont manifestés soit par une symptomatologie dépressive ou anxieuse. Ceci
concorde avec les résultats de nombreuses séries dont foisonnent la littérature.
La première grande étude qui s’est intéressée à la prévalence des troubles
psychiatriques chez les patients cancéreux a été menée en 1983 par le
Psychosocial Collaborative Oncology Group. Cette étude avait inclus 200
patients dont 47% avait des symptômes patents et un diagnostic psychiatrique,
soit une prévalence trois fois supérieure à celle de la population générale [10].
Cette première approche a été suivie par de nombreuses études dont celle de
Massie et Holland en 1987 sur 546 patients qui s’était référée au Diagnostic and
45
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Statistical Manual (DSM III) et qui avait retrouvé dans 54% des cas des troubles
de l’adaptation.
Sur les dix études menées entre 1988 et 1998
sur le dépistage et la
prévalence de la dépression, six avaient utilisé la HADS. Depuis, l’utilisation de
cette échelle est largement répandue en psycho-oncologie [6].
Dans notre échantillon, 32% des patients présentaient un état dépressif et
35% un état anxieux.
Nous avons comparé nos résultats avec ceux de séries utilisant le même
instrument de dépistage des troubles anxieux et dépressifs.
Nos données concordent avec ceux de certains centres et ceci malgré les
différences culturelles et socio-économiques.
En effet, une récente étude française avait retrouvé des taux de prévalence
de 32 % pour la dépression et de 30 % pour les troubles anxieux [45]. Une étude
turque incluant 150 patients avait retrouvé chez 28.7 % des patients des troubles
dépressifs ou anxieux [46]
Une étude australienne a objectivé chez 35.7% des patients de troubles
anxieux ou dépressifs ou associés [47].
Cependant, une vision plus globale des différentes séries nous suggère une
prévalence plus importante de la morbidité psychiatrique au sein de notre
population. Ceci peut être liés aux caractéristiques et spécificités propres à nos
malades qui doivent faire face non seulement à la maladie mais à
d’innombrables difficultés.
46
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Auteur
Pays
Effectif
Prévalence des troubles psychiatriques
32% de dépression ; 30% d’anxiété
Pedrrzet et al [45]
France
Atesci et al [46]
Turquie
150
28,7% de dépression ou d’anxiété
Grabsh et al [47]
Australie
139
35,7% de dépression ou d’anxiété
Mytakidou et al [48]
Grèce
120
34 % de dépression ou d’anxiété
Miklavcic et al [49]
Slovénie
202
36% de dépression ; 27% d’anxiété
Iconomou et al [50]
Grèce
265
19,6% de dépression ; 27,2% d’anxiété.
Moncayo et al [51]
Espagne
90
24% de dépression ; 34 % d’anxiété
Osborne et al [52]
Angleterre
73
15% de dépression
Hopwood et al [53]
Angleterre
214
18% de dépression
Akechi et al [54]
Japon
148
23% de dépression
Shim et al [55]
Singapour
108
23% de dépression
Schou et al [56]
Danemark
165
12%.de dépression
Tavoli et al [57]
Iran
142
9.2% de dépression
Kissane et al [58]
U.S.A
303
36,7% de dépression
Angleterre
86
25%.de dépression
Sarenmalm et al [60]
Suède
56
21% de dépression
Notre série
Maroc
100
32% de dépression, 35% d’anxiété
Pinder KL [59]
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la survenue de la dépression ou des
autres troubles au cours de l’évolution de la maladie cancéreuse. Il s’agit de
facteurs psychologiques biologiques et socio-familiaux.
47
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Cette symptomatologie et co-morbidité psychiatrique est importante à
rechercher et à évaluer car la dépression et l’anxiété ont un impact sur le
pronostic du cancer. En effet, elles compromettent la compliance et l’observance
aux différents traitements diminuant ainsi les chances de survie [61, 62]
Quand ces troubles sont sous-diagnostiqués et ne sont pas pris en charge,
ils altèrent également la qualité de vie des patients [42, 63, 65]
Il est donc essentiel de traiter ces troubles. Mais la prescription
d’antidépresseurs n’est pas anodine. Pour éviter une rechute, la poursuite du
traitement devra durer entre six mois et un an. C’est la raison pour laquelle, si
l’état dépressif est dit « léger », il ne faut pas hésiter à avoir recours aux
méthodes
« douces » :
psychothérapies,
relaxation,
art-thérapie
ou
musicothérapie, largement utilisées dans les centres anticancéreux [68].
Le diagnostic précoce de la dépression et l’anxiété, la compréhension des
circonstances de leur survenue et leur traitement constituent un élément essentiel
pour réussir la prise en charge de nos patients.
La complexité de la réaction psychologique requiert la présence d’un
psycho-oncologue à tous les stades du traitement anti-cancéreux.
48
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Limites méthodologiques :
Notre étude présente certaines limites :
- La taille de l’échantillon. Mais étant la première étude cherchant à
dépister les troubles anxieux et dépressifs chez les patients cancéreux réalisée au
Maroc, elle permet un abord initial du sujet afin de servir de base de réflexion et
donner naissance à des études à plus grand effectif ou ciblant des populations
spécifiques.
