Rapport Septembre 2006
proportion investie en actions serait généralement perçu comme le rendement de l’actif à
long terme dénué de risque, majoré d’une provision pour la prime du risque des capitaux
propres prévue.
La prime du risque des capitaux propres représente la récompense supplémentaire
qu’exige l’investisseur pour accepter la volatilité et le risque de saisie qui accompagnent
la propriété de titres de participation. En effet, le rendement supplémentaire prévu des
actifs à risque équivaut à la valeur du risque pris en charge. La pratique actuarielle
conventionnelle appliquée aux évaluations des régimes de retraite et à la comptabilité de
ces régimes consiste à anticiper la prime des capitaux propres, mais en général, le risque
pris en charge n’est pas évalué en entier.
Les économistes financiers1 notent plusieurs infractions au titre des principes de
l’économie financière qui découlent de l’anticipation de la prime du risque des capitaux
propres prévue :
• le transfert du risque aux générations futures;
• la sous-tarification des régimes de retraite dans les décisions relatives à la
rémunération;
• les décisions d’investissement biaisées;
• la dissimulation du risque par lissage;
• l’amortissement de l’impact financier des gains ou pertes.
Dans le présent document, nous abordons certaines de ces infractions dans le contexte de
la pratique actuarielle canadienne relative aux régimes de retraite.
Évaluation de la solvabilité2
La prime du risque des capitaux propres ne constitue pas un facteur déterminant dans le
calcul du passif de solvabilité (c.-à-d. le passif de liquidation), comme le définissent
actuellement les lois et règlements. Cependant, lorsqu’une partie de l’actif d’un régime de
retraite est investie sur les marchés boursiers3, la volatilité des valeurs marchandes influe
sur l’ampleur de la marge ou sur la provision pour écarts défavorables (PED) qui devrait
être ajoutée au passif de solvabilité pour obtenir le niveau de sécurité souhaité. L’ampleur
de la prime du risque des capitaux propres constitue également un paramètre pertinent
des modèles stochastiques qui seraient utilisés pour déterminer la PED. Nous avons accès
à des données historiques sur les niveaux et la volatilité de la prime du risque des
capitaux propres, mais les économistes financiers nous rappellent que l’ampleur de cette
prime ne peut être connue à l’avance. Par conséquent, il n’est pas possible de calculer
avec précision la distribution de fréquence des positions de solvabilité future.
1 Voir Bader and Gold, Reinventing Pension Actuarial Science, 2003
2 Par « évaluation de solvabilité », on entend une valeur de liquidation lorsque toutes les prestations à
verser par le régime sont constatées et que les actifs sont détenus à leur valeur de liquidation.
3 Le GTEF n’a pas analysé les répercussions de l’investissement dans des titres de participation par régimes
de retraite du point de vue des actionnaires. Nonobstant la validité des propositions de non-pertinence de
Modigliani et Miller, nous croyons que la plupart des promoteurs d’un régime de retraite continueront
d’investir une partie importante de l’actif de régime sur les marchés boursiers dans un avenir prévisible,
uniquement parce que l’offre d’actifs sans risque est insuffisante.
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