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artérielle ou l’établissement d’un profil lipidique, par exem-
ple. La prise en charge de l’obésité débute souvent dans
le cadre d’une prévention secondaire, voire tertiaire, des
complications étant déjà présentes.7 Les discussions au
sujet des aspects diététiques ne font pas partie de l’entre-
tien du MPR avec son patient aussi souvent qu’elles le de-
vraient. Plusieurs barrières pouvant l’expliquer ont été iden-
tifiées : le temps de consultation insuffisant, le manque de
connaissances nutritionnelles théoriques et le sentiment
d’impuissance face à la difficulté des patients à changer
leurs habitudes alimentaires.8 Au cours des vingt dernières
années qui correspondent à l’explosion des problémati-
ques de surpoids, les MPR soulignent l’importance de
l’éducation nutritionnelle thérapeutique et sont favorables
à une prévention ciblée. Toutefois, ils s’estiment comme
peu efficaces en la matière.9 Dès lors, comment aider les
MPR à être plus compétents face à des patients les consi-
dérant comme les premiers interlocuteurs pouvant les aider
sur le plan diététique ?
diététicienne : une aide qui a du poids
La diététicienne s’inscrit comme une aide précieuse et
disponible dans la prise en charge de patients présentant
des problématiques pondérales ou liées à la nutrition,
patients souvent complexes et nécessitant une approche
multidisciplinaire. Ses connaissances et compétences per-
mettent une prise en charge ciblée et apportent au MPR
l’opportunité de les utiliser pour l’aider à combler ses la-
cunes en matière de diététique.
En Suisse, notre cadre légal stipule que le MPR peut
prescrire six à douze séances de consultation diététique,
prises en charge par l’assurance dans le cadre de sept af-
fections médicales (tableau 2), des séances supplémen-
taires, si indiquées, pouvant être prescrites en accord avec
le médecin-conseil de l’assurance. Bien que le recours à la
consultation diététique soit facilité dans notre pays, il faut
souligner que la collaboration entre MPR et diététicienne
est plus aisée dans les centres hospitaliers ou cliniques
spécialisés, car ils permettent un échange et une proximité
que les médecins et diététiciennes installés en pratique
privée ne retrouvent pas toujours. Différentes ressources
utiles au MPR dans la prise en charge diététique de pa-
tients obèses et/ou présentant des maladies chroniques
liées à la nutrition sont disponibles en Suisse romande.
Des informations utiles sont disponibles à travers le site de
l’Association suisse des diététiciens diplômés (www.svde-
asdd.ch), composée de groupes régionaux pour cha que
canton.
Pratiquement, la diététicienne est mandatée par le mé-
decin pour une pathologie donnée. Au-delà du diagnostic
indiquant la prise en charge diététique, le MPR mention-
nera dans sa demande l’IMC – preuve, s’il en est, qu’il l’a
calculé ! –, les éventuelles comorbidités ou complications
significatives dans le contexte diététique ainsi que l’objec-
tif médical souhaité (tableau 3). Ces précisions permettent
à la diététicienne d’appréhender sa future prise en charge
en y intégrant d’éventuels facteurs de gravité ainsi que les
résultats médicaux escomptés. Le patient doit néanmoins
rester au centre de cette prise en charge multidisciplinaire
et intervenir dans la négociation des objectifs thérapeu-
tiques réalistes et réalisables en fonction de ses besoins.
La collaboration entre diététicienne et MPR, nécessitant
communication et respect mutuel pour être efficace, assure
une cohérence des messages transmis au patient entraî-
nant alors une meilleure compliance de celui-ci. Les infor-
mations données par la diététicienne au MPR sur l’évolu-
tion de son patient permettent à ce dernier de cibler ses
entretiens motivationnels et ses conseils. Enfin, cette col-
laboration permet d’exploiter et de favoriser les compé-
tences de chacun afin de partager des situations parfois
complexes tout en évitant l’épuisement d’un des collabo-
rateurs (tableau 4). En effet, qui n’a pas déjà ressenti dans
sa pratique clinique un sentiment de découragement,
voire d’échec face à un patient diabétique, hypertendu et
obèse, exprimant ses difficultés à changer ses habitudes et
émettant de nombreux niveaux de résistance aux traite-
ments proposés ?
un exemple de collaboration :
la consultation diététique du service
de médecine et de premier recours (smpr)
des hôpitaux universitaires de genève
En 2010, le nombre de consultations diététiques effec-
tuées au sein du SMPR s’est élevé à 595, ce chiffre étant
rela tivement stable ces quatre dernières années. Les prin-
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IMC Poids (kg)/taille2(cm)
Surpoids Défini par un IMC compris entre 25 et 29,9 kg/cm2
Obésité Définie par un IMC M 30 kg/cm2
Tableau 1. Calcul de l’indice de masse corporelle
(IMC), définition du surpoids et de l’obésité
Art. 9b1
1 Les diététiciens, au sens des art. 46 et 50a OAMal, prodiguent, sur
prescription ou sur mandat médical, des conseils diététiques aux assurés
qui souffrent des maladies suivantes : 2
a.3 Troubles du métabolisme
b. Obésité (body mass index de plus de 30) et affections qui
découlent de la surcharge pondérale ou qui y sont associées
c. Maladies cardiovasculaires
d. Maladies du système digestif
e. Maladies des reins
f. Etats de malnutrition ou de dénutrition
g. Allergies alimentaires ou réactions allergiques dues
à l’alimentation
2 L’assurance prend en charge, sur prescription du médecin traitant, au
plus six séances de conseils nutritionnels. La prescription médicale peut
être renouvelée si de nouvelles séances sont nécessaires
3 Si les conseils nutritionnels doivent être poursuivis aux frais de l’assu-
rance après douze séances, le médecin traitant en réfère au médecin-
conseil ; il lui transmet une proposition dûment motivée concernant la
poursuite des conseils nutritionnels. Le médecin-conseil propose à l’as-
sureur de poursuivre ou non les séances de conseils nutritionnels aux
frais de l’assurance, en indiquant dans quelle mesure
Tableau 2. Ordonnance du Département fédéral
de l’Intérieur (DFI) sur les prestations dans l’assu-
rance obligatoire des soins en cas de maladie
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