49
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Conclusion et
Perspectives d’avenir:
50
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
La survenue du cancer est à l’origine d’un choc qui va chambouler toute la
vie de l’individu au-delà du simple retentissement physique.
Notre objectif était de décrire l’état des lieux et de cerner l’impact du
cancer sur l’insertion sociale, la situation économique et la santé mentale; Soit le
patient dans son ensemble.
Le principal apport de notre série était d’explorer le versant psychologique
de nos malades et de préciser la prévalence de la symptomatologie dépressive et
anxieuse.
Au vu de nos résultats, il parait difficile de décrire le retentissement
psychologique du cancer sans parler des caractéristiques socio-économiques. En
effet, les spécificités propres à notre société modulent la réaction du sujet et ses
capacités d’adaptation.
L’intervention et le soutien psychologique sont essentiels dés l’annonce du
diagnostic et tout au long du suivi.
A partir de ce travail, des études épidémiologiques à plus large échelle de
type cohorte devront être menées pour affiner nos résultats et vérifier ceux qui
sont discordants avec la littérature.
En définissant ainsi les populations fragilisées, et en évaluant les besoins
spécifiques de nos malades, des dispositifs d’accompagnement et de soutien
adaptés aux divers facteurs de risque pourront être mis en place. Ceci
précocement, afin d’aider ces patients en grande souffrance physique, morale,
financière et sociale.
51
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
L’ouverture de nouveaux centres d’oncologie dans un avenir proche et la
mobilisation de la société civile dans la lutte contre le cancer devraient
contribuer dans un premier temps à améliorer le quotidien de nos patients. Mais
beaucoup reste à faire …
52
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Résumés
53
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Résumé:
En dépit des progrès réalisés, le cancer est toujours une maladie grave qui
affecte diverses dimensions de la vie de l’individu.
Notre but était de cerner l’impact du cancer sur la vie socio-économique et
la santé mentale de nos patients. Nous avons donc mené une étude transversale
de prévalence d’Avril à Juin 2008 en utilisant un questionnaire explorant
différents items et incluant l’échelle de la HADS.
Sur les 100 patients inclus, 67% étaient de sexe féminin avec une médiane
d’âge de 47.8 ans. 65% étaient analphabètes et 82% n’avaient pas de couverture
sanitaire.
La médiane des revenus mensuels était de 1200 DH alors que la médiane
des dépenses mensuelles liées au cancer représentait 1875 DH. Les patients
étaient le plus souvent pris en charge financièrement par leur famille dans 68%
des cas. La perte de travail a été retrouvée chez 12% des patients. 55% étaient
mariés avant la survenue du cancer avec 4 cas de divorces dus à la maladie. La
réaction de l’entourage familial était généralement positive dans 83% des cas et
permettait un soutien moral qui tamponnait les difficultés auxquelles devaient
faire face nos patients. Un stress supplémentaire était généré par la culpabilité
ressentie par 54% des patients ayant des enfants.
Les troubles psychiatriques à type de dépression et d’anxiété ont été
retrouvées chez 41% des patients. L’analyse analytique a démontré un rôle
protecteur du couple vis-à-vis de la survenue de l’anxiété et de la dépression. A
l’opposé, la culpabilité ressentie vis-à-vis des enfants se révèle être un facteur de
risque.
Nous avons essayé d’évaluer les retentissements du cancer autre que
biologique et physique ainsi que d’identifier les populations les plus fragilisés
afin de guider la mise en place de structure de soutien et de dispositifs
d’accompagnement.
54
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
ABSTRACT:
Despite important achievements, cancer is still a serious disease that affects
various dimensions of life.
We aimed to identify the impact of cancer on socio-economic components
and mental health of our patients. For this, we conducted a cross-sectional study
of prevalence from April to June 2008 using a questionnaire that explores
various items and witch includes the Hospital and Anxiety Depression Scale
(HADS).
One hundred patients with the diagnosis of cancer who were treated in the
department of medical oncology of the national institute of Morocco were
included.
67% were female with a median age of 47.8 years. 65% were illiterate and
82% had no medical insurance.
The median monthly income was 1200 DH while the median expenditure
related to cancer was 1875 DH. Patients were most often supported financially
by their families in 68% of cases. 12% of patients lost their work because of the
disease. 55% were married before the onset of cancer and we noticed 4 cases of
divorces related to cancer. The reaction of the family was generally positive in
83% of cases and allowed moral support. The psychiatric disorders were
assessed and 41% of patients had depression or anxiety. The analytical analysis
demonstrated a protective factor of the couple and the positive family support
against the occurrence of anxiety and depression. In contrast, patients who felt
guilty towards their child had a greater risk factor to develop psychiatric
disorders.
Concluding, the results suggest the importance of the social parameter for
Moroccan patient. By trying to assess the impact of cancer, we could be able to
identify the most vulnerable populations to guide the establishment of support’s
devices.
55
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
56
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
.
57
Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Bibliographie
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Annexes
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Retentissement psycho-socio-économique du cancer
Annexe N° :1
Fiche d’exploitation
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Annexe N° :2
HADS
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